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Obligations du radiologue
pour la radioprotection des travailleurs
J.-L. Rehel

Après analyse des risques par la personne compétente en radioprotection (PCR), tout chef
d’établissement détenteur d’une source de rayonnements ionisants délimite autour de celle-ci une zone
surveillée ou contrôlée. Lorsque l’exposition dépasse des niveaux fixés par la réglementation, il délimite
des zones spécialement réglementées (jaune ou orange) ou interdites. Les études de poste réalisées par la
PCR doivent refléter les conditions normales de travail. Elles permettent la classification des travailleurs en
deux catégories A ou B selon leur niveau d’exposition. Ces travailleurs doivent faire l’objet d’un suivi
médical et dosimétrique par dosimétrie passive. L’accès en zone contrôlée implique une dosimétrie
opérationnelle complémentaire. Une fiche d’exposition doit être établie pour chaque travailleur exposé et
transmise au médecin du travail qui adapte la surveillance dosimétrique.
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Mots clés : Radioprotection ; Niveau d’exposition ; Dosimétrie

Plan la transposition de la directive européenne 96/29 Euratom du


Conseil du 13 mai 1996 fixant les normes de base relatives à la
¶ Introduction 1
protection sanitaire de la population et des travailleurs contre
les dangers résultant des rayonnements ionisants. Les obliga-
¶ Champ d’application de la réglementation de la radioprotection tions du chef d’établissement (ou du responsable du cabinet de
pour le travailleur 1 radiologie) résultant de ce décret ainsi que les arrêtés et
¶ Rôle et responsabilité du chef d’établissement circulaires qui ont suivi sont développés dans les paragraphes
(ou du radiologue) 1 suivants.
¶ Évaluation du risque : zonage des installations 2
Objectif du zonage 2
Détermination des zones 2 ■ Champ d’application
¶ Reconnaissance du risque : classement des travailleurs exposés 2
Limites d’exposition 2 de la réglementation
Classification des travailleurs 2 de la radioprotection
¶ Détermination pratique du zonage et de la classification
des travailleurs : étude de poste de travail 3
pour le travailleur
Principe et objectif d’une étude de poste de travail 3 Dans un établissement public ou privé, la réglementation du
Réalisation pratique d’une étude de poste de travail en radiologie 3 travail en radioprotection s’applique :
¶ Surveillance du personnel 5 • aux travailleurs salariés de l’entreprise ;
Suivi médical 5 • aux travailleurs intérimaires ou en sous-traitance ;
Suivi dosimétrique (art. R.4451-62 à R.4451-74 du Code du travail) 5 • aux travailleurs indépendants y compris ceux exerçant une
¶ Formation à la radioprotection des travailleurs exposés profession libérale (par exemple les médecins vacataires), dès
(art. R.4451-47 à R.4451-50 du Code du travail) 6 lors qu’ils interviennent dans une installation où sont mises
¶ Contrôles techniques de radioprotection en œuvre des sources de rayonnements.
(art. R.4451-29 du Code du travail) 6 La responsabilité première pour la mise en œuvre des mesures
de radioprotection prévues incombe à l’employeur : par exem-
¶ Conclusion 6 ple, un radiologue responsable d’un cabinet.

■ Introduction ■ Rôle et responsabilité du chef


La protection des travailleurs contre les dangers des rayonne- d’établissement (ou du radiologue)
ments ionisants (RI) a été introduite dans la partie réglementaire
du Code du travail par le décret n° 2003-296 du 31 mars Son rôle est prépondérant dans l’organisation du travail dans
2003 suivi d’arrêtés et de décisions. Comme il a été précisé dans un cabinet de radiologie. L’organisation de la radioprotection
le chapitre « Organisation de la radioprotection en France » [1], repose en premier lieu sur l’employeur qui « prend les mesures
la mise en place de cette réglementation est la conséquence de générales administratives et techniques [...] nécessaires pour

Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection 1

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35-093-B-10 ¶ Obligations du radiologue pour la radioprotection des travailleurs

Dose équivalente 0,2 mSv 0,65 mSv 50 mSv 2,5 Sv


aux extrémités sur 1 h sur 1 h sur 1 h sur 1 h

Z. publique Z. surveillée Z. contrôlée Z. jaune Z. orange Z. rouge

Dose [5 µSv/j] 7,5 µSv 25 µSv 2 mSv 100 mSv


efficace 80 µSv sur 1 h sur 1 h sur 1 h sur 1 h
sur un
mois
Débit de dose 2 mSv/h 100 mSv/h
Exposition externe seule

Figure 1. Valeurs opérationnelles de délimitation des installations fixes. Attention : les valeurs limites pour les doses équivalentes et la dose efficace
correspondent à des « doses susceptibles d’être reçues en 1 heure » (et non à des « débits de doses » au sens propre). Z. : zone.

assurer la prévention des accidents du travail et des maladies En règle générale, pour les installations radiologiques utilisées
professionnelles susceptibles d’être causés par les RI » à poste fixe (par exemple, une table de radiodiagnostic) la
(Art. R.4451-7 du Code du travail). délimitation des zones repose, notamment, sur les caractéristi-
L’ensemble des mesures concerne : ques de la source et sur le résultat des contrôles réalisés par la
• l’aménagement des locaux de travail ; PCR.
• les contrôles techniques de radioprotection ; En radiologie, l’émission de RI n’est pas continue. La délimi-
• l’information et la formation des travailleurs ; tation de la zone contrôlée peut dans ce cas être intermittente
• la désignation d’une « personne compétente radioprotection » (a minima, c’est une zone surveillée entre deux patients).
(PCR) en lui donnant les moyens nécessaires. Dans le cas des appareils mobiles, le chef d’établissement fait
L’employeur a l’obligation de faire évaluer la nature et délimiter une zone contrôlée dite « zone d’opération » de
l’ampleur du risque dû aux rayonnements ionisants au poste de manière visible et continue tant que l’appareil est en place. En
travail et les moyens mis en œuvre pour les réduire par la PCR limite de cette zone, le débit d’équivalent de dose moyen qui
qu’il a désignée. doit être évalué sur la durée de l’opération (mise en place du
dispositif médical mobile, balisage et prise de clichés radio-
logiques) doit être inférieur à 2,5 µSv/h. En pratique, cette
■ Évaluation du risque : valeur peut être retenue comme un débit de dose instantané
afin de s’affranchir de la durée de l’opération.
zonage des installations Des exemples pratiques de zonage sont donnés plus loin.

Objectif du zonage
La réglementation prévoit, dans les articles R.4451-18 à 4451-
■ Reconnaissance du risque :
28 du Code du travail, la délimitation de zones de travail classement des travailleurs exposés
surveillées, contrôlées, spécialement réglementées ou interdites.
L’arrêté du 15 mai 2006, dit « arrêté zonage », fixe les condi-
tions de délimitation et de signalisation de ces zones compte
Limites d’exposition
tenu de l’exposition aux rayonnements ionisants ainsi que les Les limites annuelles d’exposition fixées pour les travailleurs
règles d’hygiène, de sécurité et d’entretien qui y sont apposées. exposés aux RI sur 12 mois consécutifs sont les suivantes :
L’objectif de cette disposition est d’informer convenablement • corps entier : la dose efficace (exposition externe et interne)
le travailleur sur le poste de travail occupé et de prévenir toute ne doit pas dépasser 20 mSv ;
intrusion fortuite. C’est une évaluation du risque qui doit tenir • mains, avant-bras, pieds et chevilles : la dose équivalente ne
compte de la réalité de l’activité radiologique et elle ne doit en doit pas dépasser 500 mSv ;
aucun cas être sur- ou sous-estimée. • peau (surface de 1 cm2) : la dose équivalente ne doit pas
L’employeur doit s’assurer que les zones surveillées et les dépasser 500 mSv ;
zones contrôlées sont toujours correctement délimitées : la • cristallin : la dose équivalente ne doit pas dépasser 150 mSv.
délimitation doit être continue, visible et permanente, un Les mineurs de 16 à 18 ans, dans le cadre de leur formation,
panneau de signalisation spécifique de la zone considérée doit ne doivent pas être exposés à plus de 3/10 de ces limites.
être affiché sur tous les accès au local et à l’intérieur des zones, En cas de grossesse, des dispositions doivent être prises pour
les sources de rayonnements ionisants doivent être signalées. la femme enceinte sur son lieu de travail afin que l’exposition
.
L’accès à la zone contrôlée est réservé aux personnels qui ont de l’enfant à naître, pendant la période comprise entre la
reçu une notice d’information (règlement intérieur de la zone déclaration de grossesse et l’accouchement, n’excède pas 1 mSv
contrôlée) remise par l’employeur. (limite d’exposition « public »). Une étude de poste de travail
Le zonage est de la responsabilité du chef d’établissement devra être réalisée (cf. infra).
avec le concours de la PCR.
Classification des travailleurs
Détermination des zones Le classement des travailleurs est sous la responsabilité de
Des valeurs opérationnelles de délimitation des zones pour les l’employeur après avis du médecin du travail (art. R.4451-44 du
installations fixes sont présentées dans l’arrêté du 15 mai 2006. Code du travail). Tous les travailleurs exposés doivent être
On note que les valeurs de dose efficace et de dose équivalente classés : les travailleurs sont « exposés » si leur exposition
aux extrémités correspondent à des doses intégrées sur la professionnelle peut dépasser celle tolérée pour le public :
période considérée, à savoir le mois ou l’heure (Fig. 1). 1 mSv/an.

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Ils sont classés en catégorie A si la dose susceptible d’être Elle doit identifier le type de dispositif médical (table télé-
reçue, dans les conditions normales de travail, est supérieure à commandée de radiologie conventionnelle, mammographie,
une dose efficace de 6 mSv/an ou une dose équivalente supé- scanner, etc.) et le mode d’exposition :
rieure aux 3/10 des limites annuelles (peau, cristallin, extrémi- • par rayonnement direct : les rayons X proviennent directe-
tés). La catégorie A est exclue pour les femmes enceintes et ment du foyer du tube ;
les jeunes travailleurs en formation (cf. art. D.4152-6 et • par rayonnement diffusé : les rayons X proviennent du
D.4153-34 du Code du travail). Ils sont classés en catégorie B. patient ainsi que des accessoires.
Ce classement est effectué sur la base de l’évaluation des Un schéma à l’échelle de l’implantation radiologique est
.
risques aux postes de travail, réalisée lors de l’étude de poste réalisé.
(cf. infra). Il est assorti d’une fiche d’exposition pour tous ceux
qui sont exposés (art. R.4451-57 du Code du travail). Détermination et description des tâches réalisées
Il peut être corrigé en fonction des résultats du suivi dosimé- dans l’installation
trique individuel et nominatif.
La PCR doit :
Tous les autres risques ou nuisances d’origine physique,
• identifier le personnel concerné (manipulateurs, médecins,
chimique, biologique ou organisationnelle doivent y être
infirmière, physiciens [personne spécialisée en radiophysique
mentionnés.
médicale, PSRPM], techniciens, stagiaires, etc.) ;
Si des conditions d’exercice inhabituelles sont recensées, le
• évaluer le temps de présence de chaque personnel au poste de
responsable du cabinet doit porter sur la fiche la durée et la
travail ;
nature de l’exposition. Une copie de la fiche d’exposition doit
• caractériser les différentes procédures radiologiques réalisées
être remise au médecin du travail et chaque personnel concerné
dans l’installation, quantifier l’activité radiologique sur une
doit prendre connaissance des informations y figurant.
période représentative (semaine, mois, etc.) et extrapoler
l’activité sur 1 an.
Pour chaque type de procédure radiologique réalisé dans
■ Détermination pratique l’installation, il faut :
• déterminer sa fréquence de réalisation dans cette installation ;
du zonage et de la classification • déterminer le type d’acquisition réalisé (radioscopie analogi-
des travailleurs : étude de poste que ou numérique, radiographie, soustraction d’images) et les
paramètres de réalisation (haute tension, charge ou courant et
de travail temps d’exposition ainsi que la filtration) ;
• définir la position du (des) opérateur(s) par rapport au
Principe et objectif d’une étude de poste volume de diffusion (distance opérateur/patient).
La PCR doit sélectionner l’ensemble des tâches les plus
de travail représentatives, en particulier les plus irradiantes ou les plus
L’objectif de l’étude de poste de travail, qui est introduite fréquentes de façon à couvrir l’ensemble de l’exposition dans le
dans les articles R.4451-10 et 11 du Code du travail, est poste et définir les positions des opérateurs, des manipulateurs,
d’estimer un risque au poste de travail afin de mettre en œuvre des infirmières et la position des mains des opérateurs par
les actions de prévention adaptées et d’apporter des éléments rapport au faisceau direct et au volume diffusant (par exemple
pour la gestion d’incidents éventuels. lors d’une arthrographie).
En radiologie, il s’agit d’évaluer, de manière prévisionnelle et En radiologie conventionnelle, la position des différents
dans les conditions normales de travail, les doses susceptibles personnels dépend, entre autres, du type d’examen radiologique
d’être délivrées au personnel, consécutives à des expositions réalisé, de la région anatomique explorée, des incidences
externes aux rayonnements ionisants. L’étude de poste, réalisée multiples ainsi que du type d’acquisition (radioscopie et
par la PCR, doit permettre de quantifier l’exposition du corps radiographie).
entier et, si nécessaire, des extrémités.
L’étude de poste vise à fournir au chef d’établissement et au Mesures dosimétriques
médecin du travail les éléments nécessaires pour : La PCR réalise des mesures qui permettent d’une part le
• mettre en place les équipements de protection collective et les zonage de l’installation, et d’autre part l’évaluation prévision-
consignes de sécurité ; nelle de l’exposition des personnels.
• délimiter les zones réglementées définies au paragraphe Pour le zonage, une mesure de dose, ou de débit de dose, à
« Évaluation du risque : zonage des installations » ; une distance de référence (50 cm du centre diffusion par
• renseigner la fiche d’exposition associée au poste de travail ; exemple) est associée à chaque type d’acquisition réalisée dans
• définir, le cas échéant, les équipements de protection indivi- l’installation. Rappelons que toutes les mesures sont réalisées en
duels nécessaires (tablier de protection par exemple) ; simulant le patient avec un bidon d’eau (environ 25 cm ×
• déterminer le classement du personnel défini au paragraphe 25 cm × 25 cm) pour créer une diffusion équivalente à celle
« Reconnaissance du risque : classement des travailleurs d’un patient.
exposés » ; Pour l’évaluation prévisionnelle de l’exposition du personnel,
• choisir les techniques dosimétriques adaptées aux conditions les mesures suivantes sont nécessaires :
d’exposition et définir les modalités de surveillance dosimé- • en équivalent de dose ambiant H*(10) à la position du
trique individuelle et d’ambiance. travailleur. Par exemple : à proximité du patient, derrière le
paravent, avec ou sans protection individuelle (tablier de
protection), avec ou sans équipement de protection collective
Réalisation pratique d’une étude de poste (bas-volet) et dans des conditions anormales (absence de
de travail en radiologie protection, porte anormalement ouverte au scanner, etc.).
Les différentes phases de l’étude de poste de travail sont Une chambre d’ionisation de grand volume est utilisée pour
détaillées ici. les mesures dans le rayonnement diffusé ;
• en équivalent de dose individuel aux extrémités et aux
cristallins. Des dosimètres thermoluminescents placés dans
Description de l’installation
une bague, ou mieux à l’extrémité d’un doigt ou proche du
La PCR doit déterminer les caractéristiques : cristallin, sont utilisés.
• du générateur (puissance, fréquence, etc.), du tube à rayons X La PCR doit s’assurer que les dosimètres utilisés pour ces
(type, anode, foyer, filtrations inhérente et additionnelle) ; mesures permettent d’obtenir l’information pertinente (gamme
• des détecteurs (intensificateur d’image, films, plaques au d’énergie et de dose, temps de réponse, etc.), et veiller à utiliser
phosphore, détecteur plan, etc.). ces informations de façon satisfaisante.

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Tableau 1.
Exemples de position des opérateurs pour des procédures classiques.
Examens Derrière À proximité Extrémités
radiologiques paravent du patient opposées zc

Mammographie A - -
Poumons A/P P -
Rachis A/P P -
Bassin A/P P -
Pupitre
Genoux A/P P -
Épaules A/P P -
zs
TOGD A/P A/P A/P
HSG A A A
Cystographie A/P A/P A/P
TOGD : transit œso-gastro-duodénal ; HSG : hystérosalpingographie ; A : cas
adulte ; P : cas pédiatrie. Figure 2. Zonage pour la radiologie conventionnelle selon l’exemple
décrit. zc : zone contrôlée ; zs : zone surveillée.
La PCR peut associer à ces mesures l’analyse des résultats de
surveillance dosimétrique et d’éventuelles études antérieures.
Quelques exemples indicatifs de positions, de mesures de
débits de dose et doses réalisées en radiologie conventionnelle Dans cet exemple, la zone contrôlée verte peut être étendue
sont donnés respectivement dans les Tableaux 1 et 2. Ces aux parois physiques de la salle de traitement, à l’exclusion
valeurs ne sont pas transposables à toute autre installation. d’un périmètre localisé à 64 cm du diffuseur dont l’intérieur est
La classification des personnels ne peut s’envisager qu’après classé en zone contrôlée jaune et la zone de travail derrière le
l’analyse des valeurs de dose et leur extrapolation sur l’année. paravent (pupitre d’acquisition) est classée en zone surveillée
(Fig. 2).
Exemple pratique d’une étude de poste
en radiologie conventionnelle Classification du personnel : cas du manipulateur
Considérons un poste de radiologie dédié à des procédures On considère que le même manipulateur travaille à plein
radiologiques pulmonaires de face et lombaires de face debout : temps dans cette salle. Les expositions pour les deux types de
• poumons de face (PA) : 115 kV et 3 mAs, cinq radios au procédures réalisées (poumons de face et rachis lombaire de
maximum en 1 heure de travail ; face) mesurées au pupitre sont respectivement dans notre
• rachis lombaire de face debout : 84 kV et 130 mAs, six radios exemple de 84 nSv et 37 nSv par procédure. L’activité quoti-
au maximum en 1 heure de travail. dienne dans la salle est estimée à 10 rachis lombaires et
40 poumons, soit sur 1 an (200 jours) :
Zonage de l’installation
[(84*10)*200] + [(37*40)*200] = 464 µSv en 1 an derrière le
Des mesures réalisées à 50 cm du centre de diffusion donnent pupitre.
respectivement par examen, une dose efficace de 1 et 6 µSv. Le manipulateur peut donc être classé en catégorie B (car la
En s’appuyant sur les données indicatives fournies dans le valeur de dose prévisionnelle annuelle est inférieure à 6 mSv).
Tableau 2, une dose efficace totale de (5 × 1) + (6 × 6) = 41 µSv Il convient ensuite de vérifier que l’étude prévisionnelle est en
serait susceptible d’être reçue par un travailleur qui se trouverait accord avec les résultats de la dosimétrie individuelle du
à 50 cm du diffuseur. manipulateur.
Selon la loi de l’inverse du carré de la distance (le débit de
dose D obéit à la loi de l’inverse carré de la distance d soit Exemple pratique d’une étude de poste
D1/D2 = [d2/d1]2), la limite de la zone contrôlée jaune serait à en scanographie
64 cm du diffuseur, et celle de la zone contrôlée verte à 1,17 m.
Les formulations pour déterminer la valeur de la limite de la Considérons un scanner sur lequel sont réalisés en 1 heure de
zone contrôlée jaune et de la zone contrôlée verte sont les travail six scanners abdominopelviens (paramètres : 120 kV et
suivantes : 360 mAs, 1 seconde de rotation, pitch de 1,375).
limite de la zone contrôlée jaune :
Zonage de l’installation
50 cm × 41 µSv/7,5 µSv = 1,17 m La dose efficace mesurée à 0,70 m du centre de diffusion pour
une acquisition hélicoïdale est égale à 176 µSv, ce qui représente
limite de la zone contrôlée verte :
pour l’ensemble des procédures, une dose efficace de 1 056 µSv
50 cm × 41 µSv/25 µSv = 64 cm à 0,70 m.

Tableau 2.
Exemples de procédures et de valeurs indicatives d’équivalents de dose H*(10) pour différentes procédures et incidences.
Procédures Incidence Paramètres 0,5 m du diffuseur (sans protection)
Haute tension (kV) Charge (mAs) H*(10) (µSv)
Radiographie pulmonaire Face 115 3 1
Crâne Face 60 80 2
Profil 60 50 1,5
Rachis cervical Face/Profil 60 32 1
Rachis lombaire Face 70 40 2
Profil 80 100 3,5
Face debout 84 130 6
Abdomen sans préparation Face 70 30 1,5
Bassin Face 70 50 2,5
Fémur Face 58 16 0,5

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1
4
Zonage dans la salle du scanner :
2 Limite de la zone contrôlée orange : 0,50 m
R
Limite de la zone contrôlée jaune : 4,60 m
La console d'acquisition est en zone surveillée
+

3 Regarder le voyant lumineux


avant d’entrer dans la salle.
Si le voyant est allumé, vous êtes en
zone réglementée jaune
ZONE INTERMITTENTE Port obligatoire du dosimètre RPL
______________
et du dosimètre opérationnel
SPÉCIALEMENT RÉGLEMENTÉE
CONTRÔLÉE JAUNE
pendant l'émission des RX - 8 h à 17 h 30
______________
Sur la porte d’accès à la salle du scanner :
RÉGLEMENTÉE
SURVEILLÉE (GRIS-BLEU)
en dehors des émissions des RX
générateur sous tension

Figure 3. Zonage d’un scanner selon l’exemple décrit ainsi que les informations devant figurer à l’accès de la salle.

À cette distance, le travailleur se trouve en zone contrôlée Suivi médical


jaune.
Selon la loi de l’inverse du carré de la distance, la limite de Chaque travailleur de catégorie A ou B dispose d’une « carte
la zone contrôlée orange serait à 0,50 m du diffuseur, et celle individuelle de suivi médical » (art. R.4451-91 du Code du
de la zone contrôlée jaune à 4,60 m. Le pupitre d’acquisition travail). Cette carte fait acte de la périodicité des examens
serait en zone surveillée. La Figure 3 représente le zonage du médicaux. Elle ne contient pas d’informations de nature
scanner selon l’exemple décrit ainsi que les informations devant médicale.
figurer à l’accès de la salle. Le médecin du travail constitue un « dossier individuel »
Classification du personnel : cas du manipulateur comprenant :
• la fiche d’exposition (nature du travail, autres risques, etc.) ;
On considère que le même manipulateur travaille à plein • les résultats du suivi dosimétrique (cf. infra) ;
temps dans cette salle et se trouve en permanence derrière le • les résultats des examens médicaux.
paravent à la console d’acquisition. Douze mille examens sont En cas de changement d’établissement, le dossier est adressé
réalisés en 1 an. La dose efficace mesurée derrière le paravent est
au nouveau médecin du travail ou au « médecin inspecteur du
inférieure au bruit de fond donc non significative. Le manipu-
travail et de la main-d’œuvre ». Il est conservé 50 ans après la
lateur, bien que dans une zone non réglementée, peut être
fin de la période d’exposition.
classé en catégorie B (car la valeur de dose prévisionnelle
annuelle est inférieure à 6 mSv). Il convient ensuite de vérifier
que l’étude prévisionnelle est en accord avec les résultats de la Suivi dosimétrique (art. R.4451-62
dosimétrie individuelle du manipulateur.
à R.4451-74 du Code du travail)
Conclusion Chaque travailleur exposé bénéficie d’un suivi dosimétrique.
L’étude de poste de travail en radiologie est difficile à mettre Il doit être adapté aux rayonnements et au type d’exposition :
en œuvre et ne s’improvise pas, compte tenu de la complexité corps entier, extrémités ou cristallin, et il est individuel et
technologique des dispositifs médicaux auxquels peut être nominatif.
confrontée la PCR. En zone surveillée et contrôlée : la dosimétrie passive permet
Elle nécessite une très grande phase d’observation, une d’obtenir des mesures en temps différé utiles au calcul de la
connaissance approfondie des procédures radiologiques et des « dose efficace ». Il est porté à la poitrine et sous le tablier de
aspects cliniques, des équipements radiologiques, des paramètres protection si celui-ci s’avère nécessaire.
techniques d’acquisition, et des moyens de mesure à mettre en En zone contrôlée : la dosimétrie opérationnelle ou électroni-
œuvre. que (art. R.4451-67 du Code du travail) est obligatoire. Elle
L’étude de poste conduit à proposer un zonage et un classe- permet d’obtenir en temps réel une mesure de l’exposition
ment du personnel. Elle doit être contrôlée et validée régulière- externe. Cette dosimétrie est un outil d’optimisation. Elle ne se
ment, en particulier lors de l’évolution ou du changement de substitue pas à la dosimétrie passive. En cas de différence sur la
pratiques. Elle permet de faire des recommandations dans le valeur de dose de l’exposition externe, seule la valeur donnée
cadre de la démarche d’optimisation de dose. par la dosimétrie passive est validée.
Les résultats de dosimétrie passive sont adressés au médecin
du travail.
■ Surveillance du personnel La PCR a accès aux résultats nominatifs de la dose efficace
(externe + interne) sur 12 mois et de la dosimétrie opération-
Chaque travailleur exposé aux RI doit bénéficier d’un suivi nelle afin de définir des objectifs de dose et faire les études de
médical et dosimétrique approprié. poste.

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■ Formation à la radioprotection Des mesures continues ou ponctuelles des ambiances de


travail doivent être mises en place par la PCR (art. R.4451-
des travailleurs exposés 30 du Code du travail) au moins une fois par mois. Ce contrôle
doit être réalisé une fois par an par un organisme agréé.
(art. R.4451-47 à R.4451-50
du Code du travail) ■ Conclusion
Les travailleurs susceptibles d’intervenir en zone contrôlée ou La transposition de la directive européenne 96/29/Euratom
surveillée doivent bénéficier d’une formation à la radioprotec- relative à la radioprotection des travailleurs a conduit à un
tion organisée par l’employeur. ensemble de textes législatifs et réglementaires dont les objectifs
Cette formation porte sur les risques liés à l’exposition, les principaux sont la justification, l’optimisation et la limitation
règles de prévention et de protection. Elle est adaptée à la de doses.
nature des risques et au poste de travail. D’un point de vue pratique, l’application de ces grands
Cette formation est renouvelée au moins tous les 3 ans et la principes s’appuie sur des textes qui fixent des obligations au
PCR peut la réaliser (art. R.4451-111 du Code du travail). Les chef d’établissement ou au responsable de cabinet de radiologie
femmes sont également informées de l’intérêt de déclarer la en termes de limites d’exposition, d’évaluation du risque (le
grossesse le plus tôt possible et les travailleurs doivent être zonage), de classification des personnels, de surveillance de
informés des coordonnées de la PCR et du médecin du travail. l’exposition et de surveillance médicale, de mise en œuvre des
contrôles de radioprotection ainsi que de formation à la
radioprotection. Pour cela il peut s’appuyer sur la PCR et le
■ Contrôles techniques médecin du travail.

de radioprotection
(art. R.4451-29 du Code du travail)
Conflit d’intérêt : aucun
Afin de vérifier que les moyens de radioprotection sont
efficaces dans le temps, des contrôles de radioprotection sont
effectués sur les sources et appareils émettant des RI, les D’après l’article original publié dans J radiol, 2010;91:1212-9, avec l’aimable
dispositifs de protection et d’alarme et sur les instruments de autorisation de l’éditeur.
mesure. Ces contrôles techniques de radioprotection sont les
suivants :
• contrôle à la réception ; Cet article a fait l’objet d’une prépublication en ligne : l’année du copyright
peut donc être antérieure à celle de la mise à jour à laquelle il est intégré.
• contrôle avant la première utilisation ;
.

• contrôle en cas de modification des conditions d’utilisation ;


• contrôle périodique des sources et appareils émetteurs de RI ;
• contrôle périodique des instruments de mesure (dosimètres
■ Référence
opérationnels et matériels de radioprotection). [1] Aubert B. Organisation de la radioprotection en France. JFR; 2009.

J.-L. Rehel (jean-luc.rehel@irsn.fr).


Institut de Radioprotection et Sûreté Nucléaire, BP 17, 92262 Fontenay-aux-Roses cedex, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Rehel J.-L. Obligations du radiologue pour la radioprotection des travailleurs. EMC (Elsevier Masson SAS,
Paris), Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection, 35-093-B-10, 2011.

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6 Radiologie et imagerie médicale - principes et technique - radioprotection

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