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Eglise Et Ppe D Affectation
Eglise Et Ppe D Affectation
LG. JACQUEMET (dir.), art. « édifice du culte 1336-1352 », Catholicisme, Paris 1952 : cf. B.
BASDEVANT-
GAUDEMET, « Jalons pour une histoire des lieux de culte », in Les lieux de culte en
France et en Europe,
Louvain, 2007, 9-37.
©
Citation de Raoul GLABER, in A. FLICHE et V. MARTIN, Histoire de l’Église, tome 7, Paris, 1940,
BR
p. 531.
Concile de Trente, Sess. 21, De ref., c.4 in G. ALBERIGO, Les Conciles Œcuméniques, Paris,
Un
1994,
tome II, 2, p. 729.
e Depuis les lois de Séparation, en raison du développement des villes, des lieux de culte
furent construits par les associations propriétaires en milieu urbain. On estime à environ 2 000
le nombre d’églises construites depuis les lois de Séparation et qui sont à la charge des
diocèses.
La propriété de ces églises fut diverse. Les églises paroïissiales revenaient aux évêques,
mais de nombreux lieux de culte appartenaient aux congrégations religieuses. Il était habituel
que des seigneurs fassent construire et doter des églises en vue du salut de leur âme. Mais, de
fait, quel que fût Le propriétaire, tous ces biens étaient quand même plus ou moins considérés
comme des biens ecclésiastiques. Ils étaient mis sous la protection d’un saint patron: Martin,
Pierre, Jean-Baptiste ou autre, et la croyance populaire leur en attribuait la propriété. Depuis
Charlemagne, les fidèles payaient la dîme qui donna des revenus substantielsà l° Église et
permit de nombreuses constructions et possessions. La nationalisation des biens du clergéà la
Révolution française mit fin aux propriétés ecclésiales. Le décret du 2-4 novembre 1789
nationalisant les biens du clergé catholique les mit « à la disposition de la Nation, à la charge
de pourvoir, d’une manière convenable, aux frais du culte, à l’entretien de ses ministres, et au
soulagement des pauvres ». C'était le seul moyen de faire accepter ce qui a été une réelle
dépossession pour l’Église de ses lieux de culte. Si, dans un premier temps, les fabriques et
fondations établies pour assurer la subsistance des églises paroissiales purent conserver la
propriété de leurs biens, ceux-ci devinrent également propriété de la Nation en 1793. On
assista donc à un double mouvement: les propriétés foncières et immobilières de l’ Église
redevinrent privées par vente ou attribution et, en sens inverse, les édifices du culte, propriétés
privées de l’Église, devinrent propriétés publiques.
Cette décision fut réaffirmée lors des lois de Séparation de 1905, comportant en plus tous
les bâtiments de culte construits tout au long de la période concordataire. Elle fut dénoncée
avec force par le Pape Pie X :
Outre les préjudices et les injures que nous avons relevés jusqu'ici, la loi de Séparation viole encore le
droit de propriété de l’Église et elle le foule aux pieds ! Contrairement à toute justice, elle dépouille cette
Église d’une grande partie d’un patrimoine, qui lui appartient pourtant à des titres aussi multiples que
sacrés. Elle supprime et annule toutes les fondations pieuses très légalement consacrées au culte divin ou
à la prière pour les trépassés.
Jean-Paul II fera le même constat dans sa lettre rédigée en 2005 à l’occasion du centenaire
des lois de Séparation :
En 1905, la loi de Séparation des Églises et de l’État, qui dénonçait le Concordat de 1801, fut un
événement douloureux et traumatisant pour l’Église en France.
L'Église se reconnaît le droit de posséder les biens dont elle a besoin pour l’exercice de sa
mission. C’est un droit inné que l'Églisea toujours affirmé et défendu, même lorsqu'il était
violé. L Église s’
S accorde Je droit, en dehors du POUVOIr civil, « d’acquérir, Conserver,
te LE public est une de ses fonctions principales (c. 1254, $ 2). Ce droit de
propriété fondamental, respecté et défendu dans d’autres législations (en Italie et en
Allemagne notamment) ne l’a pas été en France lors de la nationalisation des biens du clergé.
Les objets qui s’y trouvent, comme les actes qui s’y déroulent, doivent respecter ce
caractère sacré qui n’existe vraiment que dans la religion catholique. Pour le judaïsme, l’islam
ou le protestantisme, le bâtiment s’efface au profit des fidèles rassemblés dans une même
confession de foi.
Les actes considérés comme des profanations ou des violations du caractère sacré du lieu
réclament une réparation ou une réconciliation (c.1211). L’Ordinaire du lieu peut permettre
occasionnellement d’autres usages (c.1210). C’est toute la question de l’utilisation des lieux
sacrés à d’autres fins que le culte, que nous étudierons dans la sixième partie. Le droit précise
| ensuite que l’église est un édifice sacré, « où les fidèles ont le droit d’entrer pour l’exercice du
higte a tu)
culte divin » (c. 1214). Le culte est public lorsqu'il est rendu au nom de l’Église, sinon il est
privé (c. 834). Le caractère public de l’église concilie tout à fait l’article premier de la loi de
1905 qui assure la liberté de conscience et l’exercice du culte à tous les citoyens. Elle s’inscrit
dans l’esprit qui a prévaluà l'attribution de la domanialité publique des lieux de culte, lui
donnant un caractère nécessairement public!°. Les églises sont des édifices ouverts au public
et destiné au culte divin public, c "est ce double caractère qui les distingue des oratoires,
et la gratuité d'accès des églises pendanñt les célérrations sacrées (c. 1221). Si le Saint-
Sacrement est présent, l’église doit rester ouverte quelques heures chaque jour pour faciliter la
prière des fidèles (c. 937). La nécessité de l’ouverture de l’église pose, par ailleurs, un certain
comme une « communauté précise de fidèles, constituée d’une manière stable dans l’Église
particulière » (c. 515), le nouveau code de droit canonique ne fait qu ’incidemment mention du
bâtiment « église », qui en est pourtant un des éléments importants?. Il est fait mention d’une
manière explicite de l’église:
e aux canons 503, 510, afin de distinguer l’église collégiale, l’église paroissiale et
l’église cathédrale ;
e aux canons 508 au sujet du chanoine pénitencier et 509 sur le chapitre canonial ;
e au canon 510, $ 2 et 4, pour une église à la fois paroissiale et capitulaire ;
e au canon 520, $ 1 pour une paroisse érigée dans l’église d’un institut religieux et d’une
société de vie commune ;
e au canon 530, $ 6 pour les processions ou bénédictions en dehors de l’église ;
e au canon 533 où il est demandé au curé de résider dans la maison paroissiale proche de
l’église ;
e au canon 555, $ 1, 3 pour la propreté et l’entretien de l’église à laquelle le vicaire
forain doit veiller ;
e du canon 556 au canon 563 sur les recteurs d’églises ;
e au canon 858, $ 2 au sujets des fonts baptismaux ;
e Le bâtiment église est encore mentionné pour toute une série d’actes liturgiques
(baptême, eucharistie, funérailles, liturgie dominicale, ordinations, dédicaces, respectivement
aux canons: 857, 8 2, 858, $ 1 et 859; 934, $ 1, 2; 1118, $ 1, 1177, $ 1 et 3; 1217, $2;
1248, $2;1011$ 1).
Nous voyons bien que le droit de l’Église ne méconnaît pas l'édifice cultuel mais la
définition de la paroisse a voulu être d’abord pastorale, le but étant la sanctification des âmes
plutôt que la propriété des lieux. Même la notion de paroisse personnelle qui garde un
caractère inhabituel, «en fonction du rite, de la langue, de la nationalité des fidèles d’un
territoire, ou d’autres motifs » se comprend en fonction d’un but pastoral (c. 517). La paroisse
est un peuple convoqué et rassemblé — ce que nous verrons dans la quatrième partie - avant
même d’être définie sur un territoire (c. 518) car elle se réalise en un lieu et à partir du
diocèse.
cf. Concile de Trente, session XXIV, canon XIIL in Les Conciles Œcuméniques, sous la direction de G.
ALBERIGO, Paris, 1994, p. 1559.
2 Voir partie III, L'édifice affecté au culte.
Tout lieu de culte catholique est grevé d’une hypothèque ecclésiale, pour parodier
l'expression de l’encyclique Sollicitudo Rei Socialis sur la propriété ($ 42).
Son usage est
réservé au culte et doit respecter son caractère sacré, c’est pour cela
que « l'autorité
ecclésiastique exerce librement ses pouvoirs et ses fonctions dans les lieux sacrés »
(c 1215)
Et c’est là que se rejoignent la notion civile d’affectation et l'usage d’un
bien ecclésiastique
tel que l’Église le conçoit. L’affectation n’est-elle pas, au fond, la reconnaissance
civile de la
notion de lieu sacré ?
Aussi pour notre sujet, toute la législation ecclésiale propre aux lieux de
culte et aux
églises est à voir en parallèle avec la notion Juridique d’affectation d’un édifice
au culte et de
toute la jurisprudence qui en découle.
IIL. L’EDIFICE AFFECTE AU CULTE SELON LA LEGISLATION FRANÇAISE
B cf. X. DELSOL, A. GARAY, E. TAWIL, Éléments d'histoire du droit des cultes, Partie I de Droit des Cultes,
Dalloz, Paris, 2005.
cf. Émile POULAT, Notre Laïcité publique, Paris, p. 140.
15 Art. organique n° 75 du Concordat de 1801.
15 Cf. Mgr. R. MINNERATH, « Avenir et préservation du patrimoine cultuel », Doc. Épiscopat n° 8/2008, p. 3.
‘7 En 1987, la Documentation Française fait état de 38 138 lieux de culte (B. DUBOSQ et P. MOULINIER).
Paris, 1987.
C.E. 10 juin 1921, commune de Montségur, commissaire Corneille.
les édifices du culte sont rendus publics ! Le propre de l’acte ecclésial est communautaire ; cet
aspect collectif est désormais renforcé par le droit qui affirme le caractère public de
l’utilisation du lieu de culte. La domanialité publique reste aussi pour l'État un moyen
détourné de garder un contrôle sur le domaine religieux. Malgré les grands principes affirmés
de neutralité, la religion est quelque chose de trop important pour que l’État s’en désintéresse
:
et n'essaye de la contrôler à travers la propriété des lieux de culte. L'État ne reconnaît que
la
propriété et l’affectation d’un édifice du culte. Les deux notions sont liées car l'affectation est
une prérogative attachée à la propriété du domaine public des édifices du culte! Le
vocabulaire ecclésiastique et ses distinctions propres : paroisse, curé, ne sont évidemment pas
des entités reconnues par le droit civil. L'exercice du culte est un moyen juridique plus limité
pour aborder la question beaucoup plus vaste de la religion. C’est le moyen que le législateur
a élaboré sans jamais définir comme tel ni le culte, ni la religion, sujets pour lesquels il
reconnaît son incompétence”®, Mais la non-reconnaissance Juridique de la religion n’a jamais
signifié son ignorance !
Le célèbre discours du Commissaire Corneille mérite d’être cité : C.E., 10 juin 1921 : « Qu'est-ce
que le
domaine privé ? C’est la série des propriétés communales que la commune possède comme le posséderait
un
particulier quelconque. Pour une propriété quelconque, en quoi se résume le droit de propriété ?
En trois
attributs : le droit d’user, le droit de jouir, le droit de disposer. La commune a-t-elle pour l’église le droit
d’user ? Non. Affectation perpétuelle aux fidèles. Le droit de jouir ? Non. Elle ne peut la louer.
Le droit de
disposer ? Encore moins. Il faut un décret de désaffectation. Mais alors ? Il faut bien qu’une propriété
communale soit du domaine public, à moins que pour les besoins de la cause, on n’invente un troisième
domaine, le domaine innomé ». Voir aussi C.E. 18 novembre 1949, Carlier.
Loi du 9 décembre 1905, art. 2.
‘cf. Émile POULAT, Notre Laïcité Publique, Paris, 2003, p. 179-180.
cf. Mgr. C. DAGENS, « L'Église catholique veut-elle encore de ses églises ? », D.C. n° 2391, 2007.
De tout temps, le bâtiment église naît, vit et meurt. L'Église n’est pas enfermée dans ses biens : elle sait
admettre que certaines églises ont achevé leur rôle ou bien ne peuvent plus l’assumer, mais elle ne brade
._ : . 23
pas son patrimoine.
Aussi, après avoir bruyamment montré son désaccord face à ce qu’elle considère comme
une spoliation de son bien, l’Église semble se contenter de la domanialité publique des lieux
de culte. Elle ne pourrait, aujourd’hui, faute de revenus suffisants, supporter le poids financier
de leur entretien. Elle a été dépossédée et se retrouve, d’une certaine manière, dans une
attitude plus pauvre”. Dans un texte célèbre, le concile Vatican II avait noté le risque de
contre-témoignage en insistant sur le fait que le temporel pouvait grever l'élan spirituel et la
mission de l’Église :
L'Église elle-même se sert d'instruments temporels dans la mesure où sa propre mission le demande.
Mais elle ne place pas son espoir dans les privilèges offerts par le pouvoir civil. Bien plus, elle renoncera
à l'exercice de certains droits légitimement acquis s’il est reconnu que leur usage peut faire douter de la
: : ; : : mis 25
pureté de son témoignage ou si des circonstances nouvelles exigent d’autres dispositions.
Ces considérations n’enlèvent pas à l’Église la faculté de pouvoir reconnaître ces biens,
mêmes immobiliers, comme des biens d’Église lorsqu'elle en est propriétaire. Car l’usage et
la propriété sont deux réalités différentes dans la pensée de l'Eglise :
La tradition chrétienne n’a jamais reconnu le droit à la propriété privée comme absolu ni intouchable : au
contraire, elle l’a toujours entendu dans le contexte plus vaste du droit commun de tous à utiliser les biens
de la création entière: le droit à la propriété privée est subordonné à celui de l’usage commun, à la
destination universelle des biens.
Quel que soit l’avenir, il est important que l'Église n’oublie jamais que les lieux de culte
public ne sont que des moyens, certes bien utiles, mais pas nécessairement indispensables.
L'Église a déjà dû se résoudre en Franceà à perdre la propriété et l’affectation au culte des
cimetières même s’ils sont encore considérés par l’Église comme des lieux sacrés (c. 1205) et
bénis selon les rites prescrits (c. 1240). Cela n’empêche pas les Français de se faire enterrer et,
quand il s’agit d’obsèques chrétiennes, le clerc bénit individuellement la tombe (c. 1240, $ 2)
ainsi que la totalité des tombes le 2 novembre! Ce ne fut pas la première fois, comme
l’écrivait le cardinal Charles Journet que « L'Église se décante du temporel dont elle s’était
chargée » et probablement pas la dernière. Dans ce domaine, la sagesse des premiers chrétiens
nous rappelle à l'essentiel :
: | S’il est impossible de se rendre à l’église à cause des infidèles, tiens la réunion à la maison, ô évêque,
1,
pour que les gens pieux n’entrent pas dans l’assemblée des impies; car ce n’est pas le lieu qui sanctifie
‘ l’homme, mais l'inverse. .
Nous sommes donc faceà deux logiques : celle de l'Église comme « société parfaite » et
celle de l’État avec son droit propre. L'Église n’entend pas s’opposer au droit civil, qu’elle
respecte (cf. c. 1284, $ 2 où il est demandé à l'administrateur de respecter le droit civil), mais
elle se considère aussi comme capable d’assumer les moyens temporels dont elle a besoin
pour sa mission. Organiser le culte public est la première de ses missions (c. 1254, $ 2). Un
signe nous en est donné lors de la construction d’un nouveau lieu de culte qui est
nécessairement propriété de la structure juridique qui entreprend la construction depuis les
3° cf. Félicité GASZTOWT, «Les aspects juridiques de l'Église catholique en France», Doc. Épiscopat
n° 8/2008, p. 14.
#° cf. Mur. C. DAGENS, Lettre aux catholiques de France, « Proposer la foi dans la société actuelle »,
D.C. n° 2149 du 1% décembre 1996, p. 1016-1042.
25
Concile Vatican II, Constitution Gaudium et Spes, n° 76,85.
2% CONSEIL PONTIFICAL JUSTICE ET PAIX, Compendium de la Doctrine Sociale de l'Église, Vatican, 2005,
n° 177.
7 M.METZGER, Constitutions apostoliques, VIII 34, 8, Sources Chrétiennes 336, tome III, 1987, p. 244-245.
lois de 1905. Cette construction ne peut se faire sans l'autorisation de l’Ordinaire du lieu
(JS).
En perdant leur patrimoine, attribué aux fabriques d’églises (canon 1356, $ 1 du Code de
1917), les églises ont perdu, d’un point de vue canonique, leur personnalité Juridique. Elles ne
sont pas des personnes juridiques comme telles, n’ayant plus leur autonomie. La personnalité
juridique d’un lieu de culte, pour de nombreux canonistes, est fonction de sa capacité à gérer
le bien (cf. c. 114, $ 3) — c’est pour cela que cette capacité était plutôt reconnue aux conseils
de fabrique de l’ancien droit qu’au bâtiment lui-même. Le fait qu'un édifice cultuel puisse
recevoir de l’Église des privilèges particuliers (c. 1233) est un argument en faveur de la
personnalité juridique des lieux de culte, mais il s’agit des sanctuaires qui doivent avoir des
Statuts propres et une organisation interne. C’est désormais la paroisse qui, dans le nouveau
droit, jouit de la personnalité juridique (c. 515, & 3). La liste, non extensive, de la domanialité
publique affectée au culte, risque malheureusement de figer une situation à une époque
ancienne, sans tenir compte des changements survenus depuis. Le régime républicain a spolié
l'Église de son bien propre, sans compensation réelle ; il faudra bien un jour rouvrir ce dossier
douloureux !
# PEX, Encycliques Vehementer Nos du 11 février 1906 et Gravissimo officio du 10 août 1906.
” CE, 23 janvier 1920, Abbé Baraud.
* T.A. Nantes, 2 juin 1977, Association Saint-Pie-V-de-l'Ouest, - T.A. Amiens, 16 septembre 1986, Labille c/
Commune de Villeneuve-Saint-Germain.
10
D. Le ministre affectataire
Par sa nomination, le curé ou son équivalent devient l'interlocuteur principal du maire
quant à l'affectation.
Il est important de souligner que le ministre du culte désigné par son autorité propre, est,
pour le propriétaire, l’affectataire en titre. C’est une personne physique — de même que le curé
est une personne physique - alors que la loi de 1905 prévoyait l’affectation à une association.
Bien que l’article 5 de la loi du 2 janvier 1907 ait reconnu « aux fidèles », avant «les
ministres du culte », le droit de disposer des églises; la jurisprudence et l’usage ont montré
l'inverse. Le curé vraiment considéré comme l’affectataireà qui il revient de réglementer
l’usage de l’église”. Cette reconnaissance implicite du sacerdoce du ministre du culte dans
l'exercice de sa charge est très importante car elle corrobore la responsabilité du curé et
l'autorité hiérarchique du prêtre sur les fidèles telles que le conçoit l’Église catholique. Il a
même « plus de pouvoir dans son église et dans l'exercice du culte que le curé
concordataire »%, Il n°y aura pour le maire qu’un seul interlocuteur de l’affectation, de même
qu'il n'y aura qu’un seul responsable de la communauté (c. 526, $2), quelque soit
l’organisation interne propre sur laquelle se structure la paroisse (cf. c. 517). Cette
coopération sera facilitée par le devoir de résidence à laquelle est astreint celui qui a la
responsabilité de la communauté. Dans toutes les affaires juridiques, en particulier celles qui
touchent à l’administration des biens de la paroisse, le curé représente la paroisse :
Dans toutes les affaires juridiques, le curé représente la paroisse, selon le droit; il veillera à
l'administration des biens de la paroisse, selon les canons 1281-1288 (c. 532).
Même s’il n’a plus de statut public officiel, le maire ne peut ignorer celui qui représente la
communauté catholique dans sa commune. Il ne peut être seulement l’affectataire ; les usages
montrent d’ailleurs, au-delà de la coopération nécessaire, une reconnaissance mutuelle. Cette
responsabilité particulière lui est cependant reconnue; ainsi les peines sont elles aggravées
pour les délits commis par un ministre du culte. Si, officiellement, il n’est plus une personne
publique, il reste pour le droit civil une personne qui a autorité”.
a. L'utilisation profane
Cette possibilité s’est énormément développée depuis la deuxième moitié du XX° siècle.
La baisse de la pratique religieuse et l’intérêt culturel pour les bâtiments anciens ont fait
glisser l’aspect cultuel vers l’aspect culturel, au risque de faire perdre les repaires de ce que
sont à la fois l’affectation au culte qui justifie la domanialité publique et la sacralité d’un lieu
de culte pour l’Église catholique:
Quand les églises sont utilisées pour des fins différentes de celles qui leur sont propres, leur
caractéristique de signe du mystère chrétien est mise en danger, avec les dommages plus ou moins graves
pour la pédagogie de la foi et la sensibilité du peuple de Dieu, comme le rappelle la parole du Seigneur :
« Ma Maison est une Maison de prière » (Le 19, 46).
l’église avec un quelconque organisme ainsi que toute manifestation qui empêcherait
l'exercice normal du culte». Elle demande aussi l’obtention de l’avis conforme du
propriétaire en ce qui concerne la sécurité du bâtiment et les questions d’assurance concernant
la prestation". Une information au maire doit être faite lors de la tenue d’une telle
manifestation pour des raisons « de pouvoir de police et de représentation de la collectivité
propriétaire. »°! Ce même document rappelle aussi l’exigence de laisser l’accès libre et gratuit
du bâtiment, comme le spécifie le droit de l’Église (c. 1221). Ceci ne va évidemment pas sans
poser des problèmes, en raison des rémunérations des artistes. Un certain nombre de diocèse
ont pris sur ce point des dispositions particulières. D’autres dispositions ont été prises pour les
tournages de film, en demandant là encore de respecter le caractère sacré de l’édifice et de ne
pas perturber l’exercice du culte‘. Mais force est de constater que de nombreuses
manifestations dans les églises (concerts, jeux scéniques ou expositions) sont organisées sans
consultation préalable de l’affectataire.
b. Les visites payantes
Elles contredisent dans les termes les notions de domanialité publique et de gratuité du
culte, fondatrices de l’esprit des lois de Séparation ainsi que l’exercice de la liberté religieuse
telle que l’Église la conçoit. Aussi elles ne peuvent être qu'exceptionnelles. L'article 17 de la
loi de 1905 est ainsi libellé :
La visite des édifices et l’exposition des objets mobiliers classés seront publiques; elles ne pourront
donner lieu à aucune taxe et redevance.
Des dérogations ont été rendues possibles afin de permettre la sauvegarde et l’entretien
d'objets mobiliers classés dans les églises par l’octroi d’un droit d’entrée. La loi du 31
décembre 1913 sur les monuments historiques autorise les communes à établir un droit de
visite pour « couvrir les charges de gardiennage et de conservation » des biens mobiliers
classés visités. Il ne peut correspondre qu’à une partie de l’édifice, afin de permettre la libre
circulation dans le reste de l’édifice car un droit ne peut être exigé pour entrer dans un édifice
affecté au culte. Ceci est vrai tant d’un point de vue civil que d’un point de vue ecclésial. Ce
système a été mis en place dans un certain nombre de bâtiments classés : Elme (Pyrénées-
Orientales), les Saintes-Maries-de-la-Mer (Bouches-du-Rhône), La Chaise-Dieu (Haute-
Loire). Il n’est pas toujours compris par les visiteurs, et les collectivités propriétaires ne
respectent pas uniquement la destination légale de cette redevance, à savoir les charges de
gardiennage et de conservation.
# CONSEIL PERMANENT DE L'EPISCOPAT FRANÇAIS, « Les concerts dans les églises », 13 décembre 1988, D.C.
89.
%° cf. Orientation de la Congrégation pour le Culte divin, « Les concerts dans les églises », 5 nov. 1987, D. C.
n° 1954 du 17 janvier 1988, p. 77-79, n° 6.
“Propos du ministre de l'Intérieur, J.0. Deb AN, 14 janvier 1991, n° 27029.
“7 CONSEIL PERMANENT DE L'EPISCOPAT FRANÇAIS, « Le tournage de séquences de films dans les édifices
cultuels », D.C. n° 1953, 1988, p. 47.
13
| Cette même \loi dérogatoire| du 31 décembre 1913 a permis d’appliquer son régime
Je d'exception à l'installation d’antennes de radiocommunication dans les églises. Mais de
me même que pour les visites payantes, l'installation de relais dans les clochers ne peut se faire
sans l’accord de l’affectataire. Elles ne doivent pas non plus gêner l’exercice du culte ni
entraîner une redevance au desservant, car l’affectation est gratuite”.
Durant la célébration du culte, il va de soi que la liberté d'accès l’emporte et interrompt les
visites payantes. Pour la mise en place de visites payantes dans une partie de l’édifice,
l’accord de l’affectataire est obligatoire. Il a d’ailleurs le droit de s’y opposer“.
culte par des troubles ou désordres causés dans le local servant à ces exercices »*”. Il peut
même faire appel aux forces de police lorsque l'exercice du culte est perturbé. La
jurisprudence énumère un certain nombre de cas où l’exercice du culte était gêné, voire
l’église occupée, et où les forces de l’ordre, à la demande de l’affectataire et par la
compétence du juge administratif, sont intervenues. C’est à lui que revient exclusivement
l’ordonnancement du culte, sous l’autorité de son évêque. Ceci est conforme au droit de
l'Église sur la liberté de l’autorité ecclésiastique dans les lieux de culte (c. 1213).
Le pouvoir de police de l’affectataire n’est pas un simple pouvoir de discipline puisqu'il
touche à un domaine public. C’est comme si le maire déléguait son pouvoir de police, à
l’intérieur de l'édifice, au ministre du culte. Le maire n’a plus qu’un pouvoir supplétif*,
défini par la jurisprudence de manière limitative a négative. L'’affectataire s’est vu
reconnaître la détention exclusive des clefs de l'édifice”, de l'ouverture et de la fermeture de
l’édifice ainsi que des horaires et du déroulement des cérémonies. Les cérémonies gardent un
caractère public, elles ne sont plus soumises à une déclaration préalable depuis 1907. Elles
peuvent faire l’objet d’une surveillance, mais c’est excessivement rare, n'étant pas
considérées — en principe — comme un danger pour la sécurité publique! Comme nous l’avons
déjà dit, la seule restriction à l’exercice interne du culte est l’atteinte à l’ordre public”.
Le ministre du culte se voit par ailleurs reconnaître un rôle de gardiennage de l'édifice”! : il
est gardien, non seulement du caractère cultuel du lieu, mais aussi du bâtiment lui-même. Ceci
lui permet, dans un certain nombre de cas, de recevoir une rétribution publique. Le ministre
du culte est donc à la fois garant de l’ordre et de la sécurité à l’intérieur de l’édifice, mais
aussi gardien de la conservation de l’immeuble. Ses fonctions reconnues semblent bien
coïncider avec l’autorité proprement religieuse qui est la sienne quant à l’exercice du culte et
la conservation des lieux et objets sacrés (cf. cc. 519, 528, 529, 530, 1220). Il ne peut être tenu
pour civilement responsable des dégradations survenues dans l’édifice ou affectant des
personnes. Sauf, bien évidemment si sa responsabilité personnelle est engagée, ou alors s’il
n’a pas été assez vigilant comme gardien de l’édifice.
B. L’aménagement de l’église
Le ministre du culte peut organiser librement la disposition des meubles à l’intérieur de
l’église et la municipalité ne peut utiliser le mobilier interne pour ses propres besoins. Il peut
aussi retirer les meubles qu’il juge inutiles, inesthétiques ou encombrants, mais il ne peut les
aliéner ou les modifier sans l’accord de la municipalité propriétaire”. Les meubles inutilisés
sont habituellement déposés dans un lieu attenant à l’église, sacristie ou autre, sans oublier
l'accord du propriétaire pour ce transfert. Dans la mesure où l’affectation de l’immeuble
touche également tous les meubles qui l’occupent, l’affectataire doit être considéré comme le
gestionnaire des « biens communaux». Lorsque les objets sont classés, ils tombent aussi sous
la juridiction de la Conservation du patrimoine qui peut, sous l’égide du ministère de la
Culture, prendre des mesures conservatoires pour leur sauvegarde et leur entretien.
Le droit canonique recommande de « veiller à assurer dans les églises la propreté et la
beauté qui convient à la Maison de Dieu et à écarter tout ce qui ne convient pas à la sainteté
du lieu » (c. 1220, $ 1). Cela réclame un minimum d’entretien, en faisant particulièrement
attention aux objets sacrés et précieux, pour lesquels il faut recourir « au soin ordinaire de
conservation et aux moyens appropriés de sécurité » (c. 1220, $ 2). C’est dans ce but que les
Commissions diocésaines d’art sacré ont été instituées””. Devant un certain nombre d’excès,
en particulier au lendemain du Concile, les autorités publiques ainsi que celles de l’Église ont
dû prendre des mesures conservatoires pour sauvegarder le patrimoine religieux des édifices
du culte et des objets affectés". En dehors de l’aménagement courant, les travaux
d'aménagement intérieur d’un lieu affecté au culte ne peuvent être réalisés sans une
concertation préalable entre les différents partenaires :
e Le propriétaire.
e L’affectataire aidé par la Commission diocésaine d’art sacré. Cette dernière trouve son
fondement dans le canon 1216 précisant que « pour la construction et la réparation des
églises, en recourant à l’avis d'experts, les principes et les règles de la liturgie et de l’art sacré
seront observés ».
e Éventuellement les représentants du ministère de la Culture lorsque le lieu de culte ou
les objets sont classés ou inscrits à l’inventaire supplémentaire.
d'entretien comme la peinture ou l'électricité. Sont exclus de ces travaux la propreté du lieu et
les frais de chauffage, bien qu’un arrêt du Conseil d’État ait permis une subvention pour
assurer le chauffage d’un édifice public du culte, considérant que cela participait à l’entretien
courant, sous peine de dégradation”. Une extension de cette mesure à d’autres domaines
d'entretien (notamment l'installation de l’éclairage) est signalée dans une circulaire du 15
octobre 2003°”°.
Ce que la loi interdit c’est, pour les collectivités publiques, des dépenses qui seraient des
subventions pour l'exercice du culte. Mais elle n’interdit pas les dépenses nécessaires à la
conservation des édifices, propriété de l’État, du département ou de la commune. L'arrêt du
Conseil d'État du 22jjanvier 1937 permet de préciser ce qu’une commune peut faire pour les
édifices du culte dont elle est propriétaire:
e le réparer, pour éviter aussi des réparations futures trop lourdes ;
e l’entretenir ;
+ le reconstruire si cela est nécessaire et si les frais de reconstruction n’excèdent pas
ceux d’une réparation.
S’il n’est pas tenu à l’ obligation d'entretien et de réparation, le propriétaire y est encouragé
par de possibles subventions de l’État, pouvant aller jusqu’à 50% des travaux envisagés °®, Car
il doit aussi garantir la sécurité matérielle de l’édifice et peut être tenu pour responsable des
préjudices résultant d’un défaut d’entretien. Ce n’est pas le cas du ministre affectataire, sauf si
le préjudice causé est de son fait personnel. En cas de péril imminent, le maire peut être
amené à interdire l’accès de l’édifice ou une partie de celui-ci. Le juge administratif veillera à
ce que cette décision soit fondée et ne soit pas une limitation du droit à la liberté de culte. En
ce cas, le maire pourrait être condamnéà réparer les dommages®!. Les fidèles peuvent aussi
faire des souscriptions en vue des travaux de réparation de l’église. Cette démarche oblige la
commune propriétaire à effectuer les réparations couvertes par la souscription. C’est ce que
l'on appelle la loi du concours. Le Conseil d’État a précisé à deux reprises, qu'il s’agit
« d’une obligation légale à laquelle elle ne peut se soustraire sans engager sa
responsabilité »°?. Ceci afin d’ empêcher les collectivités propriétaires de laisser tomber en
ruine des bâtiments du culte en vue d’obtenir leur désaffectation pour cause de danger public.
Lorsque le bâtiment est privé, l’association propriétaire peut aussi bénéficier de
financements publics pour la réparation d'un édifice ouvert au culte public, sans que cela soit
considéré comme une subvention au culte”. En ce qui concerne des travaux de reconstruction
d'église, lorsque celle-ci a été grièvement endommagée ou détruite, le propriétaire doit alors
affecter Jes dus subventions où dédommagements (assurances) à la reconstruction de
l'édifice®*
Ce que l’on peut noter en conclusion, c’est un assouplissement très net des lois de 1905
notamment par les différents avis du Conseil d’État. Aïnsi l’exonération de la taxe foncière
était prévue pour les bâtiments publics du culte dans la loi de 1905 (art. 24). Elle a été étendue
à tous les édifices du culte, publics comme privés®. De même un certain nombre de facilités
fiscales ont été accordées, ainsi qu’un accroissement des aides indirectes.
restauration (c. 1189) ; il y a prescription s’ils appartiennent au Siège Apostolique (c. 1270).
Certains de ces objets servant directement au culte peuvent aussi connaître une dédicace où
une bénédiction particulière de la part de l’Église (c. 1171).
La seule réelle difficulté pour l’affectataire survient lorsque des mesures conservatoires
sont prises pour la sauvegarde de mobilier classé et affecté en péril. Cependant, ce mobilier
n’en perd pas pour ne son affectation et ne peut connaître qu’un « transfert provisoire dans
un trésor de cathédrale » ; le propriétaire pourra toujours demander sa réintégration dans le
lieu si des mesures de sauvegarde ont été prises, et l’affectataire réclamer son utilisation
temporaire pour l’exercice du culte.
auquel l’État ne peut rester indifférent. Sans compter la difficulté pour les cultes de financer le
coût important de la construction d’un nouveau lieu de culte sans aide financière publique. Le
pragmatisme l’a souvent emporté, heureusement, sur les principes et un certain nombre de
dispositions sont venues apporter une aide publique à la construction de nouveaux lieux de
culte.
Un premier geste avait été fait à l’égard de l'islam, en subventionnant directement la
construction de la Grande Mosquée de Paris, inaugurée en 1920. Pour l’Église catholique, le
grand projet des Chantiers du cardinal a pu, lui aussi, obtenir de nombreuses aides dans les
années trente pour la construction de plusieurs centaines de nouvelles églises en Île-de-
France. Cette aide était essentiellement la mise à disposition de terrains à bâtir par les
collectivités, sous la forme d’un bail emphytéotique de longue durée (99 ans) et pour un très
faible montant.
Depuis, un certain nombre de pratiques sont devenues courantes :
e Le financement des parties non affectées directement au culte, c’est-à-dire tout ce qui
est annexe: bibliothèque, musée, salles de conférence, activités extra-cultuelles, qui peuvent
être qualifiées d'équipement public. C’est ainsi que l'État a participé au financement de la
cathédrale d'Évry et A un certain nombre de constructions de lieux de culte musulman
obtient des subventions”?
e En plus des baux emphytéotiques, des garanties d’ empruni des collectivités publiques
peuvent être octroyées aux associations, maîtres d'œuvre d’édifice du culte”?
e Elles peuvent aussi obtenir, avec une extension de leur capacité juridique, une
déductibilité fiscale des dons et legs”, un taux réduits de frais de mutations” et tout un
arsenal de facilités financières et fiscales pour mener à bien leurs travaux.
La construction de nouveaux lieux de culte, essentiellement musulmans, est parfois, dans
les communes, l’objet d’oppositions féroces entre partisans et adversaires. C’est pourquoi la
construction de ces nouveaux lieux de culte rencontre toujours un grand nombre de
difficultés”
e L’obtention d’un permis de construire n’est pas simple en ce domaine. Le droit de
l’urbanisme a longtemps négligé l’intégration de nouveaux lieux de culte et s’en est même
parfois servi de motif pour s’opposer à la délivrance d’un permis de construire”?
e L'exercice dévoyé du droit de préemption. Ce droit a souvent été invoqué par telle ou
telle collectivité publique pour empêcher la construction d’un lieu de culte, sans donner le
motif justifié de la préemption, ce qui est illégal®.
e La nécessité parfois de se cacher derrière la qualification d'équipement public pour
avaliser la construction d’un lieu de culte”?
7 CE. 12 février 1988, Association des résidents des quartiers Portugal-Italie ; Rapport d’information sur les
immigrés, Rapport Assemblée nationale, n° 1348 89-90, p. 78.
73 Loi des finances du 29 juillet 1961, art. 11.
7 Code général des impôts, art. 238 bis.
7 Code général des impôts, art. 777 et 795
7 cf. X. DELSOL, Le droit des cultes, Paris, 2005, « la construction et l'aménagement », p. 250-281.
7 Circulaire du ministère de l'Intérieur aux préfets, en date du 14 février 2005, qui précise que « la neutralité
ne signifie pas (..….) l'indifférence à l’égard du fait religieux » et recommande «la souplesse face à
lédification des lieux de culte. »
7 Le rapport Machelon, fait à la demande du Premier Ministre de l’époque donne un certain nombre de pistes,
dont les premières sont de veiller à éviter les blocages des collectivités publiques. J.-P. MACHELON (Edl.),
Les Relations des cultes avec les pouvoirs publics, Doc. Franc., Paris, 2006.
7 C.E. 12 février 1988, Association quartier Portugal-Italie.
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On peut noter qu’une certaine hypocrisie règne sur cette question de la construction de
nouveaux lieux de culte. Autrefois, elle était réglée de manière discrétionnaire et cachée, c’est
ce que l’on appelait « la neutralisation rampante du principe d'interdiction
des financements
! publics des cultes». La possibilité d’un financement public et direct des lieux de culte a été
” abordée par de nombreux hauts fonctionnaires ces dernières années®° afin de sortir de la
difficulté actuelle. Pour l’Islam, le non-financement public des lieux de culte a entraîné, pour
pallier l’inégalité, une multiplication anarchique de lieux de culte privés ou des financements
d’origine étrangère, ce qui pose, dans ce dernier cas, un réel problème politique. Différentes
propositions se font jour, elles rencontrent souvent l’hostilité et la peur de réveiller de vieux
démons — comme si en reparlant des lois de 1905, on ouvrait la boîte de Pandore !
® GRATIEN, Decreti tertia, Dist. I, De cons. c. 38, in A. FRIEDBERG, Graz, 1995, p. 1303.
#6 Cité dans J. WERCKMEISTER, « L'édifice cultuel en droit canonique » in R.D.C. n° 47/2, Strasbourg, 1997.