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Cytolyse aiguë
D. Guyader

La cytolyse aiguë se traduit par une élévation des aminotransférases qui témoigne de l’atteinte de
l’intégrité de la membrane hépatocytaire. Si la nature de l’origine hépatique de l’hypertransaminasémie
ne fait pas de doute en cas de valeurs élevées, une élévation modérée prédominant sur les aspartates
aminotransférases (ASAT) doit faire écarter un infarctus myocardique, une maladie musculaire ou une
macrotransaminasémie. Bien que les causes les plus fréquentes soient virales, toxiques, ou médicamen-
teuses, il faut envisager, si le contexte est évocateur, la possibilité d’une lithiase de la voie biliaire principale
ou d’une pathologie vasculaire (congestion sus-hépatique ou ischémie). Il ne faut pas méconnaître
des signes d’insuffisance hépatocellulaire qui peuvent survenir précocement ou en cours d’évolution.
Il faut s’assurer de la guérison pour ne pas méconnaître l’installation d’une maladie chronique du foie,
notamment en cas d’infection virale B ou C aiguë.
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Mots-clés : Cytolyse ; Aminotransférases ; Alanine aminotransférase ; Aspartate aminotransférase ; Hépatite

Plan biologiques hépatiques antérieurs et de rechercher d’éventuels


signes cliniques témoignant d’une maladie chronique du foie ;
■ Introduction 1 • rechercher des signes de gravité de l’atteinte hépatique
qui peuvent être présents d’emblée ou survenir en cours
■ Syndrome de cytolyse 1 d’évolution ;
Augmentation des aminotransférases 1 • en rechercher la cause : bien que les hépatites virales, toxiques
Autres enzymes 2 ou médicamenteuses soient les étiologies les plus fréquentes,
Autres perturbations biologiques 2 une pathologie biliaire ou une ischémie hépatique peuvent être
■ Affirmer la nature hépatique de la cytolyse 2 en cause ;
Écarter une cytolyse musculaire ou cardiaque et une hémolyse 2 • s’assurer enfin de la guérison de l’épisode afin de ne pas mécon-
Évoquer un complexe macroenzymatique 2 naître l’installation d’une maladie chronique du foie.
■ Affirmer la nature aiguë de la cytolyse 2

 Syndrome de cytolyse
■ Rechercher des signes de gravité 3
■ Rechercher la cause de la cytolyse 3
Obstacle aigu sur les voies biliaires 3 Il définit le concept de nécrose hépatocytaire. Il correspond en
Cytolyse vasculaire 3 pratique à l’élévation de la concentration sérique des aminotrans-
Hépatites infectieuses 4 férases.
Hépatites médicamenteuses et toxiques 5
Maladies chroniques du foie pouvant se révéler de façon aiguë 5
■ Conclusion 6
Augmentation des aminotransférases
Les aminotransférases (ou transaminases) sont des indicateurs
sensibles de nécrose hépatocytaire. L’alanine aminotransférase
(ALAT) et l’aspartate aminotransférase (ASAT) sont des enzymes
 Introduction normalement présentes dans le sérum à une faible concentration
qui varie selon la méthode de dosage et la définition de la limite
Le syndrome de cytolyse hépatique témoigne de l’atteinte de supérieure des valeurs normales (de 20 à 60 UI/l) et est plus élevée
l’intégrité de la membrane hépatocytaire. Il se traduit en pratique chez l’homme que chez la femme. Dans une large population de
par une augmentation de l’activité sérique des aminotransférases. sujets sains écartant toute personne ayant une sérologie virale B
Le diagnostic d’une cytolyse aiguë passe par plusieurs étapes : ou C positive, un surpoids, un syndrome métabolique ou une stéa-
• affirmer la nature hépatique de la cytolyse, ce qui ne pose pas tose échographique, la limite supérieure de la normale a été fixée
de problème dans les élévations importantes des aminotrans- à 21 UI chez l’homme et 17 UI chez la femme.
férases mais impose, en cas d’augmentation modérée, d’écarter L’ASAT est retrouvée à des concentrations élevées dans les cel-
une cytolyse musculaire ; lules du foie, du myocarde, et des cellules musculaires. Elle est
• s’assurer de son caractère aigu, ce qui est important, parfois dif- également présente dans le rein, le cerveau, la muqueuse gas-
ficile, et nécessite de s’enquérir d’une perturbation des bilans trique, le poumon, la rate, le pancréas et les globules rouges. Elle

EMC - Hépatologie 1
Volume 13 > n◦ 4 > octobre 2018
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1976(17)46232-2

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existe dans la cellule hépatique sous deux isoformes différentes : En pratique, le syndrome de cytolyse se traduit par une augmen-
mitochondriale (représentant 80 % de l’activité hépatocytaire) et tation des transaminases dont la découverte impose une démarche
cytosolique. En situation normale, 90 % de l’activité sérique est diagnostique rigoureuse visant à écarter une pathologie extrahé-
d’origine cytosolique [1] . patique et à confirmer le caractère aigu de l’affection en cause.
L’ALAT est localisée uniquement dans le cytosol. Son activité
sérique normale varie au cours de la journée (elle est plus élevée
environ de 45 % dans l’après-midi qu’au début de la matinée) et  Affirmer la nature hépatique
de 10 à 30 % d’un jour à l’autre [2] . Sa concentration dans les tissus
non hépatiques (rein essentiellement, faible quantité dans le cœur de la cytolyse
et les muscles) est très faible et l’augmentation de sa concentration
sérique est donc plus spécifique d’une atteinte de l’hépatocyte. Affirmer la nature hépatique de la cytolyse ne pose pas de
En cas de nécrose hépatocytaire aiguë, l’activité sérique de problème en cas d’élévation importante et conjointe des deux
l’ASAT augmente plus rapidement et prédomine sur celle de transaminases. Devant une élévation modérée des transaminases
l’ALAT du fait de sa concentration hépatocytaire plus importante. prédominant sur l’ASAT, il importe avant tout d’éliminer une cyto-
En revanche, après 24 à 48 heures, l’activité sérique prédomine lyse non hépatique.
sur les ALAT car la demi-vie de l’ASAT (17 ± 5 heures) est plus
courte que la demi-vie de l’ALAT (47 ± 10 heures) [2] . Ceci
explique la possibilité du croisement des deux courbes retraçant Écarter une cytolyse musculaire ou cardiaque
l’évolution des taux enzymatiques en fonction du temps en cas et une hémolyse
de cytolyse prédominant initialement sur l’ASAT. Il n’y a pas
d’élimination biliaire ni urinaire significative. Les transaminases Bien que le niveau d’hypertransaminasémie atteigne rarement
sont probablement catabolisées par les cellules du système des celui des affections hépatiques, certaines rhabdomyolyses aiguës
phagocytes mononucléés et notamment les macrophages du foie. peuvent être responsables d’activités élevées. Le contexte clinique
La corrélation entre l’étendue de la nécrose hépatocytaire et le bien différent, la forte prédominance de l’élévation des ASAT
niveau d’élévation des transaminases est mauvaise. L’importance sur les ALAT, et l’élévation des enzymes musculaires telles que
de l’hypertransaminasémie est donc un mauvais indicateur pro- la créatine-kinase permettent aisément le diagnostic. Un effort
nostique dans les hépatites aiguës graves. musculaire intense et prolongé peut être responsable d’une élé-
vation mineure des ASAT. Enfin, une rhabdomyolyse peut être
associée à une cytolyse hépatique aiguë (« coup de chaleur » ou
Autres enzymes convulsions chez un malade alcoolique, par exemple).
De nombreuses autres enzymes sériques ont été étudiées. En Une hémolyse peut aussi augmenter de façon mineure les ASAT.
pratique clinique, aucune n’a fait la preuve d’une supériorité par Ce peut également être le cas lorsque le prélèvement est laissé à
rapport aux transaminases, bien que certaines d’entre elles ne température ambiante sans être centrifugé rapidement.
soient présentes que dans le foie et devraient être plus spécifiques
de l’origine hépatique d’une nécrose cellulaire. Elles ne sont pas Évoquer un complexe macroenzymatique
utilisées en pratique clinique.
• Les glutathions S transférases (GST) sont des enzymes impli- L’existence d’un complexe macroenzymatique doit être évo-
quées dans les processus de détoxification. La forme GST-B, quée lorsque les ASAT sont élevées en l’absence de tout autre
hépatique, serait plus sensible que les transaminases à la nécrose signe d’atteinte hépatique et que le taux d’ALAT est normal. Les
hépatocellulaire. Sa demi-vie plasmatique est courte. Un taux macroenzymes sont des enzymes normales complexées à une
sérique élevé permettrait donc de préjuger de la persistance du immunoglobuline (Ig). Ce complexe augmente la demi-vie de
processus de nécrose [3] . l’enzyme et provoque une élévation persistante de son activité
• La glutamate déshydrogénase est une enzyme mitochondriale sérique. La macroamylase en est l’exemple le plus connu. Des cas
présente dans le foie, le cœur, les muscles et les reins. Dans le de macro-ASAT ont été rapportés et identifiés par électrophorèse,
foie, elle est localisée préférentiellement dans la zone centrolo- mettant en évidence une bande de migration anormale entre la
bulaire ce qui, en théorie, explique son élévation prédominante fraction mitochondriale et la fraction cytosolique de l’enzyme [4] .
dans les atteintes centrolobulaires telles que l’insuffisance car-
diaque droite et l’hépatite alcoolique aiguë. Sa sensibilité et sa
spécificité comme marqueur d’hépatite alcoolique n’ont pas été
confirmées [3] .
 Affirmer la nature aiguë
• La lactate déshydrogénase (LDH) est une enzyme cytoplas- de la cytolyse
mique répandue dans de nombreux tissus de l’organisme.
Sa concentration sérique s’élève modérément (généralement Ceci peut être facile dans un contexte évocateur et lorsqu’il
moins de deux fois la limite supérieure de la normale) en cas s’agit d’une élévation majeure (supérieure à 20 fois la limite supé-
d’hépatite virale. Cinq isoenzymes sériques peuvent être sépa- rieure de la normale) des transaminases. Ailleurs, la distinction
rées par techniques d’électrophorèse. L’élévation de la LDH-5 est plus difficile soit parce que l’élévation des transaminases est
est plus sensible et plus spécifique d’une atteinte hépatique que moins importante et du même ordre de grandeur que celle qui
la mesure de la LDH totale [1] . est retrouvée dans les hépatopathies chroniques, soit parce que
la maladie chronique du foie se révèle de façon aiguë (les hépa-
tites auto-immunes, la maladie de Wilson, l’hépatite chronique
Autres perturbations biologiques virale B en sont les exemples les plus fréquents).
La concentration plasmatique de nombreuses substances est Il est donc essentiel :
augmentée en cas de lésion hépatocellulaire. En particulier, celle • de s’enquérir de la normalité d’éventuels dosages enzymatiques
du fer sérique, de la saturation de la transferrine et de la ferri- antérieurs ;
tinémie est augmentée, indépendamment de toute modification • de rechercher soigneusement tout signe clinique évocateur
du stock de fer de l’organisme. Cette élévation ne doit en aucun de maladie chronique du foie : angiomes stellaires, érythème
cas faire évoquer la responsabilité d’une hémochromatose dans la palmaire, ascite, circulation veineuse collatérale sous-cutanée,
cytolyse. En effet, en cas d’hémochromatose, on n’observe qu’une splénomégalie, atrophie cutanée et musculaire, signes cliniques
élévation chronique discrète des transaminases, inférieure à deux évoquant une consommation excessive de boissons alcoolisées ;
fois la limite supérieure de la normale, qui n’apparaît que dans les • d’apprécier la consistance et l’importance d’une hépatomégalie
formes massivement surchargées de la maladie. éventuelle : un foie ferme ou dur ou ayant un rebord inférieur
La concentration sérique de vitamine B12 augmente chez de tranchant doit faire évoquer d’emblée une maladie chronique.
nombreux patients ayant une maladie hépatique. Certains argu- S’il existe des arguments pouvant faire évoquer une maladie
ments suggèrent qu’elle est libérée par les hépatocytes lésés. chronique du foie, il est inutile (et parfois dommageable) de

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Cytolyse aiguë  7-007-B-21

prendre un recul évolutif (qui est arbitrairement de 6 mois) pour complications potentielles dominées par le risque de pancréatite
établir la chronicité de la cytolyse. aiguë parfois sévère.

 Rechercher des signes de gravité Cytolyse vasculaire


Deux mécanismes peuvent induire une cytolyse :
La gravité d’une hépatite aiguë cytolytique ne tient pas à • une congestion veineuse sus-hépatique telle que peuvent la
l’intensité de l’hypertransaminasémie mais à la survenue d’une réaliser une insuffisance ventriculaire droite, un obstacle au
insuffisance hépatocellulaire. On parle d’hépatite sévère lorsque drainage veineux sus-hépatique (syndrome de Budd-Chiari), ou
le taux de prothrombine (TP) chute en dessous de 50 % (ou une maladie veino-occlusive ;
international normalised ratio [INR] ≥ 1,5). On parle d’hépatite • une ischémie artérielle hépatique accompagnant une insuffi-
grave lorsque survient une encéphalopathie hépatique clinique. sance circulatoire générale ou une atteinte de l’artère hépatique.
Toute hépatite grave nécessite une hospitalisation dans une unité
apte à réaliser une transplantation hépatique. En fonction du Foie congestif [8]

délai séparant le début de l’ictère et l’apparition des signes


d’encéphalopathie, on individualise l’hépatite fulminante (délai Devant une cytolyse, outre le contexte clinique, c’est
inférieur à 15 jours), et l’hépatite subfulminante (2–12 semaines). l’installation rapide d’une ascite, d’une hépatomégalie volontiers
L’hépatite fulminante « suraiguë » est définie par une survenue de douloureuse, en l’absence de tout signe de cirrhose, qui doit faire
l’encéphalopathie dans les sept premiers jours [5] . évoquer un foie congestif. Plusieurs mécanismes peuvent être
Il faut donc, en cas de cytolyse significative, surveiller régulière- en cause. L’examen le plus contributif au diagnostic est alors
ment le malade au plan clinique et biologique (transaminases, TP, l’échographie-doppler hépatique.
facteur V) pour ne pas méconnaître ces signes de gravité. Il faut Blocs suprahépatiques
éviter tout traitement psychotrope, la prescription de paracétamol L’obstruction au drainage veineux sus-hépatique est respon-
(quelle qu’en soit la dose) qui pourrait favoriser cette évolution et sable d’une augmentation de la pression sinusoïdale qui provoque
la prescription de médicaments qui ne sont pas indispensables, une dilatation du sinusoïde et une congestion prédominant dans
surtout lorsque leur métabolisme est hépatique. la région centrale du lobule. L’augmentation de la pression sinu-
soïdale augmente la filtration de liquide interstitiel. Lorsque les
capacités de drainage lymphatique hépatique sont dépassées,
 Rechercher la cause de la cytolyse s’installe une ascite qui a la caractéristique d’être riche en pro-
téines (concentration de protéines souvent supérieure à 25 g/l)
Une cytolyse aiguë oriente préférentiellement vers une hépa- en raison de la grande perméabilité des parois du sinusoïde.
tite, qu’elle soit virale, toxique ou médicamenteuse, mais il faut L’augmentation de la pression sinusoïdale est transmise à la veine
garder à l’esprit qu’elle peut être rencontrée en cas d’obstacle porte et conduit à une hypertension portale. La diminution de la
d’installation brutale sur les voies biliaires ou de pathologie vascu- perfusion sinusoïdale provoque une ischémie hépatocytaire qui
laire notamment ischémique. Un autre écueil peut être représenté prédomine dans la région centrolobulaire, et dont l’intensité est
par l’association d’une cytolyse à une cholestase où il peut être variable et dépend de la brutalité d’installation de l’obstacle. Le
plus difficile d’orienter la démarche diagnostique. caractère aigu peut être lié à un obstacle complet d’installation
La fréquence respective des différentes causes est difficile à éta- brutale, mais aussi révéler une maladie jusqu’alors asymptoma-
blir. Elle dépend du lieu géographique et des caractéristiques de la tique qui se manifeste brutalement à l’occasion d’une extension
population prise en charge. Elle varie également en fonction du de l’obstacle. Environ 20 % des blocs suprahépatiques ont une
niveau d’élévation des transaminases. révélation aiguë [9] . L’augmentation des transaminases dépasse
alors cinq fois la limite supérieure de la normale et s’accompagne
fréquemment d’une chute du taux de prothrombine inférieur à
Obstacle aigu sur les voies biliaires 50 %. Le diagnostic est apporté par l’échographie-doppler dans
L’obstruction des voies biliaires est responsable d’une choles- la plupart des cas. La nécrose évolue souvent favorablement dans
tase. Cependant, lorsque l’obstacle s’installe de façon brutale, les semaines suivantes du fait du développement d’une circula-
ce qui en pratique est réalisé par l’enclavement d’une lithiase tion collatérale. La forme fulminante avec augmentation majeure
de la voie biliaire principale, les transaminases peuvent s’élever des transaminases, insuffisance hépatique grave et insuffisance
de façon isolée et importante (pouvant atteindre dans certains rénale est exceptionnelle. La recherche d’une affection thrombo-
cas le niveau d’hypertransaminasémie observée en cas d’hépatite gène telle un syndrome myéloprolifératif est essentielle. Dans les
virale). La prévalence de l’élévation des transaminases en cas formes fulminantes, une transplantation hépatique en urgence
d’obstacle de la voie biliaire principale varie selon les études. Dans doit être envisagée. Dans les autres cas, le traitement vise à rétablir
certaines études, l’hypertransaminasémie est supérieure à dix fois le flux veineux dans les territoires obstrués en cas de thrombose
la limite supérieure de la normale dans environ 10 % des cas [6] . récente, ou à décomprimer le secteur sinusoïdal à l’aide d’une
Dans une étude prospective récente, répertoriant 142 observations dérivation portosystémique.
de cytolyse aiguë supérieure à 500 UI dans un hôpital régional Insuffisance cardiaque droite
en Finlande, une lithiase était en cause dans 34 % des obser- Le retentissement hépatique des insuffisances cardiaques
vations [7] . Souvent, l’hypertransaminasémie disparaît même si droites se révèle habituellement sur un mode chronique. Cepen-
l’obstacle persiste, alors que la cholestase s’installe et s’accentue. dant, une présentation aiguë est possible à l’occasion d’une
L’augmentation brutale de pression, au niveau des parois de l’arbre décompensation brutale de la maladie cardiaque. Les veines sus-
biliaire, qui provoque la cytolyse, est symptomatique, se manifes- hépatiques sont dilatées en échographie, l’échographie cardiaque
tant par des douleurs (évocatrices lorsqu’il s’agit d’une colique assure le diagnostic. Le foie cardiaque aigu est rare et se mani-
hépatique) et/ou de la fièvre (caractéristique lorsqu’elle est de feste par une cytolyse importante souvent supérieure à 20 fois la
type bactériémique) qui sont suggestives. En cas de difficulté diag- limite supérieure de la normale. Il accompagne les insuffisances
nostique (douleur peu évocatrice, fébricule), l’échographie fait le ventriculaires droites de l’embolie pulmonaire massive, des épan-
diagnostic en mettant en évidence la dilatation de la voie biliaire chements péricardiques aigus avec tamponnade.
principale. Il faut cependant garder en mémoire que 20 % des
lithiases de la voie biliaire principale n’induisent pas de dilata- [10]
Foie ischémique
tion biliaire et que la vision directe du calcul n’est possible que
dans environ la moitié des cas. Une échoendoscopie ou une cho- Hypoxie hépatique
langiographie par résonance magnétique nucléaire peuvent être L’ischémie hépatique fait partie du tableau de foie de choc.
indiquées dans les cas difficiles. La cholangiographie rétrograde L’atteinte hépatique est provoquée par la conjonction, à des
endoscopique n’a plus d’indication diagnostique en raison de ses degrés divers, d’une ischémie, d’une stase veineuse hépatique et

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d’une hypoxémie artérielle. La cytolyse survient de façon retar- anti-VHA de nature IgM qui apparaissent dans les 5 à 10 jours
dée, 1 à 3 jours après l’épisode d’insuffisance circulatoire, alors suivant le début de la cytolyse.
que la condition hémodynamique a été corrigée, et précède L’hépatite aiguë virale B est à déclaration obligatoire. Sa trans-
les manifestations d’insuffisance hépatocellulaire. L’élévation des mission en France est essentiellement sexuelle. Les cas d’hépatite
transaminases est supérieure à dix fois la limite supérieure de la aiguë ont diminué considérablement mais restent trop fréquents,
normale dans 20 % des cas. Une hépatomégalie sensible est notée sachant qu’il existe un vaccin efficace et bien toléré. Le dépis-
dans 75 % des cas. Une insuffisance rénale associée est très fré- tage repose sur la recherche des marqueurs viraux B (antigène
quente. L’évolution est variable. Elle dépend autant de l’évolution HBs, anticorps anti-HBc, anticorps anti-HBs). C’est la présence de
de l’affection initiale, et de celle des lésions viscérales associées, l’IgM anti-HBc qui permet de faire la preuve du caractère récent
que de celle de la nécrose hépatique. Le décès survient dans de l’infection. L’hépatite aiguë peut être parfois difficile à distin-
un tableau polyviscéral dans plus de la moitié des cas. Dans les guer d’une réactivation aiguë d’un portage chronique méconnu
cas d’évolution favorable, la cytolyse régresse en quelques jours, du VHB, souvent associée à l’émergence de virus mutants pré-C
l’ictère et les signes d’insuffisance hépatocellulaire se corrigent antigène HBe négatif. En effet, au cours de ces réactivations, il
en 1 à 2 semaines. Ce syndrome n’apparaît qu’après un état de est possible d’observer une réascension du titre d’IgM anti-HBc.
choc intense et durable. Il est d’autant plus fréquent qu’il existe La mise en évidence d’un facteur de risque récent est un argu-
des lésions athéromateuses préexistantes. Une hépatite hypoxique ment important à rechercher soigneusement à l’interrogatoire.
secondaire à la décompensation respiratoire aiguë de malades L’autre piège diagnostique est la survenue, sur un portage chro-
ayant une insuffisance respiratoire chronique peut survenir en nique du VHB, d’une surinfection par le virus de l’hépatite delta
l’absence de défaillance cardiaque gauche [10] . On en rapproche (VHD) qui, là encore, provoque un pic de cytolyse. L’antigène
les tableaux observés au cours des exercices physiques intenses et delta n’est détectable que de manière transitoire pendant quelques
prolongés (coups de chaleur d’exercice) et lors des hyperthermies semaines au début de la phase clinique aiguë puis disparaît alors
malignes où la physiopathologie et le tableau histopathologique que l’infection persiste. Le dépistage repose donc sur la présence
sont voisins. des anticorps anti-VHD. La confirmation du diagnostic est assurée
par la mise en évidence de l’ARN VHD circulant. L’IgM anti-delta
Atteinte artérielle hépatique
apparaît plus tôt que l’anticorps anti-delta total mais persiste au
Elle survient dans un contexte évocateur : embolisation long cours et peut être détectée dans les formes chroniques de la
de l’artère hépatique dans le cadre du traitement d’un carci- maladie où son taux est globalement corrélé au niveau de répli-
nome hépatocellulaire, thrombose aiguë après transplantation cation du virus. La présence de l’IgM anti-VHD n’a donc pas
hépatique nécessitant une retransplantation en urgence, plaie signification de maladie récente. Il faut systématiquement recher-
postopératoire. Les embolies de l’artère hépatique sont exception- cher une surinfection delta chez tout malade porteur de l’antigène
nelles du fait de la configuration anatomique en arc de cercle HBs, surtout lorsque la cytolyse est repérée alors que la charge
de l’ostium. Les thromboses de l’artère hépatique sont rares et virale B est faible voire négative (le virus delta inhibant la réplica-
surviennent fréquemment sur une pathologie préexistante, athé- tion du virus B).
romateuse ou anévrismale. La symptomatologie dépend alors du L’hépatite aiguë virale C est rarement symptomatique et les
siège de l’obstacle (les obstacles de l’artère hépatique commune formes ictériques sont rares. Du fait du dépistage génomique
sont moins graves que ceux de l’artère hépatique propre, du fait de du VHC sur les flacons de sang, les contaminations transfusion-
la revascularisation distale possible par l’artère gastroduodénale). nelles ont disparu. Il y a peu de contaminations sexuelles (sauf
dans certains groupes de patients homosexuels infectés par le
Hépatites infectieuses virus de l’immunodéficience humaine [VIH]). Les contamina-
tions récentes concernent principalement les usagers de drogues à
Hépatites aiguës virales administration intraveineuse. Même avec les tests les plus récents,
Les hépatites virales sont, avec les médicaments, les causes les l’apparition des anticorps peut être retardée de plusieurs semaines
plus fréquentes de cytolyse aiguë. par rapport à la cytolyse, chez 10 à 20 % des malades, et la
recherche sérique de l’ARN du virus de l’hépatite C permet alors
En cas d’élévation importante des transaminases (supérieure un diagnostic précoce. Il n’y a pas d’intérêt à rechercher les IgM
à dix fois la limite supérieure de la normale) anti-VHC car ils n’ont aucune signification d’infection récente. Le
On évoque essentiellement une hépatite virale A, E, B/D ou C. caractère récent de l’infection ne peut être établi que si une séro-
L’élévation des transaminases, prédominant sur les ALAT, est pré- conversion est mise en évidence ou en cas de facteur de risque
coce et présente dès le début de la phase clinique. L’ictère est récent.
rare et survient dans moins de 10 % des cas. Outre le contexte L’hépatite aiguë virale E (HVE) a longtemps été sous-
épidémiologique, le diagnostic virologique repose sur la mise en diagnostiquée car le diagnostic n’était évoqué que chez les sujets
évidence des IgM antivirus de l’hépatite A (VHA), des IgM anti- revenant de voyages en zone d’endémie. Le progrès des tests séro-
virus de l’hépatite E (VHE), des IgM anti-HBc dans les hépatites logiques a permis de révéler que l’infection virale E était en fait
aiguës secondaires à l’infection par le virus de l’hépatite B (VHB). très fréquente en France, en rapport avec une infection autoch-
Les anticorps antivirus de l’hépatite C en cas d’hépatite aiguë C tone par le sérotype 3, qui infecte également certains animaux
(VHC) peuvent se positiver tardivement, et la recherche de l’acide dont le porc. Elle est devenue, en France, la cause la plus fré-
ribonucléique (ARN) viral C permet un diagnostic précoce en cas quente d’hépatite aiguë virale, dont le mode de contamination
de facteur de risque de transmission récent. est alimentaire (viande et foie de porc mal cuit). Plus de 1800 cas
La plupart des jeunes enfants de moins de 6 ans infectés par le symptomatiques ont été répertoriés par le Centre national de réfé-
VHA ont une infection asymptomatique. En revanche, 70 % des rence en 2016, alors que le nombre de patients infectés est très
adolescents et des adultes jeunes font une forme ictérique. Du fait important comme en témoigne une prévalence d’environ 20 %
de la diminution de la prévalence de l’infection dans l’enfance, en France chez les donneurs de sang. L’hépatite aiguë virale E
de plus en plus d’individus sont susceptibles de faire une hépa- est responsable d’hépatite grave surtout chez les sujets âgés et
tite A à l’âge adulte, notamment en cas de voyage dans une zone à les malades ayant une cirrhose sous-jacente. Elle est impliquée
risque, et le VHA reste une cause fréquente de cytolyse aiguë. Ceci dans la survenue de neuropathies périphériques telles que le syn-
justifie la vaccination des personnes exposées car un vaccin effi- drome de Guillain-Barré dont la coexistence avec une cytolyse
cace et bien supporté est disponible depuis 1992 [11] . Dix pour cent doit faire évoquer le diagnostic. Le portage chronique du virus
environ des hépatites virales A ont une évolution biphasique avec est possible chez les malades immunodéprimés (transplantation
un second pic de cytolyse survenant 4 à 7 semaines après le pre- d’organes ou chimiothérapies). Il faut donc systématiquement
mier. Certaines formes ont une présentation cholestatique et sont évoquer ce diagnostic devant toute hépatite aiguë et rechercher
d’évolution prolongée. Aucune forme chronique n’a été mise en la présence d’autoanticorps anti-HVE de nature IgM (persistant
évidence. Les formes fulminantes sont exceptionnelles, et la mor- de 2 à 6 mois après l’infection) remplacés ensuite par les IgG.
talité est plus importante chez les sujets âgés ayant une cirrhose Cette recherche des IgM est inconstamment positive (85 %) chez
sous-jacente. Le diagnostic repose sur la présence des anticorps le patient immunodéprimé, chez qui le diagnostic doit reposer sur

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Cytolyse aiguë  7-007-B-21

la recherche de l’ARN viral dans le sang (présent avant le début des limite supérieure de la normale ou par un rapport entre activité
signes cliniques et persistant 2–3 semaines) ou les selles (présent sérique des transaminases et activité sérique des phosphatases
jusqu’à 4–5 semaines après le début clinique) [12] . La ribavirine est alcalines (toutes deux exprimées en multiple de la limite supé-
active et son efficacité est assurée par la disparition de l’ARN VHE rieure de la normale) supérieur ou égal à 5. La fréquence et le
dans les selles. profil clinique de l’atteinte hépatique secondaire aux différentes
Une élévation massive des transaminases, une fièvre élevée, drogues sont précisés dans une base de données internationale
une leucopénie, chez une femme enceinte, un nouveau-né ou régulièrement mise à jour : LiverTox (http://livertox.nih.gov),
un malade immunodéprimé sont évocateurs d’une hépatite her- dont la consultation est utile.
pétique à Herpès simplex virus (HSV) qui s’associe en règle à une L’interrogatoire doit également s’enquérir de la prise de
infection disséminée (pneumopathie, kératite, méningoencépha- composés diététiques ou de plantes. Ces substances seraient res-
lite). L’évolution est souvent fatale. L’efficacité du traitement ponsables d’environ 20 % des cas d’hépatotoxicité aux États-Unis.
antiviral (aciclovir) est conditionnée par la rapidité de sa mise Sont notamment en cause les extraits de thé vert et les sup-
en œuvre. Il faut insister sur le fait que la conduite qui consiste à pléments nutritionnels où il est parfois difficile d’identifier la
rechercher systématiquement des anticorps dirigés contre le HSV molécule en cause [18] . On rapproche de ce cadre les hépa-
devant toute cytolyse inexpliquée asymptomatique de bas niveau, tites toxiques liées aux produits industriels ou domestiques qui
en l’absence de tout contexte clinique, a une rentabilité diagnos- surviennent dans un contexte d’intoxication accidentelle ou
tique nulle. Le virus de la varicelle et du zona (VZV) peut donner volontaire et souvent en milieu professionnel, ainsi que les intoxi-
un tableau voisin chez le malade immunodéprimé. Un séjour en cations par ingestion de champignons hépatotoxiques.
zone endémique doit faire évoquer une hépatite virale E (le séro-
type 1 ou 2 est alors en cause), une fièvre jaune ou une autre
hépatite à virus exotique [13] . Maladies chroniques du foie pouvant
En cas d’élévation modérée des transaminases se révéler de façon aiguë
De nombreux virus peuvent être en cause. Leur recherche n’est Certaines affections se révèlent sous le masque d’une hépatite
pas indiquée de façon systématique mais doit être orientée par le aiguë.
contexte clinique.
Un syndrome mononucléosique doit faire évoquer une mono- Hépatite alcoolique aiguë
nucléose infectieuse provoquée par le virus d’Epstein-Barr ou une
hépatite à cytomégalovirus (survenant habituellement chez un Malgré son nom, elle fait partie des maladies chroniques du
malade immunosupprimé, d’évolution volontiers prolongée, et foie. Elle est provoquée par une consommation excessive et pro-
presque constamment associée à un état fébrile persistant). longée d’alcool. Il est exceptionnel que sa présentation soit aiguë.
Des rapports sexuels à risque ou une toxicomanie intraveineuse L’examen clinique repère souvent des signes cliniques (hépato-
active doivent conduire à rechercher une primo-infection par le mégalie ferme, signe d’insuffisance hépatique ou d’hypertension
VIH, qui comporte fréquemment à ce stade une élévation transi- portale) orientant vers une hépatopathie chronique. La cyto-
toire et asymptomatique des transaminases. lyse prédomine classiquement sur les ASAT, et l’élévation des
D’autres virus peuvent être responsables d’élévations dis- gamma GT est marquée. Le tableau peut s’intégrer dans un
crètes et fugaces des transaminases : adénovirus (à évoquer contexte bruyant associant douleurs abdominales, fièvre, polynu-
en cas de conjonctivite ; existence de formes graves chez cléose. Le diagnostic repose sur la biopsie. Une corticothérapie
l’immunodéprimé), entérovirus (Coxsackie ou Echovirus, respon- améliore le pronostic des formes graves [19] .
sables de diarrhée), virus de la rougeole ou de la rubéole.
Hépatites auto-immunes
Hépatites bactériennes Leur révélation aiguë n’est pas rare. Comme toute affection dys-
Les atteintes bactériennes du foie s’expriment habituellement immunitaire, elle évolue volontiers par poussées entrecoupées de
par une cholestase. Une cytolyse peut être associée. Dans certaines rémissions spontanées. Des antécédents d’affections dysimmuni-
étiologies (leptospirose, rickettsioses), l’élévation des transami- taires, l’existence d’une hypergammaglobulinémie portant sur les
nases peut être importante. Le contexte clinique permet d’orienter IgG, la mise en évidence d’anticorps antinucléaires, antimuscle
le diagnostic [14] . lisse de type actine ou anti-LKM doivent faire évoquer le diagnos-
tic. Celui-ci doit se poser lorsque le bilan étiologique est négatif
car certaines formes ne présentent ni dysgammaglobulinémie ni
Hépatites médicamenteuses et toxiques autoanticorps. Le diagnostic repose alors sur l’histologie hépa-
tique qui repère un infiltrat inflammatoire portal avec nécrose
Les hépatites médicamenteuses sont particulièrement fré- parcellaire (atteinte des hépatocytes les plus proches de l’espace
quentes surtout chez le sujet âgé du fait de la multiplicité des porte) qui permet d’affirmer l’hépatite chronique active. Ceci per-
prises médicamenteuses. De nombreux médicaments peuvent être met de mettre rapidement le traitement en route et d’éviter ainsi
en cause [15] . Imputer de façon formelle une hépatite aiguë à un l’installation d’une fibrose qui, dans cette étiologie, peut être rapi-
médicament peut être facile en cas d’intoxication volontaire, par dement évolutive [20] .
exemple lors d’une ingestion suicidaire de paracétamol (le dosage
de la paracétamolémie systématique peut être utile lorsque la prise
est dissimulée), ou lorsque l’atteinte hépatique récidive lors de la
Maladie de Wilson
réadministration involontaire du médicament. Affection métabolique héréditaire à transmission autosomique
Ailleurs, il s’agit d’un diagnostic de probabilité pour lequel des récessive, secondaire à une anomalie d’un gène situé sur le chro-
critères d’imputabilité ont été proposés [16, 17] : mosome 13 codant pour une protéine appartenant à la famille des
• survenue de l’atteinte hépatique entre huit jours et trois mois ATPases, la maladie de Wilson est caractérisée par l’accumulation
après le début du traitement ; excessive de cuivre dans l’organisme, en rapport avec un défaut
• évolution régressive de l’hépatite à l’arrêt du médicament, avec d’excrétion biliaire. Bien que de constitution progressive, les
diminution de l’activité des aminotransférases d’au moins 50 % lésions hépatiques de la maladie de Wilson peuvent avoir une
en huit jours ; révélation aiguë [20] du fait de la redistribution brutale du cuivre
• récidive du tableau lors de la réintroduction involontaire du intracellulaire à l’origine d’une nécrose hépatocytaire et d’un
médicament ; relargage massif de cuivre dans le sang circulant. L’évolution de
• absence d’autre cause potentielle d’hépatotoxicité. ces formes aiguës se fait souvent vers l’insuffisance hépatocellu-
L’enquête médicamenteuse doit être exhaustive, portant sur laire. Une hémolyse est constamment associée. Classiquement,
tous les médicaments introduits dans les six derniers mois. Par les transaminases sont peu élevées malgré une nécrose massive, et
convention, le caractère cytolytique de l’hépatite est défini par la cytolyse prédomine sur les ASAT. Le cuivre sanguin et urinaire
une élévation isolée des transaminases supérieure à deux fois la est très élevé, la céruloplasminémie est inférieure à 0,20 g/l chez

EMC - Hépatologie 5

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7-007-B-21  Cytolyse aiguë

95 % des malades. L’anneau cornéen de Kayser-Fleischer peut être [7] Bjornsson HK, Olafsson S, Bergmann OM, Bjornsson ES. A prospec-
absent. Les signes neurologiques sont inconstants. tive study on the causes of notably raised alanine aminotransferase
(ALT). Scand J Gastroenterol 2016;51:594–600.
[8] European Association for the Study of the Liver. EASL Clini-
 Conclusion cal Practice Guidelines: Vascular diseases of the liver. J Hepatol
2016;64:179–202.
Un interrogatoire approfondi, un examen clinique soigneux et [9] Dilawari JB, Bambery P, Chawla Y, Kaur U, Bhusnurmath SR, Mal-
une démarche étiologique rigoureuse permettent dans la plupart hotra HS, et al. Hepatic outflow obstruction (Budd-Chiari syndrome).
des cas de mettre en évidence la cause de la cytolyse aiguë. Il n’est Experience with 177 patients and a review of the literature. Medicine
cependant pas rare de ne pas identifier le facteur étiologique (c’est 1994;73:21–36.
par exemple le cas d’environ 15 % des hépatites graves). Il est [10] Waseem N, Chen PH. Hypoxic hepatitis: a review and clinical update.
essentiel alors de maintenir une surveillance du bilan hépatique J Clin Transl Hepatol 2016;4:263–8.
[11] Matheny SC, Kingery JE. Hepatitis A. Am Fam Physician
s’il n’y a pas une stricte normalisation du chiffre des transami-
2012;86:1027–34.
nases. La persistance d’une hypertransaminasémie au-delà de six
[12] Izopet J, Lhomme S, Abravanel F, Roque AM, Kamar N. Hepatitis E
mois définit classiquement le passage à la chronicité de la cyto- virus. Presse Med 2015;44:328–32.
lyse, dont la prise en charge nécessite habituellement la réalisation [13] Rollin P, Ksiazek T, Farias A, Carrilho F. Exotic virus infec-
d’une biopsie hépatique. tion of the liver. In: Rodés J, Benhamou JP, Blei A, Reichen
J, Rizzetto M, editors. Textbook of hepatology: from basic
science to clinical practice. Oxford: Blackwell Publishing; 2007.
Déclaration de liens d’intérêts : l’auteur n’a pas transmis de déclaration de p. 988–98.
liens d’intérêts en relation avec cet article. [14] Sanchez-Tapias J. Bacterial, rickettsial and spirochaetal infections. In:
Rodés J, Benhamou JP, Blei A, Reichen J, Rizzetto M, editors. Text-
book of hepatology: from basic science to clinical practice. Oxford:
 Références Blackwell Publishing; 2007. p. 1001–10.
[15] Bjornsson ES, Hoofnagle JH. Categorization of drugs implicated
[1] Rigato I, Ostrow JD, Tiribelli C. Biochemical investigations in the in causing liver injury: critical assessment based on published case
management of liver disease. In: Rodés J, Benhamou JP, Blei A, Rei- reports. Hepatology 2016;63:590–603.
chen J, Rizzetto M, editors. Textbook of hepatology: from basic science [16] Danan G, Benichou C, Begaud B, Biour M, Couzigou P, Evreux
to clinical practice. Oxford: Blackwell publishing; 2007. p. 451–67. JC, et al. Critères d’imputation d’une hépatite aiguë à un médica-
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cator of health and disease. Hepatology 2008;47:1363–70. cini M, et al. Causality assessment in drug-induced liver injury
[3] Kaplan MM. Laboratory tests. In: Schiff L, Schiff ER, editors. Diseases using a structured expert opinion process: comparison to the
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[4] Goenner S, Corriat-Boutron A, Pelletier G, Legrand A, Buffet C. 2117–26.
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Prospective study of clinical and biochemical features of symptomatic cal Practice Guidelines: Autoimmune hepatitis. J Hepatol 2015;63:
choledocholithiasis. Dig Dis Sci 1986;31:449–53. 971–1004.

D. Guyader, Professeur des Universités, praticien hospitalier (Dominique.Guyader@univ-rennes1.fr).


Service des maladies du foie et Institut NuMeCan, Inserm, Inra, Université de Rennes 1, Centre hospitalier universitaire Ponchaillou, rue Henri-Le-Guilloux,
35033 Rennes cedex 9, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Guyader D. Cytolyse aiguë. EMC - Hépatologie 2018;13(4):1-6 [Article 7-007-B-21].

Disponibles sur www.em-consulte.com


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décisionnels supplémentaires Animations légaux au patient supplémentaires évaluations clinique

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