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RÉSILIENTS FACE AU
CHANGEMENT CLIMATIQUE ET
ÉCOLOGIQUEMENT VIABLES
ORIENTATIONS DE L’OMS
ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ
RÉSILIENTS FACE AU
CHANGEMENT CLIMATIQUE ET
ÉCOLOGIQUEMENT VIABLES
ORIENTATIONS DE L’OMS
Orientations de l’OMS pour des établissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables [WHO
guidance for climate-resilient and environmentally sustainable health care facilities]
ISBN 978-92-4-001854-9 (version électronique)
ISBN 978-92-4-001855-6 (version imprimée)
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Citation suggérée. Orientations de l’OMS pour des établissements de santé résilients face au changement climatique et
écologiquement viables [WHO guidance for climate-resilient and environmentally sustainable health care facilities]. Genève :
Organisation mondiale de la Santé ; 2021. Licence : CC BY-NC-SA 3.0 IGO.
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Imprimé en Switzerland
TABLE DES MATIÈRES
Remerciements iv
Abréviations v
Résumé d’orientation vi
CHAPITRE 1 INTRODUCTION 1
1.1 Raisons de santé publique justifiant le besoin d’établissements
de santé résilients face au changement climatique et
écologiquement viables 3
1.2 Arguments en faveur de l’investissement dans des établissements
de santé résilients face au changement climatique et
écologiquement viables 12
CHAPITRE 2 CONTEXTE 17
2.1 Exigences fondamentales pour dispenser des soins sûrs et de
qualité 17
2.2 Contexte politique 23
CHAPITRE 5 CONCLUSIONS 81
ANNEXE A. RÉPONDRE AUX MANDATS MONDIAUX 82
RÉFÉRENCES 89
iii
REMERCIEMENTS
Ces orientations sur les établissements de santé résilients face au changement climatique
et écologiquement viables sont le fruit du travail et des contributions de plusieurs experts de
l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et d’autres organisations. L’OMS exprime sa gratitude
à Santé Canada, à la Norvège et au Ministère britannique du Développement international (DFID)
pour le soutien financier et technique qu’ils ont apporté à l’élaboration de ces orientations.
Les principaux auteurs et réviseurs du rapport sont Carlos Corvalan, Elena Villalobos Prats, Aderita
Sena et Diarmid Campbell-Lendrum.
L’OMS salue la contribution de Health Care Without Harm (HCWH), qui a préparé la première
ébauche du présent document. Les auteurs travaillant pour HCWH sont Josh Karliner, Antonella
Risso, Susan Wilburn, Scott Slotterback, Megha Rathi et Ruth Stringer.
L’OMS remercie également vivement les auteurs suivants pour leur précieuse contribution au présent
document : Peter Berry, Sally Edwards, Paddy Enright, Arabella Hayter, Guy Howard, Jaz Lapitan,
Maggie Montgomery, Annette Pruss-Ustun, Linda Varangu et Salvatore Vinci.
Enfin, l’OMS souhaite également exprimer sa gratitude aux réviseurs suivants : Heather Adair-Rohani,
Charlotta Brask, Matthias Braubach, Jonathan Drewry, Kersten Gutschmidt, Nasir Hassan, Alex von
Hildebrand, Qudsia Huda, Dorota Jarosinsk, Vladimir Kendrovski, Nargiza Khodjaeva, Rokho Kim,
Togos Lkhasuren, Boni Magtibay, Marina Maiero, Robert Marten, Frank Pega, Maria del Rosario
Perez, Adrienne Rashford, Jetri Regmi, Nathalie Roebbel, Oliver Schmoll, Paula Virginia Vasconcelos
Lopes, Carolyn Vickers et Sonam Yangchen.
iv
ABRÉVIATIONS
ARV antirétroviral
v
RÉSUMÉ D’ORIENTATION
L’objectif des présentes orientations est de renforcer la capacité des établissements de santé à
protéger et à améliorer la santé des communautés desservies face à un climat instable et changeant ;
et de donner aux établissements de santé les moyens d’assurer leur durabilité environnementale,
grâce à une meilleure utilisation des ressources et à une diminution du rejet de déchets dans
l’environnement. En étant résilients au changement climatique et écologiquement viables, les
établissements de santé peuvent offrir des soins de qualité et des services plus accessibles, et en
contribuant à réduire les coûts des établissements, ils garantissent également la prestation de soins
plus abordables. Ils représentent par conséquent un élément important de la couverture sanitaire
universelle (CSU).
guider les professionnels travaillant dans des structures de soins de santé de manière à ce qu’ils
comprennent les risques sanitaires supplémentaires liés au changement climatique et qu’ils s’y
préparent efficacement ;
renforcer la capacité à exercer une surveillance efficace des maladies liées au climat ; et à suivre,
anticiper, gérer les risques sanitaires associés au changement climatique et à s’y adapter ;
inciter les responsables des établissements de santé à collaborer avec les secteurs déterminants
pour la santé (notamment l’eau et l’assainissement, l’énergie, les transports, l’alimentation,
l’urbanisme, l’environnement) afin de se préparer aux risques sanitaires supplémentaires posés
par le changement climatique grâce à l’adoption d’une approche de résilience, et à promouvoir
des pratiques écologiquement durables dans la prestation des services ;
fournir des outils pour aider les responsables des établissements de santé à évaluer leur résilience
face aux menaces liées au changement climatique et leur durabilité environnementale, sur la
base de l’utilisation appropriée des ressources (en particulier l’eau et l’énergie et les achats
durables), et du rejet de matières dangereuses (biologiques, chimiques, radiologiques) dans
leur environnement ;
promouvoir des mesures visant à garantir que les établissements de santé soient constamment
et de plus en plus solides et continuent d’être efficaces et réactifs pour améliorer la santé et
contribuer à réduire les inégalités et la vulnérabilité dans leur contexte local.
Ce guide s’appuie sur le Cadre opérationnel de l’OMS pour renforcer la résilience des systèmes de
santé face au changement climatique (1) en se concentrant sur les établissements de santé et plus
particulièrement sur les possibilités de renforcer leur résilience climatique parallèlement aux mesures
visant à assurer leur durabilité environnementale. Il développe les informations relatives aux quatre
exigences fondamentales permettant de dispenser des soins sûrs et de qualité dans le contexte du
changement climatique.
(i) Personnel de santé : des ressources humaines qualifiées, en effectifs suffisants, avec des
conditions de travail décentes, responsabilisées et informées pour répondre à ces enjeux
environnementaux.
(ii) Eau, assainissement, hygiène et gestion des déchets médicaux : une gestion durable et sûre des
services d’approvisionnement en eau, d’assainissement et de gestion des déchets des activités
de soins.
(iii) Énergie : des services énergétiques durables.
vi
(iv) Infrastructure, technologies et produits : des infrastructures, technologies, produits et processus
appropriés, incluant toutes les activités qui permettent à un établissement de santé de fonctionner
efficacement.
Les présentes orientations, mises en œuvre au travers d’un cadre basé sur les quatre grands domaines
susmentionnés, proposent diverses pistes d’interventions. Le chapitre 1 décrit les raisons de santé
publique, et les arguments qui justifient l’investissement dans des établissements de santé résilients
au changement climatique et écologiquement viables. Le chapitre 2 fournit le contexte politique et
des informations générales sur les exigences de base ou essentielles pour que les établissements
de santé soient en mesure de dispenser des soins de santé sûrs et de qualité, sur lesquelles bâtir
la résilience et la durabilité environnementale. Le chapitre 3 expose les principaux concepts, les
buts, les objectifs et le cadre proposé pour la mise en œuvre des interventions visant à renforcer
la résilience climatique et la durabilité environnementale. Le chapitre 4 présente les interventions
proposées, organisées en 24 tableaux autour des quatre grands domaines du cadre.
Le présent document sert de guide et doit être adapté aux réalités et aux exigences locales.
L’enrichissement des connaissances, l’expérience accumulée et les leçons apprises auprès de
plusieurs établissements de santé, ainsi que des circonstances nouvelles (comme celles engendrées
par des situations d’urgence de santé publique, telles que la pandémie de maladie à coronavirus 2019
(COVID-19)), impliquent qu’il faut utiliser ce guide avec souplesse, et plus comme un modèle à suivre
pour améliorer les activités, que comme une prescription de mesures à prendre. Qu’ils soient grands
ou petits, tous les établissements de santé peuvent améliorer leurs activités tout en tenant compte
des principales préoccupations environnementales. Par ailleurs, même si les établissements de
santé peuvent avoir un grand rôle d’influence à jouer dans la résilience climatique et la préservation
de l’environnement, certaines améliorations devront être mises en œuvre à des niveaux supérieurs
(c’est-à-dire nationaux ou régionaux).
viii
1 INTRODUCTION
À mesure que le climat continue de changer, les risques auxquels sont confrontés les systèmes
et les établissements de santé (notamment les hôpitaux, les cliniques et les centres de soins
communautaires) se multiplient, diminuant la capacité des professionnels de la santé à pouvoir
protéger les populations contre toutes sortes d’aléas climatiques. Les établissements de soins
de santé constituent la première et la dernière ligne de défense contre les effets du changement
climatique car ces établissements peuvent être à l’origine d’importantes émissions de gaz à effet de
serre (GES), mais aussi parce qu’ils fournissent les services et les soins nécessaires aux personnes
victimes de conditions météorologiques extrêmes et d’autres aléas climatiques à long terme. Les
établissements de santé peuvent également produire de grandes quantités de déchets et de polluants
environnementaux (GES et autres contaminants) qui peuvent être infectieux, toxiques ou radioactifs
et donc constituer une menace pour la santé des personnes et des communautés.
Les établissements de soins de santé fournissent des services de santé aux patients et sont des
structures de taille très variable, du petit dispensaire au très grand hôpital. Les établissements de
santé sont vulnérables au changement climatique et à d’autres pressions environnementales, et ils
peuvent par ailleurs avoir un impact négatif sur l’environnement, et donc sur la santé. Ils peuvent
manquer d’infrastructures fonctionnelles et de personnel de santé qualifié, et avoir tendance à être
insuffisamment approvisionnés en énergie et mal lotis en ce qui concerne les services de distribution
d’eau, d’assainissement et de gestion des déchets. Apporter des améliorations dans ces domaines
est une priorité, indispensable pour renforcer la résilience et favoriser la durabilité environnementale.
L’objectif des présentes orientations est de renforcer la capacité des établissements de santé à
protéger et à améliorer la santé des communautés desservies face à un climat instable et changeant ;
et de permettre aux établissements de santé d’assurer leur durabilité environnementale, grâce à une
meilleure utilisation des ressources et à une diminution du rejet de déchets dans l’environnement.
Ce guide s’appuie sur le Cadre opérationnel de l’OMS pour renforcer la résilience des systèmes de
santé face au changement climatique (1) (le Cadre opérationnel de l’OMS), en se concentrant sur
les établissements de santé et plus particulièrement sur les possibilités de renforcer leur résilience
climatique parallèlement aux mesures visant à assurer leur durabilité environnementale. En étant
résilients au changement climatique et écologiquement viables, les établissements de santé peuvent
offrir des soins de qualité et des services plus accessibles, et en contribuant à réduire les coûts des
établissements, ils garantissent également la prestation de soins plus abordables. Ils représentent
par conséquent un élément important de la couverture sanitaire universelle (CSU).
Les éléments conçus pour renforcer la résilience climatique des systèmes de santé s’appliquent
également aux établissements de santé (voir Figure 1). Même si tous les blocs et les éléments du
Cadre opérationnel de l’OMS (tels que le changement climatique et les systèmes d’information
sanitaire, le financement, la direction et la gouvernance) s’appliquent aux établissements, les
présentes orientations donnent des informations supplémentaires sur l’application plus spécifique
des éléments concernant le personnel de santé, les technologies et les infrastructures durables
et résistantes au climat, ainsi que la gestion des déterminants environnementaux de la santé. Les
utilisateurs de ce guide doivent garder à l’esprit le cadre général des systèmes de santé résilients
au climat, car lorsqu’il leur faudra définir les améliorations favorisant la résilience climatique et
la durabilité environnementale des établissements de santé, ils devront peut-être renforcer par
ailleurs d’autres éléments (tels que l’intégration des informations météorologiques/climatiques dans
la surveillance) et inciter les parties prenantes importantes au niveau national ou régional à mettre en
œuvre les améliorations correspondantes (telles que les politiques relatives à l’eau, l’assainissement
et l’hygiène (WASH), à l’énergie ou à l’implantation des infrastructures).
1
Figure 1. Résilience face au changement climatique et durabilité environnementale des
établissements de santé
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Le présent document met l’accent sur quatre exigences fondamentales permettant de dispenser
des soins sûrs et de qualité.
PERSONNEL DE SANTÉ
des ressources humaines qualifiées, en effectifs suffisants, avec des conditions
de travail décentes, responsabilisées et informées pour répondre à ces enjeux
environnementaux.
ÉNERGIE :
des services énergétiques durables.
2 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Public cible
Le document vise les gestionnaires d’établissements de santé en particulier, et le personnel de santé
en général. Il s’efforce de couvrir les établissements de santé de toutes tailles (des petites unités de
soins de santé primaires aux hôpitaux tertiaires), et de tenir compte du niveau de ressources et de
développement. De ce fait, les thèmes abordés et les interventions proposées dans ce document
ne sont pas nécessairement pertinents pour chaque établissement de santé. Pour cette raison, les
ensembles d’interventions peuvent être utilisés comme indiqué, ou ils peuvent être modifiés selon
les besoins, ou complétés par de nouvelles interventions respectant le modèle proposé.
Bien qu’il se concentre sur le système de santé, et en particulier sur les établissements de santé, ce
document reconnaît que les interventions efficaces pour renforcer la résilience face au climat et la
durabilité environnementale dépendent souvent d’une bonne collaboration intersectorielle. Cela est
particulièrement vrai pour l’accès à l’eau et à l’énergie, la construction, le bâtiment, la rénovation et la
modernisation, le traitement et l’élimination des déchets médicaux, les normes environnementales,
les chaînes d’approvisionnement et l’information, et la surveillance. De nombreuses initiatives devront
être prises par des secteurs et des décideurs extérieurs à l’établissement de santé ; les responsables
du secteur de la santé devront donc influencer, informer et solliciter des interventions de la part
des gouvernements et des décideurs locaux et nationaux (par exemple publier des normes WASH
améliorées pour les établissements de santé).
1 Introduction 3
Encadré 1. Résilience climatique et durabilité environnementale en relation avec les
déterminants environnementaux de la santé dans les établissements de santé
Eau : une grande partie des soins de santé dans les pays en développement sont encore
dispensés dans des contextes où les services municipaux d’approvisionnement en eau
et les installations municipales de traitement de l’eau et des eaux usées sont insuffisants
ou inexistants, et dans des zones sujettes à la sécheresse, accentuée par le changement
climatique. Les établissements de santé ont besoin d’eau salubre en quantité suffisante pour
fournir des services de soins de santé de qualité. Un approvisionnement fiable en eau salubre
est indispensable pour se laver les mains, boire et faire la cuisine, se doucher et prendre un
bain et conditionne tout un éventail d’utilisations médicales générales et spécialisées (à noter
que certaines utilisations médicales, comme la dialyse, nécessiteront une eau d’une qualité
supérieure à celle que l’on attendrait d’un approvisionnement public en eau). L’eau est par
ailleurs essentielle pour nettoyer les salles et les chambres, les lits, les sols, les toilettes, les
draps et le linge. Elle est également au cœur des soins de santé, car elle permet aux patients
de rester hydratés, de se laver et donc de réduire leur risque d’infection.
Déchets d’activités de soins : on estime que plus de la moitié de la population mondiale est
exposée aux menaces que font peser les déchets médicaux mal traités sur l’environnement, le
travail ou la santé publique (2). La mauvaise gestion des déchets médicaux peut avoir plusieurs
causes, telles que le manque de sensibilisation aux risques sanitaires liés aux déchets médicaux,
une formation inadéquate à la gestion appropriée des déchets, le manque d’infrastructures
ou d’énergie, l’absence de réglementations appropriées ou le défaut d’application des
réglementations existantes (3). En outre, le transport de déchets médicaux dans des véhicules
utilisant des combustibles fossiles, une incinération inadéquate, une technologie d’incinération
inappropriée ou l’incinération de matériaux inadaptés entraîne des émissions de gaz à effet de
serre et le rejet de polluants dans l’air.
Assainissement et eaux usées : dans certains endroits, les eaux usées peuvent être traitées
sur place afin d’éliminer les produits chimiques qui ne peuvent être éliminés dans les systèmes
municipaux. Dans de nombreux pays, il est obligatoire de réduire la charge biologique, puis
de traiter l’eau dans un système municipal. Toutefois, cela n’est pas toujours possible dans les
zones rurales où aucun service n’est disponible ou dans les villes où la municipalité impose
un traitement sur site. Dans ces cas-là, il existe toutes sortes de technologies de traitement
des eaux usées à un prix abordable. Un exemple est celui des eaux usées traitées dans un
système de biodigestion qui va générer du méthane gazeux susceptible d’être utilisé comme
combustible dans l’établissement. Cette technologie peut convenir à des établissements de
santé de petite taille ou de taille moyenne dans les pays en développement. Avec de tels
systèmes maintenus en état de fonctionner et bien entretenus, il est possible d’améliorer la
résilience dans la prestation des soins de santé (4).
Produits chimiques : on estime que 1,6 million de vies et 45 millions d’années de vie corrigées
de l’incapacité ont été perdues en 2016 en raison de l’exposition à certaines substances
chimiques (5). Les produits chimiques sont omniprésents dans les établissements de santé et
utilisés à des fins bien précises, comme la chimiothérapie pour traiter le cancer, ou en tant que
désinfectants pour le nettoyage et la stérilisation. En outre, de nombreux dispositifs médicaux
tels que les thermomètres qui contiennent du mercure sont encore utilisés. En s’attaquant à la
question des produits chimiques employés et aux risques potentiels d’exposition et d’impact
environnemental et sanitaire qui s’y rattachent dans les structures de soins, le secteur de la
santé pourra non seulement mieux protéger la santé des patients et celle des communautés
environnantes, mais aussi contribuer activement à démontrer la bonne gestion des produits
chimiques. La feuille de route de l’OMS pour les produits chimiques fournit un cadre permettant
au secteur de la santé en général et aux établissements de santé en particulier de traiter la
question de la sécurité chimique (6).
4 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Radiations : l’exposition directe des patients aux rayonnements ionisants pendant les actes
médicaux constitue la plus grande source anthropique d’exposition de la population aux
rayonnements dans son ensemble. Chaque année dans le monde sont pratiqués plus de 3600
millions d’examens radiologiques, 37 millions d’actes de médecine nucléaire et 7,5 millions d’actes
de radiothérapie. Chaque année, on estime que sept millions d’agents de santé sont exposés à des
radiations en raison de leurs activités professionnelles. Alors qu’on assiste à un développement
rapide de nouvelles technologies, applications et équipements de santé visant à améliorer la
sécurité et l’efficacité des actes médicaux, une mauvaise manipulation ou une manipulation
inappropriée de ces technologies peut être source de dangers potentiels pour la santé des
patients, des agents de santé et du grand public. Au-delà de certains seuils de dose, les radiations
peuvent altérer les tissus et/ou les organes et produire des effets aigus. Si la dose d’irradiation
est faible et/ou délivrée sur une longue période, il n’en subsiste pas moins un risque d’effets à
long terme, tels que le cancer (7). Cela exige des politiques en matière de radioprotection qui
reconnaissent les multiples avantages potentiels pour la santé que l’on peut en retirer, mais qui
simultanément maîtrisent et réduisent autant que possible les risques sanitaires.
Qualité de l’air : la pollution de l’air ambiant, qui est principalement due à la combustion de
combustibles fossiles, tue environ 4,2 millions de personnes chaque année (8). Ses effets sur
la santé, parmi lesquels des dommages au cœur, aux poumons et à tout autre organe vital,
sont exacerbés par le changement climatique (9). De nombreux établissements de santé
contribuent à polluer l’air ambiant par leurs pratiques de combustion sur site de combustibles
fossiles, d’incinération des déchets médicaux, d’achat d’énergie produite à partir de sources de
combustibles fossiles, et de passation de marchés pour des biens qui sont produits et transportés
au moyen de combustibles fossiles. Le parc automobile des établissements, ainsi que les
systèmes de transport des patients et du personnel contribuent également à la pollution de l’air
due aux transports, ce qui génère du smog, avec comme conséquence une mauvaise qualité de
l’air qui a un impact négatif sur la santé humaine. Les établissements de santé peuvent mettre
en œuvre des stratégies de planification des transports et d’approvisionnement qui minimisent la
pollution de l’air et les émissions de gaz à effet de serre associées. Le passage à des combustibles
et à des technologies de cuisson plus propres peut également réduire la pollution de l’air intérieur.
Produits alimentaires : dans de nombreux pays, les établissements de santé sont de grands
consommateurs de denrées alimentaires et peuvent donc servir de modèle et promouvoir la
santé et la durabilité grâce aux choix qu’ils mettent en avant en matière d’alimentation. Un
nombre croissant d’établissements de santé dans les pays à revenu élevé et à revenu faible ou
intermédiaire qui achètent et servent des repas aux patients et aux travailleurs réduisent leur
empreinte écologique et améliorent la santé des patients et des travailleurs en faisant évoluer
les menus et les pratiques des services hospitaliers. Les mesures prises vont notamment dans
le sens de limiter la quantité de viande dans les repas des hôpitaux, de supprimer la restauration
rapide et la malbouffe, de composter les déchets alimentaires, de produire sur place la nourriture
qui est destinée à être consommée dans l’établissement, ainsi que de promouvoir la durabilité
en organisant des marchés paysans pour que les producteurs locaux puissent vendre des
aliments sains à la communauté, ce qui favorise la résilience communautaire.
1 Introduction 5
Tableau 1. Exemples de répercussions attendues du changement climatique sur la santé, et de
risques pour les établissements de santé
Plus grand Mortalité due à une chaleur Plus grand risque Dégradation des
nombre de excessive ; incidence accrue du de traumatisme, infrastructures ; plus grande
jours et de stress thermique et des coups de de maladies et de utilisation de l’eau et de
nuits de chaleur ; exacerbation des maladies décès dû à des l’énergie ; risques pour les
chaleur ; circulatoires, cardiovasculaires, vagues de chaleur patients dus à la chaleur
fréquence respiratoires et rénales ; hausse de la et à des incendies et à la pollution de l’air ;
et intensité mortalité prématurée liée à l’ozone et plus intenses augmentation brusque des
Effets directs
accrues des à la pollution de l’air générée par les (très élevé) cas d’accident vasculaire
vagues de incendies, particulièrement pendant cérébral, d’asthme et autres
chaleur ; plus les vagues de chaleur maladies respiratoires dans
grand risque la communauté, dépassant la
d’incendie capacité des établissements ;
dans les conséquences sur la santé
situations de mentale du personnel des
précipitations établissements
insuffisantes (personnel de santé, énergie,
infrastructures, technologies et
produits)
6 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Effets du Incidence sur la Conséquences pour les
changement Risques sanitaires santé (degré de établissements de santé
climatique confiance GIEC) (secteurs concernés)
Sources : (1,10)
GIEC : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
1 Introduction 7
L’augmentation en intensité et en fréquence de nombreux aléas naturels met à rude épreuve les
infrastructures, les systèmes de soutien et les chaînes d’approvisionnement dont dépendent les
établissements de santé et leurs communautés. Par exemple, l’élévation du niveau des mers, les
pluies et les vents des ouragans, des cyclones, des typhons et des tempêtes tropicales d’une intensité
accrue peuvent provoquer des inondations de plus en plus étendues et prolongées qui perturbent
les infrastructures et les systèmes de transport précaires, ainsi que la distribution de matériaux et de
nourriture, avec comme conséquences possibles le rejet de substances dangereuses, la contamination
de l’environnement et des risques pour la santé (11). Souvent, les établissements de santé ne sont pas
conçus pour faire face, d’un point de vue matériel et opérationnel, à ces risques et à d’autres risques liés
au climat, tels que les sécheresses, les températures extrêmes, les incendies et la modification du profil
des maladies sensibles au climat. Dans certains pays, la rareté de l’eau, mais aussi l’imprévisibilité de
l’approvisionnement en eau, pénalisent de plus en plus les établissements de santé, en les empêchant
de fournir des services essentiels de lavage des mains, d’hygiène et lutte contre l’infection. Cela est
particulièrement important pour les établissements qui doivent faire face à des épidémies.
Tous les risques associés au changement climatique peuvent avoir une incidence directe sur le
fonctionnement des établissements de santé, mais aussi entraîner une augmentation de la demande
pour leurs services. Par exemple, les inondations peuvent causer des dommages importants aux
équipements mécaniques des hôpitaux tout en contaminant les points d’eau disponibles. Les vents
violents prolongés peuvent endommager les équipements sur les toits et causer des dommages
structurels aux bâtiments, aux réseaux de transport d’électricité et à d’autres infrastructures
publiques. Les agents de santé protègent la santé de leurs communautés avant, pendant et après
les catastrophes, en étant les premiers à intervenir dans les situations d’urgence, mais ils sont
également vulnérables aux effets des phénomènes météorologiques extrêmes.
Les risques pour la durabilité environnementale liés aux activités des établissements
de santé
Les établissements de santé, lorsqu’ils ne sont pas bien conçus, équipés et gérés, engendrent
des nuisances environnementales, qui touchent leur personnel de santé et la communauté qu’ils
cherchent à protéger. L’accès à des sources d’énergie fiables et à de l’eau salubre est un minimum
obligatoire pour des soins de qualité, sûrs et résilients au climat ; or de nombreux établissements de
santé ne disposent même pas de ces ressources de base. Favoriser la durabilité environnementale,
de ce point de vue, signifie mettre en œuvre des interventions qui optimisent la consommation des
ressources (telles que l’eau, l’énergie, la nourriture) et réduisent les émissions de gaz à effet de serre
et le rejet de déchets (notamment biologiques, chimiques, radiologiques et les eaux usées). Cela
implique également d’acquérir des biens et des services qui respectent les principes de la durabilité
environnementale. Il est important que les mesures axées sur la durabilité soient évaluées au regard
de leurs performances et de leur fonctionnalité, car la qualité des soins doit être le critère qui prime
par-dessus tout. Par conséquent, il convient de rechercher des biens, des matériaux et des services
plus durables dès lors qu’ils ne compromettent pas la prestation des soins de santé et qu’ils ne
nuisent pas à la santé et à la sécurité des agents de santé. Le Tableau 2 donne des exemples de
répercussions de pratiques environnementales non durables sur les établissements de santé.
Les soins de santé contribuent à la pollution atmosphérique et aux émissions de gaz à effet de serre
dans la mesure où ils consomment de l’énergie (transport, électricité, chauffage et refroidissement) et
où ils impliquent la fabrication, l’achat, l’utilisation et l’élimination de produits. Les sources d’émissions
directes comprennent celles qui émanent directement de la consommation de combustibles sur
place dans les établissements de santé et des véhicules appartenant aux établissements de santé
(qualifiées d’émissions de GES de catégorie 1, ou « scope » 1). Les émissions indirectes font référence
à l’énergie utilisée par les établissements, telle que l’électricité, la vapeur, la chaleur ou le froid
(émissions de GES de catégorie 2, ou « scope » 2). Une troisième source importante d’émissions
provenant principalement de la chaîne logistique du secteur des soins de santé est la production,
8 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
le transport et l’élimination de biens et de services, tels que les produits pharmaceutiques et autres
produits chimiques, les produits alimentaires et agricoles, les dispositifs médicaux, les équipements
hospitaliers ainsi que les instruments achetés et utilisés par les établissements de santé (émissions de
GES de catégorie 3, ou « scope » 3) (12). Plusieurs outils sont disponibles pour mesurer les émissions
de GES, tels que le Protocole des gaz à effet de serre (13), et les lignes directrices du Groupe d’experts
intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) pour les inventaires nationaux de GES (14).
Préoccupations
relatives à Risques pour la santé Incidence sur la santé
la durabilité des patients, du des patients, du Conséquences pour les
environnementale personnel de santé personnel de santé établissements de santé
liées aux activités et de la communauté et de la communauté (secteurs concernés)
des établissements dans son ensemble dans son ensemble
de santé
Prélèvements d’eau Exposition à des La diminution de
excessifs entraînant agents de maladies l’approvisionnement en eau
des pénuries d’eau ; infectieuses ; risques compromet le fonctionnement
gaspillage d’eau (tuyaux accrus de maladies à des systèmes d’assainissement
et plomberie cassés) transmission hydrique et et les pratiques d’hygiène qui
entraînant des pénuries ; vectorielle en raison d’un l’utilisent (toilettes à chasse
non-utilisation de la accès réduit à l’eau et d’eau, égouts, traitement, lavage
collecte des eaux de pluie de la réutilisation d’eaux des mains, actes médicaux) ;
lorsqu’elle est disponible ; usées non traitées flambées inattendues de
mauvais stockage de pour la production maladies d’origine alimentaire,
l’eau entraînant une alimentaire ; plus vectorielle et hydrique ;
L’eau
augmentation des sites de grande probabilité de perturbation des actes et
reproduction des vecteurs ; survenue d’effets dus des traitements médicaux ;
concentration potentielle aux concentrations en plus grande probabilité des
d’agents pathogènes, de hausse d’arsenic, de admissions à l’hôpital et de
nutriments ou de produits fer, de manganèse, de la nécessité de traitements
chimiques dans les fluorures, de phosphore ; complexes pour lésions
sources d’eau locales risque accru de hépatiques, neurotoxicité, cancer
lésions hépatiques, de (personnel de santé ; eau,
neurotoxicité, de risque assainissement et déchets
de cancer, de maladies médicaux)
cardiovasculaires
1 Introduction 9
Préoccupations
relatives à Risques pour la santé Incidence sur la santé
la durabilité des patients, du des patients, du Conséquences pour les
environnementale personnel de santé personnel de santé établissements de santé
liées aux activités et de la communauté et de la communauté (secteurs concernés)
des établissements dans son ensemble dans son ensemble
de santé
Déchets d’activités de Exposition à des Augmentation des cas de
soins non traités ou déchets dangereux maladies infectieuses dues
insuffisamment traités (biologiques, chimiques, à une contamination par des
dans l’établissement ou radiologiques) ; déchets d’activités de soins ;
à proximité ; exposition blessures physiques aggravation de la menace qui
à de multiples produits (brûlures chimiques), pèse sur le personnel de
chimiques dangereux augmentation santé et qui se traduit par
(pesticides, plomb, des maladies non des maladies infectieuses,
mercure, argent, transmissibles des blessures physiques, des
produits d’entretien) (respiratoires, intoxications et des problèmes
et à des produits cutanées) ; risque de reproduction, entraînant un
Les déchets pharmaceutiques ; accru d’intoxication par stress psychologique ; effets à
médicaux ; accidents résultant d’une absorption, inhalation long terme liés aux maladies non
mauvaise manipulation/ ou ingestion de transmissibles (cancers, maladies
les dangers et élimination de déchets produits chimiques ; respiratoires) ; augmentation des
risques chimiques radioactifs ; déchets de empoisonnement admissions pour des traitements
et radiologiques gaz anesthésiques et radioactif, blessures complexes ; augmentation de
de réfrigérants ; eaux avec dommages l’absentéisme du personnel
usées non traitées tissulaires, et dommages (personnel de santé ;
utilisées pour l’irrigation à l’ADN ; risque infrastructure, technologies et
agricole ; pollution de accru d’absorption, produits)
l’environnement due au d’inhalation, d’ingestion
déversement de déchets ; ou d’injection
émission de dioxines et de d’agents pathogènes
furanes produits par la entraînant des
combustion à ciel ouvert maladies infectieuses
et l’incinération à basse (tuberculose, VIH/sida,
température hépatite, SRAS)
10 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Préoccupations
relatives à Risques pour la santé Incidence sur la santé
la durabilité des patients, du des patients, du Conséquences pour les
environnementale personnel de santé personnel de santé établissements de santé
liées aux activités et de la communauté et de la communauté (secteurs concernés)
des établissements dans son ensemble dans son ensemble
de santé
Achats inadaptés, peu Augmentation des Probabilité accrue d’intoxication,
sûrs et non durables effets de la pollution de maladies infectieuses,
(équipements et dispositifs atmosphérique sur la de cancers, de maladies
médicaux contenant santé du personnel, respiratoires aiguës et
du mercure, manque des patients et des chroniques, de maladies
de technologies à haut visiteurs, notamment les cardiovasculaires, submergeant
rendement énergétique maladies respiratoires le système de santé et
et absence de production et cardiovasculaires ; augmentant les dépenses
d’énergie renouvelable, augmentation des médicales
équipements fonctionnant maladies d’origine (personnel de santé ;
à la vapeur, équipements hydrique et d’origine infrastructure, technologies et
mécaniques, réfrigérants, alimentaire dues à des produits)
transports, produits produits contaminés ;
chimiques et radioactifs, risque accru pour la
Les achats
produits pharmaceutiques, santé humaine dû à des
et la chaîne
aliments, matériaux de dangers biologiques,
d’approvision-
construction) entraînant chimiques et
nement
l’élimination de déchets radiologiques, entraînant
dangereux, la pollution une intoxication
de l’air et des émissions chimique, des maladies
de GES ; chaîne infectieuses, des
d’approvisionnement cancers, des maladies
faisant appel à des cardiovasculaires et des
produits et des services maladies respiratoires
non durables entraînant
la pollution de l’air, du
sol et de l’eau, et la
contamination éventuelle
des aliments ; stockage
des produits dans des
conditions peu sécuritaires
Sources : (3,6,12,15–17)
ADN : acide désoxyribonucléique ; VIH/sida ; virus de l’immunodéficience humaine/syndrome d’immunodéficience aquise ; SRAS :
syndrome respiratoire aigu sévère
1 Introduction 11
1.2 ARGUMENTS EN FAVEUR DE L’INVESTISSEMENT DANS DES
ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ RÉSILIENTS FACE AU CHANGEMENT
CLIMATIQUE ET ÉCOLOGIQUEMENT VIABLES
Les établissements de santé doivent prendre des mesures efficaces pour résister aux effets des
phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents et d’autres aléas climatiques, tels
que la hausse des températures, l’allongement de la durée des pluies (entraînant une augmentation
des inondations), les pluies intenses mais de courte durée (entraînant des crues soudaines), la
diminution des précipitations (affectant les endroits où la collecte des eaux de pluie contribue aux
systèmes d’approvisionnement en eau des établissements de santé) et les vents et les tempêtes
de plus en plus intenses. Les changements climatiques peuvent également créer de nouveaux
problèmes environnementaux ou exacerber ceux existants, comme la contamination croissante des
eaux souterraines pendant les sécheresses ou l’augmentation de la pollution atmosphérique. Dans
de nombreux pays, ils augmentent également le risque pour les personnes et les communautés de
contracter des maladies infectieuses nouvelles et émergentes (telles que la maladie de Lyme et le
virus du Nil occidental). Nombre de ces dangers peuvent avoir des répercussions sévères, aiguës
et à long terme sur la santé mentale (notamment celle des agents de santé), accroissant alors la
pression sur les systèmes de santé.
Ainsi, dans la mesure où le changement climatique menace d’avoir une incidence de plus en plus forte
sur les établissements de santé et place les systèmes de santé devant des obligations complexes,
multiformes et imprévisibles, il serait bon que tous les nouveaux investissements dans le secteur de
la santé contribuent à renforcer la résilience au changement climatique (18).
Encadré 2. Évaluer les coûts des phénomènes climatiques extrêmes : Kerala (Inde) et New
York (États-Unis d’Amérique)
Les événements climatiques extrêmes peuvent accroître les coûts pour les systèmes de santé
de plusieurs façons. En perturbant les établissements de santé, notamment leur infrastructure et
leur chaîne d’approvisionnement en aliments, médicaments et autres équipements essentiels,
ils augmentent les dépenses d’immobilisation, les dépenses de fonctionnement et d’autres
coûts. Les inondations de 2018 dans l’État indien de Kerala ont eu un impact considérable
sur le système de santé publique de l’État. L’alimentation électrique de secours est réglée sur
72 heures dans de nombreux pays. Au Kerala, les hôpitaux ont été confrontés à des coupures
de courant de trois à neuf jours, ce qui a provoqué l’arrêt inopiné des systèmes d’entreposage
frigorifique. De nombreux hôpitaux ont signalé que des stocks entiers de vaccins et d’autres
fournitures médicales essentielles ayant besoin d’être réfrigérées avaient été endommagés, de
même que le matériel informatique ; plusieurs hôpitaux ont ainsi perdu les dossiers de leurs
patients (19). La Direction des services de santé a estimé à plus de 15 millions de dollars des
É.-U. la perte subie par les hôpitaux publics (20).
12 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Dans de nombreuses régions, la résilience peut être renforcée progressivement pour répondre aux
phénomènes météorologiques extrêmes et aux tensions exacerbées par le changement climatique.
Dans les régions reculées à faibles ressources, un phénomène météorologique extrême peut être trop
violent pour qu’un établissement de santé puisse y résister, et la reconstruction de l’établissement à un
nouvel endroit peut ne pas être réaliste si l’on se contente de cette seule contremesure. Dans de tels
cas, si l’on veut renforcer la résilience, il peut s’avérer plus rentable d’investir dans d’autres solutions
(telles que des infrastructures temporaires ou des kits de panneaux solaires en cas de défaillance
énergétique). Quoi qu’il en soit, si nouvelle installation doit être construite, la première chose à
faire est d’examiner son site d’implantation (c’est-à-dire l’endroit où l’installation est physiquement
située). En ayant une meilleure compréhension de la vulnérabilité des établissements de santé
aux phénomènes météorologiques extrêmes et en investissant dans la résilience climatique, il est
possible d’éviter des dommages catastrophiques, d’économiser de l’argent à long terme et peut-
être de sauver des vies.
Certaines interventions nécessitent des investissements en amont, tels que l’installation de systèmes
à énergie renouvelable. De tels investissements alimentent la croissance économique, créent de
nouvelles possibilités d’emploi, améliorent le bien-être des populations, contribuent à un avenir
protégé des aléas climatiques et génèrent des retombées économiques à moyen terme (23). De
plus en plus, dans certains pays, les contrats d’achat d’énergie donnent à des institutions telles que
les hôpitaux la possibilité de passer des contrats pour des énergies renouvelables sans avoir besoin
d’assurer le financement initial des investissements (24).
De nombreuses mesures pour renforcer la résilience peuvent être prises au niveau local et permettront
d’obtenir des retombées financières immédiates, principalement par des gains d’efficacité (par
exemple fermer les portes par temps froid, éteindre les lumières et les ordinateurs) et l’utilisation
de nouvelles technologies à haut rendement énergétique. Pour cela, il faudra que la formation et
l’éducation soient suffisantes, et que les mesures prises remportent l’adhésion et créent un fort
sentiment d’appropriation chez le personnel (25). Le coût de l’éducation pour ces programmes peut
souvent être amorti en un an (26).
1 Introduction 13
Encadré 3. Réduire les coûts économiques grâce à l’utilisation d’un emballage sans carton
pour les traitements antirétroviraux (ARV) de première ligne
Il a été démontré que le passage à l’emballage sans carton pour les médicaments ARV de
première ligne (Fonds mondial en Zambie, OPS en Bolivie et au Venezuela) permet de réduire
les coûts économiques liés à l’acquisition et à la réception des produits pharmaceutiques dans
le pays. À titre d’exemple, la modification d’une commande de 200 flacons de médicaments
ARV pour la faire passer d’un emballage « avec carton » à un emballage « sans carton » au
Venezuela a permis d’économiser 62 000 dollars des É.-U. sur les coûts liés au produit et 9150
dollars des É.-U. sur les coûts liés au transport. Le produit et la quantité sont restés les mêmes,
et les devis concernaient des voyages par fret aérien.
Le coût de la nationalisation, qui s’élève à environ 18 000 dollars des É.-U., englobe le
dédouanement des articles, qui a un coût par vol et non par commande. En réduisant le
nombre de vols (dans ce cas de 12 à 3), ces coûts ont été considérablement réduits, mais ils
ne représentent qu’une petite partie des économies totales.
L’économie sur le coût unitaire d’un peu moins de 5 % explique la majorité des économies
financières directes. Cependant, il existe beaucoup d’autres économies non quantifiées :
Moins de papier utilisé pour les cartons, les boîtes individuelles et les notices.
Moins de coûts de distribution dans le pays du fait de la réduction du volume à distribuer.
Moins de coûts d’entreposage du fait de la réduction de l’espace nécessaire. De plus, outre
le gain financier découlant du coût réel de cette acquisition, il existe des gains écologiques
considérables :
Moins d’émissions de dioxyde de carbone du fait de la réduction du volume et donc du
nombre de vols.
Moins de produits chimiques et d’énergie utilisés du fait d’une impression limitée.
Dans cet exemple, l’économie réalisée pour une seule commande de 200 flacons équivaut à
89 132 dollars des É.-U. (6,25 %) avec une économie de dioxyde de carbone de 2193 tonnes
(15,75 %), soit l’équivalent de 875 754 kilomètres parcourus par un véhicule de tourisme ordinaire.
Remarque : le nombre total de kilogrammes de dioxyde de carbone pour le fret est calculé à
partir du nombre total de tonnes.km parcourues multiplié par le nombre de kilogrammes de
dioxyde de carbone par tonne.km (0,606 pour les vols long-courriers >3500 km) et ensuite par
le facteur multiplicatif km (109 %).
Sources : (80,81)
14 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
1 Introduction 15
CHAPITRE
2
16
2 CONTEXTE
Les pays vulnérables au changement climatique sont aux prises avec des problématiques spécifiques
en matière de main-d’œuvre, qui nécessitent l’implication du personnel de santé dans la mise en œuvre
des mesures d’adaptation au changement climatique dans le secteur de la santé (29). « Progresser
plus vite vers la couverture sanitaire universelle et la réalisation des objectifs du Programme de
développement durable à l’horizon 2030 en garantissant un accès équitable aux personnels de
santé dans un système de santé performant », c’est la vision du plan d’action quinquennal de l’OMS/
OIT (30). Une part importante de ce travail consiste à relever les défis que pose la mise en place
d’établissements de santé résilients au climat et écologiquement viables.
Beaucoup de produits chimiques dangereux présents et utilisés dans les établissements de santé
peuvent faire courir aux agents de santé, aux patients et à d’autres personnes un risque sanitaire. La
disponibilité des services environnementaux est essentielle pour promouvoir et faciliter le recours
à des alternatives plus sûres aux produits chimiques actuellement utilisés et la gestion rationnelle
des déchets médicaux toxiques ; et pour réduire l’usage du mercure dans les dispositifs de soins
de santé et gérer les déchets contaminés par le mercure (6,31,32). La feuille de route de l’OMS pour
les produits chimiques visant à accroître la participation du secteur de la santé appelle à agir sur
la question de la gestion des risques liés aux produits chimiques dans les établissements de santé
(6). En ce qui concerne les agents de santé, la feuille de route prévoit des actions axées sur la mise
au point et l’organisation de campagnes de sensibilisation sur les produits chimiques préoccupants
et sur les meilleures pratiques de gestion sûre des produits chimiques (6).
Une préoccupation importante concerne la nécessité de protéger les agents de santé contre la
violence, le harcèlement et la discrimination, et de promouvoir des environnements et des conditions
de travail sans risques, à tout moment (33). Une étude de l’OMS a révélé qu’il y a eu 594 attaques
17
contre des services de soins de santé d’urgence dans 19 pays en 2014 et 2015, qui ont fait 959 morts
et 1561 blessés (34). Le plus grand défi auquel est actuellement confronté le personnel de santé est
celui de la pandémie de COVID-19 (Encadré 4).
Encadré 4. Sécurité et santé au travail dans les situations d’urgence de santé publique : le cas
de la pandémie de COVID-19
Au cours des dernières décennies, le monde a connu toute une série de catastrophes et de
situations d’urgence de santé publique, notamment des urgences radiologiques (Tchernobyl,
Fukushima), des urgences chimiques (la fuite de gaz toxique à Bhopal, la marée noire de
Deepwater Horizon) et des urgences liées aux conditions météorologiques, notamment des
inondations, des sécheresses, des tempêtes, des vagues de chaleur et des incendies. Il y a
également eu des crises sanitaires dues à des flambées épidémiques de maladies infectieuses
telles que le syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS), le coronavirus du syndrome respiratoire
du Moyen-Orient (MERS-CoV), la maladie à virus Ebola et plus récemment la COVID-19
causée par le SARS-CoV-2. Tous ces événements ont entraîné un risque élevé de blessures,
de maladies chroniques et infectieuses, voire dans certains cas des décès parmi les personnels
de santé et les équipes d’intervention d’urgence.
Les agents de santé sont en première ligne des interventions de riposte à l’épidémie de COVID-
19 et sont donc exposés à des dangers qui leur font courir le risque d’être infectés. L’insuffisance
des mesures de lutte anti-infectieuse, de sécurité et de santé au travail, de santé mentale et
de soutien psychosocial pour les agents de santé en cas d’infection par le SARS-CoV-2 a
entraîné des taux d’absentéisme élevés et a épuisé le personnel de santé. Les principaux risques
professionnels d’infection par le SARS-CoV-2 chez les agents de santé découlent notamment
de la détection tardive de la maladie (COVID-19) chez les patients, d’un travail dans un service
à haut risque, d’horaires de travail plus longs, d’une application sous-optimale des mesures
de lutte anti-infectieuse telles que les pratiques d’hygiène des mains, et de l’absence ou de la
mauvaise utilisation d’équipements de protection individuelle. Outre la menace d’infection, les
agents de santé sont confrontés à des risques psychosociaux, qui sont exacerbés en temps
de crise où la demande augmente. Les longues heures de travail, le travail posté, la charge de
travail élevée et d’autres risques psychosociaux peuvent causer de la fatigue, un épuisement
professionnel, une plus grande détresse psychologique ou une santé mentale chancelante,
affectant la santé des personnels de santé ainsi que la qualité et la sécurité des soins prodigués.
Sources : (35,36)
18 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Un mouvement mondial en faveur de meilleurs services d’eau, d’assainissement et
d’hygiène, et de normes minimales en la matière
La disponibilité de services durables pour l’approvisionnement en eau, l’assainissement et l’hygiène
(WASH), et pour la gestion des déchets, soutient les aspects essentiels de la CSU que sont la
qualité, l’équité et la dignité pour tous, en particulier dans les maternités et les structures de soins
primaires où ces services sont souvent absents (37,38). Les services WASH élémentaires dans les
établissements de santé sont fondamentaux pour dispenser des soins de qualité et faire en sorte que
les engagements relatifs aux soins de santé primaires soient réalisés (30). Ils peuvent aussi améliorer
les résultats sanitaires au niveau de la population. L’absence de systèmes d’assainissement adéquats
et d’accès à l’eau potable accélère la propagation des infections entériques contractées dans le
cadre des soins de santé et contribue à l’apparition de maladies évitables, ainsi qu’à la résistance
aux antibiotiques. La prévention des infections nosocomiales passe par une bonne hygiène dans les
établissements, cruciale pour lutter contre les flambées épidémiques dans le contexte de la COVID-
19 et d’autres maladies épidémiques telles que le choléra. Si les services WASH fournis ne sont pas
efficaces, les établissements de santé peuvent devenir des foyers d’infection lors des épidémies.
Ainsi, des services WASH adéquats dans les établissements de santé permettent de réduire le risque
et la propagation d’infections résistantes aux antibiotiques coûteuses, difficiles à traiter et mettant la
vie en danger. L’accès à l’énergie, à l’eau et aux installations d’hygiène permet également de fidéliser
le personnel de santé (39). Les services WASH dans les établissements de santé sont inférieurs
aux normes dans le monde entier, avec un établissement de santé sur quatre qui n’a pas accès aux
services de base d’approvisionnement en eau, et un sur cinq qui n’a pas de service d’assainissement
du tout - impactant respectivement 2,0 et 1,5 milliard de personnes. Dans toutes les régions, les
services WASH dans les établissements de santé ne répondent pas aux normes de l’OMS et aux
normes nationales, la région africaine de l’OMS étant la plus touchée (40).
En 2018, le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies a lancé un appel mondial à
l’action pour élever le niveau d’urgence de la question WASH et la rendre prioritaire dans tous les
établissements de santé (y compris les établissements primaires, secondaires et tertiaires dans
les secteurs public et privé) ; par cet appel, il a reconnu le rôle fondamental que jouent l’eau,
l’assainissement et l’hygiène dans la prévention des infections, le sauvetage des vies et l’amélioration
de la qualité des soins. Il est maintenant demandé à l’ensemble des agences des Nations Unies, des
États Membres et des partenaires d’investir davantage dans cette composante essentielle pour la
santé et le bien-être (40). En 2019, 194 États Membres se sont unanimement engagés à renforcer
l’encadrement, les investissements et le suivi à travers une résolution de l’Assemblée mondiale de
la Santé (WHA72.7), appelant à un accès universel à l’eau, à l’assainissement et à l’hygiène dans
les établissements de santé (41). L’OMS et le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF)
coordonnent un effort mondial pour aider les pays à mettre en œuvre la résolution et à partager
des outils, des expériences et des stratégies (42).
2 Contexte 19
Encadré 5. République démocratique populaire (RDP) lao : des établissements de soins de
santé sûrs, propres et écologiques
20 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
n’avait pas accès à l’électricité, et que seulement un tiers environ des hôpitaux avaient accès à une
électricité fiable (45). Une étude sur les établissements de santé dans 78 pays à revenu faible ou
intermédiaire a montré que 59 % d’entre eux ne disposent pas de services énergétiques fiables (46).
Ces établissements de santé et de nombreux autres contribuent de manière marginale aux émissions
provenant de la production d’électricité, et la priorité est de leur donner accès à l’électricité le plus
rapidement possible. Par ailleurs, étant donné que de nombreuses institutions de service public
non électrifiées, y compris les établissements de santé, sont situées dans des régions pauvres et
isolées où les fournisseurs de services énergétiques traditionnels ne sont pas disponibles, l’énergie
solaire photovoltaïque hors réseau, ou d’autres formes d’énergie renouvelable, pourraient permettre
de fournir une électricité propre, rentable et fiable (47).
Les établissements de santé ont un rôle important à jouer dans la réduction des émissions de gaz à
effet de serre. Pour ce faire, il est possible de passer à des sources d’énergie renouvelable hors réseau
et de réduire le gaspillage de ressources en améliorant l’efficacité des transports et de l’électricité.
Une première étape consiste à mesurer la consommation d’énergie afin de fixer des objectifs pour
l’utiliser de manière optimale. On dispose de quelques estimations de la fraction des émissions de
GES mondiales ou nationales qui résultent des activités du secteur des soins de santé. La plupart des
estimations nationales proviennent de pays à revenu élevé, qui sont responsables de la majorité des
émissions globales. En 2015, le Service national de santé (NHS) du Royaume-Uni a indiqué que les
émissions du secteur des soins de santé représentaient 39 % des émissions du secteur public anglais.
Une étude réalisée en 2007 aux États-Unis d’Amérique a révélé que 8 % de l’ensemble des émissions
étaient liées aux soins de santé, et une révision en 2013 a porté cette fraction à 9,8 % (18). On estime
que 5 à 15 % des émissions de carbone proviennent des systèmes de santé des pays développés
dans la Région européenne de l’OMS (48). Les estimations modélisées à l’échelle mondiale indiquent
que les soins de santé sont responsables de 4,4 % du total des émissions mondiales de GES, la
plus grande part provenant des États-Unis d’Amérique, de la Chine et de l’Union européenne. Plus
de 70 % de ces émissions proviennent principalement de la chaîne logistique du secteur des soins
de santé à travers la production, le transport et l’élimination de biens et de services, tels que les
produits pharmaceutiques et autres produits chimiques, les produits alimentaires et agricoles, les
dispositifs médicaux, les instruments et le matériel hospitaliers (12). Cette situation appelle à prendre
d’urgence des mesures en matière d’achats à faible empreinte carbone. La plateforme d’action
« Santé et Énergie », récemment lancée, vise à renforcer la coopération politique et technique entre
les secteurs de la santé et de l’énergie afin d’accélérer la transition vers les énergies propres, ce qui
est particulièrement important dans les zones non desservies (49).
Là où l’électricité du réseau est peu fiable (ou inexistante), les systèmes de production d’énergie
renouvelable sont en mesure de fournir à un établissement de santé une électricité rentable et
fiable. Il s’agit notamment des systèmes solaires photovoltaïques dans les pays où le soleil est
très présent, de l’énergie éolienne dans les pays où le vent est suffisant, et des petits systèmes
hydroélectriques dans les pays où les ressources en eau sont suffisamment importantes
pour produire une énergie propre permettant d’alimenter les établissements de santé et les
communautés locales. (50).
2 Contexte 21
Initiatives mondiales visant à protéger les infrastructures des établissements de santé
Le présent document se concentre sur les systèmes et services de base qui permettent à un
établissement de santé de fonctionner. Il s’agit notamment d’éléments structurels et non structurels,
tels que les locaux, examinés à la fois au regard de la solidité de leur structure et au regard de
leur emplacement (autrement dit, les aspects de résilience au climat), mais aussi leur impact sur
l’environnement et les communautés alentour, résultant des transports, des pratiques d’achat de
produits et de services, des machines et des dispositifs médicaux et d’autres équipements (autrement
dit, les aspects de durabilité environnementale). L’un des sept objectifs mondiaux du Cadre d’action
de Sendai pour la réduction des risques de catastrophe est de « réduire nettement, d’ici à 2030, la
perturbation des services de base et les dommages causés par les catastrophes aux infrastructures
essentielles, y compris les établissements de santé ou d’enseignement, notamment en renforçant
leur résilience » (53). L’ODD 9 (Bâtir une infrastructure résiliente, promouvoir une industrialisation
durable qui profite à tous et encourager l’innovation) appelle à mettre en place une infrastructure de
qualité, fiable, durable et résiliente, ainsi qu’à moderniser l’infrastructure et à adapter les industries
afin de les rendre durables, par une utilisation plus rationnelle des ressources et un recours accru
aux technologies et procédés propres et respectueux de l’environnement. L’initiative de l’OMS pour
la sécurité des hôpitaux (54) fournit des orientations spécifiques pour garantir la sûreté, la sécurité
et la fonctionnalité des infrastructures sanitaires face aux menaces découlant de toute une série de
dangers, notamment les phénomènes météorologiques extrêmes.
Un « hôpital sûr » est un établissement dont les services restent accessibles et fonctionnels au
maximum de leurs capacités, avec la même infrastructure, avant, pendant et immédiatement
après la survenue de situations d’urgence et de catastrophes (54). Un élément clé des progrès
réalisés au niveau mondial en vue de la sécurité des hôpitaux est leur opérationnalisation,
évaluée grâce à l’élaboration et à l’application de l’indice de sécurité des hôpitaux (HSI), un
outil de diagnostic rapide et peu coûteux permettant d’évaluer la probabilité qu’un hôpital
demeure opérationnel lors de situations d’urgence et de catastrophes. Le HSI fournit des
informations utiles sur les forces et les faiblesses d’un hôpital et met en avant les actions
nécessaires pour améliorer la sécurité et les capacités de gestion des risques de catastrophe
d’un hôpital. Le guide HSI à l’intention des évaluateurs (55) a donné une explication étape par
étape de la manière d’utiliser la liste de contrôle composée de 151 points à vérifier servant à
obtenir des scores relatifs à la sécurité structurelle, à la sécurité non structurelle et aux capacités
fonctionnelles de l’hôpital permettant le calcul du HSI.
En résumé, le HSI a été jusqu’à présent un outil utile partout dans le monde. Dans la Région
OMS des Amériques (où plus de la moitié des 16 000 hôpitaux sont situés dans des zones
à haut risque de catastrophe en Amérique latine et dans les Caraïbes), le HSI a aidé les
établissements de santé à évaluer leur sécurité et à leur éviter ainsi de se retrouver un jour
victimes de catastrophes. En République de Moldavie (Région européenne de l’OMS), tous les
hôpitaux publics ont fait l’objet d’une évaluation à l’aide du HSI. Ainsi, le HSI est un moyen utile
pour déterminer quels hôpitaux ont besoin d’un investissement supplémentaire en ressources
afin d’améliorer leur sécurité et leur fonctionnement global en vue de renforcer le système de
santé et de mieux gérer les risques de catastrophe. La Serbie s’est servi du HSI pour évaluer
la sécurité d’un centre de soins de santé primaires et a trouvé l’outil utile au niveau des soins
primaires, car la plupart des points examinés ont été considérés tout aussi pertinents pour les
centres de soins de santé primaires que pour les hôpitaux.
22 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
2.2 CONTEXTE POLITIQUE
Parmi les différents mandats mondiaux et régionaux visant à intervenir en faveur de systèmes
de santé et d’établissements de santé résilients au climat et écologiquement viables, la Stratégie
mondiale de l’OMS sur la santé, l’environnement et les changements climatiques et le Programme
de développement durable à l’horizon 2030 ont une importance toute particulière.
Le Programme de développement durable à l’horizon 2030, adopté par tous les États Membres
des Nations Unies en 2015, fournit un plan directeur commun pour la paix et la prospérité des
populations et de la planète, aujourd’hui et à l’avenir (57). Au cœur de ce plan figurent les 17 objectifs
de développement durable (ODD). Ils constituent un appel urgent à l’action de la part de tous les pays
(développés et en développement) dans le cadre d’un partenariat mondial. Les ODD reconnaissent
que l’élimination de la pauvreté et d’autres formes de privation doit aller de pair avec des stratégies
qui améliorent la santé et l’éducation, réduisent les inégalités et stimulent la croissance économique –
tout en luttant contre le changement climatique. Rendre les établissements de santé résilients au
climat et écologiquement viables contribuerait à la réalisation des ODD relatifs au changement
climatique, à la consommation durable, à l’eau et à l’assainissement, à l’énergie, à l’emploi, aux
infrastructures résilientes et à la santé et au bien-être (Tableau 3).
2 Contexte 23
Tableau 3. Sélection d’ODD et de cibles avec les conséquences qui en résultent pour les
établissements de santé
12. Établir des modes 12.4 D’ici à 2020, instaurer une gestion écologiquement Eau, assainissement et
de consommation et de rationnelle des produits chimiques et de tous déchets médicaux ; gestion
production durables les déchets tout au long de leur cycle de vie, des produits chimiques
conformément aux principes directeurs arrêtés à
l’échelle internationale, et réduire considérablement
leur déversement dans l’air, l’eau et le sol, afin
de minimiser leurs effets négatifs sur la santé et
l’environnement
6. Garantir l’accès de tous à 6.1 D’ici à 2030, assurer l’accès universel et équitable à Eau, assainissement et
des services d’alimentation l’eau potable, à un coût abordable déchets médicaux
en eau et d’assainissement
gérés de façon durable 6.3 D’ici à 2030, améliorer la qualité de l’eau en Eau, assainissement et
réduisant la pollution, en éliminant l’immersion de déchets médicaux ; gestion
déchets et en réduisant au minimum les émissions de des produits chimiques
produits chimiques et de matières dangereuses, en
diminuant de moitié la proportion d’eaux usées non
traitées et en augmentant considérablement à l’échelle
mondiale le recyclage et la réutilisation sans danger
de l’eau
7. Garantir l’accès de tous à 7.1 D’ici à 2030, garantir l’accès de tous à des services Énergie
des services énergétiques énergétiques fiables et modernes, à un coût abordable
fiables, durables et
modernes, à un coût 7.2 D’ici à 2030, accroître nettement la part de l’énergie Énergie
abordable renouvelable dans le bouquet énergétique mondial
24 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Secteur concerné des
ODD Cibles
établissements de santé
8. Promouvoir une 8.8 Défendre les droits des travailleurs, promouvoir la Personnel de santé
croissance économique sécurité sur le lieu de travail et assurer la protection
soutenue, partagée et de tous les travailleurs, y compris les migrants, en
durable, le plein emploi particulier les femmes, et ceux qui ont un emploi
productif et un travail précaire
décent pour tous
9. Bâtir une infrastructure 9.4 D’ici à 2030, moderniser l’infrastructure et adapter Infrastructure, technologies
résiliente, promouvoir une les industries afin de les rendre durables, par une et produits ; gestion des
industrialisation durable qui utilisation plus rationnelle des ressources et un recours produits chimiques
profite à tous et encourager accru aux technologies et procédés industriels propres
l’innovation et respectueux de l’environnement, chaque pays
agissant dans la mesure de ses moyens
3. Permettre à tous de 3.8 Faire en sorte que chacun bénéficie d’une Accès aux établissements
vivre en bonne santé et couverture sanitaire universelle, comprenant une de santé
promouvoir le bien-être de protection contre les risques financiers et donnant
tous à tout âge accès à des services de santé essentiels de qualité et à
des médicaments et vaccins essentiels sûrs, efficaces,
de qualité et d’un coût abordable
Source : (57)
Parmi les autres mandats mondiaux pertinents, on peut citer les suivants : la couverture sanitaire
universelle, les soins de santé primaires, l’Accord de Paris de la Convention-cadre des Nations Unies
sur les changements climatiques (CCNUCC), l’Amendement de Kigali au Protocole de Montréal
relatif à des substances qui appauvrissent la couche d’ozone, l’Approche stratégique de la gestion
internationale des produits chimiques (SAICM) et la Gestion rationnelle des produits chimiques et
des déchets au-delà de 2020, la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants,
la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et
de leur élimination, la Convention de Rotterdam sur la procédure de consentement préalable en
connaissance de cause applicable à certains produits chimiques et pesticides dangereux qui font
l’objet d’un commerce international, la Convention de Minamata sur le mercure et le Cadre de
Sendai pour la réduction des risques de catastrophe (voir l’annexe A pour en savoir plus sur tous
ces mandats).
2 Contexte 25
CHAPITRE
3
26
3 ENGAGER LES ÉTABLISSEMENTS DE
SANTÉ DANS UNE DÉMARCHE DE
RÉSILIENCE CLIMATIQUE ET DE DURABILITÉ
ENVIRONNEMENTALE
Buts
Le cadre proposé vise à accroître la résilience climatique des établissements de santé afin de
protéger et d’améliorer la santé des communautés desservies face à l’instabilité et l’évolution du
climat, tout en permettant à ces établissements d’améliorer leur durabilité environnementale grâce
à une meilleure utilisation des ressources et à une diminution du rejet de déchets.
Objectifs
Plus précisément, le présent document a pour objectif de :
guider les professionnels travaillant dans des structures de soins de santé de manière à ce qu’ils
comprennent les risques sanitaires supplémentaires liés au changement climatique et qu’ils s’y
préparent efficacement ;
permettre de surveiller, d’anticiper, de gérer les risques sanitaires liés au changement climatique
et de s’y adapter ;
inciter les responsables des établissements de santé à collaborer avec les secteurs déterminants
pour la santé (notamment l’eau et l’assainissement, l’énergie, les transports, l’alimentation,
l’urbanisme, l’environnement) afin de se préparer aux risques sanitaires supplémentaires posés
par le changement climatique grâce à l’adoption d’une approche de résilience, et à promouvoir
des pratiques écologiquement durables dans la prestation des services ;
fournir des outils pour aider les responsables des établissements de santé à évaluer leur résilience
face aux menaces liées au changement climatique et leur durabilité environnementale, sur la
base de l’utilisation appropriée des ressources (en particulier l’eau et l’énergie et les achats
durables), et du rejet de matières dangereuses (biologiques, chimiques, radiologiques) dans
leur environnement ;
promouvoir des mesures visant à garantir que les établissements de santé soient constamment
et de plus en plus solides et continuent d’être efficaces et réactifs pour améliorer la santé et
contribuer à réduire les inégalités et la vulnérabilité dans leur contexte local.
27
Encadré 8. Principales définitions
Les établissements de santé sont les structures de soins de santé qui assurent la prise en
charge thérapeutique directe des patients, et englobent les hôpitaux et les dispensaires. Dans
le cadre des situations d’urgence, les établissements de santé sont les hôpitaux, les centres de
soins de santé primaires, les camps d’isolement, les unités de traitement des grands brûlés,
les centres d’alimentation et autres (59).
La résilience dans le contexte du changement climatique est la capacité des systèmes sociaux,
économiques ou environnementaux à faire face aux événements dangereux, tendances ou
perturbations, à y réagir et à se réorganiser de façon à conserver leurs fonctions essentielles,
leur identité et leur structure, tout en maintenant leurs facultés d’adaptation, d’apprentissage
et de transformation (60).
La résilience d’un système de santé est la capacité des acteurs, des institutions et des
populations du secteur de la santé à se préparer aux crises et à y réagir efficacement, à
maintenir leurs fonctions essentielles lorsqu’une crise survient, ainsi qu’à rester informés grâce
aux enseignements tirés de la crise et à se réorganiser si les conditions l’exigent (61). C’est la
capacité d’amortir les perturbations, de s’adapter et de réagir avec la prestation des services
nécessaires (62).
28 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
3.2 AUGMENTER LA RÉSILIENCE DES ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ
FACE AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
La Figure 2 illustre le processus dynamique important qui influe sur la résilience climatique des
établissements de santé. S’inspirant du concept selon lequel le risque est fonction des aléas, des
vulnérabilités et des expositions (60,64) (représenté sous forme de triangle, comme défini par le
GIEC), la Figure 2 illustre la manière dont les aléas, sous la forme d’un événement soudain (un choc,
tel qu’une tempête ou une inondation soudaine), ou d’un événement à évolution lente (un stress, tel
qu’une sécheresse, une élévation du niveau de la mer, ou un nombre important de cas de maladie
liée au climat), vont réduire le niveau de performance et de capacité des établissements de santé (axe
de gauche), par une combinaison de répercussions sur des éléments clés des établissements (par
exemple, augmentation de la vulnérabilité du personnel de santé, ou augmentation des expositions
en raison d’effets sur WASH et les déchets médicaux, l’énergie ou les infrastructures), ce qui, en
retour, va augmenter les risques. Le niveau de résilience (axe de droite) définira si l’établissement
retrouvera son état d’avant l’événement, se remettra mais dans un état pire qu’avant, ou se remettra
et atteindra un niveau de résilience supérieur à celui d’avant l’événement. La Figure 2 met également
en évidence les étapes de gestion des risques pour les besoins de la prévention, de la préparation,
de la réaction et du relèvement (65).
Transformation
Au-dessus
de la
Choc Relèvement, mieux
moyenne
qu’avant
niveau qu’avant
Chute de la
Stress
l’événement
Acceptable Relèvement,
mais état pire
qu’avant
3 Engager les établissements de santé dans une démarche de résilience climatique et de durabilité environnementale 29
Encadré 9. Réalisation de tests de résistance (stress-tests) pour déterminer les vulnérabilités
face au changement climatique et les mesures d’adaptation
Pour renforcer la résilience climatique au niveau des établissements de santé, il faut avoir une
bonne connaissance des conditions climatiques actuelles et projetées, des contraintes qui
pèsent sur le système de santé (telles que la croissance de la population, les changements
démographiques) et des moyens de réponse escomptés du système de santé (telles que le
personnel de santé, le financement, le recours aux technologies, les liens avec les partenaires
communautaires et les parties prenantes). Le test de résistance est un outil qui permet aux
autorités sanitaires d’élaborer et d’utiliser des scénarios climatiques fondés sur des données
probantes dans un exercice de simulation afin de travailler sur des scénarios futurs et d’identifier
d’éventuelles vulnérabilités aux effets du changement climatique et les mesures d’adaptation
efficaces. Par exemple, un scénario décrivant une inondation a pu être élaboré à partir des
données climatiques disponibles, des connaissances acquises sur les effets du climat dans
des juridictions similaires, et d’avis d’experts dans le domaine de la recherche sur le climat et
la santé. Si l’on ajoute à cela les connaissances des acteurs des établissements de santé sur
les caractéristiques et les capacités des établissements (telles que la capacité de mobilisation
rapide du personnel de santé, l’altitude des établissements et les principaux réseaux de
transport, l’état des structures des installations, les stocks disponibles de médicaments et de
ressources clés au cas où l’accès serait limité), il est possible d’avoir une vision bien précise
de la vulnérabilité des établissements et de leurs besoins d’adaptation. La conduite d’un test
de résistance basé sur un scénario climatique est l’occasion d’établir des partenariats avec
des acteurs clés à l’intérieur et à l’extérieur de l’établissement de santé (par exemple pour des
interventions d’urgence), qui peuvent être mis à profit à la fois pour renforcer durablement la
résilience au climat et pour réagir aux événements futurs.
Source : (67)
Les principales interventions permettant de renforcer la résilience des établissements de santé passent
par l’accompagnement du personnel de santé (formation, communications, etc.), l’optimisation de
l’accès à la nourriture, à l’eau, aux services d’assainissement et de gestion des déchets médicaux
grâce à des mesures de suivi, d’évaluation et de gestion, et l’amélioration de l’accès aux sources
d’énergie et de leur fiabilité (systèmes de secours, sources d’énergie alternatives, plans d’intervention
d’urgence), mais aussi par l’adaptation des infrastructures et des technologies (modernisation des
bâtiments, adoption de nouveaux systèmes et technologies, viabilité à long terme des activités, etc.).
Le Cadre opérationnel de l’OMS prévoit des domaines supplémentaires à prendre en compte dans
certains contextes bien précis afin de renforcer la résilience climatique des établissements de santé,
tels que le renforcement des systèmes d’information sanitaire. Les évaluations de la vulnérabilité
et de l’adaptation aux conséquences sanitaires des changements climatiques (68) peuvent fournir
les informations et les partenariats entre parties prenantes nécessaires qui permettront de faciliter
ces activités.
30 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Encadré 10. Intégration de la pandémie de COVID-19 dans les mesures de planification
contre le stress thermique
En plus de devoir faire face aux risques sanitaires liés au changement climatique pour le
grand public (comme le stress thermique), les soignants et les établissements de santé
devront s’assurer que les mesures d’adaptation (par exemple les plans d’action contre le stress
thermique) intègrent les programmes et les actions en cours pertinents en les prenant en
compte de manière globale, au lieu d’aborder le changement climatique et la santé comme
un programme vertical.
La pandémie de COVID-19 amplifie les risques sanitaires pour le grand public et les agents
de santé pendant les phénomènes météorologiques extrêmes. En période de chaleur par
exemple, certains groupes (les personnes âgées, les personnes ayant des problèmes de santé
préexistants, les personnes vivant dans des logements surpeuplés ou de mauvaise qualité) sont
sensibles à la fois à la COVID-19 et au stress thermique, ce qui pourrait alourdir la charge qui
pèse sur les établissements de santé. Les agents de santé peuvent également être exposés au
stress thermique parce qu’ils utilisent des équipements de protection individuelle qui peuvent
les empêcher de se refroidir. Pourtant, il est essentiel que les agents de santé soient protégés à
la fois contre l’infection et contre le stress thermique. Il est donc indispensable que les services
et les systèmes de santé se penchent sur les aspects suivants pour assurer la sécurité vis-à-
vis du stress thermique et la prévention des infections dues au virus de la COVID-19 :
priorité et accent mis par le personnel médical et de santé publique sur les activités de
préparation et de riposte à la pandémie de COVID-19 susceptibles de compromettre la
capacité des services et des systèmes de santé à prévenir et à prendre en charge le stress
thermique ;
crainte du public de recourir aux soins de santé pendant la pandémie de COVID-19, ce qui
pourrait entraîner des décès dus à la chaleur qui auraient pu être évités ;
possibilité que le stress thermique engendre une série de symptômes similaires aux
premiers symptômes de la COVID-19.
Étant donné les risques combinés du stress thermique et de la COVID-19, il sera essentiel
d’intégrer ces deux considérations dans les messages de sensibilisation, et de renforcer la
coordination entre les décideurs. Les communautés et les services de santé devront mettre
à jour et réexaminer les plans de communication et d’action contre la chaleur de manière
à bien y intégrer les interventions possibles de préparation et de riposte à la pandémie de
COVID-19 (comme la distanciation physique), et modifier régulièrement ces plans à mesure
que la situation évoluera. Dans ces circonstances sans précédent, des mesures stratégiques
et collaboratives peuvent considérablement améliorer la résilience des communautés et des
systèmes de santé aux fins de prévenir les maladies et les décès évitables dus au temps chaud
pendant la pandémie de COVID-19.
Source : (69)
3 Engager les établissements de santé dans une démarche de résilience climatique et de durabilité environnementale 31
3.3 AMÉLIORER LA DURABILITÉ ENVIRONNEMENTALE DES
ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ
D’après le concept de risque tel que défini par le GIEC (60,64), la durabilité environnementale vise
à réduire les dangers générés par les activités des établissements de santé (comme les déchets
médicaux), tout en s’efforçant simultanément de diminuer les expositions et les vulnérabilités
(tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’établissement de santé) (Figure 3). Le GIEC relève avec un
degré de confiance très élevé que les mesures les plus efficaces à court terme pour réduire les
vulnérabilités dans le domaine de la santé sont des programmes qui mettent en œuvre et améliorent
les mesures de santé publique de base (par exemple la distribution d’eau potable et la mise en place
de systèmes d’assainissement), qui assurent les soins de santé essentiels, y compris la vaccination
et les services de santé de l’enfant, qui améliorent les capacités de préparation et d’intervention en
cas de catastrophe et qui luttent contre la pauvreté (60).
Les établissements devront également optimiser leur utilisation des ressources naturelles,
principalement celle de l’eau et de l’énergie, en assurant un juste équilibre de leur consommation,
ni trop faible pour maintenir un bon fonctionnement, ni trop élevée au point de gaspiller et d’épuiser
les ressources. Ainsi, pour de nombreux établissements de santé en situation de ressources limitées,
l’objectif visé est d’avoir un meilleur accès à l’eau et à l’énergie, et de mieux utiliser ces deux types
de ressources. Les interventions en faveur de la durabilité environnementale sont essentielles pour
passer de situations à haut risque (voir le côté gauche du graphique de la Figure 3) à des situations
à faible risque (voir le côté droit du graphique de la Figure 3). Les exemples de dangers ou d’aléas
qui menacent la durabilité environnementale comprennent ceux d’origine biologique (épidémies,
parasites) et ceux d’origine humaine (chimiques, radiologiques, déchets biologiques, perturbations
de l’approvisionnement en eau et en énergie, pollution de l’air, contamination des aliments et de
l’eau, effectifs insuffisants du personnel de santé). Les interventions visant à réduire les dangers
sont principalement menées dans les établissements de santé (voir la moitié inférieure du graphique
de la Figure 3), tandis que les interventions visant à réduire la vulnérabilité et l’exposition sont
principalement menées parmi les patients, le personnel de santé et la société dans son ensemble
(voir la moitié supérieure du graphique de la Figure 3).
32 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Figure 3. Durabilité environnementale des établissements de santé
les patients les agents de
Vulnérabilités
santé et la communauté
Interventions
axées sur la
durabilité
environnementale
Dangers
établissements de santé
Déchets ■
concernant les
d’activités de
Interventions
soins, produits
chimiques,
■
matières
radioactives, eaux usées, ■
pollution de l’air, GES, etc. ■
T0 T1 Temps
!"#$%%&'( )#"*)
Réduction des !"#$%&'
risques +"#&,(-")*,)."#$%%&'()#")/"*&0.123)"4/12&%&1("23)5$*(".,6&*&#,#"2
grâce à la diminution des dangers/aléas, des expositions, des vulnérabilités )
!
3 Engager les établissements de santé dans une démarche de résilience climatique et de durabilité environnementale 33
Encadré 11. Le Pacte vert sur les soins de santé durables aux Pays-Bas
L’objectif du Pacte vert sur les soins de santé durables est de diminuer les effets négatifs du
secteur des soins de santé sur l’environnement. Les institutions sanitaires, les pouvoirs publics
et les entreprises travaillent ensemble pour s’assurer que les soins de santé sont bénéfiques
pour la population, la société et la planète, et ne causent pas plus de pollution ou de problèmes
de santé. Plus de 200 parties, dont des prestataires de soins de santé et toute une série
d’organisations à but lucratif et non lucratif, ont signé le Pacte vert. Même si chacune a ses
propres objectifs, ils contribuent tous aux quatre cibles suivantes.
(i) Réduire, d’ici à 2030, les émissions de carbone de 49 % (par rapport aux niveaux de 1990),
et atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050 - conformément aux objectifs fixés dans
l’accord national sur le climat, en s’efforçant de mettre en place des bâtiments, des transports
et des achats économes en énergie, d’utiliser des énergies renouvelables, ainsi que de réduire
la quantité d’énergie utilisée par les hôpitaux et autres établissements de soins.
(ii) Mettre en place des soins de santé circulaires - en utilisant moins de matières premières
et en minimisant les déchets ; on peut citer à titre d’exemple les projets pilotes de recyclage
du matériel médical (tels que les plastiques à usage unique, le matériel pour le traitement de
l’incontinence), la réduction du gaspillage alimentaire et l’élaboration de directives sur les
achats durables.
(iii) Parvenir à moins de résidus pharmaceutiques dans les eaux de surface - comprend un
large éventail d’initiatives axées sur le bon usage des produits pharmaceutiques et la réduction
du gaspillage ; on peut citer à titre d’exemple les efforts visant à éliminer correctement les
médicaments inutilisés ou des mesures pilotes telles que l’utilisation de poches de recueil des
urines pour les patients traités par des agents de contraste diagnostiques.
(iv) Créer un environnement sain pour le personnel soignant et les patients - cela consiste
à procurer un bon cadre de vie et de travail dans les maisons de retraite et les hôpitaux, ce
qui améliore la santé et le bien-être des patients et des personnels. Mettre en œuvre des
initiatives visant à rassembler les connaissances et à créer des réseaux de collaboration ; à
titre d’exemple, on peut citer la constitution d’un répertoire des meilleures pratiques et des
interventions efficaces des partenaires, et la création d’un réseau afin de mobiliser le leadership
en faveur d’une nutrition durable dans les établissements de santé.
Source : (70)
34 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Comme le représente la Figure 4, il y a trois objectifs pour chacune des quatre exigences
fondamentales permettant de dispenser des soins sûrs et de qualité qui sont au cœur du cadre
d’action (1). Ceux-ci se concentrent spécifiquement sur les établissements de santé et élargissent
le périmètre de travail pour inclure la durabilité environnementale. La section suivante décrit un
ensemble d’interventions potentielles vers lesquelles les décideurs du secteur de la santé peuvent
se tourner pour améliorer à la fois la résilience climatique et la durabilité environnementale.
GES
Établissements de santé
Changements
climatiques : Personnel de santé Incidences sur
■■
■ ■ l’environnement :
■ ■
■ Eau, assainissement, hygiène et déchets médicaux ■
■
■■ ■
■
■ ■
■
■ Énergie ■
■■ ■
■
■
Infrastructure, technologies et produits
■
■
■
Résilience au Durabilité
changement climatique Population en bonne santé, environnementale
Environnement sain
Environnement total
Nombre des interventions requises sont interconnectées et peuvent donc répondre à de multiples
objectifs qui ne relèvent pas toujours d’une seule catégorie. Par exemple, une intervention axée sur
la résilience climatique pour lutter contre une sécheresse récurrente peut consister à récolter l’eau
de pluie pendant la saison des pluies et à la stocker dans des conteneurs pour l’utiliser plus tard. Une
intervention axée sur la durabilité environnementale consisterait à s’assurer que les conteneurs sont
correctement scellés de façon à ce qu’ils ne deviennent pas des lieux de reproduction des moustiques
et ne provoquent pas d’épidémies de dengue. Il vaut mieux travailler à la fois sur le renforcement de
la résilience climatique et sur celui de la durabilité environnementale, afin d’obtenir des synergies
et d’optimiser l’utilisation des ressources.
3 Engager les établissements de santé dans une démarche de résilience climatique et de durabilité environnementale 35
3.5 PROCESSUS ET ÉTAPES SUGGÉRÉS POUR AUGMENTER LA
RÉSILIENCE CLIMATIQUE ET AMÉLIORER LA DURABILITÉ
ENVIRONNEMENTALE DES ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ
Comme les interventions proposées ici s’adressent à des établissements de santé individuels, ce
qui peut s’appliquer à l’un ne s’applique pas forcément aux autres. Les interventions ne permettent
pas de comparer les établissements entre eux, raison pour laquelle il n’est pas proposé d’indice de
comparaison, même si les établissements de santé pourraient en élaborer un au cours du processus.
Ainsi, bien qu’il n’y ait pas de processus imposé pour la mise en œuvre de ces interventions suggérées,
il existe des approches communes qui pourraient être adaptées, selon la taille de l’établissement de
santé, les principaux domaines de préoccupation identifiés, et les capacités disponibles. La Figure 5
décrit ces étapes.
36 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Pour mieux comprendre les conditions de base et les vulnérabilités existantes et futures des
établissements de santé face au changement climatique, les établissements peuvent envisager de
réaliser une évaluation de la vulnérabilité et de l’adaptation au climat (V&A) au regard de son impact
sur la santé, en utilisant la méthodologie suggérée par l’OMS (71). Les résultats de l’évaluation V&A
serviront également à classer les interventions d’amélioration par ordre de priorité.
De même, pour comprendre et évaluer les conditions de base des établissements de santé sur le
plan de la durabilité environnementale, ces établissements sont encouragés à évaluer leur empreinte
climatique ou environnementale. Ces éléments constitueront la base à partir de laquelle les progrès
en matière de durabilité environnementale seront suivis et mesurés.
Encadré 12. Évaluer les vulnérabilités des établissements de santé et les options d’adaptation
En suivant une approche systématique pour évaluer les vulnérabilités au climat et pour identifier
et évaluer les options d’adaptation, les établissements de santé et les infrastructures de soutien
à la santé seront mieux à même de renforcer la résilience au climat, à la fois dans des domaines
programmatiques ou des éléments d’infrastructure bien précis, et dans l’ensemble des systèmes
de santé. Les résultats d’une évaluation de la vulnérabilité et de l’adaptation (V&A) aux effets
du climat sur la santé conduite au niveau local, régional ou national peuvent renseigner sur les
conséquences sanitaires actuelles du changement climatique et celles prévues pour l’avenir,
mais aussi sur les effets touchant les établissements de santé imputables aux phénomènes
météorologiques extrêmes ou à d’autres aléas climatiques, qui peuvent tous contribuer aux
pressions qui s’exercent sur les établissements de santé et les infrastructures de soutien à la
santé. Les évaluations V&A peuvent prendre différentes formes et être conçues pour s’adapter
aux besoins particuliers du système de santé ou de l’établissement de santé concerné, ainsi
qu’aux données, au temps et aux ressources disponibles. Une évaluation V&A menée à son
terme permet d’identifier et de mettre en place une coalition de parties prenantes clés pour
faire progresser le développement durable et la résilience climatique. Des outils ont également
été mis au point pour permettre aux responsables des soins de santé d’évaluer la vulnérabilité
de certains établissements de santé aux effets du changement climatique : la boîte à outils
des hôpitaux intelligents (Smart Hospitals Toolkit) (Organisation panaméricaine de la Santé
(OPS)/OMS), la boîte à outils américaine des établissements de santé durables et résilients au
climat (Sustainable and Climate-Resilient Health Facilities Toolkit) (Department of Health and
Human Services, États-Unis d’Amérique) et la boîte à outils canadienne pour la résilience des
établissements de santé face au changement climatique (Health Care Facility Climate Change
Resiliency Toolkit) (Canadian Coalition for Green Health Care).
Sources : (68,71–79)
3 Engager les établissements de santé dans une démarche de résilience climatique et de durabilité environnementale 37
3. Définir et hiérarchiser les interventions à court et à long terme
Une fois que les impacts du changement climatique sur l’empreinte écologique ou climatique des
établissements de santé seront bien appréhendés, l’équipe utilisera ces informations ainsi que les
conditions de base de l’établissement de santé pour définir et classer par ordre de priorité les
interventions nécessaires aux fins de renforcer la résilience au climat et la durabilité environnementale.
L’ordre de priorité sera dicté par différentes considérations telles que les ressources financières
disponibles et le calendrier des interventions.
38 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
3 Engager les établissements de santé dans une démarche de résilience climatique et de durabilité environnementale 39
4
CHAPITRE
40
4 INTERVENTIONS PERMETTANT DE
RENFORCER LA RÉSILIENCE CLIMATIQUE ET
LA DURABILITÉ ENVIRONNEMENTALE DES
ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ
Cette section présente la liste des interventions organisées en 24 tableaux, divisés comme
suit : personnel de santé ; eau, assainissement et déchets médicaux ; énergie ; et infrastructure,
technologies et produits. Chacun de ces grands domaines est subdivisé en trois objectifs à la fois
pour la résilience climatique et pour la durabilité environnementale.
Ces orientations tiennent compte du fait que les établissements de santé et les responsables du
secteur de la santé devront se rapprocher des décideurs extérieurs au secteur de la santé pour
qu’ils travaillent ensemble à la mise en œuvre de certaines des mesures proposées axées sur la
résilience climatique et la durabilité environnementale. Les interventions qui pourraient avoir besoin
de l’appui des autorités locales ou nationales et d’autres secteurs sont signalées par un astérisque
dans les tableaux. Il est possible que les responsables des établissements de santé ne soient pas
en mesure de réaliser ces interventions toutes en même temps, ou que les établissements de santé
n’aient pas tous la capacité et les ressources nécessaires pour conduire ces interventions. En outre,
comme il peut s’avérer impossible de mener à bien l’ensemble de ces interventions dans un court
laps de temps, il sera peut-être plus opportun d’utiliser ce cadre pour soutenir une dynamique
d’amélioration continue au fil du temps. Par conséquent, les interventions nécessaires et prioritaires
pour un établissement de santé donné dépendront du contexte local.
La liste d’interventions proposée ne couvre pas toutes les mesures qui pourraient s’avérer nécessaires.
En revanche, cette liste fournit un ensemble complet d’interventions qui permettraient d’accroître
considérablement la résilience au climat et la durabilité environnementale à court et à long terme. Le
personnel des établissements de santé aura tout intérêt à intégrer les informations obtenues grâce
à ce cadre et aux interventions dans les processus habituels de planification des établissements de
santé, afin de gagner en efficacité et de maximiser l’utilisation des ressources.
Indique une activité dont l’efficacité attendue est faible, ou une activité indisponible, ou
impossible à réaliser
Indique une activité dont l’efficacité attendue est moyenne, ou une activité en cours, ou
incomplète
Indique une activité dont l’efficacité attendue est forte, ou une activité terminée, ou réalisée
et testée
41
PERSONNEL DE SANTÉ
Développement des capacités : formation, information et gestion des savoirs ciblées sur les
agents de santé pour faire face aux risques climatiques et minimiser les menaces que fait peser le
fonctionnement de l’établissement de santé sur l’environnement.
Les personnels de santé comprennent non seulement le personnel infirmier et les médecins et autres
spécialistes de la santé, mais aussi le personnel exerçant diverses activités professionnelles, telles
que l’administration, la réception, la radiographie, l’entretien, le ménage, la restauration, les analyses
de laboratoire et les techniciens spécialisés, les services de nettoyage et de blanchisserie, ainsi que
les gardiens d’hôpitaux, les diététiciens, le personnel chargé de la gestion des déchets, les assistants
et techniciens ambulanciers, les chauffeurs de transport. Les risques sur le lieu de travail sont donc
variés, et même ceux qui ne sont pas en contact direct avec les patients peuvent être exposés à
des agents contaminants de nature biologique, chimique, radiologique ou physique et sensibles aux
risques ergonomiques et psychosociaux (17). Les efforts déployés pour assurer des conditions de
travail durables, saines et sûres dans le secteur de la santé sont donc importants tant pour améliorer
le bien-être des patients et des communautés que pour réduire les risques vis-à-vis des travailleurs
exerçant des activités liées aux soins de santé. Les interventions renforcent la résilience dans son
ensemble, et en particulier la résilience du personnel de santé face aux changements climatiques.
42 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
PERSONNEL DE SANTÉ
Tableau d’interventions 4.1.1A – Ressources humaines : établissements de santé disposant d’un
nombre suffisant d’agents de santé avec des conditions de travail salubres et sécurisées, ayant la
capacité de faire face aux risques sanitaires liés au changement climatique, et sensibilisés et dotés
des moyens nécessaires pour garantir des actions écologiquement durables.
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 43
PERSONNEL DE SANTÉ
44 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
PERSONNEL DE SANTÉ
Interventions (niveau d’accomplissement)
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
Un plan est en place pour le déménagement des
équipements, médicaments et dispositifs médicaux
hospitaliers en cas d’inondation, ou le transfert
définitif des équipements pour les installer dans des
étages supérieurs dans les zones inondables*
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 45
PERSONNEL DE SANTÉ
46 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
PERSONNEL DE SANTÉ
Tableau d’interventions 4.1.1C – Communication et sensibilisation : informer, mobiliser et
sensibiliser davantage les agents de santé, les patients, les visiteurs, les communautés cibles et
d’autres secteurs sur la résilience climatique et la durabilité environnementale.
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 47
PERSONNEL DE SANTÉ
48 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
PERSONNEL DE SANTÉ
Interventions (niveau d’accomplissement)
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 49
PERSONNEL DE SANTÉ
Sources : (17,74,75,87)
* Actions qui nécessitent le soutien des autorités locales ou nationales, ou d’autres secteurs
50 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
4.2 INTERVENTIONS CONCERNANT L’EAU, L’ASSAINISSEMENT ET LES
DÉCHETS MÉDICAUX
La mise à disposition de services durables d’eau, d’assainissement et de gestion des déchets
environnementaux, chimiques et médicaux, est primordiale pour la qualité des soins et la lutte anti-
infectieuse dans les établissements de santé. Des progrès et des engagements importants ont été
obtenus dans ce domaine au cours des dernières années. L’OMS, l’UNICEF, les États Membres, et
Gestion des risques : renforcement de la capacité des établissements de santé à gérer les risques
liés à l’eau, à l’assainissement, aux produits chimiques et aux déchets médicaux pour les travailleurs,
les patients et les communautés desservies, en incluant des évaluations de la résilience climatique et
de la durabilité environnementale dans les mesures de protection contre les dangers et en identifiant
et en réduisant les expositions et les vulnérabilités.
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 51
Tableau d’interventions 4.2.1A – Suivi et évaluation : les informations concernant l’eau,
l’assainissement et la gestion des produits chimiques et des déchets médicaux tiennent compte de
la résilience climatique et de la durabilité environnementale pour promouvoir l’action.
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
52 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Tableau d’interventions 4.2.1B – Gestion des risques : renforcement de la capacité des
établissements de santé à gérer les risques liés à l’eau, à l’assainissement, aux produits chimiques
et aux déchets médicaux pour les travailleurs, les patients et les communautés desservies, en incluant
des évaluations de la résilience climatique et de la durabilité environnementale dans les mesures de
protection contre les dangers et en identifiant et en réduisant les expositions et les vulnérabilités.
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 53
Interventions (niveau d’accomplissement)
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
Les réservoirs de stockage d’eau ne sont pas situés
dans des zones susceptibles d’être inondées, ce qui
EAU, ASSAINISSEMENT ET DÉCHETS MÉDICAUX
54 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Tableau d’interventions 4.2.1C – Réglementations en matière de santé et sécurité : les
réglementations relatives à l’eau, à l’assainissement, aux produits chimiques et aux déchets médicaux
sont appliquées en tenant compte de la variabilité et du changement climatiques, ainsi que de la
durabilité environnementale.
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 55
Interventions (niveau d’accomplissement)
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
Des fosses à déchets sont construites pour résister
aux événements climatiques et aux situations
EAU, ASSAINISSEMENT ET DÉCHETS MÉDICAUX
d’urgence*
Sources : (17,55,74,75,84,88)
* Actions qui nécessitent le soutien des autorités locales ou nationales, ou d’autres secteurs
56 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Tableau d’interventions 4.2.2A – Suivi et évaluation : les informations concernant l’eau,
l’assainissement et la gestion des produits chimiques et des déchets médicaux tiennent compte de
la résilience climatique et de la durabilité environnementale pour promouvoir l’action.
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 57
Interventions (niveau d’accomplissement)
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
Les eaux usées sont gérées en toute sécurité grâce
à un traitement sur place (fosse septique suivie
EAU, ASSAINISSEMENT ET DÉCHETS MÉDICAUX
58 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Tableau d’interventions 4.2.2C – Réglementations en matière de santé et sécurité : les
réglementations relatives à l’eau, à l’assainissement, à la sécurité chimique et aux déchets médicaux
sont appliquées en tenant compte de la variabilité et du changement climatiques, ainsi que de la
durabilité environnementale.
Sources : (6,17,18,41,55,74,89-91)
* Actions qui nécessitent le soutien des gouvernements locaux ou nationaux, ou d’autres secteurs
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 59
4.3 INTERVENTIONS DANS LE DOMAINE DE L’ÉNERGIE
L’accès à l’électricité dans les établissements de santé est déterminant pour atteindre les cibles de la
CSU et de plusieurs ODD, notamment l’amélioration de la santé maternelle, la réduction de la mortalité
de l’enfant et la prévention des maladies. De nombreux établissements de santé, en particulier ceux
situés en zone rurale, ne disposent pas d’un approvisionnement en électricité fiable et abordable
pour faire fonctionner les services de base tels que l’éclairage, les moyens de communication, la
réfrigération, les dispositifs de diagnostic et les appareils médicaux nécessaires aux services de
santé (44,47). En outre, un usage inefficace des technologies énergétiques, par exemple l’utilisation
d’appareils et de dispositifs à faible rendement énergétique, contribue au gaspillage et au coût des
combustibles et augmente la pollution de l’air.
Gestion des risques : renforcement de la capacité des établissements de santé à gérer les risques
liés à l’énergie pour les travailleurs, les patients et les communautés concernées, en incluant des
évaluations de la résilience climatique et de la durabilité environnementale dans les mesures de
protection contre les dangers et en identifiant et en réduisant les expositions et les vulnérabilités.
disposent pas d’un accès régulier à l’électricité (qu’elle provienne d’un réseau électrique ou qu’elle
soit produite localement), le changement climatique peut limiter encore cet accès. Les phénomènes
météorologiques extrêmes, tels que les tempêtes, peuvent détruire les lignes électriques ou les
panneaux solaires. Les inondations peuvent affecter les générateurs ou le stockage des batteries.
La canicule peut augmenter la consommation d’électricité dans les villes aux fins d’alimenter la
climatisation, ce qui peut finir par déclencher un rationnement ou des pannes. La plupart de ces
problèmes peuvent être surmontés grâce à une bonne planification pour laquelle il existe de plus
en plus de ressources disponibles (51,52).
Malgré tout, un établissement de santé peut réduire ses émissions de gaz à effet de serre et améliorer
sa résilience face aux perturbations et au manque de fiabilité du réseau électrique. Lorsque l’énergie
du réseau est indisponible ou peu fiable, les établissements de santé peuvent mettre au point et
utiliser des systèmes hors réseau. L’énergie solaire peut être captée par des cellules photovoltaïques
pour chauffer l’eau ou produire de l’électricité (qui peut être stockée dans des batteries). Les systèmes
de chauffage urbain peuvent améliorer l’efficacité énergétique des villes et des bâtiments, tandis
que la géothermie en circuit fermé ou à faible enthalpie peut constituer une alternative de chauffage
thermique à faible empreinte carbone. L’énergie peut également être produite sur place grâce à
d’autres sources renouvelables, telles que le vent, la biomasse ou l’hydroélectricité. La situation et
la taille de l’établissement de santé ainsi que la disponibilité des ressources énergétiques peuvent
influer sur le choix de la solution énergétique durable la plus adaptée.
Les énergies renouvelables peuvent être déployées en utilisant des approches aussi bien centralisées
que décentralisées. Comme les énergies renouvelables sont propres, dans les deux cas, l’approche
60 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
choisie contribue à la durabilité environnementale. Les énergies renouvelables peuvent être déployées
sur site avec une approche décentralisée dans les endroits déjà connectés au réseau (comme les
établissements en zone urbaine) et dans ceux qui ne sont pas connectés au réseau (par exemple en
zone rurale). Les systèmes décentralisés de production d’énergie renouvelable jouent un rôle crucial
dans la résilience climatique, par exemple lors d’événements météorologiques extrêmes si le réseau
national est endommagé ou si les générateurs diesel sur site présentent des dysfonctionnements
qui seraient dus à des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement en carburant.
Tableau d’interventions 4.3.1A – Suivi et évaluation : les informations relatives aux services
énergétiques doivent prendre en compte la résilience climatique et la durabilité environnementale
pour promouvoir l’action.
ÉNERGIE
Les énergies renouvelables (comme l’énergie
solaire) sont suffisantes pour alimenter des
équipements tels que les réfrigérateurs
Inspection de toutes les conduites de chauffage, de
ventilation et de climatisation, en vérifiant qu’elles
sont en bon état et correctement soutenues par la
structure du bâtiment
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 61
Tableau d’interventions 4.3.1B – Gestion des risques : renforcement de la capacité des
établissements de santé à gérer les risques liés à l’énergie pour les travailleurs, les patients et les
communautés desservies, en incluant des évaluations de la résilience climatique et de la durabilité
environnementale dans les mesures de protection contre les dangers et en identifiant et en réduisant
les expositions et les vulnérabilités.
62 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Interventions (niveau d’accomplissement)
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
Des sources d’alimentation électrique auxiliaires
essentielles sont disponibles pour les infrastructures
des bâtiments (telles que le courant électrique, le
chauffage et le refroidissement)*
Sources : (8,47,55,74,87,92)
* Actions qui nécessitent le soutien des autorités locales ou nationales, ou d’autres secteurs
ÉNERGIE
le gaz. Les émissions de gaz à effet de serre et la pollution atmosphérique générée par la combustion
de combustibles fossiles sont les principaux responsables du changement climatique mondial et
des problèmes de santé locaux. En augmentant l’efficacité énergétique et en passant à des sources
d’énergie propres et renouvelables, le secteur de la santé peut réduire les émissions de GES et
contribuer à protéger la santé publique contre les effets du changement climatique et de la pollution
atmosphérique. Indirectement, ces changements peuvent avoir des retombées positives aux plans
sanitaire et économique, avec la baisse des admissions à l’hôpital et des traitements pour des
maladies chroniques telles que l’asthme, les maladies pulmonaires et cardiaques causées par la
pollution créée par l’extraction, le raffinage et la combustion du charbon, du pétrole et du gaz.
Les établissements de santé peuvent promouvoir les économies d’énergie et l’efficacité énergétique
et mettre en œuvre des stratégies et des procédures de passation de marchés privilégiant les
énergies renouvelables, qui leur permettront de réduire les émissions de GES et d’économiser des
ressources financières, tout en maintenant ou en améliorant la qualité des soins. Les principaux
domaines où des actions s’imposent sont les suivants :
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 63
intérieures. Les appareils ayant une bonne performance énergétique, ainsi que l’isolation
thermique, contribuent également à l’efficacité énergétique.
Transport : est une source majeure de pollution atmosphérique et aussi d’émissions de gaz à
effet de serre, et le secteur de la santé (avec son parc d’ambulances, de véhicules hospitaliers
et de véhicules de livraison, ainsi que les déplacements du personnel et des patients) est une
industrie gourmande en transports.
Nourriture : celle qui est achetée, préparée et servie dans toute une série d’établissements de
santé contribue aux émissions de GES du secteur des soins de santé.
Produits pharmaceutiques : ils sont produits dans des installations qui consomment beaucoup
d’énergie et émettent des quantités importantes de GES. Au moment de choisir et de prescrire
des médicaments, il sera parfois possible de retenir ceux dont la fabrication a le moins d’impact
sur l’environnement.
Tableau d’interventions 4.3.2A – Suivi et évaluation : les informations relatives aux services
énergétiques doivent prendre en compte la résilience climatique et la durabilité environnementale
pour promouvoir l’action.
de performances énergétiques
64 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Tableau d’interventions 4.3.2B – Gestion des risques : renforcement de la capacité des
établissements de santé à gérer les risques liés à l’énergie pour les travailleurs, les patients et les
communautés desservies, en incluant des évaluations de la résilience climatique et de la durabilité
environnementale dans les mesures de protection contre les dangers et en identifiant et en réduisant
les expositions et les vulnérabilités.
ÉNERGIE
Améliorer l’efficacité énergétique du parc
de véhicules des établissements de santé et
encourager le personnel, les patients et les visiteurs
à marcher ou à utiliser le covoiturage, les transports
publics ou les bicyclettes chaque fois que cela est
possible*
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 65
Tableau d’interventions 4.3.2C – Réglementations en matière de santé et sécurité : les
réglementations en matière d’utilisation et d’accès à l’énergie sont appliquées en tenant compte de
la variabilité et du changement climatiques, ainsi que de la durabilité environnementale.
66 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
4.4 INTERVENTIONS CONCERNANT L’INFRASTRUCTURE, LES
TECHNOLOGIES ET LES PRODUITS
Ces interventions portent à la fois sur des éléments structurels et des éléments non structurels (55).
Les éléments structurels sont ceux qui font partie du système porteur du bâtiment, tels que les piliers,
les poutres, les murs, les dalles de plancher, les fondations. Les mesures structurelles applicables
aux établissements de santé comprendront celles favorisant les constructions bâties pour résister
aux inondations, aux tempêtes, aux vents violents ou à l’élévation du niveau de la mer. Les éléments
non structurels sont ceux qui sont indispensables au fonctionnement de l’établissement de santé.
Il s’agit par exemple des éléments architecturaux, des voies d’accès et de sortie d’urgence vers et
depuis l’établissement de santé, des systèmes essentiels (tels que l’électricité, l’approvisionnement
en eau, la gestion des déchets, la protection contre les incendies), du matériel médical, de laboratoire
et de bureau (fixe ou mobile), des fournitures utilisées pour les analyses et les traitements (55), ainsi
que des technologies émergentes ayant fait récemment d’importantes avancées au niveau mondial
(telles que la santé numérique, notamment le suivi des flambées épidémiques). Les mesures non
structurelles comprennent désormais également la sensibilisation, la formation et l’éducation (93),
dont il est question dans les présentes orientations à la rubrique « personnel de santé ».
Durabilité des activités des établissements de santé : adopter et acquérir des technologies, des
processus et des produits à faible impact environnemental afin de renforcer la résilience au climat
et la durabilité environnementale.
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 67
Tableau d’interventions 4.4.1A – Adaptation des infrastructures et systèmes actuels :
application effective des règles de construction lors de la construction et de la modernisation des
établissements de santé afin de garantir la résistance au climat et la durabilité environnementale.
68 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Interventions (niveau d’accomplissement)
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
La construction de nouvelles infrastructures tient
compte d’une série de scénarios de risques liés au
climat, tels que la sécheresse, les inondations, les
pluies prolongées, les tempêtes, les vents violents,
les vagues de chaleur et l’élévation du niveau de
la mer*
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 69
Interventions (niveau d’accomplissement)
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
Matériaux de toiture entièrement et solidement fixés,
soudés, rivetés ou cimentés
Le système d’évacuation des eaux pluviales sur les
toits a une capacité suffisante et est correctement
entretenu
Le toit est étanche et isolé
Toits à sécurité renforcée conçus pour résister à des
vents de 175-250 km/h dans les zones exposées aux
tempêtes tropicales de forte intensité*
Le système d’approvisionnement en eau dispose
de réserves suffisantes, avec un dispositif de
secours, pour pouvoir répondre à la demande dans
l’établissement pendant au moins trois jours, à tout
moment*
70 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Tableau d’interventions 4.4.1B – Promotion de nouveaux systèmes et de nouvelles
technologies : adopter de nouvelles technologies et de nouveaux processus qui peuvent assurer
la résilience climatique, la durabilité environnementale et une meilleure prestation des services de
santé.
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 71
Interventions (niveau d’accomplissement)
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
Des dispositifs et des équipements sont installés
pour surveiller les températures intérieures, refroidir
les bâtiments et espaces existants, occulter le soleil
direct, augmenter la circulation d’air en cas de
chaleur extrême
Tableau d’interventions 4.4.1C – Durabilité des activités des établissements de santé : adopter
et acquérir des technologies, des processus et des produits à faible impact environnemental afin de
renforcer la résilience au climat et la durabilité environnementale.
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
Les aléas d’origine climatique (actuels et potentiels)
sont classés comme étant élevés (indiquant une
forte probabilité d’occurrence des aléas ou des aléas
de grande ampleur, ou les deux), moyens (une forte
probabilité d’occurrence d’aléas modérés) et faibles
(une faible probabilité d’occurrence ou des aléas de
faible ampleur)*
72 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Interventions (niveau d’accomplissement)
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
Un plan d’urgence sanitaire pour l’établissement de
santé est disponible afin de guider les activités de
préparation et l’organisation des secours, avec une
ligne budgétaire claire
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 73
Interventions (niveau d’accomplissement)
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
Les dossiers médicaux des patients sont stockés
dans de bonnes conditions de sécurité, en
particulier dans les zones inondables
Des protocoles sont créés pour permettre au service
de restauration de l’établissement de santé de
réagir et de se remettre d’un événement climatique
extrême (par exemple des menus d’urgence) et
de flambées de maladies d’origine alimentaire
(assainissement, désinfection, isolement)*
74 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Interventions (niveau d’accomplissement)
Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
Un générateur auxiliaire capable de répondre aux
demandes prioritaires de l’établissement de santé
est disponible
Une chaîne du froid ininterrompue est assurée
pour les articles essentiels qui ont besoin d’être
réfrigérés*
Des réfrigérateurs à vaccin, ayant des durées
d’efficacité suffisantes, sont disponibles pour garder
les vaccins au froid pendant les périodes prolongées
de panne de courant
Sources : (8,18,19,30,54,55,74,75,81–85,88,94–98)
* Actions qui nécessitent le soutien des autorités locales ou nationales, ou d’autres secteurs
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 75
Tableau d’interventions 4.4.2A – Adaptation des infrastructures actuelles : application effective
des règles de construction lors de la construction et de la modernisation des établissements de
santé afin de garantir la résistance au climat et la durabilité environnementale.
76 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Tableau d’interventions 4.4.2B – Promotion de nouvelles technologies : adopter de nouvelles
technologies et de nouveaux processus qui peuvent assurer la résilience climatique, la durabilité
environnementale et une meilleure prestation des services de santé.
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 77
Tableau d’interventions 4.4.2C – Durabilité des activités des établissements de santé : adopter
et acquérir des technologies, des processus et des produits à faible impact environnemental afin de
renforcer la résilience au climat et la durabilité environnementale.
78 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Interventions (niveau d’accomplissement) Niveau d’action
Faible, indisponible, impossible
Observations
Moyenne, en cours, incomplète
Forte, terminée, aboutie
4 Interventions permettant de renforcer la résilience climatique et la durabilité environnementale des établissements de santé 79
5
CHAPITRE
80
5 CONCLUSIONS
Les établissements de santé sont soumis aux effets du changement climatique et sont également
sensibles à leur milieu environnant. Mais de leur côté, dans le cadre de leurs activités, les établissements
de santé produisent des gaz à effet de serre, lesquels contribuent au changement climatique, et par
leurs émissions et leurs pratiques non durables, les établissements de santé peuvent contribuer
à la dégradation de l’environnement. Les présentes orientations visent à développer sur le long
terme la résilience au climat et la viabilité écologique des établissements de santé. Elles partent du
principe que les établissements de santé doivent satisfaire à un minimum de quatre exigences pour
dispenser des soins sûrs et de qualité : (i) une main-d’œuvre qualifiée et informée, (ii) des services
adéquats en matière d’eau, d’assainissement et de déchets, (iii) des services énergétiques, et (iv) des
infrastructures sûres, fonctionnelles et durables, y compris en ce qui concerne les technologies et les
produits. Parallèlement, les établissements de santé doivent réfléchir à la manière dont ils peuvent
renforcer ces quatre exigences de base pour devenir résilients face au changement climatique, et
à la manière dont ils peuvent contribuer à la durabilité environnementale.
Il est important de noter que ce guide doit être adapté aux réalités et aux besoins locaux.
L’enrichissement des connaissances, l’expérience accumulée et les leçons apprises auprès de
plusieurs établissements de santé, ainsi que des circonstances nouvelles (comme celles engendrées
par des situations d’urgence de santé publique, telles que la pandémie de COVID-19), impliquent
qu’il faut utiliser ce guide avec souplesse, et plus comme un modèle à suivre pour améliorer les
activités, que comme une prescription de mesures à prendre. Qu’ils soient grands ou petits, tous
les établissements de santé peuvent améliorer leurs activités tout en tenant compte des principales
préoccupations environnementales.
81
ANNEXE A. RÉPONDRE AUX MANDATS MONDIAUX
Depuis plus de dix ans, l’OMS apporte un soutien technique aux pays qui cherchent à accroître la
résilience de leur système de santé face au changement climatique. En mai 2008, la Soixante et
Unième Assemblée mondiale de la Santé a adopté une résolution (WHA61.19) dans laquelle il était
convenu que le Secrétariat travaille avec les pays pour faire face aux défis croissants du changement
climatique pour la santé. Plus précisément, elle a reconnu qu’il était nécessaire d’« aider les États
Membres à évaluer les conséquences du changement climatique sur la santé et leur système de santé ».
Elle a reconnu en outre qu’il est fondamental et prioritaire de renforcer les systèmes de santé pour
qu’ils puissent faire face à la fois aux changements progressifs et aux crises soudaines et ainsi traiter
les effets directs et indirects du changement climatique sur la santé (103). Le plan de travail 2014-
2019 lancé par l’OMS un an plus tard proposait quatre objectifs, l’un concernant plus spécifiquement
les systèmes de santé : renforcer les systèmes de santé pour qu’ils puissent faire face aux risques
sanitaires liés au changement climatique, notamment les situations d’urgence liées aux phénomènes
météorologiques extrêmes et l’élévation du niveau des mers (104). En outre, le plan de travail comportait
les objectifs prioritaires suivants pour les établissements de santé : assurer la résilience face aux
risques liés au changement climatique ; la prestation des services environnementaux (notamment
l’accès à l’électricité, à une eau propre et à l’assainissement et à la gestion des déchets) ; et la réduction
des émissions de GES provenant des activités du secteur de la santé (104).
L’expérience de l’OMS a conduit à l’élaboration d’orientations pertinentes pour tous les domaines
de travail qui s’inscrivent dans le cadre de l’amélioration de la résilience climatique des systèmes de
santé. Ces domaines peuvent être globalement structurés selon les 10 éléments constituant le Cadre
opérationnel de l’OMS (1): (i) direction et gouvernance ; (ii) personnel de santé ; (iii) évaluation de la
vulnérabilité, des capacités et de l’adaptation ; (iv) surveillance intégrée des risques et alerte précoce ;
(v) recherche sur la santé et le climat ; (vi) technologies et infrastructures durables et adaptables aux
effets climatiques ; (vii) gestion des déterminants environnementaux de la santé ; (viii) programmes de
santé prenant en compte les risques sanitaires liés au climat ; (ix) préparation aux situations d’urgence
et gestion des urgences ; (x) financement de la santé et de l’adaptation au changement climatique.
82 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
Stratégie mondiale OMS sur la santé, l’environnement et les changements climatiques : objectifs
stratégiques et leur relation avec des établissements de santé résilients face au changement
climatique et écologiquement viables
Action intersectorielle : agir sur Cet objectif souligne que les décisions prises concernant les facteurs de risque
les déterminants de la santé dans pour la santé, l’accession à la santé et sa protection devraient être promues
toutes les politiques et dans tous comme un but explicite dans des secteurs fondamentaux comme l’énergie,
les secteurs les transports, le logement, le travail, l’industrie, les systèmes alimentaires
et l’agriculture, l’eau et l’assainissement, et la planification urbaine. Le
secteur de la santé est pris en compte à la fois parce qu’il s’agit d’un secteur
fondamental et parce qu’il est tributaire de tous les autres secteurs pour son bon
fonctionnement, notamment celui de ses établissements de santé.
Renforcement du secteur de Cet objectif répond directement aux besoins urgents du secteur de la santé
la santé : renforcer les rôles du qui sont d’assurer des services environnementaux essentiels dans les
secteur de la santé en matière de établissements de santé, de préserver la santé et de renforcer la durabilité
leadership, de gouvernance et de environnementale. Plus précisément, la Stratégie indique que « dans les
coordination pays à revenu faible ou intermédiaire, il faut pallier une importante lacune et
doter les établissements de santé de systèmes d’approvisionnement en eau,
d’assainissement et de pratiques d’hygiène sans risque, leur garantir aussi une
viabilité énergétique, et leur permettre de résister à des événements climatiques
extrêmes et autres situations d’urgence. Le secteur de la santé doit également
montrer l’exemple en matière de politiques et de services liés aux achats, de
gestion des déchets et de choix énergétiques afin de limiter tout impact négatif
sur la santé, l’environnement et le changement climatique. »
Renforcer le soutien : créer des Cet objectif appelle à accroître la demande et à renforcer le leadership pour la
mécanismes de gouvernance et santé, avec un engagement fort du secteur de la santé et de la communauté
de soutien politique et social pour mettre en œuvre des politiques favorables à la santé, et en particulier, une
conception et une gestion saines de l’environnement. Cette démarche peut
facilement s’étendre à la conception et à la gestion des établissements de santé.
Il existe un vaste ensemble d’informations et d’outils permettant de mesurer la
charge de morbidité due aux environnements à risque. Les établissements de
santé contribuent également à la pollution des sols, de l’eau et de l’air, y compris
aux émissions de gaz à effet de serre, ce qui rend plus que jamais nécessaire et
urgent de montrer l’exemple.
Amélioration des données Cet objectif appelle à élaborer des lignes directrices fondées sur des données
factuelles et de la probantes pour appuyer une action efficace aux niveaux national et infranational,
communication : produire la base y compris à mettre des outils à la disposition des principales parties prenantes
de connaissances sur les risques pour guider l’action en faveur de la santé. Il s’agira entre autres de développer
et les solutions, et communiquer des outils d’action utilisables par les établissements de santé. Cet objectif
efficacement ces informations préconise également de renforcer les arguments en faveur de l’allocation d’un
pour orienter les choix et les financement adéquat et d’influer sur les investissements. Il s’agira notamment
investissements d’évaluer les coûts et les avantages de la mise en place de systèmes de santé
résilients au climat, y compris les établissements de santé, et de justifier
financièrement le financement des projets.
Suivi : orienter l’action en Tous les ODD ont des cibles qui sont directement ou indirectement liées à la
assurant le suivi des progrès constitution de systèmes de santé résilients au climat et écologiquement viables.
accomplis sur la voie de la
réalisation des objectifs de
développement durable
Source : (107)
Une réunion de haut niveau sur la CSU a reconnu la nécessité de « mettre en place des systèmes
de santé solides, résilients, fonctionnels, bien gérés, réactifs, responsables, intégrés, de proximité, à
dimension humaine et capables de fournir des services de qualité, qui s’appuient sur un personnel
de santé compétent, des infrastructures sanitaires adéquates, des cadres législatifs et réglementaires
bien adaptés ainsi que sur des financements suffisants et durables ». Elle a également pris note
des effets néfastes des changements climatiques, des catastrophes naturelles, des phénomènes
climatiques extrêmes ainsi que d’autres facteurs environnementaux déterminants, en reconnaissant
en outre la nécessité de disposer de systèmes de santé résilients pour protéger la santé de toutes
les populations (110).
La notion de soins de santé primaires est une notion fondée sur trois composantes. Il s’agit de :
(i) veiller à satisfaire les besoins en santé de toutes les populations tout au long de leur vie ;
(ii) prendre en compte les déterminants plus larges de la santé grâce à des politiques et des mesures
multisectorielles ; et
(iii) doter les individus, les familles et les communautés de moyens pour prendre en charge leur
propre santé.
En fournissant des soins dans la communauté ainsi que des soins par l’intermédiaire de la
communauté, la démarche des soins de santé primaires permet aux SSP de répondre non seulement
aux besoins en santé de l’individu et de la famille, mais aussi au problème plus large de la santé
publique et des besoins de populations bien définies (111). Les principes des SSP ont été énoncés
pour la première fois dans la Déclaration d’Alma-Ata en 1978, et ratifiés quarante ans plus tard par les
dirigeants mondiaux dans la Déclaration d’Astana en octobre 2018 (112). Des soins de santé fondés
sur des stratégies résilientes au changement climatique et à faibles émissions de carbone, telles
84 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
que celles faisant appel aux énergies renouvelables et aux dispositifs médicaux à haut rendement
énergétique, peuvent rendre les soins de santé plus accessibles et faciliter ainsi la mise en place
des soins de santé primaires. À cet égard, les SSP peuvent devenir un puissant élément de progrès
dans la lutte contre les effets du changement climatique et la résilience des communautés face au
climat, et pour parvenir à un développement à faibles émissions de carbone. Le personnel soignant
des structures de soins primaires devra également créer des systèmes d’intervention d’urgence en
santé publique qui résistent au climat pour assurer la viabilité de la fourniture de services de santé
essentiels aux personnes touchées par des phénomènes météorologiques extrêmes.
Sur la base du principe « des responsabilités communes mais différenciées et des capacités
respectives, eu égard aux différentes situations nationales », les pays qui contribuent le plus aux
émissions sont ceux qui sont tenus de prendre les mesures les plus fortes. Cependant, tous les
gouvernements peuvent montrer leur engagement dans l’Accord de Paris par le biais des contributions
déterminées au niveau national (CDN) présentées par leur pays, tout en réalisant les objectifs de
santé mondiale tels que la CSU et en s’efforçant d’atteindre les ODD.
L’Accord de Paris exige de toutes les Parties qu’elles fassent tout leur possible pour présenter des
CDN et qu’elles renforcent ces efforts dans les années à venir. Cela comprend l’obligation pour toutes
les Parties de rendre compte régulièrement de leurs émissions et de leurs efforts de mise en œuvre.
Les pays peuvent renforcer leurs CDN en élaborant des objectifs et des politiques climatiques qui
privilégient et favorisent la santé. L’intégration de considérations de santé publique dans les CDN
est l’occasion de renforcer la mobilisation grâce, par exemple, aux retombées positives de l’action
climatique au plan social, à la création de systèmes de santé résilients au climat ou à des mesures
d’adaptation hiérarchisées (114).
86 Etablissements de santé résilients face au changement climatique et écologiquement viables : orientations de l’OMS
dans les établissements de santé, depuis les pesticides jusqu’aux nettoyants, en passant par les
plastiques, contiennent des POP ou génèrent des POP lorsqu’ils sont brûlés, comme la dioxine (121).
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NOTES
NOTES
Département Environnement, changement climatique et santé
Organisation mondiale de la Santé (OMS)
Avenue Appia 20 – CH-1211 Genève 27 – Suisse
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