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Carton Rouge ou Mort Subite-A2

Les personnages
→La famille Forestier
–Madame Forestier:mère de Jérôme.
–Monsieur Michel Forestier:père de Jérôme.
–Jérôme:collégien.
→La famille Monestier
–Madame Claire Monestier:mère de Charlotte.
–Alain:mair de Claire Monestie,beau-père de Charlotte.
–Charlotte:collégienne.
→Autres personnages
–Alexis:son vrai non est Alexandre Spanic.C’est l’entraîneur d'une équie de qui doit
jouer contr l’Or.
–Bivault:caissier général de la banque dumond et Forestier et trésorier de l’Or.
–Michel Dumont:associé le monsieur Forestier à la banque Dumont et
Forestier.Président de l'OR,le club de football de Roicy.
–Mylène:secrétaire à la banque Dumond Forestier.
–Roland:cousier et homme à tout faire de la banque Dumont et Forestier.
Et aussi...
–L’homme au blouson de motard;la prof de français (prof principale) de Charlotte et de
–Jérôme;des policier:un commissaire,un inspecteur de police et deux sous-brigadiers.
–Lieu:Roicy,dans la banlieue parisienne.Roicy a son club de football,l’OR.

Chapitre 1 – Un million d’euros dans un sac


Le commissaire s’approcher du sac de sport contenant le million,et demande au
graçon de décliner son identité.
–Jérôme Forestier.
–Jérôme Forestier...Il y a un rapport avec la banque Dumont et Forestier? questionne
le commissaire en tirant sur la fermeture éclair.
–Oui.C’est le fils unique du banquier Forestier,précisee l’inspecteur.
Le commissaire ouvre le sac de sport afin d'en découvrir le contenu.Il se fige
quelques seconds,écarquille les yeux et émet un sifflement d’admiration.Puis il plonge
la main et en retire des liasses de billets de cinq cents euros.
–Jérôme,il va falloir nous expliquer comment cette fortune est arrivée dans ton sac de
sport,lance le commisssaire.
Jérôme est de taille moyenne.Pas très musclé,Une sorte de gringalet aux cheveux
roux et au visage couvert de taches de rousseur.Des yeux verts,très beaux,très pétillants.
Des yeux d'Irlandais.
–Combien y a-t-il dans ce sac? interroge le commissaire en tournant le regard vers
l’inspecteur.
–Un million.Tout juste.
–Il va falloir nous expliquer,Jérôme...répète le commissaire d’une voix calme.
–On n’a pas pu lui tirer la moindre parole en dehors de son indentié et de:«C’est pour
mon père.Je dois le lui porter à l'arrivée de l’avion de Bruxelles,à 17 heures,quand il
reviendra de sa reúnion avec les actionnaires belges»,explique l'inspecteur.Il a dit ça
trois fois et puis plus rien.
–Et les parnts?
–Ils sont bien partis ce matin pour Bruxelles.
–Vous avez vérifé?
–Oui!Enfin,j’ai passé un coup de fil à la secrétaire du père en disant que je voulais
absolument le rencontrer.Ça n’a pas été facile de lui faire cracher le morceau.
–Elle n’a pas soupçonné qui vous étiez,au moins? Il ne faudrait pas qu’elle
l’avertisse...On ne sait jamais,il pourrait décider de fuir.
–J’ai vraiment fait attention,commissaire.
–Et pour l’avion?
–Il arrive bien de Bruxelles à 17 heures,comme l’a dit le môme.Un vol de la
European Airlines.Forestier et sa femme figurent sur la liste des passagers.Une équipe
les intercepterra dès leur descente d’avion et les amènera directement ici.
Un imperceptible sourire s'ébauche sur les lèvres de Jérôme,mais ni le commissaire ni
son inspecteur ne le remarquent.
–Parfait...

Pendant ce temps,une collégienne regarde les affiches du Magic-Gaumont,le


cinéma du centre-ville...

Avec des yeux! Verts comme on n’en rencontre que dans les films.éclatants,au
milieu de ce visage constellé de taches de rousseur.Quelle vivacité dans son regard! Et
les cheveux! Un crinière rousse qui lui descend jusqu’aux fesses.
Charlotte jette encore un oeil à sa montre puis pénètre dans le hal du cinéma d'un
pas décidé.Elle se dirige aussitôt vers la caisse.
–Une place pour Jour de fret,s’il vous plaît.
Quelques instants plus tard,elle est assise au dernier rang,en plein milieu.
«Je suis aussi bien ici,se dit-elle en attendant le début de la séance.De toute
manière,l’avion n’arrive qu’à 17 heures.Le temps que les policiers amènent les parents
et que tout le monde s’explique un peu,l’autre ne sera pas là avant 18 heures.Inutile que
je continue à piétiner dehors...»
Elle pense à Jérôme.Que fait-il en ce moment? Tout se déroule-t-il comme prévu?
Elle ignore ce qui se passe à l’inteérieur du commissariat.Elle pose un main sur son
coeur.L’enveloppe qu’elle cahce depuis ce matin dans la poche intérieure de son anorak
est toujours là.Elle n’aurait jamais imaginé que le contenu d'un simples enveloppe
puisse avoir une telle importcance.
L’homme au blouson de cuir noir s’assied sur le lit de sa chambre d’hôtel et
consulte l’heure à sa montre.13 heures 45,Dans trois heures et demie,tout sera terminé.
Il se prépare avec minutie,justifiant sa réputation de professionnel consciencieux.
Il dégaine son revolver,lève le bras.
Il a posé un tract électoral contre la lampe de chevet,à moins de trois mètres de
lui.Il vise la tête du candidat.Il sourit,satisfait.Il saisit le chargeur,compte les balles et
l’engage dans la crosse du pistolet.D’un geste sec,il le pousse jusqu'au bout.Un déclic
retentit.
«Six balles,c’est trois fois trop.»
D’habitude,il ne lui en faut qu’une,rarement deux.Calme parfait.Gestes
millimétrés.Efficacité maximum.L’homme replace le revolver dans son étui,puis il fixe
le visage du candidat,dégaine à nouveau,vise soigneusement et range ensuit son arme.Il
est prêt.Un policier apporte un sandwich au jambon et une canette de Coca-Cola.Il les
tend au petit rouquin qui ne tourne même pas la tête.
–T'as pas faim? lui demande-t-il.
–Quelle tête de mule! Si c’était le mien...commente le second en agitant la main.
–Assieds-toi au moins,reprend le premier.T’es debout depuis des heures.Tu dois être
fatigué.
Jérôme Forestier reste impassible,les yeux fixés vers un lointain qui se situe bien
au-delà du mur.Debout,raide et droit.Immobile comme un panneau «Stop»,muet comme
un poisson.D’ailleurs le commissaire et ses adjoints en ont rapidement eu assez et l’ont
confié à la garde de deux sous-brigadiers avant de quitter le bureau.C’est vrai,il est
énervant,ce gosse.Rien à en tirer.
–Tu ne veux pas parler au commissaire,d’accord.C'est ton affaire,poursuit le sous-
brigadier en s’asseyant,le jambon-beurre et le Coa dans les mains sans savoir qu’en
faire.À nous non plus,tu ne veux rien dire.D’accord.Tu n’es vraimment pas ordinaire,
vtoi.Tu restes debout des heures durant.Tu ne manges pas et tu as été arrêté avec un
million d’euros dans un sac de sport! Qu’est-ce qui t'a pris de cogner et d'insulter les
collègues? À croire que tu voulais te faire pincer.
Nouveau petit sourire de Jérôme.Toujours aussi discret.Là encore,les policiers ne
le voient pas.
–Ses parents vont arriver dans deux ou trois heures,ajoute le second,il va pas mourir
de faim d’ici là.Donne-moi le casse-croûte.J’ai pas eu le temps de rentrer à la maison ce
midi.

Chapitre 2 - Charlotte
Jérôme a encore trois heures à attendre dans ce bureau du commissariat.Il sent
qu’il va craquer s’il ne fait pas quelque chose.Il s'assied.Puis,bien installé,il décide de
tout raconter depuis le début.Donc,imaginez le collège Joseph-Conrad le jour de la
rentrée,c’est-à-dire il y a quelques mois.
La cloche sonne.Je gagne la salle de classe.Je suis parmi les derniers à entrer.Il ne
reste que les places du premier rang,juste devant le bureau du prof.Je m’assieds à côte
d'une fille aussi rousse que moi.Elle me jette un coup d’oeil et sourit.Elle a des yeux
verts,comme moi,J’ai peut-être hérité d'une voisine sympa.Enfin,de toute façon,j’ai
l’intention de me faire des copains et je changerais place à la première occasion.
La prof,une jeune femme à lunettes d’une trentaine d’annés,nous souhaite la
bienvenue,nous explique qu’elle est notre prof principale,puis nous demande de remplir
une fiche.Nom,prénom,adresse et tout le tralala.Je m'exécute.Mon stylo tremble un
peu.Ma voisine a le geste ferme.Une élève ramasse les fiches et,prétextant qu’ainsi nous
nous connaîtrons plus rapidement,la prof les lit les unes après les autres.
–Jérôme Forestier?
Je lève main.Elle me regarde et hoche la tête.Elle ne me demande rien,mais je lis
dans ses yeux qu’elle pense:
«Ah,oui,le petit Forestier,le fils du banquier.»
Elle semble sur le pont d’enchaîner,ce que réjouit plutôt.Je n’aime pas être dans le
collimateur.Elle dévisage ma voisine avant de revenir à moi.
–Tiens,des jumeaux!
Ma voisine est aussi surprise que moi.Elle hésite,lève le doigt et bredouille:
–Madame,moi,c’est Charlotte Monestier,pas Fo...Mais la prof n’écoute pas.Elle a
repris ma fiche et poursuit:
–Et vous avez la même date de naissance! Bien sûr...
Dix heures vingt.Nous sortons dans la cour pour l’interclasse.Je ne sais pas trop
où aller.Soudain on m’attrape par l’épaule.Je tourne la tête.C’est Charlotte.
–Rigolo,hein,cette prof qui nous prend pour des jumeaux.C’est vrai ue Forestier et
Monestier,à deux lettres près,c’est le même nom de famille...Et puis la date de
naissance...
–Tu es vraiment née le premier septembre?
–Non! Le premier février.
–Elle a confondu mon 9 et ton 2,alors.Avec ses lunettes...
–Et puis on n’a peut-être pas un écriture très,très...En tout cas,c’est rigolo.
Je la dévisage et renchéris après un court silence:
–C’est vrai qu’on se ressemble.
C’est peu dire.Si elle n’avait pas les cheveux longs et le visage légèrement plus fin
que moi,j’aurais l’impression de me regarder dans un glace.
–On n’a qu'à laisser croire qu'on est jumeaux.C’est marrant,non?
Là,je ne sais pas ce qui me prend,mais je me détends et je lui dis sur un ton rieur:
–Pourquoi pas?
–Alors,il faut qu'on se connaisse un peu mieux.Qu’est-ce qu’ils font tes parents?
–Ben,ma mère reste à la maison...et mon père...mon père travaille dans une
banque.C’est un des patrons.
Charlotte ne cille pas.J’enchaîne:
–Et toi?
–Ma mère aussi est banquière...enfin,elle est secrétaire dans une banque,mais pas
celle de ton père.
Petit rire en choeur.Le premier.Ce ne sera pas le dernier.
–Et ton père?
–Mon beau-père! Mon père,lui,est dans un accident d’avion juste avant ma
naissance.
–Oh! Excuse-moi.
–Tu es tout excusé.Tu ne pouvais pas savoir.
–Alors,ton beau-père?
–Il s’appellle Alain.Il travaillait chez Beauséjour,la fabrique de pièce auto,tu
sais,celle qui a fermé voici quelques mois,et il est au chômage maintenant.
Quand la cloche sonne,je m'aperçois que je n'ai pas vu le temps passer.
–Salut et à demain! me lance Charlotte en m’envoyant une petite bise du bout des
doigts.
Ça me fait tout drôle.Je la regarde partir sur son VTT vert fluo.Ses cheveux
flottent au vent...Je me tourne vers le parking après qu’elle a disparu au coin de la rue à
la recherche de la Safrane grise de la banque.Papa l’utilise souvent.Dumont,lui ne la
prend jamais.Il se dit sportif et se déplace à vélo,Ah! La voilà! Roland est à l’heure.
Comme d’habitude.À croire qu’il a avelé un chronomètre le jour de sa naissance.
Roland,c’est le coursier de la banque.Enfin,le coursier,je devrais plutôt dire
l’homme à tout faire de mon père et de son associé.Papa et Dumont lui confient même
l’attaché-case qui sert au transport des documents ultra-confidentiels.Il en a choisi le
code secret...qu’il m’a jamais révélé...Oui,tout le monde l’adore.Moi aussi.Il m’a aperçu
et quitte le capot de la voiture sur lequel il était appuyé.Arrivé à ma hauteur,il me lance:
–Salut Jérôme! Bonne journée? Donne-moi ton sac.
Je refuse net.Roland peine à marcher – il a eu ne attaque de polio quand il était enfat.
–Ouais,bonne journée! Super journée!
Nous sommes maintenant assis dans la voiture.Il tourne la clé de contact.Le
moteur se met à ronronner.J’aime le bruit de cette voiture.Une vraie caresse sonore!
–Alors,raconte...Je lui,parle des cours,de ma classe,de mes premiers contacts avec les
profs qui ont plutôt l'air sympa.
–Et ton prof d'histoire,il est comment?
–Je sais pas.Je ne l'ai pas encore eu.
–J’espère que ce sera un bone prof.L’empire ottoman,c’est au programme?
Aïe! Danger,je dois dévier le tir,sinon j’en ai pour un moment.Roland se
passionne pour l'histoire.L'empire ottoman,c’est son dada.Quand il raconte la bataille de
Lépante ou la prise de Chypre aux Turcs par Don Juan d’Autriche,on a l’impression
qu’il y est.
–Je ne sais pas.Je me suis fait une copine aussi.Une fille vachement cool.Il nous est
arrivé un drôle de truc aujourd’hui.La prof de français,notre prof principale,nous a pris
pour des jumeaux.
–Des jumeaux?
–Ouai! Mais elle a des excuse: on a presque la même date de naissance et des noms
qui ont la même consonance,on était habillés presque pareil et comme on était assis côte
à côte et qu’on est aussi roux l’un que l’autre...
Et je lui encore de Charlotte.La Safrane s’arrête à un feu rouge.Roland me
regarde,un sourire au lèvres.
–Toi,tu es amoureux!
–Eh! Charlotte est une copine,une simples copine.
–Ça commence souvent comme ça...

Chapitre 3 – Supporters de choc


Huit mois sont passés.Jérôme assiste à un match de foot avec son père.Ce
dernier a longtemps été président de l’équipe locale:l’OR,l’Olympique de Roicy.Il a
abandonné l’OR parce qu’il a décidé de se présenter aux élections pour devenir maire de
Roicy. Michel Dumont,son associé,est désormais président du club.L’équipe de Roicy
est battue.Depuis un moment,l’OR joue moins bien et a perdu plusieurs matchs.C’est
une situation difficile,car il faut que l’OR gagne deux des trois prochains matchs pour
aller en coupe d’Europe.Dummont souhatite que la banque fasse un effort financier pour
acheter de nouveaux joueurs et miexu entraîner l’équipe,mais le père de Jérôme ne veut
pas.
Le lendemain matin,j’arrive au collège à la toute dernière minute.La sonnerie
retentit quand je franchis le portail d’entrée.Je cours.Quand j’arrive,tous les élèves sont
déjà assis et la prof s’apprête à fermer la porte.
Je jette un rapide coup d'oeil sur la classe.Un bras se lève.Charlotte m’a réservé
une place.Je fais un geste pour lui répondre.La prof sourit et,au moment où j’amorce lan
traversée de la classe,je l’entends murmurer:
–Heureusement qu’il y a la soeur...
–Salut,me lance Charlotte.Tu es en retard.
–Mon père discutait avec Roland.Ça n’en finissait pas.
–Heureusement que je t’ai gardé une place.
–Merci...
–C’était bien,le match?
–Bof! on a pris une piquette...
–Moi,poursuit Charlotte,quand je suis rentrée à la maison,je ne sais pas pourquoi
mais j’ai eu envie de parler de toi à maman.
–Tu ne l’avais pas encore fait?
–Non!
–Remarque,moi,je n’ai jamais parlé de toi à mes parents.Juste une allusion à Rolland
en début d’année.Et alors,qu’est-ce qu’elle a dit ta mère?
–Je te raconterai à l'interclasse,conclut provisoirement Charlotte à voix basse.
Charlotte raconte à Jérôme qu’elle a l’habitude d'appuyer sur la touche «bis» du
téléphone pour savoir à qui sa mère a téléphoné en dernier.La veille,elle a donc appuyé
sur le bouton et elle est tombée sur...la banque Dumont et Forestier.Bizarre!!
Jérôme,lui,a lu un article sur le dernier match catastrophique que l’OR a perdu
avec un score de 5 à 2.Pendant ce temps,son père recevait des industriels pour leur
expliquer ses projets: s’il est élu maire,il fera tout ce qu’il peut pour qu’un hôpital,un
centre de recherche et un ensemble industriel de fabrication de matériel paramédical
s’installent à Roicy.

Chapitre 4 – Troublane découverte


Charlotte me parle de son père mort dans un accident d’avion.
–Je ne sais même pas où c’est arrivé.Au Brésil,je crois;du moins,c’est ce que maman
m’a laissé entendre un jour.Mais je n’ose pas la questionner à ce sujet.Je sens bien
qu’elle ne veut pas en parler.
–Elle a sans doute encore beaucoup de peine...
–Ils n’étaient pas mariés.
–Ça n’empêche pas les sentiments!
–Bien sûr,mais je crois plutôt qu’elle ne veut dire certaines choses.Je n’ai qu’une
photo de lui,une petite photo que j’ai trouvée un jour,par hasard,dans un livre de la
bibliothèque.Je l’ai prise,je l’ai gardée.Maman ne le sait pas.Enfin,je le pense...
–Comment tu sais que c’est ton père?
–Au dos de la photo,maman a écrit: «Michel et moi.».Ça ne peut être que lui.
–Tu ne me crois pas?
–Si.
–La photo dont je t’ai parlé,je l’ai apportée.Si tu me promets de ne jamais rien dire à
personne,je te la montre.Charlotte est très émue.
–Promis...
Elle sourit,plonge sa main dans la poche intérieure de son anorak et en ressort un
petit album au fermoir doré.Elle se rapproche de moi et l’ouvre.Plusieurs photos
glissées dans des pochettes en plastique passent devant mes yeux.Puis Charlotte ralentit
et découvre la plhoto.Des mosquées et des dizaines de minarets sur les collines en
constituent le fond.Au premier plan,il y a un couple: une femme,belle,assez grande,
élégante,serre le bras d’un homme en chemisette qui porte des lunettes de soleil.
–Je crois qu’elle a été prise à Istanbul,précise Charlotte.Il était beau,tu une trouves
pas?.Je continue à observer la photo.
–Oui,très...Je ne termine pas ma phrase.J’en ail le souffle coupé!
Au début de la soirée,Jérôme regarde la télé avec sa mère.Son père est
l’invité d’une émission électorale: il défend très bien son projet d’implanter un hôpital,
des laboratoires de recherche,une unité de fabrication de médicaments et une fabrique
de matériel paramédical.Il s'agit de créer mille trois cents emplois à Roicy.
21 heures 15.Papa travaille dans son bureau.Maman lit.La maison est calme.Je
perçois le ronronnement de Zoubi.Zoubi ou Bisou en verlan,c’est mon chat.Il dort sur
l'accoudoir du canapé,Maman se tourne vers moi:
–Tu auras du mal à te lever dem...
Mais un coup de frein suivi d’un bruit de ferraille dans la rue lui coupe la parole.
–Ma voiture! s’écrie maman en bondissant de son siège.
Elle se précipite dehors.Papa sort de son bureau.Je suis en pyjama.Je ne peux pas
les suivre.La curiosité me pousse vers le bureau.Je m’approche de la fenêtre.Dehors,un
homme fournit des explications.Il pointe son index d’un trottoir à l'autre.La voiture de
maman,une Clio blanche,a l’aile et la portière avant endommagées.
À ce moment,quelque chose d'inhabituel attire mon attention.Je viens très souvent
dans le bureau de mon père et je le connais par coeur.Par contre,il m’a toujours été
refusé de voir l'intérieur du coffre-fort.Ce coffre m’intrigue depuis toujours.
Ce soir,la porte est entrouverte.Je jette un coup d’oeil vers la rue.Papa et maman
discutent avec l’homme qui tient des papiers d’une main et un stylo-bille de l’autre.
J’hésite.Tant pos...Je me baisse à la manière des Indiens,glisse ma mains vers la porte
blindée et la tire doucement.Pas de piles de billets comme dans les films,mais des
dossiers.Une boîte est ouverte.Au moment de sortir du bureau,papa devait être en train
de la ranger.Elle contient trois liasses de virements effectués en faveur de...Claire
Monestier.Sur chaque bordereau est écrit «Pour Charlotte».Je reconnais l’écriture de
papa.Je parcours les deux autres liasses.Le dernier reçu,classé sous le troisième
paquet,retient mon attention: il est daté du jour de la naissance de Charlotte.

Chapitre 5 – Le jeu devient réalité


Mon sommeil,cette nuit,a été troublé.Je n’ai pas cessé de penser aux événements
de la veille!.Une vérité aussi probable qu’incroyable me perturbe profondément et la
fraîcheur du matin me transperce sans vraiment me remetrre d’aplomb.Charlotte
m’accueille avec un grand sourire.Elle est déjà arrivée au collège alors que Roland m’a
plutôt amené en avance.
–Salut Jérôme!
Elle se penche vers moi et me fait les deux bises habituelles.Poutoutant,ce matin,
rien n’est plus comme avant,mais elle l’ignore encore.Le poids est trop lourd.Je devrais
tout lui dire immédiatement,mais je n’ose pas.
–J’ai vu ton père hier soir à la télé.Super! Ça fait tout de même drôle de voir le père
de son meilleur copain sur le petit écran.Tu sais,tu lui ressembles énormément!
Je suis sur le point de lâcher «et toi donc»,mais les mots s’empêtrent dans ma
gorge.Charlotte continue:
–J’ai voulu que mamn le regarde aussi,mais elle avait un dossier urgent à examiner.
Elle n’a même pas jeté un oeil à l’écran.Comme si voir le père de mon copain Jérôme à
la télé n’était pas une urgence absolue! Quand je pense que je suis du fils d'une vedette
de la télé!
Charlotte aime joeur sur le fil de l’humour quand une situation l’impressionne ou
la flatte un peu.D’habitude,j’entre dans son jeu.Elle éclate de son rire léger qui me fait
presque mal aujourd’hui.Enfin,tout à coup,c’est plus fort que moi,je glisse ma main au
fond de ma poche et en sors un photo.
–Qu’est-ce que c’est? chante Charlotte sans se départir de sa gaieté.
Je la lui donne sans rien dire.Elle la prend et,peu à peu,la gravité envahit son
visage.Ses pommettes pâlissent.
–Qu’est-ce que c’est?
–Tu le vois bien: un photo.
–Mais...l’homme.On dirat...
Elle se baisse,extrait son album de son cartable et l’ouvre sur la petite photo de
son père d’une main que je devine hésitante.Elle compare les deux clichés.Le sien,celui
où il y a ses parents en vacances à Istanbul.Le mien où mes parents posent sur une plage
des îles Chausey.Mon père me tient dans ses bras.
–C’est...ton père a un frère? bafouille Charlotte,la voix fragile.Ou alors un sosie.Ça
expliquerait qu’on se ressemble tant.N’est-ce pas qu'on se ressemble?
–Charlotte,il faut que je te dise tout...
Je lui ai tout dit,mais ça n’a pas été facile,loin s'en faut.D’abord,je ne savais pas
par où commencer et puis j’ai raconté l’accident avec la voiture de maman.Cela m’a
permis d’en venir aux choses sérieuses:
–Je rêvais de voir près ce quis se passait mais,comme j’étais en pyjama,je suis allé
regarder par la fenêtre du bureau de mon père.Son coffre-fort était ouvert.
–Ouah! Tu as dû mettre la main sur une fortune.
–J’ai...J’ai découvert un trésor,mais pas celui que tu crois.
–Tu en fais des mystères.Accélères un peu sinon la sonerie va t’interrompre.
–J’ai...J’ai trouvé un pile de bordereaux.Tous étaient adressés à...Claire Monestier et
mon père avaint rajouté à chaque foi: «Pour Charlotte».
Le regard de ma copine,de ma soeur (à cet instant,je n’osais pas me décider),a viré
au gris-vert.Ses doigts s’étaint crispés sur les clichés.
–Qu’est-ce que tu racontes?
Sa voix tremblait.
–La vérité,Charlotte! Ta photo m'a déjà drôlement troubé hier.Ton père ressemble
tant au mien.Je n’aurais peut-être pas essayé d’en savoir davantage s'il n’y avait pas eu
cet accident et la découverte des bordereaux.
–C’est vrai qu’on se ressemble au point que la prof principale nous a pris pour des
jumeaux au début de l’année.
Charlotte en avait tiré la même conclusion que moi.J’avais formulé ce qu’elle
n’arrivait pas à dire:
–Alors,comme papa n’a jamais eu de frère et qu’un sosie est bien improbable,on est
sans doute demi-soeur et demi-frère! La prof était près de la vérité.
Dans la Safrane qui le ramène à la maison,Jérôme questionne Roland: il se
souvient de la secrétaire des patrons,Claire Monestier.Elle quitté la banque il y a douze
ou treize ans..Jérôme vient de gagner une soeur!
Le lendemain,Charlotte et moi net nous retrouvons qu’à la récréation de 10
heures.Pour la première fois de l’année,elle est arrivée en retard ce matin.
–Tu sais,j’ai si souvent pensé à mon père disparu que je n’ose pas croire à ce qui
m’arrive.Tout ce que tu m’as dit hier m’a terriblement secouée...
–Moi aussi!
–Quand je suis rentrée à la maison,j’ai cherché des indices.Comme je n’osais pas
interroger maman,j’ai fouiné un peu partout.Alain tirait son C.V sur l’ordinateur pour
compléter de nouveaux dossiers de demande d’emploi.Quand il a laissé la place,j’ai eu
l’idée de chercher dans cette fichue machine.Je me suis discrètement glissée dans le
bureau.J’ai mis le P.C en marche et je me suis baladée dans les dossiers.J’ai bientôt
trouvé le C.V de maman.Je l’ai lu...
Charlotte aspire un grande bouffée d’air.
–Ma mère a travaillé à la banque Dumont et Forestier comme secrétaire de direction.
Elle y est restée quatre ans.
–Ça confirme ce que Roland m’a dit.
–Ah! Parce que Roland se souvient d’elle?
–Il se rappelle juste qu’elle était jolie et compétente.Elle est partie quand?
–L’année qui a précédé ma naissance...
Le jeu des jumeaux devient réalité.

Chapitre 6 - La machinaton
Jérôme a fini ses devoirs.Il est 18 heures quand Charlotte l’appellle.Elle lui
demande de venir la voir tout de suite qu'elle ne peut rien lui au téléphone.
Un quart d’heure plus tard,je suis dans la chambre de que par effraction dans sa
vie.Voici encore deux jours,elle n’était qu’une copine et je n’avais jamais mi les pieds
chez elle.Maintenant,elle est ma demi-soeur.Mon existence tranquille de fils unique est
bouleversée...
–Qu’est-ce qui se passe?
–Depuis que je sais mon père vivant,je ne rêve plus que de le voir en chair et en os.
Alors,après le cours de gym,à 16 heures,je me suis précipitée ici pour poser mon sac et
je suis allée à la banque.Je sais,c’est idiot,mais je n'ai pas pu résister.J’y suis entrée
comme si de rien n’était.Pourtant,j’avais le coeur qui battait à cent à l’heure.Personne ne
m’a rien demandé.J’ai rapidement repéré les bureaux de la direction.La secrétaire était
sortie,alors je me suis faufilée dans «son» bureau (elle n’ose pas dire «le bureau de papa
»).Vide.J’étais déçue.Une autre porte de communication était ouverte.J’ignore ce qui
m’a pris,mais je l’ai franchie.
–Et tu es arrivée dans le bureau de Dumont!
–Je ne le savais pas encore et j’en faisais le tour quand,tout à coup,la porte principale
s’est ouverte.Je me suis précipitée derrière le canapé.J’en étais à me demader ce que
j’allais bien trouver comme explication pour justifier ma présence quand j’ai entendu:
«Fermez aussi la porte de communication,Bivault.Il n’est pas là,mais je n’ai pas du tout
envie qu’une oreille indiscrète entende ne serait-ce qu’une bribe de notre conversation».
Bivault a répondu: «Vous avez raison,monsieur Dumoent.Ce serait plus que regrettable
» Jusqu’à cet instant,j’avais seulement peur.Là,je me suis retrouvée au bord de la
panique...
–Bivault et Dumont ensemble.Ça leur arrive plusieurs fois par jour.Il n’y a pas de
quoi paniquer.
–Oh si! Et la suite de leur conversation l’a montré.
–Les histoires de banque ne sont pas si terribles.
–Là,ils ont parlé banque et foot.
–Rien d’étonnant.Bivault est trésorier de l’OR.
–Dumont s’est installé à son bureau et Bivault s’est assis face à lui.Dumont a d’abord
parlé d’un certain M. Alexis qu’il avait appelé depuis une cabine publique de la gare.Il a
dit que cet Alexis s’impatientait,qu’il menaçait de tout révéler à la mi-temps du
prochain match s’ils ne fournissaient pas le pactole dans les quarante-huit heures.
–Qu’est-ce que c’est que cette histoire?
–Attends! Tu vas voir.Dummond a d’abord dit que débloquer un telle somme en si
peu de temps n’était pas évident.Apparemment,ils avaient promis cer argente pour la
semaine dernière et M. Alexis s’impatientait vraiment.Dumont a alors parlé de ton père.
–«Notre» père!
–Oui! Dumont aurait déjà essayé de lui dire qu’il fallait mettre la main à la poche,
acheter des joueurs à l’étranger...
–Il me semble me souvenir de ça,l’autre soir,à la mi-temps!
–Possible! Et comme il refuse,ils sont bien embêtés...Surtout que ce qu’ils veulent
vraiment est bien pire et illégal.Ils ont ensuite parlé de caisse noire trop juste.Je n’ai pas
tout retenu,mais je me souviens parfaitement de la somme à trouver: un million d’euros!
–Un million! Tu es sûre? C’est énorme.
–Avant,apparemment,il leur en fallait moins mais monsieur Alexis aurait justifié
cette augmentation en disant que ses joueurs étaient de plus en plus inquiets.
–Les joueurs! Quels joueurs? Sois plus claire.
–Ceux d’une équipe adverse à acheter,Si j’ai bien compris,il doit s’agir des prochains
adversaires de l’OR qu’il faut payer pour qu’ils jouent mal.
L’affaire est incroyable.Je m’exclame:
–C’est impossible!
–Hélas si,je t’assure...
–Ah,les tricheurs! On n’a pas le droit de truquer les matches...
Un million deuros pour acheter les joueurs adverses.Ça me révolte...mais ce n'est
pourtant pas le pire.
Charlotte et moi avons reconstitué le montagé: Dumont veut absolument que son
équipe participe à une coupe d’Europe,condition impérieuse pour qu’il devienne
président de la ligue régionale.Il lui reste une seule chance:que l’OR remporte ses deux
prochains matchs.Le dernier ne devrait pas poser de problème car le club de ma ville va
affronter la plus mauvais équipe du championnant,déjà sûre d’être reléguée,mais,pour
l’avant-dernier,c’est une autre histoire.Trouver alors qui se cache sous le pseudonyme
de M. Alexis est facile.Il s’agit d’Alexandre Spanic,l’entraîneur de l’équié d'une ville du
Nord qui rencontrera l’OR dans quelques jours.Pour être absolument sûr du
résulat,Dumont veut acheter les joueurs adverses.
Un million! Dumont et le caissier général prétendent seulement emprunter cette
somme pendant une ou deux semaines à la banque,en toute discrétion,sans que personne
ne s’en aperçoive,mais comment pourront-ils la remettre?
L’opération est malhonnête.En plus,Dumont et son complice veulent mouiller
papa dans cette affaire.D’abord à son insu afin qu’il ne flaire pas l’embrouille...
Bivault a découvert l’existence de Charlotte après avoir mené une enquête.Il sait
tout,même que Charlotte est née sept mois jour pour jour avant moi.Ils sont persuadés
de tenir papa: parler de cette enfant naturelle à la presse en pleine campagne électorale
détruirait sa bonne réputation et l’eliminerait à coup sûr.
Dumont exultait.Le sale type! Il a même proposé à Bivault de lui offrir sa place de
président de l’OR quand il sera devenu celui de la ligue régionale.
Malgré le calme de ma chambre et le rythme régulier de mon réveil rococo,je suis
inquiet.Il faut que je trouve une nouvelle excuse pour sortir vers 20 heures 15.D’après
Charlotte,Bivault doit prendre l’argent dans les coffres de la banque ce soir!
Dumont,Bivault et papa détiennent chacun une carte et un code et on ne peut
ouvrir le coffre qu’avec les trois cartes et les trois codes en même temps.Il leur arrive
parfois de se les passer,quand l’un d’entre eux a un empêchement.Papa a une importante
réunion électoral à laquelle il doit obligatoirement participer.Il ne rentre même pas à la
maison pour manger.
Si tout se déroule comme prévu,Bivault lui empruntera sa carte pour une raison ou
pour une autre.La remise de la somme pourra s’effectuer demain ou après-demain.
Demont téléphonera à M. Alexis vers 20 heures 30 pour lui annoncer la bonne nouvelle.
Charlotte et moi pensons qu’il le fera depuis une cabine téléphonique de la gare,comme
cert après-midi.Il faut absolument que nous y soyons.
Chapitre 7 – Les menaces se précisent
L’essentiel est de passer inaperçus.
–Tu as raison.Ce qu’il nous faut,c’est un déguisement qui nous permette de nous
approcher de Dumont sans être repérés.Enfin,toi surtout,parce qu’il te connaît bien.
Le tout était de trouver l’idée géniale.Nous voilà devant la gare,équipés comme
des champions de roller: casques,lunettes fluo,larges tee-shirts,gants et genouillères par-
dessus le jean.La panoplie complète.Bien malin celui qui nous reconnaîtrait.D’autant
que,charque soir,la place de la gare se transforme en «rollerdrome» et que nous sommes
une douzaine à nous élancer comme des patineurs sur un anneau de vitesse.
–Il n’est toujours pas là,me lance Charlotte en me doublant.
–Il va venir.On continue à tourner en attendant.Po
Àvchaque passage,Charlotte écarte désespérément les bras.Sous son casque vert et
ses lunettes rouges,impossible de la reconnaître.Soudain,elle vire et me rejoint.
–Regarde!
Je tourne la tête.Dumont gare son vélo à l’arrière d’un abribus.Puis il se dirige
vers une cabine téléphonique.
–On y va!
En quelques poussés,on est près des téléphones.Dumont compose un numéro.
L’une des portes de la cabine est restée ouverte.Charlotte freine brutalement,fait
semblant de perdre l’équilibre,s’arrête et s’assied sur le bord du trottoir.Puis elle
examine avec attention les roulettes de son roller gauche.Je m’arrête près d’elle et je
m’assieds à mon tour,juste devant la porte.
–Je dispose de la somme que vous demandez.Tout est O.K.Vous pouvez préparer vos
joueurs...D’accord.Je comprends.Ils veulent d’abord l’argent.C’est correct.Qui vient en
prendre livraison? Comment cela,qu’on vous l’apporte à Bruxelles? Mais,pour nous
aussi,c’est très risqué! Vous croyez que je peux m’absenter de la banque pendant une
journée? Tous les risques sont de notre côté...Vous ne me laissez pas le choix.
Charlotte déchausse son roller.Dumont nous a jeté un coup d’oeil,mais nous
n’avons pas éveillé ses soupçons.
–D’accord,d’accord.Je vous envoie la mallette.Je vous rappelle pour vous préciser le
rendez-vous.
Il raccroche.Il n’est pas content.Il arrache la carte de la fente de l’appareil et la
claque plusieurs fois sur le dos de sa main.Il pousse la porte restée,puis il se ravise,
réintroduit la carte dans l’appareil.Charlotte enfile son roller,se redresse et patine sur
place comme pour vérifier le fonctionnement des roulettes.Dumont compose un autre
numéro.
–Bivault? Il y a un problème.Il faut qu’on se voite.Oui,tout de suite.Je ne peux pas
vous expliquer au téléphone.Il faut qu’on trouve une solution,ce soir,sinon...
Charlotte enlève à nouveau son roller.Et je rejoue les mécaniciens tout en écoutant
–Oui...à la gare.Je vous attends à la brasserie du Départ.Il y a toujours du monde.On
passera inaperçus.
Dummont raccroche.Il regarde autour de lui,puis se dirige vers son vélo.
–Si j’ai bien compris,me glisse Charlotte,Alexis ne veut pas prendre le risque de se
faire pincer avec l’argent.Il faut qu’on le lui livre près de chez lui.
–Exact,sauf que,près de chez lui,c’est Bruxelles et que Dummont ne peut pas y aller
lui-même.
Quand le tour de la place est bouclé,nous repassons à proximité de l’arrêt des bus.
Dumont achève de cadenasser son vélo à un poteau puis,il se dirige vers la brasserie.
Si,dans la rue,la panoplie du parfait professionnel de roller était idéale pour ne pas
attirer l’attention de Dumont,dans la brasserie notre accoutrement nous signalerait
autant que si nous avions un gyrophare sur la tête.
–Il faut laisser les casques,les lunettes et tout notre bazer dans un coin discret,décide
Charlotte.
–Sans casque ni lunettes,il va me reconnaître.
–Moi,il ne me connaît pas,rétorque-t-elle.Tu vois la vieille dame installée à la table
voisine de celle de Dumont,eh bien je vais m’asseoir à côte d’elle et engager la
conversation.Toi,tu gardes les rollers et tout le matériel.
Charlotte sort de son petit sac à dos un béret vert et un tee-shirt blanc.Elle passe le
tee-shirt,puis roule habilement sa longue chevelure et l’enfourne dans le béret.Enfin,elle
saisit une paire de lunettes de fillette bien sage.Même si nous nous ressemblons,Dumont
aura du mal à faire le rapprochement.
Bivault a rejoint Dumont depuis plus de vingt minutes.Dès que Charlotte m’a
quietté,j’ai regroupé toutes nos affaires et je suis allé dans le hall de la gare. J’attends.
Que se passe-t-il dans la brasserie du Départ? Je regarde la grande horloge: 21 heures
14.Qu’est-ce que je vais raconter à maman en rentrant? Elle va s’inquiéter.Charlotte fait
dans le hall à 21 heures 222,passablement excitée.
–Un vrai salaud ce Bivault! Comment ton père a-t-il pu embaucher un type pareil?
–Notre père
–Oui,notre père,Eh bien,notre père,si ça continue,il va se retrouver dans une mélasse
pas possible.Parce que c’est lui qui va porter l’argent à Bruxelles!
Charlotte parle vite.Je ne comprends pas ce que Dumont et Bivault ont manigancé
Je lui prends la main.
–Calme-toi.Raconte en commençant par le début.
–D’accord.Mais tu vas voir,c'est gratiné.
–Ils ne t’ont pas repérée?
–Non...La vieille dame a été super.J’avais peur que son train arrive.J’aurais été
obligée de la suivre,mais...
–Et Dumont?
–Il a exploqué à Bivault que les Nordistes ne voulaient pas venir chercher le pactole
et qu’il fallait dare-dare trouver un convoyeur pour porter l’argent à Bruxelles,un
convoyeur qui ne se douterait de rien.Bivault l’a laissé parler.Puis il a dégusté sa bière à
petites gorgées en souriant.Il énervait Dumont.Au bout d’un moment,il a dit qu’il fallait
envoyer Forestier,que c’était la personne idéale.En plus,au cas où il se ferait pincer ou
s’ils se trouvent dans l’incapacité de restituer l’argent à la banque,Dumont pourra
toujours l’accuser d’avoir détourné ce million pour financer sa campagne électorale.
–Ah! Le pourri!
–Dumont s’est frotté les mains.Demain matin,il suggérera à ton père...
–Notre père...
–À notre père...d’aller à Bruxelles jeudi pour représenter la banque dans une
assemblée générale d’actionnaires belges.Au passage,il lui demandera le petit service de
remettre à un correspondant une mallette bourrée d’archives.En fait,la mallette
contiendra l’argent pour Alexis et ses joueurs.Dans tous les cas,Dumont et Bivault ne
prennent pas de risques.
Je me demande si le mieux ne serait pas de tout avouer à papa.Et puis non,sans
preuve tangible.impossible de coincer ces deux hommes.

Chapitre 8 – L’échange
Jérôme a très mal dormi:Michel Dumont est-il vraiment aussi malhonnête
que Charlotte et lui penset? Roland conduit jérôme à la banque où il passe dir bonjour à
père.Ils parlent tous les deux de l’importance des prochaines élections.
On frappe à la porte.Dumont pointe le bout de son nez.
–J’ai un petit problème,annonce Dumont,un sourire mielleux sur les lèvres.J’imagine
que ton emploi du temps de demain est assez chargé?
–Toi,tua as encore un engagement que tu ne peux pas tenir.
–Exact,répond Dumont.Mais ce n’est pas ma faute.
–Un «impondérable»,sourit papa.
–Voilà,poursuit Dumont en s'asseyant.Demain,à Bruxelles,il y a l’assemblée générale
des actionnaires belges et je ne peux pas représenter la banque comme prévu.
–Et tu désite donc que je te remplace à Bruxelles.
Je regarde Dumont.Charlotte et moi n’avons pas rêve.Je suis sûr que,dans
quelques minutes,il demandera à papa de lui rendre un deuxième petit service:
transporter une mallette contenant des archives sans importance.
–J’ai vraiment un planning chargé en ce moment.Mais il faut que la banque soit
représentée.Mylène...appelle papa en appuyant sur le bouton de l’interphone.
La secrétaire entre dans le bureau.
Pouvez-vou me réserver un billet d’avion pour demain jeudi,sur Bruxelles? Ma
femme voudra peut-être m’accompagner.Pouvez-vous le lui demander? Si c’est oui,
réservez-nous deux billets s’il vous plaît.
La secrétaire regagne son bureau.
–Merci,dit Dumont.Je garde espoir que les actionnaires belges acceptent l’idée d'une
recapitalisation.Ils apprécieront ta présence.
Dumint atteint la porte.Je pense m'être trompé pour la suit des événements quand
ils se retourne et ajoute:
–Puisque tu fais le voyage,est-ce que tu pourrais emporter des archives boursières? Je
les ai promises à un agent de change.Pour lui,c’est assez urgent.Il enverra un coursier
les chercher à ta descente d’avion.
–D’accord,mais je ne reviens pas à la banque cet après-midi ni demain matin.Donne
la mallette de paperasses à Roland pour qu’il me l’apporte à la maison.
Le piège a fonctionné et papa est tombé dedans la tête la première.Mylène ouvre la
porte de communication.
–Mme Forestier vous accompagnera.J’ai fait deux réservations à destination de
Bruxelles sur la European Airlines.Départ à 8 heures 50.Vol retour de Bruxelles à 16
heures 05.Vous arriverez aux environs de 17 heures.
Jérôme raconte à Charlotte comment Dumont a fait tout ce qu’il avait prévu
la veille et que leur père va donc se rendre à Bruxelles en emportant une mallette pleine
d'argent - mais ça,il ne le sait pas!
Les deux enfats ne savent pas comment aider leur père.À 18 heure,Roland
apporte une mallette de cuir noir pour M. Forestier,de la part de Dumont.Roland
explique qu’il viendra tôt le lendemain et qu’il laissera Jérôme à la conduira ensuite au
collège.Après le départ le départ de Roland,une voisine vient chercher Mme Forestier.
Jérôme est seul devant la mallette.Près de la poignée,il y a une boîtier avec sept
roulettes portant des chiffres.
Une serrure à combinaison! Comment faire pour trouver la mallette est celle
de Roland,il pense que c’est lui qui a programmé la combinaison.Qu’est-ce qu’il a pu
choisir comme chiffres? À quoi est-ce qu'il s'intéresse?
À l'histoire,bien sûr! À la bataille de Lépante! Jérôme regarde dans un
encyclopédie: Bataille de Lépant - le 7 octobre 1571,les... 17 octobre 1571 = 710 1571.
Jérôme essaie cette combinaison.Miracle,la mallette s’ouvre! Jérôme met les liasse de
billets tout neufs dans son sac de sport et met à leur place vieux catalogues dans la
mallette.
Comme prévu,papa rentre vers 21 heures.Pour une fois,nous dînons tous le trois.
Je suis tendu.Je n’ose pas le regarder dans les yeux de peur qu’il voie mon trouble.
–Veux-tu encore une quenelle? me demande maman.
–Non,non.Merci,J’ai plus faim.
–Il n’est pas en grande forme en ce moment,notre garçon,dit papa en me posant la
main sur les cheveux.Ce matin déjà,je l’ai trouvé fatiguée.Et tristounet avec ça.On ne
l’entend plus.Eh,fiston,tu ne serais pas amoureux? plaisante-t-il.
–Ne le taquine pas.Il travaille beaucoup,tu sais,m’excuse maman.
Le téléphone sonne,papa décroche.
–Allô.Qui? Un amie de Jérôme...Attends,je te le passe.
Papa amorce son geste mais ne le termine pas.On insiste à l’autre bout du fil.Papa
sourit,fait un clin d’oeil à maman et appuie sur la touche «haut-parleur».La voix de
Charlotte résonne dans la pièce.Je pâlis.
–Vu à la télévision l’autre jour.C’est génial votre idée d’installer un hôpital.
–Merci,merci,répond papa en pointant son pouce vers le ciel pour signifier qu’il
apprécie.Si je n’avais que des électeurs comme toi,je serais élus dès le premier tour.
Demmange que tu ne sois pas en âge de voter.
–Je suis sûre que vous gagnerez.À la télé,vous avez été formidable.En plus,vous allez
donner du travail à des milliers de gens...
–Mille trois cents,rectifie papa,pas plus,hélas.
Charlotte a trouvé un prétexte pour parler à son père.Le jeu est dangereux.Je
réagis en tendant la main vers l’appareil pour que papa me le donne le plus vite
possible.
–Merci,merci,tu es très gentille,conclut papa.Ne quitte pas,je te passe Jérôme.
–J’espère qu’on aura d’autres occasions de parler votre projet.Ça m’intéresse
beaucoup,beau...
–Oui,merci,je te le passe.
Papa a à peine décollé l'écouteur de son oreille que je lui arrache le combiné et
enfonce la touche du haut-parleur pour qu’on n’entende plus Charlotte.Sauvé!
–Allô.Oui,c’est moi.Attends une seconde.Je monte dans ma chambre,dis-je en
rougissant à papa et à maman.
–Tu es complètement folle de lui parler comme ça! Il aurait pu se douter de quelque
chose.
–Mais non.Et puis j’en avais tellement envie.Toi,tu ne sais pas ce que c’est de
découvrir son père à mon âge.Quelle belle voix grave il a !
Je vérifie que la porte de ma chambre est bien fermée,place ma main devant ma
bouche et dis à voix assez basse:
–J’ai réussi à ouvrir la mallette.J’ai l’argent.Il est dans mon sac de sport.
–Génial!
–Et maintenant?
–J’imagine Alexis lorsqu’il découvrira que la mallette ne contient que des journaux.Il
va forcément réagir et que peut-il faire à part contacter Dumont?
–Bien vu
–Il faut donc qu’on le surveille,toi à la banque,moi en face de chez lui.J’emporterai le
téléphone portable de la maison pour qu'on reste en contact.Tu en as un chez toi?
–Oui.
–Alors,prends-le.On en aura besoin.

Chapitre 9 – Le fax
À 7 heures 30,Roland me prend à la maison.Mes parents disparaissent au coin de
la rue.Direction l'aéroport,avec la mallette dans le coffre.Si papa savait! J’ai eu envie de
tout lui révéler,mais je me suis retenu au dernier moment.Il faut faire comme prévu si
nous voulons confondre Dumont et Bivault.
–Je te laisse à la banque,me dit Roland.Je dois aller chercher le courrier.Je reviens
avant 9 heures et je te conduis au collège.
La banque est encore déserte.Seule la secrétaire de direction est arrivée.J’entre
dans son bureau,mon précieux sac serré contre moi.
–Tu as gym aujourd’hui? me demande-te-elle.
–Euh...Oui.Je vais le mettre dans le placard de papa.Comme ça,il ne vous gênera pas.
–Comme tu veux,Jérôme.
Roland revient vers 9 heures moins dix,un sac de courrier à la main.
–L’avion est en train de décoller,dit-il en entrant dans le bureau.Tes parents sont en
route pour Bruxelles.
–Tu es prêt,Jérôme? C’est l'heure de partir.
Mais que fait Charlotte? Je suis sur le point d’aller chercher mon sac Lorsque le
téléphone sonne.Mylène décroche et,après quelques secondes,répète pour confirmer
qu’elle a saisi:
–Le prof de gym est absent...Jérôme n’a pas cours.
Elle me tend le téléphone:
–C’est pour toi,Jérôme!
–Allô?
–Jérôme? C’est moi.Bonne nouvelle: le prof de gym est malade,il n’y a pas cours ce
matin.Elle a bien compris,au moins?
–Parfaitement.
–Salut et à tout à l’heure...
Pour l’instant,notre plan fonctionne.Je me tourne vers Roland,la mine réjouie.
–Le prof de gym est absent.
–Qu’est-ce que c’est que cette histoire? demande-t-il.Heureusement,Mylène vient à
mon secours:
–Son prof est malade.Ce n’est pas la peine de le conduire au collège pour qu’il reste
en permanence.
J’enchaîne:
–J’irai à deux heures...
–Tes parents m’avaient dit...
–Ils ne savaient pas que le prof serait absent.Ou ils t’auraient demandé de me garder
ici.
–Bon! Comme tu veux...
Je fais des pieds et des mains pour que Roland accepte de me laisser avec
Mylène.Dumont ne va pas tarder à arriver.
Jérôme sent une vibration dans sa poche: c’est Charlotte qui l’appelle sur
son portable.Il court aux toilettes.Elle lui raconte que Dumont vient de sortir de chez lui
et qu’elle le suit.Il s’est arrêté pour téléphoner d’une cabine.
Quelques minutes plus tard,Dumont entre dans la banque,dit bonjour à
Mylène et à Jérôme.Il attend un client qui a rendez-vous.
Dumont est en rendez-vous depuis une quinzaine de minutes,quand le fax
du secrétariat se met en marche.Il imprime avec un son feutré.La secrétaire prend la
feuille et sourit:
–Tiens,c’est amusant! Voilà qu'on envoie des dessins à M. Dumont...
–Faites voir!
–Tu es bien curieux! réprimande-t-elle dans un sourire,sans pour autant me montrer
le dessin en question.
Je n’insiste pas.Elle frappe à la porte du bureau de Dumont et lui donne le fax.Il
est peut-être en rapport avec l’affaire.Mylène n’a même pas repris sa place devant son
ordinateur que Dumont jaillit de son bureau,le visage défait.
–Il...il faut que je m’absente quelques minutes.Faites patienter monsieur...
Il désigne le client resté assis dans son bureau,puis dévale l'escalier comme s'il
avait la police aux fesses.
Jérôme pense que le fax est resté dans le bureau.Le client n’a pas le temps
d’attendre: il téléphonera plus tard.Mylène le note sur un post-it.Tout naturellement,
Jérôme propose de porter le message sur la table de Dumont.Jérôme est maintenant dans
le bureau de Dumont.
Je soulève machinalement le sous-main et aperçois...un fax.Le fax!.Plusieurs
dessins occupent la page,un peu comme une BD.Dessin numéro un:un bonhomme au
pied d’une silhouette d’avion remet un rectangle noir à un autre bonhemme.Dessin
numéro deux: un personnage devant le rectangle ouvert de sociétés de vente par
correspondance.Dessin numéro trois: le personnage semble très en colère. Des éclairs
éclatent au-dessus sa tête.Enfim,un panneau d’affichage porte le score: 15 à 0.En
dessous,une légende: «L’argent n’est pas là.La facture va être lourde»
Voilà une preuve qui disculpe papa.Elle est fragile,mais elle existe.Je mets
le précieux papier à l’intérieur d'une enveloppe que je glisse sous mon sweat.
Maintenant,il va falloir improviser.Je me dirige vers les toilettes pour appeler Charlotte,
quand mon portable se met à vibrer.
–Allô,Charlotte? Tu tombes bien parce que j’ai p...
–Tu me raconteras ça plus tard! Rejoins-moi vite à l'eglise Saint-Pierre.C’est urgent.
–Qu’est-ce qui se passe?
–je t’expliquerai.Viens tout de suit et entre par la porte de droite!
Et elle raccroche.Je reste figé quelques instants puis jaillis des toilettes et gagne à
toute vitesse la porte d’entrée.Je m’élance sitôt dehors.En courant à un bon rythme,il me
faut moins de dix minutes pour rejoindre Charlotte.

Chapitre 10 – Contrat mortal


Jérôme retrouve Charlotte à l’église.Elle lui dit qu’elle attendait devant la
banque quand Dumont et Bivault sont sortirs en courant.En montant dans la voiture de
Bivault,Dumont crié:«À l’église Saint-Pierre,vite!» Les deux hommes sont l’un à côté
de l’autre et font semblant de prier.Un homme en blouson de cuir et pantalon de motard
entre.Il retire son casque et se dirige vers eux.Il se met à genoux.Charlotte et Jérôme
entendent Dumont dire qu’il s’agit d’éliminer un gêneur le soir même à l'aéroport,quand
deux passagers de l’avions de Bruxelles rejoindront leur voiture,une Clio blanche
accidentée.L’homme demande :«Le client?» Dumont le décrit: «Roux,un mètre
soixante-quinze»,donne un tract électoral avec une photo et précise qu’il a noté au dos
le numéro de la voiture.Charlotte et Jérôme ont compris qu’on veut tuer leur
père.Comment faire pour le sauver,le disculper et confondre Dumont?
Nous réfléchissons tout en contournant l’église.Soudain,je m’arrête.Je plonge la
main sous mon sweat.
–Tiens,Charlotte,prends cette enveloppe.Moi,je fonce à la banque récupérer mon sac
de sport.Voilà ce qu’on va faire.Il faut que la police arrête papa à la descente de l’avion.
C’est le meilleur moyen de le protéger.
Je sors de la banque,mon sac à la main.Je m’approche de deux policiers qui
patrouillent en ville.Je vérifie qu’ils portent bien l’écusson de la police nationale.Ils sont
là,à moins d’un mètre de moi.Je me concentre puis je me lance avec une violence que je
ne me connaissais pas.Je donne un coup de pied dans le mollet d’un policier.Il hule de
douleur.Son collège se retourne,me regarde,incrédule.
Je me sauve mollement,le sac me gêne.Le policier me pousuit.L’autre s’est remis
et arrive à sa hauteur.Ils m’attrapent.Je me débats tout en les insultant avec les mots les
plus grossiers que je connaise.Une casquette roule sir le trottoir.Il ne leur faut que
quelques secondes pour m'immobiliser.
–Il est fou,ce gosse!
–Allez,on l’embarque.
Tandis que le plus costaud me ceinture,le second ramasse sa casquette en se
frottant les tibias.La première manche est gagnée,mais je ne m’en réjouis pas.

Chapitre 11 – L’arrestation
Jérôme est angoissé´.Il attend depuis des heures dans le commissariat.Est-ce
que la police a pu arrêter son père avant que le tueur ait eu le temps d’agir?.Tout à coup,
il y a de l’agitation dans le couloir.Il entend la voix de son père. M.Forestier veut savoir
pourquoi on l’a arrêté à sa descente d’avion.Le commissaire lui dit que ce n’est pas le
plus important et il le conduit à Jérôme.Le commissaire explique alors à M.Forestier
que son fils a insulté et frappé des policiers.puis il lui montre le sac de sport rempli de
liasses de billets.Jérôme voit que son père est terriblement en colère:
Tu peux m’expliquer,Jérôme?
–Il y a un million là-dedans,dis-je.
–Qu’est-ce que tu racontes?
–La vérité,papa,la stricte vérité.
Et j’explique tout ce que je sais.
Une heure plus tard,Dumont est là.Il insulte M.Forestier,lui reproche d’avoir
détourné un million d’euros pour sa campagne électorale. M.Forestier reste calme.Il
explique que Dumont a mis l’argent dans la mallette sans rien lui dire et qu’il lui a
demandé de la remettre à un sbire de l’équipe qui doit jouer contre l’OR.Dumont voulait
acheter les joueurs adverses.Soudain,un policier annonce une visite intéressante...Et
dans la seconde qui suit,Charlotte apparaît,souriante.Maman dit d’une voix
incroyablement douce:
–Charlotte! Qu’est-ce que tu fais là?
Malgré moi,la question jaillit de ma bouche:
–Tu la connais?
Maman n’est surprise.Visiblement,elle sait qui est Charlotte.
–Charlotte? rugit Dumont.
Il nous dévisage à tour de rôle,ma soeur et moi,et hurle en direction de papa:
–Et puis voilà le père! C’est bien la gamine que tu as faite à Claire Monestier,notre
ancienne secrétaire de direction! Une fille adultérine.A-dul-té-ri-ne! Ah! Elle est belle la
morale du candidat à la mairie de Roicy!
Charlette ne s’est toujours pas départie de son sourire.Elle glisse la main dans la
poche intérieure gauche de son blouson et en sort l’enveloppe qui contient le fax.
–Tenez,monsieur le commissaire.Ce qu’il y a dans cette enveloppe devrait vous
intéresser.Et s’il vous faut quelques explications pour comprendre le sens des dessins,
M.Dumont vous les donnera...avec notre aide,celle de Jérôme et la mienne,si c’est
nécessaire.

Chapitre 12 – Plus tard...


1er septembre.C'est la fête.
Aujourd’hui,c’est mon anniversaire.Mon père,maire de Roicy depuis quelques
mois,célèbre son élection après avoir assuré le bon démarrage de son administration.La
fête se déroule dans notre jardin où plusieurs tentes marabout sont dressées.À l’ombre
de leurs toiles bleues,le buffet s’offre aux invités.Charlotte et moi allons d’un groupe à
l’autre.Tout le monde nous appelle «les jumeaux»
–Super! s’exclame Charlotte.Tu as un bel anniversaire.Et moi,je fais la fête avec mon
frère pour la première fois!
Charlotte regarde en direction de sa mère.Vêtue d’une robe bleu ciel,elle parle
avec maman.Elles se tournent vers nous et nous sourient.
–C’est bien de les voir ensemble,souffles Claire Monestier.
–Plus que bien,formidable,renchérit maman.
Mme Forestier connaissait l’existence de Charlotte depuis le début.Alors
qu’elle attendait la naissance de Jérôme,son mari avait recontré Claire Monestier par
hasard dans la rue.Claire était enceinte.Elle ne pouvait pas se marier avec M.Forestier,
mais elle désirait Charlotte,le dernier cadeau qu’il avait fait avant leur séparation.
Avant d'être mis en examen et emprisonnés,Dumont et Bivault avaient révéle
l’existence de Charlotte aux journaux.L’affaire avait fait grand bruit.
Immédiatement,pap avait envisagé de retirer sa candidature,préférant de beaucoup la
tranquillité de sa fille retrouvée à la place de maire.Mais ce qui aurait dû se retourner
contre lui avait finalement joué en sa faveur.Il avait été élu maire dès le premier
tour,avec près de soixante pour cent des voix.
1er septembre.
C’est la fête.Tous nos amis et invités.
Charlotte et moi avons exigé que notre ancienne prof principale soit présente.La
jeune femme se tient un peu à l’écart.Elle ne connaît personne.Nous l’abordons.
–Madame,on voulait vous remercier.
–Me remercier? Mais pourquoi? C’est plutôt à moi de le faire.C’est très gentil de
m’avoir invitée.
–Il y a une raison particulière,commence Charlotte.Et je poursuis:
–Vous vous souvenez du jour de la rentrée? Vous nous aviez pris pour des jumeaux.
Sans vous,peut-être qu’on n’aurait jamais su qu’on était frère et soeur..

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