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MEMENTO DU CONSUMERISME

APRES-VENTE

DANS LE CADRE DE L’ACTIVITE

AUTOMOBILE

Maître Gilles SERREUILLE


Avocat au Barreau de Paris
58-60 Avenue de la Grande Armée
75017 PARIS

© Maître Gilles SERREUILLE février 2023


AVERTISSEMENT

Le présent document ne peut en aucun cas se substituer aux textes de


nature législative, réglementaire ou administrative auxquels il convient de
se reporter en cas de besoin.

Malgré l’attention portée à la rédaction de ce document, l’auteur ne peut


assumer une quelconque responsabilité du fait des informations qui y sont
ou n’y sont pas contenues.

Ainsi, compte tenu de la spécificité de chaque situation, il est vivement


recommandé de prendre conseil auprès d'un professionnel du droit lequel
après avoir appréhendé les faits spécifiques de l'espèce, pourra apporter
toute solution appropriée au problème posé.

Le Code de la propriété intellectuelle n’autorisant, aux termes de l’article L. 122-


5, 2° et 3° a), d’une part, que « les copies ou reproductions strictement
réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation
collective » et, d’autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but
d’exemple et d’illustration, et sous réserve que soient indiqués clairement le
nom de l’auteur et la source, « toute représentation ou reproduction intégrale ou
partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants
cause est illicite (article L.122-4 du Code de la Propriété Intellectuelle).

Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit,


constituerait en conséquence, une contrefaçon sanctionnée par les articles
L-335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

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TABLE
DES
MATIERES

INTRODUCTION : un environnement en mutation (Fiche 1)

I – LES OBLIGATIONS ET DROITS DU REPARATEUR AUTOMOBILE

A/ LA RECEPTION DU VEHICULE (Phase 1)

- L’ordre de réparation (Fiche 2)

- L’information sur le prix des prestations (Fiche 3)

- Le refus d’exécuter une prestation (Fiche 4)

B/ LES INTERVENTIONS A EFFECTUER SUR LE VEHICULE (Phase 2)

- L’obligation de résultat (Fiche 5)

- L’obligation de sécurité (Fiche 6)

- L’étendue de l’intervention du réparateur (Fiche 7)

- Le devoir de conseil (Fiche 8)

- Les pièces issues de l’économie circulaire (Fiche 9)

- Les incidents survenus au cours du dépôt du véhicule (Fiche 10)

- Les travaux de sous-traitance (Fiche 11)

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C/ LE PAIEMENT DES PRESTATIONS PAR LE CLIENT (Phase 3)

- La facture et les modes de paiement (Fiche 12)

- Le droit de rétention (Fiche 13)

- Les indemnités d’occupation (Fiche 14)

- Le véhicule abandonné par le client (Fiche 15)

- L’injonction de payer et la procédure simplifiée de


recouvrement des petites créances (Fiche 16)

II – LA GESTION D’UN LITIGE

A/ LES GARANTIES CONVENTIONNELLES ET LEGALES

- La garantie commerciale (Fiche 17)

- La garantie légale des vices cachés (Fiche 18)

- La garantie légale de conformité (Fiche 19)

B/ L’EXPERTISE

- L’expert automobile (Fiche 20)

- Les types d’expertises (Fiche 21)

- L’expert judiciaire (Fiche 22)

- Le rapport d’expertise judiciaire (Fiche 23)

- Conseils dans le cadre d’une expertise judiciaire (Fiche 24)

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C/ LES INTERVENTIONS DE L’ADMINISTRATION

- La DGCCRF (Fiche 25)

D/ LE REGLEMENT AMIABLE

- La conciliation / La médiation / La transaction (Fiche 26)

E/ L’ORGANISATION JUDICIAIRE

- Son organigramme simplifié

- Les Tribunaux civils

- Les Tribunaux de commerce (Fiche 27)

- Les Tribunaux répressifs

- La procédure

F/ CONSEILS PRATIQUES

- Connaître les informations techniques

- Les gestes commerciaux

- La prudence de langage (Fiche 28)

- Contacter le constructeur / importateur

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INTRODUCTION
(Fiche 1)

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UN ENVIRONNEMENT EN MUTATION

1.1 L’environnement socio-culturel : le consumérisme :

- les organisations de consommateurs : dont, en particulier, l’Institut


National de la Consommation, les associations de consommateurs,
l’Agence Européenne d’Information sur la consommation, la
Commission de la Sécurité des Consommateurs…

- le pouvoir des médias, d’internet et des réseaux sociaux (la presse


consumériste, les magazines automobiles, les médias généralistes :
presse écrite, radio, T.V, internet, forums…).

1.2 L’environnement économique :

- diverses raisons incitent parfois certains à mener des actions


judiciaires contre les professionnels :

• de manière abusive : . résolution judiciaire demandée

. mise en cause du produit alors qu’une


faute de conduite est à l’origine du
sinistre, par exemple.

• pour un montant modique :

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1.3 L’environnement juridique :

- un nombre croissant de textes protecteurs (dont certains provenant de


directives européennes) pour le consommateur (« Est considéré comme
consommateur, toute personne physique qui agit à des fins qui
n’entrent pas dans le cadre de son activité commerciale, industrielle,
artisanale, libérale ou agricole.» - article liminaire du Code de la
consommation) et une jurisprudence souvent stricte :

exemples : * accès facilité pour le consommateur devant certaines


juridictions, sans la nécessité de recourir à un avocat,

* obligations de résultat, d’information, de conseil, de


sécurité du professionnel,

* le délit de mise en danger de la vie d’autrui.

- la protection juridique proposée par les compagnies et les


mutuelles d’assurances :

L’assuré bénéficie fréquemment d’une protection juridique proposée dans


le cadre de son contrat d’assurance automobile, l’incitant à vouloir recourir
à justice.

- Attention : Des textes protecteurs du Code de la consommation sont


susceptibles de ne pas s’appliquer aux personnes morales (sociétés)
ainsi qu’aux professionnels suivant la situation. Car le Code de la
consommation distingue trois « profils » de clients (consommateur,
professionnel, non professionnel).

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I/ LES OBLIGATIONS ET DROITS DU
REPARATEUR AUTOMOBILE

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A/ LA RECEPTION DU VEHICULE (Phase 1)

B/ LES INTERVENTIONS A EFFECTUER SUR LE VEHICULE (Phase 2)

C/ LE PAIEMENT DES PRESTATIONS PAR LE CLIENT (Phase 3)

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A/ LA RECEPTION DU VEHICULE
(Phase 1)

- L’ordre de réparation : (Fiche 2)

- L’information sur le prix des prestations : (Fiche 3)

- Le refus d’exécuter une prestation : (Fiche 4)

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L’ORDRE DE REPARATION

2.1 Définition :

L’ordre de réparation constitue le document par lequel le professionnel


s’engage à exécuter des travaux sur le véhicule du client (consommateur
ou professionnel), ce dernier s’engageant à en payer le prix.

2.2 Sa valeur :

Elle est essentielle car il s’agit d’un CONTRAT.

2.3 Son intérêt :

Le meilleur moyen de preuve étant l’écrit, il est impératif avant toute


intervention de faire signer au client un ordre de réparation.

Trop souvent, le réparateur se voit condamné par les Tribunaux faute de


pouvoir démontrer soit la nature réelle de son intervention, soit les conseils
utilement donnés à son client.

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En l’absence d’ordre de réparation signé par son client (y compris les
travaux complémentaires non prévus à l’origine), le réparateur rencontrera
des difficultés pour obtenir le paiement des prestations accomplies, voire se

verra opposer de la part du client, un refus de payer même si des pièces


détachées ont été remplacées ou encore si les travaux étaient justifiés !

En conclusion :

« les paroles s’envolent, les écrits restent ».

Mais bien plus.

La loi du 17 mars 2014 (dite « loi Hamon ») interdit au professionnel


d’exiger de la part du client consommateur le paiement immédiat ou différé
de services (ou de biens) faute de commande préalable (article L.121-12 du
Code de la consommation).

En cas de différend, il appartiendra au professionnel de prouver que la


facture a été émise en conformité avec un ordre de réparation ou un devis
préalablement signé par le client.

Ainsi, si de tels principes conduisent à formaliser à l’extrême les relations


contractuelles, elles permettent aussi d’éviter toute surprise malheureuse
pour le client et réduisent, aussi pour le professionnel, les risques de voir
déclarer la prestation nulle avec restitution des sommes perçues à la
signature de l’ordre de réparation (ou du devis), de non-paiement des
prestations réalisées et autres sanctions lourdes (dont amende
administrative, sanctions pénales…).

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Il est à noter que si le propriétaire du véhicule conteste la capacité de la
personne qui a déposé le véhicule aux fins d’intervention, le professionnel
pourra invoquer la notion de mandat apparent.

Cela signifie que celui qui a commandé les prestations est censé disposer
de la part du propriétaire des pouvoirs pour le faire.

Cette difficulté peut survenir dans le cadre d’une commande réalisée par un
conjoint ou encore un préposé d’une entreprise.

2.4 Conséquences :

Sauf exceptions, le professionnel devra s'en tenir à accomplir les


seules opérations demandées par le client.

Le réparateur n’aura donc pas à effectuer une intervention non demandée


par le client, organe de sécurité ou pas (le seul devoir du professionnel sera
d’informer et de conseiller le client sur la nécessité de procéder à
l’intervention et, en cas de refus, de le consigner sur l’ordre de réparation
ou encore sur la facture ou si besoin, dans une décharge de
responsabilité).

2.5 La présentation :

2.5.1 Les mentions obligatoires

L’ordre de réparation doit obligatoirement comporter :

- l’identification du réparateur,
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- l’identification du client (nom, adresse…),

- l’identification du véhicule (modèle, numéro de série,


immatriculation, kilométrage exact, niveau de carburant),

- la désignation la plus précise possible des travaux à réaliser,

- la date de commande (car elle conditionne l’application des tarifs


en vigueur),

- la nature des travaux à réaliser

- la signature du réceptionnaire,

- la signature du client,

- la date de mise à disposition du véhicule entretenu ou réparé, (en


s’assurant, au préalable, du délai de disponibilité des pièces à remplacer)

- l’information donnée au client à propos de l’utilisation de pièces


de rechange issues de l’économie circulaire. (voir Fiche 9)

Et avant même la signature de l’ordre de réparation, il appartient au


professionnel de communiquer au consommateur, de manière lisible et
compréhensible diverses informations, dont :

- les caractéristiques essentielles du bien ou du service et son prix ;

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- « en l’absence d’exécution immédiate du contrat, la date ou le délai
auquel le professionnel s’engage à livrer le bien ou à exécuter le service. »
(article L 111-1,3° du Code de la consommation)

Il faut savoir qu’une clause insérée sur l’ordre de réparation qui aurait pour
objet ou pour effet de stipuler une date indicative d’exécution du contrat
est présumée abusive (article R.212-2,7° du Code de la consommation).

Toutefois, il a été jugé que les mentions « fin juillet » ou « début


septembre » étaient suffisamment précises pour protéger le
consommateur, les tribunaux estimant qu’elles devaient s’analyser comme
une livraison/prestation au plus tard le 31 juillet et le 15 septembre.

La mention « au plus tard deuxième quinzaine du mois de mars » a


également été admise.

Il est à noter qu’en l’absence de stipulations d’une date sur l’ordre de


réparation, le professionnel devra exécuter sa prestation sans retard
injustifié et au plus tard 30 jours après la signature de l’ordre de
réparation (article L.216-1 al.2 du Code de la consommation).

Bien entendu, la date ou le délai initialement fixé pourra être retardé dès
lors que le professionnel et le client en sont d’accord (en pareille
circonstance, il est prudent de s’assurer d’un écrit, tels un courrier/courriel,
un sms. Un échange téléphonique reste basé sur la confiance respective et
ne constitue pas un moyen de preuve fiable).

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Lorsque le professionnel n’a pas respecté la date ou le délai convenu ou, si
la date n’a pas été fixée, au plus tard dans les 30 jours de la conclusion de
l’ordre de réparation, le client (consommateur) peut décider de résoudre le
contrat, en procédant de la manière suivante :

- d’abord, le client devra enjoindre le professionnel de fournir la prestation


dans un « délai supplémentaire raisonnable » (article L.216-6 I-2° du Code
de la consommation). Il est à noter que la loi ne définit pas de notion de
délai supplémentaire raisonnable. Tout au plus, il peut être fait référence à
une directive européenne qui retient un délai « adapté aux
circonstances »…

- ensuite, si le professionnel ne s’est pas exécuté dans ce délai


supplémentaire, le client consommateur pourra alors librement constater la
résolution de l’ordre de réparation.

Ces formalités doivent s’accomplir par lettres recommandées AR ou par un


écrit sur un autre support écrit durable (courriel…)

La résolution du contrat sera considérée comme effective à la réception


par le professionnel, de la lettre ou de l’écrit l’informant de cette résolution,
sauf si le professionnel s’est exécuté entre-temps (article L.216-6 I-2°al.2
du Code de la consommation).

Par exception, la résolution sera immédiate, lorsque, notamment, la date


ou le délai convenu sur l’ordre de réparation, constituera pour le client
consommateur une condition essentielle du contrat, ce caractère pouvant
être déduit des circonstances qui entourent la conclusion de l’ordre de
réparation (contexte factuel, lettre / courriel / sms du client). (article L.216-6
II-2°du Code de la consommation).

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Et lorsque des sommes ont été perçues d’avance par le professionnel, il
devra restituer au client la totalité des sommes versées, au plus tard dans
les 14 jours suivant la dénonciation de la résolution du contrat. (article
L.216-7 du Code de la consommation).

En cas de retard de remboursement, des majorations sont appliquées :

- 10% si le remboursement intervient dans les 14 jours au-delà


de ce terme ;
- 20% jusqu’à 30 jours ;
- 50% au-delà. (article L.241-4 du Code de la consommation).

En tout état de cause, il est impératif pour le professionnel de mentionner


sur l’ordre de réparation (ou le devis) la date ou le délai auquel il s’engage
à restituer au client le véhicule entretenu ou réparé.

Car au-delà des risques précités, depuis la loi Hamon (17 mars 2014), le
professionnel s’expose également à une amende administrative (jusqu’à
15.000 € pour une personne morale), à la suite d’une réclamation du client
faite auprès de la DGCCRF, ou encore, lors d’un contrôle ultérieur mené de
manière inopinée sur site, par les mêmes agents de la DGCCRF.

NOUVEAU : Suivant l’ordonnance du 29 septembre 2021, applicable pour


les contrats conclus à compter du 1er janvier 2022, le client acheteur
consommateur ou non-professionnel (« toute personne morale qui n’agit
pas à des fins professionnelles ») pourra notifier au professionnel la
suspension de paiement de toute ou partie du prix jusqu’à ce que le
professionnel s’exécute. (article L.216-6 I-1°du Code de la consommation).

*
* *
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Le maintien d’un climat de compréhension et les propositions de
solutions rapides permettent, la plupart du temps, de désamorcer une
action contentieuse du client.

2.5.2 Les mentions nécessaires

Les renseignements légaux obligatoires ne sont généralement pas


suffisants pour exécuter un suivi correct des travaux entrepris sur le
véhicule et pour se prémunir de tous risques de litiges.

Il est donc nécessaire de prendre le soin de faire figurer d’autres mentions,


complémentaires.

- Examiner soigneusement le véhicule lors de sa réception et


consigner toutes les anomalies observées (rayures, absence
d’enjoliveur, chocs…).

- Le réceptionnaire et le client pourront, par ailleurs, constater et


mentionner les équipements ou tous autres points qu’ils jugeront
importants et utiles.

- Tracer un « Z » après la dernière ligne manuscrite décrivant les


travaux afin d’éviter tout espace vierge.

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- S’assurer auprès du client du sort des pièces détachées remplacées.
Car le client en est le propriétaire à l’exception de celles remplacées
gratuitement au titre d’une action corrective menée par le constructeur,
de la garantie commerciale (dénommée encore « garantie
constructeur ») ou enfin, d’une pièce remplacée en échange standard
(sauf au client à payer la consigne de la pièce).

Pour éviter tout litige ultérieur de la part du client, (action en


revendication par exemple), il est conseillé au professionnel de
mentionner sur l’ordre de réparation, la possibilité pour le client de
récupérer les pièces remplacées et ce, au plus tard, lors de la restitution
du véhicule entretenu ou réparé.

- Noter les numéros de téléphone (portable du client), ou encore son


adresse électronique. (Le professionnel devra toutefois s’assurer de la
conformité par son entreprise de la protection des données personnelles
du client, conformément, notamment, au Règlement Général de la
Protection des Données (RGPD) applicable à compter du 25 mai 2018).

En effet, si des interventions ne figurant pas sur l’ordre de réparation


apparaissent ultérieurement nécessaires, il conviendra d’obtenir l’accord
préalable du client afin de procéder aux travaux complémentaires.

2.6 Nombre d’exemplaires :

L’ordre de réparation doit être établi en trois exemplaires : un remis au


client, un à l’atelier et le troisième destiné aux archives (de la même
manière, les fiches d’atelier doivent être conservées, car en cas de litige,
elles sont souvent demandées par les experts judiciaires).

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L’OBLIGATION D’INFORMATION SUR LE PRIX
DES PRESTATIONS

3.1 Une obligation légale vis-à-vis des consommateurs :

Le professionnel a un devoir légal d’information.

L’article L.111-1 1° et 2° du Code de la consommation dispose que :

« Avant que le consommateur ne soit lié par un contrat à titre onéreux,


le professionnel communique au consommateur, de manière lisible et
compréhensible (…) 1° les caractéristiques essentielles du bien ou du
service (…), 2° ou tout autre avantage procuré au lieu ou en
complément du paiement d'un prix (…) ».

Cette règle est d’ordre public. Ce qui signifie que le professionnel ne peut
pas y déroger quand bien même il aurait fait signer au client une clause
contraire, par exemple.

En cas de litige, le professionnel devra prouver qu’il a bien rempli son


obligation d’information vis-à-vis du client.

Cette information est matérialisée par voie d’affichage des prix et tout
manquement est susceptible d’être sanctionné par une amende
administrative pouvant aller jusqu’à 15.000 € pour une personne morale.

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Il est également à noter que si le manquement est de nature à induire en
erreur le consommateur, le professionnel peut être également sanctionné,
sur un plan pénal, au titre du délit de pratique commerciale trompeuse.
(article L 121-2 et s. du Code de la consommation).

3.2 Les lieux d’affichage des prix des prestations de services :

Suivant arrêté du 27 mars 1987, il est prévu l’affichage du prix des


prestations offertes exprimées toutes taxes comprises, à l’intérieur de
l’établissement - au lieu de réception de la clientèle – mais aussi à l’entrée,
de manière à ce que le client puisse être informé de l’extérieur du site, sans
y entrer.

Cet affichage doit être visible et lisible.

3.3 L’affichage des prestations d’après-vente :

Cela concerne, tout d’abord, les taux horaires de main d’œuvre ;


l’affichage doit préciser le mode de calcul utilisé (temps réel passé ou
barème de temps constructeur) et la possibilité pour la clientèle de les
consulter.

Si l’entreprise pratique des taux différenciés suivant les opérations


effectuées, elle doit afficher les principales catégories d’opérations
correspondant à ces différents taux (mécanique, électronique, tôlerie,
diagnostics, devis…).

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Pour les prestations forfaitaires, pièces et main d’œuvre, l’affichage devra
également indiquer la possibilité pour la clientèle de consulter la liste
détaillée des opérations comprises dans les forfaits proposés ainsi que les
pièces et fournitures éventuellement incluses.

3.4 L’affichage d’autres prestations :

Il pourra s’agir de l’affichage :

- des tarifs (T.T.C.) de dépannage-remorquage, ainsi que de leurs


conditions d’application, dans la cabine des véhicules d’intervention
et dans les lieux de réception,

- des frais de stationnement / gardiennage ;

- du coût d’élimination des déchets,

- du devis

3.5 Le devis :

Le devis est « une étude portant sur les caractéristiques des travaux à
exécuter et le prix auquel ils sont réalisés ».

Le devis constitue donc une offre de contracter, et n’engage à rien le


client, tant que celui-ci ne l’a pas signé.

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En revanche, après sa signature par le client, le devis se transforme en
contrat, c’est-à-dire que son signataire en accepte les conditions
(description et montant des réparations), le professionnel s’engageant, de
son côté, à exécuter les réparations au prix indiqué (et dans les délais
requis).

Le devis signé par le client vaut alors ordre de réparation.

Une majoration du prix reste cependant possible uniquement dans


certaines circonstances particulières, à savoir :

- hausse du prix des pièces détachées,


- découverte de réparations supplémentaires, imprévues mais
indispensables.

Le professionnel devra, alors, en informer le client pour obtenir un


nouvel accord.

Il va de soi que le professionnel ne se trouve plus tenu par le montant du


devis si le client a laissé passer sa durée de validité. Dans pareil cas, si le
client persiste toujours dans sa demande de travaux, il faudra :

- ou avoir confirmation –écrite- du client sur le chiffrage initial,

- ou présenter au client un nouveau devis.

Afin d’éviter diverses difficultés, le devis devra comporter :

- la description précise des réparations à effectuer ;

- le coût et les temps de la main d’œuvre ;


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- la liste détaillée et chiffrée des pièces détachées nécessaires ;

- le montant de la T.V.A. ;

- les délais de réparation ;

- la durée de validité du devis.

En principe, le devis est gratuit. Rien n’interdit, toutefois, qu’il soit payant. Il
suffit que le professionnel le précise préalablement au sein de son
établissement (affichages à l’entrée et au lieu de réception).

Mais il a été jugé que la gratuité est écartée dans la réparation


automobile où, selon l’usage, le devis est payant et s’impute sur le
prix de l’éventuelle réparation (notamment Cour d’Appel Paris, 8ème
Chambre, 5/06/2003).

Enfin, le réparateur engageant sa responsabilité lorsqu’il établit un devis, il


devra prescrire tous les travaux nécessaires et alerter le client sur l’utilité ou
non des frais.

Dans le cadre de son devoir de conseil, le professionnel devra, ainsi,


proposer une réparation en fonction d’un diagnostic et de l’état du véhicule.

3.6 L’estimation

L’estimation se distingue du devis en ce qu’elle constitue un chiffrage


approximatif de l’intervention à réaliser.

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Elle n’a pas force obligatoire pour le réparateur, lequel ne se trouve pas
engagé sur le chiffrage avancé (contrairement au devis).

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LE REFUS D’EXECUTER UNE PRESTATION

4.1 Selon l’article L 121-11 du Code de la consommation :

« Est interdit le fait de refuser à un consommateur la vente d’un


produit ou la prestation d’un service, sauf motif légitime. »

Cette interdiction de refus vise, ainsi, le seul consommateur (suivant


définition légale, supra).

Quant au refus opposé par le professionnel, il pourra être justifié, par


exemples, par :

- des travaux à réaliser sur un véhicule vétuste, dont le montant est


supérieur à sa valeur vénale ou encore que le résultat risque
d’être incertain,

- une demande visant à procéder à des interventions sur un


véhicule modifié, ou encore en infraction aux règles du Code de
la route (moteur « boosté » etc.),

- une réparation incomplète du véhicule exigée par le client

- état d’ébriété ou comportement insultant du client,

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- l’indisponibilité du produit (rupture de stock) ou de la prestation
(absence d’appareil de diagnostic),

- mauvaise foi du client (client insolvable ou mauvais payeur).

- les pièces détachées fournies par le client

- l’expiration du délai de disponibilité des pièces détachées


indispensables (selon la durée visée sur le bon de commande, en
règle générale, entre 7 à 12 ans décomptée à partir de la 1ere mise
en circulation du véhicule, selon le constructeur)

En revanche, le réparateur ne saurait opposer au client des motifs propres


à sa personne, ou encore au fait que le véhicule, sous garantie
contractuelle constructeur (dénommée aujourd’hui garantie commerciale),
n’a pas été acheté en France mais dans un pays membre de l’Union
Européenne.

Le refus de vente / prestations de service est puni d’une amende


contraventionnelle de 1.500 € (3.000 € en cas de récidive) pour une
personne physique et de 7.500 € (15.000 € en cas de récidive) pour la
personne morale (articles 131-13 5° et 131-38 du Code pénal).

Il est à noter que depuis la loi du 1er juillet 1996, le refus de vente /
prestations de service à un professionnel n’est pas interdit (sauf pratiques
anticoncurrentielles ou discriminatoires).

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B/ LES INTERVENTIONS A EFFECTUER
SUR LE VEHICULE
(Phase 2)

- L’obligation de réparer est de résultat : (Fiche 5)

- L’obligation de sécurité : (Fiche 6)

- L’étendue de l’intervention du réparateur : (Fiche 7)

- Le devoir de conseil du réparateur : (Fiche 8)

- Les pièces issues de l’économie circulaire : (Fiche 9)

- Les vols, avaries et accidents survenus au cours de l’activité : (Fiche 10)

- Les travaux de sous-traitance : (Fiche 11)

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L'OBLIGATION DE REPARER
EST DE RESULTAT

5.1 Le texte légal :

L’obligation de résultat, créée par les juridictions, puise sa source dans les
dispositions de l’article 1231-1 du Code civil (anciennement article 1147 du
même Code), lequel dispose :

« Le débiteur est condamné, s’il y a lieu, au paiement de dommages


et intérêts soit à raison de l’inexécution de l’obligation, soit à raison du
retard dans l’exécution, s’il ne justifie pas que l’exécution a été empêchée
par la force majeure. »

5.2 Comment se définit l’obligation de résultat ? :

Depuis quelques décennies, le sort du professionnel de la réparation


automobile a été malmené au travers d’une jurisprudence très (trop) stricte,
souvent mal interprétée, suivant la phrase trop entendue « Vous êtes
responsable en tant que dernier intervenant ».

Les récentes évolutions de la Cour de cassation laissent entrevoir une


éclaircie au bénéfice du professionnel.

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Etant rappelé que l’obligation de résultat relevant d’une pure construction
intellectuelle des juridictions, sur la base d’un texte de loi, la jurisprudence
évolue au fil du temps, la « vérité » d’hier n’étant pas celle d’aujourd’hui et
encore moins celle de demain…

5.3 Le client doit prouver l’existence d’un de causalité entre les


travaux du professionnel et les désordres survenus :

Il appartient désormais au client de démontrer l’existence d’un lien de


causalité entre les travaux accomplis par le professionnel et les désordres
occasionnés par la suite.

Le client doit donc démontrer que les désordres survenus sur son véhicule
trouvent leur origine dans une prestation défaillante imputable au
professionnel.

Pour ce faire, il conviendra de se référer plus particulièrement au contenu


de l’ordre de réparation, ce qui justifie, au passage, une attention toute
particulière, dans sa rédaction, suivant développements qui précèdent.

En règle générale, une expertise constituera, la plupart du temps, un


préalable nécessaire à l’éventuelle mise en cause de la responsabilité du
professionnel.

Il est à noter que le client aura la possibilité de prouver que les désordres
sont consécutifs à une défectuosité existante au jour de l’intervention du
professionnel.

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Bien entendu, le lien de causalité que le client se doit de rapporter
deviendra de plus en plus ténu, en fonction du temps écoulé depuis la
dernière intervention du professionnel, mais surtout, du kilométrage
parcouru dans l’intervalle.

Plus le véhicule aura parcouru de kilomètres depuis l’intervention du


professionnel, plus le client éprouvera de difficultés à rapporter la preuve de
sa responsabilité.

Il a été ainsi jugé lorsque la panne consécutive à un défaut de mise en


place de la jauge à huile survient alors que le véhicule avait parcouru plus
de 6.000 Kms depuis l’intervention du professionnel réalisée un mois plus
tôt (Cass. Civ. 1ère 16 février 1988).

Etant précisé, que les juridictions jugeront au cas par cas, que le lien de
causalité est interprété en fonction de plusieurs paramètres propres à
chaque affaire (nature des désordres, kilométrage parcouru entre
l’intervention du professionnel et la survenance des désordres etc.)

5.4 Dès lors que le client démontre le lien de causalité entre les
travaux accomplis par le professionnel et la survenance des
désordres, la responsabilité du professionnel est présumée

Si l’existence du lien de causalité entre les travaux du professionnel et les


désordres survenus est établie, la responsabilité du professionnel est alors
présumée.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Pour autant, le professionnel pourra tenter de s’exonérer de sa
responsabilité

5.5 Le professionnel pourra s’exonérer en prouvant :

- qu’il n’a pas commis de faute (Cass. Com. 13/03/1990, Cass. Civ.
1ère 12/07/1994) ou que la panne est sans lien avec les travaux qu’il a
accomplis ;

- que le dommage provient d’une cause étrangère (introduction par le


client d’un produit dangereux dans le moteur (Cass. Civ. 1ère
20/06/1995), erreur de carburant, défaut de respect des opérations
d’entretien ou encore défectuosité d’une pièce directement fournie par
le client) ;

- qu’il avait déconseillé au client la réparation ;

Attention : il faut rester vigilant et ne pas accepter sans réserve un


véhicule récemment réparé par un tiers, le dernier intervenant étant
alors susceptible de voir sa responsabilité engagée au risque
d’assumer des erreurs commises par d’autres.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
L’OBLIGATION DE SECURITE

6.1 Il pèse, notamment sur le réparateur automobile une obligation


générale de sécurité :

L’article L 311-1 du Code de la route stipule que :

« Les véhicules doivent être construits, commercialisés, exploités,


utilisés, entretenus et, le cas échéant, réparés de façon à assurer la
sécurité à tous usagers de la route ».

Le prestataire de services doit ainsi mettre les personnes placées sous sa


garde à l’abri des conséquences négatives, toujours possibles, de son
intervention.

Suivant un arrêt de principe rendu le 9 juin 1993, la Cour de Cassation a


considéré que le réparateur automobile se trouvait tenu d’une
obligation de sécurité à l’égard du client victime d’un accident
consécutif à son intervention.

En l’espèce, le client avait perdu le contrôle de son véhicule et occasionné


un accident dû, selon l’expert, à l’absence de remise en place d’un frein
d’écrou au cours d’une précédente intervention.

Ainsi, le professionnel s’engage à ne pas faire courir de danger à son


client du fait de son intervention.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
A titre d’exemple, si le client est victime d’un accident et qu’il est démontré
que celui-ci trouve son origine dans une réparation défaillante, le
professionnel pourra voir sa responsabilité engagée et être condamné à
payer au client des dommages-intérêts.

Ce ne sera pas le cas lorsque l’accident sera causé par une vitesse
excessive sans que le client établisse la preuve que le fonctionnement
normal des pièces mal réparées aurait permis de l’éviter (Cour d’Appel de
Besançon 28/02/1997).

Et si le Code de la route prévoient un principe général de sécurité dont le


non-respect peut déclencher des procédures visant à faire cesser de tels
risques, dont l’immobilisation du véhicule, pour autant, le professionnel de
l’automobile n’a pas vocation à assurer la police de la circulation routière
qui revient aux seules autorités compétentes (police, gendarmerie…).

6.2 Dans le cadre de l’activité après-vente :

Le professionnel doit informer son client de l’existence des risques


encourus s’il relève que le véhicule confié présente un danger pour
l’intégrité de l’automobiliste.

Si le client refuse les conseils avisés du professionnel, ce dernier lui fera


signer une décharge de responsabilité. (Fiche 8.2.3)

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
6.3 Dans le cadre de la réception lors de la l’activité après-vente :

Dans la mesure où le professionnel reçoit du public sur son site, il doit en


assurer la sécurité.

Le professionnel devra porter une attention toute particulière à


l’identification de zones, informer la clientèle par la voie d’un affichage
visible, dont, par exemples, l’interdiction à toute personne étrangère au
service de se rendre dans les ateliers, la présence de marches, de portes
vitrées, d’un sol glissant etc.

6.4 Les sanctions :

Le professionnel est susceptible de voir sa responsabilité civile mais aussi


pénale (délit d’homicide involontaire, délit d’atteinte involontaire à l’intégrité
de la personne ayant entraîné une incapacité de travail supérieure à trois
mois, contravention d’atteinte involontaire à l’intégrité de la personne ayant
entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à trois mois,
contravention d’atteinte involontaire à l’intégrité de la personne n’ayant pas
entraîné une incapacité de travail etc…).

Il est à noter que lorsque l’infraction concerne une personne morale, les
sanctions sont plus lourdes que celles prononcées contre une personne
physique.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
L’ETENDUE DE L’INTERVENTION
DU REPARATEUR

7.1 Le principe :

Le principe est que le professionnel doit s’en tenir à ce qui a été


demandé par son client.

Ce qui ne le dispensera pas, toutefois, en matière de sécurité, de signaler


au client les interventions nécessaires (freins, pneus, amortisseurs, usure
d’organes sensibles…), même si elles sont sans rapport avec les
réparations demandées par le client.

Ainsi, en dehors des hypothèses où, pour des raisons de sécurité, il est du
devoir du professionnel d’informer son client sur les réparations qui
s’imposent, l’exécution de la prestation de services s’évaluera en fonction
de ce qui avait été demandé au professionnel, lequel est en droit de
limiter son intervention à ce qui avait été convenu entre le client et lui
selon l’ordre de réparation.

La Cour de Cassation a eu l’occasion de se prononcer sur ce point :

« Après avoir constaté que la commande du client était limitée au


changement d’un balai d’essuie-glace et de quatre bougies et
ne portait pas sur une révision périodique impliquant la vidange
du véhicule, les Juges du fond ont pu en déduire qu’en l’absence
de commande d’une telle opération, le garagiste n’était pas tenu
d’appeler l’attention de son client sur la nécessité d’y procéder ».
(Cass. Civ. 1ère 05/11/1996)

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Dès lors, sans l’accord du client, le professionnel ne pourra pas
prendre l’initiative de remplacer des pneus et, ayant prévenu du danger,
ne saurait être tenu de garantir son client à la suite des dommages causés
par lui dans un accident.

Le professionnel devra se limiter aux interventions sollicitées et ne


pourra donc pas réclamer le paiement de travaux non commandés par
le client, même si ceux-ci s’avèrent utiles et portent sur des organes
de sécurité.

Le professionnel devra, alors, prendre toutes précautions en portant


toutes réserves sur l’ordre de réparation, le devis ou encore la facture et en
faisant signer au client, le cas échéant, une décharge de responsabilité.
(Ce point sera développé ultérieurement.)

7.2 L’atténuation :

Par exception à ce qui précède, le professionnel sera susceptible


d’intervenir - et partant d’exiger le règlement des travaux :

- si le client est en relation commerciale depuis longtemps avec le


professionnel, des réparations d’entretien courant ou de peu
d’importance seront présumées effectuées avec son accord tacite.

- si des réparations plus importantes que celles prévues, se trouvent


en rapport avec l’intervention demandée.

Aussi, afin d’éviter toute difficulté, il est vivement recommandé au


professionnel de se limiter à effectuer les interventions demandées, tout en
prenant des précautions, puisque le professionnel est débiteur d’un devoir
d’information et de conseil à son égard.
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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
A ce titre, afin de préserver un climat de confiance mais aussi de se
protéger, le professionnel devra contacter le client pour l’informer de la
nécessité d’engager des travaux complémentaires, en tentant d’obtenir de
son accord, indispensable à la réalisation des travaux complémentaires.

7.3 Les travaux complémentaires :

En cas de travaux complémentaires à réaliser par rapport aux demandes


initiales du client, le professionnel devra l’en informer et obtenir son accord
écrit avant toute réalisation des travaux complémentaires nécessaires.

Cet accord écrit du client pourra être obtenu de diverses manières :

• si les travaux sont importants ou onéreux, il sera préférable de


demander au client de passer à l'atelier pour signer un ordre de
réparation complémentaire.

• pour le cas où le client ne serait pas en mesure de se déplacer,


on pourra éventuellement lui faxer l’ordre de réparation
complété qu'il devra alors retourner par la même voie dûment
signé par ses soins.

Selon la jurisprudence désormais établie, la télécopie constitue


un commencement de preuve à condition que « l’intégrité et
l’imputabilité de son contenu à l’auteur désigné ont été vérifiées
ou ne sont pas contestées ».

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
A cet effet, il conviendra de s’assurer que la signature du client
figurant sur la télécopie est identique à celle apparaissant sur
l’ordre de réparation ; on peut en effet imaginer qu'une personne
indélicate, proche du client, signe à sa place l’ordre de réparation
complémentaire en le renvoyant au professionnel.

Car la télécopie devient alors un mode de preuve fragile dès lors


que son contenu est contesté par l’auteur désigné.

La confirmation par voie postale reste naturellement le moyen


le plus aisé pour se procurer une preuve par écrit au sens du
Code Civil.

• De la même manière, l’écrit électronique est admis en preuve au


même titre que l’écrit sur support papier, « sous réserve que
puisse être dûment identifiée la personne dont il émane et qu’il
soit établi et conservé dans des conditions de nature à en
garantir l’intégrité. »

Et le législateur précise, par ailleurs, que « l’écrit électronique a


la même force probante que l’écrit sur support papier » (article
1366 du Code civil).

• Ainsi, la fiabilité d’un procédé de signature électronique est


reconnue et il existe une procédure de certification.

A l’instar de la jurisprudence précitée applicable à la télécopie, et


suivant les mêmes restrictions précitées, un échange de
courriers électroniques sera de nature à constituer un moyen de
preuve.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
• Depuis 2007, les Tribunaux ont également admis que le
destinataire de SMS pouvait se prévaloir des messages écrits
téléphoniquement, estimant que l’auteur ne pouvait ignorer leurs
enregistrements par l’appareil récepteur. On peut ainsi en
conclure qu’un SMS du client, constitue un mode de preuve de
son accord sur des travaux et autres prestations réalisés, à
condition, toutefois, que son auteur soit identifié, que le message
ait été obtenu sans violence ni fraude et, idéalement, constaté
par huissier de justice (appelé aujourd’.

• Enfin, comme habituellement, il pourra toujours être demandé au


client son accord par téléphone, solution rapide mais pas
toujours efficace, dès lors qu'en cas de contestation ultérieure de
sa part, le professionnel sera dans l'impossibilité absolue de
prouver qu'il a effectivement obtenu un tel accord.

Ce dernier procédé est donc dangereux, car dépourvu de toute efficacité


juridique (« les paroles s’envolent, les écrits restent ... »).

Il est à préciser que l’enregistrement d’une conversation téléphonique, à


l’insu de l’auteur des propos invoqués, constitue un procédé déloyal
rendant ainsi irrecevable en justice la preuve ainsi obtenue (par exemple
Cass. Ass. Plénière 7 janvier 2011).

Il n’en irait pas de même si la conversation téléphonique avec le client


venait à être enregistrée après information et accord préalables de sa part
(ce qu’il conviendra alors de justifier en cas de litige).

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
LE DEVOIR DE CONSEIL
DU REPARATEUR

La jurisprudence récente envisage le rôle et les obligations du


professionnel tenu de réparer un véhicule, de manière active, dynamique
par rapport au client, présumé ignorant en la matière.

Ainsi, celui-ci ne doit pas se borner à exécuter les travaux demandés. Il doit
faire preuve de diligences pour la remise en état du véhicule, en qualité de
professionnel compétent.

De manière générale, on peut aujourd’hui affirmer que le professionnel a


une véritable obligation d’information et de conseil à l’égard de son client
pour discuter de l’opportunité de telle ou telle réparation, tant sur le plan
économique (8.1) que sur un plan purement mécanique (8.2), ou encore,
s’agissant de l’opportunité de souscrire une assurance complémentaire
dans le cadre d’un prêt de véhicule de remplacement (8.3).

8.1 L’obligation de conseil de nature économique :

Le professionnel doit informer et conseiller son client selon l’importance et


le coût des réparations à effectuer au regard de la valeur vénale du
véhicule.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Exemple :

La valeur vénale du véhicule du client au moment de la réparation s’élève à


7.000 €.

Or, la réparation selon les règles de l’art entraîne pour le client une
dépense supérieure à cette somme.

Le réparateur, tenu par un devoir de conseil à l’égard de son client, « ne


devait exécuter les travaux dépassant la valeur vénale de la voiture
qu’après avoir averti l’intéressé de cette situation et sur instructions
expresses ».

Dans la décision rendue, la juridiction a décidé de limiter le montant de la


facture à la valeur vénale du véhicule, soit 7.000 €. (à charge pour le
professionnel de restituer au client la somme d’un montant supérieur qu’il
avait perçue)

En l’espèce, le réparateur a, en conséquence, été condamné pour ne pas


avoir mis en garde son client contre une réparation techniquement efficace
mais économiquement irrationnelle.

Ainsi, pour être en mesure de réclamer une réparation dont le montant


est supérieur à la valeur vénale du véhicule, le professionnel devra
démontrer que le client, informé de cette situation, a toutefois sollicité
la réalisation des travaux.

Se pose alors le dilemme pour le réparateur entre, d’une part, sa fonction


de commerçant et, d’autre part, ses obligations juridiques.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
En l’occurrence, le réparateur n’est pas jugé sur ses méthodes de travail
mais plutôt sur sa manière de procéder vis-à-vis du client.

Aujourd’hui, la jurisprudence oblige tout professionnel de la réparation à


prendre en considération les coûts et les conséquences des travaux à
effectuer.

Aussi, pour éviter toutes difficultés, il conviendra de faire signer au client la


mention suivante (sur le devis, l’ordre de réparation ou la facture) :

« Je reconnais avoir été informé sur le montant et la nature des


travaux ; j’en accepte le prix proposé, soit la somme de…………..,
supérieure à la valeur vénale du véhicule » (date et signature).

Il sera, par ailleurs, utilement précisé que la jurisprudence va même jusqu’à


admettre la qualification pénale de tromperie (aujourd’hui le délit de
pratiques commerciales trompeuses) à l’encontre d’un garagiste :

« Son obligation d’information et de conseil lui imposait, le cas


échéant, de ne pas entreprendre de frais importants de remise
partielle en état du véhicule, si l’état général et la valeur
vénale de celui-ci permettait de considérer que cela n’était
pas valable pour permettre au client de disposer d’un
véhicule fiable eu égard évidemment à son ancienneté »
(Cour d’Appel Limoges 22/07/1993).

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8.2 L’obligation de conseil de nature technique :

Dans la mesure où le client est présumé ignorant en la matière, le


réparateur devra faire preuve de diligences pour la remise en état du
véhicule, en qualité de professionnel compétent.

Plusieurs situations peuvent se présenter, selon que les travaux prévus


relèvent de l’initiative du client ou du réparateur.

8.2.1 L’intervention demandée par le client est


dangereuse

Si le client sollicite une intervention dangereuse (en raison notamment


de son caractère provisoire ou incomplet), il appartiendra au réparateur de
le conseiller –et de le dissuader- sur l’opportunité de procéder à de tels
travaux.

Et compte tenu du caractère dangereux des travaux demandés, le


réparateur devra s’abstenir d’intervenir en faisant signer au client une
décharge de responsabilité.

8.2.2 L’intervention demandée par le client est


inutile

Le client peut, par ailleurs, demander au réparateur de procéder à une


intervention qui pourrait s’avérer, en réalité, inutile.

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Il appartiendra, là encore, au réparateur de déconseiller son client de
réaliser de travaux.

8.2.3 Les travaux complémentaires à signaler

De son côté, le professionnel devra avertir le client de la nécessité de


travaux complémentaires et urgents ; à défaut, il engagera sa
responsabilité.

Si la réparation urgente et non prévue est peu coûteuse, il pourra y


procéder d’office lorsque les instructions reçues de la part du client sont
assez générales.

En revanche, lorsqu’il s’agit de procéder à d’importantes réparations, le


professionnel devra nécessairement obtenir l’accord du client.

Deux situations peuvent alors se présenter :

- soit le client ACCEPTE les travaux :

Le professionnel devra, alors, établir un avenant à l’ordre de


réparation initial, en prenant le soin de faire signer le client afin de se
constituer une preuve de l’accord intervenu.

Comme il l’a été précédemment indiqué, un accord verbal du client


s’avérerait insuffisant en cas de contestation ultérieure de sa part
quant au supplément du prix à payer.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Et à défaut de rapporter la preuve d’un tel accord, le réparateur ne
pourra pas obtenir le règlement du supplément de prix, selon la
jurisprudence la mieux établie sur ce point.

- si le client REFUSE les travaux :

Le réparateur n’aura pas d’autre choix que de limiter sa prestation à


ce que le client a initialement demandé.

Il devra alors faire signer une décharge de responsabilité.

Car celui-ci ne dispose d’aucun moyen pour contraindre le client à


effectuer les travaux ; le réparateur ne pourra pas, par exemple, ni
effectuer la réparation d’office (sauf si elle est urgente et peu
coûteuse), ni encore retenir le véhicule (il y aurait un abus de droit
pour lequel le professionnel sera condamné).

Ainsi, le réparateur se trouve dans une situation quelque peu


inconfortable ; car il doit informer et conseiller son client sur
l’opportunité de travaux à engager, auxquels il ne pourra
toutefois pas procéder sans son accord, quand bien même le
véhicule serait dangereux !

Tel est le cœur de la difficulté que le réparateur rencontre


quotidiennement dans le cadre de son activité.

Et sa responsabilité pénale pourrait être engagée s’il laisse circuler


un véhicule dont il aurait ou devrait connaître en tant que
professionnel les défauts et que celui-ci occasionne un accident.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Les délits d’homicide involontaire (article 221-6 du Code pénal :
jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 45.000 € d’amende), de blessures
involontaires (article 222-19 du Code pénal : jusqu’à 2 ans
d’emprisonnement et 30.000 € d’amende) ou encore de mise en
danger de la vie d’autrui (article 223-1 du Code pénal : jusqu’à 1 an
d’emprisonnement et 15.000 € d’amende) seraient alors susceptibles
d’être constitués.

Une extrême vigilance s’impose donc.

Aussi, afin de préserver ses intérêts, le réparateur devra toujours se pré-


constituer la preuve :

- qu’il a informé et conseillé le client des réparations à entreprendre ;

- que le client a refusé d’exécuter de tels travaux.

Un écrit strict et précis est donc indispensable.

Lors de l’établissement du devis ou de l’ordre de réparation, le


professionnel devra indiquer les interventions nécessaires signalées au
client et refusées par lui, avant d’entreprendre les travaux, mais aussi au
cours des travaux si des interventions complémentaires s’avéraient
nécessaires (avenant à l’ordre de réparation).

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Deux possibilités s’offrent alors au professionnel :

• soit faire figurer sur l’ordre de réparation ou la facture, une


formule rappelant la précarité de la réparation effectuée ou la
nécessité d’entreprendre des travaux indispensables en
relevant :

- les dangers éventuels liés à l’état du véhicule.

- l’offre faite au client d’effectuer les travaux nécessaires.

Afin d’éviter toute difficulté, il conviendra de faire signer le client


sur tous les exemplaires de la facture, permettant ainsi de
démontrer qu’après avoir été informé et conseillé sur la situation,
il a refusé de faire procéder aux travaux préconisés.

• soit faire signer une décharge de responsabilité.

A cet effet, lors de la restitution du véhicule, le réparateur devra faire signer


une décharge de responsabilité sur laquelle, il conviendra notamment de
préciser que :

• le client (nom, prénom, adresse) certifie avoir été alerté de


façon formelle par le professionnel (raison sociale et adresse
de la concession),

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
• des travaux complémentaires (à détailler) n'ont pu être réalisés
par ses soins en raison du seul refus du client lors de
l'intervention (préciser la date des travaux, ainsi que le numéro
et le montant de la facture) effectuée sur le véhicule (préciser la
marque, n° d'immatriculation et de série de type),

ou

• les réparations réalisées à la demande du client (à détailler) lors


de l’intervention (préciser la date des travaux, ainsi que le
numéro et le montant de la facture) sur le véhicule ((préciser la
marque, n° d'immatriculation et de série de type) sont
incomplètes et que les réparations suivantes sont également
nécessaires (à détailler),

• le professionnel invite le client à procéder (de toute urgence ou


dans les meilleurs délais selon le cas) à ces réparations qui sont
importantes pour assurer la sécurité et le bon fonctionnement du
véhicule,

• à défaut, pour le client de procéder aux réparations (de toute


urgence ou dans les meilleurs délais selon le cas), celui-ci
accepte d'assumer de ce fait la pleine et entière responsabilité
des dommages et des pénalités pouvant en découler, tant en
ce qui le concerne qu'à l'égard des tiers.

Une signature au bas d’une formule de décharge « banale » et à plus forte


raison, une simple mention des travaux nécessaires au bas de la facture ne
constituent pas, pour un Tribunal, une preuve que le client a été prévenu en
temps utile avec l’insistance et la précision nécessaires.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
En effet, la décharge aura très bien pu être signée lors du paiement de la
facture comme une simple formalité.

Si le client refuse de signer, le professionnel devra immédiatement


envoyer au client une lettre recommandée avec demande d’avis de
réception précisant dans les mêmes termes que la formule les faits qu’il
s’est refusé de reconnaître.

C’est pourquoi, dans un cas grave, il sera possible d’adresser un double


de la décharge de responsabilité à la Gendarmerie ou au Commissariat de

Police le plus proche ou encore en les avisant pas le dépôt d’une main-
courante.

L’ultime solution pourrait consister à faire appel aux forces de l’ordre qui
verbaliseront le conducteur à la sortie des ateliers (véhicule équipé de
pneus lisses, par exemple).

La décharge de responsabilité reste, ainsi, un document majeur pour


exonérer ou, à tout le moins, atténuer la responsabilité du professionnel, si
un accident venait à se produire ultérieurement.

On ne peut pas, toutefois, être certain de son efficacité totale, en particulier


à l’égard des tiers, victimes de l’accident, susceptibles de rechercher
directement la responsabilité du professionnel pour avoir laissé circuler un
véhicule qu’il savait –ou devait savoir- dangereux.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
En conclusion, il conviendra de privilégier avant tout le dialogue avec
le client, en lui expliquant précisément les risques qu’il encourt, ce
qui, dans la majorité des cas, le convaincra de faire procéder aux
travaux préconisés par le professionnel.

Attention : une clause d’exonération générale de la responsabilité du


professionnel mentionnée sur les conditions de réparations n’a pas de
valeur juridique. (à l’inverse d’une clause d’exonération spécifique. Il faut
donc une clause qui répond à la situation précise à laquelle le professionnel
se trouve confronté).

8.3 L’obligation de conseil et d’information sur l’opportunité pour le


client de souscrire une assurance complémentaire en matière de
prêt de véhicule de remplacement :

Dans le cadre de travaux sur un véhicule confiés à un garagiste par un


client, celui-ci lui avait prêté un véhicule de prêt assuré au tiers alors que la
voiture à réparer était assurée tous risques.

A l’issue des travaux, le client rapporte au garagiste le véhicule prêté


endommagé dont l’assureur ne prenait pas en charge les réparations.

Logiquement, semble-t-il, le garagiste réclame à son client le coût des


dommages occasionnés sur le véhicule prêté, ce que l’intéressé conteste.

L’affaire est portée en justice.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
La Cour d’Appel a condamné le client, qui avait restitué accidentée le
véhicule de remplacement prêté par le garagiste, à lui payer le coût de la
réparation au motif qu’il appartient à l’emprunteur du véhicule d’en garantir
la conservation et de répondre de tout dommage qu’il pourrait subir, sans
pouvoir reprocher au garagiste une absence de conseil quant à l’assurance
dans la mesure où, lui-même propriétaire d’une voiture n’ignorait pas que
tout véhicule doit être assuré.

La Juridiction Suprême casse cette décision au motif que « le garagiste


qui prête un véhicule de remplacement à un client est tenu d’informer
celui-ci sur l’étendue des garanties de son contrat d’assurance et sur
l’intérêt de souscrire éventuellement des garanties
complémentaires. » (Cass. Civ. 1ère 25/11/2003).

Cette obligation sévère posée par la Cour de Cassation impose ainsi au


professionnel de faire preuve de la plus grande vigilance lors d’un prêt de
véhicule de remplacement qui devra être nécessairement matérialisé par
un contrat (sur lequel par exemple devra figurer l’étendue des garanties
d’assurance concernant le véhicule) que le client devra signer.

8.4 Les atténuations :

Si le professionnel est tenu à une obligation de conseil (mais aussi


d’information) vis-à-vis de son client, ce dernier ne doit pas pour autant
abuser de son droit.

Ainsi, l’obligation de conseil pourra être supprimée, ou à tout le moins


atténuée, si le professionnel parvient à démontrer, par exemple,

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
- que le client dispose de compétences techniques en matière de
réparations automobiles,

- l’absence de lien de causalité entre les travaux accomplis et les ceux qui
s’avéraient nécessaires.

8.5 Les sanctions :

Les sanctions prononcées contre le professionnel sont diverses.

Tout d’abord, le professionnel ne pourra pas obtenir le règlement de la


facture au titre des prestations conseillées à tort (travaux inefficaces,
inutiles etc.).

Ou encore, le manquement du professionnel pourra relever d’un vice du


consentement, au détriment du client, lui permettant d’obtenir, le cas
échéant, la nullité du contrat.

Ou toujours, le professionnel pourra être sanctionné par la DGCCRF au


titre d’une amende administrative (jusqu’à 3.000 € pour une personne
physique et 15.000 € pour une personne morale) en cas de manquement à
l’obligation de conseil (mais aussi d’information).

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
LES PIECES ISSUES DE L’ECONOMIE
CIRCULAIRE

9.1 Les nouvelles obligations pour le réparateur automobile :

La loi du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance


verte (dite loi Royal), a institué un article L 121-117 dans le Code de la
consommation :

« Tout professionnel qui commercialise des prestations d’entretien ou de


réparation de véhicules automobiles permet aux consommateurs d’opter
pour l’utilisation, pour certaines catégories de pièces de rechange, de
pièces issues de l’économie circulaire à la place de pièces neuves. »

Le professionnel de la réparation automobile a désormais l’obligation de


permettre à ses clients d’opter pour des pièces issues de l’économie
circulaire à la place de pièces neuves.

Cette disposition ne concerne que les voitures particulières et les


camionnettes.

Elle est entrée en vigueur le 1er janvier 2017.

Les professionnels concernés sont :

• les professionnels commercialisant des prestations d’entretien ou de


réparation de véhicules,

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• les centres VHU (véhicules hors d’usage) agréés,
• les entreprises du secteur de l’automobile.

Les professionnels doivent informer leur clientèle (consommateurs) des prix


et conditions de vente de ces pièces par voie de marquage, d'étiquetage,
d'affichage ou tout autre procédé approprié (dont l’ordre de réparation).

L’arrêté qui fixe les modalités pratiques d’information du consommateur


n’est toujours pas paru.

9.2 Les pièces concernées :

9.2.1 Les pièces de réemploi et les pièces « échange standard »

Aux termes des textes, les « pièces issues de l’économie circulaires »


comprennent deux types de pièces :

- La pièce de réemploi, ou pièce détachée d'occasion, qui est un


composant commercialisé par un centre agréé de traitement des véhicules
hors d'usage (VHU) et préparé pour réutilisation sur un véhicule dans le
cadre de son entretien ou de sa réparation (sauf en cas d'indisponibilité).

- La pièce échange standard, qui est une pièce d'occasion refaite à


neuf, répondant aux mêmes exigences de fabrication, de garantie et de
qualité que les pièces d'origine.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Ainsi les professionnels de l'automobile doivent désormais proposer aux
clients consommateurs (personnes physiques, ce qui exclut les personnes
morales, dont les sociétés etc.) une pièce de réemploi ou échange standard

à la place d'une pièce neuve pour l'entretien ou la réparation de des


véhicules ; les clients peuvent l'accepter ou la refuser.

9.2.2 Les catégories de pièces automobiles concernées

Cette possibilité n'existe que pour certaines catégories de pièces


automobiles :

• Les pièces de carrosserie amovibles,


• Les pièces garnissage intérieur et de la sellerie (sièges),
• Les vitrages non collés,
• Les pièces optiques (phares, feux et clignotants),
• Les pièces mécaniques ou électroniques, à l’exception de celles
faisant partie des :
o trains roulants,
o éléments de la direction,
o organes de freinage,
o éléments de liaison au sol qui sont assemblés, soumis à usure
mécanique et non démontables.

9.2.3 Les prestations exclues

La mesure ne s’applique pas dans le cas :

- des prestations d'entretien ou de réparation réalisées à titre gratuit,


sous garantie commerciale, ou dans le cadre d’actions de rappel ;

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
- lorsque les pièces issues de l’économie circulaire ne sont pas
disponibles dans le délai prévu par contrat pour l’immobilisation du
véhicule,

- ou lorsque le professionnel estime que ces pièces présentent un risque


pour l’environnement, la santé publique ou la sécurité routière.

9.3 Les sanctions :

En cas de litige, il appartient au professionnel de prouver qu'il a rempli son


obligation d'information auprès du consommateur.

* * *

NOUVEAU : La loi dite « Climat et résilience », vise, dans l’un de ses


articles, validé par le Conseil constitutionnel, une double modification du
droit des dessins et modèles et de la propriété intellectuelle.

Elle est entrée en vigueur le 1er janvier 2023.

Cette disposition prévoit que toutes les pièces visibles (rétroviseurs,


optiques, carrosserie) produites par les équipementiers de première monte
sont désormais ouvertes à la concurrence.

Concrètement, ce changement s'opère de deux façons, selon le type de


réparation réalisée :

- Pour les pièces de vitrage (pare-brise ou vitres) tout équipementier pourra


les vendre, quelle que soit la marque du véhicule.

- Pour les rétroviseurs, les phares et les autres pièces de carrosserie, seuls
les équipementiers qui ont fabriqué les pièces d’origine pour les
constructeurs seront autorisés à les vendre. Les autres équipementiers
pourront quant à eux produire et commercialiser ces pièces à l’issue d’une
période de 10 ans à compter de l’enregistrement du dessin ou du modèle
de la pièce, contre 25 ans jusqu’alors.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
LES VOLS, AVARIES ET ACCIDENTS SURVENUS
AU COURS DU DEPOT DU VEHICULE

Plusieurs situations peuvent se présenter :

10.1 Vol et avarie du véhicule :

Le réparateur auquel est confié le véhicule à réparer est considéré comme


un dépositaire.

A ce titre, il s’engage à restituer après les travaux le véhicule à son


propriétaire dans l’état où il lui a été remis.

Il se trouve ainsi responsable du vol ou des détériorations survenu


sur l’automobile, sauf à démontrer que le vol ou l’avarie n’est pas
imputable à sa faute ou encore que les détériorations existaient avant
la réception (ce qui sera très difficile à établir, d’où la nécessité de
remplir correctement l’ordre de réparation).

La responsabilité du professionnel est une responsabilité de plein


droit.

Le client n’aura donc pas à rapporter la preuve d’une faute commise par le
professionnel.

Celui-ci est responsable du seul fait du vol ou de l’avarie.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Pour éviter une condamnation et suivant la jurisprudence établie, le
professionnel devra, en conséquence, prouver lui-même qu’il n’a pas
commis de faute dont cas de force majeure (c’est-à-dire un événement
imprévisible et irrésistible) l’empêchant de restituer le véhicule.

L’appréciation par les Juges de la force majeure est très variable, même si
on peut relever une tendance dominante dans le sens de la sévérité.

Il a notamment été jugé qu’il n’y avait pas de force majeure :

- lorsque le garagiste laisse le véhicule confié sur la voie publique et


que les voleurs s’en sont emparés en prenant les clés dans son
bureau (notamment Cour d’Appel Paris 20/03/1987).

- lorsque ce même professionnel laisse un véhicule de luxe sur une


aire extérieure sans personnel de surveillance, exposé au regard et
aux convoitises alors qu’un vol était loin d’être imprévisible et qu’il avait
la possibilité d’abriter le véhicule dans les locaux de l’atelier (Cour
d’Appel Aix en Provence 09/04/1993).

En revanche, il a été admis comme cas de force majeure, exonérant ainsi


le professionnel de sa responsabilité :

- lorsque le véhicule confié a été volé dans un enclos fermé avec grilles et
cadenas alors que le garagiste ne disposait pas des clés de la voiture (Cour
d’Appel Rouen 28/11/1989).

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
De la même manière, le réparateur professionnel est responsable des
avaries du véhicule provenant de causes diverses (sauf à établir - très
difficilement - que la détérioration n’est pas imputable à sa faute).

Il en va ainsi, par exemple, des dommages de carrosserie qui résultent de


fausses manœuvres.

C’est pourquoi, lors de la réception du véhicule, il est vivement


recommandé au professionnel de faire figurer sur l’ordre de réparation tous
dégâts apparents constatés contradictoirement avec le client dont, en
particulier, les rayures ou encore l’absence d’enjoliveurs.

Cette précaution permettra, ainsi, d’éviter qu’un client de mauvaise ou


même de bonne foi prétende que les désordres seraient survenus à
l’occasion de la réalisation des travaux, engageant, ainsi, la responsabilité
du réparateur, en sa qualité de dépositaire du véhicule.

Les observations formulées permettront au réparateur de se pré-constituer


une preuve en cas de difficultés ultérieures.

10.2 Vol et avaries des objets laissés dans le véhicule :

Le réparateur professionnel est responsable de la disparition des objets


confiés laissés dans le véhicule du client, dès lors que celui-ci en accepté la
garde.

Il est, en conséquence, recommandé de demander au client soit, de retirer


de la voiture tout objet ayant de la valeur, soit encore, d’établir avec le client
un inventaire des objets confiés qui seront mentionnés sur l’ordre de
réparation.
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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Il existe fréquemment dans les garages un règlement affiché dégageant la
responsabilité du professionnel en cas de vol ou d’avaries de ces objets.

Quelle est sa valeur ?

Si la clause figurant sur l’affiche, informant la clientèle que le réparateur


n’est pas responsable de la disparition des objets laissés dans les
véhicules, est parfaitement valable, les Tribunaux sont, toutefois, enclins à
la déclarer, dans la plupart des cas, inopposable au client.

Car le simple affichage n’est pas une mesure de publicité suffisante.

Le professionnel ne sera - en principe - dégagé de sa responsabilité qu’en


démontrant que le client a expressément pris connaissance d’une clause -
visée en règle générale sur l’ordre de réparation - excluant sa
responsabilité en cas de vol d’objets laissés dans le véhicule.

Mais, dans tous les cas, les Tribunaux retiendront la responsabilité du


professionnel qui aura commis une faute lourde (véhicule non verrouillé
laissé dans la rue sans surveillance).

Enfin, en cas d’objets précieux, qu’il n’est pas d’usage de laisser dans une
voiture, le réparateur professionnel ne saurait en être gardien, s’il n’a pas
été avisé de cette particularité.

10.3 Le dépannage :

Le garagiste qui procède à un dépannage ne sera reconnu responsable


des dommages subis par les tiers que s’il devient gardien du véhicule
(c’est-à-dire lorsqu’il dispose des pouvoirs d’usage, de contrôle et de
direction sur le véhicule).
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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Ainsi, lorsque le professionnel, pour dépanner un camion, fait pousser
celui-ci jusqu’à un endroit en pente et monte à côté du conducteur pour
diriger la manœuvre, devient gardien du véhicule. Il est responsable du
dommage survenu à l’une des personnes qui, en poussant le camion, a été
blessé par celui-ci (Cass. Civ. 2ème 09/11/1966).

10.4 Le remorquage :

Lorsqu’un accident survient au cours d’un remorquage, le garagiste est en


principe responsable des dommages subis par les tiers ou par son client.

En effet, le professionnel a, en règle générale, seul la maîtrise du véhicule,


que celui-ci soit en position levée, ou encore lorsque l’automobiliste reste
au volant de son véhicule dans un remorquage tiré, sans avoir une réelle
liberté de manœuvre.

Le professionnel pourra se dégager de sa responsabilité en démontrant


que le dommage résulte de la force majeure (à la suite, par exemple, d’un
vice interne du véhicule).

10.5 L’accident d’un tiers dans l’atelier :

Le réparateur professionnel est présumé responsable des accidents ou


des dommages survenus au client présent dans l’atelier.

Il est tenu à une obligation de sécurité ((Fiche 6.3 et s.)

63
© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
La victime devra, toutefois, prouver une négligence ou imprudence du
professionnel causé à son encontre, et ce, conformément aux dispositions
de l’article 1241 du Code civil.

Il en va ainsi lorsque le client fait une chute à cause des installations, d’un
matériel mal rangé ou encore d’un sol rendu particulièrement glissant par
de l’huile.

Ainsi, le professionnel a tout intérêt, par sécurité, à ne pas laisser l’accès


de certaines parties à la clientèle.

L’imprudence causée par le client sera de nature à permettre au


professionnel d’obtenir un partage de responsabilité, voire d’être totalement
exonéré.

10.6 L’accident lors d’essais routiers :

Au cours des essais postérieurs (ou antérieurs) à la réparation, le


professionnel est gardien du véhicule et, à ce titre, responsable des
accidents qu’il pourrait causer.

Il en est ainsi, même lorsque le client pilote lui-même l’automobile.

Car malgré la présence du conducteur et ses pouvoirs sur le véhicule, la


jurisprudence attribue la garde au garagiste.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Toutefois, la faute de conduite commise par le client serait de nature à
entraîner une exonération partielle ou totale du professionnel (Cass. Civ.
2ème 14/10/1971).

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
LES TRAVAUX DE SOUS-TRAITANCE

11.1 Par manque de temps, de compétences ou de matériels, le


professionnel peut sous-traiter tout ou partie des travaux auprès d’un autre
professionnel.

Lorsque le sous-traitant n’exécutera pas correctement ses obligations


envers l’entrepreneur principal (non respect des délais, malfaçons…), il en
résultera nécessairement un préjudice pour le client, dont ce dernier pourra
réclamer directement réparation à l’entrepreneur.

A charge pour celui-ci de se retourner vers le sous-traitant.

Ainsi, toutes les fois que l’entrepreneur principal facturera directement


au client les prestations sous-traitées, sa responsabilité pourra être
recherchée en cas de problèmes, ce qui apparaît logique, le client n’étant
en relation qu’avec l’entrepreneur principal auprès duquel celui-ci a
commandé les travaux.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
C/ LE PAIEMENT DES PRESTATIONS
PAR LE CLIENT :
(Phase 3)

- La facture et les modes de paiement : (Fiche 12)

- Le droit de rétention sur le véhicule : (Fiche 13)

- Les indemnités d’occupation : (Fiche 14)

- Le véhicule abandonné par le client : (Fiche 15)

- L’injonction de payer et la procédure simplifiée de recouvrement des


petites créances : (Fiche 16)

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
LA FACTURE ET LES MODES
DE PAIEMENT

12.1 Conditions et contenu de la facture :

La facture est obligatoire pour toutes prestations de services ou de vente


entre professionnels.

Par ailleurs, pour toutes les prestations de services à un particulier d’un


montant supérieur ou égal à 25,00 € T.T.C., le professionnel est tenu de
délivrer au client une note, laquelle doit obligatoirement et notamment
mentionner :

- le nom et l’adresse du prestataire ;

- la date de rédaction de la note ;

- la date et le lieu d’exécution de la prestation ;

- le nom du client, sauf opposition de celui-ci ;

- le décompte détaillé, en quantité et prix, de chaque prestation et


produit fourni ou vendu (exemple : taux horaire et nombre d’heures
travaillées, temps au barème) ;

- la somme totale à payer hors taxes et taxes comprises.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Toutefois, le décompte détaillé est facultatif lorsque la prestation de service
a donné lieu, préalablement à son exécution, à l’établissement d’un devis
descriptif et détaillé, accepté par le client et conforme aux travaux exécutés.

Il conviendra, par ailleurs, d’ajouter sur la facture les indications relatives au


véhicule (immatriculation, type…), le kilométrage figurant au compteur,
ainsi que les éventuels échanges standards réalisés.

Pour les prestations de service dont le prix est inférieur à 25,00 € T.T.C., la
délivrance de la facture est facultative, mais elle doit être remise au client
particulier s’il la demande.

La facture doit être établie en double exemplaire, l’original étant remis au


client, le double doit être conservé par le prestataire pendant une durée de
dix ans et classé par ordre de date de rédaction.

Cette même facture doit être délivrée dès que la prestation a été rendue, et
en tout état de cause, avant le paiement du prix.

12.2 Sanctions :

Les infractions aux textes en vigueur sont punies d’une amende


administrative (jusqu’à 3.000 € pour une personne physique et 15.000 €
pour une personne morale) (article L 131-5 du Code de la consommation).

Tout manquement à l’obligation de facturation entre professionnels est


passible d’une amende pénale jusqu’à 75.000 € portée à 50 % de la
somme facturée ou celle qui aurait dû l’être.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
12.3 La durée pour agir contre le client pour le règlement de la facture :

Le professionnel, qui souhaite obtenir le règlement de la facture auprès de


son client par la voie judiciaire, doit respecter un délai pour engager son
action en justice.

C’est ce qu’on appelle le délai de prescription au-delà duquel le


professionnel verra son action déclarée irrecevable.

Selon le cas, le délai de prescription sera de deux ans ou de cinq ans, en


fonction du « profil » du client, s’il est consommateur ou professionnel.

Ainsi, le professionnel qui émet une facture au titre de biens ou de services


qu’il a fournis, dispose d’un délai de deux ans (à compter de la date
d’émission de la facture) pour agir contre le client consommateur. (article
L.218-2 Code de la consommation)

Et d’un délai de cinq ans contre le client professionnel (article L.110-4 Code
de commerce).

12.4 Les modes de paiement :

Tout achat implique le recours à un moyen de paiement.

Il sera seulement abordé les modes de paiement les plus classiques.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
12.4.1 Le chèque

Sa validité est d’un an et huit jours pour le chèque bancaire et d’un an pour
le chèque postal.

Le professionnel peut refuser les paiements par chèque à condition de


l’indiquer clairement et visiblement par voie d’affichage.

Il peut également exiger la présentation d’une pièce d’identité (voire de


deux) ou fixer un montant minimal ou maximal, toujours par la même voie
d’affichage (les pièces d’identité sont des documents officiels portant une
photographie tels la carte nationale d’identité, le passeport ou encore le
permis de conduire).

Le chèque émis et payable dans la France métropolitaine doit être présenté


au paiement dans le délai de 8 jours (article L.131-32 du Code monétaire et
financier).

ATTENTION : il est interdit d’antidater ou de postdater un chèque ou


encore de fractionner les paiements par l’émission de plusieurs chèques,
infractions passibles d’amendes.

Par ailleurs, si le professionnel est adhérent à un centre de gestion agréé, il


a l’obligation d’accepter les chèques, quel qu’en soit le montant.

12.4.2 La carte bancaire

Il s’agit d’un mode de paiement facultatif pour le professionnel.

Celui-ci peut donc refuser le paiement par carte bancaire.

Il peut également fixer un seuil en-dessous duquel le client devra payer par
chèque ou en espèces.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Mais ces restrictions doivent être indiquées de manière claire et visible par
voie d’affichage.

ATTENTION : si le professionnel est affilié au réseau CB et qu’une


affichette avec la mention CB est apposée, par exemple, au comptoir de
vente, le professionnel ne pourra pas refuser le paiement par carte
bancaire.

12.4.3 Les espèces

Le professionnel pourra accepter jusqu’à :

- 1.000 € TTC si le client est un particulier ou un professionnel,


- 15.000 € TTC si le client est un particulier qui a son domicile fiscal à
l’étranger.

Le client professionnel, quel que soit son domicile fiscal, reste soumis
au plafond de 1.000 € TTC.

Et si le montant de la facture des travaux, par exemple, s’élève à 1.050 €


TTC, le client particulier ou professionnel ne pourra pas régler le moindre
euro en espèces. (sauf s’il s’agit d’un client particulier qui a son domicile
fiscal à l’étranger).

Ainsi, le client ne pourra pas régler un acompte de 400 € TTC en espèces


et régler le solde par carte bancaire ou par chèque.

C’est le montant global de la facture, exprimée TTC, qui doit être pris
en compte.

En revanche, si le montant global de la facture s’élève à 800 € TTC, le


client pourra payer en espèces, soit en totalité, soit partiellement.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Par ailleurs, pour le règlement de toute facture d’un montant inférieur ou
égal à 1.000 € TTC, le professionnel ne peut pas refuser le règlement en
espèces sauf :

- si les pièces ou les billets présentés par le client n’ont pas cours légal en
France (payer avec des dollars américains par exemple) ;

- si les pièces et billets présentés ne sont pas en bon état (car ils risquent
ensuite d’être refusés par la Banque de France) ou encore, bien entendu,
s’ils sont manifestement faux (auquel cas le professionnel se doit de
prévenir les forces de l’ordre);

- si le client souhaite payer au moyen de plus de cinquante pièces de


monnaie lors d’un seul paiement;

- si le client ne fait pas l’appoint (article 112-5 du Code monétaire et


financier).

12.4.4 Les sanctions encourues en cas de non respect du règlement


en espèces

Si le professionnel refuse le paiement en espèces d’une facture d’un


montant inférieur ou égal à 1.000 € TTC, il s’expose à une amende de 150 €.

Le client qui a réglé au-delà des plafonds légaux autorisés est passible
d’une amende dont le montant est fixé, en fonction de la gravité, jusqu’à 5%
des sommes payées en violation du paiement des dispositions précitées.

Le client et le professionnel sont solidairement responsables du paiement


de cette amende.

12.4.5 La monnaie électronique

La monnaie électronique est régie par la loi du 28 janvier 2013 qui a


transposé une directive européenne dite « directive monnaie électronique »
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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
(DME) qui vise à accompagner le développement d’autres moyens de
paiement, notamment via sur internet et via un téléphone mobile.

La monnaie électronique se définit, sur un plan légal, comme une monnaie


stockée sur des mémoires électroniques de façon indépendante d’un
compte bancaire

Il peut s’agir, par exemple, d’un porte-monnaie électronique, d’une carte


prépayée, du règlement en Bitcoin©, par Paypal© etc.

Depuis un décret du 30 décembre 2016, le plafond de règlement par


monnaie électronique a été porté à 3.000 € TTC (au lieu de 1.000 € TTC),
pour tout particulier ayant son domicile fiscal en France et pour les
professionnels agissant pour les besoins de leur activité professionnelle.

12.5 Les arrhes / l’acompte :

Lorsque les sommes versées d’avance dans le cadre d’un devis ou d’un
bon de commande sont qualifiées d’arrhes, le client et le professionnel ont
la possibilité de revenir sur leurs engagements respectifs.

Ce qui signifie que l’acheteur peut librement renoncer à son achat en


abandonnant la somme versée. Le vendeur, quant à lui, s’il renonce à
livrer le bien, devra verser à l’acheteur le double de ce qu’il a reçu. (article
1590 du Code civil et L.214-1 du Code de la consommation).

Dans les relations entre professionnels et consommateurs, l’article


L.214-1 du Code de la consommation prévoit que, sauf stipulation
contraire, les sommes versées d’avance en règlement du prix de tout
contrat, sont des arrhes.
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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Toutefois, il est possible de déroger à cette règle est de prévoir que tout
versement de somme par le client au vendeur, sera réputé acompte.

Pour retenir la qualification d’acompte, iI faudra que le professionnel le


mentionne expressément sur le bon de commande ou sur les conditions
générales de ventes ou de services annexées (ordre de réparation).

Alors, à l’inverse des arrhes, l’acompte présentera un engagement ferme


et définitif (seul un cas de force majeure pourrait permettre au client ou au
professionnel de se soustraire à son engagement. Les tribunaux pourront
écarter la qualification mentionnée sur le bon de commande ou ses
annexes, s’il est reconnu, en fonction des circonstances, qu’elle ne
correspond pas à l’intention des parties, ce qui sera extrêmement rare).

En pratique, le professionnel aura tout intérêt, dans la plupart des cas, à


qualifier les sommes versées d’avance d’acompte et non d’arrhes.

Il est à noter que le dispositif légal visé ne s’applicable ni aux commandes


spéciales sur devis ni aux ventes de produits dont la fabrication est
entreprise sur commande spéciale de l’acheteur (article L 214-3 du Code
de la consommation).

Enfin, dans toutes ventes d’objets mobiliers et prestations de services, les


sommes versées d’avance sur le prix, quelle que soit la nature de ce
versement (arrhes/acompte), sont productives d’intérêts au taux légal à
l’expiration d’un délai de 3 mois à compter de ce versement jusqu’à la date
de livraison du bien vendu ou d’exécution de la prestation (article L 214-2
al.1 et 2 du Code de la consommation). Les intérêts sont alors déduits du
solde à verser au moment de la réalisation (article L 214-2 al.3 du Code de
la consommation).

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
LE DROIT DE RETENTION SUR LE VEHICULE

13.1 Les conditions d’exercice :

Le réparateur automobile, qui a effectué des travaux sur le véhicule, peut,


pour obtenir le paiement de sa créance, invoquer plusieurs garanties, dont
le droit de rétention.

Selon l’article 1948 du Code civil :

« le dépositaire peut retenir le dépôt jusqu’à l’entier paiement de


ce qui lui est dû à raison du dépôt ».

L’article 2286 du Code civil dispose quant à lui :

« Peut se prévaloir d’un droit de rétention sur la chose :


1°) Celui à qui la chose a été remise jusqu’au paiement de sa
créance ;
2°) Celui dont la créance impayée résulte du contrat qui l’oblige
à la livrer ;
3°) Celui dont la créance impayée est née à l’occasion de la
détention de la chose ; (…)
Le droit de rétention se perd par le dessaisissement volontaire ».

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Le professionnel pourra ainsi toujours retenir le véhicule réparé tant que
son client n’aura pas payé le montant des réparations (jusqu’au dernier
centime).

La jurisprudence justifie cette solution en invoquant l’existence d’un droit de


rétention au profit du professionnel (notamment Cass. Civ. 1ère 08/11/1995).

Le réparateur peut également se trouver en présence de tiers, invoquant


également certains droits sur le véhicule réparé ; en particulier quand il y a
eu achat du véhicule à crédit, le créancier, vendeur ou prêteur de deniers,
bénéficie de son côté d’un gage sans dépossession.

La jurisprudence considère que le droit de rétention prévaut contre toute


autre garantie ou sûreté de telle façon que la préférence étant donnée
aujourd’hui au garagiste-réparateur.

Le droit de rétention du véhicule est donc un droit opposable à tous, dont


aux héritiers du débiteur, au mandataire judiciaire lorsque le véhicule
appartient à une entreprise soumise au droit des procédures collectives et
même aux tiers non tenus de la dette. (Cass. Civ 1ere 07/01/1992)

Le professionnel pourra toujours retenir le véhicule alors même que ce


dernier est par exemple gagé (encore faut-il que les frais engagés par le
réparateur aient été exposés postérieurement à la constitution du gage).

Si le professionnel souhaite vendre le véhicule, il y aura conflit d’intérêts


entre celui-ci et le créancier gagiste.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Dans ce cas, la solution consiste à établir un accord avec l’organisme de
crédit détenteur du gage afin de procéder à la vente du véhicule gagé.
Chaque partie (le gagiste et le réparateur) sera alors habilitée à se
rembourser sur le produit de la vente au prorata du montant de sa créance.

Mais, à défaut d’accord préalable, si le réparateur commet l’imprudence de


se dessaisir du véhicule gagé, même en déclarant expressément réserver
ses droits, son avantage disparaît.

Ainsi, le droit de rétention exercé sur le véhicule par le professionnel


joue tant vis-à-vis du client que des tiers.

Concernant la créance en elle-même, elle doit être certaine, liquide et


exigible.

Ce qui signifie que le droit de rétention suppose la conclusion d’un contrat


préalable entre les parties, ainsi que la réalisation des prestations
conformes au contrat et aux règles de l’art, ce qui rendra alors la créance
certaine, liquide et exigible.

Ce qui oblige le professionnel à disposer d’un ordre de réparation signé


par le client puis à émettre une facture en lien avec l’ordre de réparation
(prix des prestations) et ses conditions générales de réparations (frais
d’immobilisation par exemple).

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
ATTENTION : LE DROIT DE RETENTION N’EST PAS SANS LIMITE
NOTAMMENT :

● lorsque le professionnel, après avoir effectué une première


réparation a laissé repartir le client avec son véhicule sans
avoir été payé, ne pourra plus à l’occasion d’une autre
réparation, retenir le véhicule jusqu’au paiement de toutes les
réparations, anciennes et nouvelles (car le droit de rétention né
lors de chacune des remises antérieures à la dernière s’éteint
avec la dépossession).

LE DROIT DE RETENTION NE PORTE DONC QUE SUR LA


DERNIERE INTERVENTION REALISEE SUR LE VEHICULE
CONSERVE DANS LES ATELIERS

Ainsi, le professionnel auquel est offert le règlement des derniers


travaux effectués n’est pas en droit de retenir le véhicule litigieux
jusqu’au paiement des anciennes factures (Cass. Com.
14/06/1988).

Mais il n’en serait pas de même :

- si la remise du véhicule était effectuée en vertu de la même


convention à l’origine de créance litigieuse ; dans ce cas, le
garagiste sera alors autorisé à conserver le véhicule
jusqu’au paiement des créances antérieures, car elles
découlent d’une convention unique et générale ;

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
- si le client est un habitué du garage, faisant fréquemment
procéder à des interventions aussi importantes et dans des
circonstances similaires qui expliquent que le professionnel
lui restitue son véhicule avant paiement.

● De la même façon, le droit de rétention ne pourra pas être exercé


par le réparateur si les travaux effectués ou leur montant sont
contestés par le client (par exemples véhicule ne fonctionnant
pas, travaux non autorisés, ordre de réparation ou devis non
signé…).

Il est donc conseillé de s’assurer que les travaux donnant


lieu par le professionnel à l’exercice du droit de rétention
sur le véhicule ont été correctement effectués et ce avec le
plein accord du client.

● Par ailleurs, commet un vol le garagiste qui, prétendant exercer


son droit de rétention pour frais de réparations, fait enlever sur
la voie publique la voiture que son client avait laissée en
stationnement (Cass. Crim. 25/10/1978).

● La créance du professionnel doit-elle être d’un certain montant,


en rapport avec la valeur du bien retenu ou, au contraire, peut-
elle être, au contraire, minime ?

La jurisprudence, sans avoir elle-même dû ouvertement trancher


la question, semble bien réserver la possibilité d’un abus de
droit de rétention lorsque le bien retenu est d’une valeur très
supérieure au montant de la créance (Cass. Com. 08/01/1974).

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
13.2 Les obligations du détenteur :

Le réparateur qui exerce son droit de rétention sur un véhicule ne peut


l’utiliser personnellement, ni le prêter.

Il devra, par ailleurs, apporter au véhicule retenu tous les soins nécessaires
à sa conservation et à sa garde, avec la possibilité de réclamer au débiteur
les frais afférents. (Cass. Civ 1ere 7/11/2006)

A défaut, sa responsabilité serait engagée nonobstant le bien fondé du droit


de rétention exercé sur le bien.

13.3 La cessation du droit de rétention :

Le droit cessera dès lors que le réparateur aura été payé de l’intégralité des
sommes dues, ou encore, lorsqu’une convention de paiement (traite…) à
une date déterminée est intervenue, le professionnel étant libre de refuser
ou d’accepter cet accommodement.

Enfin, à l’expiration d’un délai de trois mois, courant à compter de la mise


en demeure d’avoir à retenir le véhicule et à régler la facture, le réparateur
pourra faire procéder à la mise en vente du véhicule retenu (cf. rubrique
« Vente des véhicules abandonnés »).

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LES INDEMNITES D’OCCUPATION

14.1 Pour inciter le client à venir récupérer rapidement son véhicule, il est
utile de prévoir des indemnités d’occupation / d’immobilisation (ou frais de
gardiennage) dissuasifs à sa charge.

Le professionnel pourra ainsi facturer pour chaque jour de retard de tels


frais.

Pour cela, il devra adresser au client dès lors que celui-ci a manifesté son
intention de ne pas payer, une lettre recommandée avec demande d’avis
de réception le mettant en demeure de venir récupérer son véhicule d’une
part, et de payer sa facture d’autre part.

A compter de l’expiration du délai de mise en demeure visé dans la lettre, le


professionnel pourra facturer au client une indemnité journalière
d’occupation.

Son montant viendra alors s’ajouter aux sommes dues par le client au titre
de la facture.

Cette lettre devra rappeler la facture de travaux et son montant (ce qui
déclenche les intérêts) et indiquera, en conséquence, un délai de mise en
demeure.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Pour éviter toutes difficultés et afin que le réparateur puisse efficacement
se prévaloir de la somme due à ce titre, il est impératif de prévoir le
montant et les conditions d’application de ces indemnités, non seulement
dans une clause figurant dans les conditions générales, lisible et visible sur
le devis ou l’ordre de réparation, mais également sur l’affichage obligatoire
des tarifs (à l’entrée du site et sur le lieu de réception de la clientèle).

Enfin, la jurisprudence récente pose en principe que le contrat de dépôt


accessoire au contrat d’entreprise (celui qui concerne les travaux
commandés) est présumé fait à titre onéreux (Cass. Civ. 1ère 5/04/2005
Cass. Civ 1ere 8/10/2009).

Ce qui signifie qu’il n’est nul besoin que le contrat (ordre de réparation ou
conditions générales de réparations) stipule expressément l’existence de
tels frais, à la charge du client, car le contrat de dépôt constitue l’accessoire
du contrat d’entreprise (c’est-à-dire, en l’espèce, les réparations).

Mais il appartiendra alors aux juridictions de trancher.

Il est ainsi admis, en dehors de tout formalisme, tel que précité, l’existence,
par principe, du caractère onéreux des indemnités d’immobilisation, en ce
qu’elles sont accessoires aux travaux, à charge alors pour les juridictions
d’apprécier souverainement leur montant.

Ce principe se trouve réaffirmé par la jurisprudence, encore récemment


(Cour d’Appel de Riom le 24 janvier 2018).

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En tout état de cause, il est conseillé au professionnel de continuer à porter
à la connaissance du client l’existence et le montant de tels frais au moyen,
d’une part, des conditions générales de réparations visées sur l’ordre de
réparation, signé par le client, d’autre part, d’un affichage visible et lisible, à
l’extérieur du site et à l’intérieur, au niveau de la réception de la clientèle.

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LE VEHICULE ABANDONNE PAR LE CLIENT

Il peut arriver qu’un client confie son véhicule au réparateur pour des
travaux sans que celui-ci ne revienne le récupérer.

Comment obtenir le paiement de la facture d’interventions et se


débarrasser de la voiture devenue encombrante ?

Il existe un texte spécifique, tiré de la loi du 31 décembre 1903 « relative à


la vente de certains objets abandonnés » (modifiée par la loi du 31
décembre 1968, puis du 17 mai 2011) qui permet ainsi au professionnel de
vendre le véhicule abandonné (il s’agit des « véhicules terrestres à moteur,
motocycles à 2 ou 3 roues ou quadricycles à moteur ») lorsque le client ne
l’aura pas récupéré après un certain délai.

15.1 Un délai à respecter :

Le réparateur doit respecter un délai de 3 MOIS à compter de la mise en


demeure d’avoir à régler la facture.

La loi s’applique également aux véhicules présents dans le garage au titre


d’un seul stationnement payant ; dans ce cas, le délai de 3 mois commence
à courir à compter de la dernière échéance de loyer impayée.

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15.2 Les formalités :

Le réparateur devra prouver qu’il a bien avisé le client que son véhicule
était à sa disposition ; d’où la nécessité pour le professionnel d’adresser au
client au moins une lettre à deux lettres, sous forme recommandée A.R.,
le mettant en demeure de payer sa facture (en précisant le montant dû) et
d’enlever le véhicule.

La mise en demeure devra rappeler au client sa demande de travaux (ordre


de réparation signé), de lui préciser qu’ils ont été réalisés dans les délais
requis et que telle facture (numéro, date, montant) demeure impayée.

Il pourra également être précisé que faute de règlement et de récupération


du véhicule sous 8 jours, des frais d’immobilisation à hauteur de X € seront
mis à sa charge. (voir fiche précédente)

A défaut de réponse de la part du client, et dès lors qu’un délai de 3 mois


s’est écoulé depuis le dépôt du véhicule confiés aux fins de prestations, il
conviendra, dans un premier temps, de présenter une requête au Tribunal
judiciaire (crée à partir du 1er janvier 2020) du ressort du garage ou du
domicile du client, qui devra comporter :

- la date de réception du véhicule ;

- sa désignation précise ;

- le nom du propriétaire ;

- l’endroit où est stationné le véhicule ;

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- le prix demandé pour les prestations ;

- le montant des indemnités d’occupation, le cas échéant.

Il faudra y joindre copie de toutes les pièces justificatives (lettre de mise


en demeure, relances, ordre de réparation et/ou devis signé(s) par le client,
facture…).

Le Tribunal judiciaire rendra une ordonnance après avoir entendu ou


appelé à comparaître le propriétaire pour qu’il puisse faire valoir son point
de vue.

Puis, selon la situation, le même Tribunal désignera un officier ministériel


(huissier de justice appelé aujourd’hui commissaire de justice) ou
commissaire-priseur) pour procéder à la vente du véhicule aux enchères
publiques, tout en fixant sa date, l’heure et le lieu.

15.3 Un ultime recours pour le client négligent :

Dans l’hypothèse où le propriétaire n’a pas été entendu pour faire valoir ses
éventuels moyens de défense lorsque le Tribunal a rendu son ordonnance
de mise en vente, l’officier ministériel désigné devra l’avertir au moins 8
jours avant la vente, par lettre recommandée.

Le propriétaire pourra, le cas échéant, faire opposition à la vente en faisant


citer le réparateur devant le Tribunal par la voie d’un acte d’huissier.

Un débat contradictoire interviendra alors devant le Tribunal, la loi


prescrivant au Juge de statuer sur l’affaire dans les plus brefs délais.

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15.4 Le produit de la vente :

A l’issue de la vente aux enchères du véhicule, l’officier ministériel qui y a


procédé paiera le réparateur sur le prix obtenu, après déduction des frais,
et versera le solde –éventuellement sur un compte ouvert au nom du
propriétaire- à la Caisse des dépôts et consignations.

A défaut de réclamation dans les 5 ans par le propriétaire ou ses créanciers


des fonds consignés, ils reviendront automatiquement au Trésor Public.

Si le produit de la vente est insuffisant pour couvrir les frais occasionnés, le


réparateur devra faire l’avance de la différence, à charge d’en obtenir le
remboursement auprès du propriétaire.

15.5 La vente d’un véhicule gagé :

Le créancier gagiste ne peut pas s’opposer à la vente du véhicule aux


enchères publiques.

Si le prix de vente est insuffisant pour désintéresser tous les créanciers,


plusieurs situations peuvent se présenter :

- si le professionnel a effectué des réparations nécessaires sur le


véhicule, il sera payé avant le créancier gagiste ;

- si le professionnel ne réclame que des indemnités


d’immobilisation, le créancier gagiste sera payé en priorité.

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Dans la plupart des cas, le professionnel se trouve dans une situation
mixte, à savoir qu’il a effectué des réparations sur le véhicule pour lequel il
facture, par ailleurs, des indemnités d’occupation.

L’ordre de paiement sera alors le suivant :

i) le professionnel passera en priorité pour la partie de sa créance


relative aux réparations ;

ii) le solde du prix sera réservé au gagiste ;

iii) s’il subsiste un solde, et qu’aucun autre créancier n’est


intervenu, il sera destiné au professionnel pour la partie de sa
créance afférente aux indemnités d’occupation.

15.6 Autre situation : le véhicule sans valeur marchande :

Dans certains cas, le professionnel entend se limiter à se départir du


véhicule abandonné depuis plusieurs années dans ses ateliers et qui, peu
ou prou, n’a pas de valeur marchande.

Tenter de la faire vendre aux enchères publiques n’a donc pas d’intérêt.

Pour autant, aucun texte n’a expressément prévu cette situation pourtant
très fréquente.

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Mettre au rebut le véhicule d’un client, sans aucune formalité, outre la
difficulté d’y procéder sans disposer du certificat d’immatriculation (carte
grise) expose le professionnel à voir sa responsabilité susceptible d’être
engagée par le client négligent qui réapparaît quelques années plus tard,
ou par ses héritiers.

Etant rappelé que le professionnel, qui a ouvert un ordre de réparation, est


engagé à l’égard de son client, en qualité de gardien du véhicule dont il doit
assurer, à ce titre, la bonne conservation…

Il est conseillé, en pareille circonstance, de procéder au même formalisme


que celui décrit précédemment dans le cadre de la vente du véhicule aux
enchères publiques.

Il conviendra de saisir le Tribunal judiciaire, sur le même fondement légal


(loi des 31 décembre 1903 et 17 mai 2011) mais pour être autorisé à faire
détruire le véhicule (et non pas à le faire vendre).

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L’INJONCTION DE PAYER
ET
LA PROCEDURE SIMPLIFIEE DE
RECOUVREMENT DES PETITES
CREANCES

16.1 L’injonction de payer :

16.1.1 Définition

L’injonction de payer est une procédure simplifiée et rapide qui permet


d’obtenir du Juge le recouvrement des créances, si le débiteur ne paie
pas.
16.1.2 Conditions

La créance doit résulter, en particulier, d’un contrat (en l’occurrence,


facture impayée à la suite de travaux réalisés selon ordre signé par le
client).

La procédure peut être utilisée quel que soit le montant de la créance, à


condition que la somme réclamée soit d’un montant déterminé.

En revanche, cette procédure ne peut pas être utilisée pour obtenir, par
exemple, le règlement d’un chèque sans provision émis pour une facture de

travaux impayée, situation pour laquelle il existe une procédure spécifique


de recouvrement.

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16.1.3 La procédure

Il convient tout d’abord d’adresser ou de déposer une demande au greffe


du Tribunal à définir, en fonction, en principe, de la nature ou du montant
de la créance (civile ou commerciale), et ce, de manière générale, au lieu
du domicile du débiteur.

Le Tribunal de commerce (président) est compétent, quel que soit le


montant de la créance, si elle est de nature commerciale, c'est-à-dire,
principalement, lorsqu'elle naît de relations professionnelles entre des
personnes de droit privé, physiques ou morales, commerçantes. (A noter,
toutefois, qu’en Alsace-Moselle, il existe un régime spécifique)

Le Tribunal de commerce sera donc compétent si le client est lui-même une


société commerciale par exemple.

Le Tribunal judiciaire (désigné comme tel depuis le 1er janvier 2020)


est, quant à lui, compétent pour une demande en matière civile, d'un
montant inférieur à 10 000 €, sans obligation de faire appel à un avocat
(ancien tribunal d’Instance), et pour un montant supérieur ou égal à 10.000
€ avec représentation obligatoire d’un avocat (ancien Tribunal de Grande
Instance)

(Il est à noter que depuis le 1er juillet 2017, la Juridiction de Proximité qui
connaissait des litiges jusqu’à 4 000 € a été supprimée. C’est désormais le
Tribunal Judiciaire - en sa composition dite Tribunal de Proximité - qui est
compétent).

Il convient de joindre à la demande, tous les documents justificatifs (ordre


de réparation signé par le client, lettre de mise en demeure, facture…).
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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Le Tribunal va examiner le dossier au vu de la demande écrite, sans que
les parties n’aient à se déplacer. (il s’agit d’une procédure non
contradictoire).

La requête doit comporter les mentions suivantes : les nom, prénoms,


profession, adresse, nationalité, date et lieu de naissance du créancier ; les
noms, prénoms et domicile du ou des débiteurs ou pour une personne
morale, l’indication de sa forme juridique (SA, SARL...), sa dénomination,
son siège social et l’organe qui la représente (gérant, etc.) ; le montant de
la somme réclamée ; le motif pour lequel elle est due.

Il est nécessaire d’y joindre toutes les pièces justificatives prouvant la


demande de paiement (bon de commande, ordre de réparation, devis
signé, contrat…). Elle est déposée au greffe de la juridiction compétente ou
adressée par lettre recommandée avec accusé de réception.

- Soit le Tribunal ACCEPTE la demande :

Dans ce cas, le Tribunal rend une ordonnance portant injonction de


payer.

Le professionnel disposera alors de 6 mois pour signifier, à ses frais,


la décision, par l’intermédiaire d’un huissier de justice (aujourd’hui
commissaire de justice) pour que le débiteur en prenne connaissance.
Passé ce délai, l’ordonnance devient caduque c’est-à-dire qu’elle est
considérée comme n’ayant jamais existé.

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Le débiteur a 1 mois, à compter de la signification de l’ordonnance pour
la contester, par voie d’opposition, auprès de la juridiction qui a rendu la
décision, soit en se rendant directement au greffe de ladite juridiction,
soit par voie postale en lettre recommandée AR.

Le Tribunal convoquera alors les parties, examinera le dossier en


audience publique, tentera de concilier les parties, selon la procédure
ordinaire. Chacun pourra s’expliquer et faire valoir ses arguments. La
procédure devient contradictoire.

La juridiction rendra ensuite un jugement (susceptible d’appel, si le


montant de la demande est supérieur à 5.000 € TTC, ou directement
d’un pourvoi devant la Cour de cassation, si le montant de la demande
est inférieur ou égal à 5.000 € TTC).

Mais si le débiteur n’a pas contesté la décision dans les délais (1 mois à
compter de la signification de la décision), le professionnel disposera
d’un mois pour demander au greffe du Tribunal d’apposer sur
l’ordonnance « la formule exécutoire » rendant alors la décision
définitive.

Il pourra obtenir de l’huissier de justice l’exécution de la décision, en


saisissant, par exemple, les comptes bancaires du débiteur.

- Soit le Tribunal ACCEPTE PARTIELLEMENT la demande :

Si le créancier accepte cette décision, il la fera signifier par un huissier


de justice en vue d’exécuter, en fonction, par la suite.

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Dans le cas contraire, il pourra choisir de ne pas faire signifier
l’ordonnance portant injonction de payer pour intenter un procès selon la
procédure ordinaire. Ce choix est irrévocable.

- Soit le Tribunal REJETTE la demande :

Le créancier ne dispose d’aucun recours contre la décision.

Toutefois, s’il l’estime utile, il pourra, bien évidemment, engager un


procès contre son débiteur devant le Tribunal compétent, selon la
procédure ordinaire.

NOUVEAU : un décret du 11 octobre 2021 prévoit la simplification de la


procédure d’injonction de payer.

Son application entrera en vigueur à une date fixée par arrêté du Garde
des Sceaux et au plus tard le 1er mars 2022..

Selon ce texte, l’ordonnance portant injonction de payer est


immédiatement revêtue de la formule exécutoire. (nouvel article 1407 du
Code de Procédure Civile).

Ce qui signifie qu’en cas d’acceptation de la requête du créancier, le


greffe du Tribunal remet à l’intéressé une copie certifiée conforme de la
requête revêtue de la formule exécutoire et lui restitue les documents
produits, venant au soutien de sa demande.

Cette ordonnance, ainsi revêtue de la formule exécutoire, devra alors


être signifiée au débiteur, accompagnée de la requête et des documents
justificatifs produits (OR, mise en demeure etc.).

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Il est à noter que le délai d’opposition (1 mois) devra être visé « de
manière très apparente ».

Et si le débiteur entend former opposition à l’ordonnance, il devra le faire


en mentionnant son adresse, et ce, à peine de nullité de l’opposition.

L’opposition suspend alors toute mesure d’exécution.

Le créancier devra patienter jusqu’à l’expiration du délai d’opposition


pour que l’ordonnance, même revêtue de la formule exécutoire,
devienne un titre exécutoire.

Cette ordonnance n’est pas susceptible d’appel

*
* *

16.2 La procédure simplifiée de recouvrement des petites créances :

Il est à noter que la loi du 6 août 2015 dite « Loi Macron », a créé une
procédure simplifiée de recouvrement des petites créances. (article
1244-4 du Code Civil), complétée par décret du 9 mars 2016, applicable
à compter du 1er juin 2016, puis modifications postérieures.

16.2.1 Les conditions de mise en œuvre

o la créance doit avoir une cause contractuelle (d’où l’intérêt,


encore une fois, de faire signer l’ordre de réparation) ou doit
résulter d’une obligation de caractère statutaire ;

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o le montant de la créance doit être inférieur ou égal à 5.000 €.

Le créancier pourra ainsi s’adresser à un huissier de justice, sans avoir


à saisir la juridiction, pour obtenir un titre exécutoire lui permettant le
recouvrement de sa créance.
L’huissier de justice (aujourd’hui commissaire de justice) territorialement
compétent est celui du ressort du Tribunal de grande instance où le
débiteur son domicile ou sa résidence.

16.2.2 Le déroulement de la procédure

Le créancier devra, tout d’abord, fournir à l’huissier de justice diverses


informations (l’identité du débiteur, la preuve de l’impayé, la marge de
manœuvre qu’il laisse à l’huissier pour recouvrer la dette auprès du
débiteur).

L’huissier adresse un courrier recommandé avec demande d’avis de


réception au débiteur l’invitant à participer à cette procédure.

Cette lettre doit contenir :

o Le nom et l’adresse de l’huissier de justice mandaté pour


mener la procédure ;

o Le nom ou la dénomination sociale du créancier, son adresse


ou son siège social ;

o Le fondement et le montant de la somme due en principal et


intérêts, en distinguant les différents éléments de la dette ;

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o Les dispositions des articles L. 111-2 et L. 111-3 du Code des
Procédures Civiles d’exécution et des articles 1244-4 et 2238
du Code Civil ;

o La possibilité pour le débiteur d’accepter ou de refuser cette


procédure.

Cette lettre doit par ailleurs indiquer que :

o Le débiteur doit manifester son accord dans un délai d’1 mois à


compter de l’envoi de la lettre, soit contre émargement, le cas
échéant par toute personne spécialement mandatée, soit par
l’envoi, par courrier postal ou par voie électronique d’un
formulaire d’acceptation ;

o Le débiteur peut manifester son refus par la remise ou l’envoi


d’un formulaire de refus ou par tout autre moyen ;

o L’absence de réponse dans le délai d’1 mois vaut refus


implicite.

o En cas de refus exprès ou implicite, le créancier pourra saisir le


juge afin d’obtenir un titre exécutoire.

Ainsi, en l’absence de réponse dans un délai d’1 mois, le débiteur est


considéré avoir implicitement refusé et le créancier pourra saisir le juge
afin d’obtenir un titre exécutoire.

En cas d’accord des parties sur le montant et les modalités du paiement,


l’huissier de justice délivrera un titre exécutoire.

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Le refus ou l’accord du débiteur pourra être constaté dans un écrit établi
sur support électronique ou traitée par voie dématérialisée, suivant des
modalités définies par les textes.

Il est à noter que les frais occasionnés par cette procédure sont à la
charge exclusive du créancier.

Et afin de prévenir tout conflit d’intérêts, l’huissier ayant établi le titre


exécutoire ne peut d’assurer l’exécution forcée de la créance qui en est
l’objet.

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II - LA GESTION D’UN LITIGE

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A – LES GARANTIES CONTRACTUELLES ET LEGALES

B – L’EXPERTISE

C – LES INTERVENTIONS DE L’ADMINISTRATION

D – LE REGLEMENT AMIABLE

E – L’ORGANISATION JUDICIAIRE

F – CONSEILS PRATIQUES

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A/ LES GARANTIES CONTRACTUELLES ET LEGALES

- La garantie commerciale : (Fiche 17)

- La garantie légale des vices cachés : (Fiche 18)

- La garantie légale de conformité : (Fiche 19)

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LA GARANTIE COMMERCIALE

17.1 La garantie commerciale V.N :

Les véhicules neufs font l’objet de la part du constructeur, et partant du


vendeur, d’une garantie constructeur contre tous défauts de construction ou
de matière, pendant une certaine durée, sans limitation de kilométrage, et
ce, à compter du jour de la livraison.

Cette garantie, désormais dénommée sur un plan juridique, « Garantie


commerciale » est distincte des garanties légales (des vices cachés ou de
conformité)

Il s’agit d’une garantie dont les conditions d’application relèvent d’un


contrat (visées au verso du bon de commande) qui lie le vendeur et/ou le
constructeur à l’acheteur.

Dans le cadre de la garantie commerciale, en cas de litige, il appartient au


professionnel de prouver la faute du client.

Il ne saurait être refusé l’application de la garantie commerciale (ou


constructeur) au motif que le véhicule n’aurait pas été entretenu dans
le réseau du constructeur.

En revanche, la garantie commerciale pourra être refusée si le véhicule n’a


pas été entretenu selon les préconisations du constructeur, en
relation avec les désordres.

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En cas de litige, il appartiendra, alors, au client d’apporter la preuve de
l’entretien conforme.

Enfin, la garantie commerciale V.N est européenne et s’applique à ce titre


à tous les véhicules acquis en Europe.

17.2 La garantie commerciale V.O. :

Il s’agit, plus précisément, de la garantie attachée à l’achat d’un véhicule


d’occasion.

Conformément à des engagements pris en 1995 par les organisations


professionnelles, la plupart des véhicules d’occasion vendus en France
doivent bénéficier d’une garantie commerciale dont les conditions sont
précisées dans le carnet remis à la livraison du véhicule (au moins 3 mois
et 5.000 kilomètres) et sont souvent limitées à certains organes du
véhicule.

17.3 L’immobilisation prolongée du véhicule durant la période de


garantie

Lorsqu’un client demande au réparateur, pendant le cours de la garantie


commerciale, une remise en état relevant de ladite garantie, toute période
d’immobilisation du bien, d’au moins 7 jours, vient s’ajouter à la durée
de garantie qui reste à courir à la date de la demande d’intervention du
client ou de mise à disposition pour réparations (si cette mise à disposition
est postérieure à la demande de l’intervention).

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Il s’agit de l’application de l’ancien article L 217-16 du Code de la
Consommation.

Cette prolongation est due de plein droit, toute clause contraire étant
interdite.

NOUVEAU : le nouvel article L 217-28 du Code de la consommation prévoit


pour les contrats de vente conclus à compter du 1er janvier 2022, que
lorsque le client consommateur / non-professionnel demande au garant de
la garantie commerciale, pendant le cours de ladite garantie qui lui a été
consentie lors de l’acquisition ou de la réparation du bien, une remise en
état couverte par cette garantie, le délai de la garantie commerciale sera
suspendu :

- pendant toute la période d’immobilisation du bien jusqu’à ce qu’il soit


délivré, remis en état. (l’article L 217-28 du Code de la consommation
précise que cette période court à compter de la demande
d’intervention du client consommateur / non-professionnel ou de la
mise à disposition pour réparation ou remplacement du bien en
cause, si ce point de départ s’avère plus favorable au consommateur
/ non-professionnel)

- lorsque le consommateur / non-professionnel et le vendeur


professionnel entrent en négociation en vue d’un règlement à
l’amiable ( les textes sont très imprécis…)

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17.4 L’obligation de restituer les pièces changées :

Le client est propriétaire du bien et a donc le droit d’en jouir et d’en disposer
de manière absolue, ainsi que le pose en principe l’article 544 du Code
Civil.

Les pièces remplacées, sauf stipulation contraire, appartiennent au client


en vertu du droit d’accession (article 546 du Code civil), sauf remplacement
au titre de la garantie commerciale ou d’un échange standard (si non-
paiement par le client de la consignation).

Le client pourra donc exiger auprès du réparateur leur restitution.

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LA GARANTIE LEGALE DES VICES CACHES

18.1 Le texte :

Le vendeur a l’obligation de garantir l’acheteur contre les vices cachés de la


chose vendue.

L’article 1641 du Code Civil stipule que :

« le vendeur est tenu de la garantie à raison des défauts cachés


de la chose vendue qui la rendent impropre à l’usage auquel on la
destine, ou qui diminuent tellement cet usage, que l’acheteur ne
l’aurait pas acquise si les avait connus ».

Il s’agit d’une garantie obligatoire, imposée par la loi (d’où garantie


légale), qui se superpose à la garantie contractuelle pendant la durée de
celle-ci puis prend le relais lors de son extinction.

18.2 L’application :

L’obligation du vendeur vise à garantir l’acheteur contre :


- un défaut ;
- caché (donc non apparent) ;
- antérieur à la vente ;
- qui affecte l’usage normal du véhicule.

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Il en va ainsi, par exemples :

- de fuites dans le système hydraulique d’un véhicule ;


- d’une consommation excessive ;
- d’un défaut de conception du moteur ;
- d’une défaillance d’une pièce mécanique consécutive à un défaut
métallurgique ;
- de pannes à répétition ;
- d’une corrosion interne et rapide sur un véhicule récent.

En revanche, la vétusté normale d’un bien d’occasion ne constitue pas un


vice.

18.3 La preuve :

Il appartient au client, qui veut agir contre son vendeur, de prouver que le
vice caché existait antérieurement à la vente ou la livraison du véhicule,
ou encore qu’il existait déjà à l’état de germe.

La démonstration donne généralement lieu à une procédure d’expertise


dont l’appréciation finale appartient au Juge.

18.4 Le degré de responsabilité :

La responsabilité varie selon la qualité ou le rôle du vendeur.

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Le vendeur professionnel est tenu de manière rigoureuse, puisque selon
la jurisprudence, il est présumé avoir eu connaissance de l’existence du
vice sans que celui-ci puisse rapporter la preuve contraire. Il s’agit, ni
plus, ni moins, d’une présomption irréfragable de mauvaise foi.

18.5 Le délai pour agir :

Jusqu’au début de l’année 2005, l’acheteur devait engager son action « à


bref délai » suivant l’apparition du vice (qui, en règle générale, sera
considéré comme révélé à compter du dépôt du rapport d’expertise).

Le « bref délai » était librement apprécié par le Juge (entre 6 mois à 1 an


environ), source d’insécurité juridique.

Depuis, l’ordonnance du 17 février 2005 retient, désormais, que l’action doit


être engagée dans le délai fixe de deux ans à compter de la découverte du
vice, cette disposition s’appliquant aux contrats de vente conclus à compter
du 19 février 2005.

Il sera, enfin, précisé que le vice doit, lui-même, apparaître dans les 20 ans
(pour une vente entre non commerçants) ou, désormais, dans les 5 ans de
la vente (entre commerçants ou entre un commerçant et un non
commerçant), à défaut de quoi, la prescription pourra être acquise au
vendeur (réforme du droit de la prescription suivant la loi du 17/06/2008),
suivant la jurisprudence la plus récente établie sur ce point.

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18.6 Le résultat de l’action :

L’acheteur a le choix entre rendre le véhicule et se faire restituer le prix


OU garder le véhicule et se faire rendre une partie seulement du prix
d’achat.

L’acheteur n’a pas à justifier son choix.

L’acheteur pourra, par ailleurs, demander réparation des préjudices


associés au vice (si un lien de causalité direct existe) et les intérêts au
taux légal du prix versé depuis le jour de son paiement, lorsque le
vendeur est censé connaître le vice (cas du professionnel).

Les effets d’une telle action peuvent donc s’avérer très coûteux pour le
professionnel, surtout lorsque, par exemple, le véhicule utilisé à des fins
professionnelles se trouve immobilisé pour une longue période en raison de
l’existence du vice.

Le professionnel devra, en conséquence, se montrer particulièrement


vigilant face à une telle situation.

18.7 Les créanciers à l’action :

Outre l’acheteur, le sous-acquéreur peut choisir d’agir directement


contre le vendeur initial ou même contre le constructeur, alors qu’il
n’existe pas de contrat entre eux (la garantie se transmet automatiquement
avec le véhicule, comme un de ses accessoires).

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Et lorsque le vendeur condamné sur le fondement de la garantie légale des
vices cachés n’est qu’un intermédiaire, il peut, à son tour, se retourner
contre son précédent vendeur, à condition, toutefois, de démontrer que le
vice existait déjà.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
LA GARANTIE LEGALE DE CONFORMITE

19.1 Sous l’impulsion de directives européennes, l’environnement législatif


français a renforcé les droits des consommateurs vis-à-vis des
professionnels.

Et ce, à l’image, par exemple, de l’ordonnance « relative à la garantie de la


conformité du bien au contrat due par le vendeur au consommateur » en
date du 17 février 2005, publiée au Journal Officiel le 18 février 2005 et
dont l’entrée en vigueur est intervenue le 19 février 2005.

Ce texte s’applique aux contrats conclus postérieurement à son entrée


en vigueur, soit à compter du 19 février 2005, ce qui implique que le
véhicule devra avoir été vendu à compter de cette date.

Ce texte crée une nouvelle garantie légale permettant au (seul)


consommateur d’agir à l’encontre du vendeur professionnel, sur le
fondement de la seule notion de défaut de conformité, ce qui relevait
auparavant de deux notions distinctes, à savoir l’obligation de délivrance
d’une chose conforme et la garantie des vices cachés.

La garantie légale de conformité facilite l’action du consommateur, en


matière de preuve, puisqu’elle pose en principe que tout désordre est
présumé être un défaut, s’il survient dans les six premiers mois de la
délivrance du V.O et dans les deux ans pour les V.N (VN vendus à compter
du 18 mars 2016, le délai de six mois restant en vigueur pour ceux
commercialisés avant cette date) sauf preuve contraire que le professionnel
doit rapporter.
112
© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
NOUVEAU : la loi du 10 février 2020 « relative à la lutte contre le gaspillage
et à l’économie circulaire », et l’ordonnance du 29 septembre 2021
prévoient que le délai de présomption de défaut de six mois, pour les VO,
est porté à 1 an, pour les contrats conclus à compter du 1er janvier
2022. (article L 217-7 du Code de la consommation)

Ce qui signifie que pour tout achat d’un VO réalisé à compter du 1er janvier
2022 par un client consommateur, mais aussi un non-professionnel (« toute
personne morale qui n’agit pas à des fins professionnelles »), auprès d’un
vendeur professionnel, tout désordre survenu dans le délai d’1 an à
compter de la délivrance du bien d’occasion sera présumé être un défaut
(le délai de deux ans précité reste inchangé pour les VN), sauf preuve
contraire que le professionnel devra rapporter (entretien défaillant,
mauvaise utilisation etc.)

Les textes portent donc indistinctement sur les biens vendus neufs ou
d’occasion.

Le délai d’action de l’acheteur / consommateur – non-professionnel pour


agir contre son vendeur professionnel est, en principe, de 2 ans à compter
de la délivrance du véhicule (sa livraison).

Passé ce délai, son action est prescrite.

NOUVEAU : l’article L 217-28 du Code de la consommation prévoit, pour


les contrats de vente conclus à compter du 1er janvier 2022, que
lorsque le client consommateur / non-professionnel demande au vendeur
professionnel, pendant le cours de la garantie légale de conformité, qui lui a
été consentie lors de l’acquisition ou de la réparation du bien, une remise

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
en état couverte par cette garantie, le délai de ladite garantie sera
suspendu :

- pendant toute la période d’immobilisation du bien jusqu’à ce qu’il soit


délivré, remis en état. (l’ordonnance du 29 septembre 2021 précise
que cette période court à compter de la demande d’intervention du
client consommateur / non-professionnel ou de la mise à disposition
pour réparation ou remplacement du bien en cause, si ce point de
départ s’avère plus favorable au consommateur / non-professionnel)

- lorsque le consommateur / non-professionnel et le vendeur


professionnel entrent en négociation en vue d’un règlement à
l’amiable (les textes sont très imprécis…)

Le consommateur / non-professionnel aura le choix, en cas de survenance


d’un désordre (autre que mineur) sur le bien, de solliciter dans un premier
temps, auprès de son vendeur professionnel, le remplacement ou la
réparation du bien puis, sous certaines conditions, de solliciter dans un
second temps la résolution du contrat ou la réduction du prix, notamment si
le vendeur professionnel est resté totalement inactif dans le délai d’un
mois suivant la réclamation de l’acheteur.

NOUVEAU : l’article L 217-13 du Code de la consommation ajoute,


désormais, pour les contrats de vente conclus à compter du 1er janvier
2022, que :

- tout bien réparé dans le cadre de la garantie légale de conformité


bénéficie d’une extension de garantie (légale de conformité) de six
mois,

114
© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
- que tout bien remplacé au titre de ladite garantie s’accompagnera
d’un renouvellement de la garantie légale de conformité (deux ans
VN + VO)

L’acheteur consommateur / non-professionnel ne devra en aucune manière


supporter le moindre frais et pourra prétendre à des dommages et intérêts
en réparation de son préjudice, l’intéressé disposant par ailleurs de la
faculté d’agir sur d’autres fondements légaux.

Ces textes modifient ainsi encore davantage l’économie des rapports entre
le vendeur professionnel et l’acquéreur consommateur mais aussi,
désormais, non-professionnel, qu’il conviendra nécessairement de prendre
en considération à l’avenir dans le cadre d’une réclamation écrite d’un
client, et de manière plus générale, dans le cadre de la gestion des
dossiers précontentieux.

Ces textes, indirectement, mettent en évidence l’impératif pour le


professionnel de l’après-vente d’accomplir convenablement son obligation
de résultat, à défaut de quoi s’il est également vendeur du véhicule son
client consommateur / non-professionnels pourra user des actions que lui
offre les textes précités, avec les lourdes conséquences économiques qui y
sont attachées.

Il est à noter que le consommateur ne dispose pas d’une action directe, au


titre de la garantie légale de conformité, à l’encontre du constructeur ou de
l’importateur du véhicule. (Cass. Civ 1er 6 juin 2018).

Cette garantie, faut-il le rappeler, concerne les seules relations entre un


acheteur /consommateur et son vendeur professionnel.

115
© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Ce qui signifie aussi, a contrario, que cette garantie ne trouve pas à
s’appliquer dans le cadre de la vente d’un véhicule réalisée soit entre deux
particuliers, soit encore, entre deux professionnels.

NOUVEAU : l’article L 217-29 du Code de la consommation prévoit, pour


les contrats conclus à compter du 1er janvier 2022, que le sous-
acquéreur (c’est-à dire, l’acquéreur consommateur ou non-professionnel
qui a lui-même acheté le véhicule au client consommateur / non-
professionnel qui l’avait acquis initialement auprès du vendeur
professionnel) bénéficie des mêmes droits acquis par l’acquéreur initial
consommateur / non professionnel.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
B/ L’EXPERTISE

- L’expert en automobile : (Fiche 20)

- Les types d’expertises : (Fiche 21)

- L’expert judiciaire : (Fiche 22)

- Le rapport d’expertise judicaire : (Fiche 23)

- Conseils dans le cadre d’une expertise judiciaire : (Fiche 24)

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
L’EXPERT EN AUTOMOBILE

20.1 Présentation :

Il ne s’agit là que d’un bref aperçu du statut de cette profession.

20.1.1 Capacité professionnelle

En 1972, la profession d’expert en automobile a été consacrée, pour la


première fois, par une loi relative à son organisation prévoyant la création
d’un examen d’entrée ; un décret (17 mai 1974) a prévu la création d’un
brevet professionnel d’expert en automobile.

Depuis, le législateur (1995) a emporté création et règlement général d’un


diplôme d’expert en automobile.

En conséquence, l’expert en automobile ne sera plus breveté, mais diplômé


d’un baccalauréat suivi de deux années d’études.

20.1.2 L’absence de condamnation pour crimes et délits

Seules les personnes n’ayant pas fait l’objet d’une condamnation prévue à
l’article 5 (1° et 2°) du Code Pénal peuvent devenir expert en automobile ;
en outre, en cas de condamnation d’un expert pour des faits constituant un
manquement à l’honneur ou à la probité, le Tribunal peut, à titre de peine
complémentaire, lui interdire l’exercice temporaire ou définitif de la
profession.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
20.1.3 Un titre protégé

Nul ne peut exercer cette fonction sans être inscrit sur une liste établie par
la Commission nationale des experts en automobile (CNEA). C’est cette
inscription qui donne accès à l’exercice des activités définies par la loi.

« Expert en automobile » est un titre protégé par la loi, dont l’usurpation


illégale est sanctionnée (article 433-17 du Code pénal) jusqu’à un an
d’emprisonnement et 15.000 € d’amende.

Ainsi, le fait d’user publiquement de ce titre sans remplir les conditions


exigées pour le porter est répréhensible.

Et toute personne qui confie, en connaissance de cause, une mission


d’expert d’un véhicule terrestre à moteur peut voir également sa
responsabilité recherchée ; il en va ainsi, par exemple, de celui qui, après
avoir été informé qu’une personne n’a pas la qualité requise, continuera
malgré tout à la solliciter.

20.2 Ses obligations :

Diverses obligations pèsent sur cet expert.

20.2.1 La probité

Une morale irréprochable est la condition indispensable pour exercer la


profession. Ainsi, comme on l’a vu, la qualité d’expert en automobile est
incompatible avec tout fait constituant un manquement à l’honneur ou à la
probité.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
20.2.2 La compétence

L’expert en automobile doit être l’homme de l’art qui possède une parfaite
maîtrise des techniques utilisées dans son domaine (électricité, mécanique,
tôlerie, peinture, etc.).

Certains experts disposent de qualifications complémentaires nécessaires


à l’accomplissions de missions, en relation, par exemple, avec les
procédures « VE » (Véhicule endommagé), « VGE » (Véhicule gravement
endommagé, (anciennement « VGA ») ou « VEI » (Véhicule
économiquement irréparable).

L’expert doit agir avec sérieux et conscience professionnelle, en particulier,


il s’attachera à :

- consacrer à chaque mission acceptée le temps voulu et le soin


qu’elle requiert, de manière à ne conclure qu’avec certitude et ne rien
affirmer qu’il ne puisse prouver ;

- donner son avis sans égard au désir, même secret, de celui qui le
consulte et se prononcer avec la plus absolue sincérité ;

- parfaire l’ensemble des connaissances nécessaires à l’exercice de sa


profession.

20.2.3 L’indépendance

L’exigence d’impartialité et d’indépendance est la raison d’être du statut de


l’expert en automobile, ce qui ne s’est pas toujours vérifié dans les faits.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Le législateur a voulu renforcer l’impartialité de cet expert en lui imposant
notamment pour toutes les expertises amiables le respect du contradictoire
et surtout, la communication d’une « copie du double du rapport d’expertise
et de tout rapport complémentaire (…) au propriétaire du véhicule ».

20.2.4 L’obligation de réserve et de secret professionnel

Le propre de ce professionnel est d’établir avec ses interlocuteurs (client et


tiers) un climat de confiance indispensable à l’accomplissement de sa
mission.

Le respect du secret professionnel garantit à tous la confidentialité des


informations qui lui sont confiées et/ou celles dont il a eu connaissance
dans l’exercice de sa profession.

Dans le cadre amiable, lorsque l’expert en automobile intervient au titre


d’un contrat d’assurance protection juridique, le législateur (article L 127-7
du Code des Assurances) soumet au respect du secret professionnel
toutes les personnes (préposés des sociétés d’assurances, experts,
avocats) qui ont à connaître des informations données par l’assuré pour les
besoins de sa cause.

En toutes hypothèses, un devoir de réserve et de discrétion s’imposent


donc à lui, ainsi qu’à tous les membres de son cabinet.

20.2.5 L’obligation de sécurité et d’information / procédure « Véhicule


endommagé »

L’expert en automobile doit, sans délai, mettre en garde le propriétaire des


déficiences du véhicule pouvant entraîner des conséquences sur la sécurité
des personnes (décret 1991).

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
L’étendue de cette obligation est circonscrite à la mission reçue par l’expert
en automobile.

Il s’agira de contrôler tous les organes directement concernés par la


mission.

Un simple examen visuel ne suffira donc pas dans toutes les interventions.

Si l’expert a des doutes, il devra alors imposer le démontage des pièces.

Le prix de la sécurité exige de l’expert qu’il ne se satisfasse pas seulement


de ce qu’il voit, mais qu’il s’interroge également, par exemple, sur la qualité
des pièces et/ou organes qui lui sont confiés et qui ont pu être
endommagés à la suite d’un sinistre.

La nécessité de délivrer cette information a ainsi vocation à maintenir la


vigilance de l’expert dans le cadre de son intervention.

L’exécution de cette obligation impose à l’expert d’adresser au propriétaire


du véhicule le jour même de la constatation des faits une lettre
recommandée AR pour l’informer de la situation.

Quoiqu’il en soit, le respect de cette obligation particulière de sécurité


prévue par les textes professionnels en appelle une autre, plus générale,
affirmée par l’article L 221-1 du Code de la Consommation qui pose le
principe général de sécurité tel que précédemment exposé.

La procédure dénommée « Véhicule endommagé », applicable, depuis le


1er juin 2009, transfère la compétence pour juger de la dangerosité d’un
véhicule des forces de l’ordre à l’expert automobile.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
En substance, lors de l’examen d’un véhicule endommagé, l’expert
automobile sera tenu de passer en revue plusieurs points de contrôles (4) :

- déformation importante de la carrosserie,

- déformation importante des éléments de la direction (crémaillère,


volant)

- déformation importante des éléments de liaison au sol (essieux,


amortisseurs, bras de suspension, roues…)

- dysfonctionnement ou mauvaise fixation des éléments de sécurité


des personnes (airbags, ceintures de sécurité…), quand bien même
le véhicule bénéficierait d’un contrôle technique en cours de validité.

Si l’expert automobile estime que le véhicule examiné présente un danger


immédiat, (même sans relation avec la cause du sinistre pour lequel
l’expert a été désigné), il sera procédé à son immobilisation immédiate,
avec retrait de la carte grise, dans l’attente de la réalisation des travaux et
de l’avis de conformité du véhicule par l’expert.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
LES TYPES D’EXPERTISES

21.1 L’expertise officieuse :

Il s’agit d’une expertise demandée par le client, pour ses propres besoins,
réalisée hors la présence du professionnel.

Cette expertise s’apparente davantage à une consultation qui permettra au


client de choisir entre la voie amiable ou judiciaire.

Elle n’a pas, en principe, de valeur juridique, dans la mesure où le


professionnel n’a pas été invité à y participer.

Mais la juridiction pourra toujours considérer qu’elle constitue un élément


de preuve –parmi d’autres- dès lors qu’elle est soumise par la suite à la
libre discussion des parties, ce qui est toutefois remis en cause par la
jurisprudence récente de la Cour de cassation.

21.2 L’expertise amiable :

Cette expertise se fait souvent à la demande d’un expert d’assurances


intervenant pour le client et de manière contradictoire, ce qui signifie que la
partie « adverse » est convoquée à l’expertise, moyennant l’envoi d’une
lettre recommandée AR 3 semaines avant la date fixée pour la tenue de
l’expertise.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Cette expertise n’est pas régie, sauf convention particulière, par les
dispositions du Code de Procédure Civile.

S’il n’y a aucune obligation légale à se présenter à ce type d’expertise, il


sera rappelé que « Les absents ont toujours tort… ».

Attention : le rapport rendu par l’expert du client pourra être déclaré


opposable au professionnel, dès lors que celui-ci aura été convoqué à
participer à la réunion, même s’il décide de ne pas s’y rendre ;

Cette expertise est susceptible en conséquence d’avoir une valeur


juridique lorsque les principes des droits de la défense et du contradictoire
auront été respectés.

Pour sa défense, le professionnel défaillant devra critiquer la teneur des


conclusions –sur la base d’une argumentation technique solide- de nature à
convaincre le Tribunal que ce document ne peut être valablement retenu,
d’autant que son rédacteur, choisi et rémunéré par le client, ne présente
pas l’objectivité et l’impartialité requises.

Et suivant une jurisprudence récente, la Cour de Cassation tend à rejeter


ou en tout cas à limiter ce type de document, à titre de preuve judiciaire, en
posant en principe que si le juge ne peut refuser d’examiner le rapport
d’expertise régulièrement versé aux débats et soumis à la discussion
contradictoire, il ne peut se fonder exclusivement sur une expertise réalisée
à la demande de l’une des parties, pour entrer en voie de condamnation
contre l’autre, quand bien cette dernière fût convoquée et présente à
l’expertise.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
En revanche, si les conclusions de l’expert de la partie « adverse » sont
corroborées par d’autres éléments du dossier (un second rapport
d’expertise émanant d’un autre expert qui rend les mêmes conclusions que
celles contenues dans le premier rapport), cette expertise - avec les
rapports y afférents - pourra être valablement retenue par les juridictions.

Aussi, pour tenter d’éviter de moindres contestations, il est conseillé de


s’orienter vers l’expertise judiciaire. Mais son instauration puis sa réalisation
vont nécessiter, en principe, beaucoup de temps (plusieurs mois voire un
ou deux ans) avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer (longue
immobilisation du véhicule, augmentation des postes de préjudices et des
risques d’être condamné à de plus lourdes sommes etc.

21.3 L’expertise judiciaire :

Elle est sollicitée par voie judiciaire, le plus souvent par le client et/ou son
assureur protection juridique.

C’est le juge qui va ordonner l’instauration de cette mesure s’il l’estime


nécessaire.

Parfois, le juge pourra l’ordonner même si les parties ne l’ont pas


demandée.

Cette expertise est réglementée ; il existe à ce titre un magistrat


spécialement chargé d’en vérifier le bon déroulement.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
L’EXPERT JUDICIAIRE

22.1 Qui est-il ? :

L’expert judiciaire est une personne expérimentée dans une science, un


métier, auquel le juge confie la mission de lui apporter des renseignements
et avis techniques nécessaires à la solution du litige. On le nomme aussi
« Expert de justice ».

22.2 Son statut :

La fonction d’expert judiciaire est occasionnelle et ne constitue donc pas


une profession au sens strict.

Il est en quelque sorte, un collaborateur occasionnel du service public


de la justice.

Son titre est protégé par la loi, de telle sorte que toute personne, autre que
celle admise par la loi à faire usage du titre, est passible de sanctions
pénales (art. 433-17 du Code Pénal : 1 an d’emprisonnement et 15.000 €
d’amende).

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Le Juge civil est libre, en principe, de choisir toute personne, en qualité
d’expert, qu’elle dispose du titre ou non, et, ce, contrairement au Juge
pénal (Juge d’instruction).

22.3 La liste d’experts :

Toute personne physique (ou morale) peut être inscrite sur une liste
d’experts dès lors qu’elle satisfait à certaines conditions posées par les
textes.

S’agissant, plus précisément, des personnes physiques, le candidat à


l’inscription ne peut être reçu que s’il réunit diverses conditions.

Outre certaines liées à l’absence de condamnation pénale pour les délits


contraires à l’honneur, à la probité ou aux bonnes mœurs, à l’absence de
sanctions, notamment disciplinaire ou administrative de destitution, ou
encore à l’absence de faillite personnelle, le candidat doit exercer ou avoir
exercé pendant un temps suffisant une profession ou une activité en
rapport avec sa spécialité, outre n’exercer aucune activité incompatible
avec l’indépendance nécessaire à l’exercice de missions judiciaires
d’expertise.

Enfin, en particulier, sauf dérogation, le candidat doit être âgé de moins de


soixante-dix ans.

En vue de son inscription initiale sur une liste pour une durée de deux ans,
le candidat doit adresser une demande au Parquet

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
du Procureur de la République près du Tribunal judiciaire dans le ressort
duquel il exerce son activité professionnelle ou possède sa résidence.
Après avoir instruit la demande, le Procureur de la République transmet le
dossier, pour avis de l’assemblée générale de la juridiction, notamment au
Président du Tribunal judiciaire, ainsi qu’aux Présidents des Tribunaux de
commerce…

Après avis des assemblées générales des juridictions, le dossier est


transmis par le Procureur de la République au Procureur Général en
saisissant le Premier Président de la Cour d’Appel aux fins d’examen par
l’assemblée générale de la Cour, laquelle accueille ou rejette les
candidatures.

La liste des experts judiciaires est ensuite dressée, et ce, chaque année.

22.4 Les obligations de l’expert judiciaire :

Dès lors qu’il se trouve inscrit sur une liste, l’expert, après avoir prêté
serment, se doit :

- d’accepter sa mission ;

- de rendre compte de son activité ;

- de respecter un devoir général de correction ;

- d’exécuter personnellement sa mission ;

- de respecter les délais impartis ;

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- d’être indépendant ;

- de respecter le secret professionnel.

Enfin, sa responsabilité civile, mais aussi pénale, peut être engagée.

22.5 La discipline :

L’expert judiciaire, auteur d’une faute disciplinaire, est soumis à une


procédure à l’issue de laquelle des sanctions peuvent être prononcées
(suspension, radiation…).

Le contrôle des experts est exercé, selon les cas, soit par le Premier
Président et le Procureur Général près la Cour d’Appel ou près la Cour de
Cassation.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
LE RAPPORT D’EXPERTISE
JUDICIAIRE

23.1 Un rapport écrit ou oral :

L’expert rend compte de ses diligences par écrit en déposant son rapport
au Greffe de la juridiction qui l’a désigné.

Il arrive qu’il soit invité par la juridiction à comparaître pour éclairer tel ou tel
point incertain que les débats ont mis en évidence, même si cette
possibilité est très rare dans les faits, surtout en matière de responsabilité
civile lié à la matière qui nous occupe.

23.2 Son contenu :

Les textes sont assez succincts sur la question.

En règle générale, l’expert adopte le plan suivant :

- le préambule (l’activité des parties, nom, l’objet du litige, la mission) ;

- les opérations d’expertise (les formalités accomplies, les


constatations réalisées…) ;

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- la discussion (l’analyse technique des causes des désordres,
réponse aux dires…) ;

- son avis (il s’agit de ses conclusions, qui doivent être motivées).

Le rapport doit répondre exclusivement aux questions posées par le


Tribunal dans le cadre des chefs de mission ordonnés.

L’expert n’a pas à donner d’appréciations juridiques, comme, par exemple,


écrire que la panne trouve son origine dans un vice caché ou un
manquement à l’obligation de résultat du réparateur.

Il s’agit, en effet, de notions juridiques qui échappent à son champ de


compétence car l’expert est un technicien qui doit se limiter à répondre à
des questions de nature technique. (article 238 al. 3 du Code de Procédure
Civile).

La problématique juridique relève de la seule appréciation des juridictions.

Bien entendu, des discussions techniques s’instaurent entre l’expert et les


parties, lesquelles peuvent lui adresser toutes observations écritures qu’on
appelle « un dire », à charge pour lui de les annexer à son rapport
d’expertise définitif en ayant pris le soin, au préalable, d’y apporter réponse,
comme la loi l’y oblige.

23.3 Son dépôt :

L’expert doit déposer le rapport au secrétariat-greffe de la juridiction qui a


ordonné sa désignation.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Le dépôt du rapport a pour effet immédiat de dessaisir l’expert, ce qui lui
interdit de poursuivre ses investigations. Il ne pourra donc plus répondre à
un dire tardif.

23.4 Sa valeur :

Même si le rapport ne constitue qu’un avis, les juridictions, la plupart du


temps, entérinent les conclusions de l’expert judiciaire, en se
rangeant, ainsi, à son avis.

Certes, les conclusions pourront toujours être contestées, de telle sorte que
la juridiction pourra décider de ne pas homologuer le rapport, voire, plus
exceptionnellement, de le déclarer nul si des obligations essentielles n’ont
pas été respectées par l’expert judiciaire.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
CONSEILS DANS LE CADRE
D’UNE EXPERTISE JUDICIAIRE

24.1 Avant l’expertise :

i) Il est impératif, tout d’abord, de se rendre à une expertise


judiciaire. Selon l’adage consacré, « les absents ont toujours
tort », la partie absente ne pourra pas se défendre et prend le
risque de voir ensuite sa responsabilité retenue avec de lourdes
conséquences sur un plan financier.

ii) Avant de se rendre à une expertise, il convient de bien connaître


le dossier et d’en avoir une aussi bonne connaissance que le
client, car si ses propos tenus au cours de l’expertise ne reflètent
pas la réalité, il sera dès lors facile de lui rappeler.

iii) En règle générale, le technicien et l’avocat se téléphonent ou se


rencontrent quelques temps avant l’expertise afin de préparer la
réunion.

Il pourra, cependant, arriver au cours de l’expertise que


l’argumentation préparée ne corresponde pas à ce qui sera
constaté sur place ; d’où l’intérêt d’étudier le dossier de manière
large et approfondie pour permettre de « rebondir ».

iv) Ne jamais croire qu’une affaire, apparemment facile, est gagnée


d’avance ; l’expérience prouve qu’un dossier n’est jamais gagné ni
perdu d’avance.

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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
v) Il est judicieux d’avoir un téléphone portable sur soi (pour
photographier, par exemple, les lieux d’un accident, le véhicule
litigieux, le moteur, des éléments jugés importants etc.).

24.2 Au cours de l’expertise :

i) La présence du professionnel à la réunion d’expertise est


indispensable même si l’on pense qu’il n’y a pas de difficultés
particulières dans cette affaire (se rappeler que « les absents
ont toujours tort » !).

ii) Il faut toujours conserver à l’esprit que l’on se trouve dans le


cadre d’une procédure judiciaire imposant le respect et la
politesse tant vis-à-vis des parties que de l’expert judiciaire
(appelé « Monsieur / Madame l’Expert »).

Cela n’empêchera pas naturellement de faire preuve de


fermeté lorsque par exemple le professionnel ne sera pas
d’accord avec l’argumentation de l’expert, du client ou de son
avocat.

iii) Il y a lieu également de faire preuve de psychologie lorsque


l’on rencontre pour la première fois l’expert et les parties, en
s’efforçant de cerner rapidement la personnalité et le profil de
chacun.

iv) Dans la mesure où le professionnel se trouve pratiquement


toujours en situation de défense dans le cadre des réunions
d’expertise, le client exposera le premier ses griefs auprès de
l’expert judiciaire.
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© Maître Gilles SERREUILLE février 2023
Il est conseillé de laisser parler le client dans un premier temps
et de ne pas (ou pas trop) lui couper la parole auquel cas il
apparaît judicieux de demander préalablement à l’expert si l’on
peut intervenir et poser une question par exemple.

v) Il faut toujours avoir à l’esprit que tout propos (malheureux)


peut être retenu contre le professionnel soit par l’expert, soit
par le client (et vice versa).

C’est pourquoi, il convient de parler de manière posée,


réfléchie en s’efforçant d’être précis et technique (car la
réunion est de nature technique).

A cet égard, il ne faudra jamais prononcer au cours de la


réunion des phrases du type « c’est un problème connu » ou
encore « nous avons déjà eu plusieurs cas », etc.

vi) L’expert judiciaire pourra demander des renseignements et des


informations auxquels il conviendra de répondre.

24.3 Après l’expertise :

i) A l’issue de la réunion d’expertise, l’expert judiciaire pourra


demander au professionnel de lui adresser des informations, des
notes ou documents.

L’avocat se chargera de leur transmission (auprès de l’expert,


mais également auprès des avocats des différentes parties) dans
le respect du principe de la contradiction.
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ii) L’argumentation technique soutenue au cours de l’expertise
pourra être développée sous forme d’observations écrites dans
une lettre adressée à l’expert (« dire ») et aux conseils des parties,
à laquelle des documents pourront être joints pour conforter
l’argumentation.

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C/ LES INTERVENTIONS DE L’ADMINISTRATION

- La mission de la DGCCRF / La procédure : (Fiche 25)

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LA DGCCRF

25.1 Sa mission :

Une administration est plus spécialement chargée d’assurer en France la


gestion et le contrôle des relations entre les consommateurs et les
professionnels : c’est la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence,
de la Consommation et la Répression des Fraudes).

Elle a vocation à traiter tous les problèmes impliquant des relations entre
les professionnels et les consommateurs.

Elle exerce sa mission par l’intermédiaire des Directions Départementales


de la Concurrence, de la Consommation et la Répression des Fraudes
(DDCCRF.) présentes dans tous les départements et collectivités
territoriales d’Outre-Mer.

Elle intervient principalement dans plusieurs domaines :

• La protection du consommateur

• Elle joue un rôle de prévention, de conseil et d’information vis-à-vis


des consommateurs.

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• Elle joue un rôle d’alerte auprès des instances gouvernementales à
chaque fois qu’elle constate un problème susceptible d’affecter la
protection des consommateurs.

• Elle exerce un contrôle de l’application de la législation


économique et constate les infractions à cette législation.

Sur le terrain spécifique du commerce automobile, ces infractions, qui sont


toutes de nature pénale, concernent particulièrement la « transparence »
des relations contractuelles, l’exécution des bons de commande,
l’exécution des réparations, etc.

Elle peut intervenir, par exemple, dans les cas suivants :

- mauvais étiquetage des prix,

- mauvaise application des lois sur le crédit,

- présentation, rédaction et application des bons de


commande par le vendeur (V.N, V.O, garanties, contrat de
location, etc.)

- facturation d’opérations d’entretien ou de réparation réalisées


sans l’accord du client,

- surveillance des conditions d’application des opérations de


contrôle technique, etc.

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• Les fraudes

L’administration contrôle l’application de la réglementation sur les fraudes


et constate les infractions.

Exemples d’interventions liées à une fraude, à une tromperie : contrôle des


V.O (accidentés ou non), conformité entre le V.N commandé et le véhicule
livré, compteurs « débranchés », qualité des réparations, etc.

• La sécurité

L’administration agit, soit à titre préventif, soit à la suite d’un accident, en


vue de réduire ou d’éliminer les dangers liés à l’utilisation des produits et
des services (y compris les dangers potentiels) : à ce titre, elle peut
procéder elle-même, dans certaines conditions, au retrait des produits
dangereux.

En ce qui concerne l’automobile, cette action concerne non seulement


la vente et l’utilisation des véhicules, mais également le Service
Après-Vente.

• La prévention

Les Pouvoirs Publics ont publié une circulaire en date du 6 juillet 1990
concernant « l’exercice du contrôle dans les entreprises ».
En pratique, cette circulaire renforce de façon substantielle les pouvoirs de
contrôle de la DGCCRF dans les entreprises.

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Elle traduit la volonté de l’administration de développer des contrôles
préventifs afin notamment « d’évaluer les moyens mis en œuvre par les
professionnels pour s’assurer de la bonne exécution de leur activité au
regard de leurs obligations réglementaires et pour remédier aux anomalies
détectées à l’occasion des contrôles ».

• La régulation économique

La même assure également un fonctionnement équilibré et transparent des


marchés au bénéfice de l'ensemble des acteurs économiques, comme
lutter contre les ententes et les abus de position dominante, veiller à
l'équilibre des relations commerciales entre professionnels ou encore lutter
contre les contrefaçons.

En résumé, la mission générale de la DGCCRF vise à contribuer à


l'efficacité économique, au bénéfice des consommateurs.

Pour l’année 2021, la DGCCRF a publié sur son site les chiffres suivants :

- Nombre d’établissements contrôlés : 91.209

- Nombre de contrôles réalisés : 133.277

- Suites pédagogiques et correctives :


- lettres d’avertissement : 24.830
- lettres d’injonction : 7.875

- Suites répressives :
- dossiers pénaux : 4.061
- amendes administratives : 1.328 (38,5 M€)

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- Résultats d’analyses en laboratoires : 119.958

- Origine des réclamations :


- messages électroniques : (73%)
- téléphone : (32%)
- courrier : (16%)
- visites particuliers reçus ( 5%)

25.2 La procédure :

- Qui peut provoquer l’intervention de la DGCCRF ?

• Le Ministère de l’Economie ;

• Les collectivités locales ;

• Les associations de consommateurs agréées ;

• Les consommateurs eux-mêmes ;

• Les diverses organisations professionnelles ou


syndicales ;

• Les Tribunaux, dans les limites des affaires qui leur sont
soumises.

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- Quels sont les fonctionnaires compétents pour ces
contrôles ?

Les inspecteurs régionaux ou départementaux de la DGCCRF.

Les brigades dont spécialement la brigade des carburants pour tous


les secteurs concernant l’automobile.

Par délégation : les officiers de police judiciaire, la gendarmerie, divers


agents de la Direction Générale des Impôts, des douanes, etc.
A ce titre, les contrôleurs peuvent intervenir à l’improviste dans tous
les points de vente et se faire communiquer les dossiers à vérifier,
aucune opposition à un tel contrôle n’est possible.

A titre d’information, l’opposition aux fonctions de ces agents est


sanctionnée des peines principales du délit de fraude outre la peine
complémentaire - facultative - de la publication de la décision, sans
préjudice des peines de la rébellion (exemple : refus de présenter les
documents comptables).

Les agents de la DGCCRF ont le pouvoir de faire toute enquête qu’ils


jugent utile dans les points de vente et de contrôler tous les dossiers.

Les agents ont un droit de visite. Ils peuvent pénétrer de jour dans tous
les lieux notamment de fabrication, de dépôt ou de vente.

Ils peuvent, également, pénétrer de nuit dans les lieux ouverts au public ou
lorsque s’y déroulent des activités, notamment, de commercialisations.

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Depuis récemment, un texte récent leur donne comme prérogatives de
procéder à des contrôles sans décliner leur identité. Ainsi, ils peuvent
se présenter au sein des entreprises en tant que clients mystères, en se
faisant passer pour des clients. Ils peuvent aussi passer des ventes par
internet.

- Quels sont les éléments examinés ?

- Tous les documents utilisés par l’entreprise dans le cadre de son


activité :
 documents de nature contractuelle : bons de
commande V.N ou V.O, fiches signalétiques, contrats
de crédit, demandes de LOA, ordres de réparation,
contrats de location, etc.

 documents d’informations : tous les éléments mis à la


disposition des clients tels que les affiches, stickers,
dépliants, brochures, etc.

La Loi reconnaît aux agents le pouvoir d’exiger la communication ou de


procéder à la saisie des documents de toute nature, en quelques mains
qu’ils se trouvent.

- Quels sont les résultats de ces informations ?

• L’administration estime que les explications qui lui ont été fournies
répondent à sa demande : elle classe purement et simplement le
dossier.

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• L’administration estime que les règles ne sont pas appliquées
dans toutes leurs dispositions, mais constate qu’aucun
consommateur n’a présenté de réclamation : dans ce cas, elle
adresse un simple avertissement, verbal ou écrit, et conseille à
l’entreprise de rectifier l’anomalie constatée.

• L’administration estime que l’entreprise n’a pas respecté les


règles en vigueur : à ce moment, elle va entendre l’un de ses
représentants (par exemple : Directeur, Chef de Ventes, Chef du
Service Technique, etc.) et établir un procès-verbal d’audition
qu’elle fera relire et signer par l’intéressé.

Il est particulièrement important pour la personne auditionnée de vérifier


avec attention les termes du procès-verbal qui lui est présenté et de les
contester le cas échéant avant signature.

Ensuite, l’administration va constituer un dossier, établir un rapport et


transmettre les éléments au Procureur de la République.

Ce dernier peut classer le dossier ou au contraire engager une


procédure dirigée personnellement contre le contrevenant :

- la juridiction peut condamner le contrevenant à verser des


dommages et intérêts à la victime, aux syndicats
professionnels, et aux organisations de consommateurs qui
se sont portés partie civile au procès.

Ces sanctions s’ajoutent aux peines principales et complémentaires


attachées à tout délit.

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- Il peut prononcer des condamnations : prison et amendes,
affichage de la condamnation dans les journaux ou sur les
vitrines de l’entreprise, et autres peines accessoires
éventuelles.

- Par ailleurs, la juridiction peut résilier les contrats passés


entre le vendeur et le client (contrats de vente, crédit, etc.) ou
déclarer nulles les conditions générales de vente ou de
garantie.

Enfin, la DGCCRF, après constatation d’une infraction, peut proposer une


transaction pour éviter une procédure ; elle propose alors une amende
forfaitaire d’un montant inférieur au risque judiciaire encouru. Si l’entreprise
en accepte le principe, elle ne pourra plus contester ensuite l’amende
forfaitaire.

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D/ LE REGLEMENT AMIABLE D’UN LITIGE

- La conciliation / La médiation / La transaction : (Fiche 26)

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LA CONCILIATION

26.1. Les conciliateurs :

Ils ont pour mission de « faciliter en dehors de toute procédure judiciaire, le


règlement amiable des différends qui leur sont soumis » (décret
22/07/1996).

Cette mission est bénévole.

Le conciliateur est nommé par le Premier Président de la Cour d’Appel, sur


proposition du Juge d’Instance, après avis du Procureur Général.

Il est investi dans ses fonctions pour une période d’un an, renouvelable
pour deux ans.

Il doit enfin justifier d’une expérience juridique de trois ans.

Sa saisine se fait sans forme particulière. L’autre partie est convoquée à se


présenter et le conciliateur fait des propositions.

Si l’accord aboutit, un constat pourra être signé par les parties qui peuvent
demander au Juge de donner force exécutoire à l’acte qui consacre leur
accord.

Tout magistrat a une mission générale de conciliation et peut renvoyer les


parties à se concilier, ce qui n’est, bien entendu, jamais obligatoire.

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Le juge peut constater dans un procès-verbal la conciliation des parties.

Devant le Tribunal judiciaire (Tribunal de Proximité), une tentative de


conciliation est toujours offerte aux parties.

En cas d’échec, l’affaire est renvoyée pour être jugée ou est jugée sur le
champ.

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LA MEDIATION

26.2. La médiation conventionnelle :

Il s’agit d’un processus de règlement extra-judiciaire des litiges par lequel


un consommateur et un professionnel tentent de parvenir à un accord pour
solutionner à l’amiable un litige qui les oppose avec l’aide d’un tiers, le
médiateur.

Cette voie constitue une alternative à l’action judiciaire, souvent longue,


coûteuse et à l’issue toujours incertaine.

- Quels litiges ?

La médiation de la consommation s’applique à tout litige national ou


transfrontalier entre un consommateur et un professionnel, dans le cadre
de l’exécution d’un contrat de vente ou de prestations de services.

- Quels litiges ne sont pas concernés ?

La médiation de la consommation ne s’applique pas :

- aux litiges entre professionnels,

- aux réclamations portées par le consommateur auprès du service


clientèle du professionnel,

- aux négociations directes entre le consommateur et le


professionnel,

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- aux tentatives de conciliation ou de médiation ordonnées par une
juridiction saisie du litige de consommation,

- aux procédures introduites par un professionnel contre un


consommateur.

- Qui peut saisir le médiateur ?

Ce processus de médiation ne peut être mis en œuvre qu’à l’initiative du


seul consommateur.

Celui-ci ne peut toutefois saisir le médiateur qu’à la condition d’avoir


préalablement fait une démarche par écrit, directement auprès du
professionnel concerné ou de son service client, pour tenter de solutionner
son litige.

Si cette démarche n’est pas effectuée, la demande de médiation sera alors


irrecevable.

- Quels coûts ?

La médiation de la consommation est gratuite pour le consommateur.

Les coûts sont entièrement supportés par le professionnel.

Les parties peuvent se faire représenter par un avocat ou se faire assister


par toute personne de leur choix.

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- Quels sont les médiateurs compétents ?

Les professionnels ont l’obligation de communiquer aux consommateurs,


sur leur site Internet, sur les conditions générales de vente, bon de
commande ou tout autre moyen approprié (voie d’affichage), les
coordonnées du ou des médiateurs dont ils relèvent.

Pour les activités liées à la vente automobile, aux prestations d’après-vente


(entretien, réparations etc.), il existe un site internet
(www.economie.gouv.fr) qui propose des médiateurs et qui renvoie à leurs
sites internet.

Nous pouvons citer notamment :

- le médiateur de la Fédération Nationale Automobile (FNA)

- le médiateur du Conseil National des Professions Automobiles (CNPA)

- Comment saisir le médiateur ?

Le médiateur pourra être saisi par un simple courrier.

Chaque médiateur a l’obligation de disposer de son propre site Internet qui


permet de déposer une demande de médiation, accompagnée des
documents justificatifs.

A l’issue de la réception de la saisine du consommateur, le médiateur


disposera alors de 3 semaines pour étudier la recevabilité de la demande.
Le processus de la médiation ne doit pas excéder en principe 90 jours.

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Toutefois, si le médiateur estime que le litige est particulièrement complexe,
il doit alors le notifier au professionnel et au client.

- Quelle est l’issue ?

Le médiateur propose une solution pour régler le litige.

Il communique sa proposition aux parties en leur rappelant qu’elles sont


libres d’accepter ou de refuser sa proposition de solution.

Si les parties l’acceptent, elles renoncent alors à saisir le Juge pour le litige
en cause, sauf, par exemple, dissimulation de certaines informations par le
professionnel, ou encore si des éléments nouveaux venaient à survenir.

Le client consommateur insatisfait pourra donc refuser la solution proposée


et recourir à la voie judiciaire.

- Quelles sont les sanctions en cas de non-respect de la


réglementation ?

Depuis le 1er janvier 2016, le professionnel a l’obligation d’informer le client


consommateur de la possibilité de recourir à la médiation conventionnelle
au travers de son site internet, des conditions générales de vente / de
réparations, en visant, on l’a vu précédemment, le nom et les coordonnées
du médiateur vers lequel le client pourra s’adresser.

Le non-respect de ce dispositif de médiation est passible d’une amende


administrative de 15.000 € pour une personne morale (article L 641-1 du
Code de la consommation).

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Il est à noter qu’un agent de la DGCCRF pourra verbaliser une entreprise à
la lecture du seul bon de commande ou de l’ordre de réparation sur lequel
la mention fait défaut.

Il y aura autant d’infractions constituées que de bons de commande


ou d’ordres de réparation concernés !!!

26.3 La médiation judiciaire :

Il s’agit d’un médiateur, désigné par le Juge, en accord avec les parties,
qui, dans le cadre d’un mandat va entendre les parties et conforter leurs
points de vue « pour leur permettre de trouver une solution au conflit qui les
oppose ».

La médiation peut intervenir dans tous les domaines de la vie courante et


du droit (consommation, prestations de services, litiges entre commerçants,
fournisseurs etc.)

C’est un processus par lequel un tiers, impartial, qualifié et sans pouvoir de


décision, aide les parties soumises au différend à rétablir un dialogue et à
trouver elles-mêmes des solutions mutuellement acceptables au cours
d’entretiens confidentiels.

Le but est de trouver un compromis, l’accord trouvé en médiation devant


être ensuite homologué par la juridiction afin de le rendre exécutoire.
Il est à noter que le médiateur est rémunéré ; à ce titre, le Juge fixe le
montant de la consignation et détermine la ou les parties qui en supportent
le coût.

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LA TRANSACTION

26.4 Dans le cadre d’un litige, même judiciaire, les parties ont la possibilité
d’y mettre fin au moyen d’une transaction.

Il s’agit, en quelque sorte, d’un contrat liant les parties, et qui a l’autorité de
la chose jugée en dernier ressort, c’est-à-dire que le litige auquel la
transaction met fin ne peut plus être jugée.

Pour sa validité, la transaction doit comporter des concessions réciproques


des parties.

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E / L’ORGANISATION JUDICIAIRE

- Son organigramme simplifié

- Les Tribunaux civils

- Les Tribunaux de commerce (Fiche 27)

- Les Tribunaux répressifs

- La procédure

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27.1

L’ORGANIGRAMME SIMPLIFIE DU SYSTEME


JUDICIAIRE

Cour de Cassation

Cour d’Appel

Tribunal Judiciaire Tribunal Judiciaire Tribunal de


Demande > 10.000 € Demande ≤ 10.000 € Commerce
ou (Tribunal de Proximité)

indéterminée Demande > 10.000 €


(avocat obligatoire) (avocat non obligatoire) (avocat obligatoire)

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27.2

LES TRIBUNAUX CIVILS

Ils sont notamment chargés de juger les conflits entre particuliers ou ceux
opposant un particulier à un commerçant, à un artisan ou à une entreprise
privée.

Ces Tribunaux sont compétents pour connaître des litiges portant sur les
ventes de pièces détachées, de véhicules ou de prestations de services,
mais aussi les litiges liés à la garantie légale des vices cachés, à la
mauvaise qualité de la réparation, à la contestation d’une facture, aux
créances impayées, etc.

Les décisions des Tribunaux civils peuvent être contestées devant la Cour
d’Appel sauf si le litige porte sur une somme inférieure ou égale à 5.000 €
(à compter du 1er janvier 2020).

Le dernier recours est porté devant la Cour de Cassation.

Les Tribunaux civils sont entre autres :

- le Tribunal Judiciaire,
- le Conseil des Prud’hommes,
- le Tribunal des affaires de Sécurité Sociale…

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27.3

LES TRIBUNAUX DE COMMERCE

Le Tribunal de Commerce (on parle également de juridiction consulaire)


connaît des litiges entre commerçants au sens large ou des litiges portant
sur un acte de commerce.

Un client « non commerçant » pourra saisir soit la juridiction civile, soit la


juridiction consulaire.

Le Tribunal de Commerce juge en dernier ressort (c’est à dire que le


jugement n’est pas susceptible d’appel) les demandes dont le principal est
inférieur ou égal à 5.000 €.

A partir de 5.001 €, la décision est susceptible d’appel.

Dans tous les cas, le dernier recours est porté devant la Cour de Cassation.

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27.4

LES JURIDICTIONS REPRESSIVES

Elles jugent et sanctionnent les auteurs d’une infraction (contravention, délit


ou crime), c’est-à-dire un acte interdit par la loi pénale ; il peut s’agir de
publicité mensongère, de fraudes, de tromperie, d’escroquerie, etc.

Ce domaine relève de la compétence :

- du Tribunal de Police (contravention),

- du Tribunal Correctionnel (délit),

- de la Cour d’Assises (crime).

Les parties prenantes au procès sont :

- le demandeur : il s’agit de l’Etat, représenté par le Ministère Public


(il requiert, en général, des sanctions),

- le prévenu : il s’agit de l’auteur de l’infraction,

- la partie civile : le client ou le tiers (associations par exemple) qui


se constitue partie civile pour obtenir réparation.

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27.5

LA PROCEDURE

27.5.1 L’assignation aux fins d’expertise :

CLIENT  assignation pour expertise  TRIBUNALordonnance de


nomination

EXPERTISE JUDICIAIRE  CONCLUSIONS RAPPORT

LE CONTENU DU RAPPORT D’EXPERTISE EST ESSENTIEL :

- les conclusions sont défavorables au client : l’affaire en reste là (en


principe)

- les conclusions sont favorables au client :

• protocole transactionnel : l’affaire est définitivement close.

• assignation au fond par le client pour obtenir la condamnation


du professionnel.

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27.5.2 L’assignation au fond :

CLIENT  assignation au fond  TRIBUNAL  gain de cause  débouté.

Cette procédure sera utilisée par le client pour obtenir par exemples :

- la résolution de la vente ;

- le remboursement de travaux de réparation payés ;

- des dommages-intérêts suite à l’immobilisation prolongée du


véhicule.

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F/ CONSEILS PRATIQUES

- Connaître les informations techniques

- Les gestes commerciaux (Fiche 28)

- La prudence de langage

- Contacter le constructeur / l’importateur

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28.1

CONNAITRE LES INFORMATIONS


TECHNIQUES

Il s’agit de toutes les informations techniques diffusées par le constructeur


et dont le réparateur peut - et doit - avoir connaissance.

Ces informations, en règle générale, se présentent sous plusieurs formes :

- notes techniques,

- messages d’information,

- programmes et actions qualité.

Attention :

En cas de défaut de réalisation d’une action technique, dont en


particulier une campagne type du constructeur, le réparateur pourra voir
sa responsabilité engagée, sur le plan civil mais également pénal.

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28.2

LES GESTES COMMERCIAUX

Dès qu'un véhicule n'est plus sous garantie commerciale, toute participation
devra figurer sous la rubrique "geste commercial" et non pas "extra
garantie".

Exemple de lettre à adresser à un client (en lettre RAR par précaution) :

"Nous vous informons qu'à titre exceptionnel et purement commercial, nous


consentons à remplacer (ou à participer à hauteur de ...) (préciser la nature
de la réparation à effectuer).

Nous vous rappelons que la présente initiative s'inscrit dans le cadre de


notre politique commerciale et ne saurait constituer en aucune façon une
quelconque reconnaissance de responsabilité de notre part.

Nous vous prions..."

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28.3

LA PRUDENCE DE LANGAGE

Eviter formellement d’utiliser devant le client les expressions du type :

- « c’est un problème connu » ;

- « vous n’êtes pas le premier » ;

- (…)

N’utilisez pas davantage les mots « défauts », « anomalies », car ils ont
une connotation négative et peuvent évoquer une reconnaissance de
responsabilité.

Dites plutôt « incidents », « phénomènes », « symptômes ».

Même chose, en expertise, notamment, pour les diagnostics réalisés sous


appareils. Préférez « Code symptômes » à « Codes défauts ».

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28.4

CONTACTER LE
CONSTRUCTEUR/L’IMPORTATEUR

Le constructeur / l’importateur est toujours à votre écoute.

Il ne faut pas hésiter à l’informer d’une situation délicate avant qu’elle ne


dégénère, lorsque la qualité du produit est susceptible d’être engagée.

Trop de litiges naissent, en effet, de l’absence d’informations transmises au


constructeur / importateur, lequel ne se trouve pas alors en mesure
d’intervenir à temps.

Le constructeur / l’importateur aura connaissance de l’affaire lorsqu’il lui


sera délivré une assignation…

C’est souvent trop tard.

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