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MA201.

Méthode des éléments finis (2013-2014) 1

Séance 1 : Outils et manipulations élémentaires


(Patrick Ciarlet)

Exercice 1 Formules d’intégration par parties


Soit ⌦ un ouvert borné de R3 , dont la frontière @⌦ est “régulière”. On note n la normale
unitaire extérieure à la frontière. On démontre ci-dessous des formules d’intégration
par parties pour des fonctions “régulières”. L’intérêt est le suivant : si on doit ensuite
manipuler des éléments d’espaces de Sobolev, on utilisera les mêmes formules sous réserve
de pouvoir approcher tout élément de ces espaces par des fonctions “régulières” ; en
d’autres termes, sous réserve de disposer de résultats de densité des espaces de fonctions
“régulières” dans les espaces de Sobolev.

Q1. Equivalence entre les relations (1) et (2)


Z Z
@v @u ¯ ;
(u + v) d⌦ = uvni d (1  i  3), 8u, v 2 C 1 (⌦) (1)
⌦ @xi @xi @⌦
Z Z
(u div v + ru · v) d⌦ = ¯ 8v 2 C 1 (⌦)
u(v · n) d , 8u 2 C 1 (⌦), ¯ 3. (2)
⌦ @⌦

Rappels :
2 3
@u
2 3 6 7
v1 3 3 6 @x1 7
X @v X @u
¯
8v = 4 v2 5 2 C (⌦) , div v =
1 3 i
, v·n = vi ni ; ¯ ru = 6
8u 2 C 1 (⌦), 6
7
7.
@x i 6 @x2 7
v3 i=1 i=1 4 @u 5
@x3
Supposons la relation (1) vérifiée alors en particulier pour les composantes vi de v, elle
donne
Z Z
@vi @u ¯ 8 1  i  3,
(u + vi ) d⌦ = uvi ni d (1  i  3), 8u, vi 2 C 1 (⌦)
⌦ @x i @x i @⌦

soit en sommant sur i


X3 Z X3 Z
@vi @u ¯
(u + vi ) d⌦ = uvi ni d , 8u, v1 , v2 , v3 2 C 1 (⌦)
i=1 ⌦
@xi @xi i=1 @⌦

d’où
Z X3 3 Z 3
@vi X @u X
¯
(u + vi ) d⌦ = u vi ni d , 8u, v1 , v2 , v3 2 C 1 (⌦).
⌦ i=1
@xi i=1 @xi @⌦ i=1

On en déduit par définition


Z Z
(u div v + ru · v) d⌦ = u(v · n) d , ¯ 8v 2 C 1 (⌦)
8u 2 C 1 (⌦), ¯ 3.
⌦ @⌦
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Réciproquement si on suppose la relation (2) vérifiée alors par définition


2 3
Z X3 X3 Z X3 v1
@vi @u ¯ 8v = 4 v2 5 2 C 1 (⌦)
¯ 3.
(u + vi ) d⌦ = u vi ni d , 8u 2 C 1 (⌦),
⌦ @x i @x i @⌦
i=1 i=1 i=1 v3
2 3
v
En particulier pour v = 0 5 on trouve
4
0
Z Z
@v @u
(u + v) d⌦ = uvn1 d ,
⌦ @x1 @x1 @⌦
2 3
0
soit (1) pour i = 1. De la même façon, avec v = 4 v 5 on obtient (1) pour i = 2 et avec
2 3 0
0
v = 4 0 5 on obtient (1) pour i = 3.
v

¯ 3 . montrons que
Q2. Soient u, v 2 C 1 (⌦)
Z Z
(u · rot v rot u · v) d⌦ = (u ⇥ n) · v d .
⌦ @⌦
Rappels :
2 3
@v3 @v2
2 3 2 3
6 @x2 @x3 7 u v u v
v1 6 @v @v3 7
2 3 3 2
8v = 4 v2 5 2 C 1 (⌦) ¯ 3 , rot v = 6 6
1 7 6
7 , u ⇥ v = 4 u3 v 1 v 3 u1 5
7
6 @x3 @x1 7
v3 4 @v2 @v1 5 u1 v 2 v 1 u2
@x1 @x2
Z Z ⇣X 3 ⌘
u · rot v d⌦ = ui (rot v)i d⌦

Z⌦ i=1 ⇣ @v
3 @v2 ⌘ ⇣ @v
1 @v3 ⌘ ⇣ @v
2 @v1 ⌘
= u1 + u2 + u3 .
@x2 @x3 @x3 @x1 @x1 @x2
Z⌦ ⇣
@u1 @u1 ⌘ ⇣ @u2 @u2 ⌘ ⇣ @u3 @u3 ⌘
= v3 + v2 + v1 + v3 + v2 + v1 .
(I.P.P.) ⌦Z @x2 @x3 @x3 @x1 @x1 @x2
⇣ ⌘
+ u1 (v3 n2 v2 n3 ) + u2 (v1 n3 v3 n1 ) + u3 (v2 n1 v1 n2 ) d
Z @⌦⇣
@u3 @u2 ⌘ ⇣ @u
1 @u3 ⌘ ⇣ @u
2 @u1 ⌘
= v1 + v2 + v3 .
⌦Z @x2 @x3 @x3 @x1 @x1 @x2
⇣ ⌘
+ v1 (u2 n3 u3 n2 ) + v2 (u3 n1 u1 n3 ) + v3 (u1 n2 u2 n1 ) d
Z @⌦ Z
= (rot u · v) d⌦ + (u ⇥ n) · v d
⌦ @⌦
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Exercice 2 Exemples d’éléments de H 1


Q1. Ici on doit dériver au sens des distributions, et vérifier que le résultat appartient
à L2 (]0, 2[).

Pour la fonction v, pour toute fonction ' 2 D(]0, 2[) :


D @v E D @' E
,' = v,
@x D 0 (]0,2[),D(]0,2[) Z @x D0 (]0,2[),D(]0,2[)
Z Z
@' @' @'
= v dx = v dx v dx
Z]0,2[ @x Z ]0,1[ @x ]1,2[ @x
h Z i
@' @'
= dx (2 x) dx = '(1) + '(1) ' dx
Z]0,1[ @x ]1,2[ @x (I.P.P.) ]1,2[

= ]1,2[ ' dx
]0,2[

avec ]1,2[ la fonction indicatrice de ]1, 2[ qui appartient bien à L (]0, 2[).
2

Pour la fonction w, pour toute fonction ' 2 D(]0, 2[) :


D @w E D@' E
,' = w,
@x D 0 (]0,2[),D(]0,2[) Z @x D0 (]0,2[),D(]0,2[)
Z Z
@' @' @'
= w dx = w dx w dx
Z]0,2[ @x Z ]0,1[ @x ]1,2[ @x
@' @'
= a dx b dx = a'(1) + b'(1)
D ]0,1[ @x E ]1,2[ @x (I.P.P.)

= (b a) x=1 , '
D 0 (]0,2[),D(]0,2[)

Si b = a alors de manière évidente w 2 H 1 (]0, 2[). Sinon, comme une masse de Dirac
n’est pas mesurable, w 2
/ H 1 (]0, 2[).

Pour la fonction z. Elle est de carré intégrable si et seulement si x2p est inté-
grable c’est-à-dire si et seulement si p > 1/2. De même, sa dérivée @x
@z
= pxp 1 est
intégrable si et seulement si p > 1/2. On en déduit

z 2 H 1 (]0, 2[) , p > 1/2

Q2. Soit ⌦ un ouvert borné de RN : on le partitionne en ⌦¯ =⌦ ¯1 [⌦¯ 2 , où ⌦1 et ⌦2 sont


0 ¯ 1 ¯
deux ouverts disjoints. On considère v 2 C (⌦), telle que v|⌦i 2 C (⌦i ), pour i = 1, 2.
On cherche à montrer que v 2 H 1 (⌦).

On note pour commencer que v 2 L2 (⌦). On va calculer rv au sens faible. On


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pose vi = v|⌦i puis on dérive au sens des distributions. Pour toute fonction ' 2 D(⌦)N

D E N D
X @v E N D
X @'i E
rv, ' = , 'i = v,
D 0 (⌦)N ,D(⌦)N @xi D 0 (⌦),D(⌦) @xi D0 (⌦),D(⌦)
D
i=1 E i=1
= v, div '
Z D 0 (⌦),D(⌦)Z Z
= v div ' d⌦ = v1 div ' d⌦1 v2 div ' d⌦2
⌦ ⌦1 ⌦1

En intégrant par parties et en isolant les intégrales sur le bord, pour toute fonction
' 2 D(⌦)N
D E Z Z Z Z
rv, ' = rv1 ·' d⌦1 + rv2 ·' d⌦2 v1 '·n1 d 1 v2 '·n2 d 2
D 0 (⌦)N ,D(⌦)N ⌦1 ⌦2 @⌦1 @⌦2

où n1 (respectivement n2 ) est la normale extérieure à @⌦1 (respectivement @⌦2 ). Comme


' est à support compacte elle s’annule sur la frontière et donc
Z Z Z
v1 ' · n 1 d 1 v2 ' · n 2 d 2 = v1 ' · n 1 + v2 ' · n 2 ) d 1 2
@⌦1 @⌦2 1 2

où 1 2 = @⌦1 \ @⌦2 . Enfin comme n1 = n2 en tout point de 1 2 et comme v et '


sont continues à la traversée de 1 2 , on a
Z Z
v1 ' · n 1 d 1 v2 ' · n 2 d 2 = 0
@⌦1 @⌦2

et donc D E Z Z
rv, ' = rv1 · ' d⌦1 + rv2 · ' d⌦2
D 0 (⌦)N ,D(⌦)N ⌦1 ⌦2

Au sens des distributions, le gradient de v est donné par


8
<rv1 sur ⌦1
rv =
:rv sur ⌦
2 2

Par hypothèse (sur v1 = v|⌦1 et v2 = v|⌦2 ), on en conclut que ce gradient pris au sens
des distributions appartient à L2 (⌦)N , c’est-à-dire que v 2 H 1 (⌦).

Exercice 3 Théorème de trace

Q1. On raisonne en plusieurs étapes (simples) :


— Rappel : définition du prolongement par continuité `. ˜
Soit h 2 H. Par densité, il existe une suite d’éléments de V , notée (vk )k , telle que
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limk!1 kvk hkH = 0. Soit (zk )k la suite de réels définie par zk = `(vk ) pour tout
k. Etudions (zk )k :

` lin.
|zk zm | = |`(vk ) `(vm )| = |`(vk vm )|  C` kvk vm kH .

Comme (vk )k converge (vers h) dans H, c’est en particulier une suite de Cauchy,
c’est-à-dire que limk,m!1 kvk vm kH = 0. Ainsi, (zk )k est une suite de Cauchy
dans R. Or, R est complet : (zk )k est donc convergente. A partir de là, on définit
le prolongement par continuité de ` en h comme étant égal à la limite de (zk )k :
˜ = lim `(vk ).
`(h)
k

Bien sûr, on peut effectuer le même raisonnement pour tout élément h de H, ce


qui permet de construire `˜ : H ! R.
— Unicité du prolongement `. ˜
Reprenons le processus précédent de construction... Pour h 2 H, soient deux
suites d’éléments de V , (vk )k et (vk0 )k , convergeant vers h. Vérifions maintenant
˜
que la définition de `(h) est indépendante de la suite choisie, ce qui prouvera
l’unicité :
` lin.
| lim `(vk ) lim `(vk0 )| = | lim{`(vk ) `(vk0 )}| = | lim `(vk vk0 )|.
k k k k

Or, |`(vk vk0 )|  C` kvk vk0 kH , et limk kvk vk0 kH = 0 par inégalité triangulaire
(kvk vk0 kH  kvk hkH + kh vk0 kH ). On en conclut que limk `(vk ) = limk `(vk0 ).
— Linéarité du prolongement `. ˜
On obtient la linéarité en passant à la limite. Soient h1 , h2 2 H, ↵1 , ↵2 2 R :
par densité, il existe (vk1 )k et (vk2 )k deux suites d’éléments de V , qui convergent
respectivement vers h1 et h2 dans H, et
˜ 1 h1 + ↵ 2 h2 )
`(↵ = lim `(↵1 vk1 + ↵2 vk2 )
k
` lin. ˜ 1 ) + ↵2 `(h
˜ 2 ).
= lim{↵1 `(vk1 ) + ↵2 `(vk2 )} = ↵1 `(h
k

— Continuité du prolongement `˜ de H dans R.


On veut prouver : 9C > 0, 8h 2 H, |`(h)| ˜  CkhkH . Pour cela, h 2 H étant
donné, soit (vk )k une suite d’éléments de V qui converge vers h dans H. On écrit
˜
|`(h)| = | lim `(vk )| = lim |`(vk )| ;
k k

or, pour tout k, |`(vk )|  C` kvk kH . Comme limk kvk kH = khkH , on en conclut que
˜
|`(h)|  C` khkH .
˜
NB. Le module de continuité est identique pour ` et pour son prolongement `.
NB(bis). On a le même résultat pour des espaces de Banach définis sur C...
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Q2. Ici, on choisit respectivement :


⇢Z 1 Z 1 1/2
H = H (]0, 1[), muni de la norme kvkH 1 (]0,1[) :=
1 2
v dx + (v 0 )2 dx ,
0 0
V = C 1 ([0, 1]) ;

en effet, C 1 ([0, 1]) est dense dans H 1 (]0, 1[) d’après la proposition 1.7 p. 16 du poly.
Soit maintenant v 2 C 1 ([0, 1]) : on écrit comme indiqué
Z x Z x
0
v(0) = v(x) v (t) dt =) |v(0)|  |v(x)| + v 0 (t) dt .
0 0

On commence par majorer le second terme, à l’aide de l’inégalité de Cauchy-Schwarz :


Z x Z x ✓Z x ◆1/2 ✓Z x ◆1/2
0 0 0 2
v (t) dt  |v (t)| dt  1 dt |v (t)| dt
0 0 0 0
✓Z x ◆1/2 ✓Z 1 ◆1/2
p 0 2 0 2
 x |v (t)| dt 1⇥ |v (t)| dt .
0 0

Pour faire de même pour le premier terme (|v(x)|), on utilise une "astuce" qui permet
de passer à une intégrale : Z 1
|v(0)| = |v(0)| dx !
0
La majoration du premier terme "intégré" donne alors
Z 1 ✓Z 1 ◆1/2
2
|v(x)| dx  1 ⇥ |v(x)| dx .
0 0

On en conclut que, pour tout élément v de C 1 ([0, 1]), on a la majoration


✓Z 1 ◆1/2 ✓Z 1 ◆1/2
2 0 2
p
|v(0)|  |v(x)| dx +1⇥ |v (t)| dt  2kvkH 1 (]0,1[) .
0 0

NB. Pour la dernière l’inégalité, on a utilisé (a+b)2  2a2 +2b2 , valable pour tous a, b 2 R.

Conclusion : d’après la question précédente, on peut prolonger l’application trace ? :


v 7! v(0) de façon unique en une application linéaire et continue de H 1 (]0, 1[) dans R.

Q3. La réponse est non...


Pour s’en convaincre, soit (vm )m 1 la suite d’éléments de L2 (]0, 1[) définie par vm (x) =
e mx . Par un calcul direct :
Z 1 Z 1  1
2 2mx 1 1
vm dx = e dx = e 2mx = (1 e 2m ).
0 0 2m 0 2m
Ainsi limm!1 kvm kL2 (]0,1[) = 0, alors que vm (0) = 1 pour tout m 1. On ne peut donc pas
trouver de constante C > 0 telle que, pour tout m 1, on ait |vm (0)|  C kvm kL2 (]0,1[) .
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Exercice 4 Solutions classiques du Laplacien


Soit ⌦ un ouvert borné de R3 , dont la frontière @⌦ est “régulière”. On considère le
problème aux limites
Trouver u telle que 8
>
>
>
< u u = f dans ⌦ (3)
>
>
>
: @u
= g sur @⌦ (4)
@n
¯ et @⌦.
où f et g sont continues respectivement sur ⌦

¯ En multipliant (3) par


Q1. On suppose que la solution u appartient à C 2 (⌦) \ C 1 (⌦).
1 ¯
v 2 C (⌦) et en intégrant sur ⌦, on obtient facilement
Z Z Z
uv d⌦ u v d⌦ = f v d⌦, ¯
8v 2 C 1 (⌦)
⌦ ⌦ ⌦
Une intégration par parties sur la deuxième intégrale donne
Z Z Z Z
@u ¯
uv d⌦ + ru · rv d⌦ = f v d⌦ + vd , 8v 2 C 1 (⌦)
⌦ ⌦ ⌦ @⌦ @n

soit en utilisant la relation (4)


Z Z Z Z
uv d⌦ + ru · rv d⌦ = f v d⌦ + gv d , ¯
8v 2 C 1 (⌦)
⌦ ⌦ ⌦ @⌦
¯ et g 2 C 0 (@⌦), la formulation variationnelle obtenue est
Ainsi, pour f 2 C (⌦)0

¯ telle que
Trouver u 2 C 1 (⌦)
Z Z Z Z (F.V.)
uv d⌦ + ru · rv d⌦ = f v d⌦ + gv d , ¯
8v 2 C 1 (⌦)
⌦ ⌦ ⌦ @⌦
¯ est
La norme sur C (⌦)
1

3
X @u
kuk = sup |u(x)| + sup | (x)|. (5)
¯
x2⌦ ¯
i=1 x2⌦
@xi
¯ vérifie (3)-(4) alors u vérifie (F.V.) puisque les formules
En résumé, si u 2 C 2 (⌦) \ C 1 (⌦)
de Green classiques sont valides.

¯ deux solutions de (F.V.), on a alors w = u1 u2 2 C 1 (⌦)


Q2. Soient u1 et u2 dans C 1 (⌦) ¯
qui vérifie Z Z
wv d⌦ + rw · rv d⌦ = 0, ¯
8v 2 C 1 (⌦)
⌦ ⌦
soit en particulier pour v = w
Z Z
2
|w| d⌦ + |rw|2 d⌦ = 0.
⌦ ⌦
On en déduit que w = 0 : la solution de l’équation, si elle existe, est bien unique.
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Q3. En ce qui concerne l’existence d’une solution "classique", il n’existe pas de


résultat de portée générale... En particulier, il peut arriver qu’il n’existe pas de solution
¯ muni de sa norme (5) n’est
"classique" ! Enfin, il est facile de voir que l’espace C 1 (⌦)
pas un espace de Hilbert : le théorème de Lax-Milgram ne s’applique pas !

Si maintenant on examine la formulation variationnelle (F.V.), on constate que la


forme bilinéaire associée est
Z Z
(u, v) 7! uv d⌦ + ru · rv d⌦
⌦ ⌦

c’est-à-dire le produit scalaire canonique ·, · H 1 (⌦) . Il est donc naturel de se placer dans
cet espace fonctionnel H 1 (⌦). On obtient alors une nouvelle formulation variationnelle

Trouver u 2 H 1 (⌦) telle que


Z Z Z Z (F.V.bis)
uv d⌦ + ru · rv d⌦ = f v d⌦ + gv d , 8v 2 H 1 (⌦)
⌦ ⌦ ⌦ @⌦

Or l’espace H 1 (⌦) muni du produit scalaire ·, · H 1 (⌦) est un espace de Hilbert, ce qui
permet d’appliquer le théorème de Riesz (ou de Lax-Milgram) pour établir l’existence et
l’unicité de la solution. A posteriori, nous mesurons la solution selon la norme de H 1 (⌦) :
⇣ ⌘1/2 ⇣ Z Z ⌘1/2
2 2
kukH 1 (⌦) = (u, u)H 1 (⌦) = |u| d⌦ + |ru| d⌦
⌦ ⌦

Exercice 5 ⇧ Dérivation au sens des distributions


Quelques rappels pour commencer :
— Soit v 2 L2 (⌦). Z
Par identification, à savoir en écrivant hv, 'i = v' d⌦ pour tout élément ' de

D(⌦), on considère que v 2 D0 (⌦) (et plus généralement, que L2 (⌦) ⇢ D0 (⌦)).
Par ailleurs, par définition de la dérivation au sens des distributions, on a

8' 2 D(⌦), hv 0 , 'i = hv, '0 i.


0
— Par définition de H(⌦) := (H01 (⌦)) , on a
1


1 ` : v 7! `(v) est linéaire, à valeurs dans R
` 2 H (⌦) () ;
9C` 0, 8v 2 H01 (⌦), |`(v)|  C` kvkH 1 (⌦)

enfin, le module de continuité de ` (ie. sa norme dans H 1


(⌦)), vaut

|`(v)|
k`kH 1 (⌦) := sup .
v2H01 (⌦)\{0} kvkH 1 (⌦)
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Q1. ⌦ = I, un intervalle de R. Soit v 2 L2 (I).


Pour prouver que v 0 appartient à H 1 (I), on va utiliser Ex3–Q1. On sait que, dans
l’espace H 1 (I) muni de la norme k · kH 1 (I) , D(I) est dense dans H01 (I). A l’aide de
l’inégalité de Cauchy-Schwarz, on a pour ' 2 D(I) :
Z
0 0
|hv , 'i| = |hv, ' i| = v'0 dx  kvkL2 (I) k'0 kL2 (I)  kvkL2 (I) k'kH 1 (I) .
I

Ainsi, ` : ' 7! hv 0 , 'i est une forme linéaire sur D(I), continue pour la norme k · kH 1 (I) .
D’après Ex3–Q1, on peut prolonger ` par densité en une forme linéaire et continue sur
H01 (I) : en d’autres termes, v 0 2 H 1 (I).
On a aussi montré que kv 0 kH 1 (I)  kvkL2 (I) . On en conclut que l’opérateur dérivée
v 7! v 0 – c’est une application linéaire – est continu de L2 (I) dans H 1 (I).
0
NB. Pourquoi ne peut-on pas dire que v 0 2 (H 1 (I)) (pour v 2 L2 (I)) ? Le problème est
que l’on raisonne par densité, en partant de D(I)... Or, sauf si I = R tout entier, D(I)
n’est pas dense dans H 1 (I) !

Q2. ⌦ un ouvert de RN . Soit v 2 L2 (⌦).


En raisonnant comme à la question précédente, on vérifie facilement que, pour ' 2 D(⌦) :

@v
|h , 'i|  kvkL2 (⌦) k@i 'kL2 (⌦)  kvkL2 (⌦) k'kH 1 (⌦) .
@xi

On en conclut donc que @i v 2 H 1


(⌦), puis que l’opérateur ième dérivée partielle est
continu de L2 (⌦) dans H 1 (⌦).

Q3. ⌦ un ouvert de R3 . Soit v 2 L2 (⌦)3 .


Au sens des distributions, on a
@v1 @v2 @v3
div v = + + .
@x1 @x2 @x3

Comme v1 , v2 , v3 appartiennent à L2 (⌦), on déduit de la Q2 que div v 2 H 1 (⌦).


NB. Pour construire la divergence au sens des distributions, on utilise, pour ' 2 D(⌦),
la suite d’égalités (que vous pouvez toutes justifier !) :
X @' X @vi X @vi
hv, r'i := hvi , i= h , 'i = h , 'i =: hdiv v, 'i.
i=1,3
@xi i=1,3
@xi i=1,3
@xi

De même, on vérifie que chacune des trois composantes du rotationnel de v appartient


à H 1 (⌦) : on écrit cette fois que rot v 2 H 1 (⌦)3 .
NB. Pour construire le rotationnel au sens des distributions on écrit, pour ' 2 D(⌦)3 :
hv, rot 'i = · · · = hrot v, 'i.
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Exercice 6 ⇧ Prolongement et restriction


Q1. C’est Ex2–Q2 avec quelques modifications mineures sur les hypothèses.

Q2. C’est encore une variante de la question précédente et de Ex2–Q2.


¯ on a par construction ṽ 2 L2 (RN ).
En effet, si note ṽ le prolongement de v par 0 à RN \ ⌦,
Par ailleurs, les deux ouverts sont d’une part ⌦+ = ⌦, et d’autre part ⌦ = RN \ ⌦, ¯ et
tels que R = ⌦+ [ ⌦ . Or, la restriction de ṽ à ⌦+ – égale à v – appartient à H (⌦+ ),
N 1

et de même la restriction de ṽ à ⌦ – égale à 0 – appartient à H 1 (⌦ ). Enfin, l’interface


entre ⌦+ et ⌦ est égale à @⌦ et, les traces des deux restrictions coïncident sur @⌦ :
elles valent 0, en tant que trace d’un élément de H01 (⌦+ ), et bien sûr comme trace de la
fonction nulle sur ⌦ .

Q3. Comme la frontière est “régulière”, on suffit de prouver que v = 0 sur @⌦.
— Par hypothèse, ṽ 2 H 1 (RN ) donc, pour tout ' 2 D(RN )N :
Z Z
ṽ div ' dx = rṽ · ' dx. (6)
RN RN

— Montrons que la restriction de rṽ à ⌦, notée (rṽ)|⌦ , est égale à rv.


On veut obtenir ce résultat dans L2 (⌦)N , et on raisonne par densité. Soit 2
D(⌦)N . On note ' le prolongement de par 0 à RN \ ⌦ ¯ : par construction,
' 2 D(RN )N . A partir de cette remarque, on écrit successivement :
Z Z Z Z Z
(6)
(rṽ)|⌦ · d⌦ = rṽ·' dx = ṽ div ' dx = v div d⌦ = rv· d⌦.
⌦ RN RN ⌦ ⌦

La dernière égalité utilise le fait que v 2 H 1 (⌦).


De la même façon, la restriction de rṽ à RN \ ⌦, ¯ notée (rṽ)|RN \⌦¯ , est nulle.
— D’après ce qui précède, on a trouvé, pour tout ' 2 D(RN )N :
Z Z Z Z
(6)
v div ' d⌦ = ṽ div ' dx = rṽ · ' dx = rv · ' d⌦.
⌦ RN RN ⌦

Par ailleurs, d’après la formule de Green, on sait que


Z Z
{v div ' + rv · '} d⌦ = v(' · n) d .
⌦ @⌦

On a donc établi, pour tout ' 2 D(RN )N ,


Z
v(' · n) d = 0.
@⌦

Comme par ailleurs la trace d’un élément de H 1 (⌦) appartient automatiquement


à L2 (@⌦), le résultat donné dans l’énoncé permet de conclure que la trace de v
est bien nulle sur @⌦, et que v 2 H01 (⌦).

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