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Quel tapis de selle choisir ?

Comment choisissez-vous votre tapis de selle ? Pour son design, son style, sa couleur, ou encore pour les
personnalisations possibles ? Parce qu’il est bien dégarroté ? Pour son épaisseur, ou au contraire parce
qu’il est fin ? Parce qu’il est doublé mouton ? Pour son effet « correcteur » grâce à ses cales ? etc. Et votre
cheval, vous a-t-il donné son avis ? Avez-vous par exemple pensé à libérer les autres vertèbres dorsales,
après le garrot ? Cette fiche rappelle le rôle du tapis et donne quelques éléments pour bien le choisir.

Par Benoît PASQUIET - Océane ESCALES - | 07.06.2021 |

Niveau de technicité :

Rôle du tapis de selle


Les premiers tapis de selle étaient de simples couvertures ou des feutres placés sous les matelassures
pour protéger les cuirs.

Protéger la selle du cheval, et pas l'inverse !


On pense souvent que le tapis est là pour protéger le dos du
cheval. C'est faux ! Le premier rôle d’un tapis est de préserver la
selle de la sueur et de la poussière du cheval.

Quels risques si trop de couches ?


Une selle bien adaptée pourrait suffire la plupart du temps. Or on voit très souvent des chevaux montés
avec des tapis épais et des amortisseurs. Si on ajoute des couches supplémentaires, on risque :

D’avoir des frottements supplémentaires sur le dos du cheval.


De comprimer davantage la colonne et le rachis.
D’ajouter des points de pressions supplémentaires là où les couches se chevauchent.
De modifier l’équilibre de la selle.
De perdre en fixité de la selle.
D’engendrer des micro-mouvements source d’inconfort.

De façon imagée, enfiler une deuxième paire de chaussettes n’a jamais rendu confortables de mauvaises
chaussures ! On voit d’ailleurs parfois un paradoxe entre l’utilisation de selles fines, permettant de mieux
sentir son cheval, et l’ajout d’amortisseurs.

Utilisés correctement, les tapis de selle peuvent améliorer le


confort du cheval. Dans le cas contraire, ils sont souvent
nuisibles.

Quels critères pour choisir son tapis de selle ?

Forme
Le tapis peut avoir une forme rectangulaire (chabraque) ou une découpe qui reprend la forme de la selle.
Le choix de la forme est avant tout une question de goût. La découpe « selle » se retrouve plutôt en
hunter. Le tapis rectangulaire permet d’apposer une personnalisation telle qu’un logo de sponsor ou le
nom d’une écurie.

On vérifiera que le tapis dépasse suffisamment de tous les côtés de la selle, mais sans excès. Dans le cas
contraire, des points de pressions douloureux apparaîtront aux bordures du tapis où repose la selle.
Connaître les dimensions de sa selle avant de choisir son tapis est donc indispensable. En dressage, on
tiendra compte de la longueur plus importante des quartiers de la selle.
Il est par ailleurs important qu’il n’y ait pas de pli.

Tapis de selle bien positionné, qui dépasse suffisamment de chaque côté de la selle © B. Lemaire

Tapis adapté à la selle de dressage, qui descend bien sous les quartiers © B. Lemaire

Découpe de la ligne du dos


La ligne du dos du tapis doit s’adapter à celle du cheval. Sur un cheval avec peu de garrot, une coupe
plutôt droite suffira. Un tapis fortement dégarrotté sera plus adapté à un cheval avec un garrot
proéminent.
Cheval avec garrot proéminent... © B. Pasquiet

... blessé par un tapis à coupe droite © B. Pasquiet

Il est nécessaire de choisir un tapis dont l’arrière remonte au moins un peu pour les chevaux avec un dos
assez plat, ou alors qui remonte franchement lorsque le cheval a un dos relativement creux.

La selle répartit sous les matelassures le poids du cavalier en libérant le rachis du cheval. En positionnant
le tapis, on s’assurera qu’il remonte bien dans la gouttière de la selle, pour éviter toute pression sur la
colonne vertébrale.
Tapis de selle avec découpe adaptée au dos du cheval © O. Escales

Tapis de selle bien dégarotté © B. Lemaire

Tapis fixé dans la gouttière de la selle © O. Escales

La colonne vertébrale doit rester libre pendant toute la séance


de travail.
Fixation
Un tapis bien fixé à la selle réduit les frottements avec le dos du cheval. La plupart des tapis sont équipés
de passants pour la sangle : on ne négligera pas d’y passer celle-ci au moment de seller son cheval.

Une fixation à l’avant du tapis conserve le dégarrotage au cours de la séance. On voit fréquemment une
fixation par des passants velcros qui s’attachent sur les contre-sanglons. Ces passants doivent être
positionnés sous le haut du quartier, avec une tension identique de chaque côté. Un autre système est la
présence d’attaches à fixer aux anneaux à l’avant de la selle.

Afin de réduire les frottements avec la colonne vertébrale, certains tapis proposent une fixation dans la
gouttière de la selle. Une pièce semi-rigide s’insère entre les panneaux le plus à l’arrière possible de la
selle et un velcro accroche le tapis.

Tapis fixé à la selle avec des passants velcro sur les contre-sanglons © B. Lemaire

Système de fixation du tapis dans la gouttière de la selle © O. Escales


Tapis de selle fixé grâce à une attache sur l'anneau avant de la selle © O. Escales

Épaisseur
L’épaisseur du tapis et sa texture doivent être uniformes. Sans cela, des zones de pressions plus
importantes vont apparaître. Avec une selle bien ajustée, on privilégiera un tapis fin. Si la selle est trop
étroite, un tapis épais ne va qu’empirer le problème, particulièrement au niveau du garrot. Pour revenir à
l’analogie des chaussures, si elles sont déjà bien serrées, on n’y met pas de chaussettes plus épaisses !

Plus le tapis est épais, plus il rend la selle étroite !

Cales et amortisseurs
Une selle ajustée optimise la répartition des pressions sur le dos du cheval.

Un amortisseur inadapté modifie cette distribution. Il peut concentrer les pics sur certaines zones,
notamment au niveau de la colonne et du garrot. Certains modèles ont un matériau amortissant
uniquement sur des zones sélectionnées - probablement choisies car elles sont plus sensibles - mais plutôt
qu’apporter du confort, cela crée une épaisseur dans ces zones et par conséquent des pics de pression.

Si le cheval est blessé au garrot, on évitera à tout prix les pads


de garrot. Même s’ils paraissent moelleux, ils ne vont qu’empirer
le problème en augmentant les points de contacts et les
frottements sur le garrot !
Tapis de selle à poches avec cales © B. Lemaire

Dans un but thérapeutique, il est parfois recommandé d’utiliser des cales ou des pads. Des tapis
spécifiques disposent de poches à cet effet. Ces cales permettent de combler des creux dus à un manque
de musculature, que ce soit derrière l’épaule ou à l’arrière de la selle. Utilisées à bon escient, elles
peuvent améliorer l’adaptation de la selle au cheval. Elles la maintiennent dans l’équilibre souhaité,
évitant par exemple qu’elle descende dans les creux musculaires. Lorsque la musculature s’améliore, on
remplace les cales par des plus fines, ou on les retire complètement.

Ces cales ont un intérêt pour des chevaux dont la morphologie va changer, notamment les jeunes
chevaux. Elles ne doivent pas sur la durée remplacer une bonne adaptation de la selle.

Matière du tapis

Tapis de selle en nid d'abeille © B. Lemaire

Un tapis coton est facile à entretenir et peut être fin. Mais il a le défaut de s'imprégner rapidement de la
sueur du cheval. Si le cheval transpire beaucoup, les cuirs de la selle seront moins bien protégés.

Un tapis avec une doublure en nid d’abeille favorise l’évacuation de la transpiration et sèche plus vite,
mais au détriment de l’épaisseur. Ce type de tapis sera plutôt pour des chevaux qui transpirent beaucoup,
ou en cross et en endurance, avec une selle adaptée.

Les tapis doublés en laine véritable ou en peau de mouton offrent de meilleurs résultats en terme
d’amortissement des chocs, de redistribution du poids et d’absorption de la sueur. Ils sont souvent
conseillés pour la pratique de l’endurance. Un tapis correcteur doublé mouton sera aussi utile pour des
chevaux dont les cales ne suffisent pas à compenser un défaut de musculature. Ils sont souvent plus épais.
Une selle adaptée, avec considération de l’utilisation de ce type de tapis, est donc requise. L’absence de
doublure au niveau de la gouttière est primordiale, afin de laisser libre la colonne vertébrale.

D’autres matières existent : on s’assurera à chaque fois que


l’épaisseur ajoutée par ces matières ne rend pas la selle trop
étroite et que le tapis évacue bien la sueur et la chaleur.

Saison
Suivant la saison, on adaptera son tapis. En hiver, le cheval sera peut-être moins gras : un tapis plus épais
sera possible. En été, on privilégiera un tapis fin. Lors de fortes chaleurs, l’utilisation d’un tapis avec la
découpe de la selle (type hunter) trouvera tout son intérêt car il permet une meilleure évacuation de la
chaleur.

Entretien du tapis
Les saletés durcissent le tapis, l’abîment, et peuvent blesser le cheval. Pour entretenir le tapis, un lavage
régulier est nécessaire. Avant de mettre en machine le tapis, on enlèvera les poils. Des brosses en
caoutchouc conçues spécifiquement existent, sinon une étrille en caoutchouc fonctionne très bien.

Pour un tapis mouton, on utilisera une brosse douce lorsque la sueur a séché. Ce type de tapis peut
également être rincé à l’eau claire, mais on évitera le lave-linge.

Décorations et couleurs
En matière de décoration et de couleurs, à chacun de choisir suivant ses goûts. On veillera tout de même à
ce que les ornements (galons, liserés) n’induisent pas de frottements, et surtout que la selle ne se pose
jamais dessus. Dans le cas contraire, ce serait source de pressions importantes.
Des motifs variés... © B. Lemaire

... et diverses couleurs possibles © B. Lemaire

Et pour les tapis de monte sans selle ?

Tapis de rééducation pédiatrique © M. Vidament


Des tapis fixés par un surfaix permettent de monter à cheval sans selle. Ces tapis sont par exemple
utilisés en rééducation motrice, pour augmenter les contacts entre le cheval et le patient. L’inconvénient
de la monte sans selle (avec un tapis ou à cru) est qu’elle augmente fortement les pressions au niveau de
la colonne vertébrale du cheval. Cet effet s’observe au pas et s’amplifie au trot. Grâce à l’arçon, les
panneaux de la selle répartissent au contraire ces pressions de chaque côté de la selle.

Pour une utilisation de loisir, cela doit rester exceptionnel. Il ne faut jamais utiliser de système
d’étriers/étrivières avec ce type de tapis de monte à cru car la pression de tout le poids du cavalier sera
exercée sur une simple zone en plein milieu du dos, de la largeur d’une à deux vertèbres. L’arçon d’une
selle répartit le poids du cavalier de chaque côté d’environ dix vertèbres.

Le choix de ce type de tapis doit être guidé par un besoin


particulier, notamment thérapeutique. Une vigilance
supplémentaire est apportée sur l’effet de ces tapis pour les
chevaux.

Concernant les tapis de voltige, des études complémentaires seraient à mener.

Observer son cheval


Avant de changer son tapis ou d’ajouter des amortisseurs, le cavalier prendra le temps d’observer son
cheval avec sa selle. Ces observations doivent se faire au box, avant et après la séance, pour voir les
déplacements du matériel - selle et tapis - mais aussi et surtout à cheval, en dynamique.

Les observations à l’écurie seront réalisées avec et sans tapis, pour vérifier que les panneaux de la selle
reposent uniformément sur le dos du cheval, tout en dégageant le garrot et les vertèbres suivantes.

Au travail, on sera attentif au comportement de son cheval. Oreilles couchées, mouvements de la tête,
fouaillements de queue… sont différents signes que le cheval utilise pour indiquer son inconfort. Des
modifications dans sa locomotion ou des réactions de défense sont aussi des éléments à prendre en
compte. Ces signes peuvent bien entendu avoir une autre cause, mais s’ils sont consécutifs à un
changement de matériel, c’est peut-être que le nouvel équipement est inadapté.

A noter aussi que changer le tapis et l’amortisseur peut amener


une amélioration sur le court terme, mais des problèmes à plus
long terme. En effet, le tapis modifie l’ajustement de la selle et
la localisation des points de pressions. En déplaçant ces points,
on ne fait que surseoir le problème.
En savoir plus sur nos auteurs

Benoît PASQUIET Ingénieur de recherche - plateau technique de Saumur (49) dédié à


l'équitation
Océane ESCALES Equescales - saddle-fitter

Bibliographie
ESCALES O. et PASQUIET B. (2021). Tapis de selle : impact sur le bien-être
et la locomotion. In : Journées Sciences et Innovations Équines, IFCE, 20 et
21/05/2021.
KOTSCHWAR A.B., BALTACIS A. and PEHAM C. (2010). The effects of
different saddle pads on forces and pressure distribution beneath a fitting
saddle. Equine Veterinary Journal, 42(2), pages 114‑118.
LYRAUD A. et LECUYER A. (2017). Choisir sa selle. Éditions Belin, 127
pages.
PASQUIET B., LEONARD L., CARPENTIER E., DUMONT SAINT-PRIEST B. et
VIDAMENT M. (2021). Tapis utilisés en rééducation motrice et confort du
cheval. In : Journées Sciences et Innovations Équines, IFCE, 20 et
21/05/2021.
THOMSEN M. (2008). Tout pour le bien-être de votre cheval. Éditions
Belin, 215 pages.

Pour retrouver ce document:


www.equipedia.ifce.fr
Date d'édition : 11 09 2023

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