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Université de Sousse

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines


Laboratoire de Recherche
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie
dans le Maghreb antique et médiéval»

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Médiéval. Actes du deuxième colloque international
(Sousse, O6, 07 et 08 avril 2015), edit. A. Mrabet, .LI
2016, p. 227-267, 29 fig
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Université de Sousse
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines
Laboratoire de Recherche
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie
dans le Maghreb antique et medzéval»

Actes du deuxième colloque international

le férenu routier
don: le maghreb
llnlique et médiéval

Sousse, 06, 07 et 08 avril 2015

Édités par

Abdellatif MRABET

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Sousse - 2016
Sommaire

Préface...................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................................._. 7
(AbdellatifMRABETÇ Professeur des universités)

Ouda BOUCHOUK-MEGHERBI
Les routes du territoire d'Hippo Regius au Bas-Empire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ._ 9

Boutheina BEN BAAZIZ


Le pont romain d'El Falls. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21

Mondher BRAHMI
Un nouveau milliaire de la voie Capsa-Tacapes. __ _ 39

Moheddine CHAOUALI
Milliaires redécouverts et inédits du tronçon Thurris - Laribus de la route Karthago -
Theueste. ._ ._ 51

Lotfi Naddari
La voie Carthage-Theveste dans la pertica de la colonia Flavia Augusta Emerita
Ammaedara : le dossier des milliaires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71

Mohamed GRIRA
Le franchissement des cours d'eau en Afrique Proconsulaire : Notes préliminaires sur les
ponts de lavoie Carthage-Theveste. _ _
103

Habib BEN YoUNÈs


Un itinéraire matériel et immatériel préphénicien entre le Sahel et la région
de Tébessa. . _ 129

Mohamed Ali HBAIEB


A propos des voies entre l'île de Djerba et la presqu'île de Zarzis : de nouvelles données
sur la chaussée romaine et Iarzq al gimal... . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . _. 139

Abdellatif MRABET
Sur le réseau routier de la Tripolitaine occidentale (partie tunisienne) : Etat des lieux et
perspectives de recherche. _. ._ . ._ ._ 159

KhaledMarmouri
Le dispositif routier des cités de Tripolitaine aux I"-III° siècles : quelques mises au

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 5


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Christine HAMD OUNE
<< Mons Feratus >› : voies de communications et occupation de l'espace dans une zone de
contacts enMaurétanje césarienne, _

Jean-Pierre Laporte
Notes sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne.

Claude Briand-Ponsart
La permanence d'une frontière interne à la Numidie et les Alpes numidiques. __ __ _

6 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Chercheur rattaché à l'An.née épigraphique.

Notes sur le réseau routier de la Maurétanie


Césarienne

Résumé
Nombre de découvertes, de notes et de publications concernant le réseau routier
de Maurétanie césarienne (Césarienne + Sitifienne) sont venues compléter la
remarquable carte de P. Salama (1949) pour l'ensemble des territoires algérien
et tunisien. Les rassembler, ici pour la Césarienne, permet d'en tirer quelques
enseignements nouveaux et quelques principes ou méthodesl. On peut s'attendre à
quelques surprises, tantpour les routes elles-mêmes que pourl'I-Iistoire, la toponymie,
etc. Compte tenu, notamment, des contraintes géographiques et orographiques, le
passage au Moyen Âge montre des continuités certaines. Mais bien des études et des
travaux de terrain restent à faire.

Mots clefs : Maurétanie césarienne, Sitifienne, réseau routier, milliaires, rocade séverienne.

Abstract
Manyfindings, notes andpublications on Mauretania Caesariensis (Cesariensis + Sitifensis)
were added to the remarlcable map ofP. Salama (1949)forAlgerian and Tunisian territories.
Their gathering (herefor Caesariensis) allows to draw some lessons and some new methods.
Î/Ve can expect some surprisesfor both roads themselves and history, place names, etc. Given
particular geographic and orographic constraints, the passage to Middle Ages shows some
continuities.

Key words : Mauretania Caesariensis, Sitifensis, road network, miliaries, Severian bypass.

****

1 Pour ce petit recensement, nous avons bénéficié des aides et avis de N. Benseddik, Y. Le Bohec, Ph. Leveau, que
nous remercions chaleureusement.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 227


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Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

La célèbre carte du Réseau routier de


l'A_frique romaine de P. Salama (fig. 1)2 a été
établie essentiellement à partir des cartes des Atlas
archéologiques de l'Algérie et de la Tunisie, et de
l'examen d'une bonne partie des publications
disponibles à la date de ses propres travaux. Étudiée
dès la fin de 1945, dessinée puis imprimée en 1949 par
les services du Gouvernement Général de l'Algérie,
elle fut enfin diffusée avec sa thèse en 19513. Nous `
examinerons ici le cas de la Maurétanie césarienne,
envisagée ici dans son étendue d'avant 303, c'est-à-dire
avant la séparation de la Sitifienne et de la Césarienne.
Globalement, Pierre Salama (fig. 1) avait vu juste et il
n'y a pas de modification maj eure4. Un certain nombre
de précisions et de questions nouvelles sont bien sûrs Fig, 1 = pierre Saμma ù Rusguniae en 1963_
apparues pendant les 65 ans écoulés. Ar¢11iveSJ--J- D<->¢heZe1leS-

1. Maurétanie césarienne : relief et voies de communication

Par rapport aux provinces romaines situées plus à l'est, la Maurétanie césarienne montre
un certain nombre de particularitéss, notamment orographiques. Le territoire est structuré par trois
chaines de montagnes, grossièrement est-ouest : d'abord une chaîne côtière, puis l'Atlas tellien,
et enfin au sud l'Atlas saharien (fig. 2). Ceci facilite les déplacements est-ouest et rend difficile les
traversées nord-sud. Rares sont les trouées permettant d'accéder aisément de la mer vers l'intérieur
(et inversement) : la vallée de la Soummam, la basse vallée du Chélif et celle de son affluent, la Mina,
et enfin la vallée de la Tafna.
L'occupation de la province, commencée en 40 aprèsj.-C., fut très progressive. L'extension
maximale du territoire proprement romain fut atteinte seulement sous Septime Sévère avec
l'occupation de villes comme alignées le long du piémont sud de l'Atlas tellien. La concavité centrale
de ce tracé s'explique par la remontée vers le nord, jusqu'au pied de la montagne, de l'isohyète 400,
limite de la culture du blé non irrigué. On l'appelle couramment limes ou nova praetentura. Nous
avons dit nos réticences devant la première de ces appellations°. Progressant dans le scepticisme,
nous relevons de plus que l'appellation nova praetentura n'est pas plus établie : elle n'est attestée

2 Laporte (J.-R), « Salama », zoos.


3 Salama (P.), « Réseau >>, 1947. Id., Voies romaines, 1951, 143 p., 12 pl., 2 cartes.
4 Nombre de pistes de recherches ont été évoquées par P. Salama tout au cours de sa longue carrière scientifique.
Plusieurs de ses articles ont été utilement revus et réimprimés en 2005 dans ses scripta varia intitulés Promenades,
parus en 2005.
5 Laporte (J.-R), « Parfietflarifés », 2011.
6 L'appel1ation limes en apparence latine, mais en réalité modeme da.ns la plupart des cas, soulève en réalité bien
des objections (cf. Laporte (J.-P.), << Confins », 2014d, p. 551) dont nous ne rappelons ici que quelques unes.
D'une part il ne s'agissait pas d'une limite étanche (des établissements romains se trouvaient parfois fort loin
au sud), d'autre part la notion modeme le réduit peu ou prou à un dispositif li.néaire alors que la route n'est
qu'un élément d'une gestion de confins en profondeur, etc. La notion de limes 1i.néaire lié à un fossatum ne
semble apparaître que dans le rescrit d'Honorius III et de Théodose de 409, Cod. Th. I\L 15, 1. Laporte (J.-P.),
<< Confin »s, 2014, p. 559-560. Le mot praetentura, attesté à deux reprises seulement sur des milliaires de part
et d'autre d'une seule ville, Lucu, donc sur au maximum 60 km ; ne peut être étendu qu'abusivement à une
«frontière >› de 700 km de long.

228 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

que de part et d'autre d'une même ville, Lucu (Timziouine) vers les deux villes voisines, soit
au maximum une soixantaine de kilomètres et ne saurait être étendue sans imprudence sur une
longueur de 700 km. Enfin la route n'est qu'un élément dans la gestion des confins7. Mieux vaudrait
sans doute 1'appeler « rocade (routière) sévérienne ».
Nous examinerons successivement les géographes antiques, les données des milliaires,
quelques découvertes récentes, le passage entre l'Antiquité et le Moyen Âge, enfin brièvement,
quelques pistes de recherche.
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Fig. 2 : Schéma sommaire de la structure orographique de la Maurétanie césarienne


Schéma J.-P. Laporte sur fond de carte P. Salama.
En traits pleins, les axes montagneux. En pointillé, la rocade routière sévérienne.

2. Les sources géographiques

Les sources plus spécifiquement géographiques, en principe bien connues depuis fort
longtemps, peuvent encore révéler des éléments ponctuels nouveaux, et même des surprises.
La caractéristique essentielle de ces documents est d'être (ou de s'appuyer sur) des
itinéraires routiers donnant des listes d'étapes8. Si l'Itine'raire Antonin est en lui-même un véritable
indicateur routier, et presque uniquement cela, les autres documents ne sont pas des cartes levées
par des cartographes, mais des représentations (figurées ou non) de recueils d'itinéraires auxquels
ont été parfois ajoutés divers renseignements tirés d'ailleurs (fleuves, peuples, montagnes, et même
îles), donnés en listes9 (fig. 3). On peut assimiler ces ajouts à des << couches >› d'informations, dont
on peut parfois retrouver l'origine. Nous les appellerons ici << calques >›, dans la mesure où c'est leur
superposition qui donnait la << carte >› finale_ L'auteur du document initial avait dû les superposer
les uns aux autres sans avoir la connaissance réelle du terrain lui permettant de le faire sans erreur.
7 Laporte (J.-R), « confins >›, 2014.
8 Les coordonées chiffrées données par Ptolémée ne paraissent être que des interpolations à partir d'une carte
de l'ensemble du monde romaine qui lui avait servi de modèle et que cet auteur voulait (explicitement) nous
permettre de reconstituer.
9 On peut deviner parfois d'où ces renseignements proviennent ou peuvent provenir.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 229


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
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Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

Informations
Document Datation Présentation actuelle Document d'origine
complémentaires (calques
superposés)

Géographie de Avant 1 10 Listes avec Recuei Montagnes


Ptolémée coordonnées, 1 d'itinérai_res Peuples
Cours d'eau

Itinéraire anton_in Après 200 Recueil d'itinérai_res Recueil d'itinéraires Néant

Table de Peutinger Après 200 Recueil d'itinérai_res Recueil Montagnes


d'itinérai_res Peuples
Cours d'eau

Cosmographie de Après 200 Liste de villes « Carte >› établie à partir Montagnes Peuples
Ravenne d'un recueil Cours d'eau
d'itinérai_res

Fig. 3 : Nature et caractéristiques des quatre principaux documents géographiques


concernant la Maurétanie césarienne.

Outre des fautes d'orthographe dans les toponymes, des tronçons des routes peuvent avoir
été oubliés, ou au contraire répétés. Une erreur plus difficile à détecter peut apparaître lorsqu'une
ville se trouvait sur plusieurs voies et lorsque l'auteur de l'a source ne l'a pas reconnue à travers ses
différentes mentions (notamment lorsque leur orthographe n'était pas identique)1°.
Prendre tel quel le document d'origine, sans exercer son sens critique et sans connaître
le terrain serait s'exposer à des conclusions erronées, cas par exemple du Mons Ferratus que nous
examinerons plus bas11.
Notre méthode consiste à examiner la cohérence interne de chacun, puis à les comparer
au terrain et enfin entre eux. Deux << géographes >› ont déjà été étudiés de la sorte, Ptolémée et le
Ravennate12.

2.A- La Géographie de Ptolémée


La Géographie de Ptolémée a été rédigée de 100 à 110 après J.-C.11 à partir de documents
plus anciens1'1. Deux articles ont été récemment consacrés à ce texte difficile15. Le Cosmographe
donne un état ancien, encore proche de celui de l'annexion en 401° si même il n'est pas antérieur".
Elle cite par exemple des villes anciennes dont certaines ne furent munies d'une garnison romaine
que bien plus tard, ainsi Altava, occupée seulement sous Septime Sévère.

1° Cas de Tubusuptu / Suptu, Laporte (J.-P.), « Ptolémée, II >›, 2012, p. 140, et ici, p. 000, fig. 4.
11 Cf. Annexe II : Table de Peutinger et Mons Ferratus.
12 En principe, les deux autres suivront.
13 Desanges, « Territoires >›, 1962, p. 41.
14 Ptolémée, Géographie, éd. Müller, 1901.
15 Laporte (J.-P.), « Ptolémée 1 >›, 2003, p. 19-171 ét id., «Ptolémée 11 >›, 2012.
16 On donne parfois la date de 42 après J.-C., on ne sait pourquoi car l'ère provinciale de Maurétanie césarienne
commence bien en 40.
17 Certaines de ses sources peuvent même être plus anciennes que l'annexion.

230 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


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Jean-Pierre Laporte

La Géographie donne une liste de villes accompagnées de leurs coordonnées, ce qui


ressemble à un << nuage >› de points, au sens mathématique du terme. Renvoyant aux deux examens
précédents pour le mode de construction de ce document, par << boites >›111 et << calques >›, une
analyse plus fine amène à reconnaître des routes derrière ce << nuage >› en repérant des alignement
de points traversant plusieurs << boites >›. L'attention a été attirée par les toponymes Tubusuptu et
Suptu situés dans la même région, qui désignent la même ville, Tu busuptu_ Celle-ci présente l'intérêt
de se situer sur pas moins de trois routes partant de Saldae (Bougie) vers l'intérieur (fig. 4), décrites
également par les autres documents routiers.

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Fig. 4 : Géographie de Ptolémée: Reconnaissance de routes.


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Sur un extrait de la carte d'E. Cat, Essai, 1891.
1 Route Saldae / Rusuccuru par Tubusuptu
2 Route Saldae / Site par Tubulsuptu.
3 Route Saldae /IAuzia par Tubujsuptu.

18 Une « boîte >› est constituée autour d'un fleuve censé être nord-sud. Le Géographe énumère d'abord les villes
situées en principe sur sa rive occidentale, puis celles de la rive orientale, avant de passer à la « boîte >› suivante,
à l'Est. Cf. Laporte (J.-P.), « Ptolémée, I >›, 2003, p. 183, corrigé par id., « Ptolémée, II >›, 2012, p. 139, n. 20.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 23 1


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval>›
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

La première, Saldae-Rusuccuruw, oblique vers l'ouest à Tubusuptu en passant par Bida


(Djemaa Saharidj), puis Tigisi (Taourga) pour aller à Rusuccuru (Dellys). Sur le terrain, cette
route emprunte à peu près trois faces d'un rectangle. Chez Ptolémée, la forme losangique
provient d'une déformation générale vers le sud-est de la << carte >› qu'il décrit et entend nous
permettre de reconstituer.
La seconde route remonte la vallée de la Soummam à partir de Saldae et oblique ensuite
à Suptu, en réalité Tubusuptu, pour se diriger vers Auzia. Ceci correspond assez bien à ce que l'on
constate sur le terrain. Une troisième route relie Saldae à Sittfis en passant par Tubusuptu, le tout
pratiquement en ligne droite.
Nous pressentons, sans avoir encore pu la démontrer, la description d'une autre route
passant par Lambdiaw.
La carte que décrivait Ptolémée devait avoir été composée non pas à partir d'une carte
de géographie, mais d'un recueil d'itinéraires figurés, comme la Table de Peutinger ou le plan
schématique du métro londonien. Ce ne sont pas les coordonnées des villes qui sont importanteszl,
mais leur alignement sur des routes qui restent à découvrir.

2.B- L'Itinérai1'e antonin


Pour la Maurétanie césarienne, l'Itinéraire Antonin, dont la date a été très discutée, semble
antérieur à l'élargissement sévérien du territoire provincial entre 199 et 203, dans la mesure où
aucune ville de la rocade sévérienne n'y figure”'. En revanche, il donne une bonne image du réseau
routier principal du II* siècle.

2.C- La Table de Peutinger


La Table de Peutinger estpostérieure à 303, car elle mentionne simultanément la Césarienne
et la Sitifienne créée cette année-là23. Le Mons Ferratus est, en apparence, bien décrit avec toutefois
des erreurs de superposition de calques que nous examinerons plus bas en détail“. Cette petite
anomalie révèle comment et à partir de quel type de documents la Table a été établie. Ce n'est pas
une carte, mais, elle aussi, la représentation figurée d'un recueil d'itinéraires auquel ont été ajoutés
plusieurs détails comme peuples, montagnes et quelques cours d'eau. Ce n'est pas par ignorance
que la côte de l'Afrique du Nord est représentée globalement est-ouest, et presque linéaire25, mais
par un parti pris graphique permettant de représenter l'ensemble du monde romain sur un mur, ou
sur un rouleau.
La Table est hélas amputée de sa partie gauche, ce qui nous prive de toute information
à l'ouest de Rusubbicari, Rusguniae comprise, à l'exception toutefois d'amorces de routes qui
mériteront un examen détaillé2°.

19 Laporte (J.-1>.), « Ptolémée, 11 >›, 2012, p. 140.


2° Laporte (J.-1>.), « Ptolémée, 11 >›, 2012, p. 141.
21 A priori, ces coordonnées ne sont pas issues de levés astronomiques sur le terrain, mais de mesures et
d'interpolations sur une « ca.rte >› précédemment tracée sans doute à partir d'un recueil d'itinéraires.
22 Nous examinerons ailleurs ce document en détail.
23 Laporte (J.-P.), « Séparation >›, 1996b.
24 Cf. ci-dessous, p. 000-000, Annexe II, Table de Peutinger et Mons Ferratus.
25 Plus à l'est, la Table de Peutinger marque bien pa.r deux petites échancrures le golfe d'Ha.mmamet et celui de
Tunis, ce qui montre qu'il disposait d'in.formations géographiques nettement plus précises que le schéma étiré
en longueur qu'il en a tiré à ce sujet.
26 Nous y reviendrons avec l'étude détaillée de ce document.

232 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

2.D- La Cosmographie de Ravenne


La Cosmographie de Ravenne, compilation très tardive, souvent fort dépréciée, s'est révélé
récemment un excellent document27, malgré quelques erreurs de lecture, moins nombreuses qu'on
ne l'a ditzs, dues certainement à quelques copistes du haut Moyen Âge peu habitués à des écritures
pour eux très anciennes. Elle donne des listes de villes, séparées par de courtes introductions
littéraires, puis par les mots ex alia parte et item, en suivant des routes bien reconnaissables, car pour
la plupart attestées par ailleurs et/ou correspondant bien au relief.
La Sitifienne est très sommairement décrite. Sa capitale, Sitifis, n'est même pas citée.
La limite occidentale de la province est erronée en plaçant Saldae et Tubusuctu en Césarienne,
contrairement à toutes les données épigraphiques et textuelles disponibles.
La description de la Césarienne est assez logique, avec une erreur de taille, mais finalement
assez vénielle. C'est au compilateur même de l'ouvrage recopié par le Ravennate que revient un
spectaculaire pataquès nommant << Maurétanie Tingitane >› un long tronçon de route de Césarienne
à partir de castellum Tingitanum29. On voit clairement là une confusion avec la Tingi marocaine,
capitale de la Tingitane réelle, parce qu'elle portait le même toponyme libyque. Replacer le passage
concerné en Maurétanie césarienne et parcourir le tout dans un ordre géographique normal redonne
à l' ensemble une cohérence impressionnante.
Sur le territoire réel de la Césarienne, le Géographe signale cinq routes bien identifiables
(fig. 5)3° :

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Fig. 5 : Les routes de la Césarienne (après 303) dans le Géographie de Ravenne.


Dessinj.-P. Laporte, sur un fond de ca.rte de P. Salama.

27 Laporte (J.-1>.), « Révémé >›, 2011.


28 Lorsque l'on dispose de éléments épigraphiques, l'orthographe de certains toponymes est pa.rfois meilleure que
celle d'autres documents d'habitude plus appréciés, ainsi le Choba du Ravennate est confirmé par Fépigraphie,
ce qui n'est pas le cas du Coba de 1'Itinéra.ire antonin (bien que 1'erreur de ce dernier soit vénielle), cf Laporte
(J.-P.), « Ravenne >›, 2014, p. 59.
29 Chlef, ex-Orléansville; Gsell (S.), Atlas, 174,12.
3° Pour la dénomination conventionnelle que nous avons adoptée, cf. Laporte, « Ravenne >›, 201 1, p. 53.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 233


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

- La route côtière MCesl de Saldae à Portus divini sur la côte et même Albulae vers l'inte'rieur,
- Une route Mces2 qui ne comporte que trois étapes (Signa municipium, Rubras, Sita
colonia), paraît partir de la côte vers le sud-est (sans que l'on distingue son point de départ
à Signa, qui peut être soit Sita plutôt soit Signa,
- Une route Mces3 qui part de Tubusuctu jusqu'à Aquae Calidae,
- Une route Mces4 qui part de Galaxia vers Lambdia,
- Une route MTin qui part de Castellum Tingitanum pour aller jusqu'à Tepidae, puis Altava,
et qui, de là, reprend vers l'est en décrivant une partie de la grande rocade sévérienne, pour
laquelle il s'agit d'une source maj eure31.
Ces cinq routes suivent très exactement les voies de communication traditionnelles dictées
par le relief. La description de la Césarienne est globalement satisfaisante. L'orthographe des
toponymes est bien meilleure qu'on ne l'a dit, à part quelques cas parfois pittoresques.
Si l'on corrige avec prudence les fautes repérées et expliquées, on découvre un excellent
document, et même, compte tenu de la lacune occidentale de la Table de Peutinger, le seul à citer
une part non négligeable des étapes jalonnant la rocade sud d'époque sévérienne.
Si l' on superpose maintenant les quatre documents géographiques que nous venons de citer,
on dispose d'une cartographie presque complète des principales routes romaines de la Maurétanie
césarienne, avec quelques variantes d'itinéraires32.
3- Les bomes milliaires

Les bornes milliaires sont souvent pour nous les seuls marqueurs d'une voie proprement <<
romaine >› (même si elle reprenait sans doute la plupart du temps le tracé, ou au moins la direction,
d'une route antérieure). Nombre d'entre eux sont gravés d'une inscription qui se compose
classiquement de plusieurs segments : en tête, la désignation du ou des empereurs, éventuellement
la mention du procurateur de la province, une indication de distance, en nombre de milles, parfois
seule, parfois accompagnée du nom de la ville d'origine ou de destination de la route.
Chacune de ces rubriques peut avoir un intérêt particulier, mais l'ensemble doit d'abord
être remis dans un cadre général, celui du financement des routes. P. Salama a abordé la question
dans trois articles, dont deuxparus en 199933 et un autre posthume en 201434. Nous n'en reprendrons
ici que la principale conclusion : le financement des routes passant sur le territoire d'une ville était
en principe à sa charge, et ce n'est qu'exceptionnellement que la province, voire l'empereur, en
finançaient certaines.

3.A- La titulature impériale


La titulature impériale donne en principe une date ou une fourchette de dates. Cette
mention, quasi obligatoire, ne témoignait pas forcément de travaux réels” ; il pouvait s'agir de
simples signes de loyauté envers l'empereur, parfois regravés à chaque changement de règne. Ce
n'étaient plus alors que de simples dédicaces honorifiques, le plus souvent au datif. Comme le
rappelait P. Salama, << l'esprit de dédicace s'est largement imposé en Afrique au détriment l'idée

31 Cf. Ci-dessous, p. 000, paragraphe 4 D.


32 Entre Castra nova et Gadaum castra, l'Itinéraire antonin passe par Ballenepraesidium et Mina, que le géographe de
Ravenne ignore, peut-être parce qu'il décrivait une route directe plus au nord, cf. Laporte (I.-P.), « Ravenne >›,
201 1, P. 7s.
33
Salama ,
« Cinquantenaire >›, 1999 ; id., « Patrimoine >›, 1999.
34
Salama ,
« Financement >›, 2015.
35 Après Marc-Aurèle, on passe plutôt à des titulatures au dati.f, qui sont de simples hommages a l'empereur,
rapidement gravés, sans travaux routiers réels.

234 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

d'une œuvre routière réelle >› dès la seconde moitié du III° siècle3°.
Une formule au nominatif se trouve parfois (mais pas toujours) lors du premier bornage
d'une route. Elle peut aussi correspondre à un financement exceptionnel avec éventuellement une
décision impériale. C'est le cas de milliaires de Dioclétien et de Maximien qui témoignent d'une
opération volontariste de réfection et de bornage des routes après la réduction de la révolte des
Quinquegentanei en 297/29837.
Les textes des milliaires peuvent parfois apporter des renseignements utiles à l'histoire
politique de Rome. On note ainsi des raretés épigraphiques, comme le titre de Parthicus Maximus
attribué à Macrin en 21838. La couronne solaire de l'empereur Julien (361-363) témoigne de
l'application en Césarienne de sa politique de restauration du paganisme autour du dieu Soleil39.
D 'autres milliaires ont une importance plus générale, pour la province comme pourl'Empire.
Tout comme des documents numismatiques, ils peuvent également apporter des témoignages sur
les territoires contrôlés à un moment donné par tel ou tel empereur (ou usurpateur) mal connu".
Un milliaire révèle que la Césarienne a suivi Domitius Alexander, tout comme les autres provinces
africaines, depuis son usurpation en mi 308 jusqu'à sa défaite devant Maxence dans la première
moitié de 30941.
Un milliaire de Tipasa (fig. 6) témoigne _
de la collégialité des trois Augustes, Constantin, D D M M
Maximin Daia et Licinius qui ne dura que du ______ 3
28 octobre 312 au 30 avril 313 (avec martelage IM P P
du nom de Maximin Daia en mai 313)". Il 1- :-5
temoigne non seulement de la rapidite du F 1 k
ralliement de l'Afrique à Constantin après la L U A C O N S
bataille du PontMilvius (28 octobre 312), mais T A N T I N O
encore de celle de la gravure de l'inscription, 3'-3* '
puis celle de la damnatio memoriae de Daia, à
f-- -..°..-A..
Peine 6 mois plus tard43. 'å-3«°=3Ê.Â!*.`*.=Î='17.'î. _-;-..=.= ='¿:`.*':'-*.
Cette rapidité de la gravure transparait _.__-_=_;¿_-.__-_:_¿?¿;_._._-,_:_Êi5;Ê}¿_;_f; E' 'I' C I
également dans le cas de la titulature š:';3.¢l=?E3Z'3š3:-` 551' 3'?-3*'ï'*3'T¿3 _
d'empereurs dont le règne a duré peu de temps,
ainsi Q_uintille, qui ne régna que de septembre
à octobre 270 (fig. 7)"4. Elle peut expliquer
6 Ê M.ln.la.lIe de Tipasa. au nfim des trois Augustes,

Constantin, Maximin Daia et Licinius, avec martelage du


pouvaient d'ailleurs être corrigées par quelques
second. D'après P. Salama, Nador, 1989, p. 120.

33 Salama (P.), «Problèmes stratégiques >›, 1949, p. 350.


37 Salama « Problèmes stratégiques >› , 1949, p. 347-350 ; id., << Bornes milliaires >›, 1959, p. 348 ; dernière
liste dans Salama (P.), Milliaires, 2001, p. 133. Laporte (I.-P.), Quinquegentanei, 2015. Voir ci-dessous, p. 000.
33 Salama , « Rareté >›, 1965 = Promenades, 2005, p. 163-167 et add. p. 461. Devant ce titre inhabituel donné à
l'empereur, on pourrait se demander s'il ne s'agit pas d'une erreur locale.
39 Salama (P.), « Couronne >›, 1967, cf. ci-dessous, p. 000, fig. 13.
4° Salama (P.), « Apport >›, 1986, p. 219-231.
43 Salama « Domitius Alexander >›, 1954, Id., Recherches numismatiques, 1976 (= Promenades, 2005, p.
331-337).
42 Salama (R), « 1v1i111mé du Nador >›, 1989, p. 120-126.
43 Salama ,
Milliaires de Tipasa, 2002, p. 22.
44 Salama (P.), << Apports », 1985, p. 227 et pl. III. de la route de Cen(- vers Cohors Breucorum, CIL. VIII,
22598 Au Musée d'Oran.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 235


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval>›
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

traits de peinture (disparus d epuis


' ) ,p uis que l' on sait que les gravures étaient rubriquées (rehaussées
de rouge).

Fig. 7 : de Q_uintille (septembre / octobre


270), entre Cen (- et Cohors Breucorum. d'après P.
Salama, Apports, 1985, p. 227 et pl. III.

3.B- Les procurateurs.


L es milliaires de Césarienne apportent des détails précieux, et parfois uniques, pour
l'histoire de l'Empire, et encore plus pour celle de la Maurétanie, comme par exemple l indication
du procurateur de l'époque'45.

3.C- Les indications de villes et de leur statut juridique.


Les villes qui finançaient les travaux faisaient naturellement inscrire leur nom sur certaines
bornes, mais apparemment pas sur toutes, sans que nous sachions pourquoi. Parfois, leur statut
juridique est indiqué. Certains de ces textes permettent parfois de corriger les indications des
textes géographiques, auxquels on fait parfois trop confiance, ainsi pour Rusazus. Deux milliaires*
montrent la ville comme une colonie d'Auguste (fig. 8), ce qui est confirmé par Pline", alors
que les textes géographiques la présentent par erreur, mais unanimement, comme un municipe

43 Nous les examinerons ailleurs.


43 Milliaires, aujourd'hui au Musée d'Alger, publiés par Carcopino ,
« Azazga >›, 1919.
47 Pl1ne,H.N., V, 20.

236 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

Si, pour une ville précise, on peut démontrer une erreur _ _ _ __ _


des textes, on ne peut donc se fier aveuglément à eux _l'__"r C . __ '1 1
.
pour le statut des villes voisines'48. Ceci montre la fragilité 4 l MP _- 5 Ã
des raisonnements fondés sur une utilisation intensive j V (_ P 1 '
de statuts juridiques indiqués par les seuls textes et non 13
l
confirmés par des documents indépendants, comme des l.. l O 4 N
dédicaces municipales ou des milliaires. V l CT O P
Des qualificatifs donnent parfois des indications ; ;
sur l'histoire d'une ville. C'est ainsi que des milliaires É E L lC
découverts aux environs de Tementfoust (cap Matifou) E FO M
avaient permis à Pierre Salama de retracer dès 1955 les _-
grandes lignes de celle de la colonie de Rusguniae'49. I T R l B T 3
Un milliaire portait le nom complet de la ville : ,'
Colonia Zulia Pontif(icia) Cl( ) Antoniniana Rusguniae '_ P P ( O L M
VIIII Leg(ionis) Gemell(a). En développant Pontif(icia) . C\ .
Cl(ementia), P. Salama avait attribué la fondation de '| E
la ville romaine à Lépide5°, mais il a fini par renoncer, .' 4 \
à contrecoeur semble-t-i151. Le développement de È `* l _ _ '.
l'abréviation CL(...) reste énigmatique à ce jour. ',__.____ _ _ ___ _ ______ __ _ __ *

Fig. 8 : 1VIilliaire de Philippe à Daouark :


col(onia) Iulia) Aug(usta) Rusaz(us) Leg(io-
nis) VII(ae), Immunis. Dessinj.-P. Laporte.

3.D- Des re-gravures parfois multiples


Nombre d'inscriptions ont été re-gravées sur des dédicaces antérieures, sans que l'on s'en
soit toujours aperçu. Leur déchiffrement est un exercice difficile, compte tenu de re-gravures parfois
multiples qui en font de véritables palimpsestes. P. Salama, passé maître dans ce processus d'analyse
paléographique, a ainsi analysé plusieurs milliaires de Tipasa en 200153' et une borne de Sétif en
200553. Sur cette dernière, il était parvenu à distinguer cinq épisodes successifs (fig. 9)5'4.
- Première gravure, trop mutilée, cependant datable du Ill* siècle d'après l'indication du
statut de la ville, qualifiée de colonie,
- Deuxième gravure : corégence de Constantin, Maximin Daia et Licinius Augustes entre le
29 octobre 312 et le 30 avril 313,
- Troisième intervention : martelage du nom de Maximin Daia après le 30 avril 313,
- Quatrième gravure: corégence de Constance II et Constant Auguste 339-350,
- Cinquième opération : martelage du nom de Constant après janvier 350.

43 La question se posait notamment pour Rusuccuru, dont le statut a fait l'objet de controverses, cf. Gascou ,
Politique municipale, 1982, p. 157 et 247 et Lapone (J.-P.), « Statut municipal >›, 1992, p. 424-425.
49 Salama ,
« Rnsguniae >›, 1955, cf. Id., Promenades, 2005, p. 96-39 et Addenda, p. 456-460.
3° Salama (P.), « Rnsguniae >›, 1955.
33 Salama (P.), « Chronique >›, 1996, p. 134.
33 Salama (P.),Milliaires, 2001 ; id., « Métamorphoses >›, 2003 (Sétif) ; id., « Inscription >›, 1956 (Constantine).
33 Salama ,
« Métamorphoses >›, 2005= Promenades, 2005, p. 162-137 et Addenda, p. 461.
34 Salama (P.), « Métamorphoses >›, 2005, p. 841 =Promenades, 2005, p. 143.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 237


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval>›
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

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Fig. 9 : Les cinq états successifs d'un milliaire de Sétif.
D'après P. Salama, Métamorphoses, 2003, p. 1 37-1 62. = Promenades, 2005, p. 1 371 62.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

3.E- Lieux de gravure et d'érection


Les milliaires sont souvent pour nous les seuls marqueurs d'une voie, mais ils avaient
parfois été déplacés postérieurement à leur érection. Par ailleurs, leur inscription avait pu être
gravée dès l'origine dans la carrière d'où ils étaient extraits, ou au contraire plus tard, près du lieu
de pose final.
On comptait en général les distances à partir d'un point unique), caput viarum, parfois sur
le forum (cas vérifié à Tipasass) ou, plus souvent, d'une porte de la ville. En revanche, à Rapidum,
un milliaire d'Hadrien, bien daté de 124 (fig. 14) était situé non pas près d'une porte de la ville,
mais devant la porte orientale du camp dela seconde Cohorte des Sardes (fig. 10), fondé en 12256.
Il donne les distances vers les camps voisins, Thanaramusa et Auzia, en allant jusqu'à préciser le
nombre de pas au-delà des milles. Il semble bien s'agir du milliaire d'origine des voies sortant de
Rapidum, érigé à cet endroit tout simplement parce que la ville n'existait pas encore àla date de son
érection57.
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Fig. 10 : Rapidum. Emplacement du milliaire d'Hadrien.
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Extrait d'un plan inédit M. Séguy-Villevaleix, 1929.

55 Salama ,
Milliaires de Tipasa, 2002, p 98. « Entre les villes de Tipasa et de Caesarea, les origines des distances
routières n'étaient pas les forums des deux cités >›, Salama , « Nador >›, 1989, p. 121.
56 Laporte (J.-P.), Rapidum, 1989, p. 208, n° 2 (avec erreur : << ouest » pour << est »).
57 Généré par la présence du camp, le pagus ne prit une véritable personnalité juridique qu'avec la construction de
son rempart en 167, cf. ILS 9372. Laporte (J.-P.), Rapidum, 1988 p. 208-209, n° 2.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 239


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

Lorsqu'une seule distance est


indiquée, il s'agit en principe de celle qui
a été mesurée entre la ville d'origine dela (I ( Ã: (
voie et le lieu de pose. Mais les indications ' "
de distance peuvent être multiples et M A/ R E L O
mentionner d'autres agglomérationsss. 5' E V E -R O
Si l'on connaît la position exacte
d'une borne par rapport à une ville -'_ 1
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dont on ignore l'emplacement, on peut `-- F *""
en principe retrouver ce dernier en la b E
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question. On y arrive le plus souvent. A
Toutefois, on peut commettre une erreur. , - 1
C'est ainsi que P. Salama avait placé la L7 "
ville de CEN(-- à Aïoun Sbiba59, jusqu'à .
ce que la découverte d'un nouveau l ¿
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5 ntrer que Cen(-- se trouvait en fait
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ensuite par P. Salamafl. - «
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Fig. 1 1 : Milliaire mentionnant la ville de Cen(-- .


D'après P. Cadenat, Découverte, 1970, p. 122, fig. 2.

3.F- Milliaires et territoire des cités


Les indications explicites de distances, la mention de villes voisines, et la répartition
géographique des milliaires peuvent donner nombre de renseignements : parfois de situer certaines
cités sur le terrain, d'approcher la consistance de leur réseau routier et/ou l'étendue du territoire de
celles qui les ont élevés.
Celui de Tipasa (fig. 12) était très étendu, puisqu'on a retrouvé des milliaires portant les
distances de 22 milles (32,7 km) vers l'est et 19 milles (28 km) vers le sud°2. Ce type de démonstration
a vocation à être repris pour d'autres agglomérations.

58 Un milliaire de Vatari (1LALg 3892) en Numidie ne comporte pas moins de 5 distances vers diverses agglomérations.
5° Salama (R), « Nouveaux mmimes >›, 1955, p. 173-177.
6° Cadenat ,« Découverte >›, 1970, p. 123. La distance sur le terrain est plus exacte, et la position esca.rpée et
fortifiée de Taoughzout correspond mieux à la nature militaire du site.
61 Salama (P.), « Observations >›, 1999b, p. 109.
62 Salama (P.), Milliaires de Tipasa, 2002, p. 28.

240 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

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Fig. 12 : Milliaires et territoire de Tipasa. D'après P. Salama, Tipasa, 2001, p. 28, fig. 1.

4- Répartition géographique des études et publications

Examinons maintenant quelques << nouveautés >> (par rapport à la carte Salama, 1949),
dans un ordre autant que possible géographique d'est en ouest et du nord au sud°3.

4.A- La limite Numidie/Sitifienne


La limite administrative entre Maurétanie césarienne et Numidie suivait au nord l'oued el-
Kebir (Ampsaga Elle reste moins bien connue au sud, où le tracé adopté sur la carte Salama 1949
mériterait d'être commenté en détail. Comme toute limite, celle-ci comportait des particularités,
liées par exemple à son franchissement.
Daté de 202 après J.-C., le tarif douanier dit de Zarai°4 énumère les droits à payer pour le
passage de têtes de bétail et d'esclaves, de vêtements, de cuirs et peaux, et de produits a.limentaires°5.
La moderne Zraia est encore un lieu de passage entre les hautes plaines constantinoises et les steppes
du Hodna. Même si l'on peut encore discuter du sens des échanges taxés“, son nom antique,

63 Compte tenu de la dispersion des publications, l'exhaustivité de ce recensement est loin d'être assurée.
64 CIL, VIII, 4508 et 18643. Trousset « Zarai >›, 2002-2003. Morizot « Échanges >›, 2009.
65 Ces taxes étaient de l'ordre de 2 ou 3 % de la valeur des produits. Les dattes étaient taxées palmae (pondo)
c(entum), un quinaire (demi-denier) par cent livres.
66 On a considéré que ce tarif témoignait pour l'essentiel d'échanges est-ouest (Darmon « Tarif >›, 1964,
Trousset (P. ), « Tarif >›, 2005, p. 368). Morizot (« Échanges >›, 2009, p. 160-161) a fait observer à juste
titre que le climat étant à peu près uniforme pour une même latitude, les échanges avaient plus de chance

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 241


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval>›
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

Zarai, est en fait un mot berbère qui signifie tout simplement << passage >›°7. Il est donc antérieur à
l'époque romaine et témoigne de l'ancienneté dela limite aussi traditionnelle qu'inexpliquée entre
Maurétanie et Numidie°8.
Sur la même limite
provinciale, on note dans la
-.
toponymie actuelle le nom
Bir Haddada°9. Comme nous _ h
l'a indiqué A. Beschaouch, ce
toponyme arabe ne signifie pas
ici le << puits du forgeron >›,
ce qui n'aurait guère de sens,
mais doit se lire en réalité Bir
Hadada, << puits dela limite >›,
ce qui a conservé le souvenir
d'une limite ancienne qui
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a toutes les chances d'être 'lllllfiμ

préislamique et avoir persisté à


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l'époque musulmane. .1 _\_

Dès 1980, P. Salama


a pris les voies de la région
d' Igilgili (Jijel) comme un
exemple de politique routière
délibérée7°. Le dossier serait
sans doute à reprendre dans
la même optique compte tenu
d'une part de la publication
par P. Morizot de milliaires
découverts dans les années Fig. 13 : Deux milliaires du règne de julien (Bordj Medjana et Aïn Kebaba)
197071 et de l'apport plus Clichés P. Salama. Celui de gauche montre autour de DN une partie de
couronne solaire, alors que le même détail a disparu sur le second.
récent de chercheurs locaux
soucieux de la protection du
patrimoinen.

d'être majoritairement nord-sud. Les dattes du tarif de Zarai provenaient sans doute plus probablement d'oasis
sahariennes proches, comme celles de Biskra, Bou Saada, et Laghouat, que du golfe de Gabès. Cf. Laporte (I.-P.),
« Palmier >›, 2015. Compte tenu du relief, les échanges pouvaient également être Nord-est/sud-ouest (on pense
au Pharusii remontant de la région des chotts occidentaux jusqu'aux alentours de Cirta (Strabon, XVII, 7 ,3 ; cf.
Desanges « Pharusii >›, 2015). Sur certains des produits échangés, on consultera avec profit deux nouvelles
études sur ce tari.f, France ,« Normes >›, 2014 et Guedon (S.), « Lex vestis >›, 2014.
La forme latine « Zarai >> correspond exactement au Nom d'Action Verbal berbère (a)zùray, issu du verbe z'1y,
« passer >>. Zaray sign.i.fie donc précisément « passage >›, note Chaker ,
apud Laporte, « Palmier >›, p. 6082,
n° 1.
Camps ,
« Limite inexpliquée >›, 1973.
Bir Haddada : Gsell ,Atlas, XVI, 372 et XXVI, 39, un site unique très étendu traversé par la li.mite de deux
feuilles de l'Atlas, et qui a donc reçu un numéro dans chacune, La limite entre Césarienne (avant 303) puis
Sitifienne (après 303) et Numidie passe entre Zarai et Perdices, cette dernière incontestablement en Sitifienne.
Salama ,
« Politique routière >›, 1980.
Morizot « Étape >›, 1985.
C'est le cas de Karim Hadji, de_]ijel, qui a créé le fort utile site internet jijelinfo, dans lequel on peut trouver, parmi

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

La région de Sétif n'a guère fait l'objet d'examens récents dans le domaine routier. Une
borne de Septime Sévère ou Elagabal a certes été signalée à Ouled Sabahr à une douzaine de
kilomètres à l'Est de SétiF8, mais la route elle-même n'a pas été étudiée. Un peu plus à l'ouest, près
de Sétif, P. Salama a mis en valeur un milliaire surchargé à plusieurs reprises74. En 1971, à Bordj
Medjana, 75 km à l'Ouest de Sétif, il a découvert un milliaire (fig. 13A) très tardifpour la province,
puisqu'il date du règne dejulien (361-363)75, à comparer à un autre découvert àAîn Kebaba près de
Vialar et Aïn Tissemsilt. Ce sont les deux plus récents dela rocade sévérienne78 (fig. 13B).

4.B- Passage au nord, près de la côte dans la Kabylie du Djurdjura


En Kabylie, le passage très difficile (à la fois en raison du relief et de l'insécurité chronique)
entre la vallée du Sebaou et celle de la Soummam entraîna la construction d'une véritable route
fortifiée, jalonnée par deux grands forts et une série tours de carrées de 6 mètres de côté échelonnée
le long sur une crête escarpée” qui flirte avec les 1500 m d'altitude et sépare deux zones au relief
tourmenté d'un accès et d'un contrôle très difficiles.
En 1955, puis en 1996, P. Salama a évoqué le système routier de Rusguniae".
En 2001, au terme d'un travail exemplaire, à la fois pour la documentation réunie et
la méthode employée, P. Salama a éclairé le sort institutionnel de Tipasa, et l'étendue de son
territoire79, qui, d'après la numérotation des milliaires, s'étendait sur au moins 22 milles vers l'Est
et 19 vers le sud-est. Il était plus réduit vers l' ouest du fait de la proximité de Caesarea, la capitale
provinciale (fig. 12).

4.C- Quelques routes de l'intérieur


Longtemps hypothétique8°, la traversée directe du sud des Babors, de Bordj Bou Arréridj
à Auzia a été éclairée en 1953 par la découverte à Bordj el-Okhris d'un milliaire sévérien daté de
19881 .
Les milliaires découverts entre Auzia et Rapidum et à l'ouest de cette dernière ont été
recensés en 198988. L'un d'eux (fig. 14) porte les distances de Rapidum vers les deux villes
voisines, Thanaramusa à l'ouest et Auzia à l'est88. À 15 km à l'ouest dela ville, dans la direction de
Thanaramusa, un milliaire élevé probablement sous Caracalla avait été signalé en 192884.
En 1994 N. Benseddik a publié deux nouveaux milliaires du territoire de Rapidum88.
L'un d'eux88, celui du 3° mille, a été découvert à 4 km à l'est du camp (c'est-à-dire près de son

d'autres rubriques, nombre de signalements intéressant nos études.


73 Bagh1i(s.-A.) et Févr1er(R-A.), (Déwuverœs muvenes), 1968, P. 17. AE, 1969-1970, 718.
7'* Salama (R.), « Mé¢.=_mPrPhPses >›, 2005. 1¢1,P. 000 et fig. 10 A.
75 Salama (P.), « Couronne >›, 1971.
76 Salama ,
Promenades, 2005., p. 479, n ° 18. Ici, p. 000 et fig. 12B.
77 Laporte (I.-P.), << Ksar Chebel, Ksar Kebbouch », 2008 et << Routes antiques », 201 1, Les voies romaines, p. 68-71.
75 Salama (P.), « Rusguniae >›, 1955 et 1996 (notamment p. 21)
79 Salama (P.), Bornes milliaires, 2001.
5° Le tracé de cette route est tracé en pointillé sur la carte Salama 1949.
81
Salama ,
« Nouveaux témoignages >›, 1953, p. 232-237.
82 LaP¢›m-› (1.-R), Rapidum, 1989, P. 208-209, 11° 2 ; P. 228-230, 11° 19-20, P. 233, 11° 236-238 ; 22, 11° 24-25.
83 Salama (R.), « Maurane >›, 1951-1952, PP. 223-225. LaP<›r¢e (1.-R), Rapidum, 1988, P. 208-209, 11° 10.
84 sesm (w.), « RaP1dum >›, 1928, P. 178 =AE, 136 ,1929.
55 Ben Seddik ,
« Autour de Rapidum >›, 1994, p. 195-203.
8° Ibm., P. 200-201, 11° 9.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 243


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval>›
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

emplacement d'origine) sur la route vers Auzia (fig. 15). Il avait été élevé sous Antonin le Pieux, en
155. Le second87, gravé sous Septime Sévère, en 194-195, et portant le nombre de XV milles, a été
trouvé à 1,5 km seulement de Rapidum, en compagnie d'autres fûts anépigraphes, dont l'un portait
un cadre épigraphique en creux, resté vierge, probablement dans la carrière même où ils avaient
été taillés, et où l'on avait commencé à graver les inscriptions avant de les transporter sur le lieu de
pose, ce qui n'eut pas lieu pour des raisons que nous ignorons. Le territoire de Rapidum s'étendait
au minimum de 10° mille à l'ouest et 15 milles à l'est88.

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Fig. 14 : Rapidum. 1VIilliaire d'Hadrien en 124. Noter les indications de Fig. 15 : 1VIilliaire du XV' mille dé-
distance vers les deux villes voisines, à l'Est et à l'Ouest et leur précision avec couvert à 4 km à l'Est de Rapidum.
le nombre de pieds. Cliché Marc Garanger, 1960 et dessin J.-P. Laporte, apud Cliché N. Benseddik.
J.-P. Laporte, Rapidum, 1988, p. 209, Inscription 2.

En 2004, P. Salama a repris le dossier des milliaires << chrétiens >› (c'est-à-dire comportant
un chrisme) de la vallée du Chélif, avec 7 bornes connues antérieurement et deux inédites (la n°8
comportant 4 inscriptions)89. On remarque, sans pouvoir l'expliquer, la nette prédominance en
Césarienne des milliaires « chrétiens » gravés sous Constantin (0 en Proconsulaire et en Byzacène,
5 en Numidie, 1 en Sitifienne, 8 en Césarienne)9°, sans toutefois pouvoir en tirer de conclusion bien
nette .

87 Ibm., P. 201, 11° 10.


88 Ibm., P. 202.
59 Salama , « Nouveaux milliaires >›, 2004, p. 171 1-1736. P. Salama donne par ailleurs une utile liste de vestiges
chrétiens de la vallée du Chéli.f, ibid., p. 1734-1736.
9° Salama (P.), « Nouveaux milliaires >›, 2004, p. 1734.

244 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

Plus à l'ouest, la route de la Tafna, qui relie Siga àNumerus Syrorum, la ville la plus occidentale
de la Maurétanie césarienne, été examinée de manière exemplaire par P. Salama en 196791, à partir
de 11 milliaires appartenant à quatre opérations générales de bornage sous
Macrin, Elagabal et Sévère Alexandre (ce dernier sous 2 procurateurs successifs). La plupart
des milliaires sont situés avec précision. C'est désonnais l'une des routes les mieux connues de
Mauretanie césarienne, du moins sous cet aspect (fig. 16), d'éventuels vestiges au sol de la voie elle-
même restant à rechercher sur le terrain.
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Fig. 16 : Le tracé des voies antiques de la vallée de la Tafiia.


D'après P. Salama, Tafiia, 1967,p. 217

91
Salama ,
« Vallée de la Tafiia >›, 1967.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 245


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

4.D- La rocade sévérienne


Sous Septime Sévère, le territoire proprement romain de la province fut brusquement
étendu d'une cinquantaine de kilomètres vers le sud en franchissant les hauteurs méridionales de
l'Atlas tellien92. Sous deux procurateurs successifs, C. Octavius Pudens et P. Aelius Peregrinus, des
villes, pour la plupart plus anciennes, échelonnées sur le piémont sud de l'Atlas tellien, furent munies
d'une garnison romaine. Certaines furent plus tard élevées au rang de municipe. La rocade routière,
grossièrement ouest-sud-ouest / est-nord-est qui les relie, a reçu les qualifications modernes de

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limes et de praetentura, dont nous avons vu qu'elles sont trompeuses93. Nous préférons celle de
rocade (routière) sévérienne.

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Fig. 17 : Le segment Columnata, Aïn Toukria -Kherba des Ouled Hellal de la rocade sévérienne.
D'après P. Salama, Point d'eau, 1973, pl. dépliante. A: Columnata ; B :Aïn Toukria ; C : Kherba des Ouled Hellal.
Les sites mineurs sont représentés par de petits cercles.

92 Ceci n'implique nullement que les populations autochtones des hauteurs aient été repoussées vers le sud.
Restées sur place, elles se sont simplement retrouvées à l'intérieur du (pseudo) limes sévérien, au nord de la
rocade sévérienne.
93 Cf. ci-dessus, p. 000, note 6.

246 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

En commençant par l'est, les milliaires sont nombreux autour d'Aras et de Tatilti94_ L'un
d'eux, élevé sous Sévère Alexandre, cite même les deux villes voisines sous la forme Ab Aras Tatilti,
forme proche de celle qu'aurait employée un itinéraire routier95.
Plus à l'ouest, au sud de l'Ouarsenis, un poste militaire de la rocade sévérienne, la Kherba
(<< ruine >›) des Ouled Hellal9°, a été signalé par P. Salama en 195397. La construction à cet endroit,
en 201-203, des castra hiberna de l'Ala Gemina Sebastena” souligne que du printemps à l'automne,
cette unité devait se trouver ailleurs, patrouillant probablement dans la steppe qui commence non
loin au sud, alors que nomades et transhumants remontaient vers le nord et pouvaient atteindre
le piémont fertile et cultivé de l'Ouarsenis, en recherchant en fait, comme ils le faisaient encore
naguère, le couvert forestier qui fournissait du fourrage pour leurs troupeaux (fig. 17).
En 1973, P. Salama a publié la dédicace à Neptune (ou à un
5' I '|'J 5 .
f ._f~“›`*"=Î __._, is O03 génie du lieu) d'une source aménagée sous Probus, à Aïn Toukria99, qui
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J \Î Î-"W"-_-_ FF- J 0 9*-I 1 abritait depuis 200 environ un détachement de la Cohors II Sardorum_
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Dans un pays déjà relativement aride, l'aménagement des points d'eau
-..__- 5 1 I__.-_. I rr - était un moyen de canaliser et de contrôler nomades, semi-nomades et/
ou plutôt transhumants. La carte déjà évoquée soigneusement dressée
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par P. Salama (fig. 17) montre le vrai caractère de l'occupation romaine
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dans la région avec la présence de vestiges antiques tant au nord qu'au
_ ~›.H _ I 'U/'-9'9'9¿'--klîäx' -' sud de la rocade sévérienne.
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Les établissements militaires romains sont réduits ici au nombre
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de trois sur une longueur de 60 km. En l'absence de tout fossatum,
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___-"_/* ,t avÿw .__-_... leur capacité de barrière statique est nulle. Les passages intercalaires
99

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n'auraient pu être contrôlés que par des patrouilles comportant des
cavaliers. Cette constatation amène à revoir une fois de plus la notion
de limes, manifestement erronée dans sa conception de quasi ligne
Maginot et permet d'illustrer l'idée d'une gestion de confins et non pas

áfÿ 949 de défense d'une quelconque barrière étanche ou destinée à l'être1°°.


Au Nord de la rocade routière qui joint ces trois points, on
,H-._,_. _. trouve le piémont sud-est de l'Ouarsenis, encore boisé aujourd'hui, et,
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____ __,...-'=._'_'Îl_ 1- -* 4,5--_. au sud, le début du Sersou, une plaine steppique qui s'étend sur plus
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_ É"----.I'\.: 'I-Tx __r›\LI "" 1 h'.\_`
I :I _--_--.__` .1 Ix-__ de 150 kilomètres vers le sud, et dont les terres sont propices au blé,
_ _ '_ ,_ ."___I_
" _- _ | “ O U '“\j_ au moins dans sa partie nord et pendant les années fastes. La rocade
› '_._."' -1
T_|' 5 0 L sévérienne correspond plus ou moins à l'isohyète des 400 mm de pluie
qui permettent la culture du blé non irrigué. Cette limite n'était pas
3,6 QG'
militaire, mais d'abord agricole. Les établissements civils d'époque
1;! romaine, sans doute bien plus nombreux que ceux qui sont signalés
par l'Atlas archéologique se répartissent de part et d'autre de la route,
' ° .. 10km qui n'avait donc rien d'une frontière fermée barrant le passage vers le
l l'.5nIl.mln....n_u.a¢n Nord. Il n'y avait pas d'obstacle statique àla remontée des troupeaux

94 Laporte (_].-P.), « Tatilti et Aras >›, 1994, notamment, p. 359-360.


95 CIL, VIII, 10438, milhme de sévère Alexmdre, ef. Laporte, ibm., p. 360, 11° 12.
99 Gsell ,
Atlas, 23, 35 : Kherba des Ouled Hellal_
97 Salama (R), Hzbema, 1953, p. 237-361 = Promenades, 2005, P. 3-9 et. 455-456.
98 Sur cette unité, cf. Ben Seddik (N.), Troupes, 1982, p. 40-42.
99 Salama (P.), « Point d'eau >›, 1973.
19° Cf. ci-dessus, note 5.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 247


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

des nomades et des transhumants vers le nord, mais de simples bases de troupes à cheval chargées
de leur contrôle.
Un peu plus au sud-est, on arrive àla région des Djedarswl. L'un d'eux remploie la dédicace
d'un oppidum Cen[ établi en 203 après J.-C.1°9' 1°2, c'est-à-dire vers la fin de l'établissement et du
premier bornage de la rocade sévérienne.

4.B- l'inscription d'El Bayadh (198-199)


Découverte récemment à 30 km à l'ouest d'El Bayadh, une inscription de 198-199
commémore une victoire du procurateur C. Octavius Pudens sur des Bavares1°3 à identifier aux
Bavares Transtagnenses d'une dédicace de Cherchel1°4. Elle montre l'occupation d'un lieu isolé, 150
km au sud de la rocade sévérienne, très en avant du territoire que l'on considérait jusqu'ici comme
romain. Si on la rapproche d'une autre inscription découverte au XIX° siècle à El Bayadh même1°5, il
semble bien qu'on ait là un indice sérieux de l'occupation militaire d'un point stratégique du Dj ebel
Amour, habité par des Bavares, non pas nomades, mais àla fois agriculteurs et éleveurs, suivant une
vieille formule libyco-berbère encore attestée de nos jours1°°. Aucun milliaire et aucun vestige de
voie n'ayant été signalés dans ce secteur, on peut penser que l'antique El Bayadh ne fut reliée au
territoire romain situé plus au nord que par des pistes sommairement aménagées.

4.F- Liaison des deux Maurétanies, Césarienne et Tingitane


Malgré plusieurs études militant en sa faveur1°7, la liaison terrestre entre les deux
Maurétanies, Césarienne et Tingitane, reste problématique. Numerus Syrorum paraît terminer vers
l'ouest la rocade sévérienne. La limite administrative est fixée sur la côte par l'Itinéraire Antonin
à l'embouchure du Malva flumenws, qui semble identique à la Muluccha, limite préromaine entre
Maures et Massaessyles1°9. Plus au sud, les deux provinces semblent avoir été à la fois unies et
séparées par les territoires tribaux des Baquates à l'ouest et des Bavares à l'est. Le passage n'était ni
impossible, ni fréquemment emprunté.

191 Sur les Djedars, pyramides funéraires chrétiennes de rois berbères des V°, V1' et VII' siècles, cf. Kadra ,
Djedars,
1983 et Laporte (_].-P.), « Djedars >›, 2005.
102
Salama ,
« Nouveaux témoignage >›, p. 329-368. = Promenades, 2005, p. 136-97. En remploi da.ns le djedar F.
193 Drici ,
« Bavares >›, 2015. Ben Seddik et Laporte (_].-P.), « Inscription >›, à paraître
1°* CIL, VIII, 9324. camps (G.), « Bavares >›, 1955, P. 287.
195 CIL, VIII, 9739. À noter l'importance de ses dimensions (1,10 / 1,80 m) . On ne pouvait plus lire que quelques
lettres, dont PH, qui pourraient faire penser au règne de Philippe (244-249), hypothèse sans doute hardie.
199 Camps ,
Massinissa, 1960, p. 77. Sur l'identi_fication de CEN (---, voir ci-dessus, p. 000.
197 Carcopino (].), Maroc antique, 1943 ; Euzennat ,« Voies romaines >›, 1962, p. 610-595 ; Marion ,
« Liaison >›, 1960, pp. 442-449 ; Rebutfat (R.), « Notices sur les confins >›, 1971, p. 33-64 ; id., « Frontière >›,
1979, p. 238 et 243 ; Speidel (M.-P.), « Thousand >›, 1977, p. 167-173 ; Thouvenot (R.), « Géographie de
Ptolémée >›, 1962, p. 82-88. Yahiaoui, Confins, 2003. L'étape à Cherchel de 1000 recrues, bien attesté par
l'épigraphie (Speidel, loc. cit.) n'entraîne nullement qu'ils y aient débarqué pour emprunter ensuite la voie de
terre, que l'on trace aussitôt sur une carte sans autre forme de prooès, idée qui nous paraît assez baroque, compte
tenu de la longueur du trajet maritime déjà parcouru réalisé depuis l'Orient de la Méditerranée.
199 Itinéraire antonin : Malva flumen dirimit Mauretanias duas. On hésite à identifier ce fleuve à la Moulouya ou à
l'oued Kiss. Le Malvdflumen de Ptolémée (IV, 7 ,1).
199 Desanges, éd. de Pline, H.N., V, 1, Afrique du Nord, p ; 18 et 151-150. Il semble s'agir d'un calembour entre le
nom libyque de la Muluccha et le nom grec de la mauve.

248 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

5- Les routes et les hommes : Contrôle et sécurité

5.A- Routes et aménagements routiers


Bien avant Rome, le territoire était déjà couvert d'un réseau de chemins et de routes
parmi lesquels sans doute déjà des tronçons d'itinéraires à longue distance. La période romaine en
privilégia certains.
Les rôles de la route étaient multiples. Militaire, car permettant un déplacement rapide
des troupes en cas d'insécurité, elle avait un rôle surtout économique en temps de paix : pour le
drainage de l'annone vers les ports et les parcours des voyageurs et des marchands.
Compte tenu de leur intérêt pour le déplacement des troupes, et donc un contrôle réel du
territoire, nombre de routes << romaines >› furent sans doute tracées très rapidement lors de la prise
de contrôle d'une région, quitte à être bornées ultérieurement“°.
Leur équipement varia en fonction de leur usage. Les milliaires étaient réservés à quelques
routes jugées plus importantes, même si des routes secondaires tissaient sans aucun doute un réseau
plus serré.
L'importance des aménagements destinés à faciliter le passage variait en fonction des
impératifs économiques et militaires. Les dallages étaient réservés à des portions très limitées
(souvent à l'intérieur des villes traversées) ; le macadamm pouvant se réduire à un hérisson de
pierres, ou même au tracé d'une simple piste.
C'est du côté du tracé des routes au sol qu'il y a le plus de découvertes à faire. Dans
quelques cas, finalement assez rares à ce jour en Césarienne, on a signalé au sol le passage des routes,
notamment dans des cols, des ouvrages de soutènement à flanc de colline, des pontsm, des guésm.
Ily là des lacunes à combler par des prospections de terrain, là du moins où c'est encore possible. Le
repérage de ces aménagements peut apporter des précisions d'une part sur le tracé exact de la route
antique, d'autre part des renseignements sur les techniques de voirie utilisées.
Certains de ces aménagements peuvent révéler des voies inconnues par ailleurs, ainsi, entre
Rapidum et Usinaza, un tronçon de voie romaine long d'un ou deux kilomètres repéré d'avion par
Leschi vers 1945114, mais encore jamais suivi sur la carte et encore moins au sol.
Les villes de Maurétanie étant rarement espacées de plus d'une journée de voyage, les lieux
intercalaires dédiés à l'hébergement, les mansiones, ne semblent pas avoir été très nombreux, sans
que la question ait été vraiment étudiée.

5.B- Route et sécurité


La route était un lieu privilégié de contrôle des mouvements et des courants de circulation,
notamment longitudinaux le long d'elle-même, mais aussi, perpendiculairement, celle des nomades

11° Cas du tronçon Rapidum-Auzia,borné seulement en 124 alors que le camp de Rapidum avait été fondé en 122, cf.
Laporte (_].-P.), Rapidum, 1988, p. 13 et p. 206.
ul Rappelons que le macadam est stricto sensu un hérisson de pierre formant chaussée non recouvert d'une bande
asphaltée.
112 CIL, VIII, 9041.
113 Gsell (S.), « Inscription >›, 1899, p. CLXXXI. Laporte (I.-P.), « Notables >›, 2003, p. 96.
114 Leschi ,Etudes d'épig. arch. Hist. Afr., 1957, p. 63-64, qui reprend Leschi , « Nouveaux milliaires >›, 1946-
9, p. 397-407. A 14,5 km NNE d'Aîn Bouci_f, ce tronçon, orientée NNE-SSVV, suit à flanc de coteau la base
orientale du KefLakhdar Chergui, col où existe une source. On pouvait facilement reconnaître cette voie entre la
maison forestière et la barre rocheuse située à l'Est (entre la maison forestière et le marabout de Sidi Mohamed).
La voie établie à flanc de coteau présentait encore du côté de la vallée un mur de soutènement en gros blocs
taillés, supportant un hérisson de petites pierres. Cf. Laporte, « 20 ans >›, 2012, p. 253.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 249


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval>›
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

et transhumants que l' on pouvait canaliser vers des couloirs naturels, éventuellement aménagés, où
l' on pouvait les arrêter, les taxer, avec des postes de douane, fixe ou volante, ou de simples péages.
La garde des routes était en principe confiée à des stationarii, basés dans des stationes
routières lorsqu'elles se trouvaient loin des villesus. Un ouvrage collectif récent éclaire le rôle de la
statio comme lieu d'exercice effectif du pouvoir sur le terrain, police contre le brigandage, mais aussi
parfois douane“°. Un survol du cas de l'Afrique romaine par S. Guédon en montre quelques unes
dans les autres provinces, mais aucune en Césarienne et Sitifiennem. Ily en avait pourtant aussi. On
en connaît au moins une, la statio Panchariana de localisation inconnue à l'Est de Sétif) où Théodose
l'Ancien alla chercher les troupes africaines qui allaient renforcer son corps expéditionnaire arrivant
de Gauleus. Recherches de terrain et réévaluations de vestiges anciennement connus devraient
permettre d'en découvrir d'autres“9.
Ces gardes statiques n'empêchaient pas des agressions, comme celle dans laquelle Nonius
Datus, venu de Lambèse avec une escorte, fut attaqué vers 147-149120 quelque part entre Sétif
et Bougie, et se retrouva nu, mais vivant (on en avait voulu à sa bourse, mais pas à sa vie)19'1. La
Maurétanie césarienne était réputée pour sa violence et l'importance du banditismem. Lorsqu'en
153-154 on eut besoin pour l'Orient d'un spécialiste de la répression du banditisme, c'est en
Césarienne qu'on vint le chercherm.
Certaines routes traversant des territoires particulièrement menacés pouvaient être
jalonnées de petits postes fortifiés, voire de véritables forts munis de remparts puissants. Parmi ces
passages particulièrement difficiles, on peut noter la jonction entre le bassin du Sebaou et celui de
la Soummam19"1.

6- Réseau routier et Histoire


Étudier le réseau routier de la Césarienne revient peu ou prou à retracer l'I-Iistoire de la
province.
Des routes, et pas seulement des chemins, ont existé dans les royaumes maures, bien avant
l'installation de]uba II et du protectorat vers 25 avant].-C., puis l'annexion en 40 après. Cependant
faute de repères explicites, comme des milliaires pour la période suivante, on ignorera sans doute
toujours lesquelles.
Le royaume confié par Auguste à]uba II était très étendu, puisqu'il englobait la Tingitane à
l' ouest et même l'Aurès à l'est19'5. Il semble avoir été fondé sur un réseau d'allégeances personnelles,
dont une large partie pourrait avoir disparu avec l'assassinat de Ptolémée (39 après].-C.).

115 Collectif, Statio, 2014.


119 Collectif, Statio, 2014.
117 Guédrm, « sfafio >›, 2014.
1111 Ammien, 1. xxrx, 9,5, éd. sabbah (G.), P. 32.
119 Nous pensons notamment auxvestiges de Souk el-Khemis (Gsell ,Atlas, 191 1, f. 15 , n° 39), passage di_fficile,
mais obligé sur la route Auzia-Aras, cf Laporte (I.-P.), Souk el-Khemis, 1999.
12° Laporte (I.-P.), « Aqueduc >›, 1994, p. 753.
121 CIL, VIII, 18122 = 2728 = ILS 5795.
122 Laporte (I.-P.), « Violences >›, 2010.
123 En 154-153, dans une lettre àAntonin le Pieux (Ad Antoninum Pium 8, éd. Naber, p. 169, éd. Haines, H, p. 236).
Fronton assure qu'il est prêt à assurer le proconsulat di/\sie et qu'il s'est assuré l'aide de son amijulius Senex de
Mauréta.nie « cuius non modofide et diligentia, sed etiam militari industria circa quaerendos et continuendos latrones
invarer ››. La Maurétanie apparaissait comme un nid de brigands.
124 Cf. ci-dessous, annexe I.
125 Desanges (].), « Territoires gétules >›, 1964. Laporte (I.-P.), « Ptolémée >›, 2003, et 2012.

250 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

Au moment de l'annexion, en 40 après J.-C., seules semblent avoir été occupées des villes
côtières, plus quelques villes de la vallée du Chélif, les plus proches de Caesarea, comme Oppidum
novum19'°_ Par la suite, l'occupation romaine ne progressa que lentement et par à-coups sur le plan
géographique19'7, en laissant de plus subsister de larges zones tribales entre les villes << romaines >›,
en réalité libyco-romaines.
Proche de la Numidie avec laquelle elle communique aisément par les hautes plaines,
et séparée de la Maurétanie occidentale par des zones montagneuses difficiles19'8, Sétif reçut une
déduction de vétérans sous Nerva (septembre 96 - 27 janvier 98)19'9. C'est sans doute à partir de
cette époque que les routes de la région (future Sitifienne) furent << romanisées >› (aménagements,
bornages).
Sous Hadrien (117-138), c'est un sillon longitudinal de l'Atlas tellien qui fut occupé, de
Saldae à l'est jusqu'à Si,a à l'ouest. Auzia, ville plus ancienne, semble être devenue municipe dès
cette époque13°. Vers le même temps, l'armée romaine fonda notamment le camp de Rapidum, qui
donna peu à peu naissance à une ville131. Globalement, Rome établit alors une ligne d'établissements
vers l'ouest par Auzia, Rapidum, Thanaramusa castra et la vallée du Chélif.
En 184 Commode fit construire des postes (burgi novi), ainsi non loin d'Albulae
Temouchent), en même temps qu'il élaborait une opération de bornage dans le même secteur139'.
La province fut munie de turres133. On connait également près de Rapidum la restauration de tours
anciennes et la construction de nouvelles pour la sécurité des provinciaux13'1.
Sous Septime Sévère (193-211), comme nous l'avons vu plus haut, le territoire plus
spécifiquement romain fut agrandi d'une cinquantaine de kilomètres vers le sud en dépassant les
dernières rides de l'Atlas tellien jusqu'à son piémont méridional dont villes et villages reçurent pour
la plupart une garnison.
On note une montée des périls à partir de Sévère Alexandre, dans la mesure un court
passage d'Hérodien montreles troupes romaines aguerries par les attaques incessantes de Maures
vers 237135.
La grande révolte dite << de 253 >› dura en réalité toute la décennie 250-260136. Elle eut
certainement des répercussions sur le réseau routier, mais la question reste à étudier.

129 Il faut rappeler que l'on considère souvent la Maurétanie césarienne romaine dans une étendue qu'elle n'a atteinte
qu'à l'époque sévérienne, avec l'installation de populations et de garnisons sur ce que l'on appelle le limes et que
nous préférons appeler rocade sévérienne, cf. ci-dessous, p. 000 Toukria].
127 Salama ,« Déplacements >›, 1977 : p. 577-595. = Promenades, 2005, p. 303-318, remis à jour et recomposé.
Laporte (I.-P.), « Particularités >›, 2011.
128
On peut se poser la question du rattachement de cette région à la Césarienne. Il semble s'agir de la persistance
d'une li_mite pré-romaine, cf. Camps ,« Limite inexpliquée >›, 1973.
1” CIL, VIII, 8441 et 10361.
11° Lapone U.-P.), «Auzia >›, 1996, p. 301.
131 Laporte (I.-P.), Rapidum, 1989
139' CIL, VIII, 22629 = ILS 5849. La mention de burgi novi implique qu'il y en avait eu de plus anciens.
133 CIL, VIII, 208 16 = ILS, 396 : construction de nouvelles turres pour la sécurité des provinciaux. Sur la politique
africaine de Commode, cf. Benabou Résistance, 1976, p. 156-164.
111 CIL, VIII, 10441. Lapone (1.-1>.), Rapidum, 1988, p. 230-231, 11° 12.
135 Benabou Résistance, 975, p. 194-199. Toutefois, ce passage semble s'appliquer plus précisément à la
Numidie.
139 Carcopino (].), « Insurrection >›, 1919. Salama (P.), Vues nouvelles, 1988.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 25 1


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval>›
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

La situation de la province était encore troublée sous Aurélien (270-275), comme le


montrent plusieurs cachettes monétaires137 et probablement la destruction de Rapidum1311, qui resta
déserte plurima tempora avant sa reconstruction tétrarchique.
Les troubles qui suivirent eurent des répercussions routières, c'est ainsi qu'à Auzia, un
pont détruit par la guerre fut reconstruit en 290, nunc reddita pace139, au début du gouvernement
d'Aurelius Litua. Celui-ci eut à guerroyer ensuite en plusieurs endroits de la province1'“'.
La relecture d'une inscription de Saldae1'11 amontré que dès 292, doncbien avantla séparation
de la Césarienne et de la Sitifienne en 303, le praeses (gouverneur) Aurelius Litua distinguait dans la
province une partie césarienne et une partie sitifienne, sans doute des << régions militaires >›, dont il
faisait venir des soldats. Ceci n'était pas un hasard. Les communications entre ces deux parties de sa
province étaient parfois problématiques, compte tenu du relief, et de l'insécurité_
Dans cette même région, les difficultés persistantes continuèrent, et nécessitèrent plus
tard la venue du co-empereur Maximien. Son expédition de 297-298 contre les Quinquegentanei
de Kabylie fut marquée par d'intenses combats1'17'. Elle fut suivie par la réalisation d'un certain
nombre travaux de restauration routière ordonnés par l' empereur, d'où des milliaires au nominatif,
dont la répartition géographique peut donner une idée de la région des opérations (fig. 18),
probablement un court séjour à Caesarea, la capitale provinciale, puis ensuite les combats dans la
Kabylie du Djurdjura1'13. La localisation de plusieurs d'entre eux dans la future Sitifienne montre
que cette opération eut lieu entre 298 et la création en 303 de cette dernière province (qui n'est pas
mentionnée sur leur dédicace). Le tracé de la nouvelle limite (entre ce qui restait de la Césarienne
et la nouvelle province de Sitifienne) passa précisément dans cette région montagneuse, entre
Rusazus et Saldae1'1“1_
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Fig. 18 : Répartition géographique des milliaires de Dioclétien et Maximien au nominatif


Schéma J.-P. Laporte surun fond de carte P. Salama.

137 Laporte (I.-P.), « Trésors >›, 1980.


1111 Lapone (1.-1>.), Rapidum, 1988, p. 23-24 et 32-36.
119 CIL, VIII, 9041.
14° Nous examinerons les « victoires >› d'Aurelius Litua dans un travail en cours sur les Quinquegentanei.
111 CIL, VIII, 8924, au Musée de Bejaia. Cf Lapone U.-1>.), « sépmfion >›, 1996, nomment p. 11 16-11 17.
147' Laporte (I.-P.), « Quinquegentanei >›, 2015.
143 Curieusement la zone principale des combats, d'après les textes et les inscriptions, n'a pas livré de milliaire au
nominatif, mais les milliaires de toutes les époques y sont si rares que cela n'est guère sign_i_ficati_f.
144 Laporte (I.-P.), « Limite >›, 1 1 . 1998 ne faut sans doute pas s'attendre à voir cette voie jalonnée au sol. C'est une
zone d'accès di_fficile (dénivelés ; falaises et forêts) qui jouait le rôle de séparation.

252 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

En 1928, E. Albertini“5, puis en 1943 J. Carcopino” avaient émis l'hypothèse d'un


abandon précoce dela Césarienne occidentale, dès la première Tétrarchie. En 1955, C. Courtois
avait renchéri en évoquant l'idée d'un retrait sous Dioclétien sur un << limes de l'oued Riou >›“7.
En 1966, P. Salama a fait justice de cette idée erronée en publiant trois milliaires découverts au
sud de l'Ouarsenis, dans la zone prétendument évacuée“8. Leur échelonnement dans le temps
(Dioclétien et Maximien, 293-305 ; Constantin et ses fils, 333-337 ;]ulien, 360-363) montre une
durée dela domination romaine sur la région bien supérieure à celle qu'imaginaient Courtois et ses
prédécesseurs.
Plusieurs milliaires témoignent des débuts timides et prudents dela christianisation officielle
de l'Empire décidée par Constantin. Le chrisme apparaît en 315 sur le casque porté par Constantin
sur les médaillons d'argent de Ticinum“9. Le plus ancien chrisme << officiel >› d'Afrique n'apparaît
qu'en 319 sur un milliaire de Djemila15°, et un peu plus tard sur quelques uns de Maurétanie,
notamment dans la vallée du Chélif. P. Salama en conclut tout à fait judicieusement : << Il semble
bien que vers les années 319-320, quelques administrations locales africaines aient transposé sur
pierre le symbole qu'elles connaissaient par les images impériales officielles, marquant bien ainsi
que le chrisme était à leurs yeux et avant tout le signum [emblème] personnel de Constantin >›151.
En Césarienne, il ne prit une signification assurément religieuse qu'en 329 sur un monument privé,
l'épitaphe des martyrs de Sidi M'Hamed Ben Ali (ex Renault, wilaya de Relizane)152.
Après de probables troubles dans toute la province vers 340-350153, on note encore de rares
milliaires de Julien (361-363), dont l'un au moins porte la couronne solaire qui témoigne de la
tentative de restauration du paganisme par l'empereur philosophe154.
Les années 370 virent la révolte de Firmus, un grand personnage d'origine autochtone,
qui condamné pour avoir tué son frère, homme de confiance du comte d'Afrique, ne trouva
d'issue que dans un soulèvement de toute la province en s'appuyant tant sur ses origines
autochtones que sur ses hautes fonctions dans l'administration romaine de la provincelss.
Envoyé en 373 pour mettre fin à la révolte, Théodose l'Ancien fit débarquer ses troupes à
Igilgili Uijel, ex Djidjelli) en Maurétanie Sitifienne, sans doute pour des raisons de sécurité156.
Après avoir rassemblé ses troupes dans la région de Sétif, il rejoignit Tubusuptu dans la vallée
de la Soummam, puis, à partir de là, effectua pendant plus de deux ans un véritable rallye des

145 Albertini ,
« Route frontièree, 1928, p. 48. L'auteur donnait la liste de 48 milliaires.
146 Carcopino (].), Maroc antique, 1943, p. 233-234.
147 Courtois , Vandales, 1955, p. 85-90. Il fut suivi sur ce point par Seston Dioclétien, 1946, p. 1 18, n° 5 et
Van Berchem ,Armée, 1952, p. 38. En fait, Courtois n'avait pas affirmé catégoriquement cet abandon, mais
l'avait trouvé vraisemblable, exemple intéressant du renforcement des idées au fil de citations successives, ou
comment des hypothèses deviennent des certitudes.
148 Salama , « Problèmes stratégiques >›, 1959, p. 346-354 et carte ; avec en p. 354, note 9 : une note gentiment
moqueuse, mais tout à fait justifiée : ce prétendu limes « n'aurait pas tenu plus d'un quart d'heure en cas
d'attaque>›. Cf. également, Salama « Occupation >›, 1966, p. 1291-131 1. - Promenades, 2005, p. 169-189 et
add. p. 461-462.
149 Salama ,
« Plus ancien chrisme >›, 1965, p. 541.
15° Salama ,
« Plus ancien chrisme >›, 1965.
151 Salama ,
« Plus ancien chrisme >›, 1965, p. 543.
152 CIL, V111, 215 17. sidi M'hemed ben All, ex Renault, wlleye de Rellzene, Gsell (S.), Atlas, 12, 1 ls.
153 Étude en cours (trésors monétaires, érection de remparts, etc.).
154 Cf. ci-dessus, p. 000 et fig. 13.
155 Lapone U.-P.), «Annees >›, 2002, p. 19s.
156 Une armée est très vulnérable pendant son débarquement.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 253


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

voies romaines de la province (fig. 19), à l'exception toutefois de l'extrême-ouest algérien et dela
rocade sévérienne dont Ammien Marcellin ne semble dire mot, curieux constat encore inexpliqué.
Théodose dégagea en priorité les vallées, dépressions et bassins, en ne s'engageant en montagne que
lorsque cela était strictement nécessaire, comme Ammien le précise expressément157. On peut en
conclure que la plupart des populations montagnardes sont restées à l'abri dela répression, et que
seuls leurs chefs et leurs troupes descendus en plaine furent vraiment étrillés, avant de se soumettre
et de conclure avec les autorités provinciales les traités traditionnels.
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Fig. 19 : Approche du parcours des armées de Théodose en Maurétanie césarienne de 373 à 375.
D'après _I.-P. Laporte, Armées, 2002, p. 298.

Lafin des milliaires


L'érection de milliaires semble s'être arrêtée en Maurétanie césarienne vers la fin du
troisième quart du quatrième siècle. On n'a pas trouvé dans la province de milliaires postérieurs aux
règnes de Valens, Valentinien et Gratien (375-378), sans que l'on sache véritablement pourquoi,
si ce n'est peut-être l'affaiblissement des autorités municipales, ou le foisonnement des milliaires
antérieurs.
La fin des bornages n ' entralna
^ nullement celle des voies, ni la disparition des milliaires,
qui se dressèrent longtemps encore le long des routes (parfois jusqu'à aujourd'hui). La vision etait
tellement familière que saint Augustin l'utilisa dans une parabolelss.

7- La survie du réseau antique au Moyen Age

Plusieurs études ont porté sur les réseaux routiers médiévaux. Le plus complet est celui de
M. Forstner en 1979 (fig. 20)159. Pour des regions
' ' plus limit'ees, J. Despois a fait la comparaison

157 Ammien Marcellin, Histoires, 1. XXIX, V, 5, éd. Sabbah ,


p. 31.
158 seleme (R), « semmugustln >›, 1974.
159 Forstner Wegensetz , 1979.

254 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

entre les voies romaines et médiévales dans le nord du Hodna1°°. S. Dahmani a tenté en 1986
l'établissement d'une carte des voies de circulation dans l'Est du Maghrib central du IX° au XII°
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siècles1°1 et, en 2004, B. Moukraenta pour l Ouest de la meme region 2.
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Fig. 20 : Les voies médiévales attestées au milieu du 4' / X' siècle D'après M. Forstner, Wegensetz, 1979, p. 70.

En première analyse, on en tire l'idée d'une remarquable stabilité de l'ensemble des


principaux itinéraires, il est vrai souvent détenninés par le relief, avec des points de passage obligés
(cols, ponts, cours d'eau, etc...). Seule changea au cours des siècles l'importance relative des voies
entre elles, étroitement liée à l'affaiblissement, ou au contraire àla prospérité, de certaines villes, et
au déplacement de(s) capitale(s) des dynasties successives.
Pour la suite, il faudra bien sûr continuer le travail, en réévaluant de manière approfondie
des tronçons limités, autant que possible avec des reconnaissances de terrain. Outre la découverte
de « nouveaux » milliaires, on s'intéressera à la relecture de bomes connues, notamment les
palimpsestes, sans doute plus nombreux qu'on ne le croit. La recherche des principales structures
antiques et médiévales voisines, celle des mansiones, stationes, des forts routiers, des gués, ponts, etc.,
pourront apporter nombre d'éléments nouveaux.
Bien des découvertes attendent nos collègues algériens, tant pour l'Antiquité que pour le
Moyen Âge, et nous leur souhaitons bon courage.

Annexe I : Une route fortifiée en Kabylie


La Kabylie du Djurdjura a fait l'objet en 1970 d'une révision de l'Atlas archéologique qui a
montré notamment que nombre de << forts >›, << fortins >› et autres << redoutes >› signalés par les
militaires du XIX° siècle étaient en réalité des bâtiments agricoles << fennes, huileries, etc.)1°3. Cette
<< démilitarisation >› de la plus grande partie des vestiges antiques n'en a fait que plus apparaître par
contraste le contrôle militaire dela route joignant la vallée du Sebaou et celle dela Soummam1°'1.

16° Despels (1.), Hedna, 1953, p. 101. Lapone (1.-1>.), « cenfinuifes >›, zoos, p. 60-62 et fig. s, p. 71.
161 De1smem(s.), « Essel >›, 1974.
162 Moukraenta (B.), « Essai >›, 2004.
163 Laporte (_].-P.), « Fermes >›, 1983, p. 141.
1°* Lapone U.-P.), « Ksar chebel >›, zoos ; id.Reu1es,2o11.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 25 5


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval>›
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

Une carte publiée récemment (fig. 21)1°5 résume les connaissances actuelles sur les voies
antiques au nord du Djurdjura1“. La partie comprise dans le rectangle rouge contient des dispositifs
àla fois militaires et routiers très particuliers.
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Fig. 21 : La route fortifiée Sebaou / Soummam (à l'intérieur de l'encadré) dans l'ensemble kabyle.
Plan S. Sanz, UMR 5 14-0 CNRS.

Une particularité remar-


quable de tronçon est de relier deux
zones situées à une quarantaine de
mètres d'altitude (vallée du Sebaou m___k_.__ __ _I`fi'f-__n`:1rS\ _ _ x _ 1' I
et vallée de la Soummam) en
empruntant une crête Est-Ouest qui :ma I_ l
culmine à plus de 1500 m d'altitude En Daaua r it l

et permet de traverser la zone difficile 1 1 î


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A partir de Bida (Djemaa ¿ _... _, .!:----HF' "\.__ ~
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Saharidj, 456 m d'altitude) la route iJ.
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Ê'-mauslscru
'ME' “'l"'"
croisait le cours supérieur du Sebaou
(à 200 m d'altitude), puis attaquait Fig. 22 : Route fortifiée de Bida vers la vallée de la Soummam par
une pente de 20 à 30 % en moyenne, Ksar Chebel et Ksar Kebbouch. Planj.-P. Laporte T : Succession
bien visible près de la grotte d'Ifigha de tours carrées (rasées au sol). Ksar Chebel et Ksar Kebbouch sont
(fig. 24) jusqu'à un replat où se situait éloignés de 17 km à vol d'oiseau, beaucoup plus au sol.
le grand fort de Ksar Chebel (968m).
Elle passait ensuite par le site non
identifié de Tala Kitane1°7 (1150 m),
165 Laporte (I.-P.), « Routes antiques >›, 201 1.
166 Elle ne mentionne toutefois pas un milliaire inédit de la région d'Hendou qui va être publié par un collègue dans
le premier bulletin du CNRA.
167 Gsell, Atlas, f. I\L 412. En sous-bois, nombreuses pierres de taille et moellons, grossièrement inscrits dans un
rectangle d'environ 60 mètres de côté.

256 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

et rejoignait ensuite une ligne de crête, à plus de 1500 m d'altitude (maximum 1519 m), avant de
redescendre à 1100 m au fort de Ksar Kebbouch (fig. 25, au dessus d'Adekkar), puis à 60 m dans la
vallée de la Soummam, près de Tubusuptu.

l Altitude
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* TUBUSUPTU
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Fig. 23 : Profil dela route de Bida à Tubusuptu.


Schéma J.-P. Laporte.
Les altitudes, et donc les pentes, ont été amplifiées pour plus de clarté.

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Fig. 24 :'La montée de la route Sebaou / Soummam près Fig. 25 : Le fort de Ksar Kebbouch. Cliché _].-P.
d'Ifigha. Cliché J.-P. Laporte. Laporte, 1970. A droite du cliché, deux vaches
Des éléments de pavage et de rigoles obliques avaient été donnent l'échelle.
dégagés par une petite inondation.

Par ailleurs, entre les deux grands forts de Ksar Chebel et Ksar Kebbouch, la partie centrale
est jalonnée par une série de tours carrées de 4 à 6 m de côté. Au nord et au sud de cette crête, on
note 500 mètres plus bas d'importants villages antiques dont l'un a livré une stèle libyco-romaine
montrant notamment des gardes armés de lances1°8. Manifestement, la région n'était pas de tout
repos.

168 Gehimab et Laporte (I.-P.), « Stèles >›, 2014, n° D. 4 : stèle de Tazrout.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 257


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval>›
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

Cette route est ancienne1°9, bien que son aménagement soit encore mal daté.
A Daouark, une tour circulaire de 6 m de diamètre, flanquée de plusieurs milliaires, avait été
restaurée sous Septime Sévère (fig. 26) mais son premier état était très antérieur17°. De cette tour,
située une étude altitude très modérée (500 m), au milieu de montagnes qui dépassent les 1000
mètres on peut voir à travers de deux cols très étroits, d'une part la colonie augustéenne de Rusazus,
d'autre part le fort de ksar Chebel. Il existait une possibilité réelle de signaux lumineux pennettant
de relier deux points distants de plus de 20 km dans un relief très accentué.

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Fig. 26 : La dédicace de la tour de Daouark.
Relevé_].-P. Laporte, sur photographie, _]. Martin, 1970.

Près du fort de Ksar Chebel, et sans doute en relation avec lui, a été découverte une grande
stèle de la fin du II° siècle171, dédicace au génie et au numen du lieu, Petra (fig. 27), pour le salut du
procurateur de Césarienne P. Aelius Classicus, qui vivait sans doute sous Hadrien. Elle a été érigée
par un certain I:-:I I:-:I lius Tyr[annus), tribun, apparemment à l'occasion de travaux (Oper[is) dans
la région
Les deux grands forts marquant les extrémités du tronçon central, Ksar Chebel et Ksar
Kebbouch, ne sont pas datés. On pourrait admettre, sous bénéfice d'inventaire, qu'ils ont été au
moins restaurés sous le praeses de Césarienne Aurelius Litua (290-292), en les rapprochant d'un
fort situé un peu à l'est, dont on connaît la dédicace, mais pas les vestiges.

169 Rappelons que les trois colonies reliées par cette route avaient été fondées par Auguste en déduisant des vétérans
l'une même septième légion, cf Laporte (I.-P.), « Legio VII >›, 2000.
17° CIL VIII, 8991. L'inscription aurait été détruite par des terroristes il y a quelques années.
171 Beghll (S.-A.) et Fevrier (P.-A.), (Nouvelles), 1968, p. 15-14, fig. 1s A.E., 727 ,1970-1969. Meme (1.), Bida,
1969, p. 135-129 : « Une dédicace au Genio Petrae à Ksar Chebel >›.

258 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

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Fig. 27 : Ksar Chebel (Petra).
La stèle d'un centurion pour le salut du procurateur P. Aelius Classicus au Genius Petrae
Clichéj. Martin, dessinj.-P. Laporte, 1970.

En effet, la route de
Saldae (Bougie) à Sitifis, était
elle aussi protégé par un fort, gllllepçllsšclvlllvlll@lllll:-
celui d'Aqua Frigida, près d'une
grande cascade toujours célèbre, glllmlvlllvllllmšlllllwl Qi-_
Kefrida, qui a tout simplement gllcll llll§.llll7c~ llc©N
gardé jusqu'à nos jours le
toponyme antique, à peine
transfonné parla prononciation.
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mais le souvenir en est conservé __ _ _ ___ H J __
par un estampage retrouvé à _-Î
Paris dans la Cgllegfign Rénier Fig. 28 : La dédicace de restauration du fort d'Aqua Frigida. Dessin J.-P.
(fig_ 28) _ Laporte d'après la photographie d'un estampage de la collection Rénier
(Bibliothèque Mazarine).

1” CIL, V111, 20215 = ILS 66s6.Leper1e (1.-1>.), Routes, 2011, p. 71, fig.

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 259


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«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval>›
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

Annexe II : Le Mons Ferratus sur la Table de Peutinger


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Fig. 29 : Le Mons Ferratus sur la Table de Peutinger.

Afin d'illustrer quelques notions de méthode, et notamment celle de << calque >›, nous
donnons ici un extrait relatif au Mons Ferratus d'un travail en cours sur la Table de Peutinger.
L'image résulte en réalité d'une superposition de calques (routes, montagnes, fleuves, peuples),
chacun avec son origine propre.
Le calque << routes >› provient d'un itinéraire routier précisant les étapes et les distances
entre elles. Certaines stations ne sont pas nommées mais indiquées par un simple décrochement du
trait qui représente la route.
Le calque << fleuves et rivières >›, qui ignore le fleuve Sebaou mais figure la Soummam qui se
jette dans la mer près de Saldae, provient d'un document non identifié.
Le calque «montagnes >› provient d'une source précise, soit la Cosmographie de Iulius
Honorius, soit celle d'Aethicus (ou un texte analogue) qui indiquait que le mons Ferratus s'étendait
de Saldae à Rusuccuru, ce qui est exact vu de la mer.
Le calque << Peuples >› mentionnait les Nababes. Sur la Table, ce peuple est situé au sud
du Mons Ferratus, alors que les inscriptions qui les mentionnent ont toutes été trouvées au nord
des crêtes du Djurdjura, mais au sud du Sebaou, et donc de la chaîne côtière. Au lieu d'en tirer la
conclusion que le Mons Ferratus était la médiocre chaîne côtière plutôt que le formidable Djurdjura
proprement dit, mieux vaut penser qu'il s'agit d'une simple erreur d'assemblage de deux des
calques (routes et montagnes) par un auteur qui ne connaissait pas le terrain, et savait simplement
que les Nababes habitaient entre Rusuccuru et Saldae, ce qui est exact, mais se comprenait à quelque
distance de la mer.
Globalemen, le schéma est saisissant, mais inexact pour deux erreurs, vénielles en elles-
mêmes, de superposition de calques.

Note additionnelle
Le Président de séance,A.M' Charek, m'ayantpressé d' exprimerun avis surla communication
de C. Hamdoune sur le Mons Ferratus, je ne peux que confirmer mes doutes (ceci s'appliquant
naturellement à ce qui a été présenté en séance). Si j'ai bien compris, elle réduit le Mons Ferratus à
une étroite bande côtière de 20 km de large à l'ouest de Rusazus (Azeffoun) et d'environ 70 de km
de long jusqu'à l'embouchure de l'oued Isser. Ceci soulève quelques objections :
- Cet espace vital déjà fort réduit le serait encore plus si l'on en défalquait le territoire
des quatre villes romaines situées sur la côte : Cissi, Rusuccuru, l'ensemble Iomnium+Rusippisir,
Rusazus).

260 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

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- A l'est de Dellys/Rusuccuru, les pentes régulières, tant vers la mer que vers le
Sebaou, font de la médiocre chaîne côtière (700 m d'altitude maximale), une véritable << montagne
à vaches, qui n'aurait guère protégé les Quinquegentanei que le Panégyriste de Maximien et de
Constantin qualifie en 307 (c. 6) de <<ferocissimos Mauritaniae populos inaccessis montium iugis et
naturali munitione fidentes >›, << les peuples les plus belliqueux de la Maurétanie, confiants dans leurs
chaînes de montagnes inaccessibles et leurs remparts naturels,
- Cette solution réduit le Mons Ferratus et ses habitants, les Quinquegentanei, à fort
peu de chose. On comprend d'ailleurs bien dans ce cadre la thèse chère à Mme Hamdoune selon
laquelle l'empereur Maximien aurait traversé en 297 toute la Gaule, toute l'Espagne et fait avec son
armée tout le chemin de Tanger àla Kabylie, pour venir cueillir dans cette dernière << des lauriers
faciles >› (sic) alors que ses trois collègues combattaient chacun de son côté des barbares redoutables.
Là encore les textes, si on les analyse tous, et si on les rapproche du terrain réel montrent le contraire.
- On ne voit guère comment Ammien Marcellin (XXIX, 11) aurait pu qualifier
Tubusuptu de oppidum Ferrata contiguum monti, alors que la ville se trouve à près de 50 km à l'est
de Rusazus, bome orientale du Mons Ferratus selon Mme Hamdoune) et en est séparée par des
montagnes escarpées qui ne seraient pas nommées, alors même qu'elles étaient traversées par une
route gardée militairement (voir ci-dessus) , ce qui souligne abondamment l'insêcurité permanente
dans ce secteur.
Pour nous, le Mons Ferratus n'est pas la montagne àvaches et la plaine du bas Isser auxquelles
le réduit la solution présentée en séance par Mme Hamdoune, mais bien l'ensemble du massif
kabyle avec deux zones plus particulièrement fortifiées par la nature, deux véritables forteresses
naturelles (curieusement en dehors du schéma de Mme Hamdoune) :
- d'une part le massif de Larbaa nath Iraten (ex Fort national) avec de nombreux villages
échelonnés sur des crêtes à plus de 1.000 m d'altitude, séparées par des vallées étroites, profondes
de 7 à 800 m, ainsi que le bas des pentes nord et sud du Djurdjura, dont la partie haute (jusqu'à
2.200 m), très enneigée en hiver, est inhabitable, mais pouvait, du printemps à l'automne, servir de
refuge temporaire à la population en cas d'attaque ennemie.
- d'autre part le massif culminant à1.600 m situé à l'intérieur du quadrilatère Rusazus - Bida
-Tubusuptu - Saldae, région au relief tounnenté, où les noms de Yakouren, Adekkar, Djeblaa-Cap
Sigli rappellent quelques mauvais souvenirs à l'année française qui y établit une << zone interdite >›.
Lorsque l'on traite de géographie historique, notamment dans des régions très accidentées
et surtout pour une zone de conflit, il est souhaitable de connaître un peu le terrain, ou à défaut, de

Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval 261


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Note sur le réseau routier de la Maurétanie Césarienne

consulter au moins une fois les remarquables cartes d'État-maj or aisément accessibles, sans oublier
de recueillir les avis de professionnels de la guerre. Pour la Kabylie, on pourra ainsi consulter avec
profit divers ouvrages du XIX° siècle comme les Mémoires du Maréchal Randon qui conquit le
massif de Larbaa nath-Iraten en 1857, ou, pour le XX* siècle, l'histoire de la Guerre d'Algérie.

Abréviations

BAA : Bulletin d'archéologie algérienne.


AntAf: Antiquités africaines.
AnTard : Antiquité tardive.
Carte Salama 2 : voir Collectif, Carte, 2008.
EB : Encyclopédie berbère
Libyca a/é : Libyca archéologie, épigraphie
BSGAO : Bulletin de la Société de Géographie et d'Archéologie d'Oran.
Rev. Af: Revue africaine.

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977-99. au Moyen-Age >›, dans Maghreb et Sahara :
1982 : Les Troupes auxiliaires de l'armée romaine études géographiques oflertes à Iean Despois, De
en Maurétanie Césarienne sous le Haut-Empire, Planhol X. dir., Paris, Société de Géographie,
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1999 : << Septime Sévère, P. Aelius Peregrinus Rogatus Cat 1891 : Essai sur la province de Maurétanie
et la praetentura de Maurétanie Césarienne>›, césarienne, 1891, 314 p.
dans Les Frontières et les limites géographiques de Collectif, 2008 : Carte des routes de l'Est de l'Africa

262 Le réseau routier dans le Maghreb Antique et médiéval


Actes du deuxième colloque international du Laboratoire de Recherche :
«Occupation du sol, peuplement et modes de vie dans le Maghreb antique et médiéval»
Jean-Pierre Laporte

à la fin de l'Antiquité d'après la carte Salama, dossier africain >›, dans La statio. Archéologie
éd. Antiquité tardive, Turnhout, Brepols, 2008. d'un lieu de pouvoir dans l'Empire romain,
Coordination N. Duval, Cl. Lepelley, S. Saint- ed. F. Jérome et J. Nelis-Clément, Bordeaux,
Amans, 346 p. Carte dépliante. Abréviation : Ausonius, 2014, p. 289-306.
Carte Salama 2. 2014b : << La Lex vestis peregrinae dans le tarif de
2014 : La statio. Archéologie d'un lieu de pouvoir Zarai >›, dans Am. Af 50, 2014, p. 111-123.
dans l'Empire romain, ed. F. Jérome et J. Nelis- Kadra , 1983 : Les Djedars, monumentsfunéraires
Clement, Bordeaux, Ausonius, 2014, p. 289- berbères de la région de Frenda, SNED, 1983, 380
306. p. Les planches annoncées àla page 373 n'ont
Dahmani (S.), 1986 : << Essai d'établissement pas paru.
d'une carte des voies de circulation dans l'Est Laporte (J.-P.), 1983 : << Fermes, huileries et
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