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CÂLINE, MA VIE DE CHAT


Michèle ERNOTTE-GELIN

En fait, je suis une fille chat, j’ai deux ans et je suis née, je crois, en juillet 2014 mais ça je ne m’en
rappelle pas.

Je me souviens, par contre, du jour où je suis arrivée chez ma maman. Je vais vous raconter…

Un jour de septembre, j’étais toute petite, je me trouvais toute seule au bord d’une grosse rivière qui
s’appelle la Saône. Personne ne faisait attention à moi, je m’étais perdue ou quelqu’un m’avait
perdue ! J’appelais, je miaulais, mais personne n’entendait. Sauf un pêcheur, il m’a entendue, m’a
prise dans ses mains. J’y tenais toute entière ! Il m’a consolée et m’a ramenée chez lui. Mais dans sa
maison il y avait déjà deux chats bien plus grands que moi, alors il a cherché une maison avec une
maman pour moi.

Et dans la même grande maison il a trouvé une maman qui a bien voulu m’adopter. Elle m’a prise
dans ses mains et j’étais si bien que je me suis pelotonnée dans son cou. Je ne voulais plus bouger. Et,
là, ma nouvelle maman a dit : « je vais t’appeler Câline ». Et voilà, j’avais un nom, une maman et une
maison.

Ma maman vivait seule et, avec mon arrivée, nous n’étions plus seule ni l’une ni l’autre. Sa maison me
paraissait très grande pour ma petite taille alors j’en ai fait le tour et, avec mon petit nez, j’ai senti
partout, partout. Ca sentait bon et j’étais rassurée. Enfin, pas trop car le bruit me faisait peur mais
Maman me prenait dans ses bras et me rassurait. Elle m’a aménagé mon petit coin personnel. Vous
voyez de quoi je parle ? Pour mes petits besoins ! Et elle m’a donné à manger. Humm, je me suis
régalée ! Des petits repas « spécial bébé chat » et du lait aussi, pour remplacer ce que la maman qui
m’avait mise au monde ne me donnait plus. D’ailleurs, je ne sais pas ce qu’elle est devenue…elle avait
dû m’oublier ! Quand le soir est venu, Maman m’a dit que nous allions faire « dodo ». Oui, d’accord,
mais où ?

Et, là, j’ai découvert ce que les humains appellent une chambre : il y avait un grand dodo et Maman et
moi avions bien de la place. Surtout moi ! Alors je me suis installée dans le creux de ses bras et je me
suis endormie très vite. C’est d’ailleurs là que j’ai fait beaucoup de « dodos » tant que j’étais petite.

Et puis, dans ma nouvelle maison, j’en ai découvert des choses que je ne connaissais pas. Et toutes
m’étonnaient ! Une des premières choses fût le panier de Maman, posé parterre entre le radiateur et
le réfrigérateur. Dedans, il y avait des sacs pour les commissions que Maman faisait et, comme il était
à ma portée, j’ai sauté dedans et, cachée à moitié, je regardais autour de moi ce qui se passait. Au
bout d’un moment, je me suis endormie, j’étais bien…C’est là que j’ai fait mes plus belles siestes de
bébé !

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Le soir, Maman et moi allions dans le salon. Je m’installais sur ses genoux et elle regardait un grand
tableau avec des images et des gens qui bougeaient. Moi, je me calais dans ses bras et je finissais par
m’endormir dans sa main…ça vous donne une idée de ma taille ! Ce grand tableau, elle appelle ça la
« télévision ».

Une autre chose que j’ai découverte, c’est une fenêtre ronde dans une machine blanche. Maman
mettait du linge et ça tournait tout seul. Je suis restée longtemps devant à regarder tourner ce drôle
de machin. Maman m’a dit que c’était une machine à laver le linge…bon d’accord mais je voudrais
bien aller voir dedans comment ça marche !

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Et puis il y a eu la salle de bains…Maman y passait du temps tous les jours, elle faisait couler de l’eau
sur elle, puis de la mousse, et encore de l’eau. Ca sert à quoi tout ça ? Mais j’ai compris, après elle
sentait bon et elle était plus jolie !

Et comme je la regardais faire, Maman a eu une drôle d’idée. Elle m’a dit : « je vais te donner une
douche aussi car je ne sais pas si tu es bien propre ! ». Alors j’y ai eu droit aussi…quelle aventure ! Ca
ne m’a pas tellement plu mais, après, moi aussi je sentais bon ! Heureusement, je n’y ai pas eu droit
trop souvent, à la « douche ». Pour les mamans c’est bien mais, pour les chats, ce n’est pas terrible !

Voilà, c’est comme ça que s’est passée ma première semaine dans mon nouveau « chez moi ».
Maman n’est pas sévère du tout avec moi et je la fais bien rire. J’aime bien ça !

Maman a une amie dans la grande maison, juste au-dessus de chez nous, et, chez elle, il y a trois
chattes plus grandes que moi et une petite chienne avec de grands poils, presque de la même couleur
que moi. Maman a tenu à nous présenter les unes aux autres. Je n’étais pas rassurée, mais bon !

La première rencontre a eu lieu un après-midi chez nous, Maman et moi ou, plutôt, chez moi et
Maman ! Quand j’ai vu Hizi, c’est le nom de la petite chienne, j’ai vite compris qu’on allait bien jouer
toutes les deux, et ce fût le cas…Mais Hizi, elle, savait sauter sur le canapé et, moi, pas encore. Alors il
fallait qu’on me porte et là nous avons fait nos « fofolles » pendant un grand moment. A tel point que
nos mamans ne savaient plus qui était où, de quel côté étaient la tête ou la queue, car nos couleurs
se confondaient.

Un autre jour c’est Maman qui est allée chez son amie et, comme les bruits me faisaient peur, elle
m’a emmenée dans son panier. Il est devenu mon moyen de transport favori, car Maman avait mis
dedans un « doudou », une petite couverture très douce où j’adore me coucher !

Chez son amie ou « Tata », car c’est comme ça qu’on l’appelait, j’ai vu les trois chattes mais elles
étaient grandes et je ne les intéressais pas beaucoup. Mais ma copine Hizi était là, alors c’était
chouette !

Et puis, bien sûr, j’ai commencé à grandir. Quand j’ai eu trois mois, un jour en prenant mon élan, j’ai
réussi à grimper sur le canapé. Et puis le fauteuil…et je grimpais sur tout ce qui était à ma hauteur !

Mais j’étais un peu maladroite et les bêtises sont arrivées en même temps. Je le sais car, pour la
première fois, je me suis fait gronder par Maman…Bien sûr, j’ai renversé des jolies petites choses
auxquelles Maman tenait. Mais ce qui m’attirait le plus, c’était toutes ces jolies feuilles vertes dans
des pots. Certaines avaient de très jolies fleurs. Cela s’appelle des plantes vertes et des orchidées et
Maman les aimait beaucoup. Elles étaient sur le rebord des fenêtres. C’était haut quand même…donc
il fallait que je trouve un moyen d’y arriver !

Et, hourra, un jour j’ai trouvé…la poubelle pas loin de la fenêtre… alors là, j’ai regardé autour de moi…
personne à l’horizon, Maman était occupée dans une autre pièce… donc un premier bond, un peu
d’élan, un second bon et voilà, j’y étais !

J’ai goutté les premières feuilles, pas mauvais. J’en ai goutté plusieurs et puis, je ne sais pas ce qu’il
s’est passé, mais il y a eu un grand bruit et la belle orchidée de Maman était parterre…j’ai eu une

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sacrée peur, je me suis cachée derrière le fauteuil ! Mais Maman est vite arrivée et là, mes amis, elle
a d’abord crié puis m’a attrapée sous le fauteuil et j’ai eu ma première fessée avant que Maman
m’explique : « Câline, ça c’est défendu, tu ne dois pas toucher aux plantes c’est bien compris ?
VILAINE ! ». Bon ce que j’ai surtout compris c’est que Maman était fâchée !

Et puis la vie a repris son cours. J’ai joué, sauté, mangé et dormi dans les bras de Maman, donc elle
m’aimait toujours…ouf !

Dans mes prochaines découvertes il y a eu ce tableau avec des gens qui bougeaient dedans. Alors je
suis grimpée sur la table où était ce « téléviseur ». J’ai essayé de les toucher mais ça n’avait pas l’air
de les gêner plus que ça. Alors je suis allée voir derrière et, oh !, il n’y avait personne donc impossible
de savoir d’où ils venaient. Je me pose encore la question !

Pas trop longtemps car je venais de trouver une autre occupation : Maman tricotait et, dans son
panier, il y avait des boules de couleur toutes douces qui bougeaient au fur et à mesure que les mains
de Maman bougeaient. Et j’ai vu un petit bout de laine qui sortait de la corbeille, je l’ai attrapé du
bout de mes petites dents et je suis partie sans faire de bruit avec ma laine qui me suivait partout. J’ai
ainsi fait un tour entre les chaises, la table et je me suis couchée pour jouer avec ma « petite
laine »…et, là, Maman m’a vue…catastrophe ! J’ai tout lâché et je suis allée derrière mon fauteuil,
encore une fois !

J’entendais bien que Maman parlait fort en enroulant ma « petite laine », en fait la sienne…je n’ai pas
bougé mais elle m’a trouvée sans problème et là, pan ! Une claque sur mes petites fesses et elle m’a
encore appelée VILAINE. Décidément…Pourquoi y a-t-il des interdits partout ?

Je savais que Maman avait d’autres personnes que moi dans sa vie car je voyais des photos de grands
messieurs, des petits, sûrement des enfants. Maman disait mes fils et mes petits-enfants mais, eux, ils
étaient loin et, moi, j’étais là avec elle. Quand je n’étais pas vilaine, elle me prenait dans ses bras pour
des gros câlins. Je vous rappelle que je m’appelle Câline, ce n’est pas un hasard ! Quelques fois, elle
me dit : « viens Amour de ma vie », c’est vous dire si, elle et moi, on s’aime !

Bon, revenons à mes découvertes. Après la laine, que j’ai d’ailleurs fini par manger un jour, il y a eu
les élastiques. Alors ça, on peut dire que cela m’a occupée un grand, grand moment. Maman les
accrochaient après le dossier d’une chaise et moi, avec ma patte, je tirais dessus et hop ! Je lâchais et
l’élastique sautait ! Je courais après et il sautait encore, drôle de truc cet élastique !

Finalement, on en retrouvait un peu partout dans la maison car ils sautaient souvent dans des
endroits que je ne trouvais pas. Et je les oubliais…

Jusqu’au jour où le goût de l’élastique m’a plu et je l’ai mangé. Mais Maman l’a vu et fini les
élastiques…ce qui ne m’a pas empêché d’en chercher ailleurs et d’en trouver quelques fois, surtout
quand ils étaient autour d’un objet appartenant à Maman, je n’avais de cesse d’arriver à les attraper !
Oui je suis un peu têtue, quand je veux quelque chose, je ne lâche pas facilement l’affaire !

Je grandissais toujours et je voyais des choses différentes chaque jour, et des goûts différents aussi
car, quand Maman se mettait à table, elle me faisait goûter tout ce qu’elle mangeait. Ainsi, j’ai

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découvert les crevettes, le saumon, le beefsteak haché, le fromage blanc. Mais je n’aimais pas ce que
Maman mangeait sucré, pouah !!

Lorsque j’ai eu environ quatre mois et demi, je me suis aperçue qu’il se préparait une chose que je
n’avais encore jamais vue : la préparation de Noël !

Maman a posé des cartons dans la grande pièce et certains étaient bien fermés et, d’autres, un peu
ouverts. Alors, bien sûr, je suis allée voir…dedans il y avait des couleurs, des objets rouges, une petite
maison et des petits, tous petits bonhommes. Et Maman a déplié un arbre dans la maison, pas très
grand mais pour moi il l’était ! Où allait-elle le mettre ? Et pourquoi un arbre dans la maison ?

Maman a dit : « c’est le sapin de Noël, Câline. Tu ne dois pas sauter dedans, compris ? » Oui, j’ai
entendu mais compris, pas sûr ! Comme Maman s’est doutée que je n’obéirais pas, elle a posé le
sapin en hauteur sur un petit meuble. Et on a ouvert tous les cartons, super !

J’ai compris ce qu’était Noël : une période de jeu pour moi ! Il y avait des guirlandes de couleur, celles
que je préférais étaient les rouges. Mais il y en avait des dorées et des argentées. Il y avait aussi des
boules, elles étaient très jolies et m’attiraient beaucoup. Il y avait aussi des étoiles et des petits
bonhommes et surtout un, tout rouge, plus grand que les autres, et qui s’appelle le Père Noël. Cela a
pris un bon moment pour décorer ce sapin et, au bout du compte, Maman s’est reculée, elle a
regardé et a dit : « C’est joli, n’est-ce pas Câline ? » Oui, je trouvais cela pas mal, mais j’avais surtout
envie de jouer avec !

Après la décoration du sapin de Noël est arrivé le moment de placer cette drôle de maison, la crèche,
avec tous ses petits bonhommes. Oh la la, je me préparais une bonne partie de jeu ! Maman
cherchait un endroit sûr et à l’abri mais, pas la peine, j’avais déjà repéré par où passer pour aller jouer
avec !

Et oui, le petit meuble où étaient disposés tous les décors de Noël n’était pas loin de la table et,
autour de la table, il y avait bien sûr au moins une chaise à ma portée. Donc, en deux sauts j’étais sur
mon aire de jeu ! Je n’y suis pas allée tout de suite, j’ai laissé passer un certain temps. En fait j’ai
surtout attendu que Maman ai tout rangé et ne soit plus dans la pièce…pas folle quand même, car je
me doutais bien que cela faisait parti des interdits, mais c’était trop tentant !

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Alors ce qui devait arriver arriva…j’ai sauté, l’arbre de Noël a basculé, les petits bonhommes de la
crèche sont tombés parterre, et devinez ce qui m’est arrivé ? Une fessée ! Je crois que celle-ci je
l’avais bien cherchée ! En général quand Maman me donnait la fessée, j’allais dans mon doudou et je
dormais un bon moment. Histoire que l’orage passe, comme disent les grands.

Au bout de plusieurs jours (je ne sais pas combien, car je ne sais pas compter vu que je suis une
chatte), Noël est arrivé et des gens aussi sont venus. Maman avait mis des jolis paquets sous l’arbre,
enveloppés avec des papiers de couleurs. C’était vraiment joli et puis il y en avait un pour moi, c’est
Maman qui me l’a dit. Mais il fallait attendre que vienne ce vieux monsieur habillé de rouge, le Père
Noël !

Pendant que Maman préparait la table, est arrivé un de ses fils avec trois enfants, les petits-enfants
de Maman. Mais il avait une grosse voix et, chez nous, personne n’a une voix comme celle-là alors j’ai
eu très peur et je suis allée me cacher. Ils ne m’ont pas trouvée avant un grand moment et je n’allais
sûrement pas risquer une sortie !

Et puis il y avait les enfants. Ils couraient partout, ils riaient fort et moi j’avais de plus en plus peur.
Maman a compris que je vivais un enfer…elle m’a mise dans le panier et m’a emmenée chez Tata, au-
dessus, où c’était nettement plus calme et où il y avait mon amie Hizi ! Quel bonheur, quelle gentille
maman. Elle a dit à Tata qu’elle reviendrait me chercher le soir pour faire dodo, j’étais sauvée !

Et le manège a duré 10 jours, tout le temps des vacances des petits-enfants de Maman. Après cela,
tout est rentré dans l’ordre. Que voulez-vous, moi j’aime le calme et la sérénité, comme Maman.

Il y a eu un autre évènement important dans ma vie. Quand j’ai eu six mois, Maman et moi sommes
allées chez un docteur pour chats appelé vétérinaire. Une dame gentille mais je n’étais quand même
pas rassurée… Maman et elle parlaient de choses que je ne comprenais pas. Ce qui est sûr c’est que
c’est de moi qu’il était question. La dame a dit à Maman : « Vous me la laissez et vous revenez la
chercher vers la fin de la journée ». Première séparation d’avec ma maman…elle m’a fait un bisou et
est partie.

Me voilà donc seule avec la dame qui me caressait, et j’ai senti quelque chose qui me piquait le cou.
Et après, plus rien, j’ai dû faire un gros dodo ! Quand je me suis réveillée, j’avais un pansement sur
mon « bidou », mon ventre si vous préférez, et j’avais du mal à me tenir debout. Et puis Maman est
venue me chercher et, là, j’allais beaucoup mieux ! Je venais d’avoir une petite opération, un peu
comme vous quand vous avez mal au ventre et que l’on vous enlève l’appendice.

Mais moi, l’intrépide, ce pansement me gênait. Je l’ai à moitié mangé, alors j’ai eu droit a une
collerette horrible pendant 10 jours et ce n’est pas drôle, moi je vous le dis ! Je me cognais partout, je
n’arrivais pas à manger et, pour boire, Maman me faisait boire avec une pipette. Je n’avais qu’une,
idée, enlever ce truc !! Mais il a fallut attendre et la délivrance est arrivée et, moi, j’étais en pleine
forme !

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Et ma petite vie tranquille reprit son cours…mes découvertes aussi, eh oui, je n’avais pas tout
inventorié dans la maison. Par exemple dans la salle de bain, il y avait une baignoire et un lavabo. Il
fallait que je constate par moi-même si je pouvais jouer dedans. J’ai commencé par le lavabo : c’était
pas mal, on aurait dit un berceau. Et il y avait un robinet où, si je tapais dessus avec ma patte, il
coulait une goutte d’eau. Super ce truc !

Mais la baignoire, par contre, elle m’a posé des problèmes…pas pour sauter dedans mais pour en
ressortir ! Il n’y avait rien pour m’agripper et je glissais au fond chaque fois que j’essayais de monter.

Au bout d’un moment, ne me voyant plus, Maman m’a cherchée et trouvée, toute penaude, dans le
fond de ma baignoire. Avec son aide, j’en suis vite sorti. Mais peu de temps après, j’y suis
retournée…voir si ça allait mieux se passer ! Et bien non…pareil ! Besoin de Maman pour sortir !

J’avais maintenant bien grandi et j’étais devenue habile et autonome, c'est-à-dire que je pouvais faire
tout ce qui me passait par la tête, toute seule, sans l’aide de personne.
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Maman disait que j’étais kamikaze. Pourtant, dans la maison, il y avait quelque chose qui me faisait
très peur. C’était l’aspirateur…et Maman l’utilisait souvent ce truc affreux ! J’avais peur qu’il m’avale.
Allez savoir, je ne savais pas de quoi il était capable ! Kamikaze peut-être mais peureuse aussi !!!

Un jour j’ai découvert l’extérieur et cela m’a beaucoup plu. Une fenêtre était entrouverte et la maison
donnait sur une cour fermée. Une fois sur le bord de la fenêtre, je me suis aperçue que je pouvais
sauter et me retrouver à l’air libre, là où il y avait beaucoup de plantes et de fleurs : j’allais pouvoir
me faire une petite salade !

Mais une fois que j’ai eu exploré la cour et tous ses recoins, s’est posée la question du retour à la
maison. Comment faire ? Et Maman, elle était où ? Alors là j’ai eu peur et j’ai essayé de me cacher car
j’entendais des bruits que je ne connaissais pas.

Au bout d’un moment, j’ai entendu que Maman m’appelait, elle me cherchait…mais comment lui dire
que j’étais dans la cour ? Même en miaulant elle ne m’entendait pas et ça a duré un moment qui m’a
paru une éternité. Soudain, la porte de la cour s’est ouverte et j’ai vu arriver ma maman, j’étais
sauvée. Si on veut car, en même temps, je craignais la fessée…je savais que je venais de faire quelque
chose d’interdit. Et ce qui devait arriver arriva : PAN ! Une fessée et VILAINE !! Mais, en plus, j’ai été
punie, enfermée dans la chambre un bon moment, il ne me restait plus qu’à faire une sieste. De toute
façon j’avais sommeil après toutes ces émotions !

Après cela je suis restée gentille quelques jours. Sauf qu’une fois c’est par la porte d’entrée que j’ai
filé. Mais, là, j’ai eu trop peur et je me suis arrêtée net au milieu du trottoir. Maman aussi a eu très
peur, donc vous devinez la suite…PAN…

Ce que j’aimais beaucoup c’était les sacs. Quand Maman revenait de faire les courses, je montais
dedans et elle me promenait comme ça dans toute la maison ! J’adorais cela et les cartons aussi. En
fait, partout où je pouvais me glisser et être à moitié cachée !

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En début d’année suivante il y a eu un grand bouleversement dans nos vies. Nous avons quitté notre
maison du bas pour aller vivre au-dessus avec Tata, les chattes et Hizi…quel bazar un
déménagement ! Maman et Tata n’arrêtaient pas de faire des allers-retours, j’avais peur que Maman
m’oublie dans tout ça, mais non ! Maman nous a refait une jolie chambre et en plus j’avais des sœurs
et Hizi ! Et aussi quand Maman partait, j’avais Tata qui restait à la maison. Pourtant il y un jour ou j’ai
senti que quelque chose de bizarre se préparait : dans notre chambre il y avait une valise sur le lit,
première fois que je la voyais celle-là. Et Maman ne disait rien…

Et bien sûr, je suis allée dans la valise où j’ai bien reconnu l’odeur : c’était celle de Maman. Alors elle
m’a expliqué que c’était pour mettre quelques vêtements, qu’elle allait partir un peu, que je ne serais
pas toute seule, qu’il y avait Tata et mes sœurs qui restaient à la maison et que, bien sûr, elle allait
revenir, que j’étais toujours son bébé…bla…bla…bla… Moi, le discours ne m’a pas plu du tout. Ce que
j’ai retenu, c’est qu’elle allait partir sans moi ! J’étais triste et elle voulait que je lui fasse des bisous, et
bien non ! Pas envie ! Et je me suis couchée dans la valise sur ses habits, voilà !

Le jour de son départ est arrivé et je suis restée…Tata était très gentille avec moi mais je voulais ma
maman…Alors j’ai fait des bêtises pour me faire remarquer, j’avais peur d’être oubliée, abandonnée.
Tata avait aussi des belles orchidées et je leur ai fait leur fête. Et pan, devinez quoi ? Fessée !

Alors j’ai cherché d’autres choses à faire qui, bien sûr, étaient interdites en temps normal ! Le soir,
Maman téléphonait et Tata lui racontait mes exploits…après tout ce n’était pas ma faute, ma maman
me manquait. Mais elle est revenue. Le temps m’a paru long mais, ça y est, elle était là ! Et, bien sûr,
elle a voulu me prendre dans ses bras pour avoir des bisous mais, moi, pas d’accord ! Alors je l’ai
repoussée avec mes pattes sur les épaules et elle a dû attendre un bon moment avant que j’accepte
un câlin. Il fallait bien que je lui montre, à ma manière, que je n’étais pas contente après elle ! Et puis
elle a reposé cette valise sur le lit, mais ouf ! Elle l’a vidée et rangée donc elle restait. Alors nous
n’étions plus fâchées !

Oh ! il faut que je vous raconte une de mes grosses grosses bêtises : ce soir là nous avons toutes eu
très peur, moi la première, mais il a quand même fallu que je le fasse. Je vous explique : je vous ai dit
que maintenant nous habitions au premier étage et toutes nos fenêtres donnaient sur la cour. Au
fond de la cour il y avait un mur qui donnait chez les voisins, du moins dans leur jardin, et depuis la
chambre de Tata, avec un peu d’élan, il était possible de sauter sur le mur. Alors je l’ai fait… mais une
fois sur le mur je ne pouvais plus remonter, c’est beaucoup plus compliqué ! Alors j’ai miaulé mais je
n’ai jamais su miauler très fort et, à la maison, personne ne m’entendait…

Au bout d’un moment qui m’a semblé être une éternité, j’ai entendu Maman qui me cherchait et
comme dans la maison j’avais des cachettes un peu partout, Maman les a toutes explorées mais en
vain. Pas de Câline à l’horizon… J’entendais que Maman commençait à paniquer et Tata qui essayait
de la rassurer en lui disant que je ne pouvais pas être bien loin ! Mais jusque là personne ne se
doutait que j’étais sur le mur, dehors, toute seule dans le noir. Puis avec une lampe elles ont
commencé à explorer l’extérieur et, là, Tata m’a aperçue sur le mur. Mais la peur que j’avais m’a fait
sauter du mauvais côté du mur ! Alors Tata, ni une ni deux, a fait un échafaudage de fortune et s’est
hissée jusqu’en haut du mur et, doucement, elle m’a appelée. Quand, enfin, je l’ai reconnue et que
j’ai senti que j’étais sauvée, je suis venue vers elle, elle m’a attrapée comme elle a pu. Car n’oubliez
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pas qu’elle était, elle aussi, en équilibre sur le mur, que Maman tenait l’échafaudage en bas et qu’il
faisait nuit !

Une fois dans les bras de Tata, j’ai réalisé que j’étais sauvée et puis, en bas, Maman m’attendait. Tout
le monde était tellement soulagé que, finalement, elles ont oublié de me gronder. Mais, vous pouvez
me croire, je ne sauterais plus jamais sur ce mur, promis !

De toute façon, à cause de mon exploit, la porte de la chambre de Tata est fermée quand la fenêtre
est ouverte et vice versa. Disons que, pour moi, l’entrée est très surveillée ! Cela a été une de mes
plus grandes frayeurs ! Mais, rassurez-vous, des bêtises j’en ai fait d’autres, moins grosses mais
quelques fois c’est plus fort que moi. Comme dit Maman : « Elle est jeune encore, elle va bien finir
par se calmer ! ».

Je suis très curieuse, il faut que je voie tout ce que font Maman et Tata. Quand elles cousent, je suis là
sur la table, je vérifie tout…Quand elles brodent aussi…quand elles bricolent…enfin, finalement, je
suis partout où elles sont. Qui sait, elles peuvent avoir besoin d’aide !

Je continue de grandir, bientôt deux ans…nous déménageons pour revenir en ville. Nous avons un
très bel et grand appartement avec un grand espace pour nous, mes sœurs et moi et Hizi. Et j’ai
découvert les oiseaux car, depuis notre balcon, je vois le parc et, là-bas, des gros oiseaux appelés
pigeons. Et ils n’ont même pas peur. Mais, maintenant, ils m’énervent un peu car ils viennent sur mon
balcon, l’air de rien, et moi je suis là, impuissante. Je les trouve sans gêne quand même !

Alors, bien entendu, il fallait que je voie ces drôles d’oiseaux de plus près. Et, pour cela, j’ai réussi à
me glisser derrière les moustiquaires qui avaient été installées aux fenêtres donnant sur la rue. Donc
grondée, fessée et tout et tout…

Maintenant j’ai deux ans et la dernière que je vais vous raconter, c’est une escapade que j’ai fait mais
pas de ma faute, pour une fois…

Cet été il a fait très chaud et le soir, pendant que Maman et Tata regardent la télé, mes sœurs et moi
prenons le frais sur le balcon. A la fin de la journée, nous rentrons lorsque Maman et Tata nous
appellent et moi, bien sûr, je traîne. Je me cache derrière un pot de fleur…les fenêtres et les volets se
ferment et tout le monde va se coucher. Tata avec Hizi, Maman dans sa chambre et nous, les chattes,
nous traînons dans la maison, nous jouons encore un peu. Maman a l’habitude, je viens faire dodo
plus tard, je suis grande maintenant.

Mais moi, ce soir là, j’étais dehors et tout le monde dormait. Que faire ? Impossible de rentrer. Alors
j’ai essayé de trouver une issue qui me rapprocherait de Maman.

Nos balcons sont en quinconce alors j’ai sauté d’un balcon à l’autre. Du troisième étage jusqu’au rez-
de-chaussée. Je ne trouvais pas d’entrée. Bien sûr, je n’avais jamais été dehors ! Alors j’ai trottiné
autour de l’immeuble et je me suis retrouvée devant. Je crois que j’ai reconnu la voiture de Maman
mais, bien sûr, elle n’était pas dedans puisqu’elle dormait.

En face des voitures, il y avait des buissons alors je me suis réfugiée dedans et j’ai attendu le jour. Ca
m’a paru une éternité. Et puis enfin, le matin et Maman qui appelle : « Câline, Câline, vient c’est

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Maman ». Mais j’étais terrifiée alors au lieu de venir vers Maman, je suis partie plus loin. Une jeune
fille de l’immeuble, depuis son balcon, m’a aperçue. Elle est venue aider Maman mais j’avais si peur
que je ne me montrais pas et, au bout d’un grand moment, je suis montée sur un muret. Et là Maman
m’a vue, elle est venue doucement et m’a prise dans ses bras. Je tremblais, elle aussi…elle m’a serrée
très très fort et m’a dit : « Amour, j’ai eu si peur, je croyais t’avoir perdue, je suis si heureuse que tu
sois là, viens ma Câline, nous rentrons à la maison ».

Il m’a fallu un bon moment pour me remettre de ma peur et Maman aussi. Mais j’ai bien compris
qu’elle m’aimait très fort, et moi aussi je l’aime.

Maintenant que Câline vous a raconté sa vie de petite chatte, moi, sa maman, je vais vous dire tout ce
que représente Câline pour moi. Elle est arrivée dans ma vie à un moment où les miens, enfants et
petits-enfants, étaient loin de moi. Et ce petit être est venu combler ce manque affectif que j’avais
dans mon cœur. Elle et moi avons échangé tout cet amour dont nous avions besoin l’une et l’autre.

Câline n’est jamais loin de moi, elle regarde toujours où je suis lorsqu’elle ne dort pas, car c’est une
grosse dormeuse. D’ailleurs, à ce sujet, elle a sa place dans ma chambre, ou plutôt devrais-je dire
notre chambre. Oui, sa panière est au-dessus de l’armoire, en face de mon lit. Car mademoiselle aime
voir les choses de haut. Donc, dans la journée elle dort sur l’armoire mais, le soir, quand elle a
terminé sa ronde, c’est près de moi qu’elle vient dormir. En veillant bien à être calée le long d’une de
mes jambes. Il faut qu’elle me sente très près d’elle, et nous nous endormons paisiblement. Par
contre le matin, quand Câline décide que nous avons assez dormi, elle me réveille doucement en me
touchant la joue ou le nez avec sa patte jusqu’à ce que j’ouvre les yeux et que je comprenne que, soit
on joue, soit on se lève. C’est bien connu, ce n’est pas le chat qui habite chez vous, c’est vous qui
habitez chez votre chat ! Et Câline et moi ne dérogeons pas à la règle !

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Sachez mes chers enfants, vous qui lisez cette petite histoire, qu’une petit chatte ou tout autre petit
animal peut vous rendre tout l’amour que vous lui donnez. Alors, surtout, ne faîtes jamais de mal aux
animaux. Aimez-les et ils vous aimeront.

Michèle

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