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ENVELOPPE SPHÉRIQUE SOUMISE À UNE PRESSION INTÉRIEURE

On considère une enveloppe sphérique, homogène, de rayon intérieur a, 1 Analyse élastique


de rayon extérieur b. Le matériau qui la constitue est élastique parfaitement
plastique, à élasticité linéaire isotrope, ayant pour critère de plasticité le 1.1 Donner la solution (champs des contraintes et des déplacements) en
critère de von Mises ou celui de Tresca. élasticité.
Partant de l’état initial naturel, on soumet cette sphère à une pression Le volume étudié est à symétrie sphérique, constitué d’un matériau
intérieure normale uniforme p que l’on fait croître à partir de 0 (Fig.1).
homogène et isotrope ; les conditions aux limites possèdent aussi la
symétrie sphérique. On est donc amené à chercher une solution du
problème dans un système de coordonnées sphériques r, θ, φ, tel que
b les champs de déplacement, de contrainte et de déformation soient
P respectivement de la forme :
ur = h(r) uθ = uφ = 0
σrr = f1 (r) σθθ = σφφ = g1 (r) σrθ = σrφ = σφθ = 0
a
εrr = f2 (r) εθθ = εφφ = g2 (r) εrθ = εrφ = εφθ = 0
dσrr 2
Les équations d’équilibre se réduisent à : + (σrr − σθθ ) = 0
dr r
Les conditions aux limites statiques ont la forme :
Figure 1 : Géométrie et chargement appliqué à la sphère sous pression
σrr (r = a) = −p, σrr (r = b) = 0
dur
Les équations cinématiques ont la forme : εrr = , εθθ = urr
dr
La loi d’élasticité de Hooke donne :

a
c Eεrr = [σrr − 2νσθθ ] Eεθθ = [σθθ (1 − ν) − νσrr ]

En remplaçant les déformations par leur expression en fonction des


b déplacements, on obtient pour les contraintes les relations suivantes,
λ désignant le coefficient de Lamé (λ = Eν/(1 − 2ν)/(1 + ν)) :

λ λ dur ur
   
dur ur
σrr = (1 − ν) + 2ν σθθ = ν +
Figure 2 : Progression de la zone plastique à partir de la surface intérieure ν dr r ν dr r

En substituant ces deux relations dans les équations d’équilibre, on


2
obtient l’équation différentielle suivante : 1.2 Déterminer la charge limite d’élasticité Pe de la sphère sous pression
pour les critères de von Mises et Tresca.
d 2 ur 2 dur 2 Le critère de plasticité de Tresca, comme celui de von Mises, est
+ − 2 ur = 0
dr2 r dr r indépendant de la pression moyenne. On peut donc l’écrire en
soit remplaçant le tenseur σ ∼
par la somme de σ∼
et d’un tenseur sphérique.
Ici, si l’on ajoute à σ
 
1 2  le tenseur −σθθ∼I, on obtient un tenseur uniaxial,
r ur ,r =0 ∼
r2 ,r
d’unique composante non nulle σrr − σθθ . D’après les formules
précédentes, tant que l’enveloppe sphérique reste élastique, on a :
C2
La solution de cette équation est : ur = C1 r + 2
r 3 a 3 b3
En remplaçant la valeur de ur dans les expressions précédentes, on σrr − σθθ = − p
2 b3 − a3 r 3
obtient :
λ Le critère de plasticité est atteint lorsque (σrr − σθθ ), fonction
 
C2
σrr = (1 + ν)C1 − 2(1 − 2ν) 3
ν r décroissante de p, devient égale à la limite d’élasticité −σy en
compression simple. Le premier point plastique apparaît donc en
λ
 
C2
σθθ = (1 + ν)C1 + (1 − 2ν) 3 r = a et lorsque la pression p atteint la valeur Pe , limite d’élasticité
ν r initiale de la sphère sous pression :
Les constantes C1 et C2 s’obtiennent à partir des conditions aux
a3
 
2
limites : Pe = 1 − 3 σy
1+ν 3 b
σrr (r = b) = 0 ⇒ C2 = b3C1
2(1 − 2ν)
1 − 2ν a3 2 Analyse élasto-plastique
σrr (r = a) = −p ⇒ C1 = p
E b3 − a 3
2.1 Donner la solution (champs des contraintes et des déplacements) en
Finalement, on obtient : élasto-plasticité. Vérifier que la zone plastique se développe à partir
a3
 3
b
 de la face interne de la sphère creuse (Fig.2). Donner la relation
σrr = − 3 −1 p entre le rayon de la zone plastique c et la pression p. Déterminer la
b − a3 r3
pression limite conduisant à la rupture par déformation excessive,
Pp .
a3
 3 
b
σθθ = σφφ = 3 +1 p Lorsque la pression interne p croît au-delà de la valeur Pe , comme
b − a3 2r3
le premier point plastique est apparu sur la face intérieure de
a3 b3 p
 
l’enveloppe, il est normal de supposer qu’une zone plastique se
ur = 3 (1 − 2ν)r + (1 + ν) 2
b − a3 2r E développe à partir de cette face, et occupe un volume a < r < c, où c
est une fonction de p. La zone c < r < b est alors élastique. Le vecteur
3
contrainte sur une facette normale à l’axe r prend la même valeur Finalement, dans la zone plastique, on trouve :
dans la zone élastique et dans la zone plastique, à la traversée de la
surface r = c. Sur cette surface la contrainte normale est alors égale 2

c c3

en valeur absolue à la limite d’élasticité initiale d’une sphère creuse σrr = − σy 1 + 3 ln( ) − 3
3 r b
de rayon intérieur c, de rayon extérieur b, soumise à une pression
interne, soit :
c3
 
2 c3
σrr (c) = − 1 − 3 σy
 
2 1 c
3 b σθθ = σy − 3 ln( ) + 3
3 2 r b
Les contraintes dans la zone élastique sont donc données par les
équations précédentes dans lesquelles on remplace a par c et p par Ces contraintes dépendent du paramètre c, dont il faut donc
−σrr (c) ; dans cette zone : déterminer l’évolution en fonction de la pression p. Dans la zone
plastique, pour r = a, on a :
2 c3 b3
 
σrr = − 3 − 1 σy
3b r3   c  c3 
2
σrr (r = a) = −p ⇒ p = σy 1 + 3 ln − 3
2 c3 b3
 
3 a b
σθθ = 1 + 3 σy
3 b3 2r
2 c3 b3 La transformation de la sphère étant supposée infinitésimale, a et b
 
ur = (1 − 2ν)r + (1 + ν) σy sont des constantes. La dérivation de p par rapport à c donne alors :
3E b3 2r
Etudions maintenant la zone plastique a < r < c. Pour y déterminer
c3
 
les contraintes, on dispose des équations d’équilibre et du critère de d p 2σy
= 1− 3
plasticité, vérifiés en tout point, soit : dc c b
dσrr 2
+ (σrr − σθθ ) = 0 Ce terme est toujours positif. Le rayon c de la zone plastique croît
dr r
donc constamment avec p ; ce résultat est cohérent avec l’hypothèse
σrr − σθθ = −σy que nous avons faite que la zone plastique se développe à partir de
En combinant ces deux équations, on obtient successivement : la face interne de la sphère creuse. Le rayon extérieur de cette zone
dσrr 2 atteint la valeur b lorsque p atteint la pression limite Pp :
− σy = 0, , σrr = 2σy ln(r) +C3
dr r
La détermination de la constante d’intégration C3 s’effectue en r = c,  
en utilisant la continuité de la composante σrr : b
Pp = 2σy ln
a
c3
 
2
2σy ln(c) +C3 = − 1 − 3 σy
3 b
4
2.2 Déterminer les déformations plastiques et leurs vitesses. et les déformations élastiques calculées en utilisant les formules
S’il est possible, à partir de la solution en contrainte obtenue donnant les contraintes. Les seules composantes non nulles sont :
à la question précédente de construire, en utilisant la loi de
c3
 
2σy
comportement, un champ de déplacement qui soit compatible avec εrr =
p
(1 − ν) 1 − 3
E r
les liaisons (cinématiquement admissible), la solution trouvée est
unique. σy c3
 
Conservant l’hypothèse de symétrie sphérique, on calcule le εθθ = εφφ = −
p p
(1 − ν)(1 − 3 )
E r
déplacement radial dans la zone plastique. Comme la déformation
plastique ne produit pas de variation de volume du matériau, cette Comme c est une fonction croissante de p et que le trajet de
variation n’est due qu’à la partie élastique de la déformation, soit : chargement étudié est par hypothèse à «p croissant», on peut
choisir c comme paramètre de chargement. Le tenseur de vitesse de
1 − 2ν déformation est du type compression simple :
εrr + 2εθθ = [σrr + 2σθθ ]
E p
dεrr 6σy c2
On obtient donc ainsi l’expression de la composante radiale du ε̇rr
p
= =− (1 − ν) 3 < 0
dc E r
déplacement :
1 p
ε̇ττ
p
= ε̇φφ
p
= − ε̇rr
dur ur 2(1 − 2ν) c c3 2
+2 = − σy [3 ln − 3]
dr r E r b
c3
    
C4 2(1 − 2ν) c 1 2.3 Que se passe-t-il si l’on effectue le trajet de charge suivant :
ur = 2 − rσy ln + 1− 3
r E r 3 b 0 → pm (pm > Pe ) → 0 → pm (pm > Pe ) ?
En utilisant le fait que le déplacement radial est continu à la traversée Si l’on a soumis une sphère creuse à une pression interne
de la surface r = c, on peut déterminer la constante d’intégration : Pm > Pe , et qu’on la décharge jusqu’à p = 0, les contraintes
σy 3 résiduelles, présentes après cette décharge, seront égales à la
C4 = (1 − ν) c différence entre les contraintes calculées en élasto-plasticité et la
E
solution élastique correspondant à un chargement −Pm . On obtient
On obtient finalement dans la zone plastique : alors un champ de contraintes résiduelles σ∼
r :

– dans la zone plastique (a < r < c) :


σy c3 2  c  c3 
 
ur = r (1 − ν) 3 − (1 − 2ν) 1 + 3 ln − 3  c  c3  a3
  3 
E r 3 r b 2 b
σrr = − σy 1 + 3 ln
r
− 3 + 3 − 1 Pm
3 r b b − a3 r3
A partir de cette expression du déplacement, on peut calculer les
déformations totales dans la zone plastique. On obtient alors les 2

1  c  c3  a3
 3
b

déformations plastiques par différence entre les déformations totales σθθ = σφφ = σy
r r
− 3 ln + 3 − 3 + 1 Pm
3 2 r b b − a3 2r3
5
– dans la zone élastique (c < r < b) : au cours de laquelle ils sont portés à une pression supérieure à la
pression de service ultérieure.
2 c3 b3 a3
   3 
b
σrrr = − 3 − 1 σy + 3 − 1 Pm Si au contraire il y a replastification, des déformations plastiques
3b r3 b − a3 r 3 cycliques vont se produire, avec un phénomène de fatigue plastique
du matériau, qui conduira à la ruine de la structure aux cours des
2 c3 b3 a3
   3 
b
σrθθ = σrφφ = 1 + σy − + 1 Pm cycles successifs 0 −→ Pm −→ 0 −→ Pm −→ . . . .
3 b3 2r3 b3 − a3 2r3 La figure 4 reproduit les variations des différentes composantes du
Les équations précédentes ne sont valides que s’il n’apparaît aucune tenseur des contraintes à pression maximale et après décharge, dans
déformation plastique pendant la décharge. Pour que la plastification le cas où (a/b) = 0.75.
réapparaisse en compression, il faut traverser le domaine d’élasticité,
et retrouver un point pour lequel : σrrr − σrθθ = σy . Cela se produira 2
effectivement à partir du moment où la pression maximale atteinte Pm
est supérieure à 2Pe . L’étude des variations de Pe et Pp en fonction de Pp Pe
, 1.5 (1)
(b/a) montre que cela n’est possible que si la pression limite est elle- σy (1) σy (2)
même supérieure à 2Pe . Ceci fournit une condition géométrique sur
la sphère. La figure 3 illustre le fait que Pp dépasse 2Pe si le rapport 1
(a/b) est inférieur à une valeur critique x, solution de l’équation
(4/3)(1 − x3 ) = 2 ln(x), soit : (2)
0.5
a/b < x ≃ 0.59

Dans le cas où il n’y a pas plastification à la décharge, on dit que la 0


0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
structure est adaptée. Il s’agit de régime de fonctionnement sûr, qui
a/b
est utilisé dans la pratique pour les récipients sous pression : ceux-ci
Figure 3 : Variation de Pe et Pp en fonction de a/b
subissent avant mise en fonctionnement une opération de timbrage
6

0 90
c/b=0.7500 c/b=0.7500
c/b=0.8125 c/b=0.8125
c/b=0.8750 85 c/b=0.8750
-10 c/b=0.9375 c/b=0.9375
80

75
-20

sigma_rr (MPa)

sigma_tt (MPa)
70

-30 65

60
-40
55

50
-50
45

-60 40
75 80 85 90 95 100 75 80 85 90 95 100
r (mm) r (mm)

a. b.

1.1 20

1
10

0.9
0
J/sigma_y(MPa)

sigma (MPa)
0.8
-10
0.7

-20
0.6

c/b=0.7500 -30
0.5
c/b=0.8125 sigma_rr
c/b=0.8750 sigma_tt
c/b=0.9375 von Mises
0.4 -40
75 80 85 90 95 100 75 80 85 90 95 100
r (mm) r (mm)

c. d.

F IG . 1 – (a), (b) Profils de contraintes dans l’épaisseur du tube pour différents niveaux de pression, (c) mise en évidence de l’avancée de la zone plastique,
(d) contraintes résiduelles après décharge.

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