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Chroniques

d’un bouddhiste
urbain
Édition : François Couture DISTRIBUTEURS EXCLUSIFS :
Design graphique : Ann-Sophie Caouette
Révision : Lise Duquette
Correction : Odile Dallaserra
Pour le Canada et les États-Unis :
MESSAGERIES ADP inc.*
Téléphone : 450-640-1237
Martin Bilodeau
Illustration : © ????
Internet : www.messageries-adp.com
* filiale du Groupe Sogides inc.,
filiale de Québecor Média inc.
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et Archives nationales du Québec et INTERFORUM editis
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Titre: Chroniques d’un bouddhiste urbain : Téléphone : 33 (0) 2 38 32 71 00

Chroniques
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Martin Bilodeau. Service commandes Export – DOM-TOM
Noms: Bilodeau, Martin, 1977- auteur. Internet : www.interforum.fr
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Canadiana (livre numérique) 20210050640 |

d’un bouddhiste
Pour la Suisse :
ISBN 9782764027387 | ISBN 9782764027394
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Téléphone : 41 (0) 26 460 80 60
Vedettes-matière: RVM: Méditation—Bouddhisme. |
Internet : www.interforumsuisse.ch
RVM: Méditations—Bouddhisme. | RVMGF: Méditations.
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urbain
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ISBN (version numérique) 978-2-7640-2739-4 du livre du Canada pour nos activités d'édition.
Je voudrais dédier ce livre à Gen Kelsang Drenpa, une des premières
nonnes bouddhistes du Canada qui fut une guide spirituelle et une amie
précieuse. C’est grâce à ta justesse, à ta bonté et à ton intelligence
de cœur que j’ai intégré le dharma aussi facilement dans ma vie
et que je suis toujours sur le chemin de bouddha.
Avant-propos

L es pratiques de méditation sont très à la mode et la sagesse


bouddhiste inspire les gens partout à travers le monde. Pour
moi, ces pratiques et ces enseignements sont parmi les plus
beaux patrimoines spirituels de l’humanité. Longtemps con­
tenu dans les hautes montagnes de l’Himalaya, ce savoir s’est
répandu avec les années de village en village, de ville en ville,
d’un continent à l’autre. Il est désormais disponible et accessible
à tous, mais un défi demeure : l’intégrer dans notre vie de fou.
Comment incorporer des pratiques de méditation à notre quoti­
dien d’urbains empêtrés dans les bouchons de circulation, en
file à l’épicerie, coincés entre deux spectacles, deux soupers au
restaurant, deux réunions amicales ? Comment appliquer la sa­
gesse bouddhique dans une vie désormais rythmée par le
réveille-matin, le cellulaire, l’ordinateur et la télévision ? Com­
ment transposer à la ville et à la vie d’aujourd’hui un savoir venu,
il y a bien longtemps, des pics neigeux des sommets du monde ?

La dernière pandémie a transformé nos modes de vie. Pour


plusieurs, ce fut un choc de constater la fragilité de l’existence et
du monde tel que nous le connaissions. Nos certitudes se sont
effondrées comme autant de libertés que nous avons perdues
subitement.

Pendant que notre monde extérieur rétrécissait, une occa­


sion de ralentir, de prendre de la distance et de faire des bilans
s’offrait à nous. Le tourbillon de la vie cessa brutalement et ce fut
le moment de constater les dégâts. Lorsque nous n’avons plus le
moyen de nous fuir et de nous distraire, il y a tout un monde en

~9~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Avant-propos

nous qui émerge : des émotions refoulées peuvent refaire surface, Vous pouvez parcourir ce livre en le lisant du début à la fin
des pensées négatives peuvent devenir hors de contrôle, la ou en allant directement vers les sections qui vous intéressent le
confusion et le doute peuvent nous paralyser. Notre vie avant plus, selon les thèmes abordés.
la pandémie ressemblait peut-être à une course folle, mais
Je vous souhaite d’apprendre à transformer votre vie tout
dans quelle direction allions-nous ? Et pourquoi courions-nous
entière en expérience spirituelle. Que chaque épreuve soit une
aussi vite ?
occasion de dépassement et de libération !
Je crois que les pratiques et les enseignements sur la mé­
Puissiez-vous voir chaque jour comme un cadeau et offrir
ditation peuvent vraiment aider les gens à traverser les crises
le meilleur de vous-même à chaque instant !
et à mieux vivre les changements dans le monde moderne.
Encore plus, je suis persuadé que la pratique de la méditation a Martin
le pouvoir de transformer notre être, notre quotidien et nos
relations humaines. C’est cette invitation que je vous lance à
chaque chronique. Je me suis donné comme défi de vous pré­
senter les techniques de méditation à travers des exemples de
la vie de tous les jours.

À l’aide de ce livre, je souhaite que vous puissiez :

• vivre dans la sagesse de Bouddha ;


• intégrer la méditation à votre quotidien ;
• vivre dans l’amour ;
• vivre dans la joie ;
• vivre dans la paix ;
• vivre dans le courage.

Dans les chapitres qui suivent, nous déferons bien des ta­
bous et aucun sujet ne sera mis de côté : le sexe, les crises de co­
lère ou d’anxiété, l’impuissance face à la violence du monde, les
inconvénients de la vie comme le bruit ou les patrons difficiles,
ou la relation à notre corps. Bref, tous des moments qui, même
s’ils sont désagréables, définissent néanmoins notre expérience
humaine !

~ 10 ~ ~ 11 ~
Chapitre un

Chronique
d’un bouddhiste
urbain
Chronique d’un bouddhiste urbain

Trouver le Bouddha en soi


Nous entendons souvent ce nom, « Bouddha », mais nous sa-
vons généralement peu de choses sur lui. Avant tout, il est
bon de se rappeler qui était cet homme et de comprendre
comment sa sagesse, ses pratiques et ses enseignements
peuvent encore aujourd’hui nous permettre de nous libérer
de la souffrance afin d’atteindre des états de bonheur, de
paix à l’intérieur de nous.

On l’appelle Bouddha, car il est devenu un grand sage, mais


il s’appelait en fait Siddhartha Gautama. Il a vécu environ
600 ans avant Jésus-Christ.

Pour certains, Bouddha n’a jamais été plus qu’un petit vi-
sage souriant et sympathique ; or, il était avant tout un re-
belle, un esprit fougueux et curieux, un être en quête
constante. Il a laissé derrière lui une famille riche et une vie
noble dans les castes supérieures de l’Inde pour aller étu-
dier chez des ascètes, qui pratiquent la voie de la privation
du corps et de l’esprit. Alors qu’il expérimentait l’ascétisme,
Bouddha a pris conscience qu’il y avait des erreurs dans
cette pratique : selon lui, on ne respectait ni le corps ni l’es-
prit, puisqu’on cherchait quelque chose qui ressemblait
pratiquement à de la torture pour atteindre l’éveil.

Avec le temps, il a créé ce qu’on appelle aujourd’hui « la voie


du milieu », dont l’enseignement principal est de ne tomber
dans aucun excès, ni celui de la privation des plaisirs de la
vie, ni celui de l’attachement aux plaisirs de la vie. Il faut
plutôt apprendre à vivre une existence de pleine conscience.

~ 15 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

Cette conscience pure est pleinement vivante quand l’ego En pratique


s’éteint, quand les distractions extérieures cessent. C’est la
plus belle révélation du bouddhisme : il y a un bouddha en
chacun de nous. H onorez la part de conscience pure qui est en vous. À chaque
instant, vous avez le choix de suivre vos compulsions, votre
ego, vos petites insatisfactions ou vos perturbations mentales.
Seulement, il faut s’entraîner pour y avoir accès. Car Bouddha Un autre choix est aussi possible : plonger dans votre cœur, dans
nous dit : « Je peux vous montrer la voie jusqu’à la source, l’essence de votre conscience afin de pouvoir laisser s’exprimer à
mais je ne pourrai pas boire à votre place. » travers vous les vérités profondes de la vie.

Faites confiance à Bouddha : « Ce que j’apprends à travers


Conseil la méditation, c’est que moins je m’agite et moins je me définis
par ce que je fais, plus je trouve en moi l’essence de mon être. »
«
B oire à sa propre place », ici, signifie pratiquer la méditation.
Méditer nous isole des distractions extérieures, nous in­
cite à cesser d’être dans l’agir et de se définir à travers le regard
Quand je trouve mon essence, je ne me retire pas du monde,
bien au contraire : je contribue, à travers mes relations, mes pro­
des autres. On est seul lorsqu’on médite. En fait, on est seul dès jets, mes actions et mon écoute, à diffuser la paix, la bienveil­
que l’on ferme les yeux. On retourne vers soi. lance, la gratitude et la joie.

Tout ce que l’on cherche à l’extérieur de soi nous entraîne Retrouvez votre chemin intérieur et allez vous abreuver à la
dans la souffrance. Cherchons plutôt l’amour, la sécurité, la ten­ source de votre bonheur. Elle n’est nulle part ailleurs qu’en vous.
dresse, la paix et la compassion, qui sont des états intérieurs.

Lorsque je génère ces sentiments et ces états, quand je les


active en moi, je peux non seulement être le premier à en profiter
et à les ressentir, mais je deviens en quelque sorte un bouddha.
Dès lors, je peux apporter l’illumination dans le monde.

En clair, ces énergies m’amènent à devenir le meilleur de


moi-même et à manifester amour, paix, bienveillance et sagesse
autour de moi.

~ 16 ~ ~ 17 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

Être son propre gourou Conseil

Une amie m’a demandé récemment qui était mon gourou.


Cette question… soulève bien des questions ! V otre gourou peut se trouver partout ; il est l’inspiration à
devenir meilleur, qui est en toute chose. Un gourou peut
être une fleur, un enfant, une lecture. Il n’y a rien d’insignifiant
On imagine souvent que le grand gourou est un être méchant, ici-bas au sens où, quand la sagesse cherche à être nourrie, les
qu’il exerce une autorité indue sur soi. En fait, on a peur du réponses et les inspirations se trouvent souvent à portée de main,
gourou, on craint le pouvoir qu’il a sur soi ; on a peur de son tout à côté de soi.
autorité et, surtout, on craint de perdre le contrôle de sa
spiritualité. Le gourou peut être une phrase que vous avez entendue
dans un film ou lue dans un magazine, ou bien le cri d’un oiseau
En réalité, on fait complètement fausse route. en pleine nuit. Il n’est pas nécessairement un être suprême ou un
Du sanskrit गुरु guru (« maître », « enseignant », « professeur »), grand enseignement : parfois le cœur s’ouvre dans un moment
le mot « gourou » vient de deux racines différentes, gu et ru. ou un fait banal du quotidien et on comprend quelque chose
Gu veut dire ombre en sanskrit. Ru veut dire lumière. Ainsi, d’important. Les transformations peuvent bel et bien s’opérer
un gourou, si on le prend au sens le plus simple possible, est par le vol d’un papillon.
quelqu’un qui me fait passer de l’ombre à la lumière. On peut donc affirmer que le gourou est partout, qu’il est
Il est vrai qu’un gourou peut être quelqu’un en qui j’ai la foi une image ou un symbole qui me permet de me relier à l’essence
et qui est donc un guide spirituel ou une personne qui repré- de la sagesse, à la lumière et à la bonté en moi.
sente pour moi une sagesse, de la conscience et des réalisa- Quand je rencontre un gourou, je m’abandonne à lui, je
tions intérieures. Ainsi, lorsque je pense à lui, je me rappelle m’en remets à quelqu’un ou à une sagesse ; ce qui revient à dire
que toutes ces choses se trouvent à l’intérieur de moi. que je m’abandonne… à moi-même.
Quand on est bouddhiste, le gourou primordial est Shakia Il est temps de s’affranchir de cette espèce de hantise du
Muni Bouddha. Pourquoi ? Parce qu’à travers sa vie, gourou, de la peur de toute forme d’autorité spirituelle.
l’exemple de ce qu’il est et ses enseignements, il nous ins-
pire à devenir quelqu’un de meilleur, à transformer nos
souffrances, nos ombres et nos blessures en lumière et en
sagesse, en compassion et en réalisations intérieures.

~ 18 ~ ~ 19 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

En pratique Rester maître de ses émotions

J e vous invite à dialoguer avec votre propre autorité inté­


rieure. À qui ou à quoi donnez-vous l’autorité en vous ?
Chaque jour, nous passons à travers une gamme d’émotions.
Nous allons de la petite joie à la paix à des périodes d’exci-
Prenez un temps pour rencontrer votre propre gourou in­ tation, de passion, ou encore à des moments de colère, de
térieur. Commencez par vous demander : qu’est-ce qui gouverne frustration ou d’impatience. Sommes-nous victimes des
ma vie ? Il existe plusieurs forces en vous. Laquelle influence le événements extérieurs ou est-il possible de créer en nous
plus vos choix et vos décisions ? les émotions que nous désirons vivre et ressentir au-delà
des situations que nous vivons ?
Faites une liste des valeurs et des croyances que vous vou­
lez mettre aux commandes de votre vie. C’est la seule façon de Dans le bouddhisme, on apprend à observer toutes les
ne plus avoir peur de l’autorité extérieure et d’activer en soi une émotions, quelles qu’elles soient, sans les juger. On com-
source d’autorité suprême. Restez vigilant pour que cette auto­ mence par prendre conscience de ses pensées, parfois
rité soit toujours au service de votre bonheur, de votre vérité et même demi-conscientes, car elles influencent son état
de votre sagesse. d’être et ses émotions.

Soyez votre propre gourou !


Conseil

Q uand ça va mal, c’est souvent la faute des autres, n’est-ce


pas ? Quand nous sommes sous l’emprise d’une émotion
négative, c’est comme si un monstre avait pris possession de
nous. On a l’impression que la colère, la peine et la peur sont hors
de contrôle. Pourtant, si nous ressentons cet état à l’intérieur de
nous, il y a fort à parier que, en fait… c’est nous qui avons laissé
entrer le monstre dans notre « demeure ». Ce ne sont pas les
autres qui génèrent les émotions dans notre esprit, c’est nous.

Nous sommes responsables non seulement d’avoir laissé


entrer cette émotion, mais aussi de la nourrir par la suite. Après
avoir vécu une situation qui a suscité une émotion forte, on
continue souvent à cultiver cette émotion, même si l’événement

~ 20 ~ ~ 21 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

est loin derrière nous. Quarante fois au cours de la journée, on


Bâtir son bonheur,
se répète la même pensée, un peu comme si elle avait quelque
chose de nouveau à nous apprendre.
une pensée à la fois
Ce processus finit par cristalliser des émotions très in­ Vous êtes 100 % responsable de la direction de votre vie, car
tenses en nous et il devient de plus en plus difficile de s’en dé­ à chaque instant, chaque seconde, vous faites des choix
faire. On a alors l’impression que les gens impliqués ou la avec votre esprit. Or, selon la tradition bouddhiste, le bon-
situation ont beaucoup de pouvoir sur nous, ce qui crée encore heur ne se construit d’aucune façon à l’extérieur de soi.
plus de tensions intérieures. Certains plaisirs, les moments de confort et les distractions
Toutefois, si on le désire, on peut se sortir de cette impasse. peuvent évidemment nous permettre de fuir nos souffrances.
Par contre, le véritable bonheur se construit avec notre
esprit.
En pratique Vous êtes-vous déjà demandé où allait votre esprit ? Vers

L orsque vous êtes traversé par des émotions tenaces, surtout quoi vos pensées se dirigent-elles ?
celles qui sont négatives, au lieu de tourner votre regard vers Nous passons le plus clair de notre temps à faire des choix
l’extérieur pour tenter de trouver un coupable, prenez un pour notre vie, nos projets, nos relations, notre travail et
moment de recul pour observer différemment la situation. nos vacances. Cela devrait théoriquement nous mener au
Demandez-vous quelles pensées ou paroles précises ont généré bonheur, non ? Et pourtant…
une transformation dans votre état affectif et créé une émotion
négative. Notre esprit est rarement perçu comme étant la véritable
source du bonheur. Il est plutôt vu comme la manifestation
Lorsque vous aurez trouvé la réponse, arrêtez vos pensées de notre malheur ou de notre bonheur.
et faites quelques bonnes respirations conscientes. Au lieu de
vous attarder à des événements extérieurs, voyez comment on Or, ce sont bien les pensées qui créent le bonheur.
peut construire subtilement, parfois presque inconsciemment,
en soi-même, une vallée de larmes, une vague de tristesse ou un
accès de colère. Conseil

Nous sommes toujours les propres créateurs de nos états


émotifs. A ujourd’hui, combien de temps avez-vous accordé à être
conscient de la direction de vos pensées ? À déterminer où
vos pensées vous mènent ?

~ 22 ~ ~ 23 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

À chaque instant de votre vie, une pensée qui émerge est Avec le temps, vous pourrez plus aisément prendre cette
un pas vers une direction. Parfois, ce pas va vers la colère qui posture de témoin intérieur qui permet d’observer les pensées
nourrit un ressentiment contre une personne, ou de la jalousie tout en conservant un certain recul face à elles.
pour une autre, ou de la culpabilité… Si votre pensée pointe
Activez votre capacité de discernement et classez vos pen­
dans cette direction, ne la niez pas. Ne vous dites pas qu’elle
sées en deux catégories : génératrices de souffrance ou généra­
n’existe pas. Cette pensée est valide, puisqu’elle est à l’intérieur
trices de bonheur.
de vous. Et votre humeur, vos émotions et votre santé se dirige­
ront aussi dans cette direction, comme entraînées par votre À vous de choisir ensuite celles que vous suivrez…
pensée.

C’est à ce moment que vous aurez le choix : nourrirez-vous


cette pensée pour qu’elle poursuive son chemin ou la ferez-vous
bifurquer vers un chemin menant à la paix, à l’harmonie, à
l’amour, voire à l’émerveillement ?

Le choix parle de lui-même, n’est-ce pas ?

Là où vont vos pensées, c’est là où vous allez. C’est aussi ce


que vous devenez. Soyez donc bien conscient des directions
qu’elles prennent.

En pratique

A ssoyez-vous confortablement et devenez l’observateur de


vos pensées. Si votre esprit est très agité, vous pouvez com­
mencer par les noter sur un bout de papier. Demandez-vous
« Je pense à quoi, en ce moment ? » et prenez des notes. Restez
dans un état de vigilance et de curiosité. Lorsqu’une pensée
apparaît, reconnaissez sa présence en disant mentalement le
mot « pensée ». Ensuite, laissez-la simplement se transformer
et disparaître.

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Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

Donner un sens à sa vie En pratique

Quel est le but de votre existence ? Pourquoi vivez-vous ?

Si on est incapable de répondre clairement à ces questions,


I nterrogez-vous sur le sens ultime de votre vie. Quels sont le ou
les deux ou trois buts majeurs de votre existence ? Si vous avez
de la difficulté à répondre, posez-vous la question autrement : à
c’est comme si on prenait le volant d’une automobile sans la fin de votre vie, que voulez-vous avoir réalisé de significatif ?
savoir où se diriger. Conséquemment, c’est un peu comme Quel héritage laisserez-vous après votre passage sur la terre ?
si on se laissait guider par les événements. On réagit aux
situations sans trop les analyser, sans trop chercher le sens Selon la spiritualité bouddhiste (et c’est également le cas
profond des expériences de la vie. On conduit en essayant dans d’autres spiritualités), les véritables réalisations sont celles
d’éviter les routes cahoteuses ou trop difficiles, celles qui qu’on ne pourra jamais vous enlever parce qu’elles se trouvent à
sont bloquées, celles où il y a trop de trafic. On recherche le l’intérieur de vous.
plaisir à travers des chemins plus faciles. On désire une route Par la réflexion, la méditation, l’introspection ou l’écriture
paisible et on se laisse attirer vers les beaux paysages. automatique, essayez de vous questionner avant de prendre le
Au bout du compte, bien que nous ayons évité les souf- véhicule de votre vie. Faites converger votre concentration et
frances et connu certains plaisirs, nous ne savons pas trop votre attention, vos paroles et vos actions à chaque instant, en
où nous sommes allés ni où nous nous sommes rendus. pleine conscience, vers un but ultime, de véritables réalisations.

Gardez le cap. Allez jusqu’au bout. Transformez les obs­


tacles en occasions pour vous dépasser, pour réaffirmer votre
Conseil direction.

D ans le bouddhisme, le concept de justesse est primordial. Il


se manifeste dans la concentration, la parole et l’action.
Pour obtenir de la justesse dans ces trois aspects de notre exis­
tence et en faire une pratique intérieure, il faut l’aligner avec la
direction que prend notre vie.

Qu’est-ce qu’une action ou une parole juste ? C’est une ac­


tion ou une parole habitée par une intention claire. Qu’est-ce
qu’une concentration juste ? C’est un esprit qui est concentré,
qui sait où il va et qui continue, malgré toutes les expériences et
les épreuves de la vie, à tendre vers le même but.

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Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

Cessez d’être un mouton, — Je ne suis pas ta mère, mais veux-tu que je veille sur toi ?
demanda la brebis en le caressant doucement de son nez.
soyez un lion
— Oh oui, s’il te plaît ! cria le lionceau.
Notre mode de vie nous enlise parfois dans une lassitude, un
Et c’est ainsi que le lion fut élevé avec le troupeau de
ennui et des habitudes qui nous empêchent d’exprimer toute moutons.
la force de vie qui nous habite. Autour de nous, lorsque nous
L’été suivant, la lionne, qui avait cherché son lionceau sans
allons travailler le matin, nous voyons un troupeau de mou-
désespérer, aperçut un curieux spectacle dans le pré : son
tons, mais il est facile de sentir qu’en chacun d’eux se cache
fils, maintenant un lion adulte avec une splendide crinière,
un lion. Comment libérer le lion qui sommeille en nous ? broutait allègrement, entouré par des moutons. Elle bondit
vers lui, le lécha joyeusement et dit :
Voici une légende bouddhiste qui nous offre la réponse.
— Mon fils chéri, enfin ! Quel lion magnifique tu es devenu !
Il était une fois une lionne qui donna naissance à un lionceau
parfait. Elle s’émerveilla de sa création et ressentit un amour Le jeune lion, apeuré, s’éloigna d’elle et répondit :
total pour son nouveau-né. Elle se rendit compte qu’elle de-
vait le nourrir au plus vite. Elle le cacha dans un endroit sé- — Non, je ne suis pas un lion, je suis un mouton !
curitaire et se mit en quête de proies. — Tu es un lion ! Sois le lion que tu es ! Parle avec la voix d’un
Peu après qu’elle l’eut quitté, un orage éclata et se déchaîna. lion ! lui ordonna la lionne.
Le puissant tonnerre, la dure pluie battante et le vent mugis- — Bèèèèè, bèèè, bèè… bêla le lion.
sant terrifièrent le lionceau. Il se sentit abandonné par la
douce présence aimante de celle qui l’avait mis au monde et La lionne emmena alors son fils au bord du lac. Elle lui dit de
qu’il appela Mère. Il ne savait pas à quoi elle ressemblait, car regarder dans l’eau.
ses yeux ne s’étaient pas encore ouverts, mais il pensa qu’il
— C’est ton reflet, dit-elle. Réfléchis sur ta propre nature, ton
ne serait en sécurité que s’il pouvait la retrouver. Il partit
identité véritable.
donc à sa recherche en s’aventurant dans le vaste monde et
il ne trouva que fatigue, terreur et désolation. Il réfléchit, reconnut son identité véritable, leva le visage
vers le ciel et se mit à rugir comme un lion !
Quand l’orage prit fin, il trébucha et se mit à pleurer d’épui-
sement tout près d’un troupeau de moutons. Une brebis
compatissante trotta vers le lionceau, lécha ses larmes et lui
demanda ce qui lui arrivait.

— Je veux ma mère, sanglota-t-il.

~ 28 ~ ~ 29 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

En pratique Purifier son karma négatif

E t vous ? Avez-vous cessé de croire que vous êtes un lion ? Par­


fois, nos peurs nous enlisent dans une vie de sécurité. On
cesse de vivre avec courage, de poursuivre ses rêves, d’explorer
Selon la philosophie bouddhiste, le karma est le plus grand
déterminant de votre bonheur. La compréhension du karma
est souvent très difficile pour la plupart des Occidentaux. Le
le vaste monde et on se refuse à sa véritable nature… Cette an­ concept a l’air très mystérieux… mais, en fait, c’est quelque
née, serez-vous un lion ou un mouton ? À quoi ressemblerait chose d’assez simple… et même très simple !
votre vie si vous décidiez de rugir de toutes vos forces ?
Lorsqu’on pense au karma, on imagine que c’est une espèce
de justice cosmique. Après une bonne action, la vie nous ré-
compense en nous octroyant un bienfait. Et lorsqu’on agit
mal, on est puni par un châtiment divin quelconque.

Or, contrairement à la pensée populaire, le karma est en


nous.

Conseil

C omme on l’a vu auparavant, dans la sagesse bouddhiste, le


bonheur est créé à partir de nos pensées. L’esprit est comme
un grand jardin en nous, que nous cultivons à partir de chacune
de nos pensées, qui agissent comme des graines.

Depuis le début de votre vie, il y a eu beaucoup de semences


dans votre jardin intérieur, certaines positives, d’autres néga­
tives. Ces dernières viennent de toutes les pensées de colère, de
ressentiment, de jalousie, de peur, etc. ; et les pensées positives,
les semences de bon karma donc, viennent de pensées d’amour,
de joie, de gratitude et ainsi de suite.

Dans différents contextes de notre vie, ces semences ger­


ment et croissent. Si j’entretiens une énergie de colère dans

~ 30 ~ ~ 31 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

certaines circonstances, lorsque ces mêmes circonstances revien­


Vous avez tout pour être heureux,
nent, la colère émerge à nouveau ; cette réaction vient du karma,
de ce que j’ai entretenu dans mon esprit (parce que tout part
alors pourquoi souffrir ?
de l’esprit). Dans le cours de sa vie, une personne sur deux prendra des
Ainsi, je crée et reproduis à l’intérieur de moi les schémas médicaments pour mieux dormir, pour gérer son stress ou
mentaux qui permettent aux semences de karma négatif ou po­ son anxiété, ou pour sortir d’une dépression. Pourtant,
sitif de croître. Dans différents contextes de vie, et en fonction notre style de vie n’a jamais été aussi confortable qu’en ce
du niveau de conscience que j’ai, je fais mûrir ces petites graines moment, dans l’histoire de l’humanité.
qui attendent les bonnes conditions pour émerger de la terre et Pourquoi y a-t-il tant de souffrance dans une société où tout
porter leurs fleurs, leurs fruits. est plus facile ?

La sagesse bouddhiste répond : parce que la source du bon-


En pratique heur est en soi, pas à l’extérieur.

V ous pouvez trier vos pensées en imaginant qu’elles sont de Ce qui amène une autre question : pourquoi choisir de souf-
petites semences que vous plantez dans la terre de votre es­ frir, alors qu’on a apparemment tout pour être heureux ?
prit. Pour chacune, demandez-vous si vous voulez vraiment Oui, parfois, nous choisissons de souffrir. Nous choisis-
qu’elle porte des fruits, qu’elle se multiplie, qu’elle puisse croître sons de continuer à souffrir, en fait. Et par souffrance, on
à l’intérieur de vous. parle ici de fixer notre esprit sur ce qui est négatif, que ce
Chacune de ces petites graines interagira avec vos humeurs soit dans notre journée, dans les plus grands drames de
futures, votre façon de voir les événements et de percevoir les notre vie ou sur une personne qui nous a blessés. Alors
autres. Puisque c’est à l’intérieur de nous que nous construisons qu’il se passe plein de belles choses dans nos journées,
notre monde, nos relations avec celui-ci, le karma conditionne dans notre année et dans le monde.
100 % de notre état d’esprit. Il est donc le plus grand détermi­
nant de notre bonheur !
Conseil
Cultivez un beau jardin de joie et de félicité, d’amour et de
gratitude à l’intérieur de vous. Ne vous occupez pas du karma
des autres : il leur appartient. Plus votre jardin sera florissant, I nterrogez-vous. Suivez-vous le chemin de la souffrance parce
que ça vous rend intéressant ? Parce que les autres vous
donnent de l’attention, puisqu’on devient une personne plus im­
plus les gens autour de vous pourront en bénéficier, car le karma
positif se partage avec tous ceux qui nous entourent. portante dans le drame ?

~ 32 ~ ~ 33 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

Que dois-je faire pour être une personne heureuse, légère Contemplez-le un moment sans chercher à l’analyser ni à le
et joyeuse au quotidien ? comprendre. Doucement, demandez-vous d’où il vient, Quelle
est votre histoire avec lui ? Que vous apporte-t-il ?
Y a-t-il quelque chose, à l’intérieur de moi, qui m’amène à
me raconter le même drame, à me complaire dans un esprit de Après quelques minutes, choisissez de vous en libérer. Pre­
victimisation, au lieu d’être courageux, de me prendre en main, nez toutefois conscience de ce que vous abandonnez en vous en
de pardonner, de sortir de ma peur ou d’agir conformément à libérant. Si vous êtes prêt, décidez de vivre sans lui à partir de
mes rêves ? maintenant et terminez cet exercice avec cette volonté bien an­
crée au cœur.
Se responsabiliser, prendre en charge ses petites et grandes
souffrances, c’est selon Bouddha le seul chemin vers le bonheur,
la paix, la joie et l’amour. Il faut donc savoir dire adieu au drame,
à la victime en nous.

En pratique

P renez un moment pour reconnaître votre drame préféré.


Vous savez, celui qui revient sans cesse dans différents
contextes de votre vie ? C’est un peu comme le passage drama­
tique d’un bon film que l’on aime regarder pour revivre toute
l’intensité émotive qu’il active en soi. Cela peut être un événe­
ment spécifique ou un état intérieur né de la répétition d’événe­
ments qui ont créé des croyances comme : « Je manque toujours
de temps », « La vie est injuste », « Je ne suis pas assez bon », « Je
ne trouverai jamais l’amour », etc.

Assoyez-vous confortablement, comme vous le feriez pour


regarder un film. Cette fois, c’est celui de votre esprit qui est au
programme. Prenez un temps d’introspection et effectuez une
recherche intérieure. Laissez simplement émerger les drames
que vous vous racontez le plus souvent. Choisissez celui qui vous
attire le plus et restez en sa présence.

~ 34 ~ ~ 35 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

vos gestes, vos paroles et vos choix sont en accord avec vos
Vivre de manière authentique
vérités profondes.
Dans le Kundalini yoga, on trouve le mantra « satnam ». Ce
Comment savoir si nous parlons et agissons en accord avec
mot sacré veut dire « vérité/identité qui est en nous ».
notre identité profonde ? Il suffit de nous demander si nous
Sommes-nous au service de notre vérité profonde dans la sommes en paix avec ces paroles et ces gestes. Si c’est le cas, c’est
vie de tous les jours ? C’est une bonne question. Comment le que nous sommes dans notre vérité profonde.
savoir, c’est une autre excellente question !

Dans notre monde actuel, nous sommes souvent dans les


En pratique
vérités des autres, les vérités culturelles et, bien sûr, dans
les vérités des médias sociaux. Nous sommes bombardés de
tellement d’information qu’il devient difficile de savoir C haque fois que vous êtes en paix avec vous-même dans
ce geste, cette parole, ce choix, cela veut dire que vous êtes
en accord avec la vérité de votre cœur et en résonance avec
quelles sont nos propres vérités.
votre sagesse.
Dans ce contexte, comment savoir si je vis en accord avec
mes vérités ? Au contraire, chaque fois que vous ressentez du stress, de la
culpabilité ou du ressentiment, cela veut probablement dire que
Bouddha a enseigné qu’il fallait douter de toutes les vérités
vous avez écouté quelque chose en vous qui est faux, quelque
qui nous sont enseignées, que ce soit par des maîtres, des
chose qui n’est pas profondément lié à vos vérités du cœur.
livres ou des sages. Ces paroles de vérité s’adressent
d’abord à votre tête. Or, il faut méditer sur chacune des véri- Vous pouvez alors vous demander quelle action, quelle pa­
tés, sur chacun des mystères, sur chacune des questions de role ou quel choix aurait été préférable à ce moment-là. Vous
l’existence pour être vraiment capable de trouver à l’inté- méditez sur les différentes possibilités jusqu’à ce que vous trou­
rieur de soi ses propres vérités. viez celle avec laquelle vous êtes en paix.

En d’autres termes, le chemin de la paix de la conscience


est le chemin vers votre vérité. Il suffit parfois de faire silence,
Conseil de vous tourner vers l’intérieur et d’écouter cette petite voix :

Q uelquefois, on a l’impression que la sagesse et la vérité votre sagesse.


nous arriveront un jour à travers de grandes révélations
apportées par des anges lumineux dans la nuit la plus noire. Il
n’en est rien, car votre vérité est déjà en vous. Il s’agit de voir si

~ 36 ~ ~ 37 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

Traverser ses deuils dans la paix En pratique


du cœur
Comment traverser les zones intérieures de tristesse, de
B ouddha nous enseigne que l’essence de la vie, c’est l’imper­
manence. Ainsi, dans votre méditation, ne cherchez pas de
coupable, éloignez-vous du scénario dramatique : il n’y a pas de
peine et de souffrance liées au deuil d’un être cher ?
martyr ni de bourreau ici, seulement la vie qui se manifeste.
Plus la relation est vraie et les échanges profonds, plus le
Vivre signifie aussi laisser les gens être libres, donc libres de
deuil peut être difficile lorsqu’une personne quitte notre vie.
nous quitter. N’essayez pas de créer un mythe de souffrances
Parce que la grande majorité de nos relations se terminent
autour des faits.
un jour, il est important de savoir rester en paix face aux
départs inévitables. Apprenez à accueillir l’émotion qui vous étreint à la suite
du deuil au lieu de résister, de fuir, de vous distraire. Fermez les
Lorsque nous souffrons, notre cerveau peut se fixer indé-
yeux et identifiez l’endroit où cette émotion se manifeste dans
finiment à l’état de deuil ou à la tristesse, un état que les
votre corps. Comment la ressentez-vous physiquement ? Dans
spécialistes appellent la dépression. Il faudra être vigilant
quel état d’esprit vous met-elle ? Quelles sont les pensées qui la
pour déjouer ce piège.
nourrissent ? Quelles sont les pensées qui pourraient aider à
vous en libérer ou à la rendre plus légère ?
Conseil Apprenez à devenir un témoin intérieur bienveillant de
votre douleur. Essayez de vous en détacher un petit peu, sans la
Q ue dois-je abandonner pour ne plus souffrir ? D’abord,
l’attention que je recevais de la personne qui nous quitte.
Ensuite, on fait attention à l’ego qui se replie sur soi, qui se de­
nier. Imaginez que vous considérez cette tristesse et cette peine
comme si c’était votre meilleur ami qui les vivait.
mande : « Pourquoi moi ? Qu’ai-je fait pour mériter ça ? » Les À la longue, vous vous rendrez compte qu’à l’intérieur de
pires événements arrivent même aux meilleures personnes, alors vous une transformation s’opère : au lieu de vous identifier tota­
ne vous demandez pas si vous méritez de souffrir : personne sur lement à la blessure, à la tristesse et à la souffrance, vous devien­
terre n’échappe à la souffrance. drez compassion et amour en vous ouvrant à cet état qui
transformera intérieurement tout ce qui en a besoin de guérir.

C’est grâce à la force de l’amour que toutes les blessures


peuvent se transformer en un outil de sagesse et de compassion
envers soi-même.

~ 38 ~ ~ 39 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

C’est dans l’humilité et dans la conscience que disparaît


Méditer les soirs de pleine lune
tout ce qui est faux en soi, tout ce qui est construit, tout ce qui
Nous mettons beaucoup d’efforts – et beaucoup d’argent – est vain.
dans la réalisation de nos projets. Que ce soit pour le travail,
Méditer pendant la soirée de pleine lune nous rappelle que,
les loisirs, même pour les vacances, il y a presque toujours
lorsqu’on se dépouille de toutes ses pensées, quand on cesse de
cette notion d’effort, cette préparation qui génère du stress
donner autant d’importance à son ego qui crée tant de drames
et crée de nombreuses préoccupations.
et de scénarios, on peut refléter la conscience pure de Bouddha.
Bouddha nous enseigne à arrêter de créer en nous de telles
histoires. Il nous invite au dépouillement, à cesser de nous
construire de fausses identités. Selon sa sagesse, c’est En pratique

P
lorsque nous serons libres de tout ce qui nourrit notre ego
renez un moment lors d’un soir de pleine lune pour vous
que nous pourrons vivre heureux pleinement.
rappeler que vous n’êtes pas votre ego : vous êtes une par­
Et l’un des moyens privilégiés pour atteindre cette liberté, faite conscience, le véhicule pur d’une conscience, d’une âme,
c’est la méditation. d’une part immortelle qui vit en vous. Pour retrouver celle-ci, il
faut arrêter de cristalliser sa pensée. Respirez calmement et ima­
ginez que vous devenez un vase pur comme du cristal et que, à
Conseil l’intérieur, vous êtes vidé de tout ce que vous croyez être. Deve­
nez présent, disponible.

Q uand on médite, on s’assoit en silence et on respire pour


apaiser son esprit et retrouver ce qu’on appelle un état éveil­
lé, d’illumination, de clarté et de conscience qui peut tout ac­
Imaginez ensuite que, au-dessus de vous, il y a une source
lumineuse – le Soleil, la Lune ou un Bouddha, peu importe – et
cueillir, qui met fin à toutes les dualités, à tous les conflits que cette lumière se réfléchit naturellement en vous. Devenez
intérieurs, au-delà du jugement, au-delà de l’esprit ; une alors un corps de lumière, prenez la mesure de la pure clarté qui
conscience pure, quoi. est en vous. Respirez et restez dans cet état un instant. Si des
pensées viennent, accueillez-les et respectez-les. Restez dans
Or, la pleine lune nous inspire cet état d’illumination tant
cet endroit le plus longtemps possible, dégustez cet état.
recherché. Elle est comme l’être brut que nous sommes : quand
Rappelez-vous que, au quotidien, il n’y a aucun effort à faire
nous nous défaisons de tous les nuages – sous la forme de nos
pour atteindre l’illumination.
pensées, de nos croyances, de nos jugements, de notre passé, de
nos projections et de nos peurs –, nous devenons comme une L’état éveillé, c’est quand je cesse de résister à ce qui est. Je
belle lune dans le ciel qui réfléchit la lumière de la claire conscience. génère une vision claire de ce qui m’entoure, de ce que je suis.

~ 40 ~ ~ 41 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Chronique d’un bouddhiste urbain

Cette vision me permet de me dégager du fantasme, des scéna­


Apprendre à vivre comme si
rios, de l’état subjectif, à travers lesquels je filtre le monde qui
m’entoure et où j’attribue quantité de jugements, de fausses
ce jour était le dernier
croyances ou de conditionnements. Quand je suis libéré de tout Bouddha nous dit que l’éphémérité de la vie est la première
ça, je vis beaucoup plus librement, avec beaucoup plus de légè­ loi. Ainsi, lorsqu’on parle de vivre en pleine conscience, ça
reté et d’enthousiasme. signifie d’abord qu’il faut se réconcilier avec cette vérité :
Dans la vraie nature d’éveillé, le calme et la paix nous en­ nous sommes ici de manière temporaire.
vahissent. Une vibration supérieure nous amène à générer des Ça peut paraître difficile à accepter à première vue. Mais
pensées de sagesse, à avoir du recul sur tout ce qui nous affecte lorsqu’on y réfléchit un peu, on finit par comprendre que
et à voir avec un peu plus de conscience le monde, les événe­ c’est le caractère éphémère de notre existence qui la rend
ments, nos relations, etc. si unique, si importante.

Conséquemment, Bouddha nous enseigne à apprécier la vie,


à saisir chaque instant avec gratitude, à développer une
passion pour l’existence et surtout à arrêter d’attendre
pour être heureux.

Conseil

S ouvent, lors d’un diagnostic de fin de vie, on choisit de ne


plus laisser le négatif nous affecter. On pardonne, on oublie
les petites chicanes et les conflits. On se concentre sur ce qu’il y
a de beau, on s’entoure de gens qu’on aime. On décide d’être
heureux maintenant.

En fait, comme on ne sait pas vraiment quand cette vie


finira, pourquoi ne pas adopter cette attitude dès aujourd’hui, et
ce, pour le reste de votre existence ?

Car chaque instant est précieux. Chaque seconde de vie est


un cadeau.

~ 42 ~ ~ 43 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain

En pratique

M éditons. Cette journée est peut-être notre dernière. Qu’est-


ce que j’en ferais si c’était le cas ?

Concentrons-nous sur ce qui est beau, merveilleux, ma­


gnifique. L’amour, la gratitude, l’émerveillement, la joie, la paix,
le pardon et la compassion, voilà qui donne un sens à notre vie.
Voilà ce qui la rend si précieuse.

Cet état, dans lequel on croit que chaque jour est peut-être
le dernier, il faut le générer au quotidien. Cet instant, le moment
présent, ne reviendra plus dans votre vie ; vous avez le choix d’en
profiter au maximum.

Cessez d’attendre le bonheur.

~ 44 ~
Chapitre deux

L’art de méditer
L’art de méditer

La méditation pour les nuls


« Je tente de faire le vide quand je médite, mais je ne réussis
pas. Il y a toujours quelque chose qui me distrait. Mes pen-
sées se précipitent. Mes préoccupations du quotidien, mes
inquiétudes, mes peines, mes colères et tout, ça se bouscule
dans ma tête. Je ne suis vraiment pas une personne calme,
est-ce que je peux méditer ? »

Bien sûr.

D’abord, sachez que quand vient le temps de méditer, on est


toujours un débutant. Même après des années de pratique
quotidienne, lorsqu’on médite, on part de ce qui est là, en
soi, ici et maintenant. Et parfois, on est stressé, distrait ou
fatigué. Chaque jour nous permet de vivre de nouvelles dé-
couvertes et d’approfondir notre technique.

Il est aussi important de se rappeler que pour chaque pro-


blème, chaque obstacle à la pratique de la méditation, il y a
une solution. Le premier obstacle est d’apprivoiser le vide
intérieur : dès qu’on s’assoit et qu’on commence à se concen-
trer sur son souffle, une multitude de pensées émergent,
puis s’emballent. Plus on veut faire le vide, plus le cerveau
s’active ! Plus on se juge sur le fait qu’on ne réussit pas à
faire le vide, plus on se distrait avec de nouvelles pensées de
jugement et d’analyse. C’est un cercle vicieux. Finalement,
on s’essouffle, on s’épuise, on se stresse et on finit par arrêter
de méditer… pour aller relaxer.

~ 49 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain L’art de méditer

Conseil du départ, soit une incapacité à faire le vide et à éveiller sa pleine


conscience.

D ’abord, pourquoi ne pas se demander : c’est quoi, la méditation ?

La méditation de pleine conscience, c’est l’atteinte de


Relaxez, prenez le temps de vous émerveiller ; ainsi, vous at­
teindrez un état de joie et de légèreté comme un enfant qui dé­
l’état de samadhi. Ce mot dérive de la racine sam-a-dha, qui si­ couvre un paysage extraordinaire et s’en extasie. Il s’arrête tout
gnifie « collecter » ou « rassembler », et il est souvent traduit par simplement de penser et ne fait que se réjouir de l’instant présent.
« concentration » ou « unification de l’esprit ». C’est un état
au-delà des mots et des concepts ; mais, plus important encore, Si vous pensez qu’il faut être calme pour méditer,
c’est en fait toujours une expérience éminemment personnelle. détrompez-vous : il faut vouloir se calmer. Vous êtes une per­
Alors cessez de chercher une explication ou une définition dans sonne hyperactive qui doit bouger tout le temps ? Aucun pro­
les livres ou auprès des maîtres bouddhistes ! blème, bienvenue dans le monde de la méditation. Assoyez-vous,
respirez et c’est tout. Lorsque l’on accepte pleinement les distrac­
Samadhi survient quand l’esprit s’apaise, quand on est dis­ tions et la nervosité intérieure, elles finissent par disparaître tout
posé à accueillir tout ce qu’il y a en soi et autour de soi. On de­ doucement pour faire place à autre chose.
vient alors un espace de conscience claire, pure et infinie. On
découvre quelque chose de nouveau à l’intérieur de soi qui s’ap­
pelle l’âme, qui s’appelle la conscience, qui s’appelle la clarté. La clef ? Une bonne respiration
C’est à partir de ce moment que l’on médite. Se concentrer sur sa respiration, sur son nez, sur le souffle et les
L’un des nombreux effets bénéfiques de la méditation, c’est sensations aux extrémités des narines peut paraître banal, mais
que, quand on en sort, on peut ensuite faire perdurer cet état de c’est ainsi qu’on déjoue le petit hamster dans sa tête qui multiplie
pleine conscience dans son quotidien. les pensées et les distractions. Il faut traverser l’ennui aussi, car
de nos jours, il faut le dire, on a peur de s’ennuyer. Et lorsqu’on
Voici quelques astuces de base pour développer votre tech­ dépasse l’ennui, lorsqu’on se ramène dans l’instant présent, l’ego
nique de méditation. s’endort. Et quand il dort, on est davantage capable de plonger
dans un espace de méditation.

Développez la bonne posture intérieure


On peut chanter, danser, s’amuser et rire pour s’aider à méditer. Apprendre à méditer partout
Il ne faut surtout pas se prendre au sérieux ! Souvent, on fronce Méditer dehors ? Bien sûr. Méditer en pleine ville avec des gens
les sourcils tellement on cherche à se concentrer ! On essaie trop tout autour ? Pourquoi pas ! En fait, cette pratique est très popu­
fort. L’ego prend alors de l’expansion et on revient au problème laire en Orient et dans le bouddhisme en général. Il y a même

~ 50 ~ ~ 51 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain L’art de méditer

une méditation marchée qu’on appelle sanata ou shamata, selon Méditer, c’est sortir de l’espèce de suragitation mentale qui
les traditions, qui se pratique dans des sentiers. « Shamata » si­ vous déconnecte toujours de vous-même, du sens de ce que vous
gnifie « magnifique » et « plénitude dans la paix ». Cette pratique êtes en train de vivre, de ce que vous êtes en train de faire.
permet de retrouver à chaque instant le sens et la beauté des
C’est ressentir la beauté, la paix, en ce moment présent.
petits gestes du quotidien, comme la marche. Nous devenons
complètement présents, totalement conscients à nous-mêmes et
à ce que nous faisons.

En pratique

P our commencer, assoyez-vous et accueillez toutes vos pen­


sées, toutes les sensations du corps et tous les bruits qui vous
entourent. Vous développerez ainsi une conscience ouverte, qui
peut absorber toutes les distractions intérieures et extérieures,
tout en restant dans le calme et la paix.

Souvent, dans la pratique de la méditation, on cherche à


atteindre un état de libération et de joie. On nous a promis le
nirvana, alors on l’attend ! Et ça aussi, ça devient un obstacle.
Lorsqu’on s’assoit pour méditer, il faut apprendre à le faire sans
aucun but ni attente. Il faut apprendre à trouver la joie dans la
simple pratique de la méditation.

On médite en se concentrant sur son souffle ou sur un objet


quelconque. Si vous ne pouvez rester assis, bougez. Tournez en
rond ou en carré, tout en méditant. Concentrez-vous sur vos pas.

Vous êtes amateur de café ? Imaginez être celui qui est en


train de se verser un bon café. Recherchez la sensation de
l’odeur du café en vous, humez-la. Entrez dans cette attention,
concentrez-vous sur tous les petits détails de celui qui se verse
un café.

~ 52 ~ ~ 53 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain L’art de méditer

Et qui dit « entraînement » dit « temps », ce qui va à l’encontre


Trouver la motivation de méditer
de nos valeurs, de notre obsession de la performance. De nos
tous les jours jours, ce qu’on valorise le plus, ce n’est pas le processus ni la
Prendre des résolutions pour votre santé, comme faire du persévérance, c’est le résultat ; on valorise les gens heureux et
yoga, de la méditation ou de l’exercice physique, c’est la efficaces, ceux qui ont un beau corps physique et qui réussissent.
même chose : il faut relever le défi de la persévérance. Qui valorise les gens qui restent assis tous les matins pendant
une demi-heure pour méditer ? Ou ceux qui se forcent les
Évidemment, on se donne tous les outils pour y arriver : on méninges depuis dix ans pour trouver la bonne idée pour leur
s’achète des tapis confortables, on fait brûler de l’encens, entreprise ?
on trouve de la musique apaisante sur le Web, on fait une
provision de bougies… On achète même des statuettes de Pour persévérer, il faut absolument vous rappeler vos moti­
Bouddha à son studio de yoga préféré ! vations, même si le message que vous envoie la société est :
confort, facilité et efficacité.
Mais en nous se tapit un saboteur, qui nous rappelle que nous
n’y arriverons pas, qui prend tous les moyens pour contre-
carrer nos plans. Eh bien, lui, on va lui demander de se taire. En pratique

Conseil Q uelles que soient vos motivations, qu’elles prennent leurs


racines dans des valeurs profondes ou dans une nouvelle
vision que vous avez de vous-même ou de l’existence, l’important

B ouddha n’a pas fait que s’asseoir pour méditer à temps


perdu, pendant cinq minutes de temps à autre, entre un
lunch, deux textos et une visite chez le coiffeur ! Il a passé une
est de vous rappeler que rien n’arrive immédiatement lorsqu’on
commence une nouvelle pratique.

grande partie de sa vie à chercher la vérité et à trouver le bonheur Il n’y aura pas de résultats instantanés, mais des bienfaits tout
collectif. Il a traversé une grande partie de l’Inde dans le cadre au long du processus, bien avant que le but ultime soit atteint.
de sa quête : il voulait se connaître lui-même, se délivrer et déli­ Chaque jour, réjouissez-vous d’être sur la bonne voie,
vrer les autres de la souffrance. prenez la mesure de vos efforts. Dites-vous : « Je suis maintenant
Un jour, il s’est assis sous un arbre pour méditer… et il y est une personne qui médite. Je dis au revoir à cette personne qui
resté pendant trois ans ! Il a sûrement dû faire de petites pauses était là avant et qui n’existe plus aujourd’hui. »
pour dormir et manger. Ainsi, ce que nous apprend Bouddha, Dans la tradition bouddhiste, chaque fois qu’on médite, on
c’est qu’il faut être patient pour cultiver le bonheur et la sérénité. doit se souvenir des raisons qui nous poussent à méditer.
La méditation est un entraînement de l’esprit.

~ 54 ~ ~ 55 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain L’art de méditer

que vous vivez en ce moment ou avec ce que vous avez envie de


Danser pour mieux méditer
vivre. Ça peut être un rythme lent, doux et plein de tendresse,
Ça ne va pas de soi à première vue, mais danser constitue ou un beat plus extatique, tribal, pour réactiver le courage ou la
une façon privilégiée d’accéder à l’état méditatif. Selon le force. En réalité, tous les airs ont le pouvoir de vous emmener
mythe de Shiva, le dieu de la danse, le monde a été créé dans dans le mouvement et dans la danse.
une grande chorégraphie cosmique. Alors, si vous aimez le
rythme et les mouvements, la danse méditative est pour
vous. Et si votre petit hamster court à des centaines de En pratique

P
kilomètres-heure dans votre tête, presque vingt-quatre
longez dans votre corps. Soyez dans le ici et le maintenant.
heures sur vingt-quatre, c’est un outil extraordinaire pour
Qu’est-ce qui vibre en vous ? Comment le rythme vous touche-
vous permettre de lâcher prise, pour vous défaire de vos
t-il ? Qu’est-ce qui a besoin de s’exprimer en vous ?
pensées obsessives récurrentes.
Ne luttez pas : que ce soit des énergies négatives ou positives
qui émergent, ça n’a aucune importance, car tout est énergie, tout
Conseil est mouvement.

R appelez-vous quand vous étiez un enfant : vous bougiez tout Libérez votre corps. Accordez-vous enfin le droit de bouger
le temps. Lorsque vous aviez peur, vous figiez ; lorsque vous sans chercher le mouvement parfait, sans devenir votre propre
étiez triste, vous vous mettiez en petite boule. Votre corps réagis­ spectateur, sans juger votre performance. Soyez simplement libre.
sait librement à toutes les énergies, les émotions, les pensées qui
Dansez comme si vous vous envoliez ou comme si vous
vous habitaient. Rendu adulte, vous vous êtes fait dire qu’il fallait
nagiez sous l’eau ! Soyez un dieu, une déesse ! Cessez d’être le
bien se tenir. Alors vous êtes devenu une statue, un petit robot
danseur et devenez la danse ! Devenez le mouvement ! Devenez le
qui n’a plus de liberté de mouvement. Vous n’honorez plus les
rythme ! Devenez l’instant présent ! Devenez les énergies qui vous
pulsions de votre corps, qui a besoin de bouger et de s’exprimer.
englobent ! Bougez là-dedans, librement, en pleine conscience. En
La danse s’insère ainsi très bien dans le processus de médi­ dansant, dites-vous : « Je célèbre et j’honore tout ce qui est en
tation qui, en passant, ne se résume pas à une seule pratique moi. Peu importe les émotions, l’état d’esprit dans lequel je suis,
(comme s’asseoir les yeux fermés en position de lotus, pour re­ les pensées qui traversent mon esprit. Je les danse ! Je les célèbre !
prendre le cliché le plus répandu). Différentes pratiques et tech­ Je les honore ! Je les accueille ! »
niques vous amèneront à l’état de pleine conscience recherché.
Votre danse méditative s’élèvera en quelque chose de plus
Comment faire de votre prochaine danse une méditation ? grand et de plus beau. Elle sera la célébration de la vie et de tout
Commencez par choisir une musique qui se marie bien avec ce ce qui est en vous.

~ 56 ~ ~ 57 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain L’art de méditer

Le défi de la mouche Conseil

La réputation de cette mouche n’est plus à faire. On la


connaît tous. Elle fait son apparition en camping durant le V ous aurez compris que cette mouche est une métaphore
pour illustrer toutes ces sources de stress qui nous impor­
tunent au quotidien – que ce soit le bruit strident du système
souper, lors d’une méditation ou encore la nuit dans notre
chambre, lorsque nous tâchons de trouver le sommeil. Elle d’alarme d’une voiture que personne ne semble vouloir arrêter,
nous énerve ! À un point tel que nous concentrons notre es- cette personne qui ne cesse de dire du mal de nos collègues, ce
prit sur elle. Elle devient un ennemi, un monstre à abattre, rendez-vous chez le dentiste, le métro qui ne part pas à cause
qui perturbe notre paix intérieure. d’une porte mal fermée… Malgré leur peu d’importance, on en
fait quelque chose de gros. À travers eux, on crée une tension
Pendant la méditation, elle virevolte autour de nous, se pose dans son esprit. Conséquemment, on perd sa paix et son harmo­
sur notre visage, notre cou, notre crâne, nos jambes. Nous nie intérieures.
espérons alors qu’elle va s’envoler au loin et ne plus revenir…
mais non ! Ça devient comme un combat entre elle et nous.
Bougeons un peu pour la faire partir… En vain, elle revient En pratique
constamment.

Décidément, cette petite mouche nous cause un stress inutile


et disproportionné en comparaison de sa grosseur !
S i aujourd’hui vous rencontrez une « mouche », respirez pro­
fondément et demandez-vous comment vous pourriez
transformer dans votre esprit la perception de cet irritant.
Changeons de stratégie : transformons notre vision de cette Partez de ce « problème » et transformez-le en un élément positif
petite mouche. Et si nous décidions de nous en faire une amie ? de joie ou de douceur. Ce peut aussi être une invitation à la
Si elle devenait une copine qui vient nous saluer, nous faire patience, à mieux respirer, à retrouver votre calme.
une petite caresse dans le cou ou nous chatouiller le bras ? Prenez cet ennemi et faites-vous-en un ami pour retrouver
En l’espace d’une minute, nos petites frustrations et tensions votre paix intérieure et pour revenir dans l’instant présent.
intérieures sont disparues !

La mouche est même devenue une source de joie. Chaque


fois qu’elle revient, on ne ressent qu’un chatouillement
presque agréable. Dans le fond, dans le grand ordre des
choses, se faire chatouiller par une petite mouche pendant
que l’on médite, ce n’est rien, non ?

~ 58 ~ ~ 59 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain L’art de méditer

Vous n’êtes jamais trop malade En pratique


pour méditer
Comment vivre en pleine conscience, comment méditer,
C omment aborder ces limitations différemment ? Par un
exercice de méditation, bien sûr.
comment profiter malgré tout de la vie alors qu’on se sent Voyez votre symptôme comme une occasion. Accueillez,
limité dans un corps malade ou fatigué ? En d’autres termes, en pleine conscience, ce que vit votre corps : voilà un excellent
comment mieux vivre avec ses limitations, quelles qu’elles exercice d’autocompassion. Soyez à l’écoute de votre corps –
soient ? quels sont ses maux, ses douleurs, d’où provient la fatigue ? – et
devenez son meilleur ami. Il faut répondre aux besoins de son
Dans notre société où il faut être compétent et performant
corps. Le soigner, tout simplement ! À travers la douleur, il
tout en étant joyeux, ce n’est pas facile d’avoir un ennui de
exprime des besoins. Parfois, c’est de la douceur qu’il veut.
santé. Il faut être parfait dans tout, même dans ses loisirs
D’autres fois, il vous demande de ralentir ou de mieux prendre
ou avec sa famille. Et le montrer, ce bonheur, dans ses ré-
soin de vous et d’être attentif au stress.
seaux sociaux. Nous subissons cette pression constante.
Or, des petits bobos, des rhumes, des grippes, des maux de Si vous vivez des moments où le corps ne suit pas nécessai­
dos, des fatigues ou de l’anxiété nous imposent des limites. rement toutes vos intentions et votre enthousiasme, c’est un
signe qu’il faut prendre le temps de vivre un moment de pleine
conscience avec lui. De quoi a-t-il besoin pour retrouver son
Conseil équilibre et la santé ?

B ouddha nous enseigne que ce n’est pas nécessairement les


douleurs ou les maladies qui nous font souffrir, mais la ré­
sistance à ces problèmes.

Lorsque nous tombons malades, notre premier réflexe est


de nous dire : « Ah non ! Cette maladie m’empêche d’être qui je
suis, de faire ce que je veux et de profiter de la vie comme je le
fais habituellement ! » Nous faisons de notre limitation notre
ennemie.

~ 60 ~ ~ 61 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain L’art de méditer

Transformer ses lectures En pratique


en méditation
Vous demandez-vous pourquoi, après avoir lu tant de ces
A u lieu de vous donner comme défi de lire six livres de déve­
loppement personnel cette année, prenez la résolution de
moins en lire.
livres de sagesse ancestrale ou moderne, ou de ces guides
de développement personnel, vous avez l’impression que Prenez régulièrement des pauses durant vos lectures.
votre vie n’a pas beaucoup changé et que vous n’avez pas Profitez-en pour respirer les mots, les laisser vous atteindre. À la
guéri vos blessures ? Il s’agit d’œuvres dont l’objectif est de fin d’un chapitre, écrivez ce qui vous a touché sincèrement.
se transformer, de se ressourcer, d’avoir une nouvelle vision Surtout, demandez-vous de quelle façon ce que vous lisez parle
de soi-même, de la vie et du monde, mais vous ne constatez de vous et de votre vie. Comment pourriez-vous intégrer cette
pourtant aucune amélioration tangible en vous. sagesse dans votre vie ?
La raison en est fort simple : c’est parce qu’on les lit avec son
intellect. On se sert alors des livres uniquement pour accu-
muler de l’information. C’est là le piège : on se dit que plus on
va savoir, mieux on va se sentir, plus on va évoluer, plus on
va grandir.

Conseil

P osez-vous la vraie question : est-ce que mon esprit, mes


pensées et ma vision du monde se transforment grâce à
toutes mes lectures ? Est-ce que je me laisse toucher par celles-ci ?
Est-ce que je prends le temps de les méditer ? En d’autres termes,
est-ce que je prends le temps de laisser les textes et les images
issus de ces lectures se déposer en moi ?

~ 62 ~ ~ 63 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain L’art de méditer

pensées, les états d’esprit. Si vous n’avez pas de préjugés, si vous


Vous êtes un sanctuaire
n’avez pas d’attentes, vous ferez des rencontres extraordinaires
La méditation n’est jamais ennuyante. C’est même la chose et surprenantes à chaque méditation.
la plus enthousiasmante du monde. Méditer, c’est comme se
Laissez les pensées, les sensations et les émotions appa­
promener inconsciemment ; comme si on était devant un ciel
raître, se transformer et disparaître sans intervenir. Le danger
infini avec des univers et des galaxies, comme si tout un
est de vouloir faire disparaître le cyclone… Quand je médite, je
monde s’ouvrait à soi.
prends place au cœur de ce cyclone, dans son œil, soit dans un
Lorsqu’on s’assoit pour méditer, ou qu’on fait une médita- espace de paix, de lumière et de plénitude. Dans cet espace, il n’y
tion debout ou en marchant, c’est comme si le soleil de la a plus de cyclone. Je deviens un espace de clarté et de pureté
conscience, cette lumière, cette présence intérieure écartait pour éveiller en moi le Bouddha qui m’habite.
les nuages. Tout à coup se dévoile à la conscience un univers
extraordinaire, qui se renouvelle d’instant en instant.
En pratique
Tout s’écarte pour laisser place à cette conscience : vous, vos
passions, vos rêves, vos peurs, les distractions qui occupent
votre esprit. Chaque méditation est une plongée dans cet T out doucement, avec une curiosité bienveillante, tournez
votre regard vers l’intérieur et observez tout le bagage avec
lequel vous arrivez. Comme si vous alliez à la rencontre de votre
univers à l’intérieur de vous-même, un univers organique en
mouvement, qui peut vous surprendre à chaque instant. meilleur ami et que vous lui demandiez comment il va.
Demandez-vous : « Comment ça va, en ce moment ? »
Méditer, c’est reconquérir cet espace de curiosité bienveil-
lante envers soi-même. C’est apprendre à se reconnecter Accueillez la réponse. Soyez à votre écoute. Comment vous
avec soi, avec tout ce qui est là, en se libérant des jugements sentez-vous, dans votre corps, en ce moment ? Comment va
et des attentes. votre cœur ? Et votre esprit ? Quelles sont les images, les pensées,
que vous y créez ? Quelles sont vos préoccupations ? Restez pré­
sent à ce qui se passe à la fois dans votre corps, dans votre cœur
Conseil et dans votre esprit.

I maginez que la nuit arrive. Vous vous couchez sur le sol et Il est normal que l’esprit désire recommencer à vagabonder
contemplez la Voie lactée. Vous n’attendez rien de précis. Vous de temps en temps ! Chaque fois qu’il le fait, souriez, ramenez-le
restez simplement présent à ce qui est là. rapidement à cet état intérieur de témoin, d’observateur, et re­
gardez de nouveau les sensations ou les pensées présentes dans
C’est à ce moment que vous serez surpris. À l’intérieur de
votre corps. Demeurez présent à vous-même.
vous, tout se renouvellera à chaque instant : les émotions, les

~ 64 ~ ~ 65 ~
Chapitre trois

Vivre dans l’amour


Vivre dans l’amour

Se sentir bien dans sa peau


Dans le monde actuel, on a complètement oublié, nié que
notre corps est le véhicule de la conscience et des sens. Il
est notre porte vers les plaisirs, vers l’extase, mais aussi
vers la communion avec nous-mêmes, la communion avec
l’autre et l’union avec notre environnement à travers nos
sens. À quand remonte la dernière fois où l’on vous a touché
et que ça a fait vibrer toutes les fibres de votre corps ?

Nous vivons dans une société où l’on doit constamment ca-


cher les imperfections du corps et du visage. Cette pression
impose énormément de stress sur notre corps. Il lui faut
toujours être mieux, être « le plus » : mince, musclé, souriant,
bien coiffé, en forme avec la peau ferme, pas trop ridé et ça
continue… En santé, bronzé, performant, rayonnant, etc.

Conseil

P lutôt que de vous concentrer sur cette exigence de perfor­


mance corporelle, prenez un moment pour regarder avec
amour et bienveillance tout ce que votre corps vous apporte.
Nous avons tous la capacité d’incarner cette conscience du
corps. Reconnaissez et appréciez ce véhicule extraordinaire
dans lequel vous habitez. Généralement, on est conscient de
son corps seulement lorsqu’on se fait mal, lorsqu’on se blesse,
quand on a faim ou qu’on a besoin d’aller au petit coin.
Aujourd’hui, prenez-en conscience pour une bonne raison,
positive.

~ 69 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans l’amour

Vieillir vous inquiète ? Adoptez alors le principe du wabi-­ serez prêt, regardez-vous droit dans les yeux, dans l’intention
sabi. « Wabi » désigne l’art et la beauté, tandis que « sabi » est d’y voir la beauté.
l’usure du temps, l’effet de celui-ci sur les choses, la nature, les
Ensuite, prenez un moment pour contempler tous les détails
cycles et les saisons. Les deux entités qui forment ce concept
de votre visage, comme on contemple un paysage que l’on dé­
nous apprennent à voir la beauté à travers l’usure du temps,
couvre pour la première fois. Essayez seulement de voir la beauté
comme un vestige, comme un héritage, comme le passage de
naturelle de ce qui apparaît sous vos yeux.
l’expérience. Selon les préceptes du wabi-sabi, c’est parfait de
perdre un petit peu patience, d’avoir de petits défauts, de voir Ces petites imperfections, témoins de l’usure et du passage
apparaître des petites pattes d’oie autour de nos yeux. du temps et de la vie, essayez de les voir avec plus de bienveil­
lance et d’accueil. Essayez d’y déceler toute la beauté de la vie et
En un mot, c’est parfait d’être humain !
de l’existence.

Troisième exercice : quand vous dégustez quelque chose ou


En pratique entendez une musique, ou quand on vous touche ou que vous sen­
tez le souffle du vent ou un rayon de soleil caresser votre visage,

P our recommencer à voir que votre corps est un temple sacré,


un simple exercice consiste à se regarder nu devant un mi­
roir. Eh oui, c’est un défi de pleine conscience, parce que ce corps
prenez un moment pour respirer. Laissez ce plaisir entrer dans
votre corps et vivez-le de l’intérieur.

est une partie de nous. Il est précieux et il faut apprendre à l’ai­ Ressentez votre corps à nouveau, faites-en l’expérience non
mer dans tous ses petits détails… et défauts. pas à travers votre intellect ou votre ego, mais dans le pur présent,
en communion avec les sens en éveil.
Contemplez-le comme un territoire nouveau. Accueillez-­
le. Considérez-le au-delà de l’intellect. Regardez-le sans avoir de
pensée : juste un regard regardant, qui prend contact avec ce
corps qui est là, en face de vous. Examinez-le membre par
membre, détail par détail, relief par relief.

Deuxième exercice : placez votre visage près d’un miroir,


en maintenant la distance la plus courte, mais en vous assurant
que vous le voyez bien net. Fermez les yeux et faites quelques
respirations en essayant de vous détendre. Oubliez que c’est
« votre visage », oubliez de vous juger, oubliez les conventions
sur la beauté et vos attentes sur votre apparence… Lorsque vous

~ 70 ~ ~ 71 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans l’amour

Cesser de se juger et apprendre tions une couche de boue ; nous avons l’impression qu’il n’y a
que de la boue, mais le cristal est toujours là, en dessous !
à s’aimer
Bouddha enseigne que tous nos défauts ne nous définissent
Pourquoi sommes-nous souvent notre plus grand juge, notre
pas : ils se sont seulement construits en nous. Ils ne sont ni
plus grand critique ? Pourquoi tant de violence contre soi-
dans notre essence ni dans notre nature profonde.
même, alors que ce serait si facile de s’aimer, d’être bien-
veillant et de prendre soin de soi ? On est sévère avec soi-même lorsqu’on prend de mauvaises
décisions, lorsqu’on fait des erreurs ; on se juge quand on ne
En thérapie, on veut pardonner notre passé, les gens qui nous
se sent pas à la hauteur. Il vous serait probablement plus
ont fait mal, ceux qui nous ont déçus, trahis, etc. Par contre,
facile de nommer vos dix pires défauts que vos cinq meil-
on oublie souvent que la personne pour qui on a encore beau-
leures qualités. C’est un peu triste, vous ne trouvez pas ?
coup de ressentiment, par laquelle on s’est senti trahi, sur qui
on aimerait porter un jugement et pour laquelle on ressent En conséquence, on cherche dans le regard de l’autre ce
encore de la colère ou des frustrations, c’est soi-même. qu’on ne trouve pas en soi : la sécurité, l’amour, la reconnais-
sance et la renommée. On donne ainsi un immense pouvoir à
Lorsque nous sommes venus au monde, nous étions un petit
l’autre sur son estime de soi. C’est pourquoi, lorsque les
cœur joyeux avec une capacité d’aimer infinie et un regard
autres nous critiquent ou nous jugent, nous tombons plus
émerveillé sur le monde, Voilà notre véritable nature, notre
facilement dans le ressentiment et la colère.
véritable identité. Tout le reste s’est construit par-dessus
cette identité naturelle. Pourquoi est-ce si difficile de re-
trouver celle-ci, une fois adultes ?
Conseil

L
Probablement parce que nous nous identifions davantage à
a philosophie bouddhiste nous rappelle avec justesse que nous
nos défauts – des traits de caractère, des comportements
sommes ici pour évoluer et nous libérer de notre souffrance.
ou des habitudes de vie qui nous amènent à avoir des ac-
C’est comme si on était en stage sur Terre : on ne sait pas com­
tions dommageables pour nous-mêmes et pour les autres –
ment vivre, comment aimer et encore moins ce que l’on vient
qu’à nos qualités. Ces défauts se sont construits à travers
faire ici. Si nous nous donnons le droit d’être imparfaits et que
des expériences de vie négatives et des habitudes mentales
nous reconnaissons que nous sommes en apprentissage, nous
qui se sont répétées sans que nous nous en rendions compte,
aurons tendance à moins nous juger. Nous n’avons pas besoin
au fur et à mesure de la vie, et auxquelles nous nous identi-
d’un juge en nous, mais bien d’un coach qui nous aide à nous
fions un peu plus chaque jour. C’est comme si nous étions un
relever, qui nous encourage, qui reconnaît nos efforts et qui voit
beau petit cristal lumineux et que, chaque jour, nous y ajou-
nos erreurs comme des occasions d’apprentissage.

~ 72 ~ ~ 73 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans l’amour

On peut aussi voir tous les êtres qui nous entourent de la Quand de vieilles habitudes de vie ou des comportements
même façon, comme des stagiaires. Ils sont tous ici pour ap­ négatifs ressurgissent, on prend le temps de regarder quels sont
prendre, se développer, évoluer. Soyons solidaires dans cette les motifs intérieurs. Quelle est l’émotion, la pensée ou la
belle quête humaine qu’est notre existence. Nous n’avons pas de croyance qui me pousse à être la moins bonne version de moi-
réponses aux grandes questions sur le sens de la vie, alors soyons, même ? Ensuite, on décide qu’on est autre chose. On décide qu’au
les uns pour les autres, de bons compagnons d’aventure. lieu d’être un impatient qui se fâche, on est une personne pa­
tiente. On va chercher à l’intérieur de soi la patience – parce
qu’elle est là.
En pratique
Car vous êtes toujours le seul et unique maître de votre es­

C haque fois qu’on se trouve un défaut, au lieu de se critiquer,


de se condamner, de se juger, on se regarde comme un être
qui souffre ou qui est en apprentissage, tout simplement.
prit. Vous êtes le propre créateur de votre identité. Chaque ma­
tin, quand on se réveille, on peut renaître et devenir le meilleur
de soi-même.
Un bel exercice : écrivez-vous une lettre de pardon, en y Exercice inspiré de cet enseignement : commencez votre
incluant tout ce que vous auriez eu besoin de vous pardonner. journée en conscience, en respirant et en invitant le meilleur de
On ne parle pas ici de complaisance ! « Je suis comme ça, moi, je vous-même à se manifester toute la journée. Invitez dans votre
me fâche souvent. Je suis impatient, mais ce n’est pas grave. » On méditation la joie, la tolérance, le courage, la force de vivre vos
parle plutôt d’une lettre d’amour, d’amour pour soi, pour ame­ vérités. Ainsi, chaque jour, vous reprenez le contrôle de votre vie
ner plus d’amour vers les autres. Pas question de faire semblant intérieure.
que tout est parfait et de fermer les yeux sur tout : on prend
Du matin au soir, restez vigilant parce que la méditation ne
conscience des commentaires désobligeants ou des jugements
se termine pas quand vous vous levez de votre coussin : c’est un
intérieurs qu’on a faits sur soi, et on les regarde avec clarté, bien­
état. Alors, plus tard, lorsque quelque chose de négatif se mani­
veillance et ouverture. C’est dans l’amour et l’acceptation de ses
feste en vous, au lieu de lui donner du pouvoir et de réagir à cette
imperfections qu’on peut générer l’intention et la volonté de
situation ou à cette émotion négative, vous vous rappelez que
s’améliorer et de devenir meilleur. La prochaine fois, on se pro­
vous êtes patience, joie, gratitude et courage. Vous appelez à
met de faire autrement, mieux. Derrière chaque défaut, chaque
nouveau ces énergies, ces états d’esprit, à être à l’intérieur de vous.
erreur, il y a des mécanismes de défense qui tendent de camou­
fler ou de soulager une souffrance. C’est pourquoi il faut choisir Vous pourrez ensuite tourner votre regard vers les autres avec
une attitude de compassion envers soi, parce que chaque faille a la la même bienveillance quand vous observerez des comportements
souffrance comme origine. Ainsi, plutôt que de juger le défaut, le inadéquats à vos yeux. De cette façon, vous apprendrez à moins
comportement ou le geste inadéquat, méditons avec lui. prendre les choses personnellement et à avoir de la compassion.

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Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans l’amour

Devenir la personne qu’on En pratique


rêve d’être : soi-même !
Une partie de nous aspire à être mieux et admire certaines
Q u’est-ce qui fait qu’on s’empêche d’être celui ou celle qu’on
désire devenir ? On est souvent convaincu qu’on n’y arri­
vera pas, que le chemin est trop sinueux et semé d’embûches.
personnes pour une foule de raisons. Or, ces dernières
C’est avec ces pensées, qu’on s’est dévalorisé dès le plus jeune
n’ont pas toujours été telles qu’elles sont actuellement : on
âge, en se convainquant qu’on n’avait pas le talent requis pour
n’a qu’à parler avec elles pour découvrir qu’elles ont vécu
atteindre un but.
des périodes creuses, elles aussi. Puis, pour une raison
quelconque, elles ont décidé de changer et de devenir non Commencez d’abord par contempler vos pensées et vos
pas quelqu’un d’autre, mais elles-mêmes, qui elles sont vrai- croyances à votre sujet. Quelles sont celles qui vous permettraient
ment. Il est là le piège : nous essayons trop de devenir d’atteindre votre but ? Quelles sont celles qui nous nuisent ?
quelqu’un d’autre. Et nous attendons longtemps avant de Gardez les premières, débarrassez-vous des autres.
nous rendre compte qu’il est préférable de devenir qui nous
L’idée est de transformer la vision que vous avez de vous-
sommes réellement.
même. Votre identité a été créée à travers vos parents, votre
Il n’y a pas de recette magique pour devenir la personne que éducation, le reflet que la société vous a renvoyé de vous-même,
nous rêvons d’être : nous ! La transformation ne se produira etc. Il est temps de vous affranchir de tout ça.
pas du jour au lendemain… et ne se fera pas sans un petit
Cessez de penser que vous n’êtes pas une personne sportive
peu d’effort et de discipline joyeuse.
ni une personne talentueuse, quelqu’un qui n’est pas né pour la
réussite, un être de peu d’envergure ou une personne qui est
tout sauf exceptionnelle. Nous avons tous quelque chose d’ex­
Conseil
ceptionnel, de magnifique et d’unique à partager. Aujourd’hui,

I maginez quelqu’un qui se met à faire du jogging : il ne courra


pas un marathon le premier matin ! Il débutera en joggant
pendant cinq minutes, en prenant des pauses pour reprendre
c’est le temps ou jamais de le faire. Rappelez-vous qu’il est beau­
coup plus facile de faire rouler une pierre déjà en mouvement
que celle qui est immobile. Il vous sera donc difficile d’amorcer
son souffle. Petit à petit, il courra 15 minutes, puis 30, puis une le mouvement vers la transformation, mais plus vous avancerez,
heure… Après une année à s’entraîner régulièrement, il réussira plus vous persévérerez, plus ce sera facile.
peut-être à courir un premier demi-marathon, soit 21 km…

C’est le même principe qui s’applique à la transformation


de soi : un pas à la fois, et de plus en plus de pas chaque jour.

~ 76 ~ ~ 77 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans l’amour

Le sourire demande si peu d’efforts, en plus ! C’est comme


Répandre de la joie et
si les muscles du visage n’attendaient qu’une invitation pour
de l’amour partout s’activer et faire déferler la joie dans le cœur.
Vous croisez une personne sur un trottoir. Chose extraordi-
naire, plutôt que de détourner le regard pour fuir les yeux
de l’autre, vous vous regardez et vous vous souriez. En pratique

Qu’y a-t-il de plus naturel chez les êtres humains que le sou-
rire ? Après avoir souri, on a le cœur léger. On se sent bien. F aisons un petit geste spontané que nous avons peut-être refoulé
parce que nous le jugions trop sévèrement. Laissons-nous
aller. Sourions et soyons présents à nous-mêmes et aux autres.
On est plus heureux. Pourquoi ? C’est qu’en souriant, le
corps donne à votre esprit et à votre cœur un message Ça ne prend qu’une fraction de seconde de notre vie. Par le sou­
positif. Dans le bouddhisme, on appelle cette technique la rire, c’est le meilleur de nous qui s’exprime. C’est ce que nous
« perception positive ». Vous vous sentez plus léger comme avons de plus beau à offrir au monde. Le sourire est une manifes­
si le monde était soudainement devenu plus agréable. tation physique de la joie et de l’amour.

La prochaine fois que vous serez irrité ou d’humeur


maussade, prenez une respiration et souriez… Attendez un
Conseil petit instant et le pouvoir de votre sourire se fera sentir.

A ujourd’hui, pourquoi ne pas sourire à un inconnu, une


personne avec laquelle, en une fraction de seconde, vous
pouvez échanger complicité, solidarité, humour et ouverture, et
Si vous disposez de plus de temps, souriez intérieurement.
Imaginez le soleil à l’intérieur de vous et faites en sorte que tout
votre corps soit joyeux, lumineux et vibrant.
ce, sans même vous dire un mot ? Chaque jour, nous sommes
capables de ce genre de petit miracle avec ce simple sourire ou
un rire, une présence, un regard silencieux rempli de compas­
sion, une main sur l’épaule.

Contrairement aux enfants, nous avons perdu la faculté


de sourire sans raison. Or, le sourire est une façon très simple de
nous sentir bien dans notre esprit et dans notre corps. C’est in­
croyable comme un mouvement de lèvres peut changer notre
humeur ! Ça semble trop facile pour être vrai.

~ 78 ~ ~ 79 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans l’amour

immortelle en eux, la conscience qui les anime. C’est la même


Imaginer un monde où nous
qui vous anime aussi.
sommes tous des frères et sœurs
Apprenez à regarder les autres à travers ce qui nous ras­
Il est rare que nous regardions l’autre tel qu’il est. Rare que semble, ce qui nous ressemble, au lieu de créer des relations à
nous soyons capables de passer outre à nos différences et partir de nos différences. Ainsi, vous créerez une humanité unie
de voir notre prochain tel qu’il est en lui-même. Généralement, et davantage solidaire.
nous le percevons à travers nos préjugés, nos a priori, nos
biais, etc.

Apprenons à voir tous les autres comme nos frères, nos En pratique
sœurs, avec qui nous partageons l’expérience humaine. Car (exercice à faire avec un partenaire)

A
au-delà des apparences, nous sommes tous finalement… pa- ssoyez-vous confortablement l’un en face de l’autre. Après
reils. Alors pourquoi nos relations sont-elles si difficiles ? avoir apaisé votre esprit, ouvrez les yeux et commencez à
Pourquoi sommes-nous si agressifs les uns envers les vous fixer du regard. Tentez de rester neutres, sans sourire, sans
autres ? Pourquoi tous ces conflits, tant dans notre vie quo- expression. L’objectif est de vous libérer de vos masques pour
tidienne que dans notre société ? Nous nous attardons évi- permettre une rencontre authentique.
demment trop à nos différences.
Dans cette technique, il est essentiel de ne pas lutter contre
Nous oublions que, fondamentalement, nous avons tous une les pensées, mais il est important de ne pas les laisser vous dis­
part d’humanité, une part de peur, de souffrance, de joie, traire. Elles restent en bruit de fond, mais votre attention est
d’amour et une conscience. Quand on prend la peine de re- concentrée sur le regard de l’autre. Faites abstraction des bruits
garder les autres sous cet angle, on ressent un tel sentiment ambiants, des pensées de surface, des sensations physiques afin
de réjouissance. Il nous donne envie de nous rapprocher d’atteindre un état de transcendance qui vous amène à vivre de
des autres et nous sort de tout ce qui peut être conflictuel petites et de grandes réalisations.
entre nous.
Ne cherchez pas de résultats immédiats ni faciles. Ne fixez
votre esprit que sur l’intention durant la méditation. Dégustez
Conseil simplement le moment présent !

P ortez votre regard vers l’autre. Au lieu de voir des vêtements,


une religion, une ethnie ou une classe sociale, regardez les
gens dans les yeux et essayez de prendre contact avec cette partie

~ 80 ~ ~ 81 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans l’amour

Apprendre à écouter différemment En pratique


pour vivre des rencontres
authentiques L es gens ne racontent jamais rien d’insignifiant : s’ils prennent
la peine de partager quelque chose avec vous, c’est que c’est
significatif pour eux. Cette anecdote, ces émotions disent quelque
Ah ! Ces soirées entre amis ou en famille, comme les barbe-
chose sur eux.
cues ou les pique-niques. Ces moments où on est entouré de
gens qui ont parfois peu en commun avec soi et qui n’ont pas Il faut donc écouter avec votre cœur, un outil plus profond
les mêmes intérêts. On a l’impression de se retrouver au que vos oreilles et vos jugements. De cette façon, vous découvrez,
cœur de discussions superficielles et de perdre un temps par exemple, que lorsque votre interlocuteur relate un conflit
précieux. qu’il a vécu avec quelqu’un au travail, cette personne – qu’on ne
connaît pas et qui ne nous intéresse pas a priori – est en train de
Voici de petites astuces pour vous assurer que toutes ces
vous transmettre quelque chose de beaucoup plus profond. Des
discussions apparemment futiles se transforment en rela-
vérités comme : « J’ai besoin d’être aimée, ces temps-ci. » « J’ai
tion réelle, d’où vous ressortirez enrichi, nourri.
besoin d’être dans la paix. » « J’ai besoin de nourrir de nouvelles
relations. » Lorsqu’elle parle de sa hâte de partir en vacances
dans le Sud, elle est peut-être en train de dire à quel point elle a
Conseil
travaillé fort ces dernières années, à quel point ces vacances lui

R appelez-vous que la communication part également de


vous. Il y a certainement d’autres personnes qui désirent,
comme vous, avoir un partage sincère et des échanges plus
feront un bien extraordinaire et que, enfin, elle s’accorde du
temps pour prendre soin d’elle-même.

Écouter différemment a aussi pour effet de vous amener à


profonds. Parfois, on reste prisonnier de discussions superficielles,
vous poser de meilleures questions, car vous apprenez à lire
parce que personne n’ose briser la glace et ouvrir un espace de
entre les lignes, à entendre entre les mots. Quand on écoute avec
partage véritable.
son cœur, aucune discussion n’est superficielle ! Votre interlocu­
Peu importe le sujet, gardez en vous ce conseil : les gens teur ne parlera plus de quelque chose qui ne vous concerne pas,
tentent toujours de se dévoiler et d’exprimer une vérité plus mais de quelque chose qu’il a dans le cœur, l’âme ou l’esprit.
grande que ce qui paraît en surface. De plus, la qualité d’écoute Résultat : une vraie connexion naît. Un lien véritablement plus
influence ce que les personnes vous communiquent. Laissez authentique avec l’autre, dont on sort enrichi, nourri.
votre interlocuteur prendre des pauses, aller au bout de son idée.
Il pourrait vous surprendre par son propos.

~ 82 ~ ~ 83 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans l’amour

Trouver l’amour et le conserver l’âme, qui désire être au service de l’autre. L’ego calcule,
l’âme donne sans compter ; l’ego part d’un manque en nous,
Comment se fait-il qu’il soit si difficile de tomber et de rester l’âme s’abreuve à notre plénitude.
amoureux ?
De plus, on se retrouve dans une société qui stimule telle-
On cherche tellement la personne unique sur sept milliards ment l’intellect qu’on réfléchit désormais trop à ses rela-
d’êtres humains qui nous permettra de (re)tomber amou- tions amoureuses (et humaines en général). Or, le succès de
reux… qu’on passe à côté de cet état amoureux qui devrait nos relations amoureuses passe par l’évacuation de notre
toujours être présent dans sa vie ! intellect et de notre ego. Le cœur n’a besoin d’aucune raison
pour aimer, car sa nature est amour.
Vous avez sûrement discuté avec des célibataires récem-
ment ; à les entendre, on a l’impression qu’ils sont de plus en
plus dans des relations purement transactionnelles et utili-
Conseil
taires. Nous vivons nos amours naissantes comme si nous
nous magasinions une voiture : il faut que les relations ré-
pondent à certains critères ; nous faisons des listes et nous
nous créons des attentes. Et dès que quelque chose cloche
N otre premier « problème » avec l’amour est de penser que
l’état amoureux se vit avec l’autre. Et on attend tout de cette
personne, car celle-ci détient le pouvoir de nous emmener – ou
ou nous énerve, nous retenons notre capacité d’aimer pas – dans cet état amoureux que l’on désire tant. Or, le senti­
jusqu’à ce que la personne mérite à nouveau notre amour ; ment amoureux que l’on recherche consiste à tomber en amour
ensuite, nous ouvrons notre cœur et nous lui donnons avec l’existence, avec chaque instant et avec toutes les proposi­
de la tendresse. tions que la vie a à nous offrir. Peu importe les circonstances, il
faut apprécier, aimer et voir la beauté dans chaque instant. C’est
N’avez-vous pas l’impression, parfois, de vivre dans un sys-
ça, l’état amoureux. Pourquoi attendre vos vacances, ou le mo­
tème de récompenses et de punitions ? Je vais te donner de
ment parfait, pour vous sentir ainsi ?
la tendresse si tu m’en donnes à ton tour ; tu n’as pas été gen-
til ce matin ; donc, ce soir, je vais te bouder un peu. On se Prenez la résolution d’écouter le cœur, mais n’essayez pas
laisse trop souvent entraîner dans le cynisme, le jugement de comprendre ce qu’il vous dit, ne faites que l’écouter. Aimez,
et toutes sortes d’attentes qui ne sont pas nourries, comme aimez parce que ça goûte bon, parce que ça fait du bien. Aimez,
si on s’attendait à plus, tout le temps, de la vie et des autres. parce que c’est pour cela que nous sommes venus au monde,
Nous sommes des amoureux très exigeants. Trop exigeants. c’est pour cela que nous vivons l’expérience humaine. Donnez
librement de l’affection : ça ne vous coûtera rien et vous en reti­
Ce type d’amour transactionnel est dicté par l’ego, qui
rerez énormément. Donner ne vous enlève rien.
cherche à recevoir plus qu’à donner ; or, il faut aimer avec

~ 84 ~ ~ 85 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans l’amour

Et n’oubliez pas que l’état amoureux peut se manifester pas éternelle, que cette forme de vie peut s’en aller sans prévenir,
dans tous les espaces de notre vie, pas seulement dans les rela­ du jour au lendemain, nous permet d’apprécier davantage l’ins­
tions amoureuses. Dans l’amour, il y a de la joie ; dans l’amour, tant présent.
il y a un regard qui voit la beauté ; dans l’amour, il y a quelqu’un
Méditez cette vérité toute simple : « Tout ce qui est là et qui
qui accueille l’imperfection de l’autre ; dans l’amour, il y a une
m’entoure est éphémère. Chaque journée est unique. Le moment
personne qui cesse d’attendre qu’on lui donne pour donner en
que je vis ne reviendra plus jamais. J’ai le choix de l’apprécier
retour. Car la première personne qui reçoit l’amour, c’est soi-
pour ce qu’il est, de le déguster, de l’aimer ou de passer à côté.
même. Quand je suis dans un état d’amour, c’est moi qui me
Puisque tout va se terminer un jour, j’arrête de trop penser et de
mets dans un état de bien-être et d’harmonie. Et cet état rayonne
juger, je n’attends plus et je déguste la vie ! »
sur les autres, peu importe qui ils sont, leur comportement ou ce
qu’ils font aujourd’hui. Offrez de l’amour dans tous les petits gestes du quotidien.
Lorsque vous cuisinez votre repas, lorsque vous préparez votre
café, lorsque vous vous brossez les dents ou encore quand vous
En pratique faites votre lit, imaginez que vous le faites pour la personne la
plus importante au monde, avec une intention de bienveillance

L a prochaine fois que vous sentirez que vos pensées vous


éloignent de l’amour, revenez au cœur. Suivez cette petite
voix intérieure qui vous guidera toujours vers la douceur, le
et d’amour, pour nourrir votre cœur avec douceur, tendresse et
amour. Insuffler de l’amour dans ces petits gestes qui passent
inaperçus vous amènera dans une plus grande conscience, une
pardon, la réconciliation et l’union.
plus grande présence au quotidien. Vous entretiendrez ainsi une
Vous pouvez écrire sur un papier toutes les « raisons » pour relation de respect et d’amour pour vous-même et dans tout ce
lesquelles vous êtes en colère ou plein de ressentiment à l’égard que vous ferez.
d’une personne. Jetez ensuite le papier à la poubelle, déchirez-le
Si vous agissez ainsi à compter de maintenant, et ce, chaque
ou brûlez-le. Décidez de ne plus suivre la raison ni l’ego quand il
jour, votre besoin d’amour sera comblé. Et, en retour, vous serez
s’agit des affaires du cœur. Prenez un moment pour respirer,
capable de mieux donner de l’amour aux personnes qui vous
pour écouter, et suivez cette voix qui vient de l’intérieur !
entourent.
Plongez dans votre cœur et réapprenez à aimer comme un
choix, comme un engagement, comme un acte d’écoute de soi et
de sagesse.

Rappelez-vous aussi que nous sommes tous sur terre pour


un très court moment. Nous rappeler que notre existence n’est

~ 86 ~ ~ 87 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans l’amour

Donner un sens à la violence En pratique


du monde
Chaque jour, l’actualité nous place devant la grande violence
L e cœur grand ouvert, il est temps d’assumer notre propre res­
ponsabilité sur notre potentiel de violence et d’intolérance.
qui habite notre monde et, souvent, nous nous sentons bien Regardez à l’intérieur de vous, avec lucidité : quels sont les
impuissants face à celle-ci. Il y a des guerres, des génocides, préjugés que vous entretenez, même ceux qui sont profondé­
des attentats et des fusillades depuis toujours, mais nous ne ment enfouis ?
pouvons nous empêcher d’être profondément atteints dans
Quels sont vos préjugés, petits ou grands, sur les personnes
notre humanité lorsque nous en sommes témoins.
âgées, les immigrants, les assistés sociaux, bref, tous ceux qui
Il est fort possible que nous en soyons bouleversés parce sont différents de vous ? Allez ensuite déraciner ces mauvaises
que cet événement violent parle aussi de nous. Elle s’adresse herbes dans votre jardin intérieur, avec tout le courage dont
à cette part d’ombre qui est en nous, à un niveau plus subtil vous êtes capable. Remplacez chacun de ces préjugés par de
peut-être. l’amour, par le désir de paix présent dans votre cœur, par des
élans de solidarité.

Si chaque humain faisait ce travail dès aujourd’hui, nous


Conseil
vivrions dans un petit paradis terrestre, empreint d’ouverture et

O n ne peut pas changer le monde, mais on peut changer une


personne dans le monde : soi-même. En travaillant sur soi,
on diminue le capital d’intolérance, de préjugés, de haine et
d’accueil pour tous les êtres et toutes les choses qui nous en­
tourent, une liberté d’aimer à l’infini.

Nous sortir de nos compulsions, de nos peurs et de notre


d’inhumanité dans le monde.
ego qui voit des ennemis partout et entrer dans un monde où
Que nous dit Bouddha à propos de cette violence inté­ nous pouvons trouver de la paix et de l’amour pour tous les êtres
rieure ? Il nous invite à identifier les racines de notre propre vio­ vivants, quels qu’ils soient, voilà la seule façon de nous sortir de
lence, de nos propres intolérances ; il nous montre que les petites l’impuissance et de faire partie de la solution. Marcher dans la
graines de préjugés, de peur et d’intolérance ont germé en rue et manifester pour la paix, d’accord, mais ce n’est pas suffi­
plantes de haine. Car toutes les formes de violence, petites ou sant. Pour un changement véritable, il faut que, chaque jour,
grandes, proviennent de cette peur de l’autre et de l’inconnu, de mes paroles, mes actions et les regards que je pose sur le monde
la différence. soient alimentés par la paix et par l’amour, la solidarité et ce
désir d’humanité qui m’habite.

~ 88 ~ ~ 89 ~
Chapitre quatre

Vivre dans la joie


Vivre dans la joie

Cesser d’être déçu par les autres


Bien sûr, les personnes qui nous entourent nous font vivre
des déceptions au quotidien. Comment pouvons-nous com-
poser avec celles-ci, sans perdre notre foi en l’autre ni alté-
rer notre joie de vivre ?

Conseil

N otre réflexe naturel serait probablement de fuir ces gens ou


de chercher à nous distraire pour oublier les déceptions
qu’ils nous ont fait subir. C’est plutôt le contraire qu’il faut faire.
Ces déceptions, pourquoi ne pas les transformer en sources de
motivation ? Le bouddhisme accorde en effet une grande impor­
tance à la souffrance et aux déceptions pour générer ce qu’on
appelle « le renoncement joyeux ». Le renoncement joyeux, c’est
apprendre à abandonner des éléments de notre vie qui nous ap­
paraissent de prime abord comme des sources de bonheur, mais
qui en fait causent du stress, de la distraction et de la souffrance.

Ainsi, notre déception, notre colère envers l’autre (ou en­


vers la vie), c’est une porte ouverte sur nous-mêmes. Dans cette
situation, quelle attente, quel besoin ai-je projeté sur l’autre et
qui n’a pas été comblé à l’intérieur de moi ? Vous êtes déçu de ne
pas avoir eu de compliment de la part de votre patron après
avoir remporté un gros contrat pour votre entreprise ? C’est
qu’un besoin d’amour et de reconnaissance n’a pas été comblé.
Vous partez en voyage pour vous détendre et vous relaxer, mais
de nombreux pépins logistiques vous empêchent d’en profiter
pleinement et vous font rager ? Quelle est la source réelle de
cette colère ?

~ 93 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la joie

En pratique Traverser les journées de fou

I l est temps de porter un regard différent sur vos déceptions.


Demandez-vous : quel besoin suis-je en train de projeter dans
cette situation précise ? Quelles sont mes attentes face aux autres
On est souvent à la course. On manque de temps. On manque
d’espace dans son cerveau pour gérer tous les projets, ac-
complir toutes les tâches et concrétiser toutes les idées
et aux événements ? qu’on a. Et lorsqu’on arrive à la maison, il faudrait disposer
Comment pouvez-vous renoncer à trouver à l’extérieur de d’une autre journée complète pour tout accomplir ce qu’il
vous la façon de combler ce besoin ? Si vous avez envie de ten­ reste à faire : s’occuper des enfants, préparer le repas,
dresse, de douceur ou de paix, comment pouvez-vous les créer à faire le lavage et le ménage, etc. Lorsqu’on a enfin un mo-
partir de vous-même, comme une étoile qui génère sa propre ment libre et qu’on veut juste décrocher un peu pour le reste
lumière plutôt qu’une planète qui ne fait que refléter la lumière de la soirée, on n’arrive tout simplement pas à reprendre ce
des autres astres ? temps qu’on a l’impression qu’on nous vole même parfois.
Et on dort mal parce qu’on ne cesse de penser qu’on man-
Au lieu de compter sur vos vacances ou vos voyages pour quera de temps le lendemain pour faire tout ce qu’on a
vous régénérer, comment pouvez-vous, chaque jour, vous régé­ au programme !
nérer par vous-même ? Il vous faut donc trouver de nouvelles
croyances, faire le ménage dans votre ennui afin de nourrir On dort en moyenne de six à huit heures par nuit ; si on exclut
votre âme, votre esprit et votre cœur. ces heures de sommeil, il reste environ 110 heures de vie
active par semaine. C’est beaucoup, non ? Alors que fait-on
de toutes ces heures ? Pourquoi n’a-t-on plus de temps pour
les amis, la méditation, le sport ou pour se détendre ? Tous
les moments qui augmenteraient notre qualité de vie, notre
bien-être et notre santé mentale, émotive et physique…

Conseil

I l y a des pertes de temps dans nos journées et nous pouvons,


lorsque nous en prenons conscience, les éliminer. Si on
contrôle mieux tous les petits « voleurs de temps » que sont la
télé et la gestion des réseaux sociaux, par exemple, on se rend
compte qu’on peut économiser plusieurs heures par semaine

~ 94 ~ ~ 95 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la joie

pour faire des activités plus nourrissantes ou significatives. On Si vous avez une journée de fou, il n’y a pas de meilleure
n’est pas obligé de les éliminer complètement ; ce ne sont pas des occasion pour faire une petite pause « transition », qui vous per­
ennemis à éradiquer ! Regarder la télé peut nous aider à relaxer mettra de mieux profiter de la soirée, peu importe ce qu’il y a à
ou nous faire vivre de grandes émotions lorsque nous sommes l’horaire. Que ce soit en allumant une chandelle, en brûlant de
devant un chef-d’œuvre. Mais en la gardant éteinte, ne serait-ce l’encens ou en prenant quelques minutes pour respirer dans un
que quatre heures par semaine, on libère assez de temps pour endroit plus calme, laissez-vous bercer par votre respiration.
méditer, faire du sport, pratiquer le yoga ou écouter de la mu­ Quelques minutes et vous serez complètement disponible à ce
sique 30 minutes par jour. qui s’en vient pour le reste de la journée, le cœur, l’esprit et le
corps plus détendus.

En pratique

I l y a des exercices de pleine conscience pour vous aider à identi­


fier vos voleurs de temps. Durant une semaine, à la fin de vos
journées, à l’aide d’un bout de papier et d’un crayon, faites le bilan.
Où est allé votre temps ? Qu’avez-vous fait depuis le matin ?

On se lève entre 90 et 120 minutes avant de partir pour le


travail et on a l’impression qu’on n’a le temps de rien faire. La
question à se poser, peut-être, c’est : est-ce que je fais les bonnes
choses ? Est-ce que, par exemple, vous passez trop de temps à
vous demander quoi porter ?

Quant aux pertes de temps qu’on ne contrôle pas, comme


les déplacements en voiture ou en transport en commun, pour­
quoi ne pas les meubler autrement ? Lisez ou méditez grâce à des
livres audio. Faites des exercices de compassion avec les gens qui
vous entourent.

N’attendez pas d’avoir au moins 15 ou 30 minutes pour


méditer ou pour relaxer. Il ne faut que quelques minutes pour
prendre le temps d’atterrir, pour se déposer en soi-même. Par­
fois, trois respirations suffisent.

~ 96 ~ ~ 97 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la joie

Trouver enfin le silence En pratique

Lorsqu’il y a des sons agréables, on veut les écouter très


longtemps, rester en leur présence sans que rien les per- O uvrez votre conscience. Respirez. Accueillez tous ces sons,
sans les juger, sans faire de commentaire. Vous verrez alors
que, même au beau milieu des bruits qui vous paraissent nui­
turbe. Quand ce sont des bruits désagréables, on cherche à
les fuir, à s’en aller ou à les contrôler pour les faire taire. sibles, négatifs ou perturbateurs, vous resterez calme et en paix.

Comment trouver le silence à l’intérieur de soi quand, à l’ex- Si vous vous retrouvez dans la cacophonie, fermez les yeux
térieur, c’est souvent le vacarme ? et essayez de vous dégager de votre pensée, de vos jugements sur
les sons qui surgissent. Si vous entrez en contact avec les sons
Il y a de ces journées où on dirait que tout ce qui est bruyant d’une manière plus neutre, plus ouverte et bienveillante, vous
nous suit comme si nous avions accroché dans notre dos verrez que la paix existe également dans un chaos apparent.
une corde à laquelle sont attachées des boîtes de conserve.
Toute la journée, des sons nous agressent : de l’enfant qui
crie dans le métro au camion des éboueurs qui s’éternise
dans notre rue, en passant par des voisins qui martèlent
leur plancher – notre plafond ! – avec leurs talons hauts. Pas
d’accès au silence ! Aucune paix !

Pourtant, ce ne sont que des sons. C’est notre esprit qui les
définit comme positifs ou négatifs.

En d’autres termes, mon rapport au bruit, c’est une méta-


phore de l’état de ma relation avec le monde autour.

Conseil

M éditez sur le silence. Concentrez-vous sur tous les petits


moments de silence entre les sons. Fermez les yeux et
respirez. Ces silences deviennent de plus en plus grands. Ils
prennent plus d’importance et ils s’étirent, occupant ainsi plus
d’espace. Tout à coup, vous êtes plus longtemps dans le silence
que dans le bruit.

~ 98 ~ ~ 99 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la joie

Simplifier sa vie Conseil

Lorsqu’on fait une retraite spirituelle en Inde, la vie est ré-


glée au quart de tour. Tous les matins, une cloche nous ré- D ans un quotidien « normal, », tous nos petits attachements
– le café du matin, une collation, une façon de marcher, ce
que nous attendons de l’autre, notre auto, notre confort, le temps
veille à 4 h. À 4 h 30, c’est le temps de sortir et de s’installer. À
5 h, on commence une séance, d’une durée de 2 h 30, de qu’il fait dehors – font que nous ne sommes pas libres. On se
yoga, de méditation et de chant à jeun. Il y a deux repas par préoccupe de trois millions de choses pour être sûr que la jour­
jour, pas trois. Il n’y a pas de collation, non : juste deux petits née sera parfaite, pour être sûr que toutes ces attaches, on les
repas, de trois ingrédients. On mange la même chose tous transporte avec soi… comme des dizaines de boulets.
les jours : pendant le premier repas, on nous sert une petite Essayez de prendre conscience de ce qui crée des préoccu­
soupe de pommes de terre, du céleri et un oignon. On veut du pations dans votre quotidien. Il est possible d’apprécier toutes
sucré le matin ? On n’en a pas. Pas de café non plus, ni de ces choses sans leur donner autant de pouvoir sur vos humeurs
gluten, ni de produits laitiers. En milieu de journée, après et les laisser influencer votre qualité d’être.
plusieurs heures consécutives d’entraînement, de séances
de yoga, de méditation et de marche en silence, on se retrouve Lorsqu’un élément de votre quotidien semble devenir trop
avec une assiette de riz et de carottes et un peu de sauce important, essayez de le changer ou de l’abandonner pendant
forte, pour ramener du feu dans le corps. On a le droit à un quelques jours. Ainsi, vous reprendrez votre liberté et vous vous
thé yogi le soir avant d’aller se coucher. Il y a la cloche de la apercevrez peut-être que la vie est toujours belle.
douche, celle des repas, celle du yoga, celle de la méditation,
etc. On doit porter du blanc tous les jours. On trouve le som-
meil dans un dortoir avec huit autres personnes… En pratique

Au départ, il y a plein de petits deuils à faire. Pensons à l’inti-


mité, par exemple. Ou à la liberté de mouvement. Cela dit, F aites le tri de vos attaches. En pleine conscience, demandez-
vous quelles sont les distractions et les attaches qui, au lieu
de vous réjouir ou de vous rendre heureux, vous apportent da­
après quelques jours de résistance du corps et de l’esprit,
mais de l’ego surtout, on trouve une paix complète. vantage de complexité, de lourdeur et de stress.

Prenez un temps pour visualiser votre quotidien en détail


et revoir toutes vos habitudes, du matin au soir. Demandez-vous
si chaque élément crée du bonheur.

Soyez libre, simplifiez votre vie.

~ 100 ~ ~ 101 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la joie

conscient de ce qu’on met dans sa bouche. On fait attention et


Ne plus se limiter à cause
on effectue des choix conscients, écologiques et économiques.
de l’argent
Vous n’êtes pas obligé d’être riche pour voyager : vous pou­
« Si j’avais de l’argent, je serais plus heureux, je voyagerais, vez y arriver chaque jour en vous émerveillant des beautés qui
je pourrais refaire ma santé, je pourrais créer des projets, vous entourent.
me libérer de mon travail et enfin faire ce que j’aime ! »
Même chose pour les projets majeurs dans lesquels vous
Il est vrai que l’argent sert à beaucoup de choses… mais il espérez vous réaliser et qui changeront votre vie : au lieu de vous
est vrai aussi qu’il devient un prétexte pour ne pas faire ce demander combien il vous faut, demandez-vous comment le
qu’on aimerait faire ! construire. Ainsi, la notion d’argent sera l’un des moyens pour
D’une manière ou d’une autre, on donne trop de pouvoir concrétiser votre idée, non un frein.
à l’argent.

En pratique
Conseil
C essez de vous limiter avec l’argent et laissez d’autres solutions

J ustement, prenons conscience du pouvoir que nous donnons apparaître dans votre esprit.
à l’argent afin de nous en libérer davantage. À force de centrer Comment allez-vous opérer les changements, concrétiser
notre attention sur l’argent, pour consommer et nous réaliser les projets et entamer les quêtes importantes de votre vie, autre­
comme personne, nous en venons à oublier toutes les autres ment qu’à travers le prisme de l’argent ? Utilisez plutôt vos forces,
possibilités de bonheur. En d’autres termes, on désapprend à les moyens qui sont à votre disposition, les ressources humaines
être créatif dans sa façon d’être heureux. et matérielles disponibles dans votre environnement.
Vous retardez un retour à la forme et à la santé parce que
vous n’avez pas l’argent pour vous abonner au gym, à un centre
de conditionnement physique ou à un centre de yoga ? Il y a
d’autres options qui ne coûtent presque rien. Commencez par
jogger ou retournez à la maison à vélo plutôt qu’en utilisant les
transports en commun.
De même, vous n’êtes pas obligé d’avoir de l’argent pour
mieux manger ! « Mieux manger » veut simplement dire : être

~ 102 ~ ~ 103 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la joie

de méditation avec votre musique d’ambiance, votre ensemble


Simplement vivre dans
préféré et une bougie parfumée –, prenez deux ou trois respi­
le moment présent rations plus conscientes et entrez en contact avec ce qui habite
Vivre dans le moment présent, c’est sûrement quelque vos sens.
chose de difficile et de compliqué, car il s’écrit des dizaines Ouvrez-vous à l’expérience des sons qui vous entourent
et des dizaines de livres sur ce fameux concept. Même les grâce à votre ouïe, sans juger ni commenter, sans analyser quoi
sportifs en parlent dans leurs entrevues d’après match : que ce soit. Puis, faites l’expérience tactile. Est-ce de la fraîcheur,
« On doit être dans le moment présent, ne pas se préoccuper de la chaleur, de l’humidité ou du sec ? Vivez le contact de votre
des erreurs du passé ni anticiper les succès à venir. » peau avec l’air ambiant et prenez-en la mesure.
Pourtant, c’est juste là, en ce moment, le moment présent ! Quel est le goût dans votre bouche, même si vous n’êtes pas
Est-ce parce que c’est si simple qu’on ne réussit pas à le en train de manger ou de boire ? Soyez en contact avec le goût
saisir ? Tout se passe comme si notre intellect avait besoin résiduel qui persiste.
de compliquer les choses, d’analyser, de se porter dans
l’avenir et de remettre en perspective le passé. Soyez en présence des odeurs qui vous entourent, sans juger.

Ensuite, vous pouvez établir un contact visuel avec ce qui


est là et qui vous entoure. Le sens de la vue est celui qui nous
Conseil donne l’accès le plus direct et le plus rapide à notre espace

U n seul conseil : oubliez tout ce que vous savez ou croyez savoir mental, à notre intellect. C’est donc celui que nous ouvrirons
sur le moment présent ! À partir de maintenant, « vivre le en dernier.
moment présent » signifie « lâcher prise », « abandon », « liberté » À chaque sens que vous ouvrez, vivez tout simplement l’ex­
et « légèreté ». périence, sans juger. Il n’y a pas de bruit ni de silence : il y a des
Tout simplement. sons et parfois l’absence de sons. Il n’y a pas de beau ou de mau­
vais temps : seulement un sentiment de fraîcheur ou de chaleur
sur le corps.
En pratique Laissez-vous baigner dans l’instant présent et retrouvez

L a prochaine méditation est très simple et passe par vos cinq cette harmonie avec ce qui est, tout simplement.
sens. Pour une raison bien simple : ce sont eux qui nous
ouvrent la porte du moment présent. Peu importe où vous êtes
– vous n’êtes pas obligé de vous asseoir sur votre beau coussin

~ 104 ~ ~ 105 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la joie

Célébrer sans raison Conseil

On prend la vie généralement beaucoup trop au sérieux… et


parfois, aussi, on prend les pratiques spirituelles trop au E ssayez de créer des pratiques qui apportent de la joie dans
votre vie. Au début, on doit créer la joie. Ensuite, elle se
partage et peut déborder dans toutes les situations extérieures.
sérieux. Il ne faudrait pas oublier que le principe même de la
méditation, en plus de nous amener à mieux vivre en relation
avec soi et avec l’autre, c’est de nous ramener dans la joie !
En pratique
Allons plus loin : l’essence même de la vie, c’est de reconqué-
rir la joie pour qu’elle soit une motivation pour toutes nos
paroles, tous nos gestes. Et l’une des façons les plus simples S autez sur place, gambadez, dansez ! Faites ce que vous aimez
faire pour vous détendre et vous amuser juste avant de vous
asseoir pour méditer ou en rentrant de travailler.
de se donner de la joie, c’est de célébrer. Or, on attend tou-
jours de bonnes raisons pour le faire ; aujourd’hui, pourquoi Mettez de la musique que vous aimez, peut-être un peu plus
ne pas honorer la joie et être festif sans raison autre que fort que d’habitude, pour vous perdre dans un chant spontané.
celle d’être vivant ? On a perdu cet art de célébrer au quoti-
dien sans raison ! Invitez la beauté chez vous. Offrez-vous des fleurs !

Dans le bouddhisme, on fait une différence entre la joie et Tout ce qui vous fait du bien finalement, tout ce qui honore
le plaisir. Le plaisir est considéré comme une satisfaction la joie, tout ce qui met un sourire sur vos lèvres, faites-le !
temporaire que procure un facteur extérieur, par exemple
manger une crème glacée. La joie est considérée comme
un état intérieur qui ne dépend pas des facteurs extérieurs.
Au contraire, l’état de joie se manifeste dans toutes sortes
de conditions.

Il est possible de transformer notre vision et nos réactions


à des événements extérieurs à partir de la joie qui nous ha-
bite. C’est un peu comme décider de danser sous la pluie au
lieu de se plaindre d’être mouillé par un orage.

~ 106 ~ ~ 107 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la joie

Se libérer des petits tracas la semaine prochaine votre employé tombera malade. Or,
les feux rouges font partie de la vie ! On ne roule jamais sur
quotidiens une longue route de feux verts à l’infini !
Un cône de construction ! Un feu rouge ! Voilà probablement
deux des plus grandes sources de stress pour ceux qui
vivent en milieu urbain. Conseil

Le feu de circulation passe du jaune au rouge quelques frac-


tions de seconde avant que j’arrive à l’intersection. Ce petit R appelez-vous que ces moments n’ont pas le pouvoir de chan­
ger négativement votre journée. C’est votre esprit qui génère
les pensées qui causent le stress, l’impatience et la colère. Vous
point rouge lumineux capte alors toute mon attention. Mes
pensées convergent vers lui. Ce feu finira-t-il par devenir avez le pouvoir de transformer le moment présent.
vert ? Pire : une file de voitures, devant la mienne, attendent
le feu vert de virage prioritaire pour pouvoir s’engouffrer
dans l’intersection. Aurai-je le temps de me rendre avant En pratique

D
qu’il redevienne rouge ? Sinon, c’est la fin du monde ! Je se-
ésormais, chaque fois que vous apercevrez un feu rouge, il
rai encore obligé d’arrêter 45 secondes ! Les palpitations
deviendra une invitation à respirer, à vous calmer et à prendre
montent d’un cran. Oh non, le feu est maintenant rouge ! Je
un moment pour vous-même.
ressens des tensions dans tout mon corps. Je crispe les
mains sur le volant et ma mâchoire se serre. Idem pour le métro qui arrive en retard ou cet ami qui ne
s’est pas pointé à votre rendez-vous, vous faisant « perdre » votre
Tout ça à cause d’un feu rouge !
temps. Transformez tous ces petits stress et tracas du quotidien
Imaginez vivre ce stress des dizaines de fois, chaque année. en une occasion de méditer pour trouver la paix intérieure.
L’impact que ça peut avoir sur votre corps.
Voici maintenant deux techniques pour libérer votre esprit
Il y a des feux rouges dans d’autres aspects de notre vie de de vos colères et de vos impatiences.
tous les jours. Les « feux rouges », ce sont tous ces petits
La première a été suggérée par Ocho, un maître des pra­
événements qui ne se passent pas comme nous l’avions
tiques de méditation active. Il s’agit de répéter le mot « fuck ».
prévu, les autres qui ne réagissent pas selon nos attentes,
Vous pourriez ainsi passer une demi-heure à dire : « Fuck, fuck,
les difficultés dans des tâches qui semblaient faciles et
fuck, fuck. » Mais nous, au Québec, on est beaucoup plus créatifs,
simples en apparence.
on a plein de jurons possibles à utiliser comme des mantras.
Aujourd’hui, c’est peut-être votre connexion Internet qui est Donc, peu importe quel est votre juron préféré, utilisez-le et
lente, demain des travaux dans la rue en face de chez vous, répétez-le à l’infini. Jusqu’à ce que toutes vos colères, vos frus­

~ 108 ~ ~ 109 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain

trations et votre impatience soient complètement libérées. Au


lieu de lutter contre elles, vous leur permettez de s’exprimer sans
faire de mal à personne.

L’autre exercice consiste non pas à lutter contre le stress


mental, mais à lui donner encore plus de place. Il s’appelle la
méditation du charabia. Ainsi, au lieu de trouver le silence pour
méditer, on se donne 5, 10 ou 15 minutes pour faire des sons
spontanés ou des bruits bizarres en continu. Par conséquent,
l’intellect, au lieu de lutter contre les pensées parasites, essaie
de suivre ce surplus de sons et de mots qui sortent sans arrêt,
mais n’y arrive pas, alors il lâche prise. À la fin du processus, le
moi rationnel a complètement rendu les armes et tout ce qui
reste, c’est un espace sans mots, sans sons. Un espace de paix et
de clarté.

Prenez conscience de ce qui est réellement important avant


de vous mettre à crier après vos enfants, avant de vous impatien­
ter, d’être condescendant avec vos proches. Recadrez votre hu­
meur et promettez-vous d’être la meilleure personne possible
pour tous ceux qui vous entourent, qui vous accompagnent.
Soyez dans l’ouverture, dans l’accueil, dans le rire, dans la joie.

Peu importe les circonstances. Remettez l’humain au


centre de votre journée, surtout dans des périodes de change­
ment, de stress ou d’intensité.

Il s’agit d’un appel à vous reprendre en main, à être respon­


sable de vos besoins. Ce n’est pas aux autres d’y répondre, en­
core moins de les deviner, mais à vous. Déposez-vous et respirez.
Demandez-vous quels sont vos besoins. Allez voir profondé­
ment à l’intérieur de vous-même pour les découvrir. À ce mo­
ment, vous vous responsabilisez.

~ 110 ~
Chapitre cinq

Vivre dans la paix


Vivre dans la paix

Profiter de ses plaisirs coupables


sans culpabilité
Si on dit d’un plaisir qu’il est « coupable », c’est qu’on ne le vit
pas dans le plaisir. On ne s’en réjouit pas, on ne s’en nourrit
pas intérieurement.

Et comme il n’est pas assumé, il y a toujours une part de nous


qui juge ou qui empêche d’aller jusqu’au bout de ce plaisir.

Il faut commencer par prendre conscience de l’énergie ou


de l’état d’esprit qu’est la culpabilité ; comme c’est le cas
pour tous les travers, quand on en prend conscience, c’est
plus facile de s’en libérer.

La culpabilité est d’abord un sentiment de honte, qui naît


parce qu’on fait quelque chose que l’on juge « incorrect ». Or,
la majorité du temps, ce jugement provient de la société, de
notre famille ou de croyances morales qui ne sont souvent
pas les nôtres. En fait, si on considère un instant ses plaisirs
coupables, on se rend compte que, personnellement, on ne
les juge pas. Au contraire : on les aime !

Conseil

L a première chose à faire pour profiter de tous nos plaisirs est


de nous libérer de ces jugements et de ces pensées qui ne sont
pas les nôtres. Ce n’est pas parce que nous les avons dans la tête
qu’ils nous appartiennent. En plus, bien souvent, on les a inté­
grés parce qu’on les a entendus des centaines de fois ou parce
qu’on voulait être loyal envers ses parents ou les gens qu’on aime.

~ 115 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la paix

En pratique Ne plus être affecté par les


émotions négatives d’autrui
F aites un exercice de prise de conscience. Dépouillez-vous des
dogmes et des règles qui imposent de faux jugements sur ce
que vous êtes et faites. Si votre plaisir coupable répond à des
Au détour de nos activités quotidiennes, nous croisons par-
fois des gens, comment dire, compliqués ! Je pense ici à ces
besoins qui sont sains, s’il ne vous empêche pas de voir vos amis,
enragés au volant, ces personnes en colère à propos de tout
de prendre soin des autres, de méditer quotidiennement, bref
et de rien, d’autres qui sont impatients, méchants, tristes,
de faire tout ce qui est bon et tout ce qui est positif pour votre
rigides ou mesquins…
bien-être, pourquoi vous en passer ?
Comment peut-on transformer les émotions négatives d’autrui
Comme son nom l’indique, le plaisir coupable consiste,
pour en faire des occasions de pleine conscience ou des
justement, à se faire plaisir ! Par exemple, les jeux vidéo en ligne
moments privilégiés pour se découvrir soi-même et ainsi
sont une façon d’être virtuellement avec des amis qu’on ne voit
créer plus de sagesse ?
pas souvent, voire pas du tout. Pourvu qu’on reste soi-même et
qu’on soit conscient que ce n’est qu’un plaisir. Si jamais vous À première vue, il semble en effet très difficile de garder une
vous rendez compte que ce plaisir coupable a des effets négatifs, pratique de pleine conscience, alors qu’on ressent autant
pervers et nuisibles à votre existence, c’est le temps d’en choisir de négativité et de souffrance chez les autres. Mais, contrai-
un autre ! rement à ce qu’on pense, les émotions négatives ne per-
turbent pas la pleine conscience. En fait, elles peuvent être
Libérez-vous des fausses pensées qui nourrissent votre
de beaux outils pour plonger à l’intérieur de soi.
culpabilité et prenez conscience des effets positifs de ce plaisir
autrefois coupable sur votre vie quotidienne.
Conseil

L orsqu’on ressent les émotions négatives de l’extérieur, c’est


l’ego qui se manifeste. Et comme on ne peut pas s’en débar­
rasser, puisqu’il sera en nous jusqu’à la mort, il faut en prendre
soin. On l’aime. Par la méditation, il faut être à son écoute, l’ac­
cueillir avec bienveillance, reconnaître ses frustrations et ses be­
soins. Ensuite, on travaille à moins s’identifier à lui, à moins
cristalliser ses manifestations, à moins lui donner de pouvoir
sur soi.

~ 116 ~ ~ 117 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la paix

En pratique Se libérer du regard des autres

S i, dans la journée, vous vous rendez compte que vous man­


quez de patience avec les autres, si vous avez tendance à les
juger, si vous êtes rigide ou bête, c’est le moment de prendre une
Jusqu’où sommes-nous capables de vivre avec authenticité,
bien au-delà du regard des autres ? Voilà une excellente
question.
pause. Si vous ne pouvez la faire immédiatement, réservez-la
pour la fin de la journée. Avant de sortir pour faire ses courses, en se regardant
dans le miroir de la salle de bain, pourquoi se dit-on « Ouais,
En méditant, accueillez votre impatience. Inspirez, puis il faudrait bien que je me coiffe et que je m’habille avant de
expirez à quelques reprises. Acceptez votre frustration comme sortir » ?
une partie de vous-même qui mérite aussi d’être aimée.
Considérez-la comme un cadeau, car cette émotion est une Après tout, c’est le weekend. Nous n’avons pas nécessaire-
messagère. Que ce soit la colère, la jalousie, la déception ou la ment envie de prendre le temps de nous préparer. Qu’est-ce
tristesse, chaque émotion nous apprend quelque chose sur nous. qui nous empêcherait de sortir sans être bien coiffés ? Pour-
quoi dresser ses petites couettes du matin avec un peigne ou
Peu importe quelle émotion vous a traversé ou est encore masquer les petits plis d’oreiller au visage avant de sortir ?
présente dans les tensions du corps, plongez dedans. Si elle
était un personnage, cette émotion, qu’aurait-elle à vous dire ? À cause du regard des autres, évidemment. S’ils nous voient
Quelle serait son histoire ? D’où vient-elle ? Quel message ainsi accoutrés, nous disons-nous, ils vont penser que
porte-t-elle ? Quelle est sa fonction ? Écoutez-la. Sentez-la. nous sommes fatigués, paresseux ou que nous manquons
Faites-en votre amie. d’amour-propre.

Avec un peu de recul, vous pourriez imaginer que ce per­


sonnage, c’est une petite fille qui pleure, un dieu guerrier en co­ Conseil
lère ou un volcan qui explose. Qu’ont-ils à raconter ?

Si, aujourd’hui, vous êtes rigide et impatient, c’est une invi­


tation intérieure à la douceur et à la paix. Si vous êtes dans la
I l serait peut-être temps de nous affranchir du regard des autres.
D’arrêter de nous définir à travers ce que les autres pensent, ce
que les autres veulent, ce que les autres attendent de nous.
colère, c’est peut-être un signe qu’il vous faut développer la pa­
tience pour certaines choses dans votre vie. Ainsi, au lieu de pro­
jeter vos propres émotions négatives à l’extérieur, profitez de cette
occasion pour descendre en vous-même avec la pleine conscience
et libérer tous les trésors de sagesse qui vous habitent.

~ 118 ~ ~ 119 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la paix

En pratique The famous person

S ortez de chez vous sans maquillage, sans être bien coiffé.


Allez à la pharmacie, à l’épicerie ou faites une promenade.
Assumez-vous. Soyez libre du regard d’autrui. Soyez qui vous
Votre voisin vient de se procurer des haut-parleurs hyper
performants… qui crachent des décibels dans tout le quar-
tier. Ce qui vous tombe royalement sur les nerfs. Malgré des
êtes sans vous soucier des autres. Apprenez à vous aimer et à discussions et des compromis, la situation ne s’améliore
être qui vous êtes réellement. pas, du moins en ce qui concerne votre écœurement. Un
Cet exercice est simple, certes, mais il est néanmoins signi­ jour, vous n’en pouvez plus, le dialogue cesse. Votre voisin
ficatif. Il vous aidera à voir ce qui vous empêche d’être à l’aise est devenu votre famous person.
avec vous-même. Avec le temps, vous gambaderez dans la rue, Il faut apprendre à vous libérer de cet ennemi – pas de
vous fredonnerez une chanson ou vous serez échevelé devant l’autre qui vous fait la vie dure, non, mais celui à l’intérieur
des inconnus. En un mot : réjouissez-vous ! de vous ! Oui, celui-là !

Nos habitudes mentales font en sorte que, dans notre esprit,


se créent parfois des monstres énormes. Ainsi, cette per-
sonne qui nous obsède, entraînant des pensées récurrentes,
devient un être immonde. Et on en connaît, de ces gens « obsé-
dants », dans son entourage : un patron difficile, un ex-ami en-
vers lequel on nourrit de la rancœur, un(e) ancien(ne)
conjoint(e) envers qui on éprouve un mélange de colère et de
ressentiment… Bref, toute personne qui monopolise notre
esprit de manière compulsive et qui génère des émotions
négatives.

C’est cet individu qu’on appelle the famous person. Un objet


créé dans notre esprit, qui a très peu à voir avec la réalité.

Dans le cas de votre voisin, vous ne voyez que ses défauts.


Vous en avez conclu qu’il n’était qu’une personne égoïste,
intransigeante et incapable de compromis. Votre esprit
n’arrête plus de se centrer sur lui. Vous vous projetez dans
l’avenir en imaginant des discussions avec lui, où il vous

~ 120 ~ ~ 121 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la paix

envoie paître et où, pour vous faire payer votre intrusion Élargissez ensuite votre esprit et votre âme pour englober
dans son plaisir d’écouter de la musique, il met sa musique des inconnus dans cette vision, dans cette bienveillance. Puis, si
encore plus forte. Bref, vous en faites vraiment un être dé- vous le pouvez, essayez de voir les êtres pour lesquels vous avez
testable à tous points de vue. de la colère, du ressentiment ou des sentiments de violence,
d’agressivité.

Votre défi est d’essayer de transformer l’image que vous


Conseil
avez d’eux. Ça devrait être possible, car cette image toute négative

P renons conscience de cette image, celle du monstre que


nous avons créé dans notre esprit. Voyons en quoi elle n’est
qu’une caricature, inventée de toutes pièces à partir de nos émo­
n’est qu’une création de votre esprit. Dans la réalité, cette per­
sonne que vous avez créée intérieurement n’existe pas. Dès que
vous aurez compris ce fait, vous pourrez changer mentalement
tions et de nos ressentiments. Cette personne, dont s’inspire cette image, comme si c’était un hologramme. Chaque fois que,
notre monstre, n’a pas toujours eu cette image négative que nous à cause de vos émotions, votre pensée recréera l’image négative,
lui projetons. Elle a des défauts, certes, mais elle n’est pas que ça. dites-vous que ce n’est que ça, justement, une pensée.
Ça n’existe pas, une personne qui n’a que des défauts.
La seule façon de venir à bout de la guerre, des conflits et
Identifions tous les attributs négatifs que nous lui accor­ de la violence, c’est en devenant tous des agents de paix. Pour
dons, puis essayons de dédramatiser un peu l’affaire. Voyons cette cela, il faut se rappeler qu’il n’y a qu’une seule race d’êtres hu­
personne avec des yeux neufs. Trouvons-lui des qualités. Il y a mains sur la planète. On partage tous la même expérience
des gens qui apprécient cette personne au plus haut point. Suis- d’humanité avec les mêmes souffrances, les mêmes bonheurs,
je capable de le faire, moi aussi ? les mêmes réussites, les mêmes rêves et les mêmes peurs. Mettre
fin à toute forme de conflit et de violence avec les autres, ça
En un mot, considérons tous les êtres qui nous entourent
commence par soi.
comme des frères et comme des sœurs.
Alors on se responsabilise un peu. On peut avoir plus de
recul et de détachement. Ainsi, même si un voisin fait du vacarme,
En pratique si un automobiliste vous coupe sur la route, si un collègue est sec
avec vous au travail, dites-vous que c’est votre frère ou votre

V oici une méditation très connue dans le bouddhisme.


Assoyez-vous, relaxez et imaginez les gens qui vous entourent.
Pensez à ceux et celles que vous aimez le plus : les amis, les
sœur et vous deviendrez plus conciliant, plus patient. Avec le
temps, vous apprendrez aussi à entrer en relation à partir du
cœur et non à partir de l’ego.
proches, etc. Ayez une pensée pour eux et considérez-les comme
vos frères et vos sœurs. Bienvenue dans cette grande famille de l’humanité.

~ 122 ~ ~ 123 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la paix

moi-même et pour les autres. » Voilà comment on devient maître


Combattre les sources de stress
de son esprit, de sa vie et de sa destinée : une journée à la fois,
Il arrive souvent que l’on commence dès le réveil à avoir des une pensée à la fois.
attentes pour la journée : est-ce que telle personne pourra
Apprenez à bien vivre vos journées complètement impar­
me pardonner ? Est-ce que je serai bon quand je vais donner
faites. En toutes circonstances, soyez le gardien de votre paix
ma conférence ? Je souhaite qu’il fasse beau, etc.
intérieure, choisissez l’amour et devenez votre propre créateur
Dans ces cas-là, notre esprit se concentre à 100 % sur ce qui de joie.
se passe à l’extérieur de nous, sur ce que nous ne contrôlons
pas. Ce qui est évidemment une erreur !

Conseil

V oici une pratique de pleine conscience pour vous permettre de


bien profiter de votre journée et d’éviter toutes sortes de stress.

Prenons conscience que notre réflexe est de centrer toute


notre attention, toutes nos attentes et nos projections sur les
autres, les situations, les événements, etc. Toutes des choses
qu’on ne contrôle pas du tout et qui, de ce fait, créent du stress !

Scoop : aujourd’hui, votre journée ne sera pas ce que vous


croyez qu’elle aurait pu être ; 100 % du temps, votre journée ne
sera pas parfaite, les autres vous décevront, vous ne pourrez
livrer un projet à temps, etc. C’est la vie. Et c’est parfait ainsi !

En pratique

I l faut se lever dans une attitude différente. Se dire : « Peu im­


porte ce qui se passera dans ma journée, je vais conserver à
l’intérieur de moi la paix, la joie et la bienveillance, à la fois pour

~ 124 ~ ~ 125 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans la paix

Lorsque nous méditons, nous apprenons que le bonheur et


Pardonner à ceux
la souffrance partent de l’esprit ; ainsi, quand celui-ci revisite des
qui nous font souffrir situations de souffrance, c’est nous, maîtres de notre esprit, qui
Le pardon est un outil puissant de changement. Pourtant, faisons ce chemin avec lui. On prend la direction de la souf­
c’est un sujet moins à la mode, dernièrement, dans les ten- france, de la colère et de la rancœur.
dances du développement personnel. Et si vous avez l’impression que, en pardonnant, c’est
Dans notre monde « transactionnel », où l’on perçoit souvent comme si vous faisiez un cadeau à l’autre, en vérité, vous vous
les relations comme un rapport de force, on a l’impression privez de vous faire ce cadeau.
que pardonner à l’autre, c’est lui donner du pouvoir sur soi. Lorsqu’on ressasse les événements du passé, c’est comme si
Or, c’est tout à fait le contraire ! quelqu’un ou quelque chose nous avait donné un charbon ardent
Pardonner, c’est prendre la responsabilité de libérer notre avant de nous quitter. On garde le charbon dans ses mains, on le
propre passé de ce que les autres nous ont fait vivre ou subir. regarde, on le retourne, on y pense souvent (normal : ça brûle !)
C’est donc l’un des actes les plus libérateurs qui soient ! Le et on le montre aux autres. Il nous fait souffrir. On se promène
pardon soulage un esprit qui souffre, qui se tourmente et avec son charbon toute sa vie, des dizaines d’années parfois.
qui génère des émotions négatives. Qu’attendez-vous pour le lâcher, ce charbon ? Laissez aller
Et non seulement on peut pardonner les autres, mais on ces pensées, ces idées qui vous font tant souffrir.
peut aussi se pardonner à soi ! Nous faisons des erreurs et En d’autres termes, pardonner, c’est exprimer le pouvoir
gardons de la rancœur, de la colère, du jugement envers que j’ai sur mon esprit. C’est lui dire : « Je ne te permets plus de
nous-mêmes. me faire souffrir à cause de cette personne ou de cette situation. »

Conseil En pratique

R éfléchissez aux pensées que vous entretenez encore sur des


gens ou des situations qui ont été difficiles, qui vous ont fait
souffrir et que vous êtes encore en train de ruminer dans vos
T ransformez ce qui est colère en vous, insatisfaction, frustra­
tion ou sentiment d’impuissance, et libérez-vous-en. Libé­
rez vos pensées et vos émotions de toute l’attention que vous
espaces intérieurs. Pourquoi vous faire souffrir ainsi, alors que accordez à ces personnes ou à ces événements qui n’ont plus
ces gens ne sont même plus dans votre vie, que les situations d’effet sur votre vie présente.
sont choses du passé ?

~ 126 ~ ~ 127 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain

Reprenez en charge tout votre pouvoir intérieur pour qu’il


y ait de la joie et une vie d’amour en vous. Reprenez votre estime
personnelle en main et redonnez-vous de l’amour.

Pardonner est un acte d’amour de soi.

~ 128 ~
Chapitre six

Vivre dans
le courage
Vivre dans le courage

Dépasser la peur de l’échec


Vous devez prendre de grandes décisions ces jours-ci. Et
vous vous posez des questions : et si j’échouais ? Si mon plan
ne fonctionnait pas ? Si c’était trop gros, trop vite ?

En dedans de vous, un petit être tout fragile qui s’appelle la


peur ou l’insécurité vous a donné des pressions dans la poi-
trine, vous a fait ressentir des palpitations au cœur. Il ne
faut pas ridiculiser cette petite voix intérieure. Ni la nier. Il
faut simplement lui dire : « Il faut qu’on se parle, toi et moi. »

Conseil

D emandons-nous : qu’est-ce que l’échec ? Lorsque nous réflé­


chissons longuement à la question, nous en venons à la
conclusion qu’échouer ne veut pas dire grand-chose dans le
continuum de notre vie, au sens de l’évolution, dans notre dé­
marche pour nous améliorer, pour évoluer, pour devenir une
meilleure personne et ainsi contribuer à l’essor du monde.

Il n’y a rien dans nos vies qui ressemble à un échec… et il


n’y a rien non plus qui soit une réussite.

En fait, échouer à notre vie, au sens bouddhiste, ce serait ne


pas écouter nos élans intérieurs ni respecter nos intuitions. Ce
serait vivre, parler et agir d’une façon qui va à l’encontre de nos
valeurs spirituelles profondes. Ce serait surtout de ne pas essayer
de vivre selon nos valeurs profondes.

Notre peur d’échouer se traduirait donc en une vie où nous


ne faisons rien, ce qui s’avère impossible.

~ 133 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le courage

Si j’ose entreprendre différentes aventures ou de nouveaux


Garder confiance à travers
projets, peu importe leur issue, je suis sûr de ne pas échouer.
Pourquoi ? Parce que j’écoute alors ce qu’il y a dans mon cœur.
les épreuves
Même si ce que je projette n’arrive pas, ça n’a aucune impor­ On ne sait pas pourquoi, mais certains jours on se sent plus
tance, car chaque jour je vais suivre mes élans et honorer mes fragile à la critique, au regard des autres. On se sent un peu
vérités. Je vais essayer de créer du bien et du bon autour de moi. moins en force dans sa vie, moins en maîtrise de ses moyens.
Et c’est parfois pire lorsqu’on se sent ainsi et qu’on doit rele-
ver de gros défis.
En pratique
Lorsqu’on vit sous une pression constante, il faut trouver

Y a-t-il une petite part en vous qui vous dicte d’arrêter parce
que vous avez peur d’échouer ? Si oui, accueillez-la et discu­
tez avec elle du sens véritable de l’échec et de la réussite.
une façon de ramener de la douceur dans son cœur. J’ai
donc adopté une pratique de méditation qui me donne de la
force et plus de confiance.

Conseil

P arfois, nous perdons de vue cette capacité de reconnaître


nos beautés, nos qualités, nos talents. Ça fait du bien de sen­
tir qu’on est aimé. Or, vous êtes digne de recevoir de l’amour et
de voir vos beautés et vos forces. Des gens les ont déjà vues et les
ont reconnues en vous ; ils vous ont donné cette capacité de voir
ce qui est extraordinaire en vous.

En pratique

P eu importe les difficultés que vous traversez dans votre vie


– un patron qui critique, des gens hostiles envers vous, un
milieu stressant où il faut être hyper performant –, cette pra­
tique simple et efficace vous permettra de vous recentrer. Elle
vous aidera à vous sentir protégé sur le plan affectif, afin de ne

~ 134 ~ ~ 135 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le courage

pas vous laisser déstabiliser, heurter ou même blesser par des


Qui suis-je réellement ?
paroles, des gestes ou des regards désobligeants.
Suis-je en train de vivre pleinement ma vie, en accord avec la
Imaginez toutes les personnes qui vous aiment ou vous ont
personne que je suis ?
aimé, peu importe qu’elles soient vivantes ou décédées. Ça peut
être vos parents, vos amis et vos frères et sœurs. Fermez les yeux Chaque jour, nous sommes bombardés par des milliers
un court instant pour recevoir, pour vous rappeler leurs regards d’idées, de concepts et d’événements. Tout cela a beaucoup
aimants. Ces derniers deviennent comme un grand bouclier. d’influence sur la perception que nous avons de nous-
Vous pouvez imaginer que ces gens-là vous entourent complète­ mêmes. Difficile de départager ce qui est vraiment en ac-
ment et vous protègent. Vous créez une espèce d’« armure inté­ cord avec qui nous sommes. Nous avons souvent cette
rieure antistress » : tout ce que vous recevez, c’est de l’amour, de inspiration de nous développer, d’évoluer et de créer une vie
la bienveillance, un regard admiratif qui vous permettra de re­ qui répond à nos rêves, à nos idéaux et à nos aspirations. Or,
trouver ce propre regard envers vous-même. nous sommes tellement dans l’agitation, tellement dans
l’action que nous oublions de nous déposer en nous-mêmes
Cette pratique de méditation est très simple à appliquer au
et de regarder qui est là, qui rêve et qui aspire.
quotidien. Il est préférable au début de s’y adonner une quin­
zaine de minutes à la fois, pour en ressentir tous les bienfaits. La méditation nous ramène toujours à la base. Les tech-
Après un certain temps, vous pourrez l’utiliser spontanément niques de pleine conscience, c’est l’art de se déposer en soi,
– 30 secondes, voire une minute – avant un événement stres­ de sortir de l’agitation, donc des influences extérieures,
sant, comme une entrevue pour un emploi, ou tout événement voire de se dégager de sa propre agitation mentale. Elles
qui génère une fragilité ou une perte de confiance en vous. nous aident à trouver en nous-mêmes des élans, des aspira-
tions et une conscience qui veille sur nous. Dans ce moment
Réfugiez-vous dans un endroit calme et rappelez-vous ces
de clarté, nous en apprenons un peu plus sur nos vérités in-
regards bienveillants posés sur vous. Ressentez leur amour et
térieures profondes.
leur confiance… Ainsi outillé, vous êtes prêt à affronter tous
les dragons ! De là la nécessité de sortir de l’agitation, des distractions et
de la fuite.

Nous ne savons peut-être pas qui nous sommes, mais nous


savons ce que nous ne sommes pas. D’abord, nous savons
que nous ne sommes pas ce que les autres pensent de nous.
Nous ne sommes pas non plus notre passé, parce qu’il est
derrière nous. Nous ne sommes pas non plus notre avenir,

~ 136 ~ ~ 137 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le courage

parce qu’il n’existe pas encore. Nous ne sommes pas ce que En pratique
nous aimerions être pour plaire ou être aimés des autres,
bien que ce soit souvent tentant. Nous ne sommes pas
toutes les informations et opinions que nous recevons R econnectez-vous à ce que vous êtes réellement, chaque jour
de votre vie. Le défi est d’aller chercher ce qui est vraiment
vivant en vous comme rêve, intention et aspiration. Dites adieu
dans les réseaux sociaux. Nous ne sommes pas ce que nos
parents ou la société attendent de nous. Nous ne sommes au stress, à l’angoisse et à l’anxiété.
pas des règles, des normes sociales et culturelles. Tous ces symptômes apparaissent dans des phases de votre
Nous sommes un produit unique, extraordinaire, merveilleux vie où vous vous êtes nié ; lorsque vos actes et vos paroles vont à
et authentique, avec des aspirations crues, sincères, vivantes, l’encontre de ce que vous êtes vraiment, sincèrement. Si vous
et vibrantes. n’agissez pas, ces symptômes risquent de grandir, tel un cri
d’alarme qui vous dit : « Écoute la vérité qui essaie de passer par
ces symptômes, qui tente de s’exprimer. Cesse de bloquer cette
Conseil vérité, car ça va à l’encontre de qui tu es. »

P our retrouver la paix et l’harmonie, pour retrouver l’enthou­ Lorsque la gorge se serre, que le corps est tendu ou que le
siasme et la joie, il faut apprendre à faire silence, à se déposer cœur s’emballe, il y a certainement un message à écouter à tra­
et à méditer. Allez à la campagne, faites une promenade, écrivez. vers notre petite voix intérieure. Au lieu de chercher à étouffer
Il y a plus d’une façon pour réapprendre à se connecter avec soi- les symptômes, prenez une pause et demandez-vous ce qui ne va
même, pour se retrouver véritablement, pour se dépouiller un pas réellement. Le corps, le cœur et l’esprit cherchent toujours à
peu du regard des autres et s’affranchir de tout ce qui n’est pas retrouver l’harmonie.
une partie de son identité et qui nous est imposé.

Ensuite, nous pouvons nous créer une vie à la hauteur de la


personne extraordinaire que nous sommes. Nous avons des
dons, des cadeaux précieux et uniques à partager avec le monde.
Pour les retrouver, il faut se soustraire un peu à l’agitation et au
regard des autres. On peut ainsi les exprimer librement dans ses
projets, dans sa vie et dans chaque action et chaque parole du
quotidien.

~ 138 ~ ~ 139 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le courage

Mettre fin à ses comportements dions compte. Non seulement nous nous « distrayons » dans
de petits gestes compulsifs, mais ces derniers nous em-
compulsifs pêchent d’entrer en contact avec nous-mêmes. Tout se
Pourquoi, avec toutes les informations dont nous disposons passe comme si nous repoussions à l’extérieur de nous,
sur la santé, l’alimentation et l’exercice physique, avons-nous dans nos habitudes de vie malsaines et nos autres petites
autant de mauvaises habitudes, qu’on dit compulsives ? compulsions, tout ce que nous ne sommes pas capables ou
que nous ne voulons pas regarder à l’intérieur de nous-
Voici un sac de chips.
mêmes – comme des insatisfactions, des émotions, des insé-
curités, des zones d’ombre, quoi.

Conseil

S i ces zones d’ombre se manifestent à travers vos compulsions,


cherchez d’autres trajectoires pour les accueillir, les accepter
et les transformer. Cela vous aidera à rester à l’intérieur de
Bien que ce soient vos croustilles préférées, vous êtes ca- vous et à développer beaucoup d’amour et de compassion pour
pable de ne pas ouvrir le sac et de le ranger dans le vous-même.
garde-manger, voire de ne pas l’acheter lorsque vous faites
vos courses. Lorsque vous mangez vos croustilles préfé-
rées, vous pouvez décider après un certain temps que vous En pratique

A
n’avez plus faim, que c’est assez. Cette croustille sera la der-
imez cette irritabilité, cette impatience, ces doutes, ces
nière. Et ce même sac de chips retournera à sa place.
confusions et autres moments de vague à l’âme. Respirez
Vous pouvez en faire autant avec les biscuits ou les sodas ou profondément, dans l’abdomen, pour les libérer, et vous serez
toute substance ou objet ou pratique que vous consommez ainsi dans des états de calme et de paix, d’amour et de recon­
de manière compulsive. nexion avec vous.

C’est aussi simple que ça. Vous n’avez besoin que de volonté. Si une compulsion se manifeste, prenez conscience de ce
De prendre une décision. que vous êtes en train de faire. Dites-vous, par exemple : « Cesse
de manger tes émotions, ton stress, tes supposées carences et ton
Toutes nos petites compulsions alimentaires nous per-
ennui. »
mettent de gérer des émotions sans que nous nous en ren-

~ 140 ~ ~ 141 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le courage

Tâchez de découvrir ce que cache cette mauvaise habitude.


Faire des choix sensés
Que mangez-vous lorsque vous terminez le sac de chips d’un
seul coup ? Les meilleures croustilles du monde et les plus succu­
pour se libérer du doute
lents gâteaux au chocolat ne combleront pas le vide d’amour, Chaque jour, on fait des milliers de choix, pour décider à
ni l’ennui d’exister, ni le manque de relations sincères. Votre quoi on consacre son temps et son esprit. Chaque fois
huitième bière de la soirée ne donnera pas de sens supplémentaire qu’on parle, on choisit de mots parmi des milliers. Chaque
à votre vie. mot – ou silence –, chaque action – ou inaction – est donc un
Qu’est-ce qui nous pousse à manger encore et encore, alors choix en soi.
que nous avons l’impression que nous ne contrôlons plus nos Comment peut-on s’assurer de bien choisir ? Car on est
mains et notre bouche ? Essayez seulement d’en prendre toujours devant des questions à choix multiples, s’ouvrant
conscience. Puis demandez-vous : de quoi mon corps a-t-il réel­ sur une multitude de possibilités. Et, chaque fois, on se de-
lement besoin pour retrouver son équilibre dans la nutrition ? mande quelle est la bonne réponse.

Voici un outil hyper simple et infaillible pour décider de façon


sensée au quotidien.

Conseil

U n seul conseil : faites attention aux opinions des autres, qui


répondront en fonction de leurs préoccupations, de leurs
peurs, de leur histoire et de leur expérience. De plus, les idées et
les propositions contraires se multiplient dès que vous deman­
dez conseil à plusieurs personnes. C’est la confusion totale et
vous ne savez plus qui croire. Vous éprouvez de la peur, des doutes
et même parfois de la colère, car il est frustrant de se retrouver
devant des gens qui ne pensent pas comme nous, ou qui ont une
opinion différente après avoir été influencés par d’autres.

Il faut donc être mature, autonome et responsable. Il faut


déjouer son ego et son intellect, passer outre à ses peurs et à ses
anticipations.

~ 142 ~ ~ 143 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le courage

En pratique Sortir du déni pour cesser


d’aggraver les situations
É coutez votre conscience. Comment faire ? Eh bien, chaque
fois que vous devez faire un choix, prenez la voie qui créera
le plus de paix intérieure.
problématiques
Vous pratiquez votre sport préféré et, tout à coup, une dou-
Notre plus belle source de sagesse est à l’intérieur de nous. leur intense au pied surgit, à la suite d’un faux mouvement.
Elle est plus profonde que notre intellect. Ce dernier trouve tou­ Vous décidez tout de même de continuer à jouer, car vous
jours des raisons pour aller dans des directions tout à fait oppo­ aimez trop ce moment pour vous arrêter. La douleur persiste,
sées à notre bien-être, parce que lui aussi est influencé par notre mais vous tâchez de la mettre de côté. Le soir venu, votre
environnement et il ne tient pas compte de qui nous sommes pied est bleu et tout enflé… et la convalescence sera longue,
vraiment. car votre petit orteil est cassé.

Vous devez annoncer une nouvelle désagréable à quelqu’un Nous pouvons parfois être dans le déni des limites de notre
et vous vous demandez comment faire. Choisissez la façon qui corps. Et parfois, ça nous joue des tours, car une blessure
vous maintient le plus dans la paix. Et la définition de la paix, ici, traitée un peu plus – ou trop – tard guérit plus lentement… Si
c’est de savoir que nous sommes en accord avec nous-mêmes, vous aviez pris le temps de bien observer votre blessure, de
avec nos valeurs profondes. C’est rester en accord avec notre sa­ bien la sentir, d’assumer les conséquences immédiatement,
gesse intérieure et suivre notre pleine conscience. la convalescence aurait certainement été plus courte.

À chaque décision, demandez-vous : « Est-ce un choix qui


se fait dans la paix ? »
Conseil
Les paroles et les actions qui ne nous amènent pas dans la
paix, nous pouvons nous en débarrasser, les transformer, nous
en libérer, car elles ne nous appartiennent pas. Elles proviennent
N ’attendez pas pour régler ces choses qui minent votre paix
d’esprit. Identifiez ce qui, dans votre vie, demande votre
attention. Regardez la situation en face et agissez sans délai.
de notre passé, des autres, de notre famille ou de notre condi­
L’énergie que nous mettons à ruminer ces problèmes est presque
tionnement social.
toujours plus grande que celle qui sera utilisée pour leur
résolution.

~ 144 ~ ~ 145 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le courage

En pratique Se libérer de l’esprit de performance


pour réapprendre à s’amuser
Q u’est-ce qu’on cache lorsqu’on agit ainsi ? Y a-t-il autre chose
qu’on nie quand on néglige une telle blessure, quelque chose
de plus grand que la blessure elle-même ?
On entend souvent : « Je ne dessine pas parce que je ! » « Je ne
fais pas de sport parce que je ne suis pas bon. » C’est évi-
Demandez-vous : « Y a-t-il des éléments de ma vie sur les­ demment une mauvaise façon de voir les choses.
quels je suis en déni ? Des choses qui ne conviennent pas ? Des
La bonne façon d’aborder la question est la suivante : est-ce
amitiés qui ne fonctionnent plus ? Des habitudes de vie qui me
que cette activité vous fait du bien ? En avez-vous envie ?
nuisent et dont je ne me rends pas trop compte ou que je ne veux
Vous réjouit-elle ? Vous allume-t-elle ? Active-t-elle de la pas-
pas voir ? Pourquoi est-ce que je fais l’autruche comme ça ? »
sion à l’intérieur de vous ?
Examinez en pleine conscience ce qui ne va pas. Une chose
est sûre : plus vous laisserez le temps avancer sans vous en occu­
per, plus la situation s’envenimera. Conseil

S i vous aimez peindre, mais que tout le monde vous rappelle


que vous n’étiez pas bon là-dedans quand vous étiez jeune,
eh bien, mettez-vous à peindre partout ! Exercez-vous et peut-
être finirez-vous par peindre des murales. Si vous aimez les
fleurs et que vous ne connaissez rien au jardinage, n’attendez
pas de tout savoir avant de vous y mettre ! Plantez des fleurs par­
tout, de toutes les sortes et de toutes les couleurs, et apprenez les
techniques tout en jardinant. Ça vous tente de danser et de
chanter, mais vous bougez bizarrement et vous faussez ? On s’en
fout ! Commencez vos journées en chantant et en dansant !

~ 146 ~ ~ 147 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le courage

En pratique L’art de voir le verre à moitié plein

A pprenez ou réapprenez à faire les choses juste parce qu’elles


vous font du bien, parce qu’elles vous réjouissent, parce
qu’elles apportent un sentiment de bonheur dans votre vie de
Les gens qui pratiquent régulièrement la méditation et qui
prennent soin de leur vie spirituelle vous le diront : il est
très sain de finir ses journées dans la gratitude. Pourquoi ?
tous les jours. Parce que la gratitude est une énergie qui permet à l’esprit
Rallumez votre joie de vivre à travers des activités. Arrêtez de générer un état d’appréciation et de fraîcheur pour la vie
de penser qu’il faut absolument bien faire les choses et dites dans son intégralité.
bye-bye à votre juge intérieur. Patinez tout croche, faites du vélo Avez-vous remarqué que, juste avant de fermer l’œil, nous
lentement sur les pistes cyclables, allez au centre de yoga même sommes souvent enclins à terminer nos journées en nous
si vous n’êtes pas souple. Amusez-vous, quoi ! remémorant les sources de stress des dernières heures, ce
qui n’a pas bien fonctionné, et les potentiels problèmes du
lendemain ? On se tape sur la tête en se rappelant ses fautes
ou en se penchant sur l’état du monde qui ne va pas très bien.

Pourquoi ressentons-nous autant d’émotions négatives dans


les dernières heures de notre journée ? Parfois, c’est parce
que notre ego cherche notre attention. Il veut se sentir impor-
tant dans tous ces drames et ces scénarios. Parfois, c’est
parce qu’il veut se complaire ou se comparer aux autres.

Conseil

I l faut donc mettre notre ego de côté pendant un moment, lais­


ser notre rationnel et nos habitudes mentales sur pause, et
faire un petit effort pour entraîner notre esprit à exprimer la
gratitude. Même si la journée s’est très mal déroulée. Même si
nous avons vécu des événements négatifs ou difficiles.

Ce faisant, nous entraînons notre cerveau à donner de


l’attention et de l’importance à ce qui est beau et positif. Nous

~ 148 ~ ~ 149 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le courage

laissons ce sentiment grandir dans notre esprit et notre cœur.


Devenir le héros de sa propre vie
Nous créons un état de légèreté, de libération et de réjouissance.
Comment les obstacles et les épreuves, au lieu de nous affai-
S’il est déjà facile pour vous d’être dans la joie, allez-y à
blir, de nous accabler, peuvent-ils devenir des éléments qui
fond de train : regardez en pleine conscience toute la journée qui
nous serviront de tremplin non seulement pour devenir une
vient de se dérouler et soyez encore plus attentif à ce qui a été
personne meilleure et nous accomplir dans la vie, mais éga-
beau et bon pour vous.
lement pour comprendre davantage le sens profond de
l’existence ?

En pratique On cherche à fuir toute forme de souffrance. On a en quelque

U
sorte « tassé » du monde civilisé les personnes handicapées,
n exercice aussi simple qu’efficace : au coucher du soleil,
les aînés et même la mort.
allez marcher et récitez dans votre esprit toutes les raisons
qui vous donnent envie de dire merci à la vie. Or, dans le bouddhisme, tous les moments de deuil et de
transformation, la maladie, la vieillesse, la mort, tout ce
Vous pouvez également faire de même dans votre lit, juste
qu’on ne contrôle pas, tout cela fait partie de la vie. Mieux :
avant de fermer l’œil. La qualité de votre sommeil n’en sera que
tout cela est la vie.
meilleure.

Conseil

A lors il faut immédiatement cesser de croire que nous serons


heureux uniquement lorsque tout sera confortable, facile,
lorsqu’il ne se passera rien de grave dans notre vie. Vivre, ce
n’est malheureusement pas ça.

Le réel chemin de la vie, c’est un chemin héroïque, c’est une


aventure à la découverte de l’inconnu à chaque instant.

Il faut revoir l’existence avec plus de bravoure, plus de


conscience, au lieu de fuir ou de se distraire, de ne pas être
capable de faire face aux épreuves, aux obstacles. Lorsqu’une
épreuve survient, c’est l’occasion d’aller chercher en vous une
nouvelle force et une nouvelle habileté. Mettez ces ressources à

~ 150 ~ ~ 151 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain

la disposition de ce qui se passe, de cet obstacle, et vivez-le avec


conscience et ouverture.

Parfois, vaincre des épreuves et des obstacles, ça ne veut


pas toujours dire tuer le dragon ! Ça peut aussi vouloir dire ap-
privoiser le dragon, voire devenir son ami, être patient pour le
déjouer…

En pratique

I l est temps d’embrasser votre vie avec courage et de dire : « À


partir de maintenant, j’accepte de vivre pleinement l’expérience
humaine. J’agis chaque fois avec les qualités qui sont les miennes,
avec mes forces, sur tous les obstacles, les épreuves, les passages
que la vie m’amène à vivre. Au lieu de me sentir tout le temps
victime du destin, j’accepte de ne pas tout contrôler. »

Embrassez l’impermanence de l’existence. Ayez confiance,


vous avez en vous toutes les ressources pour transformer ces
épreuves en occasions pour en apprendre davantage sur le sens
de la vie.

Apprenez à accoucher de la personne que vous êtes.

Pour cela, dites bravo à l’inconnu et merci aux épreuves !


La souffrance, honorez-la comme étant un moteur qui vous fera
avancer, qui fera de vous une personne encore plus forte, plus
accomplie, plus épanouie.

Cessez de résister. Dites oui à la patience, dites oui au


pardon, dites oui à la joie, dites oui à l’amour. Choisissez d’être
le meilleur de vous-même à chaque instant.

Faites de votre vie une traversée consciente et héroïque.

~ 152 ~
Chapitre sept

Vivre dans le
déconfinement
Vivre dans le déconfinement

Le cadeau de la tendresse dans


un monde en mal d’amour
Selon la sagesse bouddhiste, la tendresse est probablement
la plus grande porte pour créer des relations et une vie
authentiques, deux choses dont nous avons tous et toutes
besoin, après les événements de la dernière année et demie.
Notre société est en crise d’amour.

Est-il possible que nous ne sachions plus comment aimer ?

Tous les penseurs ont parlé de l’amour. Les grandes mytho-


logies de ce monde l’ont exposé, tout comme l’ont fait au fil
du temps philosophes, auteurs, écrivains et poètes. Or, en
« tuant » la religion, nous avons également liquidé une grande
partie de la spiritualité qui l’accompagnait. Force est de
constater qu’il n’y a plus beaucoup d’espace, que ce soit
dans nos écoles ou même dans la sphère publique, où l’on
ose parler d’amour.

On le consomme toujours, bien sûr ! Sur une base quotidienne,


on le romance dans les téléromans et on le dramatise au
cinéma. Mais l’espace d’amour véritable, la rencontre sacrée,
ne peut se faire que dans la vulnérabilité. Dans un contexte
de société où nous avons la plupart du temps l’impression de
vivre dans un environnement hostile, il est non seulement
difficile d’ouvrir cet espace de fragilité, mais, conséquem-
ment, presque impossible d’y construire des relations
authentiques.

Peut-être avez-vous déjà partagé avec d’autres personnes


un deuil ou un drame majeur ? Si c’est le cas, vous savez
probablement qu’il y a en ces moments certains paradoxes :

~ 157 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

la fragilité et la douleur y fréquentent une paix intérieure, science que nous y arriverons ! Pourtant, nous cédons tant de
parfois même aux frontières de la joie, parce que nous nous place dans nos vies et nos échanges à ces sphères ! Nous semblons
retrouvons pour un rare instant en connexion avec notre avoir, quelque part en cours de route, cessé d’être en quête
essence profonde. S’ouvre alors un univers permettant à d’amour, d’union, de rencontres. Nous avons arrêté d’aspirer à
l’âme de se manifester, à travers lequel il est possible de la communion, à la passion amoureuse, à la sexualité qui est
rencontrer les autres d’une façon qu’on observe rarement. énergie de joie, de création, de célébration.

Cette relation d’authenticité pure manque cruellement dans Il est maintenant temps de se remettre à leur recherche.
nos rapports avec les autres. Dans les communautés spiri- Il faut réapprendre à y croire malgré le cynisme social. Cette
tuelles, que ce soit dans le cadre de retraites, de stages ou démarche peut commencer dès maintenant, par soi et dans la
dans les voyages que l’on s’offre et dans les lieux sacrés que méditation, où l’on apprend à se donner un environnement in­
l’on visite, on trouve pourtant fréquemment ces moments de térieur qui est sécurisant, paisible et, surtout, qui n’est pas
« sécurité ». C’est parce que ce sont des espaces sur fond de hostile.
solidarité, d’amour et d’humilité dans lesquels on peut seule-
Il est facile de blâmer le contexte global, la culture de masse
ment se permettre d’être soi-même. Quand on médite ou
et tout ce qui se passe dans la société pour expliquer notre insé­
quand on participe à de tels rassemblements, la première
curité. Mais il est essentiel de prendre le temps de nous poser et de
chose que l’on rencontre au fond de son âme est une larme
regarder à quel point nous sommes intérieurement contaminés
qui avait été un peu refoulée, un espace de tendresse et de
par tout ça. Alors on se donne la possibilité de faire le ménage…
douceur, l’espace d’un pardon.
Est-il possible, si nous n’arrivons pas à rencontrer notre propre
vulnérabilité, qu’un contexte intérieur nous en empêche ? Peut-
être que nous ne connaissons plus le chemin qui mène vers le
Conseil
cœur, que nous ne savons plus comment passer du monde de la

N ous retrouver plus souvent et plus longuement dans cet


espace de vérité et de cœur est la seule façon de sortir de cette
crise collective d’amour que nous traversons. La plus grande et la
raison à celui de la passion et de l’amour ?

La prochaine méditation vise précisément ce but. Elle


crée en nous un environnement sécuritaire qui nous permet de
plus belle chose que l’on peut s’offrir, en tant qu’espèce humaine,
nous rencontrer sans drame, sans jugement, sans apitoiement,
c’est d’être les uns avec les autres et de s’accompagner mutuelle­
sans victimisation. Sortez de ces schémas, ils appartiennent à
ment dans ses vérités. C’est aussi la seule façon d’évoluer, de
l’ego ! À partir de maintenant, on souhaite toucher le vrai. Et si
nous permettre de grandir, de comprendre ce qui souffre en
en soi, il y a une vérité qui est là, qui a besoin de s’exprimer, c’est
nous, de trouver le chemin du bonheur et celui de la libération de
dans le cœur qu’on la trouvera.
la souffrance. Ce n’est certainement pas à travers la raison et la

~ 158 ~ ~ 159 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

Par la suite, s’il y a des environnements de relations, de Relâchez toutes les tensions. Abandonnez les résistances.
rencontres, qui sont favorables, vous serez non seulement disposé Ressentez de plus en plus de douceur, de légèreté.
à partager, mais surtout vous serez dans une bonne posture
Amenez de la tendresse et de la compassion dans votre re­
intérieure pour accueillir l’autre. Car tant que vous ne serez pas
gard. Rassurez votre cœur, afin qu’il se sache en sécurité. Qu’il
capable de créer en vous l’environnement pour accueillir votre
puisse s’ouvrir en toute confiance. Offrez-lui de la tendresse et
vulnérabilité, l’autre ne pourra sentir une ouverture face à lui, à
de la douceur.
sa vulnérabilité et à sa vérité.
Si c’est plus difficile, vous pouvez penser à une personne
Précisons ici que vulnérabilité ne signifie pas « grande
qui, dans votre vie, a déjà posé sur vous un regard de compas­
souffrance », mais bien ce qui fait référence à ce qui est vrai en
sion, d’accueil et de tendresse infinie. Imaginez que son regard
vous. Et ce qui l’accueille, c’est la conscience joyeuse, la
devient le vôtre, que vous vous observez avec ses yeux.
conscience paisible, cette force spirituelle et ce que vous êtes
vraiment. Ne faites pas l’erreur de croire que vous ÊTES ce qui Tournez votre attention vers le cœur. Ouvrez un espace
est vulnérable ; vous êtes plutôt la conscience dans laquelle la de vulnérabilité, de vérité. Et plongez dans votre cœur pour
vulnérabilité peut naître, se transformer, se libérer. ressentir ce qui est là.

Donnez de l’espace. Cessez de retenir, cessez de résister,


cessez de commenter. Générez continuellement ce regard de
En pratique
tendresse et de bienveillance à votre égard.

I nstallez-vous dans une posture de méditation confortable.


Soyez confiant et donnez-vous comme consigne intérieure
d’aller là où ça vous fait du bien.
Accueillez. Libérez. Ressentez.

Vous n’avez pas besoin de penser ni de retenir. Laissez cet


espace de vulnérabilité s’ouvrir. Permettez-vous de toucher
Adoptez une belle posture immobile. Par la façon dont
votre vérité du moment. L’espace le plus tendre, au centre de la
vous vous placez, soyez déjà dans une certaine forme de tendresse,
poitrine. Laissez toutes les sensations et les vibrations émaner
de douceur avec vous-même. Le dos droit, le cœur ouvert.
naturellement, sans les retenir.
Relâchez les tensions dans les épaules, la nuque, puis le
La respiration toujours profonde et naturelle, réactivez ce
visage. Prenez quelques respirations profondes.
regard de tendresse, de compassion et d’amour, puis tournez-le
Poitrine décontractée, invitez votre souffle à être profond, vers l’intérieur pour aller à votre propre rencontre. Rencontrez
tout en étant naturel. Soyez attentif aux légers mouvements de votre vérité. Votre vulnérabilité du moment. Vous n’avez plus be­
la poitrine. Est-ce que la respiration est détendue ? La cage thora­ soin d’être grand, d’être fort, vous n’avez plus besoin de paraître.
cique ? Et le cœur ? Lâchez les masques, les faux sourires. Plongez en votre cœur.

~ 160 ~ ~ 161 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

N’essayez pas de capturer l’émotion ni de retenir quoi que Formulez l’intention d’être un peu plus au service de
ce soit. Laissez juste passer, en conservant un corps complète­ l’amour et de la vérité aujourd’hui, pour être capable de vous
ment détendu. voir et de voir l’autre par le cœur, tout simplement.

Le cœur est léger. Vous entrez en contact avec un espace de Finalement, prenez le temps de vous réjouir de votre médi­
vérité intérieure, tout simplement. Avec ce regard et cette conscience tation. Prenez quelques respirations profondes. Puis frottez lé­
d’amour, prenez un moment pour vous accueillir. Vous pouvez gèrement les paumes des mains ensemble, au niveau de la
cesser de faire semblant. Vous pouvez libérer ce qui est là. poitrine. Prenez une grande inspiration par les narines, expirez
par la bouche. Inspirez de nouveau avant de faire vibrer le son
Respirez.
Om à l’expiration.
Soyez dans la conscience de bienveillance. Dans ce courage
Par cet exercice, vous contribuez à lutter contre ce qui
de compassion et de douceur. Honorez, chérissez ce moment de
amène la froideur en nos cœurs.
rencontre véritable avec vous-même.
Poursuivez votre pratique de la méditation afin que nous
Prenez un moment pour vous remercier. Vous n’avez pas
soyons tous porteurs de cette capacité de vérité que nous
besoin de tout ramener dans votre espace mental, vous n’avez
possédons.
pas besoin de comprendre, d’analyser ou de commenter. Vous
avez seulement besoin de vivre l’instant et de le ressentir. D’être Soyez au service de l’amour !
en présence. Et le moment d’après, quelque chose de nouveau
apparaîtra.

Si vous ne vous attachez pas à ce qui est là, chaque émotion,


chaque sensation, chaque énergie qui traverse le cœur ne fera
que passer.

Demandez-vous :
• Qu’est-ce qui est dans mon cœur ?
• Comment est-il possible pour moi de rencontrer l’autre
dans cet espace de vérité ?
• Comment puis-je créer un espace intérieur où je pour­
rais m’accueillir et accueillir l’autre, de cœur à cœur ?
• Comment puis-je contribuer à traverser cette crise
d’amour collective que l’on vit en ce moment ?

~ 162 ~ ~ 163 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

De la vulnérabilité au courage mêmes, ce qui nous amène à développer des mécanismes de


défense… qui s’avèrent finalement être des mécanismes
Pour plusieurs, la pandémie a été l’occasion d’intégrer de d’agression.
nouvelles habitudes de vie. C’est l’un des grands cadeaux
Dans la dernière année, nous avons pu observer plus sou-
que l’on a pu s’offrir dans cette épreuve ! Aujourd’hui, il
vent qu’à notre tour ce qui se passe lorsque le jugement ou
serait opportun d’en intégrer une nouvelle : cultiver sa
la différence d’opinion de l’autre écorche quelque chose
vulnérabilité.
en nous que nous ne souhaitons pas ressentir. Dans cette
On l’a vu, la souffrance est un thème important dans le situation, notre mécanisme de défense est d’attaquer cet
bouddhisme et l’un des premiers enseignements de Bouddha autre. Ce que notre ego perçoit comme une agression peut
concerne justement sa provenance. Contrairement à ce que se présenter sous forme de jugement, de discrimination
l’on pourrait croire, son origine n’est pas dans la douleur en ou d’intolérance, mais la raison de notre contre-attaque
soi, mais davantage dans l’incapacité d’entrer en contact demeure la même : l’incapacité d’accueillir ce qui est touché
avec la part de soi qui est vulnérable. Ainsi, on pourrait en nous avec sagesse, dans une posture de neutralité bien-
concevoir cette sensibilité comme une source de sagesse, veillante, sans prises de tête ni drames.
une occasion exceptionnelle d’entrer en contact avec
Parce qu’en niant nos vulnérabilités, nous projetons la res-
le cœur.
ponsabilité de notre souffrance sur les autres. Conséquem-
Selon le dictionnaire Robert, le mot « courage » vient du latin ment, naissent dans notre esprit des drames, des histoires
cor (le cœur) qui, au figuré, désigne la force d’âme, la bra- et des croyances dont nous sommes victimes. Comme si
voure, la force de caractère… Il s’agit bel et bien de cet es- nous étions abonnés à la seule chaîne de télévision qui dif-
pace au centre de la poitrine, notre berceau de l’émotion. fuse en boucle les grands feuilletons dramatiques, nous
Il est là, notre cœur, en mouvement, et « être vulnérable » nous jouons mentalement des scénarios pour accuser les
signifie simplement accueillir cet espace à l’intérieur de autres de nos malheurs.
nous afin de nous réconcilier avec notre nature humaine.
Pourquoi ? Parce que même si nous évoluons, même si nous
C’est donc l’impossibilité d’accueillir nos états vulnérables
sommes des gens spirituels et que nous méditons, les autres,
qui crée la souffrance, à la fois pour nous et pour les autres.
l’environnement extérieur, les situations comme la pandémie
Dans la tradition bouddhiste, on dit que c’est l’ignorance qui et le confinement nous touchent intérieurement. C’est notre
est la racine de la souffrance. L’habitude que nous avons de qualité principale d’humains, d’être touchés dans le cœur.
nous couper de nos zones de vulnérabilité nous détache Et lorsque nous nous coupons de cette qualité, sans même
également de notre potentiel de compassion pour nous- le savoir nous nous coupons de notre plus profonde

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Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

humanité, de ce qui est le plus beau en nous : ce qu’on ap- En pratique


pelle dans le bouddhisme « le joyau du cœur ».

Ainsi, comment sortirons-nous de cette pandémie si, pour


éviter de souffrir ou de ressentir l’impact des contextes qui
«
A ccueillir notre nature » est la première des quatre nobles
vérités bouddhistes. C’est faire l’expérience de Dukkha, la
souffrance. Ce type de méditation vise à développer une posture
ont changé dans notre vie, nous avons fermé notre cœur ? intérieure courageuse.
Bien sûr, ça prend beaucoup de courage pour revenir au En entrant à l’intérieur de vous, observez ce qui est blessé,
cœur (et y rester !), surtout quand on vit des périodes où il y a sensible, fragile, et ce, tout en restant dans un état de neutralité
autant de fluctuations. Nous voguons alors de la tendresse à bienveillante. Vous vous rendrez compte que ces espaces de vul­
la compassion, de l’impuissance à la tristesse, à partir d’un es- nérabilité sont toujours là et que jamais vous ne serez invincible
pace que l’on appelle « la pleine conscience ». C’est ce que nous ni intouchable. L’objectif, ici, est de ne pas créer davantage de
mettrons en pratique dans la prochaine méditation. souffrance à partir de cette dure constatation, de briser les mé­
canismes de défense qui mènent aux compulsions, aux obses­
sions et à une négation de soi-même, pour simplement vivre
Conseil l’expérience humaine… comme un humain !

A fin de contrer les mécanismes de défense (souvent in­


conscients) qui ont été mis en place dans notre psyché pour
nous protéger, développons des pratiques d’investigation,
Une vie humaine est pleine de larmes, de rires, de senti­
ments de colère, de feux intérieurs au quotidien, et c’est parfait
ainsi ! Plus on accueille ces états, moins on risque d’être piégé
d’accueil et de rencontre. Parce que, oui, une larme, une période dans des schémas inconscients de jugement, de négation,
de tristesse, une petite déprime, un manque de courage ou de d’agressivité, de fuite, etc.
motivation, c’est ce qui nous relie les uns aux autres, comme
humains. Et quand nous sommes authentiques dans notre expé­ Adoptez une attitude audacieuse d’intégrité et de sincérité
rience humaine, nous pouvons la partager. Tout à coup, ce qui avec vous-même, pour aller à la rencontre de ce qui est vulné­
vibre en moi vibre aussi chez les autres et ainsi naît un sentiment rable en vous, de ce qui vous touche dans le monde aujourd’hui,
de communauté. de ce qui a été ébranlé dans les derniers jours, les dernières se­
maines, la dernière année. Acceptez que ressentir ces émotions
C’est exactement ce qui nous manque en ce moment, fasse partie de l’expérience humaine et procure amour et com­
comme société, après ces mois de confinement. Il est possible passion pour soi et pour les autres.
que nous ne puissions pas retourner facilement et aisément dans
cette zone communautaire après ces mois passés loin les uns des Entrez dans votre posture de méditation – la méditation
autres, même dans nos familles et dans nos espaces d’amitié. qui, on le rappelle, est toujours une exploration intérieure, une

~ 166 ~ ~ 167 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

rencontre amicale avec nous-mêmes, un entraînement de l’esprit Une fois encore, si vous vous laissez prendre par une dis­
pour sortir des conditionnements négatifs de notre intellect et de traction, ramenez-vous au souffle par un léger sourire, avec
notre ego, ainsi qu’un moment pour nous déposer, pour entrer bienveillance. Prenez une grande respiration et replongez au
dans ce qui est naturel : cette qualité de témoin bienveillant. cœur afin de ressentir ce qui s’y trouve. Rappelez-vous qu’en
vous déconnectant de vos émotions, vous niez la plus belle part
Invitez en vous une posture de dignité intérieure, comme
de l’expérience humaine.
si vous étiez une montagne. Stable, solide, immobile.
Une fois de plus, demandez-vous comment vous vous sentez
Respirez. Votre colonne vertébrale se redresse tout douce­
à l’intérieur.
ment. Le cœur s’ouvre physiquement, alors que vous avancez la
poitrine. Les épaules se détendent. Appliquez cette méthode en quelques étapes pour retourner
courageusement à votre cœur et reconnaissez que s’y trouve un
Invitez le souffle à devenir plus profond et naturel, cessez
espace d’émotions, puis honorez la sensibilité qui vous habite à
de résister.
cet instant précis.
Relâchez les tensions dans la gorge, la poitrine et le ventre.
Accueillez ce que vous y trouvez, avec intégrité, sincérité.
Prenez deux ou trois grandes respirations, profondes et Cet espace de tendresse qu’on appelle vulnérabilité fait de vous
naturelles, pendant lesquelles vous inspirez par les narines pour un être qui ressent l’expérience humaine. C’est très sain, sage,
conserver l’air un court instant, juste avant d’expirer. courageux d’accepter d’être en présence de ce ressenti.

Peu importe les distractions mentales ou extérieures, ne Essayez de vous détendre, d’apaiser cet intellect par lequel
leur accordez aucune importance. La méditation se pratique se sont construits les croyances, les jugements et les scénarios. Si
dans tous les contextes, en maintenant simplement l’objet de ces mécanismes s’enclenchent, laissez-les exister comme un
méditation au centre de l’attention. Vous pouvez ramener dou­ écho lointain, au lieu d’être captivé par ce qu’ils expriment. Et à
cement votre attention sur le souffle. Pour demeurer en présence nouveau, retournez courageusement en votre cœur.
avec la respiration, vous pouvez formuler l’intention de rester en
Qu’est-ce qui vous rend vulnérable ? Qu’est-ce qui vous
contact avec ce qui se passe dans votre cœur.
touche dans le monde en ce moment ?
Prenez un temps pour vous demander comment vous vous
Recevez chaque réponse comme un joyau. Chaque fois que
sentez en ce moment. Où pouvez-vous ressentir l’expérience
quelque chose en vous est touché, c’est une occasion de recon­
humaine, vos émotions ?
nexion au cœur qui vous est offerte.
Générez un espace de conscience et de curiosité, avec
Honorez cet espace que vous vivez, expérimentez. Il
courage, afin de recueillir ce qui est plus sensible et ainsi revenir
n’exige pas que vous soyez faible, au contraire ! Il active en
à votre nature, à votre humanité.

~ 168 ~ ~ 169 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

vous le courage et la dignité, une force inébranlable. Identifiez


Se libérer du sentiment
ce courage comme la qualité avec laquelle vous voulez vivre,
ressentir l’expérience et les relations, goûter la vie. Honorez
d’impuissance
votre vérité. Face à la dernière pandémie, vous avez ressenti ou vous
Ultimement, laissez émerger l’amour et la compassion qui ressentez toujours de l’impuissance et de l’injustice. Comme
sont là, au centre de votre cœur, pour vous et pour les autres. c’est le cas dans ce genre de crise, la perspective boud­
Imaginez ce petit diamant au cœur, cette force d’être avec vos dhiste peut vous amener à trouver une nouvelle direction
émotions, qui brille et rayonne. intérieure pour mieux faire face à ces sentiments.

En terminant la méditation, relâchez doucement votre at­ Il est primordial dans un premier temps d’en prendre
tention et amenez un léger sourire sur vos lèvres. Laissez se conscience et de l’assumer, non pas en prenant une posture
manifester la fierté d’avoir fait l’exercice et entraîné votre esprit, de victime, mais plutôt dans une optique réaliste. Notre vie a
reprogrammant ainsi des chemins neuronaux nécessaires à été bouleversée, nos habitudes complètement changées,
votre santé mentale. nos repères ébranlés. C’est un fait !

Posez vos mains l’une contre l’autre au niveau du cœur, À partir de là, on souhaite se placer davantage dans une
frottez-les légèrement ensemble, puis ramenez les pouces au posture de « guerrier spirituel », comme on l’appelle dans la
centre de la poitrine. Prenez une grande inspiration par les tradition bouddhiste shambhala, cet espace où l’on devient
narines, avant d’expirer par la bouche. Et inspirez une nouvelle maître de son royaume intérieur. Car c’est ce qu’est finale-
fois pour faire vibrer le Om à l’expiration. ment un maître zen : lorsqu’il s’assoit en méditation, il entre
dans un état de présence et de conscience pures avec tout
ce qui se passe dans son espace intérieur.

Lorsque des changements abrupts surviennent dans votre


vie, il est possible que vous vous sentiez comme une vic-
time, que vous soyez dans la complainte, le jugement. Peut-
être passez-vous même par des espaces de colère et
de frustration.

Pendant la pandémie par exemple, plusieurs ont perdu leur


emploi (parfois même à plus d’une reprise), ont été enclavés
dans différents pays du monde ou ont même été privés de
leur capacité à rentrer chez eux. Des gens autour de nous

~ 170 ~ ~ 171 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

ont été malades, d’autres sont décédés. On a craint d’avoir Les sentiments d’injustice, d’impuissance et de victimisation
attrapé un virus mortel et, tout à coup, on ne savait plus de enclenchent beaucoup de mécanismes d’autosabotage. En
quoi serait fait l’avenir. On a dû se renouveler maintes fois, agissant de la sorte, c’est comme si on redonnait tout son
croyant que bientôt tout cela serait derrière nous. Mais, pouvoir à l’extérieur, en entretenant des envies de ven-
chaque fois, la situation perdurait et rien ne laissait présager geance envers l’Univers et en ayant des discours intérieurs
une amélioration. tels que : « S’ils n’arrêtent pas de nous interdire tout et n’im-
porte quoi, je ne ferai plus rien, je vais rester chez moi ! »
Les émotions et les attitudes se sont alors succédé. Face
Comme si on répondait à un sentiment d’injustice sur
aux changements et à l’impermanence constante, nous
quelque chose qui nous échappe par un comportement de
sommes passés de la résistance à l’attitude positive. « Ça
résignation et d’obstruction. Certains, lorsqu’ils ont appris
va bien aller ! » nous sommes-nous dit.
qu’ils devraient porter le masque, se sont dit : « Hors de ques-
Mais la réalité est qu’en ce moment, après une crise qui tion ! S’il faut porter un masque, je n’irai plus faire l’épice-
perdure, certaines personnes sont complètement épuisées, rie ! » Évidemment, cette résolution n’était pas viable plus
déstabilisées, résignées. Ici, la résignation n’est pas syno- d’une semaine ou deux, parce qu’à un moment donné il faut
nyme d’ouverture et d’acceptation : elle est davantage une bien aller au magasin ou au supermarché !
attitude passive-agressive envers la vie, une réaction que
Or, dans tous ces cas, la personne qu’on punit le plus, le jour
l’on adopte en réaction à un sentiment d’injustice, une situa-
où on fait le choix de cesser d’espérer, c’est soi-même !
tion où on sent que l’on méritait mieux que ce qui s’est passé.
Bien sûr que nous méritions une année plus facile ! On aurait Finalement, pour différentes raisons, un espace de colère,
tellement mérité de ne pas être coupé de ses réseaux, de d’insatisfaction et d’impatience s’est ouvert, et en lui est née
ses familles et de ses amis ! On aurait mérité de vivre en une attitude intérieure qui n’a rien de constructif ni pour
santé, de ne pas avoir peur, de vivre une vie sans pandémie. nous, ni pour les autres, ni pour notre société.
Alors, résigné, on se met à broyer du noir. C’est fini. On ne
Il est certain qu’un jour ça ira mieux, mais il est essentiel
fera plus d’efforts, on arrête d’essayer de se renouveler.
d’ici là de réviser, de regarder ce qu’on a déposé en soi dans
Terminé l’optimisme !
les derniers mois. Il se peut que de nouveaux schémas men-
Tout se passe comme si nous tentions de punir l’Univers, la taux aient pris place en soi, notamment parce que c’était un
vie, nos gouvernements, le monde qui ne pense pas comme peu « la norme » de juger les autres en fonction de leurs
nous, en nous coupant de notre propre capacité d’être dans croyances, de leurs positions et de leurs discours.
l’espoir et d’entretenir des pensées positives.

~ 172 ~ ~ 173 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

En effet, il est possible que l’on ait déposé en soi une série de Il est en effet impossible de contrôler le monde, presque
jugements et de nouvelles croyances sur le monde ; que l’on huit milliards d’êtres humains ou les gouvernements, mais
ait pensé que le monde n’avait pas d’allure, que la société en en revanche, il est possible de contrôler ce que nous vivons
était à son plus bas, que les gouvernements aspiraient à la à l’intérieur de nous. Notre façon de réagir, qui nous sommes
dictature dans les prochaines années, et ainsi de suite. et, surtout, ce que nous construisons comme fondement de
Comme si on avait décidé de changer sa vision du monde et pensées et de croyances. C’est ce qui influencera toute
parfois même celle que l’on avait de ses amis et des membres notre vision, l’ouverture ou la fermeture de nos cœurs,
de sa famille. notre capacité d’être unis et solidaires face à l’adversité.
C’est ce qui nous protégera du risque de nous créer des
En réaction à nos sentiments d’impuissance et d’injustice,
adversaires chez les gens que nous aimons, au nom du fait
nous nous sommes dissociés de notre capital d’amour, de
qu’il y a des ennemis encore plus grands à l’extérieur.
compassion, d’espoir et d’optimisme, parce que nous esti-
mions mériter mieux. Et nous avions raison ! Nous méritons Nous faisons face à beaucoup d’adversité et la seule chose
tous de vivre dans un royaume intérieur qui nourrit les qui nous appartient vraiment est la dignité avec laquelle nous
pensées les plus positives. en ressortirons à la fin. Aurons-nous la fierté d’avoir été en-
core plus près de notre humanité profonde ? Nous faisons
Et sans nous en apercevoir, parce qu’une vision de notre
tous face aux mêmes bouleversements, aux mêmes épreuves :
monde extérieur s’est détruite (ce que l’on appelait « la nor-
la pandémie existe pour tout le monde… Arriverons-nous à
malité »), il est possible que nous ayons aussi détruit notre
traverser cette crise avec solidarité, amour, paix, patience et
monde intérieur. Et puisque les émotions se construisent à
tendresse, pour nous-mêmes et pour les autres ?
partir des pensées, qu’elles soient conscientes ou non, cela
a pu affecter notre corps, notre énergie et nos émotions. Au Il est certain que ça prendra un certain temps avant que
nom de la souffrance, plusieurs sont prêts à recréer à leur nous retrouvions notre entrain et notre vitalité, même
tour l’injustice ou certaines formes de violence, autant en- lorsque la pandémie sera loin derrière nous. Mais nous
vers eux qu’envers les autres. Comme si ça justifiait le fait pouvons tout de suite nous donner les outils pour conserver
d’offrir le moins bon de soi-même. Mais rien ne justifie cela ! en nous un état d’esprit positif. Lorsque sera venu le moment
de passer à un autre chapitre, souhaitons que nous puis-
Parce que le monde n’a jamais été juste. Tout comme nous
sions nous prendre par la main, que nous sautions dans les
n’avons jamais été tout-puissants. C’est peut-être la première
airs en lançant des cris de joie et de célébration, nous
chose que Bouddha nous a enseignée dans la psychologie
n’ayons n’ait pas perdu l’ambition de ce que nous voulions
bouddhiste, dans les nobles vérités : « Tu n’as jamais contrôlé
devenir comme société. Que le rêve sacré de ce que nous
ton environnement. »
voulions construire soit toujours vivant ! À quoi voulions-nous

~ 174 ~ ~ 175 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

donner vie dans nos petits et grands gestes du quotidien, croyances, les faux jugements, le masque de l’ego – avant de s’en
nos choix d’existence, nos choix de carrière ? libérer. Il a réussi à atteindre l’éveil, parce qu’il n’avait qu’une seule
chose à se rappeler : il y a un maître à l’intérieur, et c’est soi-même.
Si on s’est éteint complètement, que se passera-t-il ? Il ne
faudrait pas sortir de la pandémie en conservant un senti-
ment de peur et d’impuissance. Parce que, finalement, tout
En pratique
cela n’est qu’illusion : nous avons toujours eu et nous aurons
toujours le pouvoir absolu sur nos pensées, nos croyances,
ce qui configure notre vision du monde et des autres. P renez tout d’abord une posture pour votre méditation : que
vous soyez assis sur une chaise, sur le bord de votre lit, sur le
sol ou sur un coussin, tout est parfait.

Immobilisez votre corps, allongez un peu la colonne verté­


Conseil
brale, relaxez les épaules. Détendez la nuque en amenant le

A ucun être humain, aucun gouvernement et aucune société


ne peuvent déposer en nous des pensées. C’est aussi simple
et merveilleux que ça ! Bouddha nous dit : « À l’intérieur, tu es le
menton légèrement vers l’avant, comme si votre intellect et votre
ego s’inclinaient devant le cœur, qui est quant à lui bien ouvert.

Sentez votre stabilité, votre force. Le corps est comme une


maître, tu ES bouddha. » Ce qui signifie que, à part nous-mêmes,
montagne : détendu, puissant, immobile. Une montagne qui
personne ne peut influencer nos émotions, puisque ce sont les
respire pleinement, librement.
pensées et les états d’esprit qui nous habitent qui les déterminent.
Ce sont également eux qui influencent notre niveau d’énergie et Prenez deux ou trois respirations libératrices en inspirant par
la sécrétion des hormones dans notre cerveau. Nous sommes les narines, pour gonfler l’abdomen. Conservez l’air quatre se­
complètement maîtres de ce micro-univers qui est en nous. condes avant d’expirer par la bouche. Répétez à quelques reprises,
à votre rythme. Ces respirations permettent d’apaiser votre
Si nous entrons dans l’illusion que les autres, le monde et la
système nerveux central. Laissez le souffle être détendu et naturel.
société ont du pouvoir sur nous, nous perdons ce pouvoir sur
notre univers. Il n’y aura plus de gardien de la paix, de gardien Contemplez l’immobilité de votre corps, comme si vous
de l’amour, il n’y aura plus de sagesse qui protège contre l’absur­ preniez racine dans le sol. Puis, rappelez-vous votre dignité
dité extérieure et l’ignorance. d’exister. Vous n’avez rien à prouver au monde, vous n’avez plus
besoin d’en faire davantage. Vous avez tous les droits d’exister.
Bouddha n’a jamais enseigné de postures de victime, jamais
enseigné une attitude résignée ou misérabiliste face au monde. Vous êtes là, au même titre que la fleur, que l’arbre, que le
Bouddha a passé trois ans à méditer et à affronter ce qu’on appelle soleil. Et vous existez à travers tout cela, dignement. Vous n’avez
« les démons de Māra » – le monde de l’illusion, les fausses rien à faire de plus qu’être pleinement.

~ 176 ~ ~ 177 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

Choisissez d’être ici et maintenant, consciemment. Honorez Faites le choix de redevenir maître de votre maison, de
chaque seconde, chaque instant, de votre présence. Savourez ce votre cœur, de votre lumière intérieure. Comme le témoin assis
qui est là en ce moment, en vous et autour de vous. au sommet de la montagne, posez votre regard de bouddha sur
les événements, sur votre existence.
Prenez un temps pour intérioriser qu’il est impossible de
contrôler l’extérieur. Ouvrez-vous à cette sagesse, à cette vérité Peu importe à quel point le monde s’agite autour de vous,
toute simple. Accueillez-la. peu importe la façon dont les gens agissent ou réagissent, de­
meurez maître de votre esprit.
Le monde ne sera jamais juste. Les gens sont malades, les
gens meurent. L’impermanence est omniprésente. Il y aura Vous êtes le seul créateur de vos pensées. L’unique archi­
toujours des épreuves, des changements… tecte de vos croyances. Vous êtes l’artisan des élans de votre
cœur, le poète de votre âme.
Contemplez un moment tout ce qui a changé dans votre vie
au cours de la dernière année et demie. Saisissez à quel point elle Vous êtes 100 % responsable de votre esprit, l’espace dans
bouge constamment, cette vie. lequel se crée chacune de vos pensées. Vous êtes ce qui ressent
les émotions, vous êtes ce qui habite le corps.
La perception de cette impermanence est le premier pas
vers la sagesse, qui vous amènera à devenir maître de votre Imaginez une flamme prenant place au centre de vous-
monde intérieur. même, au cœur de votre univers. Il s’agit de l’Esprit maître, la
lumière de conscience qui s’éveille.
Tout en contemplant les nombreux changements survenus
dans les derniers mois, conservez cette posture de dignité et de Activez cette lumière, ce feu de la méditation dans laquelle
stabilité intérieure. vous respirez. Votre esprit, cette force créatrice, cette étincelle
qui donne vie à votre univers intérieur, moment par moment,
Si survient un scénario, une pensée, un jugement ou une
est une force indestructible, immuable et infinie. Cette force,
histoire qui nourrit des émotions négatives, revenez à cette
c’est vous.
posture de témoin intérieur. Vous n’êtes qu’un observateur qui
remarque la nature des phénomènes de la vie. Celle-ci bouge, Tournez votre regard vers l’intérieur, rencontrez-vous sous
tout simplement. cet aspect. Puissance infinie de création.
Il n’y aura pas de justice. Il n’y aura pas que de bonnes Rendez-vous compte que tout ce que vous avez créé et
nouvelles. Il vous sera impossible de contrôler tous les êtres et entretenu dans votre cœur comme dans votre esprit, c’est vous
tout ce qui arrive autour de vous. qui l’avez nourri. C’est vous qui avez donné vie à cette pensée,
à ce scénario. Vous vous êtes raconté des histoires… Vous avez
Vous pouvez cependant contrôler votre royaume, votre
esprit, votre conscience.

~ 178 ~ ~ 179 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

projeté ces images à travers lesquelles vous avez revisité vos


Un brin de sagesse radicale !
drames, créé des barrières à travers vos jugements et vos croyances
limitantes. Lorsque nous traversons une crise qui perdure comme celle
de la pandémie de COVID-19, il y a un peu plus de tension
Vous êtes le feu créateur de tout cela… Mais vous pouvez
dans l’air. Dans les réseaux sociaux comme dans la vie, nous
également choisir de ne créer que la beauté et le bonheur, que
percevons de l’impatience, de la frustration, de l’irritation.
des fruits d’amour, de paix, d’espoir et de vie !
On dirait que tout le monde a la « mèche courte ». La tolé-
Imaginez qu’en ce moment vous entretenez les plus douces
rance est à son plus bas, et ce, dans toutes les sphères de
pensées, les plus belles croyances, les plus magnifiques visions
notre société. Il est possible qu’à travers toute cette explo-
d’amour de vous-même et des autres.
sion et ces petites frictions, nous commencions, nous aussi,
Vous en avez le pouvoir à chaque instant. à être affectés par ce climat.

Terminez la méditation avec ce sentiment d’être maître, Dans le bouddhisme, on retrouve cette notion d’un bouddha
créateur et protecteur de votre monde intérieur. De ce qui se courroucé qui apporte une vérité radicale — la colère de la
dépose dans le cœur et de la façon dont l’âme se manifeste à sagesse qui détruit toute forme d’ignorance dans l’esprit.
travers votre expérience humaine. Ces enseignements ne sont pas toujours faciles à entendre,
mais ils ont leur façon bien à eux de nous faire cheminer. La
Votre vie, votre personnalité, vos actions, vos gestes, vos
sagesse que je partage avec vous ici vise à nous sortir de la
paroles et vos pensées sont le fruit de votre création. Et vous
zone de conflit et de dualité dans laquelle nous nous trou-
pouvez générer la volonté qu’aujourd’hui, peu importe les évé­
vons un peu plus que d’habitude durant la crise.
nements extérieurs, peu importe ce que les autres feront ou vi­
vront, peu importe les nouvelles que vous lirez ou les événements D’abord, il est utile de se rappeler que les opinions n’ont AU-
qui surviendront, chaque fois, vous aurez le pouvoir de choisir CUNE importance. Absolument aucune. Zéro, niet, nada. Voi-
l’état d’esprit et l’émotion qui prendront place en vous. là, c’est dit ! En réalité, le monde et le reste de la planète
évoluent beaucoup mieux sans nos opinions. Non seulement
C’est votre royaume, votre demeure, votre refuge.
elles ne sont pas importantes, mais elles sont ce qu’il y a de
Répétez cette pratique autant de fois que nécessaire et plus dangereux en ce moment. Pourquoi ?
n’hésitez pas à la partager avec vos amis, votre famille, vos
Parce que ce sont elles qui forment les conflits entre nous,
proches, afin que chacun puisse reprendre le pouvoir de son
façonnent le jugement, cristallisent les pensées et les
royaume.
croyances parasitaires négatives. Elles ont le pouvoir de
tuer notre capacité d’amour, de compassion, et d’anéantir

~ 180 ~ ~ 181 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

notre sentiment de faire un avec l’humanité. Elles peuvent Conseil


même détruire la poussée de solidarité, de collaboration, et
le sentiment de fraternité dont nous avons tant besoin en si-
tuation de crise. D ans le bouddhisme, on dit souvent que toutes les pensées
sont contaminées. En fait, c’est qu’il n’y a pas qu’une seule
pensée qui agit comme origine, comme source de votre essence,
Partout dans les médias, on ne trouve pratiquement plus de de votre âme, Satnam, votre pure identité. Une pensée se
faits : on rapporte plutôt différentes idéologies, on les com- construit socialement à travers un langage que vous avez appris,
mente, on explique ce que l’on pense de ces opinions, et ainsi à travers des concepts intégrés, avec des conditionnements fa­
de suite. Mais sincèrement… on s’en fout ! On ne devrait don- miliaux, culturels et sociaux.
ner aucune importance et aucun pouvoir aux opinions inté-
rieures durant les crises, peu importe leur provenance. Bouddha nous dit : « Tu n’es pas ce que tu penses. » Ainsi,
nous sommes tous dangereux le jour où nous croyons que nous
Partout dans le monde, les conflits sont en hausse. Dans plu- le sommes. À force de nous chamailler à cause de nos chocs
sieurs pays dits « plus pacifiques », on observe une augmen- d’opinions, nous perdons ici et là des petits bouts d’âme, des
tation des formes de violence, d’injustice, de discrimination petits bouts d’amour, des petits bouts de relation et des petits
et d’abus. Tout cela au nom du fait qu’une idée serait meil- bouts de solidarité. Nous perdons notre humanité. Il est temps,
leure qu’une autre ? aujourd’hui, de méditer ensemble sur tout cela. Pour ce faire,
Au début de la pandémie de COVID-19, on opinait sur le fait… voici une méditation où nous serons l’être éveillé. Nous pren­
d’y croire ou non. Puis se sont enchaînées les différentes vi- drons la position du guerrier Shambala, protecteur de la sagesse,
sions sur le port du masque, la distanciation sociale, le confi- le dharma.
nement (puis le déconfinement) et enfin le vaccin, chacune Allons-nous suivre le courant de nos pensées négatives au
apportant une multitude de possibilités de s’entredéchirer. point d’être capables de détruire l’amour et l’harmonie, seule­
Allons-nous vraiment continuer de créer des conflits dans ment pour faire valoir une opinion ? Chaque fois que nous met­
nos familles, nos relations amoureuses, nos amitiés et nos tons notre jugement avant l’amour, la solidarité, la compassion
communautés virtuelles parce que nous ne pensons pas de ou l’amitié, c’est un choix que nous faisons et même s’il a été fait
la même façon que notre prochain ? de façon inconsciente, nous en payons le prix.

L’important, en ce moment, c’est comment on se sort de


cette crise ; comment on en guérit, comment on évolue. Est-ce
que l’on s’écoute à partir du cœur ou de la tête ? Arrivez-vous
encore à avoir les yeux pleins d’eau lorsque quelqu’un vous fait
part de ses souffrances ou êtes-vous plutôt en train de le juger

~ 182 ~ ~ 183 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain Vivre dans le déconfinement

intérieurement ? Est-ce que vous vous racontez des histoires ou Cessez de suivre vos pensées, elles n’ont aucune impor­
êtes-vous réellement dans l’empathie et la réception de l’autre ? tance. Pas plus que vos opinions, que vos histoires. Revenez à
Êtes-vous capable de vivre vos propres vulnérabilités ou vous votre essence, au-delà des sensations, au-delà des émotions,
barricadez-vous derrière une armure de jugements ? Comment au-delà de tout le reste.
va votre cœur, comment vont votre corps, votre âme ?
Soyez cette conscience qui observe, cette lumière qui veille.
Vous n’êtes pas victime de vos opinions, au contraire : vous Vous êtes ce qui veille à l’intérieur. Vous êtes le protecteur de la
êtes beaucoup plus grand et puissant qu’elles. sagesse, du dharma, de la vérité du cœur et des élans de votre
âme. Vous êtes le gardien du temple et tout le reste n’a aucune
importance.
En pratique
Prenez un instant pour contempler ce que le continuum de

I nstallez-vous pour la méditation, dans une posture droite


et stable. Faites quelques respirations profondes. Créez un
espace de réception. Calmez toute l’agitation mentale.
votre intellect a émis comme opinion, sur des sujets qui n’exis­
taient même pas il y a un an ou deux. Observez ces pensées
contaminées, ces opinions sur les sujets d’actualité, sur les
autres, sur votre expérience et sur le monde qui vous entoure.
Inspirez par les narines, expirez les pensées. Inspirez le
Lesquelles s’agitent dans votre esprit ?
calme, expirez les distractions.
Pour chacune, demandez-vous si elle est utile, nécessaire.
Inspirez la paix, la douceur. Puis doucement, expirez par la
Est-elle plus importante que l’amour, que la paix ? Est-elle plus
bouche. Laissez l’énergie circuler.
importante que la relation avec l’autre, plus importante que la
Gardez le corps détendu, la colonne vertébrale et la nuque vérité qui est dans votre cœur ? Vous pouvez maintenant vous
longues. Revenez au souffle, naturel. Il vous permet de relâcher en libérer.
toutes les tensions.
Ces opinions qui polluent votre être, faites le choix de ne
Comme la montagne, vous êtes immobile. Paisible à travers plus leur donner aucun pouvoir. Au sens spirituel, au sens de
l’inconfort. Calme à travers les distractions. Vous devenez en l’expérience humaine, dans le cœur, elles n’ont aucune valeur.
fait un témoin au-dessus de cette montagne, dans cet espace
Demandez-vous ce que vous avez détruit ou sacrifié dans la
infini de la clarté de l’esprit. Au-dessus de toute agitation,
dernière année pour une opinion, au détriment de votre propre
prenez de la distance.
paix, votre propre joie, votre propre espoir.
Portez votre attention sur le souffle et les légères sensations
Qu’avez-vous perdu comme relation, comme qualité de vie,
à l’extrémité des narines. Fraîcheur à l’inspiration, chaleur à
pour faire valoir votre point de vue ? Êtes-vous prêt à détruire et
l’expiration.

~ 184 ~ ~ 185 ~
Chroniques d’un bouddhiste urbain

à aller à l’encontre de vos valeurs humaines fondamentales dans


le seul but d’avoir raison ?
En guise
Il y a une force spirituelle, un gardien de l’âme et de la vérité
profonde qu’on appelle volonté qui s’active en vous pour pacifier
votre intellect contaminé par vos opinions.
de conclusion
Apaisez ce besoin presque compulsif d’avoir toujours
raison, d’argumenter, de convaincre. Toutes ces pulsions de C’est en poursuivant la méditation que nous transformons notre
l’ego, narcissiques, s’éteignent en vous. Il est temps de choisir vie, activons des hormones de courage, d’état de libération, de
la sagesse de la paix, de la compassion, de la joie de vivre et joie intérieure, de bonheur, et ce, au-delà de toutes les circons­
d’être ensemble ! tances extérieures.

Ces joyaux sont les cadeaux que vous recevez pour avoir Être dans la pratique spirituelle nous permet de créer à
choisi l’amour au-delà de vos positions. l’intérieur de nous-mêmes toutes les qualités et les forces de
notre être.
Vous pouvez maintenant former un léger sourire sur vos
lèvres, en vous remerciant d’avoir fait cette méditation. En choisissant consciemment d’être le gardien de ce qui est
beau et bon en nous, même quand plus rien ne va et que l’expé­
Revenez avec intégrité à vous-même. Faites quelques respi­
rience humaine devient difficile, nous retrouvons vraiment
rations plus profondes.
notre voie intérieure.
Joignez les mains l’une contre l’autre, avant de les frotter
Namasté.
légèrement ensemble. Amenez les pouces vers le cœur, puis
inspirez par les narines et expirez par la bouche. Libérez tout.

Enfin, inspirez pour faire vibrer le son Om à l’expiration.

~ 186 ~
Table des matières

Avant-propos...................................................................................... 9
Chronique d’un bouddhiste urbain..............................13
Trouver le Bouddha en soi...........................................................15
Être son propre gourou................................................................18
Rester maître de ses émotions...................................................21
Bâtir son bonheur, une pensée à la fois..................................23
Donner un sens à sa vie................................................................26
Cessez d’être un mouton, soyez un lion...................................28
Purifier son karma négatif...........................................................31
Vous avez tout pour être heureux,
alors pourquoi souffrir ?..............................................................33
Vivre de manière authentique.....................................................36
Traverser ses deuils dans la paix du cœur............................38
Méditer les soirs de pleine lune.................................................40
Apprendre à vivre comme si ce jour était le dernier...........43

L’art de méditer.............................................................................47
La méditation pour les nuls.........................................................49
Trouver la motivation de méditer tous les jours...................54
Danser pour mieux méditer........................................................56
Le défi de la mouche......................................................................58
Vous n’êtes jamais trop malade pour méditer.......................60
Transformer ses lectures en méditation................................62
Vous êtes un sanctuaire...............................................................64
Vivre dans l’amour.....................................................................67 Combattre les sources de stress...........................................124
Pardonner à ceux qui nous font souffrir.............................126
Se sentir bien dans sa peau........................................................69
Cesser de se juger et apprendre à s’aimer............................72
Devenir la personne qu’on rêve d’être : soi-même !.............76 Vivre dans le courage............................................................131
Répandre de la joie et de l’amour partout..............................78
Dépasser la peur de l’échec.....................................................133
Imaginer un monde où nous sommes
Garder confiance à travers les épreuves............................135
tous des frères et sœurs..............................................................80
Qui suis-je réellement ?..............................................................137
Apprendre à écouter différemment
Mettre fin à ses comportements compulsifs......................140
pour vivre des rencontres authentiques................................82
Faire des choix sensés pour se libérer du doute..............143
Trouver l’amour et le conserver................................................84
Sortir du déni pour cesser d’aggraver
Donner un sens à la violence du monde..................................88
les situations problématiques.................................................145
Se libérer de l’esprit de performance
Vivre dans la joie.........................................................................91 pour réapprendre à s’amuser.................................................147
L’art de voir le verre à moitié plein.........................................149
Cesser d’être déçu par les autres.............................................93
Devenir le héros de sa propre vie..........................................151
Traverser les journées de fou....................................................95
Trouver enfin le silence.................................................................98
Simplifier sa vie............................................................................100 Vivre dans le déconfinement.........................................155
Ne plus se limiter à cause de l’argent...................................102
Le cadeau de la tendresse dans un monde
Simplement vivre dans le moment présent.........................104 en mal d’amour.............................................................................157
Célébrer sans raison..................................................................106 De la vulnérabilité au courage................................................164
Se libérer des petits tracas quotidiens.................................108 Se libérer du sentiment d’impuissance................................171
Un brin de sagesse radicale !...................................................181

Vivre dans la paix.....................................................................113


Profiter de ses plaisirs coupables sans culpabilité..........115 En guise de conclusion........................................................187
Ne plus être affecté par les émotions
négatives d’autrui........................................................................117
Se libérer du regard des autres.............................................119
The famous person.....................................................................121
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