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TITRE ORIGINAL
Mecca. The Sacred City
(Bloomsbury)
ISBN : 978-2-228-91868-8
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À mon ami disparu, Ayyub Malik, grand
architecte et céramiste, en souvenir de
conversations brillantes et de moments
agréables dans les rues de La Mecque et de
Djedda ainsi que dans mon jardin d’hiver.
Avertissement concernant la translittération
des termes arabes
L’appel de La Mecque
Heureux ceux qui placent en toi leur appui ! Ils trouvent dans
leur cœur des chemins tout tracés. Lorsqu’ils traversent la vallée
de Baca, Ils la transforment en un lieu plein de sources, Et la pluie
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la couvre aussi de bénédictions .
Voici ce dont Mahomet ibn Abd Allâh est convenu avec Suhayl
ibn Amr.
Ils sont convenus de renoncer à la guerre pendant dix ans,
pendant lesquels les hommes seront en sûreté et s’abstiendront de
tout acte d’hostilité à la condition que quiconque, étant venu à
Mahomet sans la permission de son gardien, lui sera rendu ; et
que nul, étant venu aux Quraychites alors qu’il était avec
Mahomet, ne lui sera rendu. Nous ne ferons montre d’aucune
inimitié l’un envers l’autre, et nul n’aura de réserves secrètes, ni
ne fera preuve de mauvaise foi. Quiconque souhaitera s’allier à
Mahomet et conclure un accord avec lui en aura la capacité, et
quiconque souhaitera s’allier aux Quraychites et conclure un
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accord avec eux en aura la capacité .
Il est douteux que les vues hétérodoxes de Mansûr aient fait forte
impression sur les passants, qu’ils aient été autochtones ou visiteurs.
Il croyait en l’union avec Dieu et avait coutume de se perdre dans une
sorte d’introspection mystique. Dans cet état, il déclarait alors : « Je
suis la Vérité. » Cette affirmation lui vaudra d’être longuement jugé
puis incarcéré à Bagdad, jusqu’à son exécution, sur l’ordre de juristes
orthodoxes, en mars 922.
Ce charpentier réparant une maison dans le quartier le plus
pauvre de la ville, qui se présente comme un simple zâhid (ascète),
est peut-être en réalité le sultan Ibrâhîm bin Adham (730-777).
Ancien roi de Balkh en Perse, Ibrâhîm reçut un miroir alors qu’il se
tenait assis sur son trône. « Je m’y suis miré, aurait-il dit, et je n’ai vu
qu’un voyageur en route pour la tombe, vers un lieu où nul ami ne
viendrait me réchauffer le cœur. J’ai vu un long voyage s’étendant
devant moi, pour lequel je n’avais nulle provision. J’ai vu un juge
équitable, et moi-même dépourvu d’éléments de preuve à soumettre
en vue de mon ordalie. De cet instant, être roi m’a inspiré du
dégoût 20. » Ibrâhîm abandonna son trône pour vivre en mystique et
passa un temps considérable à errer dans les rues de La Mecque. Un
autre ancien prince de la ville, que l’on pouvait fréquemment voir
mendier près du sanctuaire, était le fameux soufi perse Bâyazîd
Bistâmî (804-874) surnommé le « Splendide mendiant ». Bâyazîd
était perpétuellement en état de transe et faisait des déclarations des
plus scandaleuses – mais supposément mystiques : « Gloire à moi ! » ;
« Il n’y a nul autre dans mes habits que Dieu 21 » et « Je suis moi, il n’y
a d’autre Dieu que moi-même, adorez-moi ! » Une autre mystique
déambulant en apparence sans but dans la ville était Râbia al-
Adawiyya (713-801), qui, pour son premier voyage à La Mecque,
parcourut en rampant toute la distance d’Arafat à la Kaaba. Par la
suite, elle mena une vie d’ermite dans le désert tout proche, suivant
pour se nourrir un frugal régime végétarien 22. Dans l’ensemble, les
Mecquois portaient très peu attention aux mystiques parmi eux. Ces
gens deviendraient pourtant des figures importantes du soufisme, la
branche mystique de l’islam.
Tandis que La Mecque était devenue une ville cosmopolite,
fourmillant de théologiens, d’historiens, de mystiques et de voyageurs
et bourdonnant de débats et de discussions, une discipline brille par
son absence : la philosophie. Pas un philosophe réputé ou presque ne
faisait le déplacement depuis Bagdad, centre de la pensée et de
l’érudition musulmanes, ou depuis l’Espagne islamique, où le dernier
survivant de la dynastie omeyyade avait fondé son propre califat et
donné jour à une civilisation de grande culture et de grand
raffinement. Le contraste était vif avec La Mecque, havre des
antirationalistes. Il faut y voir d’une part l’effet de l’influence des
puritains, des kharijites et en général des conservateurs obsédés par
la « pureté » d’un islam non contaminé par ce qu’ils appelaient
« bida » (souvent traduit en français par « innovation ») ou par les
idées étrangères ; c’était, d’autre part, une façon pour la ville de se
démarquer de Bagdad, sa rivale, où la philosophie et le rationalisme
n’étaient pas seulement en vogue, mais positivement pratiqués au
titre de principe d’État. De fait, les Abbassides « voyaient dans l’usage
de la raison le fondement unique de la vérité et la réalité, et
considéraient la sphère de la philosophie et la sphère religieuse
comme une seule et même chose 23 ». Les Mecquois, pour leur part,
estimaient qu’un tel point de vue revenait à placer l’islam, religion
révélée, au même plan que la philosophie, qui était un produit de la
raison humaine – chose presque aussi condamnable que le péché
d’association.
L’aversion des Mecquois pour la philosophie se trouvait encore
renforcée par la mihna, qui fit beaucoup pour asseoir la réputation
d’Ahmad ibn Hanbal en tant que plus grande figure du
traditionalisme de son temps. La mihna était une tentative du calife
abbasside pour imposer à ses sujets ses propres vues en matière
théologique. Rationaliste et chantre de la philosophie grecque, Al-
Mamoun était aussi un progressiste sophistiqué et très cultivé qui
encourageait l’usage de la réflexion et la quête du savoir dans la
civilisation musulmane. Fin connaisseur du Coran et des traditions du
Prophète Mahomet, on dit qu’il aurait récité le livre saint dans son
intégralité pas moins de trente-trois fois durant le ramadan. C’est
pourtant ce même homme, qui a soutenu et donné forme à l’une des
périodes les plus riches et fertiles aux plans scientifique et
philosophique de l’histoire humaine, qui institua ce qui se rapproche
le plus dans l’histoire de l’islam de l’Inquisition espagnole. Le terme
mihna signifie « épreuve » et « examen » ; cette épreuve consistait en
une série de lettres écrites par Al-Mamoun à ses cadis (juges) et
administrateurs ainsi qu’aux savants, penseurs et personnalités
réputés de l’époque, et dans lesquelles il leur posait une question bien
précise. Tous les musulmans, quelles que fussent par ailleurs leurs
convictions, s’accordaient sur le fait que le Coran était la parole de
Dieu sans altération d’aucune sorte. Ce qu’Al-Mamoun cherchait à
savoir, c’était si le Coran était créé ou incréé. En bon rationaliste, le
calife croyait pour sa part que le Coran était créé. Il tenait que voir
dans le Coran la parole incréée de Dieu constituait une sorte de
tyrannie spirituelle qui fermait l’esprit à la recherche intellectuelle, à
la pensée rationnelle et à la philosophie. Mais en cherchant à mettre
à bas cette tyrannie, Al-Mamoun se fit lui-même tyran. Ceux qui ne
donnaient pas la réponse attendue étaient emprisonnés, fouettés,
démis de leurs fonctions publiques ou même torturés.
La première cible d’Al-Mamoun était un groupe de juristes très
pieux se désignant comme les Ahl al-Hadîth (ou gens du hadîth), et
pour qui les traditions du Prophète Mahomet formaient la source
principale du dogme. Extrêmement conservateurs, ils s’employaient à
mettre en forme la loi islamique, ou charia, et estimaient que le
Coran et l’exemple du Prophète « suffisaient à eux seuls à permettre à
une communauté d’humains de conduire leur vie en rendant des
comptes directement à Dieu. Ce qui pouvait être ressenti ainsi dans la
mesure où Dieu pouvait être trouvé sans médiation aucune dans la loi
elle-même 24 ». D’où leur doctrine, qui voulait que le Coran soit la
parole éternelle de Dieu et que la communauté musulmane n’ait nul
besoin de raisonnements, mais de la seule loi divine, telle que les
propos et les actions de Mahomet l’illustraient. Les gens du hadîth
insistaient sur la nécessité de la rigueur morale, « plus émotionnelle
qu’intellectuelle 25 », et voyaient dans chaque tentative de procurer
des soubassements rationnels à leur foi une insulte à la puissance de
Dieu. Pour Al-Mamoun, c’était là pur obscurantisme, lourd de
conséquences pour la culture et la civilisation musulmanes.
Ahmad ibn Hanbal faisait partie d’un groupe d’une trentaine de
juristes qui furent conduits devant un fonctionnaire de Bagdad. Après
avoir reçu lecture de la lettre du calife, les savants, tentant de
louvoyer, prétendirent n’avoir pas d’opinion. « Le Coran est la parole
de Dieu », dirent-ils. Après qu’on les eut pressés un peu, ils
ajoutèrent : « Dieu est le créateur de toute chose. » « Le Coran n’est-il
pas une chose », leur fut-il demandé. S’ensuivit une discussion sur ce
qu’était une chose. « Toute chose hormis Dieu est créée », conclurent-
ils finalement. Mais ce constat ne répondait toujours pas à la question
posée, et le fonctionnaire insista. Il est certain, répondirent-ils d’une
voix, « que le calife a entendu des choses qui ne nous ont pas été
rapportées, et qu’il sait ce que nous ne savons pas 26 ». Ibn Hanbal fut
l’un des deux intellectuels à exposer clairement son opinion. « Si je
me tais et que tu te tais, alors qui enseignera aux ignorants ? »,
déclara-t-il. Le fonctionnaire rapporta fidèlement les réponses de
Hanbal au calife, qui ordonna qu’on le lui présente, en chaînes, pour
qu’il défende sa vision des choses. Mais, pour une raison inconnue,
l’audience n’eut jamais lieu. Ahmad ibn Hanbal passa vingt-huit mois
en prison. La mihna continua d’être pratiquée par les successeurs
d’Al-Mamoun, Al-Mutasim (règne 833-842) et Al-Wâthiq (842-847),
jusqu’en 861, à l’issue de seize années peu glorieuses.
À La Mecque, la mihna était perçue comme une lutte opposant de
puissants rationalistes corrompus inféodés à l’État à des
traditionalistes indépendants craignant Dieu. Ce point de vue n’était
pas dépourvu de fondement. Si les rationalistes étaient effectivement
très cultivés, tenaient la philosophie en estime et défendaient la
liberté de pensée, ils avaient aussi, dans l’ensemble, une certaine
tendance à l’hédonisme et à la complaisance. Les philosophes
prêchaient l’évangile de la liberté pour une raison simple, pensait-on :
à leurs yeux, la loi et la religion étaient une gêne car elles les
empêchaient d’agir comme bon leur semblait. Que ces champions de
la liberté de pensée fassent, pour la plupart, partie de l’appareil d’État
ou soient en accord avec la ligne de l’État et ses politiques
n’arrangeait rien à l’affaire. Les traditionalistes étaient à l’inverse
extrêmement pieux, ou du moins vus comme tels. Ahmad ibn Hanbal,
par exemple, faisait montre d’une humilité et d’une satisfaction quant
à son propre sort tout à fait exemplaires, tout en manifestant un
grand sens de la justice et de l’équité. Il se vouait aux gens du
commun – lesquels étaient méprisés des rationalistes et des
philosophes, comme l’illustre le fait que, dans la première lettre de la
mihna, le calife Al-Mamoun qualifiait les hommes et les femmes
ordinaires d’« insignifiants », de « vulgaires », de gens « sans
entendement ni réflexion profonde 27 » et incapables de raisonner. À
l’opposé des philosophes et des rationalistes, les traditionalistes se
consacraient à toutes ces choses que les gens ordinaires chérissaient :
Dieu, le Prophète, le Coran, les traditions et l’exemple du Prophète,
l’égalité de tous et pour tous. Hanbal refusa même de toucher une
compensation pour l’injustice qui lui avait été faite et s’opposa à ce
que sa famille perçoive une allocation de l’État.
La Mecque raffolait des juristes dévots. Rien de ce qu’ils disaient
ou faisaient ne pouvait être remis en question. Et leur travail sur les
principes de la jurisprudence islamique – fiqh – faisait l’objet d’une
véritable vénération et était étudié avec zèle. Al-Chafiî, durant les
neuf années qu’il vécut à La Mecque, enseigna à ses étudiants à
rejeter déductions logiques, philosophie et conjectures rationnelles.
La logique, assurait-il, n’était d’aucune utilité pour le théologien.
L’analogie était le seul outil légitime pour la formulation de la loi
islamique ; tout devait ainsi être déduit par analogie avec les sources
primaires, à savoir en premier lieu le Coran, mais aussi et surtout
avec les hadîths. Hanbal enseigna que les paroles des compagnons du
Prophète – appelés les « tâbi’în » – devaient être honorées et
observées. Et si les successeurs du Prophète défendaient entre eux
des avis différents, alors tous ces avis différents devaient être jugés
également valides. L’imitation (taqlîd) des compagnons, de leurs
successeurs et des successeurs de leurs successeurs devait devenir la
norme pour tous les aspects de la religion ; l’innovation (bida), quant
à elle, était proscrite.
La vénération dont les juristes dévots faisaient l’objet et la
tradition de leur présence à La Mecque eurent de lourdes
conséquences, puisqu’on leur doit la montée en puissance des érudits
religieux en tant qu’autorité indiscutée pour toute question de
théologie ou de droit. Les pèlerins et les visiteurs venus des quatre
coins du monde musulman étaient à chaque instant gratifiés
d’anecdotes sur la piété de ces hommes ; ils rentraient chez eux avec
un amour des érudits religieux et de la tradition exempt de tout esprit
critique, et avec un dégoût tout aussi puissant de la philosophie, la
raison et la spéculation. La Mecque devint un bastion de la tradition
et du traditionalisme, et en particulier de l’école de pensée hanbalite,
particulièrement stricte et ultraconservatrice. Quiconque vivait dans
la ville durant quelques mois subissait son influence – une influence
qui perdure depuis plus de quatorze siècles.
La Mecque fut élevée au rang de cité céleste pour une autre raison
encore. Après toutes ces souffrances, tout le sang versé, ces sièges et
ces rébellions qu’ils avaient endurés, ses habitants avaient le
sentiment d’occuper une place à part. La Mecque devait être bien plus
qu’une simple ville de pèlerinage, que le lieu de naissance du
Prophète de l’islam et que le fief de la tradition. L’honneur d’être le
lieu où avait été construite la Maison de Dieu n’était pas encore une
distinction suffisante. Il devait s’agir d’une ville bâtie non sur terre
mais au ciel : au lieu d’origine même de la création.
C’est ainsi que La Mecque se forgea son propre mythe. Ce fut tout
d’abord une allégorie, une certaine interprétation du récit de
l’expulsion d’Adam du paradis tel qu’il apparaît dans le Coran. Après
avoir créé Adam et Ève, Dieu leur demande de vivre dans le jardin
d’Éden. « Mangez de ses fruits à votre guise ! Mais n’approchez, sous
aucun prétexte, de l’arbre que voici ! Sinon, vous seriez du nombre
des injustes 28 », leur est-il dit. Mais Satan les dupe et les séduit par
ses mensonges. « Mais lorsqu’ils eurent goûté à l’arbre, ils virent
apparaître leur nudité qu’ils s’empressèrent de couvrir avec des
feuilles du Paradis. Le Seigneur les interpella alors : « […] Ne vous ai-
Je pas dit que Satan était votre ennemi déclaré ? » – « Seigneur,
dirent alors Adam et son épouse, nous avons agi injustement envers
nous-mêmes. Si Tu ne nous pardonnes pas, et si Tu nous refuses Ta
grâce, nous serons à jamais perdus. » C’est ainsi qu’Adam et son
épouse furent expulsés du jardin d’Éden et envoyés sur terre « où
vous trouverez un séjour et une jouissance temporaires. Et Il ajouta :
C’est là où vous vivrez, c’est là où vous mourrez et c’est de là qu’on
vous fera sortir un jour 29 ! » Mais sur quel endroit de la planète Adam
alla-t-il donc après avoir été banni du paradis ? Les Mecquois avaient
leur propre réponse à cette question. Comme le rapporte l’historien
Tabarî, Adam descendit sur terre un vendredi, alors que le soleil se
couchait sur le mont Nudh, en Inde ou à Ceylan. Lui qui aimait à
entendre les voix des anges du paradis se sentait maintenant bien
seul. Il dit : « Seigneur ! Cette terre qui t’appartient n’héberge-t-elle
nul autre que moi pour te louer et te sanctifier ? » À quoi Dieu
répondit :
C’est ce second sermon qui avait été motif de conflit avec divers
califes et sultans. Qui était mentionné dans ce sermon, et dans quel
ordre chacun était mentionné revêtaient une grande importance.
Pour tous ceux qui se disputaient l’allégeance des fidèles, il n’y avait
pas meilleur moyen de faire étalage de son statut et de revendiquer
son droit de préséance auprès de toute la communauté musulmane.
Le khâtib commence par le plus évident :
Les jeunes hommes qui regardaient les filles dans les rues de
La Mecque, peu curieux des Illuminations de La Mecque, dévoraient
en revanche L’Interprète des désirs. Et le plaisir qu’ils éprouvaient à sa
lecture était, à la grande consternation de son auteur, des plus terre à
terre. Mais comment aurait-il pu en être autrement ! Car en dépit de
tous les troubles politiques et de toute la violence qui ont traversé
l’histoire de la ville, La Mecque possédait aussi une scène culturelle
dynamique dont la poésie d’amour formait l’épicentre. Ainsi, tandis
qu’Ibn Zubayr défendait la ville contre les troupes de Yazîd,
La Mecque était au cœur d’une autre révolution. La poésie
préislamique subissait une profonde mutation avec l’invention d’un
tout nouveau type de poème d’amour : le ghazal, consistant en des
couplets rimés et un refrain composés de vers d’égale longueur. À
l’origine de ce nouveau genre fut le poète quraychite Umar ibn Abî
Rabîa (mort en 712) 13. Son œuvre hardie faisait fureur dans la ville ;
plus tard, sa réputation serait telle que l’adjectif « umarien » en
viendrait à désigner tous les ghazals érotiques du Hedjaz. Cette forme
littéraire fut ensuite adaptée dans des langues et des cultures qui,
bien qu’éloignées de l’Arabie, venaient chercher leur inspiration du
côté de La Mecque. La poésie ourdou qui a bercé mon enfance lui
doit ainsi sa grandeur. Les ghazals finiront même par marquer de leur
influence les films bollywoodiens de l’époque classique – les années
1950 et 1960 –, lorsque des poètes réputés fourniront les textes des
interludes musicaux qui jouent un si grand rôle dans ces
productions ; et dans les plus grands chefs-d’œuvre, ces artistes en
feront des éléments constitutifs du récit au lieu des mélodies
abrutissantes qui semblent être en faveur de nos jours.
Umar, dont les ghazals s’inspiraient largement de sa propre vie,
était peu intéressé par les soupirs des amants malheureux – le thème
habituel de ce genre littéraire tel qu’il avait été inventé par son
contemporain du Hedjaz, le poète Jamîl (mort en 701). Dans les
poèmes de ce dernier, des amants éplorés se consument de désir,
n’ont que rarement l’occasion de se rencontrer ou de consommer leur
amour, et finissent bien souvent par mourir de désir inassouvi. Ce
motif est plus largement typique non seulement de la poésie arabe,
mais encore des ghazals persans, turcs et ourdous. Aux yeux d’Umar
cependant, souffrance et chagrin n’étaient déjà que trop présents à
La Mecque. Il était bien plus curieux des délices de la passion, de la
folle étreinte des amants qui précède la consommation de leur amour.
Dans la poésie arabe classique, l’histoire est toujours racontée au
passé. Pour Umar en revanche, l’amour se vit ici et maintenant, c’est
un jeu avec, certes, de nombreux obstacles à surmonter, mais aussi
avec des récompenses d’autant plus désirables qu’elles sont frappées
du sceau de l’interdit 14. Les Mecquois ont peut-être de l’admiration
pour les juristes et les érudits religieux, mais, comme le souligne
Umar, ses héros sont autres : ce sont de jeunes hommes à l’affût de
conquêtes sexuelles. Le poète se met souvent lui-même en scène – il
est alors le beau jeune homme auquel nulle ne résiste. Lorsque, par
extraordinaire, les amants se trouvent effectivement réunis dans la
poésie arabe classique, le rideau se ferme à l’instant de leur rencontre
et la suite est laissée à l’imagination de chacun. À l’inverse, avec
Umar, ses personnages se déshabillent ; le jeu de deux jeunes amants
se révèle alors, et l’on apprend même comment le couple s’arrange
pour disparaître sans se faire prendre après son rendez-vous :
Le problème avec les mystiques, c’est que grisés par l’amour divin,
ils ont une certaine tendance à déambuler les yeux fermés. Peut-être
La Mecque était-elle digne de louanges ; mais on ne pouvait dire de
même des Mecquois. Sans compter que les choses devaient bientôt
reprendre leur cours passé. Je dois admettre que plus je m’engage
profondément dans La Mecque réelle plutôt que dans sa version,
idéalisée, du royaume céleste, plus je me sens d’affinités avec la
théorie qarmate d’une histoire qui se répète à l’infini sans jamais
s’amender. Les mystiques, intoxiqués par leurs visions merveilleuses,
pouvaient bien visiter La Mecque et en repartir ; la ville qu’ils
laissaient derrière eux reproduisait encore et encore ses vieux
schémas. Qatâda aurait peut-être réussi, comme il en avait eu
l’intention, à régner dans un splendide isolement, s’il n’y avait eu
deux choses : la façon dont il traitait les pèlerins irakiens, et le
problème que représentaient ses fils. Des incidents opposèrent les
Mecquois aux pèlerins irakiens en 1210, puis à nouveau en 1212.
La caravane de 1212 comportait en son sein Râbia Khâtûn, la
sœur d’Âdil ibn Ayyûb, et la mère de Saladin. À Mina, durant la
cérémonie de la lapidation de Satan, des assassins ismaéliens – actifs
dans la région depuis plusieurs décennies, ils massacraient des
personnalités et des chefs politiques pour des motifs politiques et
religieux – encerclèrent un chérif, cousin de Qatâda qui lui
ressemblait. Se méprenant sur son identité, ils l’exécutèrent. Fou de
rage, l’émir réunit ses gardes du corps africains et leur commanda de
gravir les collines des deux côtés de Mina, puis de faire usage de leurs
catapultes et de leurs arcs contre les pèlerins. Le jour suivant, il
dépouilla la caravane, faisant des victimes dans les deux camps.
Conseil fut alors donné au chef du convoi de conduire les pèlerins à
leur campement habituel, près de Bâb al-Zâhir, l’une des principales
portes donnant accès à La Mecque. Qatâda vit dans ce déplacement
un signe que les pèlerins s’apprêtaient à prendre les armes ; il lança
alors une attaque préventive qui fit plusieurs centaines de morts
parmi les pèlerins. « Comme ils voulaient me tuer, je ne laisserai la
vie sauve à aucun d’entre eux 21 », aurait-il déclaré.
Le chef de la caravane, désespéré, emmena ses ouailles dans le
refuge le plus sûr qu’il put trouver : le camp de Râbia Khâtûn. Celle-ci
fit venir Qatâda et lui demanda impérieusement quel crime, selon lui,
les pèlerins avaient bien pu commettre. Ou bien le meurtre de son
cousin lui servait-il simplement d’excuse pour piller la caravane ?
Confronté à une matriarche de la dynastie ayyûbide, Qatâda accepta
de cesser les hostilités, à la condition toutefois que les pèlerins lui
versent 100 000 dinars en compensation. Trente mille dinars furent
effectivement collectés pour son compte auprès des pèlerins, dont
une part importante provenait de Râbia. Des centaines de personnes
n’osèrent quitter les abords de la tente de leur protectrice avant trois
jours, « nombre d’entre eux affamés, blessés, nus et parfois mourants.
Convaincu que l’assassinat avait été fomenté par les califes, Qatâda
jura de tuer tout pèlerin qui viendrait de Bagdad l’année suivante 22 ».
En dépit de ce serment, ou peut-être justement à cause de lui,
Qatâda envoya l’année suivante son fil Rijal à Bagdad avec un
message d’excuse. Le calife pardonna sa conduite, fit envoyer de
nombreux présents et une grande quantité d’argent, et invita Qatâda
à Bagdad. Ce dernier, répondant à l’invitation, se rendit jusqu’à Koufa
avant de changer d’avis et de rebrousser chemin – il envoya alors au
calife un nouveau mot d’excuse, cette fois rédigé en vers.
Tous ces siècles de ferveur, de pensée et de poésie religieuses
avaient servi l’objectif de convaincre les musulmans que La Mecque
était un lieu à part, non pas tant différent de tous les autres qu’exalté
au-dessus d’eux. Il y avait pourtant un aspect sur lequel La Mecque ne
se distinguait en rien du reste du monde musulman et où on aurait
cherché en vain la moindre trace de paix divine : la quête du pouvoir.
À cet égard, La Mecque était un miroir, le parfait reflet des réalités du
monde. La meilleure démonstration en est sans aucun doute livrée
par la fin du règne de Qatâda, en 1220. Il avait alors 90 ans et sa
santé déclinait rapidement. Ses huit fils prétendaient tous à sa
succession ; Qatâda, pour sa part, avait accordé sa préférence à Rijal.
Mais Hassan, l’aîné, prit les choses en main. Il commença par se
débarrasser d’un de ses oncles, rival potentiel, puis étouffa son père
avec un oreiller. Un de ses frères, qui se trouvait à Yanbu, fut ensuite
convié à La Mecque, où il fut assassiné. Ses autres frères fuirent le
pays, à l’exception d’un seul : Rijal.
Hassan s’en prit ensuite à l’émir d’une caravane de pèlerins
irakienne, dont il exposa la tête au bout d’une pique dans la Mosquée
sacrée : il suspectait celui-ci d’être venu soutenir Rijal. Mais les
ambitions politiques de Hassan furent contrecarrées par le prince
ayyûbide al-Massoud (également connu sous le nom d’Aqsis), alors
vice-roi du Yémen. Tandis que Hassan exécutait ou repoussait ses
frères hors de La Mecque, al-Massoud intervint et l’attaqua depuis
l’intérieur de la ville. Hassan s’enfuit, laissant au vice-roi toute
latitude pour prendre les rênes du pouvoir, qu’il conserva jusqu’à sa
mort sept ans plus tard. À ce moment – nous étions alors en 1228 –,
l’un de ses lieutenants affirma son autorité. Hassan, qui avait
rassemblé une armée depuis Yanbu, lança une offensive sur les forces
yéménites à La Mecque pour reconquérir la ville. Mais, défait, il dut
battre en retraite à Bagdad et mourut sans jamais avoir revu la Ville
sainte.
C’était maintenant au tour de Rijal de tenter de mettre la main
sur l’héritage de son père. Sa première tentative, en 1229, fut un
échec. Il eut plus de chance en 1232, mais dut s’enfuir à nouveau dès
l’année suivante. Pendant les vingt années qui suivirent, La Mecque
changea de gouverneur presque chaque année : les Égyptiens, les
Syriens, les Yéménites et les chérifs se disputaient le pouvoir à tour
de rôle. On peut supposer que c’est cette succession de gouverneurs à
La Mecque qui inspira, un siècle plus tard, sa grande théorie à Ibn
Khaldoun, historien arabe et fondateur de la sociologie. L’Histoire se
répète à l’occasion de cycles, écrit-il en effet dans sa Muqaddima 23
(Les Prolégomènes), un ouvrage précurseur ; et cycle après cycle, ce
sont les mêmes folies qui se répètent – on le voit, Ibn Khaldoun
reprenait là, avec bien plus d’élégance et de subtilité, cette idée selon
laquelle l’Histoire radote.
Les troubles politiques ne dissuadaient pas pour autant les
visiteurs de se rendre à La Mecque, et ceux-ci témoignaient par la
suite de tout ce qu’ils avaient vu. Par chance, tous n’éprouvaient pas
de curiosité pour le machiavélisme politique de ses dirigeants ni pour
ses rituels obscurantistes. Ainsi du Persan Ibn al-Mujâwir qui, lorsqu’il
y séjourna de 1226 à 1230, s’intéressa bien plus aux gens qu’à la
politique. Ibn al-Mujâwir était probablement issu du Khorassan. Il
connaissait bien les provinces orientales du monde musulman et
nourrissait certaines ambitions littéraires. À la différence de la
plupart des voyageurs musulmans de cette période, ce n’était ni un
érudit, ni un juriste, ni un penseur religieux, mais simplement
quelqu’un de manifestement très pieux. Ayant le commerce pour
principal centre d’intérêt, il n’était, en dehors de ce qui concernait
strictement le hajj, nullement intéressé par la dimension religieuse de
la ville ni par ses rites. Il porta plutôt son attention sur les pratiques
sociales, les marchés, la monnaie, ou encore les récits faisant la part
belle à la magie et à l’étrange. Homme à l’humour mordant, Ibn al-
Mujâwir se décrivait comme un « géographe historien ». Tarîkh al-
Mustabsir 24, l’ouvrage en prose rimée qui fait la chronique de ses
voyages, offre une fascinante plongée dans la vie sociale de la Ville
sainte et de ses environs au cours de la seconde moitié du XIIIe siècle.
Au contraire d’Ibn Arabî, Ibn al-Mujâwir jugea les Mecquois peu
intègres. Les habitants, nous dit-il, sont « des gens à la peau sombre,
puisque la plupart de leurs partenaires sont des esclaves noires
d’Abyssinie et de Nubie. De grande taille, ils parlent correctement,
sont pauvres mais appartiennent à de nombreuses familles et tribus et
se satisfont de leur sort 25 ». Ce sont les détails d’ordre
anthropologique qui fascinent et séduisent. Ibn al-Mujâwir note ainsi
que la tenue des Mecquois est faite d’un fin tissu en soie et lin de
Nishapour et que les femmes portent des coiffes. Eu égard à l’éternel
débat sur ce qui constitue le hidjab, souvent appelé « voile », ou plus
généralement à la délicate question du type de couvre-chef qui
satisfait aux critères d’une tenue « islamique » convenable, il eût été
intéressant qu’Ibn al-Mujâwir nous décrive plus précisément ces
coiffes. Mais il fut plus prompt à informer le lecteur que, loin d’être
belles, les Mecquoises étaient dotées d’un large arrière-train
« puisqu’elles en augmentent délibérément les dimensions » et
qu’elles se tiennent « constamment à quatre pattes 26 » – sans doute
pour frotter le sol et assouvir les désirs des dignes héritiers d’Umar
ibn Abî Rabîa !
Dans la ville d’Al-Mahâlib, à quelques kilomètres de La Mecque,
Ibn al-Mujâwir découvre des femmes seulement vêtues de cuir : « La
femme prend deux pièces de cuir et les coud ensemble, y découpe un
rond et s’en vêt. Lorsqu’elle marche, tout son corps se dévoile, en
haut comme en bas. » Cette indication paraît cohérente avec ses
propos sur la pauvreté des gens. Mais elle fournit aussi un éclairage
sur les interprétations classiques du Coran. Ce dernier invite les
femmes à « rabattre leurs voiles sur leurs poitrines 27 », ce qui laisse à
penser que l’objectif était de masquer sa nudité plutôt que de se
dissimuler intégralement derrière l’abaya, ce carré de tissu noir
couvrant tout le corps en usage à notre époque. À l’évidence, la
question de ce qui constituait une tenue décente pour les femmes
n’était toujours pas résolue au XIIIe siècle.
Tout au long de Tarîkh al-Mustabsir, Ibn al-Mujâwir convoque
deux personnages imaginaires – Zayd et Amr – pour illustrer les us et
coutumes des peuples et des tribus qu’il croise sur son chemin. Il nous
raconte ainsi comment, « lorsque Zayd se fiance à la fille d’Amr » à
La Mecque, « tous les futurs mariés ont un rapport avec leur femme
en public et font une démonstration ». Pourquoi cela ? Parce que
toute la population de La Mecque se consacre aux pèlerins durant la
période du hajj, en sorte que leur vie sociale s’interrompt de façon
temporaire. C’est lorsque les pèlerins s’en vont que fiançailles,
festivals, noces reprennent leur cours. Les jeunes gens ne pouvant
attendre, ils ont un rapport sexuel dès le moment de leurs fiançailles
– avant même leurs noces ! Le mariage suppose tout d’abord qu’ait
été fixée la dot à verser à la femme. Ibn al-Mujâwir précise que c’est
l’homme qui « teint ses mains et ses pieds de façon décorative » afin
d’annoncer l’événement à venir. J’avais toujours cru que cette
pratique était réservée aux femmes. C’est certainement effectivement
le cas sur le continent indien, où la cérémonie du mehndi est
précédée d’un rassemblement entre femmes où la jeune épousée, en
position assise, s’arme de patience pendant qu’on lui dessine au
henné de riches motifs sur les mains et les pieds. Il lui faut ensuite
attendre, plus patiemment encore, que ceux-ci finissent de sécher.
La famille des deux futurs époux se réunit ; chaque personne
apporte un bout de papier portant son nom, avec le poids et la
quantité de tout ce qu’il a l’intention d’offrir au jeune homme,
« chacun selon sa situation et ses ressources. Les femmes font de
même ». Le fiancé se rend ensuite à la Mosquée sacrée, où il
accomplit les circumambulations parmi d’autres rituels. Une bougie à
la main, il gagne ensuite « la maison de la mariée et celle-ci lui est
révélée. Il consomme le mariage et demeure sept jours avec elle ». Le
septième jour, il prend congé, collecte tout l’argent qui lui a été
promis, et s’en sert comme d’un capital pour se créer une situation :
« Il ouvre sans plus attendre une boutique qui lui permettra de
gagner sa vie. » Cette pratique coutumière se retrouve dans de
nombreuses régions du monde. Baptisée « réciprocité mutuelle » par
les anthropologues, elle constitue un élément essentiel de la solidarité
tribale. Il n’est pas question ici d’un cadeau ; le marié sera tenu de
reverser à ses proches, au moment de leur mariage, « la même
somme qu’ils lui ont donnée, ou même davantage 28 ».
Dans la ville tout proche d’Al-Mahâlib, les mœurs sont plus
étonnantes.
La menace wahhabite
Les premières mesures que prit Surûr ibn Masaad au début de son
règne furent de supprimer des impôts injustifiés et d’améliorer
l’administration de La Mecque. Les Mecquois commençaient à
admirer sa générosité, sa passion pour la justice et son sens du
pardon. Sa réputation et son prestige furent encore rehaussés
lorsqu’il épousa la fille du sultan du Maroc en 1779. Toute la ville
assista au mariage, à l’occasion duquel de nombreux cadeaux en
provenance du Maroc furent distribués aux habitants. Si le règne de
Surûr apporta à la Ville sainte la paix dont elle avait cruellement
besoin, la vie du chérif fut en revanche loin d’être paisible.
Il lui fallut affronter deux grands ennemis. Bien qu’il eût essuyé
une défaite indiscutable, son oncle Ahmad n’avait pas renoncé à son
ambition de diriger La Mecque. Il y disposait encore d’un groupe de
partisans qui ne cessaient de conspirer et de faire campagne pour
favoriser son retour. Les délégations se succédèrent auprès du
représentant turc à La Mecque pour le convaincre de s’opposer à
Surûr. Le haut dignitaire, qui était à titre personnel favorablement
disposé à l’égard du jeune chérif, débouta les partisans d’Ahmad sur
ordre d’Istanbul. Ces derniers allèrent jusqu’à encercler la maison du
chérif et à ouvrir le feu, mais Surûr les contint aisément. Ahmad
réussit à recruter une nouvelle armée et utilisa Taïf comme base pour
lancer ses offensives. Surûr le mit cette fois encore en échec et
l’expulsa ensuite avec ses sympathisants. L’affrontement entre le
neveu et l’oncle continua durant six longues années avec pas moins
de quinze batailles. Surûr dut finalement se résoudre à faire
incarcérer Ahmad ainsi que ses fils et ses principaux partisans. Épuisé
par ses tentatives répétées visant à s’emparer de La Mecque, Ahmad
mourut en prison en 1780.
C’est à peu près à ce moment qu’apparut un nouvel ennemi : la
tribu des Harb. Féroce et farouchement indépendante, elle contrôlait
une vaste zone autour de Médine. Comme les caravanes du hajj
devaient traverser leur territoire, les Harb ne manquaient pas une
occasion de les attaquer et de les piller. Il ne faisait guère de doute
que la ville même de Médine coopérait avec les Harb et qu’elle
encourageait activement la tribu à assaillir les caravanes et à prendre
des Mecquois en otage. Surûr estima donc qu’il n’avait d’autre choix
que d’attaquer Médine. La cité du Prophète lui opposa une vive
résistance mais finit par céder au terme d’une semaine de combats,
permettant à Surûr de prendre la ville et de libérer plusieurs
centaines de Mecquois. Les Harb prirent la fuite et se fondirent dans
la région environnante, confrontant Surûr à une perspective
intimidante : son voyage de retour passait par les terres Harb, où une
embuscade serait inévitable.
Il annonça à Médine son intention de traverser le pays Harb mais
emprunta en réalité un itinéraire plus sinueux à l’est, à travers le
désert, jusqu’à Taïf. En chemin, il se trouva à court d’eau et dut son
salut à des nomades bienveillants. Une fois arrivé à Taïf, il apprit que
les Harb avaient pris d’assaut La Mecque et s’étaient emparés de
Médine. Ils avaient également capturé le port de Yanbu et pris en
otage son gouverneur. Un autre conflit d’envergure semblait se
profiler.
Le jeune chérif persuada différentes tribus de se joindre à lui pour
une rapide campagne contre les Harb. À la tête d’une
impressionnante armée comptant 12 000 soldats et membres de
tribus, 150 artisans et ingénieurs et 7 000 chameaux pour transporter
le matériel, Surûr finit par arriver en territoire Harb. La marche dans
le désert fut éprouvante et suscita de nombreuses plaintes et
récriminations parmi les membres des tribus. Les conducteurs de
chameaux de la tribu des Hudhayl décidèrent ainsi de s’arrêter,
refusant d’aller plus loin. Il y eut une échauffourée, des coups de feu
furent accidentellement tirés dans la direction de Surûr et une balle
le manqua de peu. Les Hudhayl furent pris de panique, convaincus
que le chérif chercherait à se venger, et décampèrent en masse. Surûr
essaya en vain de leur expliquer que la vengeance ne l’intéressait pas.
Les Hudhayl annoncèrent même leur intention d’attaquer et de
saccager La Mecque. Surûr fut contraint d’interrompre sa campagne
contre les Harb afin de poursuivre et de défaire les Hudhayl. Ces
derniers implorèrent son pardon, que Surûr, magnanime comme à
son habitude, leur accorda.
Pendant ce temps, les Harb continuèrent leur entreprise de pillage
et de terreur. Surûr planifia méticuleusement et plus mûrement son
second assaut contre les Harb. Après avoir rassemblé une armée plus
importante encore que la précédente, il réussit à infliger de lourdes
pertes à l’incontrôlable tribu. Mais la victoire ne fut pas totale. Les
Harb se regroupèrent et réapparurent. Entre-temps cependant, Surûr
tomba malade « peu après une fête particulièrement réussie donnée
en l’honneur de la circoncision de son fils et de ses neveux » 1. Il avait
été empoisonné, probablement par l’un des partisans de son oncle, et
décéda le 20 septembre 1788. Il avait alors tout juste 34 ans. Les
Mecquois se remémoreraient pendant des décennies avec admiration
et révérence le nom de ce chérif beau, courageux et si prometteur.
Pendant que Surûr menait ses campagnes contre les Harb, une
tempête se préparait dans une autre partie de l’Arabie. Un de ses
contemporains, un érudit religieux du Najd du nom de Muhammad
ibn Abd al-Wahhâb (1703-1792), était en train de jeter en Arabie
centrale les bases d’un mouvement de retour aux sources.
Muhammad ibn Abd al-Wahhâb appartenait à une tribu sédentaire ;
sa famille avait produit plusieurs érudits religieux mais n’était pas
particulièrement riche. Il « vivait dans la pauvreté avec ses trois
femmes. Il possédait un bustân, un verger de dattiers et dix ou vingt
vaches 2 ». Suivant les traces de ses ancêtres, il se rendit à Bassora et
Médine pour y étudier et chercher fortune. Là, il fut influencé par des
savants appartenant à l’école de jurisprudence hanbalite. À l’instar de
l’imâm Ahmad ibn Hanbal, qui fut persécuté par le calife Al-Mamoun
pour avoir pris la défense du traditionalisme, Ibn Abd al-Wahhâb était
un fervent traditionaliste.
Au XVIIIe siècle avait cours à Médine une tradition intellectuelle qui
« se propagea le long du pourtour musulman de l’océan Indien : le
retour de l’étude des hadîths et un désir concomitant de mettre les
pratiques des ordres soufis en conformité avec les règles de la loi
islamique » 3. Ibn Abd al-Wahhâb, qui fut probablement influencé par
ce mouvement, estimait que les musulmans s’étaient pervertis et
dégénérés, qu’ils étaient devenus superstitieux et qu’il était nécessaire
de purifier l’islam de toutes les formes de contamination. Il s’était
insinué dans les croyances musulmanes – ce que ses disciples actuels
appellent des « innovations », des pratiques s’apparentant à
l’idolâtrie. Ibn Abd al-Wahhâb était effaré par ce qu’il avait vu à
La Mecque, où les habitants s’intéressaient davantage au culte des
saints qu’à leurs prières quotidiennes. La danse et la musique étaient
courantes dans la ville, et nombre d’hommes et de femmes étaient
des fumeurs invétérés. Pour opérer la nécessaire purification de
l’islam, les musulmans devaient, selon lui, renouer avec la pureté
théologique des enseignements du Prophète. Il amorça donc un
mouvement de réforme dans le Najd afin de changer les musulmans.
Mais Ibn Abd al-Wahhâb ne souhaitait pas modifier leur
environnement social, culturel ou politique. Son mouvement visait
uniquement à purifier leur foi en l’expurgeant de ce qu’il considérait
comme une hérésie, en éliminant les intrusions dans les croyances
musulmanes et en imposant les bonnes doctrines aux fidèles de
l’islam.
Ibn Abd al-Wahhâb considérait que les musulmans s’étaient
dégénérés au point de régresser à l’état d’ignorance qui prévalait dans
l’Arabie préislamique. Le sens premier de la profession de foi de
l’islam – « J’atteste qu’il n’y a d’autre divinité que Dieu et que
Mahomet est le messager de Dieu » – s’était évaporé. Cette
proclamation, bien qu’obligatoire, ne suffit pas à faire d’un individu
un musulman. Pour être un vrai musulman, il convient de diriger les
actes d’adoration sous toutes leurs formes sans exception vers Dieu et
seulement vers Dieu 4. Les musulmans qui prononçaient la profession
de foi mais pratiquaient l’idolâtrie ou ne suivaient pas
rigoureusement l’exemple du Prophète Mahomet étaient des
mécréants (kuffâr). Ceux qui priaient des saints ou utilisaient des
charmes portaient atteinte à l’unicité de Dieu et se détournaient de la
vraie foi. Ces gens devaient être ramenés à la foi ; s’ils s’y refusaient
et persistaient dans leurs pratiques déviantes, alors la peine de mort
pouvait leur être appliquée. Il était en outre du devoir de l’État de
veiller à ce que les musulmans suivent la voie de l’islam authentique
et qu’ils en respectent chacun des aspects, politique, culturel et social.
Les enseignements d’Ibn Abd al-Wahhâb rencontrèrent
initialement une forte opposition. Même son père et son frère
rejetèrent son appel au changement. Il réussit néanmoins à se faire
quelques disciples dans le village d’Uyayna, dont le chef fit fermer des
sanctuaires et aplanir la tombe d’un compagnon du Prophète. Les
tribus locales réagirent violemment à ces actes et menacèrent de tuer
le réformateur. Forcé de partir d’Uyayna, Ibn Abd al-Wahhâb chercha
refuge dans le village voisin de Dariya. Un choix judicieux. Les deux
frères du seigneur de Dariya, Muhammad ibn Saoud, avaient été des
élèves d’Ibn Abd al-Wahhâb. Ils l’accueillirent et persuadèrent
Muhammad ibn Saoud de nouer une entente avec le réformateur.
Une « alliance irrévocable » fut donc scellée :
L’utopie reconfigurée
1. Je rends compte d’une partie de mon travail sur La Mecque dans Ziauddin Sardar et M.
A. Zaki Badawi, Hajj Studies, Londres, Croom Helm, 1978.
2. Ibn Battuta, Travels in Asia and Africa : 1325-1354, Londres, Routledge and Kegan Paul,
1929 ; Ross E. Dunn, The Adventures of Ibn Battuta, Berkeley, University of California Press,
1989. Tim Mackintosh a reconstitué les voyages entrepris par Ibn Battouta dans Travels with
a Tangerine, 2001, The Hall of a Thousand Columns, 2005, et Landfalls. On the Edge of Islam
with Ibn Battutah, 2010, trois ouvrages publiés aux éditions John Murray, à Londres.
1. Al-Tabarî, The History of al-Tabari, New York, State University of New York Press, 1988,
vol. VI, p. 71.
2. Le Coran 96, 1-5.
3. T. S. Eliot, Four Quartets, Londres, Faber and Faber, 1944.
4. W. Montgomery Watt, Muhammad At Mecca, Oxford, Oxford University Press, 1953,
p. 55.
5. Le Coran 112, 1-3.
6. Le Coran 106, 1-3.
7. Le Coran 93, 9-11.
8. Le Coran 37, 22-23.
9. Le Coran 89, 17-20.
10. Le Coran 98, 6.
11. À propos des Hanîfs, voir Fred Donner, Muhammad and the Believers, Cambridge,
Massachusetts, Belknap Press, 2010 ; et Irving M. Zeitlin, The Historical Muhammad,
Cambridge, Polity, 2007, p. 50-63.
12. Ibn Ishâq, The Life of Muhammad, traduction anglaise A. Guillaume, Oxford, Oxford
University Press, 1955, p. 119.
13. Ibid.
14. Ibid., p. 312.
15. Le Coran 41, 6-8.
16. Ibn Ishâq, The Life of Muhammad, op. cit., p. 133.
17. Al-Tabarî, The History of al-Tabari, op. cit., vol. VI, p. 112.
18. Ibid., p. 113.
19. Al-Bukhârî, Sahîh vol. II, tome 23, no 442.
20. Ibn Saad, Kitâb al-tabaqât al-kabîr, traduction anglaise S. Moinal Haq et H.
K. Ghazanfar, New Delhi, Kitab Bhavan, 1986, p. 264.
21. Shibli Nomani, Sirat-un-Nabi, Lahore, Kazi Publications, 1979, p. 242.
22. Le Coran 90, 1-2.
23. Le Coran 95, 1-6.
24. Le Coran 2, 150.
25. Le Coran 3, 96-97.
26. Le Coran 2, 150.
27. Ibn Saad, Kitâb al-tabaqât al-kabîr, op. cit., p. 12.
28. Ibn Ishâq, The Life of Muhammad, op. cit., p. 374.
29. Ibid., p. 385.
30. Ibid., p. 386.
31. Ibid., p. 454.
32. Ibid., p. 460.
33. Le Coran 3, 97.
34. Ibn Ishâq, The Life of Muhammad, op. cit., p. 504.
35. Ibid., p. 505.
36. Ibid., p. 547.
37. Ibid.
38. Ibid., p. 553.
39. Ibid., p. 533.
40. Le Coran 17, 81.
41. Ibn Ishâq, The Life of Muhammad, op. cit., p. 553.
1. Al-Wâqidî, The Life of Muhammad, sous la direction de Rizwi Faizer, traduction anglaise
Rizwi Faizer, Amal Ismail et AbdulKader Tayob, Londres, Routledge, 2011, p. 539. Les
sources classiques donnent différentes versions du « sermon d’adieu ». La version d’al-
Wâqidî, par exemple, diffère sensiblement de celle d’Ibn Ishâq. Tandis qu’al-Wâqidî comporte
un passage consacré aux châtiments physiques infligés à l’épouse, Ibn Ishâq n’en fait aucune
mention. Tabarî, pour sa part, omet complètement d’évoquer ce sermon !
2. Ibn Ishâq, Life of Muhammad, traduction anglaise A. Guillaume, Oxford, Oxford
University Press, 1955, p. 652.
3. Al-Tabarî, The History of al-Tabari, vol. XVII, New York, State University of New York
Press, 1988, p. 227.
4. Imâm Ali, Nahjul Balagha, sélectionné et compilé par as-Sayyid Abu’l-Hasan
Muhammad ibn al-Husayn ar-Radi al-Musawi, traduction anglaise Syed Ali Raza, Qom,
Ansariyan Publications, 1971.
5. Al-Tabarî, The History of al-Tabari, op. cit., vol. V, p. 27.
6. Fatima Mernissi, Women in Islam. An Historical and Theological Enquiry, Londres,
Blackwell, 1991, p. 7. Mernissi traite en détail de la bataille du Chameau afin de montrer
comment celle-ci a servi de prétexte à la promotion de la misogynie par les érudits
conservateurs modernes aussi bien que classiques.
7. Emel Esin, Mecca the Blessed, Madinah the Radiant, Londres, Elek Books, 1963, p. 127.
8. Ann K. S. Lambton, State and Government in Medieval Islam, Oxford, Oxford University
Press, 1981, p. 27.
9. Al-Tabarî, The History of al-Tabari, op. cit., vol. XVII, p. 109-110.
10. Ibid., p. 115.
11. Ibid., vol. XIX, p. 65.
12. Ibid., p. 67.
13. Voir Muwwafaq Khwarizmî, Maqtal al-Husayn, sous la direction de Muhammad
Samawi, Qum, Anwar al-Huda, 2003 ; Annemarie Schimmel, « Karbala and the Imam
Husayn in Persian and Indo-Muslim literature », dans Muhammadi Trust, Al-Serat : The Imam
Husayn Conference, vol. 12, Londres, Muhammadi Trust, 1986. On trouvera une liste
complète des ressources à propos de l’imâm Hussayn dans Muhammad Ishtihardi,
Lamentations, Part II : The Tragedy of the Lord of Martyrs, traduction anglaise Arif Abd al-
Hussayn, Birmingham, Al-Mahdi Institute, 2001.
14. Asma Afsaruddin, The First Muslims. History and Memory, Oxford, One World, 2008,
p. 83.
15. Al-Tabarî, The History of al-Tabari, op. cit., vol. XXI, p. 229-232.
16. Emel Esin, Meccah the blessed, Madinah the Radiant, op. cit., p. 139.
17. Al-Azraqî, Akhbâr Makkah, vol. II, Beyrouth, Dar al Andalus, 1983, p. 79.
18. Voir M. A. Shaban, The Abbasid Revolution, New York, Cambridge University Press,
1970 ; Jacob Lassner, The Shaping of Abbasid Rule, Princeton, Princeton University Press,
1980 ; M. J. L. Young, J. D. Latham et R. B. Serjeant, Religion, Learning and Science in the
Abbasid Period, New York, Cambridge University Press, 1990 ; Franz Rosenthal, The Classical
Heritage in Islam, Berkeley, University of California Press, 1975.
19. Louis Massignon, The Passion of Hallâj, traduction anglaise Herbert Masson, vol. I,
Princeton, Princeton University Press, 1982, p. 5. [Trad. fr. La Passion de Hallâj, Paris,
Gallimard, 1975, 4 vol., nouvelle éd. Gallimard 2010.] Cet ouvrage magnifique, fruit de
quarante années d’un travail passionné, constitue non seulement la ressource ultime sur la
vie d’Al-Hallâj, mais dresse également un portrait vivant et circonstancié de la ville de
Bagdad au Xe siècle.
20. Cyril Glassé, The Concise Encyclopaedia of Islam, édition révisée, Londres, Stacey
International, 1991, p. 203.
21. Seyyed Hossein Nasr, The Garden of Truth. The Vision and Promise of Sufism, Islam’s
Mystical Tradition, Londres, HarperOne, 2008, p. 178.
22. Voir Margaret Smith, Rabi’a The Mystic and her Fellow-Saints in Islam, New York,
Cambridge University Press, 1984.
23. M. M. Sharif, A History of Muslim Philosophy, vol. I, Wiesbaden, Otto Harrassowitz,
1963, p. 221.
24. Marshall Hodgson, The Venture of Islam. Conscience and History in a World Civilization,
vol. I, The Classical Age, Chicago, University of Chicago Press, 1974, p. 387-388.
25. Ibid., p. 386.
26. Walter M. Patton, Ahmed ibn Hanbal and the Mihna, Leiden, Brill, 1897, p. 70-72.
27. Ibid., p. 57.
28. Le Coran 17, 19.
29. Le Coran 17, 20-25.
30. Al-Tabarî, The History of al-Tabari, op. cit., vol. I, p. 301.
31. Ibid., p. 294.
32. Ibid., p. 295.
1. Knut S. Vikor, Between God and the Sultan. A History of Islamic Law, Londres, Hurst,
2005, p. 91.
2. Maseeh Rahman, « Among Many, Many Believers », Time, 4 mars 2002.
3. Gustave E. von Grunebaum, Medieval Islam, 2e édition, Chicago, University of Chicago
Press, 1953, p. 197.
4. Marshall Hodgson, The Venture of Islam, vol. I, Chicago, University of Chicago Press,
1974, p. 490.
5. Ibid., p. 491.
e
6. À propos des idées radicales durant la révolution anglaise du milieu du XVII siècle, voir
Christopher Hill, The World Turned Upside Down, Londres, Penguin, 2010.
7. Qutb al-Din, Kitab al-I’lam bi a’lam bayt allah al-haram, cité dans F. E. Peters, Mecca. A
Literary History of the Muslim Holy Land, Princeton, Princeton University Press, 1994, p. 123-
124.
8. Ibid., p. 125.
9. Concernant la science et l’apprentissage durant l’« âge d’or », voir Jan P. Hogendijk et
Abdelhamid I. Sabra, The Enterprise of Science in Islam, Cambridge, Massachusetts, MIT
Press, 2003 ; Ehsan Masood, Science and Islam. A History, Londres, Icon Books, 2008 ;
Michael Hamilton Morgan, Lost History : The Enduring Legacy of Muslim Scientists, Thinkers
and Artists, Washington, National Geographic, 2007.
10. Sur l’apport de l’Islam à la Renaissance européenne et à la civilisation occidentale, voir
George Saliba, Islamic Science and the Making of the European Renaissance, Cambridge,
Massachusetts, MIT Press, 2007 ; Tim Wallace-Murphy, What Islam Did for Us. Understanding
Islam’s Contribution to Western Civilisation, Londres, Watkins Publishing, 2006 ; Jonathan
Lyons, The House of Wisdom. How the Arabs Transformed Western Civilisation, Londres,
Bloomsbury, 2009.
11. Al-Nadîm, The Fahrist of al-Nadim, traduction anglaise Bayard Dodge, New York,
Columbia University Press, 1970.
12. Recueil de poèmes de W. B. Yeats, Ware, Wordsworth Éditions, 2000. [Trad. fr. de Yves
Bonnefoy in Anthologie bilingue de la poésie anglaise, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque de
La Pléiade », 2005.]
13. George Makdisi, The Rise of Colleges. Institutions of Learning in Islam and the West,
Édimbourg, Edinburgh University Press, 1981.
14. Naser-e Khosraw, Book of Travels, traduction anglaise W. M. Thackston Jr., New York,
Bibliotheca Persia, State University of New York, 1986, p. 69.
15. Ibid., p. 68.
16. Ibid., p. 80.
17. Ibid., p. 68.
18. Ibid., p. 69-70.
19. Ibid., p. 71-72.
20. Ibid., p. 76 ; la citation du Coran est 3, 96.
21. Ibid., p. 80.
22. Ibid., p. 76-77.
23. Dans les chansons de geste, ces poèmes héroïques de la France médiévale, Saladin est
considéré avec un certain respect tandis que les « Sarrazins » sont entièrement diabolisés.
Voir Norman Daniel, Heroes and Saracens, Edinburgh, Edinburgh University Press, 1984. Pour
un tableau plus général de l’islam à cette époque, voir Norman Daniel, Islam, Europe and
Empire, Édimbourg, Edinburgh University Press, 1966. Pour le point de vue musulman sur
les croisades, voir Nabil Matar, Europe Through Arab Eyes, New York, Columbia University
Press, 2009, et Amin Maalouf, Les Croisades vues par les Arabes, Paris, Jean-Claude Lattès,
1983.
24. Travels of Ibn Jubayr (1952), traduction anglaise Roland Broadhurst, Delhi, Goodword
Books, 2007, p. 49.
25. Ibid., p. 71.
26. Ibid., p. 92.
27. Ibid., p. 71.
28. Ibid., p. 85.
29. Ibid., p. 87.
30. Ibid., p. 85.
31. Ibid., p. 80.
32. Ibid., p. 104.
33. Ibid., p. 174.
34. Ibid., p. 120.
35. Ibid., p. 117.
36. Ibid., p. 187. La « loi divine » mentionnée est le verset du Coran relatant la vente de
Joseph comme esclave : « Puis vint à passer une caravane près du puits. Pour se ravitailler en
eau, ils y envoyèrent leur pourvoyeur qui, ayant jeté son seau, s’écria : “Quelle trouvaille !
Voici un jeune garçon !” Ils le dissimulèrent pour le vendre telle une marchandise. Mais Dieu
savait bien ce qu’ils faisaient. Ils le vendirent à vil prix, pour quelque menue monnaie, car ils
ne comptaient pas le garder. » (12, 19-20).
37. Ibid., p. 91.
38. Ibid., p. 92.
39. Ibid., p. 93.
40. Ibid., p. 72.
41. Ibid., p. 147.
1. Voir, par exemple, Dan Bahat, Atlas of Biblical Jerusalem, Jérusalem, Carta, 1994.
2. Voir Stanley Lane-Poole, Saladin and the Fall of Jerusalem (1903), Barnsley, Greenhill
Books, 2002. Lane-Poole, qui a travaillé au British Museum avant de devenir professeur
d’études arabes à l’université de Dublin, était un historien prolifique passionné par son sujet,
comme l’illustre un ouvrage plus ancien : Saladin : All-Powerful Sultan and the Uniter of
Islam, 1898. Pour une perspective plus large sur les croisades, voir Jill N. Claster, Sacred
Violence. The European Crusades in the Middle East 1095-1396, Toronto, University of Toronto
Press, 2009 ; et le classique en 3 volumes de Steven Runciman, A History of the Crusades
(1951-1954), Londres, Penguin, 1990.
3. Steven Runciman, A History of the Crusades, vol. II, The Kingdom of Jerusalem and the
Frankish East 1100-1187, Cambridge, Cambridge University Press, 1951, p. 445, 450. Voir
également Bernard Hamilton, « The Elephant of Christ. Reynald of Châtillon », Studies in
Church History 15, Oxford, 1978, p. 97-108.
4. Gary L. Rashba, Holy Wars, Oxford, Casemate, 2011, p. 116.
5. Joshua Prawer, The Crusaders’ Kingdom, New York, Phoenix, 1972, p. 71.
6. Travels of Ibn Jubayr, traduction anglaise Roland Broadhurst, Delhi, Goodword Books,
2007, p. 51-52.
7. Pour une version abrégée, voir Ibn Arabi, The Meccan Revelations, traduction anglaise
Michel Chodkiewicz, William Chittick et James Morris, New York, Pir Publications, 2002.
8. Ibn al-Arabi, On the Mysteries of the Pilgrimage. From the Meccan Revelations, traduction
anglaise Aisha Bewley, Chicago, Great Books of the Islamic World, 2009, p. 121.
9. Ibid., p. 43.
10. Ibid., p. 104.
11. Pour l’original en langue arabe, voir Ibn Arabî, Tarjumān al-Ashwāq, Beyrouth, Dar
Sadir, 1966 ; pour une traduction anglaise, voir Ibn Arabi, The Tarjumān al-Ashwāq. A
Collection of Mystical Odes, traduction anglaise Reynold Nicholson, Londres, Royal Asiatic
Society, 1911.
12. Cité dans Roger Allen, The Arabic Literary Heritage, Cambridge, Cambridge University
Press, 1998, p. 194.
13. À propos de l’évolution de la poésie ghazal, voir l’excellent The Penguin Anthology of
Classical Arabic Literature par Robert Irwin, Londres, Penguin, 1999.
14. Pour une traduction récente, voir Poems from the Diwan of Umar ibn Abi Rabia,
traduction anglaise Arthur Wormhoudt, Oskaloosa, Iowa, William Penn College, 1977.
15. Allen, p. 175.
16. Ibid., p. 176.
17. Concernant The Grand Book of Music d’Al-Fârâbî, voir Owen Wright, « Music », dans
The Legacy of Islam, éd. Joseph Schacht et C. E. Bosworth, Oxford, Clarendon Press, 1974,
p. 489-505 ; H. G. Farmer, The Sources of Arabian Music, Leiden, Brill, 1965.
18. Encyclopaedia Britannica, http://en.wikipedia.org/wiki/ Ency
clop%C3%A6dia_Britannica, « The Canon of Medicine », 2008 ; et Manfred Ullman, Islamic
Medicine, Édimbourg, Edinburgh University Press, 1978.
19. Ibn al-Arabî, On the Mysteries of the Pilgrimage, op. cit., p. 253.
20. Ibid., p. 282, 284.
21. Gerald de Gaury, Rulers of Mecca, New York, Roy Publishers, 1950, p. 84.
22. Takk-l-Din al Fasi, Shifa al Ghuram bi Akhbar al balad al haram, Leipzig, F. Wustenfeld,
1859, cité dans Gerald de Gaury, Rulers of Mecca, op. cit., p. 84.
23. Ibn Khaldun, The Muqaddimah. An Introduction to History, traduction anglaise Franz
Rosenthal, Londres, Routledge and Kegan Paul, 1967.
24. Ibn al-Mujâwir, A Traveller in Thirteenth-Century Arabia. Ibn al-Mujâwir’s Tarikh al-
Mustabsir, sous la direction de G. Rex Smith, Londres, Hakluyt Society, 2008.
25. Ibid., p. 33.
26. Ibid., p. 36.
27. Le Coran 24, 31.
28. Ibn al-Mujâwir, A Traveller in Thirteenth-Century Arabia. Ibn al-Mujâwir’s Tarikh al-
Mustabsir, op. cit., p. 34-35.
29. Ibid., p. 80.
30. Ibid., p. 79.
31. Ibid., p. 78.
32. Voir P. Thorau, The Lion of Egypt. Sultan Baybars I and the Near East in the Thirteenth
Century, Londres, Longman, 1992.
33. Voir Elias N. Saad, Social History of Timbuktu, New York, Cambridge University Press,
1983.
34. Marq de Villiers et Sheila Hirtle, Timbuktu : The Sahara’s Fabled God City, New York,
Walker and Company, 2007, p. 75.
35. Il existe plusieurs traductions en anglais de Rilah, du classique Ibn Battuta, Travels in
Asia and Africa 1325-1354 par H. A. R. Gibb, Londres, Routledge, 1929, qui, cela dit en
passant, n’indique pas le nom du traducteur ; Ross E. Dunn, The Adventures of Ibn Battuta,
Berkeley, University of California Press, 1989, qui décrit et paraphrase ses voyages ; Tim
Mackintosh-Smith, The Travels of Ibn Battutah, Londres, Picador, 2002, ce dernier ouvrage
étant une version abrégée du Rihlah. Mackintosh-Smith reconstitue les voyages d’Ibn
Battouta dans trois volumes captivants : Travels with a Tangerine, The Hall of the Thousand
Columns et Landfalls, Londres, John Murray, 2001, 2005 et 2010, respectivement.
36. Tim Mackintosh-Smith, The Travels of Ibn Battutah, Londres, Picador, 2002, p. 47.
37. Ibid., p. 48.
38. Ibid., p. 49.
1. Emel Esin, Mecca the Blessed, Madinah the Radiant, Londres, Elek Books, 1963, p. 172.
2. Halil Inalcik, The Ottoman Empire. The Classical Age 1300-1600, Londres, Phoenix,
1973, p. 57.
3. Justine McCarthy, The Ottoman Turks, Londres, Longman, 1997, p. 89.
4. Voir C. R. Boxer, The Portuguese Seaborne Empire 1415-1825, Londres, Hutchinson,
1969 ; et Malyn Newitt, The First Portuguese Colonial Empire, Exeter, Exeter University, 1986.
5. J. H. Parry, The Age of Reconnaissance. Discovery, exploration and settlement 1450-1650,
Londres, Hutchinson, 1963.
6. Yolaç Afetinan, The Oldest Map of America, Drawn by Piri Reis, Ankara, Türk Tarih
Kurumu Basimevi, 1954.
7. La traduction anglaise des notes est disponible sur http://turkeyinmaps.com/piri.html
8. Piri Reis, Kitab i Bahriye, Historical Research Foundation, Istanbul, Istanbul Research
Centre, 1988. Voir aussi Jerry Brotton, Trading Territories. Mapping the Early Modern World,
Londres, Reaktion Books, 2003.
9. Voir A. J. R. Russell-Wood, The Portuguese Empire, 1415-1808, Baltimore, Maryland,
Johns Hopkins University Press, 1988.
10. Suraiya Faroqhi, The Ottoman Empire and the World Around It, Londres, I. B. Tauris,
2011, p. 183.
11. See Chris Ware, Admiral Byng. His Rise and Execution, Londres, Pen and Sword
Maritime, 2008.
12. Suraiya Faroqhi, Pilgrims and Sultans, Londres, I. B. Tauris, 1994, p. 58.
13. Il s’agissait d’une pratique répandue dans l’ensemble du monde musulman. Voir
George Makdisi, The Rise of Colleges. Institutions of Learning in Islam and the West,
Edinburgh, Edinburgh University Press, 1981.
14. Voir Grace Martin Smith, The Poetry of Yūnus Emre. A Turkish Sufi Poet, Berkeley,
University of California Press, 1993.
15. Emel Esin, Mecca the Blessed, Madinah the Radiant, op. cit., p. 171.
16. Suraiya Faroqhi, Pilgrims and Sultans, op. cit., p. 85.
17. Michael Axworthy, The Sword of Persia. Nader Shah from Tribal Warrior to Conquering
Tyrant, Londres, I. B. Tauris, 2010, p. 120-121, 125.
18. Ira M. Lapidus, A History of Islamic Societies, Cambridge, Cambridge University Press,
1988, p. 245.
19. Suraiya Faroqhi, Pilgrims and Sultans, op. cit., 68. Voir aussi Cafer Efendi, Risāle-i
Mi’māriyye. An Early Seventeenth-Century Ottoman Treatise on Architecture, sous la direction
de Howard Crane, New York, Leyde-København, Brill, 1987.
20. Voir Zeren Tanindi, Siyer-I Nebi, Hurriyet Vakfi Yayinilari, Istanbul, 1984. Concernant la
vie d’Erzeni, voir Emel Esin, Turkish Miniature Paintings, Rutland, Vermont, Charles E. Tuttle
Company, 1960.
21. Muhi al-Din Lari, Kîtab futûh al-haramayn, Safavid Iran, daté 940AH/1533EC. Des
pages du livre sont exposées dans différents musées comme le Metropolitan Museum of Art,
à New York, et le Chester Beatty Museum, à Dublin.
22. Sheila S. Blair et Jonathan M. Bloom, The Art and Architecture of Islam. 1250-1800,
New Haven, Conn., Yale University Press, 1994, p. 145.
23. Esin Atil, The Age of Sultan Suleyman the Magnificent, Washington, National Gallery of
Art, 1987, p. 64.
24. Gerald de Gaury, Rulers of Mecca, New York, Roy Publishers, 1950, p. 133.
25. Ibid., p. 135.
26. Voir Ali al-Kharbutlî, Târîkh al-Kaabah, Dar al Jil, Beyrouth, 1991, et Sayyid Abdul
Majid Bakr, Achhar Masâjid al-Islam, Djedda, Dar al Qiblah, 1984.
27. Gerald de Gaury, Rulers of Mecca, op. cit., p. 142.
28. Suraiya Faroqhi, Pilgrims and Sultans, op. cit., p. 87.
29. Muhammad Haydar al Hussaini, Kitab Tandhid al Uqud, Bagdad, 1750, cité in Gerald
de Gaury, Rulers of Mecca, op. cit., p. 148.
30. Gerald de Gaury, Rulers of Mecca, op. cit., p. 148.
31. Le Coran 45, 3.
32. Le Coran 29, 20.
33. Evliya Celebi, Narrative of Travels in Europe, Asia, and Africa in the Seventeenth Century,
traduction anglaise Joseph von Hammer, version abrégée en 2 vol., Cambridge, Cambridge
University Press, 2012.
34. An Ottoman Traveller. Selections from the Book of Travels by Evliya Celebi, traduction
anglaise Robert Dankoff et Sooyong Kim, Londres, Elaand, 2010, p. 359.
35. Ibid., p. 361.
36. Evliya Celebi, Travels, cité in Gerald de Gaury, Rulers of Mecca, op. cit., p. 151.
37. Emel Esin, Mecca the Blessed, Madinah the Radiant, op. cit., p. 179. Evliya Celebi,
Travels, cité in Gerald de Gaury, Rulers of Mecca, op. cit., p. 151.
1. John Lewis Burckhardt, Notes on the Bedouins and Wahabys, Londres, Henry Colburn
and Richard Bentley, 1831, vol. II, p. 269.
2. Ibid., p. 287-288.
3. Gerald de Gaury, Rulers of Mecca, New York, Roy Publishers, 1950, p. 218.
4. John Lewis Burckhardt, Notes on the Bedouins and Wahabys, op. cit., p. 314.
5. Giovanni Finati, Narrative of the Life and Adventures of Giovanni Finati, 2 vol., Londres,
John Murray, 1830, cité in F. E. Peters, Mecca. A Literary History of the Muslim Holy Land,
Princeton, N. J, Princeton University Press, 1994, p. 320.
6. Gerald de Gaury, Rulers of Mecca, op. cit., p. 227.
7. Ibid., p. 241.
8. Ehud R. Toledano, Slavery and Abolition in the Ottoman Middle East, Seattle, University
of Washington Press, 1997, p. 117.
9. Lord Kinross, The Ottoman Empire, Londres, Folio Society, 2003, p. 496.
10. M. N. Pearson, Pious Passengers. The Hajj in Earlier Times, Delhi, Sterling Publishers,
1994, p. 116.
11. Pour plus de détails sur Sikandar Bégum, voir Shaharyar M. Khan, The Begums of
Bhopal. A History of the Princely State of Bhopal, Londres, I. B. Tauris, 2000.
12. « The Begum of Bhopal », Illustrated London News, 16 mai 1863.
13. Siobhan Lambert-Hurley (dir.), A Princess’s Pilgrimage. Nawab Sikandar Begum’s A
Pilgrimage to Mecca, Bloomington, Indiana University Press, 2008, p. 47-48.
14. Ibid., p. 49.
15. Ibid., p. 50.
16. Ibid., p. 60.
17. Ibid., p. 70.
18. Ibid., p. 72.
19. Ibid.
20. Ibid., p. 121.
21. Ibid., p. 133-135.
22. Hâfiz Ahmed Hassan, Pilgrimage to the Caaba and Charing Cross (1871), Karachi,
Wirsa, 2006, p. 68.
23. Ibid., p. 69.
24. Ibid., p. 96.
25. Ibid., p. 92.
26. Ibid., p. 109.
27. John F. T. Keane, Six Months in Meccah, Londres, Tinsley Brothers, 1881, p. 100 ;
réimpression Barzan Publishing, Manchester, 2006.
28. Ibid., p. 140.
29. Ibid.
30. Ibid., p. 141.
31. Ibid.
32. Charles M. Doughty, Travels in Arabia Deserta, New York, Dover Publications, 1979,
vol. II, p. 542.
33. Ibid., p. 673 ; souligné par Charles M. Doughty.
1. Mehmet Bahadir Dorduncu, The Yildiz Albums of Sultan Abdulhamid II, New Jersey, The
Light Inc., 2006. Les paysages de La Mecque figurent p. 68-69, 70-71, 72-73 et 74-75.
2. The Arabian Nights. Complete and Unabridged, traduction anglaise Sir Richard F. Burton,
Halcyon Press, 2010, Kindle Edition ; The Arabian Nights. Tales of 1001 Nights, traduction
anglaise Malcolm C. Lyons, Londres, Penguin Classic, 2010.
3. The Assemblies of al-Hariri, traduction anglaise Amina Shah, Londres, Octagon Press,
1981.
4. Cité in C. Snouck Hurgronje, Mekka in the Later Part of the 19 th Century, traduction
anglaise J. H. Monahan, New York, Leyde-København, Brill, 2007, p. 179.
5. C. Snouck Hurgronje a publié en 1888-1889 deux volumes en allemand portant le titre
global Mekka. Mekka in the Later Part of the 19th Century est le second volume.
6. The Perfumed Garden of The Shaykh Nefzawi (1886), traduction anglaise Sir Richard
Burton, Londres, HarperCollins, 1993.
7. A. J. B. Wavell, A Modern Pilgrim in Mecca and a Siege in Sanaa, Londres, Constable,
1913, p. 167.
8. Ibid., p. 137.
9. Ahmad Suba’i, My Days in Mecca, traduction anglaise Deborah S. Akers et Abubaker A.
Bagader, Boulder, Colorado, First Forum Press, 2009, p. 19.
10. Ibid., p. 21.
11. Ibid., p. 39.
12. Ibid., p. 86-87.
13. The Revival of Religious Science, d’Abû Hâmid al-Ghazâlî, est un ouvrage en 4 parties,
chacune divisée en 10 chapitres ou « livres », soit 40 volumes au total. Certains de ces livres,
tels que Book of Knowledge, Foundation of Belief et Book of Purity, ont été traduits en anglais.
14. C. Snouck Hurgronje, Mekka in the Later Part of the 19th Century, op. cit., p. 210.
15. Ibid., p. 191.
16. George Antonius, The Arab Awakening, Londres, Putnam and Sons, 1946, p. 133.
17. T. E. Lawrence, Seven Pillars of Wisdom, Londres, Jonathan Cape, 1926, p. 63.
18. Eldon Rutter, The Holy Cities of Arabia, 2 vol., Londres, Putnam, 1928, vol. I, p. 190.
19. Muhammad Asad, The Road to Mecca, New York, Simon & Schuster, 1951, traduction
française 1954.
20. Muhammad Marmaduke Pickthall, The Meaning of the Glorious Koran, New York, A. A.
Knopf, 1930.
21. Harry St John Bridger Philby, The Empty Quarter, Londres, Constable, 1933.
22. Harry St John Bridger Philby, Harun al Rashid, Londres, P. Davies, 1933.
23. Cité in Lady Evelyn Cobbold, Pilgrimage to Mecca, Londres, Arabian Publishing, 2009,
p. 41.
24. A. J. B. Wavell, A Modern Pilgrim in Mecca and a Siege in Sanaa, op. cit., p. 151.
25. Lady Evelyn Cobbold, Pilgrimage to Mecca, op. cit., p. 183.
26. Ibid., p. 182.
27. Eldon Rutter, The Holy Cities of Arabia, op. cit., vol. I, p. 108.
28. Richard F. Burton, Personal Narrative of a Pilgrimage to Al-Madinah and Meccah (1855-
1856), New York, Londres, Dover Publications, 1964, vol. II, p. 191.
29. Ibid., p. 191.
30. Eldon Rutter, The Holy Cities of Arabia, op. cit., vol. II, p. 78.
31. Ibid., p. 77.
32. Ibid., p. 78.
33. A. J. B. Wavell, A Modern Pilgrim in Mecca and a Siege in Sanaa, op. cit., p. 137.
34. Eric Rosenthal, From Drury Lane to Mecca. Being an Account of the Strange Life and
Adventures of Hedley Churchward, Le Cap, Howard Timmins, 1982, p. 151.
35. Lady Evelyn Cobbold, Pilgrimage to Mecca, op. cit., p. 192.
36. Eric Rosenthal, From Drury Lane to Mecca, op. cit., p. 150.
37. Eldon Rutter, The Holy Cities of Arabia, op. cit., vol. I, p. 197.
38. A. J. B. Wavell, A Modern Pilgrim in Mecca and a Siege in Sanaa, op. cit., p. 151.
39. Eldon Rutter, The Holy Cities of Arabia, op. cit., vol. II, p. 70.
40. Lady Evelyn Cobbold, Pilgrimage to Mecca, op. cit., p. 187.
41. A. J. B. Wavell, A Modern Pilgrim in Mecca and a Siege in Sanaa, op. cit., p. 142.
42. Richard F. Burton, Personal Narrative of a Pilgrimage to Al-Madinah and Meccah, op. cit.,
vol. II, p. 190.
43. Eldon Rutter, The Holy Cities of Arabia, op. cit., vol. II, p. 92.
44. Ibid., p. 93.
45. Ibid., p. 90.
46. Eric Rosenthal, From Drury Lane to Mecca, op. cit.,p. 160.
47. Lady Evelyn Cobbold, Pilgrimage to Mecca, op. cit., p. 204.
48. Eldon Rutter, The Holy Cities of Arabia, op. cit., vol. I, p. 204-205.
49. Eric Rosenthal, From Drury Lane to Mecca, op. cit., p. 154.
50. Ibid., p. 157-158.
1. Coran 17,93.
2. The Guardian, jeudi 23 septembre 2010, p. 14.
3. C’est un fait largement documenté. Voir notamment Jerome Taylor, « Mecca for the
rich : Islam’s holiest site turning into Vegas », The Independent, 24 septembre 2011, et « The
photos Saudi Arabia doesn’t want seen – and proofs Islam’s holy relics are being demolished
in Mecca », The Guardian, 15 mars 2013 ; Damian Thompson, « The Saudis are bulldozing
Islam’s heritage : Why the silence from the Muslim World ? », The Telegraph, 2 novembre
2012 ; et Oliver Wainwright, « As the Hajj begins, the destruction of Mecca’s heritage
continues », The Guardian, 14 octobre 2013.
4. Ndt : Désignant une société de bingo.
5. Ndt : Nom d’une entreprise de réparation automobile.
6. Michael Muhammad Knight, Journey to the End of Islam, New York, Soft Skull Press,
2009.
7. Abdellah Hammoudi, A Season in Mecca, Cambridge, Polity, 2005, p. 111.
8. Michael Wolfe, The Hadj. An American’s Pilgrimage to Mecca, New York, Grove Press,
1993, p. 192.
9. Ibn Ishâq, The Life of Muhammad, traduction anglaise A. Guillaume, Karachi, Oxford
University Press, 1990, p. 569.
10. Voir Steve Coll, The Bin Ladens. Oil, Money, Terrorism and the Secret Saudi World,
Londres, Allen Lane, 2008.
11. Pour de plus amples détails, voir Q. Javed Mian et Alison Lerrick, Saudi Business and
Labour Law. Its Interpretation and Application, Londres, Graham & Trotman, 1982.
12. Muhammad Husayn Haykal, traduction anglaise Ismail R. A. al-Faruqi, The Life of
Muhammad, Plainfield, Ind., American Trust Publications, 1976, p. 454.
13. Sur la torture et la représentation légale en Arabie saoudite, voir Anders Jerichow,
Saudi Arabia. Outside Global Law and Order, Londres, Routledge, 1997 ; et sur les supposées
réformes, voir Joseph Kechichian, Legal and Political Reforms in Saudi Arabia, Londres,
Routledge, 2012.
14. Ahmad Kamal, The Sacred Journey, Londres, Allen & Unwin, 1961, p. 6.
REMERCIEMENTS