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Chapitre I

La Résilience des réseaux électriques


Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

Introduction

Dans le contexte actuel où la fourniture d'électricité est devenue essentielle pour notre vie
quotidienne, il est primordial de garantir la fiabilité et la continuité des réseaux électriques.

Cependant, ces réseaux sont confrontés à divers défis et risques comme citer au paravent, tels
que les catastrophes naturelles, les pannes d'équipement, les cyberattaques et les perturbations
extérieures. Face à ces menaces, la résilience des réseaux électriques joue un rôle crucial. Ce
chapitre se concentre sur la résilience des réseaux électriques et explore les différents aspects
liés à ce concept.

Nous commencerons par une introduction générale à la résilience, en mettant en évidence son
importance et ses implications dans divers domaines.

Ensuite, nous nous pencherons spécifiquement sur la résilience des réseaux électriques, en
examinant les méthodes d'étude et les outils utilisés pour évaluer et mesurer la résilience des
systèmes électriques. Dans le cadre de l'étude de la résilience des réseaux électriques, nous
aborderons également les courbes de résilience, qui permettent de représenter graphiquement
la performance d'un réseau électrique face à différentes perturbations.

De plus, nous explorerons les indices de mesure et d'évaluation de la résilience des réseaux
électriques, qui fournissent des moyens quantitatifs pour évaluer la capacité d'un réseau à
résister et à se rétablir après des événements perturbateurs.

Nous examinerons également les événements et les causes de dégradation de la résilience des
réseaux électriques, afin de mieux comprendre les défis auxquels ils sont confrontés.

Enfin, nous étudierons les techniques d'amélioration des indices de résilience, ainsi que les
méthodes d'optimisation utilisées pour renforcer la résilience des réseaux électriques

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Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

I.1 La résilience dans le sens général

La résilience est un concept qui trouve ses origines dans différents domaines, tels que la
psychologie, l'écologie et l'ingénierie. Historiquement, le terme "résilience" a été introduit par
le psychologue Français Boris Cyrulnik dans les années 1970, pour décrire la capacité des
individus à faire face et à se rétablir après des traumatismes ou des situations difficiles. Il a
souligné l'importance de la résilience dans la construction de la résistance mentale et
émotionnelle face à l'adversité [5].

Le concept de résilience s'est ensuite étendu à d'autres domaines, notamment à l'écologie, où


il a été utilisé pour décrire la capacité des écosystèmes à se rétablir après des perturbations
naturelles [6].

Au fil du temps, le concept de résilience a évolué pour englober non seulement la capacité de
récupération après des crises, mais aussi la capacité de s'adapter et de se transformer pour
faire face à des situations changeantes.

Il s'agit d'une approche holistique qui considère les dimensions techniques, organisationnelles
et sociales d'un système, et qui vise à renforcer sa capacité à prévenir, à résister et à se rétablir
des perturbations.

Aujourd'hui, la résilience est devenue un enjeu majeur dans de nombreux domaines, y


compris celui des réseaux électriques. Les réseaux électriques sont confrontés à des risques
croissants, tels que les catastrophes naturelles, les cyberattaques et les changements
climatiques, ce qui souligne l'importance de renforcer leur résilience pour garantir une
fourniture d'électricité fiable et continue.

I.2 La résilience des réseaux électriques

I.2-1 Définition de la résilience des réseaux électriques

Bien que le consensus sur la définition de la résilience des réseaux électriques fasse défaut,
l'essence des définitions de la résilience est généralement la même, à savoir qu'il s'agit d'un
concept qui englobe la performance du système électrique avant, pendant et après des
événements catastrophiques. La résilience peut donc être définie comme "la capacité du
réseau à anticiper, résister, absorber, répondre, s'adapter et se rétablir après une perturbation".
[7] [8]

Donc la résilience dans le contexte des systèmes électriques est la capacité d'un système
électrique à se rétablir rapidement des incidents perturbateurs tels que des événements à
impact élevé et faible probabilité, et à en tirer des enseignements afin de modifier sa
performance pour éviter les effets potentiellement dangereux d'événements similaires à
l'avenir [9].

Dans les systèmes électriques, le concept de fiabilité peut être confondu avec la résilience,
mais il existe des différences entre les deux. La fiabilité est basée sur le point de
fonctionnement statique du système électrique, tandis que la résilience est basée sur les
changements de la topologie du réseau influencés par des événements liés aux conditions
météorologiques.

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Cependant, les systèmes électriques existants sont réputés fiables mais pas résilients. Par
conséquent, renforcer la résilience du réseau face aux catastrophes naturelles est considéré
comme un sujet de recherche dans le secteur de l'énergie. [10]

Pour les chercheurs et les réseaux de services publics, il devient clair qu'il n'est pas possible
de résister à tous les événements tout le temps, et des stratégies au-delà des études de fiabilité
traditionnelles sont nécessaires pour maintenir l'éclairage en cas d'événements extrêmes. La
réalisation de la résilience nécessite différentes capacités et différents sous-systèmes. [7]

Le concept global de résilience peut être le mieux compris à travers une matrice d'évaluation,
comme proposé par [11] et illustré dans ce tableau, où chaque cellule de la matrice peut être
utilisée pour examiner un aspect limité des capacités et du domaine de la résilience , tandis
que la structure globale complète permet un traitement holistique des systèmes
interdépendants.

Capacité Anticiper Résister Rétablir S'adapter

Domaine

Physique État et capacité Identification Reconfiguration Modifications


des équipements des événements du système pour visant à
et du personnel, et performance récupérer la améliorer la
structure du du système pour fonctionnalité résilience du
réseau maintenir la précédente système
fonctionnalité
Information Préparation, Évaluation en Utilisation des Création et
analyse et temps réel du données pour amélioration des
stockage des fonctionnement suivre la protocoles de
données progression de stockage et
la récupération d'utilisation des
et anticiper les données
scénarios de
récupération
Cognitive Conception du Protocoles de Prise de décision Conception
système et prise contingence et et d'une nouvelle
de décision gestion communication configuration du
opérationnelle, proactive des en matière de système,
en anticipant les événements récupération objectifs et
événements critères de
défavorables décision
Social Réseau social, Personnel Travail d'équipe Ajout ou
capital social, compétent et et partage des modification
normes accessible, ainsi connaissances d'institutions, de
institutionnelles que des pour améliorer politiques, de
et culturelles, et institutions la récupération programmes de
formation sociales pour la du système formation et de
réponse aux culture
événements
Tableau.II.1. Domaines et capacités de la résilience. [7]

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Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

I.3 Cadres d'études de la résilience des réseaux électriques

La résilience des réseaux électriques est un sujet d'étude complexe qui peut être abordé à
travers différents cadres d'analyse. Ces cadres permettent de comprendre et d'évaluer la
capacité des réseaux électriques à résister, à se rétablir et à s'adapter face à des perturbations
et des événements imprévus. Parmi les principaux cadres d'étude de la résilience des réseaux
électriques, on peut citer :

I.3.1 Cadre technique

Ce cadre met l'accent sur les aspects techniques du réseau électrique tels que l'infrastructure,
les équipements et les systèmes de contrôle. Il s'intéresse à la robustesse du réseau, c'est-à-dire
sa capacité à résister aux défaillances et à maintenir une fourniture d'électricité fiable. Les
études dans ce cadre se concentrent sur l'évaluation de la résistance des composants du réseau,
la conception de stratégies de redondance et de secours, ainsi que l'optimisation des
procédures de rétablissement après une perturbation.

I.3.2 Cadre opérationnel


Ce cadre se penche sur les processus opérationnels du réseau électrique, tels que la
planification, la gestion des flux d'électricité, la coordination des acteurs et les procédures
d'intervention en cas d'incident. Les études dans ce cadre visent à améliorer la flexibilité et la
réactivité du réseau, en utilisant des outils avancés de surveillance, de contrôle et de gestion
des crises. L'objectif est de minimiser les temps d'arrêt, d'optimiser la distribution de
l'électricité et de garantir une coordination efficace entre les différents acteurs impliqués dans
le fonctionnement du réseau.

I.3.3 Cadre organisationnel


Ce cadre prend en compte les aspects organisationnels et institutionnels liés à la résilience des
réseaux électriques. Il s'intéresse aux politiques, aux réglementations, aux structures
organisationnelles et aux mécanismes de gouvernance qui soutiennent la résilience du réseau.
Les études dans ce cadre visent à identifier les facteurs organisationnels qui peuvent
influencer la résilience, tels que la coordination entre les différents acteurs du secteur
électrique, la collaboration entre les secteurs public et privé, ainsi que la capacité d'adaptation
aux changements.

I.3.4 Cadre socio-économique


Ce cadre prend en compte les impacts socio-économiques des perturbations sur le réseau
électrique et l'importance de la résilience pour la société dans son ensemble. Les études dans
ce cadre évaluent les conséquences économiques, sociales et environnementales des pannes
de courant, des coupures prolongées et des perturbations majeures. Elles s'intéressent
également aux besoins et aux attentes des utilisateurs finaux, ainsi qu'à l'acceptation sociale
des mesures visant à renforcer la résilience du réseau.

En combinant ces différents cadres d'étude, il est possible d'obtenir une vision globale et
intégrée de la résilience des réseaux électriques. Cette approche multidimensionnelle permet
de prendre en compte les aspects techniques, opérationnels, organisationnels et socio-
économiques pour mieux comprendre les défis et les opportunités liés à la résilience, et ainsi
développer des stratégies efficaces pour améliorer la résistance et la capacité de
rétablissement des réseaux électriques face aux perturbations [12][13].

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Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

Le cadre de cette étude est technique, il sera développé plus en détail dans le chapitre 4 de ce
mémoire.

I.4 La courbe de résilience

Pour évaluer et mesurer la résilience, divers outils et indicateurs ont été développés, dont l'un
des plus utilisés est la courbe de résilience. La courbe de résilience permet de représenter
graphiquement la capacité d'un réseau électrique à maintenir la fourniture d'électricité en
fonction du temps, en tenant compte des perturbations et des temps de rétablissement. Cette
courbe offre une vision globale de la performance du réseau et permet d'identifier les
moments critiques où la résilience peut être compromise.

Après un événement à impact élevé et probabilité faible qui perturbe un réseau électrique, la
courbe de résilience peut être observée pour évaluer la capacité du système à se rétablir.
Comme le montre la figure I.1, initialement le réseau fonctionne normalement mais à
l'émergence d'une perturbation, la courbe peut montrer une chute abrupte de la performance
du réseau, marquée par des pannes, des perturbations et une diminution de la disponibilité de
l'électricité. Cependant, au fur et à mesure que les mécanismes de réponse et de récupération
entrent en jeu, la courbe de résilience démontre une tendance ascendante. Des efforts tels que
la mobilisation rapide des équipes de réparation, la réaffectation des ressources, la mise en
place de stratégies de contournement et la réparation des infrastructures endommagées
contribuent à la remontée de la courbe. [9]

La résilience du réseau électrique se renforce progressivement, ce qui se traduit par une


amélioration de la stabilité, de la disponibilité et de la capacité à répondre aux besoins
énergétiques. La courbe de résilience peut donc être utilisée comme un outil visuel pour
évaluer l'efficacité des mesures prises pour rétablir le réseau électrique et permettre une prise
de décision éclairée pour améliorer la résilience à l'avenir.

Indice de
performance

P(t)

el

Temps

Figure.I.1. Représentation de la courbe résilience d'un réseaux suite a une perturbation HILP

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La représentation de la figure I.1 peut être exploitée pour évaluer la résilience d'un réseau
électrique en utilisant les différents temps enregistrés avec l'évolution d'un indicateur de
performance (dans ce cas c'est la charge desservis par le réseau)

I.5 Indices de mesure et d'évaluation des réseaux électriques

Les indicateurs de performance jouent un rôle essentiel dans l'évaluation et la gestion des
réseaux électriques. Ils fournissent des mesures quantitatives permettant d'évaluer l'efficacité,
la fiabilité et la qualité du service fourni aux consommateurs. Plusieurs indicateurs clés sont
utilisés pour évaluer les performances d'un réseau électrique.

L'un des indicateurs les plus couramment utilisés est l'indice de disponibilité, qui mesure le
pourcentage de temps pendant lequel le réseau est opérationnel et fournit de l'électricité aux
consommateurs. Cet indicateur permet d'évaluer la fiabilité du réseau et de quantifier le temps
d'indisponibilité.

L'indice de continuité de service est un autre indicateur important qui mesure le nombre et la
durée des interruptions de courant subies par les consommateurs. Il permet de quantifier
l'impact des pannes sur la qualité de service perçue par les utilisateurs.

La qualité de l'énergie est également évaluée à l'aide d'indicateurs tels que les variations de
tension, les harmoniques, les déséquilibres et autres paramètres liés à la stabilité et à la qualité
du courant électrique fourni.

Ces indicateurs sont cruciaux pour garantir un approvisionnement électrique stable et


conforme aux normes de qualité. D'autres indicateurs spécifiques peuvent être utilisés en
fonction des besoins et des objectifs du réseau électrique. Par exemple, l'indice de stabilité
évalue la capacité du réseau à maintenir un équilibre entre l'offre et la demande d'électricité
comme le stipule l'équation (I.1)

PGen = PD + Pperte ......(I.1)


PGen : La puissance produite
PD : La puissance demandée
Pperte: Les pertes dans le réseau

Dans le cadre de notre étude, nous allons nous concentrer sur l'évaluation de la performance
du réseau électrique en utilisant un indicateur de charge desservie.

L'indice de disponibilité mesure le pourcentage de la charge électrique totale qui est


correctement desservie par le réseau, sans interruptions ou pannes de courant. Ce paramètre
est essentiel pour évaluer la résilience du réseau, ainsi que pour évaluer la qualité du service
fourni aux consommateurs.

Cela nous permettra d'identifier les éventuelles lacunes et les zones de vulnérabilité du réseau,
ainsi que de formuler des recommandations pour améliorer sa performance et renforcer sa
résilience face aux perturbations. En combinant des données sur la charge électrique totale et
la charge effectivement desservie, nous pourrons évaluer l'efficacité du réseau dans la
fourniture d'électricité aux consommateurs.

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Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

Cela nous permettra également de comparer les performances du réseau dans différentes
conditions et de mesurer l'impact des interruptions de courant sur la charge desservie.
L'utilisation de l'indice de disponibilité basé sur la charge desservie dans notre étude nous
permettra d'obtenir des résultats concrets et quantifiables, qui contribueront à une meilleure
compréhension de la performance du réseau électrique. Ces informations seront précieuses
pour les opérateurs de réseaux, les décideurs et les chercheurs travaillant dans le domaine de
l'électricité, en leur fournissant des données objectives pour la prise de décisions et
l'amélioration continue des réseaux électriques.

I.6 Evénements et causes de dégradation de la résilience

Comme citer au paravent, la résilience des réseaux électriques est continuellement mise à
l'épreuve par une multitude d'événements et de causes de dégradation. Au fil de l'histoire, ces
événements ont varié en termes de fréquence, d'intensité et de portée, mais leur impact sur la
fiabilité et la stabilité des réseaux électriques est indéniable.

Les catastrophes naturelles telles que les tempêtes, les ouragans, les inondations et les
séismes ont souvent été à l'origine de perturbations majeures dans les réseaux électriques,
entraînant des pannes de courant généralisées et prolongées. Par exemple, les ouragans
Katrina en 2005 et Sandy en 2012 ont causé d'énormes dommages aux infrastructures
électriques, laissant des millions de personnes sans électricité pendant des jours, voire des
semaines.

Les événements climatiques extrêmes sont devenus plus fréquents et plus intenses ces
dernières décennies, ce qui constitue un défi majeur pour la résilience des réseaux électriques.

Outre les catastrophes naturelles, d'autres événements peuvent également affecter la résilience
des réseaux électriques. Les pannes d'équipements, les défaillances des composants critiques,
les erreurs de conception, les erreurs humaines et les cyberattaques sont autant de facteurs qui
peuvent provoquer des perturbations significatives. Par exemple, une défaillance d'un
transformateur important ou d'une ligne de transmission clé peut entraîner des coupures de
courant étendues dans une région donnée [14].

Les erreurs humaines telles que des erreurs de manipulation ou de maintenance peuvent
également avoir des conséquences graves sur la stabilité du réseau électrique. Les statistiques
soulignent l'ampleur des défis auxquels sont confrontés les réseaux électriques en termes de
résilience.

Selon les rapports, les pannes de courant coûtent des milliards de dollars chaque année en
termes de pertes économiques et d'incidences sur la qualité de vie des populations. De plus,
une étude a révélé qu'environ 70 % des pannes d'électricité étaient dues à des événements
météorologiques, tandis que 12 % étaient causées par des pannes d'équipements. Face à ces
défis, il devient essentiel de renforcer la résilience des réseaux électriques en adoptant des
stratégies et des mesures appropriées. Cela implique des investissements dans des

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Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

infrastructures plus résistantes, des systèmes de surveillance avancés, des technologies de


protection contre les cyberattaques et des plans de gestion des crises.

I.7 La mesure de la résilience dans les réseaux électriques

La mesure de la résilience permet de quantifier les performances du système électrique dans


des situations de crise et de fournir une base solide pour prendre des décisions éclairées en
matière de planification, d'investissement et de gestion des risques. En disposant de métriques
et d'indicateurs de résilience, les opérateurs de réseaux électriques peuvent évaluer leur niveau
de préparation, identifier les zones de vulnérabilité et orienter leurs efforts vers des
améliorations ciblées. Cela permet également de comparer la résilience des différents
systèmes électriques et de partager les bonnes pratiques pour renforcer la résilience à l'échelle
nationale et internationale. De plus, la mesure de la résilience facilite la communication et la
sensibilisation des parties prenantes, y compris les décideurs politiques, les régulateurs et le
grand public, en mettant en évidence l'importance de la résilience dans la fourniture d'une
alimentation électrique fiable et sécurisée. En résumé, la mesure de la résilience des réseaux
électriques est un outil essentiel pour évaluer, améliorer et promouvoir la capacité du système
à faire face aux défis et aux perturbations, assurant ainsi une alimentation électrique durable et
résiliente pour les communautés et les sociétés.

I.7.1 Type de mesure de la résilience

Les approches d'évaluation de la résilience peuvent être généralement classées en deux


catégories distinctes : les méthodes qualitatives et quantitatives. [7]

I.7.1.1 L'approche qualitative d'évaluation de la résilience

Elle se concentre sur la compréhension et l'analyse des différents aspects et capacités de


résilience d'un système. Elle vise à examiner la capacité d'un système à anticiper, absorber,
répondre, s'adapter et se rétablir face à des perturbations et des événements perturbateurs.
Cette approche permet d'évaluer de manière holistique la robustesse d'un système en prenant
en compte des facteurs tels que la structure du réseau, la préparation des données, les
décisions opérationnelles, les ressources humaines et sociales, ainsi que les normes
institutionnelles et culturelles. En utilisant des cadres conceptuels et des indices semi-
quantitatifs, l'approche qualitative offre une compréhension des capacités de résilience d'un
système électrique, ce qui permet d'identifier les points forts et les faiblesses et de formuler
des recommandations pour renforcer la résilience globale.

Mais néanmoins un inconvénient de l'approche qualitative est qu'elle peut manquer de


précision et de quantification. En se concentrant sur des aspects plus subjectifs et des
évaluations basées sur des cadres conceptuels, cette approche peut parfois être moins
rigoureuse dans sa mesure et sa comparaison des niveaux de résilience. Les résultats obtenus
peuvent être plus difficiles à interpréter de manière objective et à utiliser pour prendre des
décisions basées sur des données quantifiables. De plus, l'approche qualitative peut être plus

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Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

sensible aux biais individuels et aux interprétations subjectives, ce qui peut limiter sa fiabilité
en tant qu'outil d'évaluation de la résilience.

I.7.1.2 L'approche quantitative d'évaluation de la résilience

Elle se divise en trois catégories : la méthode basée sur la simulation, la méthode analytique et
l'analyse statistique. Parmi celles-ci, la méthode basée sur la simulation est la plus largement
utilisée car elle peut être facilement combinée avec des scénarios de catastrophe et les
conséquences de la catastrophe peuvent être facilement calculées. La méthode analytique,
quant à elle, exploite la probabilité de défaillance du système dans une situation donnée. Pour
les systèmes ayant accumulé des données sur des événements passés de catastrophes
naturelles, les enregistrements d'interruption et de rétablissement historiques peuvent être
utilisés pour l'analyse des données [15].

Méthode Méthode
qualitative quantitative

Check- Matrice Indices Méthode Méthode Méthode


list et d'evaluat- semi- basé sur la analytique d'analyse
question- ion des quantitatifs simulation statistique
différentes de données
naires
capacités historiques
du system

Figure.I.2 Méthodes d'évaluation de la résilience

I.7.2 Méthodes de mesure de la résilience

On va voir deux méthodes de mesure de la résilience qui se bases tous deux sur les données
fournis par la courbe de résilience

Méthode 1:

La première méthode de mesures et d'évaluation de la résilience qu'on va citer, repose sur les
états de transition du fonctionnement des systèmes proposés par [16]. Sur la Figure II.1, les
états de transition sont clairement visibles, avec l'état de fonctionnement normal du réseau
avant la perturbation, l'état de fonctionnement dégradé du réseau après l'événement et l'état
de fonctionnement stable du réseau après la restauration. La performance du système P(t) est

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mesurée tout au long de l'événement et est bien définie aux points de transition de l'état du
système P(t0;t1), P(t2;t3) et P(t4). La résilience R1 est présentée comme le rapport de
récupération par rapport à la perte. La plage de valeurs de la mesure de résilience R1 à
n'importe quel moment et après un événement perturbateur se situe entre 0 et 1. R1=1 indique
que le système est entièrement résilient, tandis que R1=0 indique que le système n'a aucune
résilience.

𝑷(𝒕𝟒)−𝑷(𝒕𝟐)
𝑹𝟏 = . . . . . . .(I.2)
𝑷(𝒕𝟎)−𝑷(𝒕𝟐)

Cette méthode est très simple et pratique, elle ne nécessite pas des grands temps et puissance
de calcule, mais néanmoins elle présente un point négatif qui est l'absence du facteur temps, le
temps de restauration doit être pris en compte si on veut juger de la résilience d'un réseau
électrique face au événement HILP

Méthode 2 :

Cette deuxième méthode développée par l'auteur [9] offre une approche plus complète pour
évaluer la résilience d'un réseau électrique suite à un événement HILP. Contrairement à la
méthode 1 qui se concentre uniquement sur la charge délivrée après l'événement, cette
nouvelle méthode prend en compte un deuxième indicateur essentiel : le temps nécessaire
pour la restauration du réseau. En effet, la résilience d'un réseau électrique ne se limite pas
uniquement à sa capacité à maintenir la charge pendant un événement perturbateur, mais
également à sa capacité à se rétablir rapidement et efficacement après cet événement. Ainsi,
en incluant le temps de restauration dans l'évaluation de la résilience, cette méthode permet de
prendre en compte l'aspect temporel et la réactivité du réseau.

De plus, cette méthode attribue des pénalités à la mesure de la résilience lorsque le temps de
restauration est plus long. Cela reflète l'idée que plus le temps de restauration est important,
plus le réseau est vulnérable et moins il est résilient. Ainsi, en introduisant cette dimension
temporelle et en appliquant des pénalités, cette méthode offre une évaluation plus nuancée et
réaliste de la résilience du réseau électrique.

En résumé, cette approche développée par l'auteur [9] va au-delà de la simple évaluation de
la charge desservis après un événement HILP. Elle prend également en compte le temps de
restauration et applique des pénalités pour mieux évaluer la résilience du réseau électrique.
Cette approche plus complète et réaliste permet d'avoir une vision plus précise des
performances du réseau face à des situations de crise et contribue à l'amélioration des
stratégies de résilience dans le domaine de l'énergie.

La mesure se présente tell un pourcentage comme illustrer dans la relation (I.3)

𝑹𝒑+𝑹𝒕
𝑹𝟐 = . . . . . . . (I.3)
𝟐

Le premier élément, Rp, correspond à l'évaluation de la puissance fournie aux clients et au


taux de clients qui seront privés d'alimentation électrique. Il est également nécessaire de

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Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

prendre en compte l'état initial de résilience du système, Rpint, qui peut être de 100% si le
système fonctionne parfaitement, ou inférieur à 100% dans le cas où le système étudié
présente déjà des déficiences telles que la perte d'un générateur ou d'une ligne de transmission
et où Pint est la charge total qui devrait être alimentée par le réseau [3-9]:

∑𝑁
𝑖=1 𝑃𝑙𝑜𝑠𝑠𝑖 ×100
𝑅𝑝 = 𝑅𝑝𝑖𝑛𝑡 − . . . . . . . . (I.4)
𝑃𝑖𝑛𝑡

Notre contribution consiste à appliquer un coefficient de pénalité de charge prioritaire "a" tel
que les hôpitaux, les points de rassemblement d'urgence, les infrastructures de défense du
territoire, etc, avec a ∈ [1, 1.15], suivant l'impact crucial des charges en cas de leur perte.

(∑𝑁
𝑖=1 𝑎𝑖 × 𝑃𝑙𝑜𝑠𝑠𝑖 )×100
𝑅𝑝 = 𝑅𝑝𝑖𝑛𝑡 − . . . . . (I.5)
𝑃𝑖𝑛𝑡

Quant au deuxième élément de cette mesure (Rt), qui concerne la période d'interruption entre
la fin de l'événement et la restauration du service du système, une approche de pénalité est
utilisée pour réduire la résilience d'un pourcentage à chaque augmentation de la durée
d'interruption [3-9]. Cette approche vise à refléter l'impact négatif de la prolongation de
l'interruption sur la capacité de résilience du système. Une matrice à deux lignes est utilisée
pour représenter le taux de pénalité en fonction de la durée d'interruption, permettant ainsi
d'évaluer plus précisément la performance de résilience du système.

1 2 ..... ..... 48 49 
𝜏=   . . . . . . . (I.6)
2 4 ..... ..... 94 100

Le coefficient τ représente la pénalité associée à la durée d'interruption, exprimée en


pourcentage, en tenant compte de la résilience totale initiale Rtint du système qui serait, dans
la majorité des cas, de 100% étant donné que le système ne présente aucun défaut préalable.
Autrement dit, la résilience Rt est calculée comme suit :

Rt=𝑅𝑡𝑖𝑛𝑡 -𝜏 . . . . . . . . (I.7)

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Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

I.8 Techniques d'améliorations de la résilience

Les techniques d'amélioration de la résilience des réseaux électriques peuvent être divisées en
deux catégories principales : les techniques d'exploitation et les techniques de planification.

Chacune de ces catégories joue un rôle essentiel dans le renforcement de la résilience des
réseaux électriques, mais elles se concentrent sur des aspects différents du système électrique.

I.8.1Les techniques d'exploitation


Les techniques d'exploitation visent à améliorer la capacité du réseau électrique à résister et à
s'adapter aux perturbations en temps réel. Cela comprend la mise en œuvre de stratégies de
gestion de crise efficaces, telles que la planification des mesures de contingence pour faire
face aux pannes d'équipement ou aux catastrophes naturelles.
Les outils de surveillance avancés, tels que les systèmes de détection précoce des pannes et
les systèmes de gestion de l'énergie en temps réel, sont également utilisés pour détecter
rapidement les anomalies et prendre des mesures correctives immédiates.
Les techniques d'exploitation peuvent également impliquer l'utilisation de dispositifs de
protection et de commutation intelligents, qui permettent d'isoler rapidement les zones
défaillantes et de restaurer l'alimentation électrique dans d'autres parties du réseau.

En effet les stratégies basées sur l'exploitation des systèmes de distribution peuvent être
classées comme le suit:

A. Méthodes basés sur la reconfiguration

Les méthodes basées sur la reconfiguration du réseau dans le but d’améliorer la résilience ont
était fréquemment proposer dans la littérature.
La reconfiguration des réseaux électriques est étudiée et mise en œuvre dans la pratique,
traditionnellement comme un mécanisme automatique ou assisté par un opérateur pour le
réacheminement ou le rétablissement de l'alimentation après ou pendant un incident sur le
réseau.

La reconfiguration du réseau de transport, appelée commutation de transmission, est


traditionnellement utilisée pour acheminer l'électricité sur de grandes zones géographiques.
Dans les réseaux de distribution, qui sont généralement exploités de manière radiale, la
reconfiguration du système électrique a été utilisée pour réacheminer l'énergie en prévoyant la
formation de réseaux alternatifs grâce à des disjoncteurs opérationnels.

La durée des opérations de reconfiguration planifiée varie de quelques minutes à quelques


heures, tandis que la restauration automatique est généralement de l'ordre de quelques
secondes à quelques minutes. La plupart des recherches et des mises en œuvre d'algorithmes
de reconfiguration ont été effectuées pour un fonctionnement en temps réel basé sur des
objectifs définis par l'opérateur.

Les techniques de reconfiguration peuvent être mises en œuvre de différentes manières. Par
exemple, les dispositifs de commutation peuvent être utilisés pour ouvrir et fermer les
connexions entre les différentes lignes électriques, permettant ainsi de contourner les sections
endommagées. Les systèmes de protection avancés peuvent détecter les défaillances et activer
automatiquement les dispositifs de commutation pour reconfigurer le réseau.

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Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

De plus, les algorithmes de reconfiguration peuvent être utilisés pour optimiser le processus
en recherchant les solutions les plus efficaces. Ces algorithmes prennent en compte divers
facteurs tels que la capacité des lignes, les contraintes de charge et les objectifs de
minimisation des perturbations.

Ils permettent de trouver rapidement les reconfigurations optimales du réseau en fonction des
conditions spécifiques de la perturbation. Les avantages de la reconfiguration résident dans sa
capacité à réduire les temps d'arrêt et à minimiser l'impact des perturbations sur les
consommateurs. Cependant, il convient de noter que la reconfiguration nécessite des
dispositifs de commutation et de protection avancés, ainsi qu'une coordination efficace entre
les différents éléments du réseau [10]

B. Formation d'ilot de micro-réseau

De nombreux chercheurs ont introduit la stratégie de formation de micro-réseaux pour


améliorer la résilience du réseau de distribution lors de catastrophes naturelles inévitables et
atteindre plusieurs objectifs, tels que la réduction des pertes, la diminution des coûts
d'exploitation, la réduction des coupures de charge, la régulation de la tension des bus et
l'amélioration de la fiabilité.

La formation de micro-réseaux consiste à regrouper des sources d'énergie distribuées, des


charges et des dispositifs de stockage locaux au sein d'un sous-réseau autonome et
contrôlable. En cas de catastrophe naturelle ou de perturbation majeure, les micro-réseaux
peuvent se détacher du réseau principal et continuer à fournir de l'électricité aux charges
critiques de manière indépendante.
L'un des avantages clés de la formation de micro-réseaux est sa capacité à minimiser les
pertes d'énergie en optimisant la gestion de l'alimentation électrique. En utilisant des
techniques avancées de contrôle et de coordination, les micro-réseaux peuvent réduire les
pertes par effet Joule et les pertes de transformation, ce qui contribue à une utilisation plus
efficace de l'énergie.
De plus, la formation de micro-réseaux permet de réduire les coûts d'exploitation en
optimisant la production et la consommation d'énergie à l'échelle locale. Les micro-réseaux
peuvent intégrer des sources d'énergie renouvelable, telles que l'énergie solaire ou éolienne, et
les combiner avec des dispositifs de stockage pour répondre aux besoins en électricité de
manière plus économique.
La réduction des coupures de charge est un autre avantage important des micro-réseaux. En
se détachant du réseau principal, les micro-réseaux peuvent maintenir l'alimentation électrique
dans les zones touchées par la perturbation, assurant ainsi la continuité des services essentiels
et réduisant l'impact sur les consommateurs. [10]

C. Utilisation de ressources d'urgences mobile et d'unités de stockage

Une autre méthode d'amélioration de la résilience des réseaux électriques est l'utilisation de
ressources d'urgence mobiles et d'unités de stockage d'énergie. Ces ressources offrent une
flexibilité supplémentaire pour faire face aux situations d'urgence et aux perturbations
majeures du réseau.
Les ressources d'urgence mobiles peuvent être déployées rapidement sur les sites touchés
pour fournir une alimentation électrique temporaire. Il peut s'agir de générateurs mobiles, de
centrales électriques sur remorque ou d'autres solutions portables. Ces ressources permettent

13
Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

de rétablir rapidement l'électricité dans les zones touchées, en fournissant une source d'énergie
alternative pendant la période de réparation ou de récupération.

Les unités de stockage d'énergie jouent également un rôle crucial dans l'amélioration de la
résilience. Elles permettent de stocker l'énergie pendant les périodes de disponibilité élevée et
de la libérer lorsque la demande est plus élevée ou lorsque des pannes surviennent. Les
systèmes de stockage d'énergie, tels que les batteries, peuvent être utilisés pour stabiliser la
tension, gérer les fluctuations de charge et fournir une alimentation de secours pendant les
pannes.

L'utilisation de ressources d'urgence mobiles et d'unités de stockage d'énergie offre plusieurs


avantages. Tout d'abord, elles augmentent la disponibilité de l'électricité pendant les périodes
critiques, réduisant ainsi les temps d'arrêt et minimisant l'impact sur les consommateurs. De
plus, elles permettent une réponse rapide et flexible aux situations d'urgence, offrant une
solution temporaire mais efficace pour maintenir les services essentiels. En outre, ces
ressources contribuent à la gestion de la demande en permettant une utilisation plus efficace
de l'énergie. [15]

I.8.2 Les techniques de planification

Les techniques de planification sont axées sur la conception et l'amélioration à long terme du
réseau électrique afin de le rendre plus résilient.

Cela implique la réalisation d'études de fiabilité approfondies pour identifier les points de
faiblesses potentielles et les vulnérabilités du réseau. Sur la base de ces analyses, des mesures
correctives peuvent être proposées, telles que le renforcement des infrastructures existantes,
l'ajout de capacités de stockage d'énergie pour faire face aux fluctuations de la demande, et la
diversification des sources d'énergie pour réduire la dépendance à une seule source.

Les techniques de planification peuvent également inclure des évaluations de la résistance


aux catastrophes naturelles, en intégrant des facteurs tels que la résistance aux tempêtes, les
inondations ou les tremblements de terre dans la conception et la localisation des
infrastructures.

I.9 Méthodes d'optimisation

I.9.1 Introduction

Les systèmes électriques sont composés de vastes réseaux complexes régis par des lois
physiques dans lesquels des événements inattendus et incontrôlés peuvent survenir. Cette
complexité a considérablement augmenté ces dernières années en raison de l'augmentation de
la génération distribuée associée à une capacité de production accrue à partir de sources
d'énergie renouvelable. Par conséquent, l'analyse, la conception et l'exploitation des systèmes
électriques actuels et futurs nécessitent une approche efficace pour résoudre différents
problèmes tels que l'écoulement de charge, la détermination des paramètres et de la position,
la conception de filtres, la localisation des défauts, l'analyse des contingences, la restauration
du système après une panne de courant, la détection de l'îlotage, la répartition économique,
l'engagement des unités, etc.

14
Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

L'évolution est si frénétique qu'il est nécessaire pour les ingénieurs de disposer de matériel
suffisamment à jour pour faire face aux nouveaux défis liés à la gestion des nouveaux réseaux
de génération (réseaux intelligents). Étant donné la complexité de ces problèmes, la gestion
efficace des systèmes électriques nécessite l'application de méthodes avancées d'optimisation
pour les processus de prise de décision.

Les systèmes électriques ont largement bénéficié des avancées scientifiques et techniques
dans l'utilisation des techniques d'optimisation, au point que ces méthodes d'optimisation
avancées sont nécessaires pour gérer l'analyse, la conception et l'exploitation des systèmes
électriques. Au vu de la grande complexité des systèmes électriques à grande échelle, une
planification, une exploitation ou une maintenance efficace du réseau nécessite l'utilisation de
techniques avancées.
Ainsi, outre les techniques d'optimisation classiques telles que la programmation linéaire et
non linéaire ou la programmation en nombres entiers et mixtes, d'autres techniques avancées
ont été appliquées avec grand succès à l'étude des systèmes électriques. Plus précisément, les
métaheuristiques bio-inspirées ont permis aux scientifiques de prendre en compte
l'optimisation de problèmes d'une grande importance et d'obtenir des solutions de qualité en
des temps de réponse réduits grâce à la puissance de calcul croissante des ordinateurs actuels.

I.9.2 Classification des techniques d'optimisations

L'objectif principal de l'optimisation est de minimiser les éléments indésirables (comme le


coût, la perte d'énergie, les erreurs, etc.) ou de maximiser les éléments souhaitables (comme le
profit, la qualité, l'efficacité, résilience, ect.) à partir de son modèle mathématique, sous
certaines contraintes. L'optimisation est un problème mathématique couramment rencontré
dans toutes les disciplines de l'ingénierie.
Elle consiste littéralement à trouver la meilleure solution possible (ou désirable). Les
problèmes d'optimisation sont nombreux et variés, tout comme les méthodes permettant de les
résoudre.

Du point de vue de l'optimisation, on distingue différentes techniques, notamment les


méthodes d'optimisation traditionnelles et modernes, qui ont été développées pour résoudre
les problèmes liés à l'exploitation, au contrôle et à la planification des systèmes électriques.

Les techniques d'optimisation sont généralement classées en trois groupes : les méthodes
traditionnelles, les méthodes d'intelligence artificielle et les techniques hybrides d'intelligence
artificielle.

A. Méthodes traditionnelles

Les méthodes traditionnelles reposent sur des algorithmes mathématiques rigoureux et


certains problèmes peuvent être formulés pour tirer parti des techniques de parcimonie
existantes applicables aux systèmes électriques à grande échelle. Parmi ces méthodes, on
trouve les approches d'optimisation sans contrainte, la programmation non linéaire (NLP), la
programmation linéaire (LP), la programmation quadratique (QP), la méthode du gradient
réduit généralisé, la méthode de Newton, la programmation de flux de réseau (NFP), la
programmation en nombres entiers mixtes (MIP), les méthodes de point intérieur (IP), etc.

15
Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

B. Techniques d'intelligence artificielle

Les techniques d'intelligence artificielle (IA) se sont révélées être des outils efficaces pour
résoudre de nombreux problèmes liés aux systèmes électriques, et elles peuvent être encore
plus efficaces lorsqu'elles sont combinées de manière appropriée avec des approches
mathématiques classiques.
Ces techniques incluent les réseaux de neurones artificiels (ANN), la logique floue,
l'optimisation intelligente, les algorithmes génétiques, l'optimisation par essaim de particules,
etc.

C. Techniques hybrides d'IA

Les problèmes des systèmes électriques peuvent être efficacement résolus en exploitant les
forces, les capacités ou les hypothèses d'une seule technique d'IA. Une approche pour traiter
ces problèmes complexes du monde réel consiste à combiner deux ou plusieurs techniques
afin de combiner leurs forces et de surmonter leurs faiblesses respectives pour générer des
solutions hybrides.

Parmi ces techniques, on trouve les systèmes flous, neuronaux, experts, génétiques,
l'optimisation par recuit simulé avec des systèmes flous/génétiques/experts, etc.

I.10 Présentation des méthodes d'optimisations utilisées

I.10.1 Algorithme Génétique

Les algorithmes génétiques ont été développés par J.H. Holland dans le but de simuler les
processus observés dans l'évolution des individus.

Bien que les mécanismes précis de l'évolution ne soient pas entièrement compris, les
biologistes s'accordent sur certains points fondamentaux :

L'évolution des individus se produit au niveau de structures appelées chromosomes, qui


codent les caractéristiques d'un individu.

La sélection favorise la survie des individus les mieux adaptés à leur environnement,
augmentant ainsi la probabilité de transmission de leurs chromosomes aux générations
suivantes.

Les descendants héritent des chromosomes de leurs parents, mais le matériel génétique n'est
pas identique.

Les chromosomes des descendants sont créés par une combinaison et une modification des
chromosomes parentaux, grâce à des processus biologiques tels que le croisement et la
mutation.

Ces principes ont suscité l'intérêt des chercheurs dans les années 60, et les premiers ouvrages
sur les algorithmes génétiques ont été publiés par Bagley en 1967 et Rosenberg en 1967.
Toutefois, c'est en 1975 que J.H. Holland a posé les bases théoriques d'un algorithme

16
Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

d'optimisation s'appuyant sur des techniques dérivées de la génétique, tel qu'expliqué dans son
ouvrage de référence "Adaptation in Natural and ArtificialSystems" publié en 1975.[17]

I.10.1.1 Construction d'un algorithme génétique (AG)

A. Initialisation

La première étape de la construction d’un AG est le choix du type de codage des paramètres
du problème. La façon de coder les solutions potentielles est un facteur déterminant dans le
succès d’un AG. Ainsi, plusieurs types de codage sont possibles dans la littérature, tels les
codages binaires, Gray, réel,…

Une fois le choix du type de codage déterminé, une population initiale doit être créée pour le
départ de l’AG. La population initiale a pour but de donner naissance à des générations
successives, mutées et hybridées à partir de leurs parents. Le choix de la population initiale
influence fortement la rapidité et l’efficacité de l’AG. Si la position de l'optimum dans
l’espace de recherche est totalement inconnue, il est naturel de générer aléatoirement des
individus en faisant des tirages uniformes dans chacun des domaines associés aux
composantes de l’espace de recherche, en veillant évidemment à ce que les individus produits
respectent les contraintes. Si par contre, des informations à priori sur le problème sont
disponibles, il parait naturel de générer les individus dans un sous-domaine particulier afin
d'accélérer la convergence. Habituellement, cette population initiale est générée d’une
manière aléatoire et directement dans sa représentation codée.
Par exemple pour créer une population binaire de Nind individus dans lesquels chaque
chromosome (individu) est représenté par Ngen gènes, il suffit simplement d’effectuer Nind×
Ngen tirages de nombres aléatoires distribués uniformément sur l’ensemble [0,1].

Dans la phase de l'initialisation il est important d'introduire les opperateurs du GA qui sont le
taux de cross over et le taux de mutation.[18]

B. Evaluation

La seconde étape dans la construction de l’AG est le calcul de la performance (fitness) de


chaque individu faisant partie de la population. Pour ce faire nous devons en premier lieu
décoder les chromosomes (précisément les gènes de chaque chromosome) en les convertissant
en leurs valeurs réelles (numériques). Ensuite, chaque chromosome apporte une solution
potentielle au problème à optimiser. Néanmoins, ces solutions n’ont pas toutes le même degré
de pertinence. C’est à la fonction de performance (fitness) de mesurer cette efficacité pour
permettre à l’AG de faire évoluer la population dans un sens bénéfique en cherchant la
solution meilleure. Autrement dit, la fonction de performance, fp(X), doit pouvoir attribuer à
chaque individu un indicateur représentant sa pertinence pour le problème que nous cherchons
à résoudre.

C. Sélection

Pour déterminer les individus devant participer au résultat optimal de l’AG, un opérateur
sélection doit être appliqué. Cet opérateur détermine la capacité de chaque individu à persister
dans la population et à se reproduire. En règle générale, la probabilité de survie d’un individu
sera directement reliée à sa performance relative au sein de la population. Cela traduit bien
l’idée de la sélection naturelle Darwiniste : les gènes les plus performants ont la probabilité la

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Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

plus élevée de se reproduire dans la population, tandis que ceux qui ont une performance
relative plus faible auront tendance à disparaître.

D. Croisement

Dans les AGs, le croisement est considéré comme le principal opérateur pour produire des
nouveaux chromosomes. Comme son homologue dans la nature, le croisement produit de
nouveaux individus en leur transférant quelques parties de la matière génétique de leurs
parents. L’objectif du croisement est donc d’enrichir la diversité de la population en
manipulant la structure des chromosomes.

Initialement, le croisement associé au codage par chaînes de bits (codage binaire) est le
croisement à découpage de chromosomes. Ainsi, dans le codage binaire, les individus, qui
résultent de la sélection, sont groupés de manière aléatoire par paire définissant ainsi les
parents.
Ensuite, chaque couple peut subir un croisement avec une probabilité Pc donnée. Cette étape
peut être effectuée comme suit :
Pour chaque couple, un nombre aléatoire h est tiré dans l’intervalle [0,1] et comparé ensuite
avec la probabilité de croisement Pc :

- si h >Pc, le couple ne subit pas de croissement et un clonage de chromosome aura lieu. Les
deux enfants produits sont ainsi une copie exacte de leurs parents.

- si h <Pc, le croisement a lieu et un échange des parties des chromosomes des parents va
produire deux enfants par couple de parents.

Après avoir tiré les couples qui vont être "croisés", l’opérateur de croisement peut donc être
appliqué. Plusieurs types de croisement sont présentés dans la littérature, tels : le croisement
seul point, le croisement multipoints, le croisement uniforme,… .

E. Mutation

A la suite des opérateurs de sélection et de croisement, on mime à nouveau un phénomène


biologique, celui de la mutation.
Au niveau biologique, une mutation est une modification de l’information génétique par
dégradation ou substitution locale de paire de base : ceci permet de produire une nouvelle
structure génétique.
L’opérateur de mutation dans le cas des AGs possède la propriété d’ergodicité du parcours de
l’espace de recherche : cette propriété indique que l’AG sera susceptible d’atteindre tous les
points de l’espace, sans pour autant les parcourir tous dans le processus de résolution.

La séquence des opérations de sélection et de croisement peut mener l’AG à "stagner" dans un
ensemble de solutions identiques. Dans de telles conditions, tous les chromosomes deviennent
identiques et, ainsi, la performance moyenne de la population ne s’améliore plus. Dans ce cas,
la mutation aide l’AG à éviter la perte de diversité génétique et, par conséquent, elle garantit
que l’AG ne va pas être bloqué dans un optimum local.

Le principe de la mutation consiste à modifier, avec une probabilité Pm faible, certains bits des
chromosomes.

18
Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

Nous tirons tout d’abord pour chaque bit un nombre aléatoire h dans l’intervalle [0,1]. Puis,
nous le comparons avec une probabilité de mutation Pm donnée :

- si h >Pm, le bit ne subira pas aucune modification.

- si h <Pm, la mutation est appliquée au bit correspondant.

Ainsi, le bit choisi pour muter sera remplacé par une valeur aléatoire, souvent proche de la
valeur initiale. Dans le cas du codage binaire, cette mutation s’effectue simplement en
remplaçant le bit ‘0’ par ‘1’ et vice versa.

F. Création de la nouvelle génération et critère d'arrêt

Pour réaliser une boucle d’une itération de l’AG, ce dernier doit d’abord regrouper les
individus survivants après mutation dans une nouvelle population.

Ensuite, l’AG va calculer la performance pour chaque nouvel individu. Enfin, si un critère
d’arrêt de l’algorithme n’est pas encore atteint, la nouvelle population doit alors remplacer la
population actuelle et une nouvelle boucle sera ainsi lancée.

Puisque les AGs sont des méthodes de recherches stochastiques, il est difficile de spécifier de
façon rigoureuse des critères de convergence. Par exemple, la performance d’une population
peut rester stable pour un certain nombre de générations avant qu’un individu supérieur puisse
apparaître. Ainsi, l’application d’un critère d’arrêt devient une vraie problématique.
Une pratique commune est d’arrêter l’AG après certain nombre de générations et d’examiner
ensuite la qualité de la solution trouvée par rapport à la définition du problème. Un nombre
typique de générations peut aller de 50 jusqu’à 500 générations.
Par ailleurs, d’autres critères peuvent être appliqués pour déterminer l’arrêt de l’AG tels que :

- l’amélioration de la solution ne dépasse plus un certain seuil

- la fonction objectif du problème atteint une valeur donnée

- le temps de calcul atteint une valeur prédéterminée.

I.10.2 Optimisation par essaims de particules

Le PSO (ParticleSwarmOptimization) est une méthode d'optimisation basée sur l'intelligence


collective et inspirée du comportement des essaims d'oiseaux ou de poissons.

C'est une méthode d'optimisation construite sur une population d'individus appelés particules.

Elle a été proposée pour la première fois par Kennedy et Eberhart en 1995. Le PSO, en tant
qu'outil d'optimisation, fournit une procédure de recherche basée sur une population dans
laquelle les particules modifient leur position (état) au fil du temps.
Dans un système PSO, les particules se déplacent dans un espace de recherche
multidimensionnel. Pendant leur vol, chaque particule ajuste sa position en fonction de son
expérience personnelle (cette valeur est appelée Pbest) et de l'expérience d'une particule

19
Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

voisine (cette valeur est appelée Gbest), en utilisant la meilleure position rencontrée par elle-
même et par sa voisine (Figure 8). [18]

Figure.I.3.Concept de recherche dans un PSO

Les étapes principales du PSO sont les suivantes :

Initialisation : Dans cette étape, on initialise les positions et les vitesses de chaque particule
de manière aléatoire dans l'espace de recherche. On attribue également à chaque particule une
meilleure position personnelle connue sous le nom de "meilleure expérience personnelle"
(best personal experience).

Mise à jour de la meilleure expérience personnelle : Chaque particule compare sa


performance actuelle avec sa meilleure expérience personnelle. Si la performance actuelle est
meilleure, la meilleure expérience personnelle est mise à jour.

Mise à jour de la meilleure expérience globale : Les particules communiquent entre elles
pour partager leur meilleure expérience personnelle. La particule qui a la meilleure expérience
globale (meilleure performance parmi toutes les particules) met à jour la meilleure expérience
globale.

Mise à jour de la vitesse et de la position : La vitesse et la position de chaque particule sont


mises à jour en tenant compte de sa meilleure expérience personnelle et de la meilleure
expérience globale. Ces mises à jour sont réalisées à l'aide de formules mathématiques(I.8)
(II.9) qui permettent aux particules de se déplacer vers les régions les plus prometteuses de
l'espace de recherche.

(I.8)
v: la vitesse
w: L'inertie
k: itération
c1:Facteur cognitive
c2:Facteur social
s: position
(I.9)

Répétition des étapes 2 à 4 : Les étapes 2 à 4 sont répétées jusqu'à ce qu'un critère d'arrêt
prédéfini soit atteint, par exemple, un nombre maximum d'itérations ou une précision
suffisante dans la solution obtenue.

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Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

Le PSO se distingue par sa capacité à explorer efficacement l'espace de recherche en utilisant


des interactions entre les particules pour guider la recherche vers des solutions optimales.
Cette méthode est largement utilisée dans divers domaines, tels que l'optimisation de
fonctions mathématiques, la recherche de paramètres optimaux dans les problèmes
d'ingénierie et même dans des applications complexes comme l'optimisation des réseaux
électriques.[18]

Conclusion

En conclusion, l'étude de la résilience des réseaux électriques revêt une importance capitale
dans un contexte marqué par l'augmentation des événements à haut impact à travers le monde.

Nous avons examiné divers aspects liés à la résilience, notamment la compréhension du


concept et l'évaluation des réseaux. Les indicateurs de performance tels que l'indice de
disponibilité, l'indice de continuité de service et la qualité de l'énergie ont été identifiés
comme des outils essentiels pour évaluer la fiabilité et l'efficacité des réseaux électriques.

De plus, nous avons souligné l'importance de prendre en compte les événements à haut
impact tels que les incidents majeurs et les changements climatiques lors de la planification et
de l'amélioration des réseaux.

Nous avons également exploré les différentes techniques d'amélioration de la résilience des
réseaux électriques, ainsi que les méthodes d'optimisation utilisées, notamment les
algorithmes génétiques (GA) et l'optimisation par essaim de particules (PSO).

On a constaté que l'amélioration de la résilience est essentielle pour garantir la stabilité et la


fiabilité des réseaux électriques face aux événements imprévus et aux catastrophes naturelles.
Les techniques de reconfiguration, l'utilisation de ressources d'urgence mobiles et d'unités de
stockage d'énergie, ainsi que les méthodes d'optimisation, telles que le GA et le PSO, offrent
des solutions prometteuses pour renforcer la résilience des réseaux électriques. Cependant, il
est important de prendre en compte les spécificités du système électrique, les contraintes
opérationnelles et les considérations économiques lors de la mise en œuvre de ces techniques
d'amélioration et d'optimisation.

Il est également crucial de continuer à explorer de nouvelles approches et à intégrer les


avancées technologiques pour faire face aux défis futurs de la gestion des réseaux électriques.
En combinant les connaissances en matière de résilience, les techniques d'amélioration et les
méthodes d'optimisation, nous pourrons construire des réseaux électriques plus robustes,
flexibles et durables, capables de faire face aux perturbations et de fournir un
approvisionnement énergétique fiable à la société.

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Chapitre I : La Résilience des réseaux électriques

En résumé, l'étude de la résilience des réseaux électriques fournit des bases solides pour
améliorer la résistance, la restauration et la performance globale des réseaux électriques,
assurant ainsi un approvisionnement énergétique fiable pour les besoins actuels et futurs. Il est
essentiel de continuer à approfondir nos connaissances dans ce domaine et d'adopter des
mesures proactives pour faire face aux défis croissants auxquels sont confrontés les réseaux
électriques.

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