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« Le piège
du bonheur - Créez la vie que vous voulez. ») Livres.
Nous réagissons trop souvent à nos pensées comme s’il s’agissait de la vérité
absolue, ou comme s’il fallait leur accorder toute notre attention. Dans le jargon
psychologique, cette réaction s’appelle «fusion».
Dans la thérapie ACT, nous utilisons le terme «fusion» pour signifier qu’une
pensée et la notion ou l’objet auquel elle se rapporte – l’histoire et l’événement –
deviennent fusionnés au point de ne faire qu’un.
Nous réagissons à des mots comme «je ne vaux rien» comme s’ils étaient une
vérité indéniable; et nous réagissons à des mots comme «je me dirige encore
tout droit vers l’échec» comme s’il s’agissait d’une conclusion entendue
d’avance.
PENSÉES MUSICALES
Pensez à un jugement négatif que vous portez sur vous-même, comme: «Je suis
tellement idiot!» Concentrez-vous sur cette pensée et croyez-y aussi fort que
vous le pouvez pendant dix secondes. Observez votre réaction.
Imaginez maintenant que vous chantez cette même pensée sur l’air de Bon
anniversaire. Chantez-la silencieusement dans votre tête. Observez ce qui se
produit.
•••••
Maintenant, revenez à sa forme originale. Concentrez-vous à nouveau sur cette
pensée et croyez-y aussi fort que vous le pouvez pendant dix secondes.
•••••
Imaginez maintenant que vous chantez cette pensée sur l’air de Vive le vent
(Jingle Bells). Chantez-la silencieusement dans votre tête. Observez ce qui se
produit.
•••••
Après avoir fait cet exercice, vous avez sans doute découvert que vous prenez
cette pensée moins au sérieux; vous n’y croyez plus autant qu’avant. Remarquez
que vous n’avez pas combattu cette pensée, vous n’avez pas tenté de la chasser,
d’en déterminer la véracité ou de la remplacer par une pensée positive. Alors,
que s’est-il passé? Vous avez opéré une «défusion». En mettant cette pensée en
musique, vous vous êtes rendu compte qu’il ne s’agissait que d’une suite de
mots, comme les paroles d’une chanson. »
L’esprit adore raconter des histoires; en fait, il n’arrête jamais. Toute la journée,
tous les jours, il vous raconte des histoires sur ce que vous devriez faire de votre
vie, sur les opinions des autres à votre sujet, sur votre avenir, sur vos erreurs
passées et ainsi de suite. Il est comme une chaîne de radio qui diffuse sans
interruption 24 heures sur 24.
Cela n’a rien d’anormal. L’évolution de l’esprit humain favorise l’apparition de ces
pensées négatives. Des études montrent que 80 pour cent de nos pensées sont
en partie négatives. On sait pourtant que les gens qui prennent ces histoires pour
la vérité absolue finissent généralement par souffrir d’anxiété, de dépression,
d’une faible estime de soi ou d’insécurité ou à éprouver de la colère et des
doutes.
Quand on lit dans la presse à potins des histoires sur les vedettes de cinéma, on
sait que la plupart sont fausses ou tendancieuses. Certaines sont exagérées pour
faire de l’effet, tandis que d’autres sont inventées de toutes pièces. Certaines
vedettes s’en accommodent, n’y voyant que la rançon de la gloire, et y accordent
peu d’attention. Elles font fi des histoires ridicules écrites à leur sujet. Bref, elles
ne perdent pas leur temps à les lire et à les analyser! En revanche, d’autres
vedettes sont obsédées par tout ce qu’on écrit sur elles. Elles épluchent tout en
détail et ruminent, fulminent, se plaignent et vont même jusqu’à entamer des
poursuites (qui sont très stressantes et demandent beaucoup de temps,
d’énergie et d’argent).
La défusion nous permet d’être comme le premier groupe de vedettes; les
histoires existent, mais nous ne les prenons pas au sérieux. Nous ne leur
accordons pas beaucoup d’attention et nous ne perdons ni temps ni énergie à les
combattre. La thérapie ACT ne vise pas à vous enseigner à éviter vos «histoires»
ou à les faire disparaître. Nous connaissons trop bien l’inefficacité de cette
méthode. Elle vous enseigne à les reconnaître pour ce qu’elles sont: des histoires.
Michelle, que nous avons rencontrée précédemment, a mis le doigt sur ses deux
histoires principales: l’histoire «je ne vaux rien» et l’histoire «on ne peut
m’aimer». « La seule évocation du nom de ses pensées a permis à Michelle de
s’en distancier. Mais la méthode préférée de Michelle est la technique des
pensées musicales. Chaque fois qu’elle se sent coincée dans l’histoire «je suis
pitoyable», elle met les mots en musique et voit leur pouvoir s’évanouir. Elle ne
se limite pas à l’air de Bon anniversaire. Elle a fait l’essai de nombreuses
mélodies, de Beethoven aux Beatles. Après avoir pratiqué cette technique
pendant une semaine, elle a remarqué qu’elle prenait ces pensées moins au
sérieux (même sans musique). Elles n’avaient pas disparu, mais elles la
perturbaient beaucoup moins.
Vous vous posez sans doute toutes sortes de questions. Soyez patient. Dans les
chapitres qui suivent, nous allons examiner la défusion plus en détail et traiterons
de son utilisation avec les images mentales. Entre-temps, pratiquez les trois
techniques déjà décrites: «Je suis en train de penser que…», «Pensées musicales»
et «Donnez un titre à vos histoires».
Si l’une des techniques ne vous plaît pas, vous n’êtes pas forcé de l’utiliser. Et s’il
y en a une qui vous plaît particulièrement, adoptez-la. Utilisez ces techniques
régulièrement pour désamorcer vos pensées perturbantes; au début, vous
pouvez les utiliser jusqu’à 10 fois par jour. Chaque fois que vous vous sentez
stressé, anxieux ou déprimé, demandez-vous: «Quelle histoire mon esprit est-il
en train de me raconter maintenant?» Une fois l’histoire identifiée, il s’agit
d’opérer une défusion.
Si tout cela vous semble trop difficile, reconnaissez simplement: «Je suis en train
de penser que c’est trop difficile.» C’est correct d’avoir la pensée «c’est trop
difficile», ou «c’est stupide», ou «c’est irréalisable». Ce ne sont que des pensées,
voyez-les pour ce qu’elles sont et ne vous y attardez pas davantage.
«Tout cela est bien beau, vous dites-vous, mais, et si ces pensées étaient vraies?»
Bonne question!