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Introduction aux équations aux

dérivées partielles (EDP)


(Master Maths)
2014-2015

A. Lesfari
Département de Mathématiques

Faculté des Sciences

Université Chouaïb Doukkali

B.P. 20, El-Jadida, Maroc.

E. mail : lesfariahmed@yahoo.fr

Site Web : http://lesfari.com


Le programme porte sur les notions suivantes : Équations ellip-
tiques : Solutions généralisées des problèmes aux limites, Problèmes
de valeurs propres, Régularité des solutions généralisées, Solutions
classiques, Solutions classiques des équations de Laplace et de Pois-
son. Équations hyperboliques : Propriétés des solutions de l'équation
des ondes, Problème de Cauchy pour l'équation des ondes, Problèmes
mixtes, Solutions généralisées du problème de Cauchy. Équations pa-
raboliques : Propriétés des solutions de l'équation de la chaleur, Pro-
blème de Cauchy pour l'équation de la chaleur, Problèmes mixtes.
Table des matières
1 Généralités et notations 3
2 Équations aux dérivées partielles du 1er ordre 8
3 Équations aux dérivées partielles du 2ème ordre
(équations hyperboliques, équations paraboliques, équations elliptiques,...) 16

4 Formulation variationnelle des EDP


(espaces de Sobolev, problèmes de Dirichlet, problèmes de Neumann,...) 25

5 Problèmes concernant des opérateurs plus généraux ; à coe-


cients variables
(solutions classiques, solutions généralisées, fonctions et valeurs propres,
problèmes mixtes) 42

6 Solutions classiques des équations de Laplace et de Poisson 51


7 Chapitres complémentaires
(équations de la physique mathématique, étude des EDP via l'analyse de
Fourier et la transformée de Laplace, une équation aux dérivées partielles
non linéaire : équation de Korteweg-de Vries) 58

Bibliographie 84

2
Chapitre 1
Généralités et notations
Une équation dans laquelle gure une fonction f de plusieurs variables in-
dépendantes x1 , ..., xn et des dérivées partielles de f par rapport à ces variables,
c-à-d., une équation de la forme
∂2f ∂2f ∂ mf
 
∂f
F x1 , ..., xn , f, , ..., 2 , , ..., m = 0,
∂x1 ∂x1 ∂x1 ∂x2 ∂xn
est une équation aux dérivées partielles.
Note : dans la suite, on utilisera indiéremment à la place de f , les notations
u ou z .
Une telle équation est dite d'ordre m quand elle contient au moins une
dérivée d'ordre m sans en contenir d'autres d'ordre supérieur. Toute fonction
u = f (x1 , ..., xn ) qui satisfait identiquement à cette équation est une solution
de celle-ci. L'équation ci-dessus est dite linéaire lorsque F est une combinaison
linéaire de f et ses dérivées.
Exemple 1 L'équation  2
∂u ∂u
−u = 0,
∂x ∂y
est du 1er ordre, non linéaire.
Exemple 2 L'équation
 
2 2 ∂u ∂u
(x + y ) +2 = x + y + u,
∂x ∂y
est du 1er ordre, linéaire non homogène.
Exemple 3 L'équation de Laplace
∂2u ∂2u ∂2u
+ + = 0,
∂x2 ∂y 2 ∂z 2
est du 2ème ordre, linéaire et homogène.

3
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 4

Exemple 4 L'équation de Poisson


∂2u ∂2u ∂2u
+ + = g(x, y, z),
∂x2 ∂y 2 ∂z 2
est du 2ème ordre, linéaire non homogène.
On appelle problème aux limites, une équation aux dérivées partielles munie
de conditions aux limites sur la totalité de la frontière ou bord du domaine sur
lequel elle est posée. Le problème est bien posé si pour toute donnée (2ème
membre, domaine, données au bord, etc.), il admet une solution unique et si
cette solution dépend continûment de la donnée.
Un système d'équations aux dérivées partielles est dit normal par rapport à
l'une des n variables indépendantes x1 , ..., xn dont dépendent les m inconnues
u1 , ..., um du sytème, quand il peut être mis sous la forme d'un système de m
équations :
!
∂ s1 u1 ∂ j ui
= Φ1 x1 , ..., xn , u1 , ..., um , ..., k1 , ... ,
∂xsl 1 ∂xl ...∂xk, n
..
. !
∂ sm u m ∂ j ui
= Φm x1 , ..., xn , u1 , ..., um , ..., k1 , ... ,
∂xsl m ∂xl ...∂xk, n
ou sous forme condensée
!
∂ sν u ν ∂ j ui
= Φν x1 , ..., xn , u1 , ..., um , ..., k1 , ... , ν = 1, 2, ..., m
∂xsl ν ∂xl ...∂xk, n
Ici xl désigne la variable indépendante concernée, Φν étant une fonction ana-
lytique des x1 , ..., xn , u1 , ..., um ainsi que les dérivées ∂xk1∂...∂x . De plus, toute
ju
i
kn
l ,
dérivée gurant dans Φν satisfait à la condition : j = k1 + · · · + kn ≤ si et
kl < s i .
Exemple 5 Le système
∂2u ∂v ∂ 2 v
= u + ,
∂x2 ∂y ∂y 2
∂2v ∂2u ∂2u
= + ,
∂x2 ∂y 2 ∂x∂y
est normal par rapport à la variable x. Ce système peut s'écrire aussi sous la
forme
∂2u ∂2v ∂2u
= − ,
∂y 2 ∂x2 ∂x∂y
∂2v ∂2u ∂v
2
= 2
−u ,
∂y ∂x ∂y
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et il est donc également normal par rapport à la variable y .


Exemple 6 Le système
∂2u ∂2v ∂2v ∂2u
= + + ,
∂x2 ∂y 2 ∂x∂y ∂y 2
∂2v ∂3u ∂3u ∂v
2
= 2
+ 2
+ ,
∂x ∂x ∂y ∂x∂y ∂y
est normal par rapport à la variable x. Contrairement à l'exemple précédent,
le système ici n'est pas normal par rapport à la variable y .
Rappel (Fonction analytique de plusieurs variables ) : une fonction de n
variables f (x1 , ..., xn ) est analytique dans un domaine D si pour tout point
(a1 , ..., an ) ∈ D, elle est dans un voisinage de celui-ci, représentable par une
série entière
X
f (x1 , ..., xn ) = cν1 ,...,νn (x1 − a1 )ν1 ...(xn − an )νn .
νj =0
1≤j≤n

Lorsque cette série converge pour |xj − aj | = ξj > 0, 1 ≤ j ≤ n, on est assuré


de sa convergence absolue et uniforme dans tout pavé
|xj − aj | ≤ nj < ξj , 1≤j≤n
Dans ce pavé, la dérivation terme à terme est justiée :
∂ k1 +···kn f
(a1 , ..., an ) = k1 !...kn !ck1 ,...,kn .
∂xk11 ...∂xknn
Soit le système de m équations
∂ sj u j ∂ k ui
 
= Φj x, y1 , ..., yn , u1 , ..., un , ..., , 1≤j≤m
∂xsj ∂xk0 ∂y1k1 ...∂ynkn
relatif à m fonctions u1 , ..., um de n+1 variables x, y1 , ..., yn , normal par rapport
à la variable x. Le problème de Cauchy consiste à déterminer une solution
satisfaisant aux conditions aux frontières :
uj (a, y1 , ..., yn ) = gj,0 (y1 , ..., yn ),
∂uj
(a, y1 , ..., yn ) = gj,1 (y1 , ..., yn ),
∂x
..
.
∂ sj −1 uj
(a, y1 , ..., yn ) = gj,sj −1 (y1 , ..., yn ),
∂xsj −1
lesquelles sont relatives au plan x = a.
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Théorème 7 (Cauchy-Kowalewski). Si les m fonctions Φ1 , ..., Φm et les s1 +


· · · + sm fonctions gj,k sont des fonctions analytiques de leurs arguments, le
problème de Cauchy possède une solution analytique. Cette solution est unique.
L'idée de la démonstration consiste à développer les solutions sous forme de
séries entières. Ce théorème d'existence et d'unicité se trouvera établi dès que
nous aurons vérié que ces séries sont convergentes ; on utilise à cette n la
méthode des fonctions majorantes.
An d'assurer l'existence et l'unicité de la solution d'un problème de Cau-
chy, on se trouve conduit à imposer aux conditions aux frontières certaines
conditions : analycité ou dérivabilité jusqu'à un ordre susamment élevé. Or,
en pratique, il y parfois lieu d'envisager divers types de discontinuités pour
ces conditions. La notionde solution généralisée, introduite par le mathéma-
ticien russe Sobolev, a pour but de tenir compte de telles éventualités. Cette
notion sera précisée plus loi lors de l'étude de la formulation variationnelle des
EDP. On se contente ici de rappeler que u(x1 , ..., xn ) est dite solution généra-
lisée d'une équation aux dérivées partielles quand elle est la limite d'une suite
uniformément convergente (uj (x1 , ..., xn )) de solutions de cette équation. On
devra donc donc avoir dans un domaine Ω ⊂ Rn ,
 
lim sup |uj (p) − u(p)| = 0.
j→∞ p∈Ω

On peut aussi avoir avantage dans certains cas à substituer à la condition de


convergence uniforme impoée à la suite des solutions uj , la condition mois
stricte de convergence en moyenne quadratique,
Z Z Z
lim ... |uj − u|2 dx1 dx2 ...dxn = 0.
j→∞

Cette notion se généralise aisément à un système d'équations aux dérivées


partielles. De plus amples informations sur les solutions généralisées seront
données plus loin.
Exemple 8 Soit à résoudre le problème de Cauchy constitué par l'équation du
1er ordre :
∂u ∂u
= ,
∂x ∂y
et la condition
u(0, y) = ϕ(y),
où ϕ est supposé continûment dérivable sur l'intervalle [a, b]. On a la solution
évidente
u(x, y) = ϕ(x + y), a≤x+y ≤b
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Mais si ϕ n'est pas dérivable pour a ≤ x + y ≤ b, tout en étant continu, on


peut trouver une suite de fonctions (ϕj (x)), qui converge uniformément vers
ϕ(x) pour a ≤ x + y ≤ b, chaque fonction ϕj de la suite étant dérivable sur
ce même intervalle. La limite ϕ(x) de la suite fournit la solution généralisée
ϕ(x + y).

Exemple 9 Si dans l'équation (des cordes vibrantes) :


∂2u ∂2u
= ,
∂x2 ∂y 2
le problème de Cauchy fait intervenir les conditions aux frontières
mx si x ∈ [0, 12 ]

u(x, 0) =
m(1 − x) si x ∈ [ 12 , 1]
∂u
(x, 0) = 0, x ∈ R
∂y
u(0, y) = u(1, y) = 0, y>0

la condition u(x, 0) = ϕ(x) correspond à une fonction qui n'est pas dérivable
en x = 12 . Cependant, la solution (voir plus loin, chap. 3)
ϕ(x − y) + ϕ(x + y)
u(x, y) = ,
2
pourra être considérée ici comme une solution généralisée (dès qu'on est assuré
que la suite (ϕj (x)) convergeant uniformément vers ϕ(x) = u(x, 0) engendre
une suite de solutions uj (x, y) convergeant uniformément vesr la solution for-
melle).
Chapitre 2
Équations aux dérivées partielles
du 1er ordre
Dénition 10 Une équation dans laquelle gure une fonction f de plusieurs
variables indépendantes x1 , ..., xn et des dérivées partielles du 1er ordre de f
par rapport à ces variables, c'est-à-dire une équation de la forme
 
∂f ∂f
F x1 , ..., xn , f, , ..., = 0,
∂x1 ∂xn

est dite une équation aux dérivées partielles (en abrégé : EDP) du 1er ordre.
Toute fonction f (x1 , ..., xn ) qui satisfait identiquement à cette équation est une
solution de celle-ci.
Dans la suite, on utilisera souvent à la place de f les notations u ou z .
Dans le cas de deux variables x, y , on a
 
∂f ∂f
F x, y, f, , = 0.
∂x ∂y

Exemple 11
∂f
= 0 ⇐⇒ f (x, y) = ϕ(y).
∂x
Exemple 12
∂f
= 0 ⇐⇒ f (x, y) = ϕ(x).
∂y
Exemple 13
∂f
= g(x).
∂x
Si g est intégrable et G est l'une de ses primitives, alors ∂
∂x
(f (x, y)−G(x)) = 0,
d'où f (x, y) = G(x) + ϕ(y).

8
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 9

Remarque 14 La solution générale d'une équation aux dérivées partielles du


1er ordre dépend d'une fonction arbitraire.

Soit le système diérentiel


dy1
= ϕ1 (x, y1 , y2 , ..., yn ),
dx
..
.
dyn
= ϕn (x, y1 , y2 , ..., yn ),
dx
de solution générale
y1 = f1 (x, c1 , c2 , ..., cn ), ..., yn = fn (x, c1 , c2 , ..., cn ).

Si ces équations peuvent être résolues par rapport à c1 , c2 , ..., cn , on peut écrire
Φ1 (x, y1 , y2 , ..., yn ) = c1 ,
..
.
Φn (x, y1 , y2 , ..., yn ) = cn .

Dénition 15 Les fonctions Φ1 , ..., Φn , constantes si l'on remplace y1 , ..., yn ,


par les solutions du système sont dites intégrales premières du système. En
général, on appelle intégrale première d'un système diérentiel toute fonction
de x, y1 , ..., yn qui se réduit à une constante si l'on remplace y1 , ..., yn par une
solution du système. Si Φ est une telle intégrale première, on a donc
Φ(x, ϕ1 (x), ..., ϕn (x)) = constante.

Exercice 2.1 Déterminer deux intégrales premières du système


dy1 dy2 dy3
= y3 − y2 , = y1 − y3 , = y2 − y1 .
dx dx dx
Réponse : Φ1 = y1 + y2 + y3 , Φ2 = y12 + y22 + y32 .
Dénition 16 Si le système diérentiel
dy1
= ϕ1 (x, y1 , y2 , ..., yn ),
dx
..
.
dyn
= ϕn (x, y1 , y2 , ..., yn ),
dx
admet n intégrales premières indépendantes, alors la solution générale est dé-
nie implicitement en égalant ces intégrales premières à n constantes arbitraires.
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 10

Soit le système diérentiel


dy
= f1 (x, y, z),
dx
dz
= f2 (x, y, z).
dx
La condition nécessaire et susante pour que la fonction Φ soit une intégrale
première de ce système est
Φ(x, y(x), z(x)) = constante,

donc
∂Φ ∂Φ dy ∂Φ dz
+ . + . = 0,
∂x ∂y dx ∂z dx
ou encore
∂Φ ∂Φ ∂Φ
+ .f1 (x, y, z) + .f2 (x, y, z) = 0,
∂x ∂y ∂z
c'est l'équation aux dérivées partielles associée au système diérentiel. Par
conséquent, on a
Proposition 17 Une fonction Φ(x, y, z) est une intégrale première d'un sys-
tème diérentiel si et seulement si elle est solution de l'équation aux dérivées
partielles associée.
Dénition 18 Soit f une fonction de deux variables. Une équation aux déri-
vées partielles linéaire du 1er ordre est une relation de la forme
∂f ∂f
P (x, y, z) + Q(x, y, z) = R(x, y, z),
∂x ∂y
où P , Q, R sont des fonctions de x, y , z dénies sur un ouvert de R3 .
Soit z = f (x, y) une solution de l'équation précédente. Posons
Φ(x, y, z) = f (x, y) − z.

On a
∂Φ ∂f ∂Φ ∂f ∂Φ
= , = , = −1.
∂x ∂x ∂y ∂y ∂z
L'équation précédente s'écrit
∂Φ ∂Φ ∂Φ
P (x, y, z) + Q(x, y, z) + R(x, y, z) = 0,
∂x ∂y ∂z
d'où
∂Φ Q(x, y, z) ∂Φ R(x, y, z) ∂Φ
+ + = 0.
∂x P (x, y, z) ∂y P (x, y, z) ∂z
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Cette équation aux dérivées partielles peut être considérée d'après ce qui pré-
céde, comme associée au système diérentiel
dy Q(x, y, z)
= ,
dx P (x, y, z)
dz R(x, y, z)
= ,
dx P (x, y, z)
ou sous forme plus symétrique
dx dy dz
= = .
P (x, y, z) Q(x, y, z) R(x, y, z)
Ce système est appelé système caractéristique de l'équation aux dérivées par-
tielles. Dès lors, on a

Proposition 19 Les solutions de l'équation aux dérivées partielles :


∂f ∂f
P (x, y, z) + Q(x, y, z) = R(x, y, z),
∂x ∂y
sont dénies par
Φ(x, y, z) = 0,
où Φ représente l'intégrale première la plus générale du système caractéris-
tique :
dx dy dz
= = .
P (x, y, z) Q(x, y, z) R(x, y, z)

Remarque 20 Comme Φ s'exprime au moyen de deux intégrales premières


indépendantes Φ1 et Φ2 , donc l'intégration de l'équation aux dérivées partielles
se trouve ramenée à la recherche de deux intégrales premières de son système
caractéristique.
Exercice 2.2 Soit z = f (x, y). Intégrer l'équation aux dérivées partielles
∂f ∂f
x +y = z.
∂x ∂y
Réponse : La solution générale de l'équation en question est
y z 
Φ , = 0,
x x
ou y
z = xϕ ,
x
où ϕ est une fonction arbitraire.
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Exercice 2.3 Trouver l'intégrale générale de l'équation


∂f ∂f
y −x = 0.
∂x ∂y

Réponse : L'intégrale générale est de la forme


Φ(x2 + y 2 , z) = 0,

d'où
z = ϕ(x2 + y 2 ),
où ϕ est une fonction arbitraire.

Exercice 2.4 Soit z = f (x, y). Déterminer la solution générale de l'équation


∂f ∂f
y +x = z.
∂x ∂y

Réponse : La solution générale est donc


z = (x + y)ϕ(x2 − y 2 ),

où ϕ est une fonction arbitraire.

Exercice 2.5 Intégrer


∂f ∂f
(x2 + y 2 ) + 2xy = 0.
∂x ∂y

Réponse : La solution générale s'écrit


 
y
Φ ,z = 0,
x2 − y 2

d'où  
y
z=ϕ ,
x − y2
2

où ϕ est une fonction arbitraire.

Exercice 2.6 Déterminer la solution générale u = f (x, y, z) de l'équation


∂f ∂f ∂f
yz + xz − xy = 0.
∂x ∂y ∂z

Réponse : u = Φ(x2 − y 2 , y2 + z 2 ).
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Exercice 2.7 Soit z = f (x, y). Déterminer la surface vériant l'équation


∂z ∂z
yz + xz = −2xy,
∂x ∂y

et passant par la circonférence : x2 + y 2 = 16, z = 3.


Réponse : x2 + y 2 + z 2 = 25, la surface cherchée est une sphère de centre 0 et
de rayon 5.

Exercice 2.8 Déterminer la surface générale de l'équation


∂z ∂z
xz + yz = −xy,
∂x ∂y

et la surface intégrale passant par la courbe : y = x2 , z = x3 .


Réponse : On trouve l'équation y 3 y 6
= xy + z 2 .
 
x
+ x

Exercice 2.9 Déterminer la surface vériant l'équation


1 ∂z 1 ∂z
+ = 4,
x ∂x y ∂y

et passant par la parabole : y 2 = z , x = 0.


Réponse : On obtient l'équation : z = x2 + y 2 (paraboloïde de révolution).
Exercice 2.10 Résoudre l'équation aux dérivées partielles
∂f ∂f
x −y = xy 2 ,
∂x ∂y

sur l'ouvert Ω =]0, +∞[×] − ∞, +∞[⊂ R2 , en utilisant le changement de va-


riable : u = x, v = xy .
Réponse : La solution de l'équation proposée est f (x, y) = −xy 2 + ϕ(xy).
Exercice 2.11 Résoudre l'équation aux dérivées partielles
∂f ∂f
x −y = x,
∂y ∂x
à l'aide des coordonnées polaires.
Réponse : La solution de l'équation en question est f (x, y) = y + ϕ( x2 + y 2 ).
p
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Exercice 2.12 On se propose dans cet exercice de déterminer les surfaces


telles que si A est la projection sur le plan x0y d'un point p appartenant à
l'une d'elles et B l'intersection de la normale en p avec x0y , alors l'aire du
triangle OAB reste constante.
Réponse : L'équation générale des surfaces en coordonnées cylindriques : (r, θ, z),
x2 + y 2 , θ = arctan xy , est
p
r=
1 2
z = θ + ϕ(r).
2C
Exercice 2.13 Soit z = f (x, y). Déterminer la solution générale de l'équation
 
∂f ∂f
xy − = (x − y)z.
∂x ∂y

Réponse : La solution générale est z = ϕ(x+y)


xy
, où ϕ est une fonction arbitraire.
Exercice 2.14 Même question pour l'équation
∂f ∂f z2
x −y =− .
∂x ∂y x

Réponse : La solution générale est z = xϕ(xy)


x+ϕ(xy)
, où ϕ est une fonction arbitraire.
Exercice 2.15 Déterminer la surface intégrale de l'équation
∂z ∂z
x +y = z 2 + 1,
∂x ∂y
passant par l'hélice circulaire : x = cos t, y = sin t, z = t.
Réponse : L'équation la surface intégrale dans un système de coordonnées cy-
lindriques : (r, θ, z), r = x2 + y 2 , θ = arctan xy = t, est z = θ+tan(ln r)
.
p
1−θ tan(ln r)

Exercice 2.16 Déterminer la surface intégrale de l'équation


∂z ∂z
y +x = (x + y)z 2 ,
∂x ∂y
passant par la courbe : x = t, y = −t2 , z = t3 .
Réponse : Les équations paramétriques de la surface intégrale passant par la
courbe en question sont :
t t
x = ((1 − t)es + (1 + t)e−s ), y = ((1 − t)es − (1 + t)e−s ),
2 2
t3
z= .
1 + (t4 − t5 )(1 − es )
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Exercice 2.17 Déterminer la solution de l'équation


∂z ∂z
xy 2 + x2 y = (x2 + y 2 )z,
∂x ∂y
passant par la droite : x = 2y , z = 1.
Réponse : On obtient la solution z = 3xy
2(x2 −y 2 )
.

On utilise les mêmes méthodes pour étudier une équation de la forme


∂z ∂z
a1 + · · · + an = b,
∂x1 ∂xn
où a1 , ..., an , b sont fonctions de x1 , ..., xn , z . Le système caractéristique est
dx1 dxn dz
= ··· = = .
a1 an b
On détermine n intégrales premières indépendantes :

ϕ1 (x1 , ..., xn , z) = c1 , ..., ϕn (x1 , ..., xn , z) = cn ,

et la solution générale de l'équation ci-dessus s'écrit sous la forme

Φ(ϕ1 , ..., ϕn ) = 0,

où Φ est une fonction dérivable arbitraire.


Chapitre 3
Équations aux dérivées partielles
du 2ème ordre
(équations hyperboliques, équations paraboliques, équations elliptiques,...)

Dénition 21 Soit f une fonction de deux variables x et y. On appelle équa-


tion aux dérivées partielles du 2ème ordre, une relation de la forme
∂f ∂f ∂ 2 f ∂ 2 f ∂ 2 f
 
F x, y, f, , , , , = 0,
∂x ∂y ∂x2 ∂x∂y ∂y 2

faisant intervenir f et ses dérivées partielles jusqu'à l'ordre 2.


Exemple 22
∂2f
 
∂ ∂f ∂f
2
= 0 =⇒ =⇒ = g(y),
∂x ∂x ∂x ∂x
d'où
f (x, y) = xg(y) + h(y),
où g et h sont des fonctions arbitraires.
Exemple 23
∂2f
 
∂ ∂f ∂f
= 0 =⇒ =⇒ = ϕ(x),
∂x∂y ∂y ∂x ∂x
d'où
f (x, y) = Φ(x) + Ψ(y),
où Φ et Ψ sont des fonctions arbitraires.
Remarque 24 La solution d'une équation aux dérivées partielles du 2ème
ordre dépend de deux fonctions arbitraires.

16
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 17

Considérons une équation aux dérivées partielles du second ordre de la


forme
∂2z ∂2z ∂2z
 
∂z ∂z
a(x, y) 2 + 2b(x, y) + c(x, y) 2 = F x, y, z, , , (3.1)
∂x ∂x∂y ∂y ∂x ∂y
où z = f (x, y) est la fonction inconnue et a, b, c, F sont des fonctions données
dans un domaine D ⊂ R2 . On cherche une solution z de l'équation ci-dessus
en supposant que la valeur de z sur une courbe γ ainsi que celle de ses dérivées
,
∂z ∂z
∂x ∂y
sont connues. Autrement dit, (problème de Cauchy ) on cherche une
solution z de cette équation connaissant z et la dérivée normale ∂n ∂z
sur la
courbe γ (c-à-d., le produit scalaire du gradient de z par le vecteur normal
unitaire).
Dénition 25 Une caractéristique (Monge) pour l'équation ci-dessus est une
courbe dans D satisfaisant à l'équation diérentielle :
 2  
∂y ∂y
a − 2b + c = 0. (3.2)
∂x ∂x
L'équation (3.1) est dite du type :
(i) hyperbolique dans D si en tout point de D, b2 − ac > 0. Dans ce cas,
on peut résoudre l'équation (3.2) localement ce qui montre que par tout point
passent deux caractéristiques réelles. On montre que la transformation

b2 − ac
−b +
ξ = x + y,
√a
−b − b2 − ac
η = x + y,
a
où a 6= 0, ramène l'équation (3.1) à une équation du type
∂2z
 
∂z ∂z
=F ξ, η, z, , ,
∂ξ∂η ∂ξ ∂η
et s'appelle forme canonique de type hyperbolique.
Exemple 26 L'équation des cordes vibrantes :
∂2z 2
2∂ z
= k ,
∂x2 ∂t2
où z(x, t) est le déplacement du point d'abcisse x à l'instant t. C'est une équa-
tion hyperbolique (a = 1, b = 0, c = −k2 ). Elle se généralise à trois dimensions
spaciales en l'équation des ondes :
∂2u ∂2u ∂2u 2
2∂ u
+ + = k ,
∂x2 ∂y 2 ∂z 2 ∂t2
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 18

(ii) parabolique si b2 − ac = 0. Dans ce cas, les deux caractéristiques sont


confondues. Supposons que a 6= 0 et posons
b
ξ = x + y,
a
b
η = − x + y.
a
L'équation (3.1) s'écrit
∂2z
 
∂z ∂z
=F ξ, η, z, , ,
∂ξ 2 ∂ξ ∂η
et s'appelle forme canonique de type parabolique.
Exemple 27 L'équation de la chaleur :
∂z ∂2z
= α 2,
∂t ∂x
où t est le temps, z est la température d'un corps et α une constante. C'est
une équation parabolique (a = α2 , b = c = 0).
(iii) elliptique si b2 − ac < 0. Dans ce cas, les caractéristiques sont imagi-
naires. Si a 6= 0, la transformation
b
ξ = − x + y,
√a
ac − b2
η = x.
a
permet d'écrire l'équation (3.1) sous la forme
∂2z ∂2z
 
∂z ∂z
+ =F ξ, η, z, , ,
∂ξ 2 ∂η 2 ∂ξ ∂η
et s'appelle forme canonique de type elliptique.
Exemple 28 L'équation des fonctions harmoniques (ou équation de Laplace
à deux variables) :
∂2z ∂2z
+ = 0,
∂x2 ∂y 2
est elliptique (a = c = 1, b = 0). En dimension trois, l'équation de Laplace (ou
équation du potentiel) s'écrit
∂2u ∂2u ∂2u
+ + = 0.
∂x2 ∂y 2 ∂z 2
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 19

Soit n n
X ∂2u X ∂u
aij (x) + bi (x) + c(x) = g(x),
i,j=1
∂xi ∂xj i=1
∂xi

l'équation du 2ème -ordre linéaire non homogène où x = (x1 , ..., xn ) ∈ Ω ⊂ Rn ,


les coecients aij (x), 1 ≤ i, j ≤ n sont réels, les solutions u de cette équation
appartiennent à C 2 (Ω), la matrice A(x) = (aij (x))1≤i,j≤n est symétrique. Soient
x0 ∈ Ω un point arbitraire et λ1 (x0 ), ..., λn (x0 ) les valeurs propres de la matrice
A(x0 ) (ces valeurs propres sont évidemment réelles). On note n+ = n+ (x0 ) le
nombre de valeurs propres positives, n− = n− (x0 ) le nombre de valeurs propres
négatives, n0 = n0 (x0 ) le nombre de valeurs propres nulles et n = n+ +n− +n0 .
L'équation aux dérivées partielles ci-dessus est dite
- elliptique (au point x0 ) si n+ = n ou n− = n. Elle est elliptique sur un
ensemble E ⊂ Ω, si elle l'est en tout point de E . Par exemple, l'équation de
Poisson : ∆u = f , où ∆ = ∂x ∂2
2 + · · · + ∂x2 , est elliptique dans R .
∂2
n
n
1
- hyperbolique (au point x0 ) si (n+ = n − 1 et n− = 1) ou (n+ = 1 et
n− = n − 1). Elle est hyperbolique sur un ensemble E ⊂ Ω, si elle l'est en tout
point de E .
- parabolique (au point x0 ) si n0 > 0. Elle est parabolique sur un ensemble
E ⊂ Ω, si elle l'est en tout point de E . Par exemple, l'équation de la chaleur :
∂2u
= g(x), est parabolique dans Rn .
2
∂x21
+ · · · + ∂x∂2 u − ∂x
∂u
n
n−1
Notons brièvement que dans le langage P des formes quadratiques, on peut
reformuler ceci comme suit : posons L = ni,j=1 aij (x) ∂x∂i ∂x (opérateur), et
2u

j
associons à L la forme quadratique à n variables ξ = (ξ1 , ..., ξn ) :
n X
X n
ϕ(x0 , ξ) = aij (x0 )ξi ξj , x0 ∈ Ω.
i=1 j=1

L'équation en question est dite : - elliptique (au point x0 ) si la forme ϕ est


dénie positive ou négative (au point x0 ). - parabolique (au point x0 ) si la
forme ϕ est semi-dénie positive ou négative (au point x0 ). - hyperbolique (au
point x0 ) si la forme ϕ est indénie non dégénérée (au point x0 ).
Une équation n'est pas nécessairement du même type d'un point à l'autre.
Par exemple, l'équation de Tchaplyguin (n = 2),
∂2u ∂2u
+ T (x 1 ) = g(x),
∂x21 ∂x22
avec
- T (x1 ) positive pour x1 > 0, est elliptique.
- T (x1 ) négative pour x1 < 0, est hyperbolique.
- T (x1 ) nulle pour x1 = 0, est parabolique.
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 20

Proposition 29 Toute solution de classe C 2 de l'équation des cordes vibrantes :


∂2z ∂2z
= ,
∂t2 ∂x2
est de la forme
z = g(x − t) + h(x + t),
où g et h sont des fonctions quelconques de classe C 2 .
Exercice 3.1 On se propose d'étudier pour l'équation des cordes vibrantes, le
problème de Cauchy : étant données deux fonctions u, v ∈ C 2 [a, b], trouver une
solution z(x, t) de l'équation
∂2z ∂2z
= ,
∂t2 ∂x2
telle que pour t = 0 et x ∈ [a, b],
∂z
z(x, 0) = u(x), (x, 0) = v(x).
∂t
Réponse : On obtient
 Z x+t 
1
z(x, t) = g(x − t) + h(x + t) = u(x − t) + u(x + t) + v(τ )dτ .
2 x−t

(cette expression n'a de sens que si x − t, x + t ∈ [a, b] car u et v ne sont dénis


que sur cet intervalle).

Remarque 30 Supposons que dans une équation n'interviennent que des déri-
vées partielles par rapport à une même variable. On peut donc étudier une telle
équation comme une équation diérentielle ordinaire tandis que les constantes
d'intégration doivent être considérées comme des fonctions de la variable joueant
le rôle d'un paramètre. De même, si dans une équation n'apparaissent que des
dérivées partielles d'une même dérivée partielle par rapport à l'une des va-
riables alors on peut étudier une telle équation en considérant cette dernière
dérivée partielle comme une inconnue intermédiaire.
Exercice 3.2 Intégrer l'équation
∂2z
= x + y,
∂x2

Réponse : On a z = x3
6
+ x2 y
2
+ g1 (y)x + g2 (y), où g1 et g2 sont des fonctions
arbitraires de y .
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 21

Exercice 3.3 Déterminer la solution de l'équation


∂2z
2
= (1 + y 2 )z,
∂x
vériant les conditions initiales suivantes :
∂z
z(0, y) = y, (0, y) = 0.
∂x
 p 
Réponse : On obtient z(x, y) = y cosh x 1 + y .2

Exercice 3.4 Résoudre l'équation


∂2f ∂2f
x + y = 0,
∂x2 ∂x∂y
Réponse : On a
Z   Z  
x x
f (x, y) = ϕ dx + ψ(y) = y ϕ(t)dt + ψ(y) = yΦ + ψ(y),
y y
où Φ et ψ sont des fonctions arbitraires.
Remarque 31 Pour réduire l'équation aux dérivéeés partielles (4.2.1) à sa
forme canonique, on peut raisonner (de manière équivalente) comme suit :
(i) Si b2 − ac > 0, alors l'équation (4.2.1) est hyperbolique. L'équation
(4.2.2) possède deux intégrales
ϕ(x, y) = C1 , ψ(x, y) = C2 .

Ce sont deux familles de caractéristiques réelles. En posant


ξ = ϕ(x, y), η = ψ(x, y),

on ramène l'équation (4.2.1) à sa forme canonique :


∂2z
 
∂z ∂z
= Φ ξ, η, z, , .
∂ξ∂η ∂ξ ∂η

(ii) Si b2 − ac = 0, alors l'équation (4.2.1) est parabolique. L'équation


(4.2.2) possède une intégrale
ϕ(x, y) = C.

Les deux familles de caractéristiques se confondent. On pose


ξ = ϕ(x, y), η = ψ(x, y),
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 22

où ψ est une fonction arbitraire telle que : ∂ξ ∂η


∂x ∂y
− ∂ξ ∂η
∂y ∂x
6= 0. On ramène ainsi
l'équation (4.2.1) à sa forme canonique :
∂2z
 
∂z ∂z
= Φ ξ, η, z, , .
∂2η ∂ξ ∂η

(iii) Si b2 −ac < 0, alors l'équation (4.2.1) est elliptique. L'équation (4.2.2)
possède deux intégrales
ϕ(x, y) + iψ(x, y) = C1 , ϕ(x, y) − iψ(x, y) = C2 .

En posant
ξ = ϕ(x, y), η = ψ(x, y),
on réduit l'équation (4.2.1) à sa forme canonique :
∂2z ∂2z
 
∂z ∂z
+ = Φ ξ, η, z, , .
∂2ξ ∂2η ∂ξ ∂η

Exercice 3.5 Réduire à la forme canonique l'équation aux dérivées partielles :


2
2∂
z ∂2z 2
2∂ z
x + 2xy +y = 0.
∂x2 ∂x∂y ∂y 2
Réponse : On obtient
∂2z
= 0.
∂η 2
Exercice 3.6 En utilisant le changement de variable : u = x, v = xy , détermi-
ner les fonctions f de classe C 2 solutions de l'équation aux dérivées partielles
de l'exercice précédent, sur l'ouvert Ω =]0, +∞[×]0, +∞[⊂ R2 .
Réponse : La solution de l'équation proposée est
   
x x
f (x, y) = xϕ +ψ .
y y

Exercice 3.7 Réduire à la forme canonique l'équation aux dérivées partielles :


∂2z 2
2∂ z
y2 + x = 0.
∂x2 ∂y 2
Réponse : On obtient
∂2z ∂2z
 
∂z ∂z
2ξη + +η +ξ = 0.
∂ξ 2 ∂η 2 ∂ξ ∂η
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 23

Exercice 3.8 On considère l'équation aux dérivées partielles de fonction in-


connue z(x, y), de classe C 2 :
∂2z ∂2z
x4 − = 0.
∂x2 ∂y 2
a) Déterminer ses caractéristiques.
b) Former l'intégrale générale de cette équation.
c) Déterminer des solutions élémentaires de cette équation par la méthode
de séparation des variables.
Réponse : a) L'équation des caractéristiques est
 2
4 ∂y
x − 1 = 0,
∂x
c'est-à-dire,
∂y 1
= ± 2,
∂x x
d'où,
1

+ C1
y= x
1 (C1 , C2 : constantes).
−x + C2
b) On trouve,
    
x 1 1
z(x, y) = g +y +h − +y .
2 x x
c) On obtient
 √ √  √ √ 
λ λ
λ > 0, z(x, y) = x Ae− λy + Be λy Ce− x + De x ,

λ = 0,
z(x, y) = (A + By)(Cx + D),
√ √ 
 √ √  −λ −λ
λ < 0, u(x) = x A cos −λy + B sin −λy C cos + D sin ,
x x
où A, B , C , D sont des constantes.
Exercice 3.9 Déterminer la solution de l'équation aux dérivées partielles :
∂2z 1 ∂2z
− = sin(αx − ωt),
∂x2 k 2 ∂t2
qui satisfait aux conditions initiales
∂z
z(x, 0) = 0, (x, 0) = 0.
∂t
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 24

Réponse : On a
sin α(x − kt) sin α(x + kt) sin(αx − ωt) ω
z(x, t) = + + , λ≡ .
2α(α − λ) 2α(α + λ) λ2 − α 2 k

Exercice 3.10 Résoudre l'équation aux dérivées partielles :


∂3z ∂3z ∂3z
+ − 6 = 0.
∂x2 ∂y ∂x∂y 2 ∂y 3

Réponse : L'équation proposée admet l'intégrale générale


z(x, y) = f (x) + g(2x + y) + h(−3x + y),

où f , g et h sont des fonctions arbitraires.

Exercice 3.11 (Problème de Dirichlet). Etant donné un domaine Ω dont le


bord ∂Ω est une courbe et ϕ : ∂Ω −→ R une fonction continue, chercher une
fonction f ∈ C 0 (Ω) ∩ C 2 (Ω) telle que :
∆f = 0 dans Ω


f = ϕ sur ∂Ω

où ∆ est l'opérateur de Laplace.


Exercice 3.12 (Problème de Neumann). Sous les mêmes hypothèses (exer-
cice précédent) sur Ω et étant donnée une fonction continue ψ : ∂Ω −→ R,
déterminer une fonction f ∈ C 1 (Ω) ∩ C 2 (Ω) telle que :
∆f = 0 dans Ω

∂f
∂n
= ψ sur ∂Ω

où ∂f
∂n
représente la dérivation suivant le vecteur unitaire normal extérieur.
Pour l'étude des problèmes de Dirichlet et de Neumann via la formulation
variationnelle, voir plus loin.
Chapitre 4
Formulation variationnelle des
EDP
(espaces de Sobolev, problèmes de Dirichlet, problèmes de Neumann,...)

On note x = (x1 , ..., xn ) ∈ Rn , le symbole nabla ∇ représente le gradient


de u,
∂u ∂u
∇u(x) = gradu(x) = ( , ..., ),
∂x1 ∂xn
et div désigne l'opérateur divergence, il s'applique à une fonction vectorielle,
∂v1 ∂vn
div(v1 (x), ..., vn (x)) = + ··· + ,
∂x1 ∂xn
le symbole ∆ désigne le laplacien de u,
∂2u ∂2u
∆u(x) = div∇u(x) = + · · · + .
∂x21 ∂x2n

Espaces de Sobolev
Soit Ω ⊂ Rn , un ouvert. L'espace de Sobolev H 1 (Ω) est l'espace des fonc-
tions de L2 (Ω) dont les dérivées partielles, au sens des distributions sont iden-
tiables à des fonctions localement intégrables qui sont aussi dans L2 (Ω) ;
 
∂u
H (Ω) = u ∈ L (Ω) tel que :
1 2 2
∈ L (Ω), 1 ≤ i ≤ n .
∂xi

Autrement dit, une fonction u ∈ L2 (Ω) est dans H 1 (Ω) s'il existe v1 , ..., vn ∈
L2 (Ω) tels que :
Z Z
∂ϕ
u dx = − vi ϕdx, ∀ϕ ∈ D(Ω), 1 ≤ i ≤ n
Ω ∂xi Ω

25
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 26

où D(Ω) (que l'on note également Cc∞ (Ω)) désigne l'espace des fonctions in-
déniment dérivables à support compact dans Ω. Et d'après la théorie des
distributions, les vi sont notées ∂x
∂u
i
. L'espace H 1 (Ω) muni du produit scalaire
Z
(u, v)H 1 (Ω) = (uv + ∇u.∇v)dΩ,

est complet ; c'est un espace de Hilbert (espace vectoriel muni d'un produit
scalaire et qui est complet pour la norme (u, u) 2 ). On note
1

Z  12   12
2 2
kukH 1 (Ω) = (u + k∇uk )dΩ = kuk2L2 (Ω) + k∇uk2L2 (Ω) .

Pour n ≥ 2 un entier, l'espace de Sobolev H n (Ω) est déni par


H n (Ω) = u ∈ L2 (Ω) tel que : ∂ α u ∈ L2 (Ω), ∀α ∈ Nn , |α| ≤ n ,


où n
n
X ∂ |α| u
α = (α1 , ..., αn ) ∈ N , |α| = αi , ∂αu = .
i=1
∂xα1 1 ...∂xαnn
Muni du produit scalaire
Z X
(u, v)H n (Ω) = ∂ α u(x)∂ α v(x)dx,
Ω |α|≤n

H n (Ω) est un espace de Hilbert et on note la norme associée


p
kukH n (Ω) = (u, u).

L'espace H01 (Ω) désigne l'adhérence (fermeture) de D(Ω) dans H 1 (Ω) pour
la norme de H 1 (Ω) :
H 1 (Ω)
H01 (Ω) = D(Ω) ,
c'est-à-dire les fonctions de H01 (Ω) sont les limites dans H 1 (Ω) des suites de
fonctions de D(Ω). Muni du produit scalaire de H 1 (Ω), H01 (Ω) est un espace
de Hilbert (en tant que sous-espace fermé d'un espace de Hilbert H 1 (Ω)).
Si Ω est un ouvert borné, alors on a H01 (Ω) $ H 1 (Ω) et si Ω = Rn , alors
H01 (Rn ) = H 1 (Rn ).
Les fonctions de l'espace de Sobolev H 1 (Ω), Ω ⊂ Rn , peuvent avoir des
singularités. Les propriétés essentielles de H 1 (Ω) qui seront utiles dans l'étude
des problèmes aux limites, dépendent de la régularité de la frontière de l'ouvert
Ω. Dans le cas où Ω est régulier, par exemple de classe C 1 (c'est-à-dire que
sa frontière est localement le graphe d'une fonction C 1 ), les fonctions de cet
espace ont une trace (voir ci-dessous) sur le bord ∂Ω de Ω, elle se prolonge en
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 27

un opérateur linéaire continu de H 1 (Ω) dans L2 (Ω) et va jouer un rôle cruciale


dans ce qui va suivre.
Pour décrire cette notion de trace, considérons un ouvert borné Ω ⊂ Rn , de
classe C 1 . Comme l'adhérence Ω de Ω est un fermé, alors lorsque Ω est borné on
a D(Ω) = C ∞ (Ω). L'espace D(Ω) est dense dans H 1 (Ω) et (théorème de trace)
l'application trace
γ0 : D(Ω), k.kH 1 (Ω) −→ C 0 (∂Ω), k.kL2 (∂Ω) ,
 
u 7−→ u|∂Ω ,

est une application linéaire continue qui se prolonge de manière unique en une
application linéaire continue de H 1 (Ω) dans L2 (∂Ω) ; c'est la trace de u sur ∂Ω
notée également γ0 ,
γ0 : H 1 (Ω) −→ L2 (∂Ω), u 7−→ γ0 (u) = u|∂Ω .

En particulier (continuité), on a
∃C > 0, ∀u ∈ H 1 (Ω), kγ0 (u)kL2 (∂Ω) ≤ CkukH 1 (Ω) ,

la norme de γ0 étant
ku|∂Ω kL2 (∂Ω)
kγ0 k = sup .
06=u∈H 1 (Ω) kukH 1 (Ω)

Il faut bien noter que les fonctions de L2 (Ω) n'ont pas nécessairement une trace
sur le bord. Par contre grâce au théorème de trace, les fonctions de H 1 (Ω) ont
bien une trace sur le bord.
On a les inégalités suivantes où Ω ⊂ Rn est un ouvert borné et C ≡ CΩ > 0
ne dépend que de Ω :
∀u ∈ H01 (Ω), kukL2 (Ω) ≤ Ck∇ukL2 (Ω) , (inégalité de Poincaré)

∀u ∈ H 1 (Ω), ku−huiΩ kL2 (Ω) ≤ Ck∇ukL2 (Ω) , (inégalité de Poincaré-Wirtinger)


où Z
1
huiΩ = u(x)dx,
|Ω| Ω
est la moyenne de u sur R et |Ω| = Ω dx.
R

Pour le comportement sur le bord ∂Ω, on montre que si Ω est un ouvert


borné de classe C 1 et si u ∈ H 1 (Ω) ∩ C(Ω), alors
u = 0 sur ∂Ω ⇐⇒ u ∈ H01 (Ω).

En terme de l'application trace γ0 , l'espace H01 (Ω) est le noyau de γ0 ,


H01 (Ω) = ker γ0 = u ∈ H 1 (Ω); γ0 (u) = 0 dans L2 (∂Ω) .

A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 28

La notion de trace permet d'introduire la formule de Green (intégration


par parties en dimension > 1) pour les fonctions de H 1 (Ω). Plus précisément,
soient Ω un ouvert borné de classe C 1 et u, v ∈ H 1 (Ω), alors
Z Z Z
∂u ∂v
(x)v(x)dx = − u(x) (x)dx + u(x)v(x)ni (x)dσ,
Ω ∂xi Ω ∂xi ∂Ω

où n = (ni )1≤i≤n est la normale unitaire extérieure à ∂Ω et dσ est la mesure


supercielle du bord ∂Ω.
L'image Im γ0 de l'application trace γ0 n'est pas L2 (∂Ω), mais un sous-
espace plus petit que L2 (Ω), dense dans L2 (∂Ω) et constitué de fonctions en
quelque sorte plus régulières. Cet espace de Sobolev fractionnaire est noté
H 1/2 (∂Ω) et il est déni par
 
1/2 2 |u(x) − u(y)| 2
H (∂Ω) = u ∈ L (∂Ω) : (x, y) 7−→ ∈ L (∂Ω × ∂Ω) ,
|x − y|(n+1)/2
ou encore

H 1/2 (∂Ω) = u ∈ L2 (∂Ω) : ∃v ∈ H 1 (Ω), γ0 (v) = u ∈ L2 (∂Ω∂) .




C'est un espace de Hilbert pour la norme

kukH 1/2 (∂Ω) = inf kvkH 1 (Ω) .


v∈H 1 (Ω),γ0 v=u

Dès lors, on montre qu'il existe une application linéaire continue (on dit aussi
opérateur de relèvement), R : H 1/2 (∂Ω) −→ H 1 (Ω) vériant,

∀u ∈ H 1/2 (∂Ω), γ0 oR(u) = u.

De même, on peut introduire dans H n (Ω) la notion de trace et obtenir


des formules de Green. Par exemple pour n = 2 (cas qui va intervenir par la
suite), on sait que D(Ω) est dense dans H 2 (Ω), Ω ⊂ Rn étant un ouvert borné
de classe C 1 , alors (théorème de trace) l'application trace dénie par
∂u
γ1 : D(Ω), k.kH 2 (Ω) −→ C 0 (∂Ω), k.kL2 (∂Ω) ,
 
u 7−→ ,
∂n ∂Ω

est une application linéaire continue qui se prolonge de manière unique en une
application linéaire continue de H 2 (Ω) dans L2 (∂Ω) ; c'est la trace de u sur ∂Ω
notée aussi γ1 ,
∂u
γ1 : H 2 (Ω) −→ L2 (∂Ω), u 7−→ γ1 (u) = .
∂n ∂Ω
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 29

En particulier (continuité),
∃C > 0, ∀u ∈ H 2 (Ω), kγ1 (u)kL2 (∂Ω) ≤ CkukH 2 (Ω) ,

la norme de γ1 étant
∂u
∂n ∂Ω L2 (∂Ω)
kγ1 k = sup .
06=u∈H 2 (Ω) kukH 2 (Ω)

Pour les fonctions de H 2 (Ω) on a une formule de Green : si Ω est un ouvert


borné de classe C 1 , u ∈ H 2 (Ω) et v ∈ H 1 (Ω), alors
Z Z Z
∂u
∆u(x)v(x)dx = − ∇u(x).∇v(x)dx + (x)v(x)dσ,
Ω Ω ∂Ω ∂n

où ∂u
∂n
= n.grad u est la dérivée normale de u sur ∂Ω, c-à-d.,

∂u
(x) = n(x).∇u(x), x ∈ ∂Ω.
∂n
Pour montrer l'existence et l'unicité de solutions aux problèmes que nous
allons étudier, on utilise le théorème de Lax-Milgram suivant :

Soit E un espace de Hilbert, a : E × E −→ R une forme bilinéaire


- continue, c-à-d., ∃Ma > 0, ∀u, v ∈ E , |a(u, v)| ≤ Ma kukkvk,
et
- coercive, c-à-d., ∃α > 0, ∀u ∈ E , a(u, u) ≥ αkuk2 .
Si l : E −→ R est une forme linéaire continue c-à-d., v 7−→ l(v) est linéaire et
∃C > 0 : ∀v ∈ E , |l(v)| ≤ Ckvk, alors la formulation variationnelle :

Trouver u ∈ E tel que : ∀v ∈ E , a(u, v) = l(v),

admet une solution unique dans E . En outre, cette solution dépend conti-
nûment de la forme linéaire l.

Par ailleurs, lorsque les hypothèses du théorème de Lax-Milgram sont sa-


tisfaites et si en outre la forme bilinéaire a est symétrique (a(u, v) = a(v, u)),
alors u est l'unique solution du problème de minimisation suivant :

Trouver u ∈ E tel que : J(u) ≤ J(v),

où J est dénie pour v ∈ E par


1
J(v) = a(v, v) − l(v).
2
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 30

La solution u est caractérisée par

J(u) = min J(v).


v∈E

Réciproquement, si u ∈ E est un point de minimum de J(v), alors u est


l'unique solution de la formulation variationnelle ci-dessus.

Problèmes de Dirichlet et de Neumann


Considérons le problème aux limites
−∆u = f dans Ω

(4.1)
u = 0 sur ∂Ω

où Ω ⊂ Rn est un ouvert borné, ∂Ω son bord et f une fonction donnée.


La formulation classique de (4.1) consiste à chercher u ∈ C 2 (Ω) ∩ C 1 (Ω),
solution de ce problème. Autrement dit, une fonction u : Ω −→ R est dite
solution classique de ce problème si u ∈ C 2 (Ω) ∩ C 1 (Ω) et u vérie (4.1).
Soit v ∈ C 2 (Ω) ∩ C 1 (Ω), v = 0 sur ∂Ω. En multipliant l'équation −∆u = f
par v et en intégrant par parties, on obtient (en vertu de la formule de Green
et de la condition homogène au bord) l'expression
Z Z
∇u.∇vdx = f vdx,
Ω Ω

pour toute fonction v ∈ C 2 (Ω) ∩ C 1 (Ω) avec v = 0 sur∂Ω. Si E désigne l'espace


de ces fonctions, alors la transformation du problème classique (4.1) en
Z Z
Trouver u ∈ E, ∀v ∈ E, ∇u.∇vdx = f vdx, (4.2)
Ω Ω
consiste à écrire la formulation variationnelle du problème. Notons la dualité
qui existe entre la formulation classique (4.1) qui peut s'écrire

Trouver u ∈ E, ∀x ∈ Ω, −∆u(x) = f (x), (4.3)


et la formulation variationnelle (4.2), entre l'espace des points Ω et l'espace
des fonctions E . L'existence et l'unicité de solution à (4.2) s'obtient à l'aide
du théorème de Lax-Milgram qui fournit des conditions susantes pour qu'un
problème de la forme

Trouver u ∈ E , ∀v ∈ E , a(u, v) = l(v),

(où a est une forme bilinéaire et l une forme linéaire), admet une solution
unique. Pour que les termes de (4.2) aient un sens, il sut (régularité) que
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 31

u, v ∈ C 1 (Ω) ∩ C 0 (Ω). On sait que dans le théorème de Lax-Milgram, E est


un espace de Hilbert. Or ici l'espace E = {u ∈ C 1 (Ω) ∩ C 0 (Ω), u = 0 sur ∂Ω},
n'est pas un espace de Hilbert car il n'est pas complet. Pour remédier à ce pro-
blème, on fait appel aux espaces de Sobolev qui joueront le rôle de complétés
d'espaces de ce type et constituent le bon cadre fonctionnel pour l'étude de ce
genre de problèmes aux limites.
Dans ce qui va suivre, on va utiliser les espaces de Sobolev, les dérivées
seront au sens des distributions et les conditions aux limites au sens de la
théorie des traces. L'étude de ce type de problèmes via l'approche variationnelle
consiste tout d'abord à
- établir une formulation variationnelle,
ensuite
- montrer que cette formulation possède une solution unique,
et enn
- prouver l'équivalence avec le problème initial.
Nous allons appliquer cette démarche avec plus de détail à l'étude de
quelques problèmes ci-dessous. Rappelons (voir chapite 1) qu'un problème est
dit bien posé (au sens de Hadamard) s'il admet pour toute donnée (second
membre, ouvert, données au bord, etc.), une solution unique et si celle-ci dé-
pend continûment de la donnée.

Problème de Dirichlet "homogène" :

Etant donné un ouvert Ω borné de classe C 1 , de frontière ∂Ω, on cherche


une solution au problème de Dirichlet avec conditions aux limites homogènes,
−∆u = f dans Ω

(4.4)
u = 0 sur ∂Ω
où f ∈ L2 (Ω) une fonction donnée. On multiplie l'équation −∆u = f par une
fonction v et on intégre sur Ω,
Z Z
−(∆u)vdx = f vdx.
Ω Ω

Puis on eectue une intégration par parties (formule de Green), ce calcul est
formel pour le moment et sera justié ci-dessous,
Z Z Z
∂u
∇u.∇dx − .vdσ = f vdx,
Ω ∂Ω ∂n Ω

où dσ est la mesure supercielle du bord ∂Ω. (On utilisera ici et plus loin
indiéremment la notation dx ou dΩ). On souhaite que u et v soient dans un
même espace de Hilbert E et que v = 0 sur le bord ∂Ω, d'où
Z Z
∇u.∇vdx = f vdx.
Ω Ω
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 32

Une condition susante pour que Ω ∇u.∇vdx ait un sens est ∇u, ∇v ∈ L2 (Ω) ;
R

il sut de considérer composante par composante. Par hypothèse, f ∈ L2 (Ω),


donc pour que Ω f vdx ait un sens, il sut que v ∈ L2 (Ω). L'idée est de choisir
R

l'espace E = H01 (Ω) et celui-ci va en outre nous permettre de faire disparaitre


l'intégrale sur le bord ci-dessus. Dès lors, la formulation variationnelle (ou
formulation faible) de ce problème est
Z Z
Trouver u ∈ H01 (Ω), ∀v ∈ H01 (Ω), ∇u.∇vdx = f vdx. (4.5)
Ω Ω

Pour montrer que cette formulation variationnelle admet une solution unique,
on applique le théorème de Lax-Milgram avec
Z Z
a(u, v) = ∇u.∇vdx, l(v) = f vdx,
Ω Ω

sur l'espace H01 (Ω) muni de la norme

kukH01 (Ω) = k∇ukL2 (Ω) .

Notons que a est une forme bilinéaire sur H01 (Ω) × H01 (Ω). La continuité de a
résulte de l'inégalité de Cauchy-Schwarz
Z
|a(u, v)| = ∇u.∇vdx ≤ k∇ukL2 (Ω) .k∇vkL2 (Ω) ≤ kukH 1 (Ω) kvkH 1 (Ω) ,

pour tout u, v ∈ H01 (Ω) et rappelons que :


  12
kukH 1 (Ω) = kuk2L2 (Ω) + k∇uk2L2 (Ω) .

D'après l'inégalité de Poincaré, il existe une constante C ≡ CΩ > 0 tel que :

∀u ∈ H01 (Ω), kukL2 (Ω) ≤ Ck∇ukL2 (Ω) ,

c-à-d., Z Z
2
u dΩ ≤ C |∇u|2 dΩ.
Ω Ω
Comme Z Z
kuk2H 1 (Ω) = 2 2
(|∇u| + u )dΩ ≤ (1 + C) |∇u|2 dΩ,
Ω Ω

alors il existe une constante α ≡ > 0 tel que :


1
1+C
Z
∀u ∈ H01 (Ω), a(u, u) = |∇u|2 dx ≥ αkuk2H 1 (Ω) ,

A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 33

donc a est coercive. Enn, l est linéaire sur H01 (Ω) et sa continuité résulte aussi
de l'inégalité de Cauchy-Schwarz,
Z
∀v ∈ H01 (Ω), |l(v)| = f vdΩ ≤ kf kL2 (Ω) kvkL2 (Ω) ≤ kf kL2 (Ω) kvkH 1 (Ω) ,

(ce qui est équivalent à dire que l ∈ H −1 (Ω), dual topologique de H01 (Ω)). Les
hypothèses du théorème de Lax-Milgram étant satisfaites, on en conclut qu'il
existe une unique fonction u ∈ H01 (Ω) solution de la formulation variationnelle
(4.5). (Notons que l'on peut appliquer le théorème de Lax-Milgram sur l'espace
H01 (Ω) muni de la norme kukH 1 (Ω) de H 1 (Ω). Dans ce cas, a et l sont évidem-
ment continues et la coercivité de a résulte de l'inégalité de Poincaré. Signalons
que lorsque l'ouvert Ω n'est pas borné, on n'est plus assuré de l'existence de la
solution). On vient de prouver que la formulation variationnelle (4.5) possède
une solution unique et pour montrer l'équivalence avec le problème initial, on
procède comme suit : on suppose que l'on dispose d'une solution régulière au
problème (4.5), en général dans l'espace H 2 (Ω) (on parle de solution forte).
Par hypothèse Ω est un ouvert borné de classe C 1 . Pour v ∈ H01 (Ω) ; on a v = 0
sur le bord ∂Ω et donc
Z Z
∇u.∇vdx = − (∆u)vdx,
Ω Ω

en vertu de la formule de Green. En tenant compte de (4.5), on obtient pour


tout v ∈ D(Ω), Z
(∆u + f )f dx = 0,

et comme f ∈ L2 (Ω), alors


∆u + f = 0,
presque partout dans Ω. On déduit du théorème de trace que la trace sur le
bord ∂Ω de toute fonction de H01 (Ω) est nulle dans L2 (Ω). Dès lors, u = 0
presque partout sur ∂Ω. Finalement, on a obtenu le problème (4.4).
Par ailleurs, la forme bilinéaire a étant symétrique (a(u, v) = a(v, u)), on
montre que si u ∈ H01 (Ω) est l'unique solution de la formulation variationnelle
(4.5), alors u est l'unique point de minimum de
Z Z
1 2
J(v) = |∇v| dx − f vdx, v ∈ H01 (Ω),
2 Ω Ω

c-à-d.,
J(u) = min
1
J(v).
v∈H0 (Ω)

Réciproquement, si u ∈ H01 (Ω) est un point de minimum de J(v), alors u est


l'unique solution de la formulation variationnelle (4.5).
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 34

(Note : Si la solution u de la formulation variationnelle (4.5) n'est plus


supposée régulière et s'il en est de même de l'ouvert Ω, alors dans ce cas il
faut utiliser un autre raisonnement car on ne peut plus utiliser la formule
de Green ni même le théorème de trace si Ω n'est pas régulier. Notons que
chaque composante de ∇u appartient à L2 (Ω). D'après (4.5) et l'inégalité de
Cauchy-Schwarz, il existe une constante C > 0 telle que :
Z Z
∀v ∈ H01 (Ω), ∇u.∇vdx = f vdx ≤ CkvkL2 (Ω) .
Ω Ω

Or D(Ω) ⊂ H01 (Ω), donc l'inégalité ci-dessus montre que ∇u possède une
divergence (au sens faible)1 dans L2 (Ω). Autrement dit,
Z Z
∀v ∈ D(Ω), ∇u.∇vdx = − (div∇u)vdx.
Ω Ω

Dès lors, Z
∀v ∈ D(Ω), (div∇u + f )vdx = 0,

et on en déduit que2
div∇u + f = 0,
presque partout dans Ω. Comme f ∈ L2 (Ω) et div∇u = ∆u, alors

div∇u = −f = ∆u ∈ L2 (Ω).

Par conséquent, on a retrouvé l'équation : −∆u = f , presque partout dans


Ω. Ainsi que u = 0, presque partout sur ∂Ω si l'ouvert Ω est régulier. Or si
l'ouvert n'est pas régulier, on ne peut pas déduire du théorème de trace que
u = 0, presque partout sur ∂Ω. Cependant l'utilisation de l'espace de Sobolev
H01 (Ω) nous incite de façon formelle à dire que u = 0 sur le bord ∂Ω).

1 Soit ζ : Ω −→ Rm , ζ ∈ L2 (Ω)m . On dit que ζ possède une divergence (au sens faible)

dans L (Ω) s'il existe w ∈ L2 (Ω) tel que :


2

Z Z
∀ϕ ∈ D(Ω), ζ(x).∇ϕ(x)dx = − w(x)ϕ(x)dx.
Ω Ω

On note : w = divζ (divergence faible). Par ailleurs, on montre que si ζ ∈ L2 (Ω)m et s'il

existe C > 0 tel que :


Z
∀ϕ ∈ D(Ω), ζ(x).∇ϕ(x)dx ≤ CkϕkL2 (Ω) ,

alors ζ possède une divergence (au sens faible)).


2 Soit f ∈ L2 (Ω).
R
Si pour tout ϕ ∈ D(Ω), Ω
f (x)ϕ(x)dx = 0, alors f (x) = 0 presque

partout dans Ω.
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 35

Problème de Dirichlet "non homogène" :

Sous les mêmes hypothèses sur Ω, on cherche une solution au problème de


Dirichlet avec conditions aux limites non homogènes,
−∆u = f dans Ω


u = g sur ∂Ω

où f ∈ L2 (Ω) et g ∈ H 1/2 (∂Ω) ⊂ L2 (∂Ω) sont des fonctions données. On


montre que ce problème admet une unique solution (faible) u ∈ H 1 (Ω). Notons
d'abord qu'en raisonnant comme dans le cas homogène, on multiplie l'équation
aux dérivées partielles : −∆u = f par une fonction v ∈ H01 (Ω) (pour annuler
le terme sur le bord), on obtient
Z Z
∇u.∇vdx = f vdx,
Ω Ω

via la formule de Green. La formulation variationnelle est

Trouver u ∈ E , ∀v ∈ H01 (Ω), f vdx,


R R

∇u.∇vdx = Ω

E = {u ∈ H 1 (Ω) : γ0 (u) = g ∈ L2 (∂Ω)},
et γ0 est l'application trace. Comme l'espace des solutions n'est pas le même
que celui des fonctions v , alors pour pouvoir utiliser le théorème de Lax-
Milgram, on va "symétriser" le problème. Comme Ω est un ouvert borné de
classe C 1 et g ∈ H 1/2 (∂Ω), alors l'application trace γ0 sur ∂Ω de H 1 (Ω) dans
L2 (∂Ω) est telle que :
γ0 (ζ) = g, ζ ∈ H 1 (Ω).
En posant v = u − ζ (ici ζ joue le rôle d'un relèvement que nous avons noté
précédemment R), le problème ci-dessus se ramène à celui-ci
−∆v = f + ∆ζ dans Ω


v = 0 sur ∂Ω
Pour établir la formulation variationnelle de ce problème et appliquer les ré-
sultats obtenus précédemment, on va raisonner un peu diéramment (il faut
noter que pour ζ ∈ H 1 (Ω), ∆ζ ∈/ L2 (Ω) mais ∆ζ ∈ D0 (Ω) où D0 (Ω) est l'espace
des distributions). Pour toute fonction ϕ ∈ D(Ω), on a
h−∆v, ϕi = hf, ϕi + h∆ζ, ϕi,
c'est-à-dire (en tenant compte de la dérivation au sens des distributions),
n   n  
X ∂v ∂ϕ X ∂ζ ∂ϕ
∀ϕ ∈ D(Ω), , = hf, ϕi − , ,
i=1
∂xi ∂xi i=1
∂xi ∂xi
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 36

ou encore (les termes dans les crochets appartiennent à L2 (Ω)),


Z Z Z
∇v.∇ϕdx = f ϕdx − ∇ζ.∇ϕdx.
Ω Ω Ω

La formulation variationnelle du problème ci-dessus est donc

Trouver v ∈ H01 (Ω), ∀w ∈ H01 (Ω), ∇ζ.∇wdx.


R R R

∇v.∇wdx = Ω
f wdx − Ω

Dès lors, on applique le théorème de Lax-Milgram avec


Z Z Z
a(v, w) = ∇v.∇wdx, l(w) = f wdx − ∇ζ.∇wdx.
Ω Ω Ω

On a montré précédemment que la forme a est bilinéaire, continue et coercive


sur l'espace H01 (Ω) × H01 (Ω). Notons que l est linéaire et elle est continue car
Z Z
|l(w)| = f wdx − ∇ζ.∇wdx ,
Ω Ω
≤ kf kL2 (Ω) kwkL2 (Ω) + k∇ζkL2 (Ω) k∇wkL2 (Ω) ,
≤ kf kL2 (Ω) kwkH 1 (Ω) + k∇ζkL2 (Ω) kwkH 1 (Ω) ,
≤ Ck∇wkH 1 (Ω) ,
où C ≡ max kf kL2 (Ω) , k∇ζkL2 (Ω) . Toutes les hypothèses du théorème de


Lax-Milgram étant satisfaites, on en déduit que ce problème, c-à-d.,

Trouver v ∈ H01 (Ω), ∀w ∈ H01 (Ω), a(v, w) = l(w),

admet une solution unique. Comme u = v + ζ , alors u est une solution


(faible) du problème proposé. En outre, cette solution est unique (en eet,
si u1 , u2 ∈ H 1 (Ω) avec γ0 (u1 ) = γ0 (u2 ) = g ∈ L2 (∂Ω) et
Z Z Z
∀w ∈ H01 (Ω), ∇u1 .∇wdx = ∇u2 .∇wdx = f wdx,
Ω Ω Ω

alors, u1 − u2 ∈ H01 (Ω) et on a


Z Z
∀w ∈ H01 (Ω), ∇(u1 − u2 ).∇wdx = f wdx.
Ω Ω

Le théorème de Lax-Milgram arme que ce problème possède une solution


unique et comme 0 est solution, alors u1 − u2 = 0).
On montre également à l'aide du théorème de Lax-Milgram que la solution
v vérie

kvkH 1 (Ω) ≤ C kf kL2 (Ω) + k∇ζkL2 (Ω) ,

≤ C kf kL2 (Ω) + kζkH 1 (Ω) ,

≤ C kf kL2 (Ω) + kζkH 1/2 (Ω) ,
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 37

où C ne dépend que de Ω et on a une estimation similaire pour la solution


u = v + ζ ∈ H 1 (Ω),

kukH 1 (Ω) ≤ C kf kL2 (Ω) + kgkH 1/2 (∂Ω) .

Problème de Neumann "homogène" :

Sous les mêmes hypothèses sur Ω, on cherche une fonction u telle que :
−∆u + u = f dans Ω

∂u
∂n
= 0 sur ∂Ω

où f ∈ L2 (Ω) et n est la normale unitaire à ∂Ω extérieure à Ω. On suppose qu'il


existe une solution (forte) u ∈ H 2 (Ω) à ce problème. On multiplie l'équation
−∆u + u = f par v ∈ H 1 (Ω) et on intégre sur Ω. D'où
Z Z
(−(∆u)v + uv)dΩ = f vdΩ,
Ω Ω

et d'après la formule de Green, on obtient


Z Z Z
∂u
(∇u.∇v + uv)dΩ − vdσ = f vdΩ.
Ω ∂Ω ∂n Ω

Or ∂n
∂u
= 0 sur ∂Ω (mais u n'est pas connu sur le bord), donc la formulation
variationnelle de ce problème est

Trouver u ∈ H 1 (Ω), ∀v ∈ H 1 (Ω), f vdΩ.


R R

(∇u.∇v + uv)dΩ = Ω

Pour montrer que cette formulation admet une solution unique, on va utiliser
le théorème de Lax-Milgram avec
Z Z
a(u, v) = (∇u.∇v + uv)dΩ, l(v) = f vdΩ,
Ω Ω

La forme a est bilinéaire sur H 1 (Ω) × H 1 (Ω). Elle est continue car d'après
l'inégalité de Cauchy-Schwarz, on a
Z
1
∀u, v ∈ H (Ω), |a(u, v)| = (∇u.∇v + uv)dΩ ≤ kukH 1 (Ω) kvkH 1 (Ω) .

En outre a est coercive car a(v, v) = kvk2H 1 (Ω) pour tout v ∈ H 1 (Ω). Enn, l est
linéaire sur H 1 (Ω) et sa continuité découle de l'inégalité de Cauchy-Schwarz,
Z
1
∀v ∈ H (Ω), |l(v)| = f vdΩ ≤ kf kL2 (Ω) kvkL2 (Ω) ≤ kf kL2 (Ω) kvkH 1 (Ω) .

A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 38

Les hypothèses du théorème de Lax-Milgram sont satisfaites et on en déduit


qu'il existe une unique fonction u ∈ H 1 (Ω) solution de la formulation va-
riationnelle ci-dessus. Le problème proposé et la formulation variationnelle
étant équivalents, la solution obtenue est aussi l'unique solution du problème
en question. Vérions avec plus de détail que si u est solution du problème
proposé avec u ∈ H 2 (Ω), alors u est aussi solution du problème variation-
nelle ci-dessus. La réciproque est également vraie. Soit u ∈ H 1 (Ω) solution
du problème proposé et supposons en outre que u ∈ H 2 (Ω). En multipliant
l'équation −∆u + u = f par v ∈ H 1 (Ω) et en intégrant par parties, on obtient
la formulation variationnelle ci-dessus. Réciproquemet, soit u solution de cette
formulation variationnelle. Celle-ci peut s'écrire dans l'espace des distributions
D0 (Ω) sous la forme :

h∆u, ∆vi + hu, vi = hf, vi,

où v ∈ D(Ω) ⊂ H 1 (Ω). On retrouve ainsi l'équation −∆u + u = f . Suppo-


sons en outre que la solution u de la formulation variationnelle appartienne à
l'espace H 2 (Ω) (en fait l'hypothèse u ∈ H 2 (Ω) ne pose pas de problème car
comme f ∈ L2 (Ω), alors la solution du problème variationnelle ci-dessus est
régulière au sens H 2 (Ω)). Comme précédemment, une intégration par parties
fournit l'expression
Z Z Z
1 ∂u
∀v ∈ H (Ω), (−∆u + u)vdΩ + vdσ = f vdΩ,
Ω ∂Ω ∂n Ω

dont les termes ont bien un sens car −∆u ∈ L2 (Ω), ∂n ∂u


∈ L2 (Ω) puisque
u ∈ H 2 (Ω). Cette expression peut encore s'écrire sous la forme
 
1 ∂u
∀v ∈ H (Ω), (−∆u + u, v)L2 (Ω) − (f, v)L2 (Ω) = − ,v .
∂n L2 (Ω)

L'espace D(Ω) est dense dans L2 (Ω) et il en est de même de γ0 (H 1 (Ω)) dans
L2 (∂Ω), γ0 étant l'application trace. Comme −∆u + u = f , alors on en déduit
que : ∂n
∂u
= 0 sur ∂Ω.
(Note : Lors de l'étude du problème proposé, on peut être tenté de faire
entrer la condition aux  limites dans∂vl'espace de recherche de la solution, c'est-
à-dire dans l'espace v ∈ H 1 (Ω) : ∂n = 0 sur ∂Ω . Or pour v ∈ H 1 (Ω), ∂n ∂v

n'a pas de sens sur ∂Ω car comme nous l'avons déjà signalé les fonctions de
L2 (Ω) n'ont pas nécessairement  une trace sur le bord ∂Ω. Il est inutile non
plus d'essayer de choisir l'espace v ∈ H 2 (Ω) : ∂n ∂v
= 0 sur ∂Ω . Ce dernier est
un sous-espace fermé de H (Ω). On ne peut pas utiliser le théorème de Lax-
2

Milgram puisque la forme bilinéaire a n'est pas coercive. Si on munit cet espace
de la norme k.kH 1 (Ω) , on aura certes la coercivité de a mais une autre diculté
apparait : cet espace muni de cette norme n'est pas un espace de Hilbert car
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 39

il n'est pas complet et on ne peut donc pas à nouveau appliquer le théorème


de Lax-Milgram).

Problème de Neumann "non homogène" :

Sous les mêmes hypothèses sur Ω, on cherche une fonction u telle que :
−∆u + u = f dans Ω

∂u
∂n
= g sur ∂Ω

où f ∈ L2 (Ω), g ∈ L2 (∂Ω) et n est la normale unitaire à ∂Ω extérieure à Ω. Il


sut de raisonner comme précédemment. La formulation variationnelle de ce
problème est

Trouver u ∈ H 1 (Ω), ∀v ∈ H 1 (Ω), gvdσ .


R R R

(∇u.∇v +uv)dx = Ω
f vdx+ ∂Ω

Ensuite en utilisant le théorème de Lax-Milgram avec


Z Z Z
a(u, v) = (∇u.∇v + uv)dx, l(v) = f vdx + gvdσ,
Ω Ω ∂Ω

on montre que cette formulation admet une solution unique. Enn, on prouve
l'équivalence avec le problème proposé ; que cette solution est aussi solution du
problème aux limites en question. (Comme a est symétrique, alors si u ∈ H 1 (Ω)
est l'unique solution de la formulation variationnelle ci-dessus, u est l'unique
point de minimum (c-à-d., J(u) = minv∈H 1 (Ω) J(v)) de
1
J(v) = a(v, v) − l(v), v ∈ H 1 (Ω).
2
Réciproquement, si u ∈ H 1 (Ω) est un point de minimum de J(v), alors u est
l'unique solution de la formulation variationnelle ci-dessus).
Note : Le fait d'avoir ajouté un terme d'ordre zéro au Laplacien dans les
deux problèmes précédents nous a aidé lors de l'étude de la coercivité de la
forme bilinéaire a. Nous allons voir ci-dessous une variante de ces problèmes
mais sans ajout du terme d'ordre zéro.

Un autre problème de Neumann "non homogène" :

On cherche une fonction u telle que :


−∆u = f dans Ω

∂u
∂n
= g sur ∂Ω

où Ω est un ouvert connexe de classe C 1 , f ∈ L2 (Ω), g ∈ L2 (∂Ω) et n est


la normale unitaire à ∂Ω extérieure à Ω. Supposons que l'on dispose d'une
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 40

solution forte u ∈ H 2 (Ω). En multipliant l'équation −∆u = f par v ∈ H 1 (Ω)


et en utilisant la formule de Green, on obtient
Z Z Z
∂u
∇u.∇vdx = f vdx + vdσ.
Ω Ω ∂Ω ∂n
En tenant compte de la condition sur ∂Ω (au sens des traces) pour u, il vient
Z Z Z
∇u.∇vdx = f vdx + gvdσ. (4.6)
Ω Ω ∂Ω

Considérons l'espace
 Z 
e1 1 2
H (Ω) = H (Ω) ∩ u ∈ L (Ω) : udx = 0 ,

dont la norme est celle de H 1 (Ω). La formulation variationnelle de ce problème


est

Trouver u ∈ He 1 (Ω), ∀v ∈ He 1 (Ω), gvdσ .


R R R

∇u.∇vdx = Ω
f vdx + ∂Ω

Posons Z Z Z
a(u, v) = ∇u.∇vdx, l(v) = f vdx + gvdσ.
Ω Ω ∂Ω

La continuité de la forme bilinéaire a sur H


e 1 (Ω) est évidente. Pour la coercivité,
il sut d'utiliser l'inégalité de Poincaré-Wirtinger mentionnée précédemment.
La forme l est linéaire et on a
|l(v)| ≤ kf kL2 (Ω) kvkL2 (Ω) + kgkL2 (∂Ω) kvkL2 (∂Ω) .

L'application trace H 1 (Ω) −→ L2 (∂Ω) étant continue, on en déduit qu'il existe


une constante C > 0 telle que :
kvkL2 (∂Ω) ≤ CkvkH 1 (Ω) .

Dès lors, il existe une constante C > 0 telle que :


e 1 (Ω),
∀v ∈ H |l(v)| ≤ CkvkH 1 (Ω) .

L'existence et l'unicité d'une solution u faible résulte dès lors du théorème de


Lax-Milgram et on a

kukH 1 (Ω) ≤ C kf kL2 (Ω) + kgkL2 (∂Ω) ,

où C est une constante ne dépendant que de Ω. En outre, on montre que


réciproquement toute solution forte u ∈ H 2 (Ω) du problème non homogène
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 41

ci-dessus vérie dans H e 1 (Ω) (4.6), c-à-d., une solution faible. On montre aussi
que toute solution faible est une solution de l'équation aux dérivées partielles
au sens des distributions. Notons enn que pour u ∈ H 1 (Ω), ∂n ∂u
n'a pas de sens
sur le bord ∂Ω mais on montre que ∂n s'identie à un élément de H −1/2 (∂Ω)
∂u

dual de l'espace H 1/2 (∂Ω).

Exercice 4.1 Soit Ω ⊂ Rn un ouvert borné de classe C 1 et de frontière ∂Ω.


A l'aide de l'approche variationnelle, démontrer l'existence et l'unicité de la
solution du problème suivant :
−∆u + u = f dans Ω


u = 0 sur ∂Ω

où f ∈ L2 (Ω).
Exercice 4.2 Même question pour les problèmes aux limites suivants :
−∆u = f dans Ω

∂u
∂n
+ u = g sur ∂Ω

et
−∆u + u = f dans Ω

∂u
∂n
+ cu = g sur ∂Ω
où f ∈ L2 (Ω), g ∈ L2 (∂Ω), c ≥ 0 et n est la normale unitaire à ∂Ω extérieure
à Ω.
Chapitre 5
Problèmes concernant des
opérateurs plus généraux ; à
coecients variables
(solutions classiques, solutions généralisées, fonctions et valeurs propres,
problèmes mixtes)

Les problèmes étudiés dans ce chapitre utilisent les méthodes expliquées


dans le chapitre précédent, peuvent être considérés comme des variantes des
précédents et fournissent d'autres informations supplémentaires. Ces problèmes
concernent des opérateurs plus généraux ; à coecients variables.

Solutions classiques, Solutions généralisées :

(•) Les équations de la forme


∂2u
− div(k(x)∇u(x, t)) + a(x)u(x, t) = g(x, t),
∂t2
sont hyperboliques. L'équation des ondes
n
∂2u ∂2u X ∂2u
u(x, t) = 2 − ∆u(x, t) = 2 − = g(x, t),
∂t ∂t i=1
∂x2i

est l'exemple le plus simple d'une équation hyperbolique.


(••) Les équations de la forme
∂u
− div(k(x)∇u(x, t)) + a(x)u(x, t) = g(x, t),
∂t
sont paraboliques. L'équation de la chaleur
∂u
− ∆u(x, t) = g(x, t),
∂t
42
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 43

est l'exemple le plus simple d'une équation parabolique.


(• • •) Les équations de la forme

Lu ≡ div(k(x)∇u) − a(x)u = g(x), (5.1)

sont elliptiques.
Soit Ω ⊂ Rn . On suppose que les coecients de cette équation sont réels et
a(x) ∈ C(Ω), k(x) ∈ C 1 (Ω), k(x) ≥ k0 > 0, ∀x ∈ Ω. En général, les fonctions
u(x) et g(x) sont à valeurs complexes.
Une fonction u ∈ C 2 (Ω) ∩ C(Ω) qui satisfait à l'équation (5.1) et sur le bord
∂Ω à la condition
u|∂Ω = ϕ(x) (donnée) (5.2)
s'appelle solution (classique) du problème de Dirichlet (1er problème aux li-
mites) pour l'équation (5.1).
Une fonction u ∈ C 2 (Ω) ∩ C 1 (Ω) satisfaitsant dans Ω l'équation (5.1) et sur
∂Ω la condition  
∂u
+ σ(x)u = ϕ(x), (5.3)
∂n ∂Ω

(σ(x) ∈ C(∂Ω) et ϕ(x) données), est dite solution (classique) du 3ème problème
aux limites pour l'équation (5.1) (on admet que σ(x) ≥ 0).
Lorsque σ(x) ≡ 0, dans (5.3), on a le problème de Neumann (2ème pro-
blème aux limites).
Quand n = 1, l'équation (5.1) se ramène à l'équation diérentielle ordinaire
suivante :
(k(x)u0 )0 − a(x)u = g(x), Ω =]α, β[
Les conditions aux limites des deux premiers problèmes considérés deviennent

u|x=α = ϕ0
u|x=β = ϕ1

et
(−u0 + σ0 u)|x=α = ϕ0


(−u0 + σ1 u)|x=β = ϕ1
où ϕ0 , ϕ1 , σ0 ≥ 0, σ1 ≥ 0, sont des constantes données.
Soit u(x), solution classique dans Ω du problème de Dirichlet (5.1), (5.2).
·
En multipliant l'équation (5.1) par une fonction quelconque v(x) ∈ C 1 (Ω)
(ensemble des fonctions de C 1 (Ω) à support borné) et en intégrant sur Ω, on
obtient à l'aide de la formule de Green, l'expression suivante :
Z Z
(k∇u∇v + auv)dx = − gvdx (5.4)
Ω Ω
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 44

(comme la fonction v est à support borné, alors (· · · ) = 0). Si on suppose


R
∂Ω
qu'en outre ∂x
∂u
i
∈ L2 (Ω), 1 ≤ i ≤ n, c-à-d.,
 
2 ∂u 2
u(x) ∈ u ∈ L (Ω) : ∈ L (Ω), ∀i = 1, ..., n ,
∂xi

(la dérivation est au sens des distributions) et g(x) ∈ L2 (Ω), alors l'expression
·
(5.4) est valable pour toutes les fonctions v(x) ∈ C 1 (Ω) et de plus pour tout
v ∈ H01 (Ω) (adhérence de D(Ω) pour la norme de H 1 (Ω). (En eet, soient
·
v ∈ H01 (Ω) arbitraire et (vk (x)) une suite de fonctions de C 1 (Ω) convergeant
vers v pour la norme de H 1 (Ω). Toute fonction vk (x) vérie (5.4). Par passage
à la limite lorsque k → ∞, on établit la validité de (5.4) pour v ). Dès lors, la
solution classique u ∈ H 1 (Ω) du problème (5.1), (5.2), satisfait pour g ∈ L2 (Ω),
l'identité intégrale (5.4), pour tout v ∈ H01 (Ω).
On appelle solution généralisée (on parle également de solution faible)
du problème (5.1), (5.2), g ∈ L2 (Ω), une fonction u ∈ H 1 (Ω) qui satisfait,
∀v ∈ H01 (Ω), l'identité (5.4) et la condition aux limites (5.2). L'égalité signie
l'égalité des éléments de L2 (∂Ω) et u|∂Ω est la trace de u. En fait cette notion
de solution généralisée ne généralise pas complètement la solution classique
car u(x) classique ne devient une solution généralisée que sous des hypothèses
supplémentaires de nature "globale" à savoir u ∈ H 1 (Ω) et Lu ∈ L2 (Ω) avec
L l'opérateur de (5.1).
Pour introduire la notion de solution généralisée du 3ème (et du 2ème )
problème aux limites relatif à (5.1), on procède comme suit : soit u(x) so-
lution classique du 3ème problème aux limites (5.1), (5.3). Supposons que
g(x) ∈ L2 (Ω), ϕ(x) ∈ L2 (∂Ω). En multipliant l'équation (5.1) par une fonc-
tion quelconque v(x) ∈ H 1 (Ω) et en intégrant sur Ω, on obtient à l'aide de la
formule de Green, l'expression suivante :
Z Z Z Z
(k∇u∇v + auv)dx + kσuvdS = − f vdx + kϕvdS, (5.5)
Ω ∂Ω Ω ∂Ω

vériée par la solution classique u(x), ∀v(x) ∈ H 1 (Ω).


On appelle solution généralisée du 3ème problème aux limites (ou du pro-
blème de Neumann si σ(x) ≡ 0) pour l'équation (5.1), g ∈ L2 (Ω), ϕ ∈ L2 (∂Ω),
une fonction u ∈ H 1 (Ω) qui vérie pour tout v ∈ H 1 (Ω), l'identité (5.5).
Les fonctions v de (5.4) et (5.5) ont été supposées complexes, mais elles
peuvent également être à valeurs réelles.
L'étude des solutions classiques des problèmes aux limites est une tache
plus délicate. On procéde comme suit : on construit la solution généralisée,
puis après avoir établi (sous certaines hypothèses) sa régularité, on montre
qu'il s'agit d'une solution classique.
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 45

Démontrons l'existence et l'unicité de le solution généralisée dans un cas


simple : considérons le cas de conditions aux limites homogènes c-à-d., quand
ϕ = 0. Dans ce cas la solution généralisée du problème (5.1), (5.2), est par
dénition une fonction u ∈ H01 (Ω) satisfaisant pour tout v ∈ H01 (Ω) à l'identité
(5.4). La solution généralisée du 3ème (ou du 2ème ) problème aux limites (5.1),
(5.3) est pour ϕ = 0, une fonction u ∈ H 1 (Ω) vériant pour tout v ∈ H 1 (Ω),
l'identité (poser ϕ = 0 dans (5.5)),
Z Z Z
(k∇u∇v + auv)dx + kσuvdS = − gvdx. (5.6)
Ω ∂Ω Ω

Soit a(x) ≥ 0 dans Ω. On introduit dans H01 (Ω) le produit scalaire


Z
(u, v)H01 (Ω) = (k∇u∇v + auv)dx,

(équivalent à (u, v) = (∇u∇v + uv)dx), et (5.4) peut s'écrire sous la forme


R

(u, v)H01 (Ω) = −(g, v)L2 (Ω) , (5.7)

avec g ∈ L2 (Ω) xe, (g, v)L2 (Ω) une fonctionnelle linéaire dénie sur H01 (Ω),
v ∈ H01 (Ω). Comme

(g, v)L2 (Ω) ≤ kgkL2 (Ω) kvkL2 (Ω) ≤ CkgkL2 (Ω) .kvkH0 (Ω) ,

(C étant une constante positive indépendante de g et v ), alors cette fonction-


nelle est bornée et de norme au plus égale à CkgkL2 (Ω) . D'après un théorème
de Riesz1 , on trouve dans H01 (Ω) une fonction f telle que :
∀v ∈ H01 (Ω), (g, v)L2 (Ω) = (f, v)H0 (Ω) .

Cette fonction est unique et satisfait à l'inégalité


kf kH ( Ω) ≤ CkgkL2 (Ω) .
0

Par conséquent, H01 (Ω) contient une seule fonction u = f vériant (5.7). On a
donc prouvé le résultat suivant :
Proposition 32 Si a(x) ≥ 0 dans Ω, on associe à tout g ∈ L2 (Ω) une solution
généralisée unique u du problème (5.1), (5.2) (pour ϕ = 0) et
kukH0 (Ω) ≤ CkgkL2 (Ω) ,

où C est une constante positive indépendante de g.


1 Soient E un espace de Hilbert muni d'un produit scalaire (., .) et l une forme linéaire

continue sur E. Alors, il existe un unique h∈E tel que : l(f ) = (f, h), ∀h ∈ E .
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 46

Si a(x) ≥ 0 dans Ω et l'une au moins des fonctions a(x) ou σ(x) n'est pas
identiquement nulle, on munit H 1 (Ω) du produit scalaire
Z Z
(u, v)H 1 (Ω) = (k∇u∇v + auv)dx + kσuvdS, (5.8)
Ω ∂Ω

équivalent au produit scalaire ordinaire, et l'identité (5.6) s'écrit


(u, v)H 1 (Ω) = −(g, v)L2 (Ω) . (5.9)
Etant donné la borne, pour g ∈ L2 (Ω) xe, de la fonctionnelle (g, v)L2 (Ω)
linéaire en v ∈ H 1 (Ω) :
(g, v)L2 (Ω) ≤ kgkL2 (Ω) kvkL2 (Ω) ≤ CkgkL2 (Ω) .kvkH ( Ω) ,

(où C est une constante positive indépendante de g et v ), il existe dans H 1 (Ω)


(d'après le théorème de Riesz), une fonction h telle que :
∀v ∈ H 1 (Ω), (g, v)L2 (Ω) = (f, v)H ( Ω) .

Cette fonction est unique et on a


kf kH ( Ω) ≤ CkgkL2 (Ω) .

Dès lors, H 1 (Ω) contient une fonction unique u = h vériant (5.9). On a donc
démontré le résultat suivant :
Proposition 33 Si a(x) ≥ 0 dans Ω et l'une au moins des fonctions a(x) ou
σ(x) n'est pas identiquement nulle, alors le problème (5.1), (5.3) (avec ϕ = 0)
admet pour tout g ∈ L2 (Ω) une solution généralisée unique u et on a
kukH ( Ω) ≤ CkgkL2 (Ω) ,

où C est une constante positive indépendante de g.


Fonctions et valeurs propres :

Une fonction u(x) 6= 0, s'appelle fonction propre du problème de Dirichlet


pour l'opérateur
L = div(k(x)∇) − a(x),
s'il existe un nombre λ (valeur propre associée à u(x)) tels que : u(x) est
solution classique du problème
Lu = λu, x∈Ω (5.10)
u|∂Ω = 0.
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 47

Soit λ une valeur propre et u(x) une fonction propre associée du problème
de Dirichlet qui appartient à H01 (Ω). En multipliant (5.10) par v ∈ H01 (Ω)
quelconque et en intégrant sur Ω, on obtient
Z Z
(k∇u∇v + auv)dx = −λ uvdx, (5.11)
Ω Ω

vériée par u, ∀v ∈ H01 (Ω).


On appelle fonction propre généralisée du problème de Dirichlet relatif à
l'opérateur L, une fonction u ∈ H01 (Ω) non nulle telle qu'il existe un nombre λ
(valeur propre associée à u(x)) pour lequel u vérie l'identité intégrale (5.11),
∀v ∈ H01 (Ω). Admettons que kukL2 (Ω) = 1. On appelle fonction propre du 3ème
problème aux limites (ou du problème de Neumann) relatif à l'opérateur

L = div(k(x)∇) − a(x),

une fonction u(x) 6= 0 telle qu'il existe un nombre λ (valeur propre associée à
u(x)) et u(x) est solution classique du problème :

Lu = λu, x∈Ω
 
∂u
+ σ(x)u = 0.
∂n ∂Ω

Comme ci-dessus, u vérie, pour tout v ∈ H 1 (Ω),


Z Z Z
(k∇u∇v + auv)dx + kσuvdS = −λ uvdx. (5.12)
Ω ∂Ω Ω

De même, on appelle fonction propre généralisée du 3ème problème aux limites


(ou du problème de Neumann) relatif à l'opérateur L une fonction u ∈ H 1 (Ω),
non nulle telle qu'il existe un nombre λ (valeur propre associée à u) et u vérie
l'identité intégrale (5.12), ∀v ∈ H 1 (Ω).
Proposition 34 Soit λ1 , λ2 , ..., λs , ... une suite de valeurs propres du 1er ou
du 3ème (resp. 2ème ) problème aux limites relatif à l'opérateur
L = div(k(x)∇) − a(x).

Ces valeurs propres sont réelles et λs → −∞ pour s → ∞. Celles du 1er ,


du 3ème (σ 6= 0) et du 2ème (σ = 0) problème aux limites vérient pour
a(x) 6= constante, l'inégalité

λs < −min a(x), s = 1, 2, ...


x∈Ω
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 48

Les valeurs propres de Neumann satisfont pour a(x) = m = constante, à


l'inégalité
λs ≤ −m, s = 1, 2, ...
et il existe une valeur propre simple égale à −m et une fonction propre associée
√1 . Les fonctions propres généralisées u1 (x), u2 (x), ..., des problèmes consi-
|Ω|
dérés forment une base orthonormée de L2 (Ω) c-à-d., toute fonction g ∈ L2 (Ω)
se développe en série de Fourier

X
g= gs us , gs = (g, us )L2 (Ω) ,
s=1

convergente dans L2 (Ω). S'agissant de g ∈ H01 (Ω), cette série par rapport aux
fonctions propres généralisées du problème de Dirichlet admet une limite dans
H01 (Ω) et on a l'inégalité

X
|λs ||gs |2 ≤ Ckgk2H 1 (Ω) .
0
s=1

S'agissant de g ∈ H 1 (Ω), la série ci-dessus par rapport aux fonctions propres


généralisées du 3ème (et du 2ème ) problème aux limites converge dans H 1 (Ω)
et on a l'inégalité

X
|λs ||gs |2 ≤ Ckgk2H 1 (Ω) .
s=1

Problèmes mixtes :

Soient Ω ⊂ Rn un domaine borné, x = (x1 , ..., xn ) ∈ Ω,


QT = {x ∈ Ω, 0 < t < T } ⊂ Rn ,

un cylindre de hauteur T > 0,


ΓT = {x ∈ ∂Ω, 0 < t < T }

la surface latérale de QT ,
Ωτ = {x ∈ Ω, t = τ },

une section de QT par le plan t = τ ,


ΩT = {x ∈ Ω, t = T } ⊂ Rn ,

la base supérieure du cylindre QT , et


Ω0 = {x ∈ Ω, t = 0} ⊂ Rn ,
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 49

la base inférieure du cylindre QT .


Soit dans QT , T > 0, l'équation hyperbolique
∂2u
− div(k(x)∇u) + a(x)u = g(x, t), (5.13)
∂t2

k(x) ∈ C 1 (Ω), a(x) ∈ C(Ω), k(x) ≥ k0 = constante > 0.
Une fonction u(x, t) ∈ C 2 (QT ) ∩ C 1 (QT ∪ ΓT ∪ Ω0 ) qui vérie dans QT
l'équation (5.13), sur Ω0 les conditions initiales

u|t=0 = ϕ,

∂u
= ψ,
∂t t=0
et sur ΓT ou bien la condition aux limites

u|ΓT = ζ,

ou bien  
∂u
+ σu = ζ,
∂n ΓT

(σ étant une fonction continue sur ΓT ), s'appelle solution (classique) respecti-


vement du 1er ou du 3ème problème mixte relatif à l'équation (5.13). Si σ = 0
sur ΓT , on est dans le 2ème problème mixte. Pour l'étude de l'existence des so-
lutions généralisées des problèmes mixtes, plusieurs méthodes sont possibles :
fonctions propres, méthode de Fourier, technique de Galerkin qui constitue en
même temps une méthode d'approximation, etc.).
Soit dans QT , T > 0, l'équation parabolique
∂u
− div(k(x)∇u) + a(x)u = g(x, t), (5.14)
∂t

k(x) ∈ C 1 (Ω), a(x) ∈ C(QT ), k(x) ≥ k0 = constante > 0.
Désignons par C 2r,r (QT ), ∀r ∈ N∗ , l'ensemble des fonctions f (x, t) continues
∂ α1 +···+αn +β f
dans QT admettant des dérivées continue dans QT , ∀α1 , ..., αn , β ∈
∂xα1 1 ...∂xαnn ∂tβ
N, α1 + · · · + αn + 2β ≤ 2r. Pour r = 0, on a C 0,0 (QT ) = C(QT ). L'ensemble
C 2r,r (QT ) est un espace de Banach muni de la norme
X ∂ α1 +···+αn +β f
kf kC 2r,r (QT ) = max .
α1 +···+αn +2β≤2s
QT ∂xα1 1 ...∂xαnn ∂tβ
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 50

De même, on désigne par C r,0 (QT ), ∀r ∈ N∗ , l'ensemble des fonctions f (x, t)


∂ α1 +···+αn f
continues dans QT admettant des dérivées continue dans QT ,
∂xα1 1 ...∂xαnn
∀α1 , ..., αn ∈ N, α1 + · · · + αn ≤ r. Pour r = 0, on a C 0,0 (QT ) = C(QT ).
L'ensemble C r,0 (QT ) est un espace de Banach muni de la norme
X ∂ α1 +···+αn f
kf kC r,0 (QT ) = max .
α1 +···+αn ≤r
QT ∂xα1 1 ...∂xαnn

Une fonction u(x, t) ∈ C 2,1 (QT ) ∩ C(QT ∪ ΓT ∪ Ω0 ) vériant dans QT l'équa-


tion (5.14), sur Ω0 la condition initiale

u|t=0 = ϕ(x), (5.15)

et sur ΓT la condition aux limites

u|ΓT = ζ, (5.16)

s'appelle solution classique du 1er problème mixte pour l'équation (5.14). Une
fonction u(x, t) ∈ C 2,1 (QT ) ∩ C(QT ∪ ΓT ∪ Ω0 ) ∩ C 1,0 (QT ∪ ΓT ) vériant dans QT
l'équation (5.14), sur Ω0 la condition (5.15) et sur ΓT la condition aux limites
 
∂u
+ σ(x)u = ζ,
∂n ΓT

(où σ(x) est une fonction continue sur ΓT ), est dite solution classique du 3ème
problème mixte pour l'équation (5.14). Lorsque σ = 0, on est dans le 2ème
problème mixte
Chapitre 6
Solutions classiques des équations
de Laplace et de Poisson
Equation de Laplace :

Soit Ω ⊂ Rn un ouver et considérons l'équation


n
X ∂2u
∆u(x) = = 0, x∈Ω
i=1
∂x2i

Toute fonction de classe C 2 vériant sur Ω l'équation de Laplace est dite har-
monique. Si u ∈ C(Ω) est harmonique, alors u ∈ C ∞ (Ω) mais u n'est pas
nécessairement régulière ou continue sur le bord ∂Ω.
Soient ξ ∈ Rn , r = kx − ξk et u(x) = v(x), v dépendant de r seul. Sans
retreidre la généralité, on peut choisir ξ = 0. Comme
∂u xi
= v 0 (x) ,
∂xi r
2
x2i 1 x2i
 
∂ u 00 0
= v (r) 2 + v (r) − 3 ,
∂x2i r r r
alors ∆u = 0 est équivalente à l'équation
n−1 0
v 00 + v = 0.
r
Déterminons la solution de cette équation :
- Pour n = 2, l'équation ci-dessus s'écrit
dr
rv 00 + v 0 = 0 ⇐⇒ (rv 0 )0 = 0 ⇐⇒ rv 0 = a ≡ constante ⇐⇒ dv = a .
r
D'où,
v(r) = a ln r + b, (a, b = constantes)

51
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 52

- Pour n > 2, on obtient


a
v(r) = + b, (a, b = constantes)
rn−2
Par conséquent, on a
Proposition 35 Toutes les fonctions harmoniques dans Rn \{x = ξ} et dé-
pendant de la seule diérence |x − ξ| ont la forme
( a
+ b, n > 2
|x − ξ|n−2
a ln |x − ξ| + b, n = 2

où a et b sont des constantes arbitraires.


Une fonction u(x − ξ) harmonique dans Rn \{x = ξ} dénie par la formule
1


 , n>2
ϕ(x − ξ) = (n − 2)n |x − ξ|n−2
1
− ln |x − ξ|, n = 2


(où n = Γ(πn +1) est le volume de la sphère unité de Rn , ici Γ désigne la fonc-
n/2

2
tion gamma d'Euler), s'appelle solution fondamentale de l'équation de Laplace.

Equation de Poisson :

On considére l'équation

−∆u(x) = f (x), ∀x ∈ Ω ⊂ Rn

En tenant compte du fait que :


Z
u=ϕ∗f = ϕ(x − y)f (y)dy,

on montre le résultat ci-dessous,

Proposition 36 Soit f ∈ Cc2 (Rn ). Alors,


 Z
1 f (y)
dy, n > 2


− 3 |x − y|
n−2

u(x) = n(n 2)
Z n R
1
 − ln(|x − y|).f (y)dy, n = 2


2π R2

est bien dénie et u ∈ C 2 (Rn ), −∆u = f sur Rn .


A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 53

Principe du maximum (unicité) :

Proposition 37 Soient Ω un ouvert borné et u ∈ C 2 (Ω) ∩ C(Ω) une fonction


harmonique sur Ω. On a
max u = max u,
Ω ∂Ω

et si en outre, il exsite ξ ∈ Ω (connexe) avec u(ξ) = max u, alors


u = constante,

sur Ω.
De même, on a des résultats analogues pour le min u. Il sut de remplacer
dans la proposition ci-dessus, u par −u.

Corollaire 38 Soit u ∈ C 2 (Ω) ∩ C(Ω) une fonction harmonique sur Ω telle


que : u = g sur ∂Ω où g ≥ 0 avec la condition g > 0 en au moins un point de
∂Ω. Alors u > 0 partout sur Ω.

On considère le problème suivant :


−∆u = f sur Ω

(6.1)
u = g sur ∂Ω

Proposition 39 (unicité). Si f ∈ C(Ω) et g ∈ C(∂Ω), alors il existe au plus


une solution u ∈ C 2 (Ω) ∩ C(Ω) au problème (6.1).
Régularisation et représentation :

Nous avons déjà signalé que si u ∈ C(Ω) est harmonique, alors u ∈ C ∞ (Ω)
mais u n'est pas nécessairement régulière ou continue sur le bord ∂Ω.

Proposition 40 Soit f ∈ Cc2 (Rn ), n > 2. Alors toute solution bornée de


−∆u = f,

sur Rn s'écrit sous la forme


Z
u(x) = ϕ(x − y)f (y)dy + C,
Rn

où C est une constante.


A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 54

Les notions d'ouvert Ω borné de classe C 1 , de trace sur le bord ∂Ω et des


formules de Green ont été introduites au chapitre 4.

Fonction de Green :

Soient Ω un ouvert borné de classe C 1 et x ∈ Ω. On désigne par ϕx la


fonction correctrice c-à-d., la solution du problème
∆ϕx = 0 sur Ω


ϕ = ϕ(y − x) sur ∂Ω
x

et par G la fonction de Green de Ω c-à-d.,

G(x, y) = ϕ(y − x) − ϕx (y),

où (x, y) ∈ Ω2 , x 6= y . On a

G(x, y) = G(y, x).

Proposition 41 Ω un ouvert borné de classe C 1 . Si u ∈ C 2 (Ω) est solution du


problème (6.1), alors
Z Z
∂G
u(x) = f (y)G(x, y)dy − g(σ) (x, σ)dσ.
Ω ∂Ω ∂n
Fonction de Green pour le demi-espace :

Soient
Rn+ = {x = (x1 , ..., xn ) ∈ Rn : xn > 0},
le demi-espace et
2xn
K(x, y) = , x ∈ Rn+ , y ∈ ∂Rn+
dn kx − ykn

le noyau de Poisson pour Rn+ .


Proposition 42 Soit
Z
u(x) = g(y)K(x, y)dy, x ∈ Rn+ , g ∈ C(Rn−1 ) ∩ L∞ (Rn−1 )
∂Rn
+

Alors, u ∈ C ∞ (Rn+ ) ∩ L∞ (Rn+ ), ∆u = 0 sur Rn+ et


lim u(x) = g(x0 ), ∀x0 ∈ ∂Rn+
x→x0
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 55

Fonction de Green pour la boule :

Soient B(0, r), r > 0 la boule et


r2 − kxk2
K(x, y) = , x ∈ B(0, r), y ∈ ∂B(0, r)
dn rkx − ykn
le noyau de Poisson pour B(0, r).
Proposition 43 Soit
Z
u(x) = g(y)K(x, y)dy, x ∈ B(0, r)
∂B(0,r)

Alors, u ∈ C ∞ (B(0, r)), ∆u = 0 sur B(0, r) et


lim u(x) = g(x0 ), ∀x0 ∈ ∂B(0, r)
x→x0

Solution fondamentale de l'équation de la chaleur homogène :

On considère l'équation homogène (équation de la chaleur) :


∂u
− ∆u = 0,
∂t
où Ω ⊂ Rn est un ouvert, f : R∗+ × Ω −→ R et u : R∗+ × Ω −→ R (inconnue).
On appelle solution fondamentale de l'équation ci-dessus, la fonction dénie
pour x ∈ Rn , par 
1 kxk2
− 4t
 e , t>0
ϕ(t, x) (4πt)n/2
 0, t < 0
On montre que pour t > 0, on a
Z
ϕ(t, x)dx = 1.
Rn
∂u
(
− ∆u = 0, t > 0, x ∈ Rn
Problème de Cauchy : ∂t
u(0, .) = g
Proposition 44 Soit
Z
u(t, x) = ϕ(t, .) ∗ g = ϕ(t, x − y)g(y)dy,
Rn

où t > 0, x ∈ Rn , g ∈ C(Rn ) ∩ L∞ (Rn ). Alors, u ∈ C ∞ (R∗+ × Rn ),


∂u
(t, x) − ∆u(t, x) = 0, t > 0, x ∈ Rn
∂t
et
lim u(t, x) = g(x0 ), t > 0, x 0 ∈ Rn
(t,x)→(0,x0 )
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 56

On montre que si g ≥ 0, g 6= 0, alors


∀t > 0, ∀x ∈ Rn , u(t, x) > 0.
Problème non homogène :

Pour le problème non homogène, on le résultat suivant :


∂u
(
− ∆u = f , t > 0, x ∈ Rn
∂t
u = 0, t = 0, x ∈ Rn
Proposition 45 Soit
Z tZ
u(t, x) = ϕ(t − s, x − y)f (s, y)dsdy,
0 Rn

où t > 0, x ∈ Rn , f ∈ H01 (R+ × Rn ). Alors, u ∈ H01 (R∗+ × Rn ),


∂u
(t, x) − ∆u(t, x) = f (t, x), t > 0, x ∈ Rn
∂t
et
lim u(t, x) = 0, t > 0, x 0 ∈ Rn
(t,x)→(0,x0 )

En combinant les deux propositions précédentes, on obtient le résultat sui-


vant :
Proposition 46
Z Z tZ
u(t, x) = ϕ(t, x − y)g(y)dy + ϕ(t − s, x − y)f (s, y)dsdy,
Rn 0 Rn

est solution du problème non homogène :


∂u
(
− ∆u = f , t > 0, x ∈ Rn
∂t
u = g, t = 0, x ∈ Rn
Principe du maximum (unicité) :

Soient Ω ⊂ Rn un ouvert borné, T > 0, ΩT =]0, T [×Ω un cylindre parabo-


lique et ∂ΩT = ΩT \ΩT = {0} × Ω × [0 : T ] × ∂Ω est le bord parabolique.
Proposition 47 Si u ∈ H 1 (ΩT ) × C(ΩT ) est une solution de l'équation de la
chaleur sur le cylindre parabolique ΩT , alors
max u = max u.
ΩT ∂ΩT

En outre, si l'ouvert Ω est connexe et s'il existe (t0 , x0 ) ∈ ΩT tels que : (t0 , x0 ) =
max u, alors u = constante sur Ωt0 .
ΩT
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 57

Proposition 48 Si f ∈ C(ΩT ) et g ∈ C(∂ΩT ), alors il existe au plus une


solution u ∈ H 1 (ΩT ) × C(ΩT ) au problème suivant :
∂u
(
− ∆u = f , dans ΩT
∂t
u = g, sur ∂ΩT

Problème de Cauchy :
Proposition 49 (Principe du maximum). Si u ∈ H 1 (]0, T [) × Rn ) × C([0, T ] ×
Rn ) est solution du problème de Cauchy

∂u
(
− ∆u = 0, sur ]0, T [×Rn
∂t
u = g, sur {0} × Rn

et si 2
|u(t, x)| ≤ Aea|x| ,
où A, a sont des constantes, alors
sup u = sup g.
[0,T ]×Rn Rn

Proposition 50 (Unicité). Soient f ∈∈ C([0, T ] × Rn ) et g ∈ C(Rn ). Alors, il


existe au plus une solution u ∈ H 1 (]0, T [) × Rn ) × C([0, T ] × Rn ) au problème
de Cauchy
∂u
(
− ∆u = f , sur ]0, T [×Rn
∂t
u = g, sur {0} × Rn
telle que : 2
u(t, x)| ≤ Aea|x| ,
où A, a sont des constantes.
Notons que sue les bornes, il existe une innité de solution pour le pro-
blème :
∂u
(
− ∆u = 0, sur ]0, T [×Rn
∂t
u = 0, sur {0} × Rn

Proposition 51 (Régularité). Si u ∈ H 1 (ΩT ) satisfait l'équation de la chaleur


sur le cylindre parabolique ΩT , alors u ∈ C ∞ (ΩT ).
Chapitre 7
Chapitres complémentaires
(équations de la physique mathématique, étude des EDP via l'analyse de
Fourier et la transformée de Laplace, une équation aux dérivées partielles non
linéaire : équation de Korteweg-de Vries)

Équations de la physique mathématique

Dans les exercices ci-dessous, on suppose que les conditions de validité


des calculs sont satisfaites et la méthode utilisée sera celle de séparation de
variables.

Problème 7.1 (Résolution de l'équation de Laplace). En coordonnées carté-


siennes x, y, z , l'équation de Laplace s'écrit
∂2u ∂2u ∂2u
+ + = 0,
∂x2 ∂y 2 ∂z 2

que l'on note aussi ∆u = 0 où ∆ = ∂x 2 + ∂y 2 + ∂z 2 est l'opérateur de La-


∂ 2 ∂ 2 ∂ 2

place en coordonnées x, y, z . Déterminer les solutions particulières (bornées et


continues) de cette équation, en coordonnées sphériques, par la méthode de
séparation des variables.
Réponse : En introduisant les coordonnées sphériques r, θ, ϕ où
x = r sin θ cos ϕ, y = r sin θ sin ϕ, z = r cos θ,

avec 0 ≤ r < ∞, 0 ≤ θ ≤ π , 0 ≤ ϕ ≤ 2π , on posera


u(r, θ, ϕ) = R(r).Θ(θ).Φ(ϕ),

où Φ(ϕ) est uniforme et 2π -périodique, tandis que R(r).Θ(θ) est un polynôme


trigonométrique. On trouve
R(r) = Arl + Be−l−1 , l ∈ N, A, B = constantes.

58
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 59

(Pour que R(0) soit ni, il faut que l'on ait B = 0),

Φ(ϕ) = Ce−imϕ + Deimϕ , m ∈ N, C, D = constantes,

et
dm Pl (x)
Θ(x) = Θ(cos θ) = Plm (cos θ) = sinm θ. ,
dxm x=cos θ

où Pl (x) = 1 dl
2l l! dxl
(x2 − 1)l (polynômes de Legendre).

Problème 7.2 Soit l'équation des ondes


∂2u ∂2u ∂2u 1 ∂2u
+ + − = 0.
∂x2 ∂y 2 ∂z 2 c2 ∂t2
Résoudre cette équation par séparation de variables.
Réponse : On obtient u(x, y, z, t) = X(x)Y (y)Z(z)T (t) avec
T (t) = A1 e−ikct + A2 eikct ,
X(x) = B1 e−ik1 x + B2 eik1 x ,
Y (y) = C1 e−ik2 y + C2 eik2 y ,
Z(z) = D1 e−ik3 z + D2 eik3 z ,

où A1 , A2 , B1 , B2 , C1 , C2 , D1 , D2 , k, k1 , k2 , k3 sont des constantes.

Problème 7.3 On reprend l'équation des ondes étudiée dans le problème pré-
cédent. Résoudre cette équation, en coordonnées cylindriques, par séparation
de variables.
Réponse : La solution cherchée est
u(r, ϕ, z, t) = R(r)Φ(ϕ)Z(z)T (t),

où r, ϕ, z , sont des coordonnées cylindriques

x = r cos ϕ, y = r sin ϕ, z = z,

avec r ≥ 0, 0 ≤ ϕ < 2π , −∞ < z < +∞, et


√ √
R(r) = D1 Jl ( k 2 − m2 r) + D2 Yl ( k 2 − m2 r),
Φ(ϕ) = C1 e−ilϕ + C2 eilϕ ,
Z(z) = B1 e−imz + B2 eimz ,
T (t) = A1 e−ikct + A2 eikct ,
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 60

où A1 , A2 , B1 , B2 , C1 , C2 , D1 , D2 , k, m, l sont des constantes et Jl , Yl sont des


fonctions de Bessel :

 l X  2k
t (−1)k t
Jl (t) = ,
2 k=l k!(k + l)! 2
 
2 t
Yl (t) = Jl (t) ln + γ
π 2

 l X  2k X l+k k
!
1 t (−1)k t 1 X1
− +
π 2 k=0 k!(l + k)! 2 p=1
p p=1 p
 −l Xl−1  2k
1 t (l − k − 1)! t
− .
π 2 k=0
k! 2
P 
où γ = limk→∞ j=1 j dt − ln k = 0, 57721... est la constante d'Euler.
k 1

Problème 7.4 On reprend à nouveau l'équation des ondes étudiée dans les
problèmes précédents. Résoudre cette équation, en coordonnées sphériques, par
séparation de variables.
Réponse : La solution cherchée est
u(r, ϕ, z, t) = R(r).Θ(θ).Φ(ϕ).T (t),
où r, θ, ϕ, sont des coordonnées sphériques
x = r sin θ cos ϕ, y = r sin θ sin ϕ, z = r cos θ,
avec r ≥ 0, 0 ≤ θ ≤ π , 0 ≤ ϕ < 2π , et
r 
k 
R(r) = C1 Jl+ 1 (kr) + C2 J−(l+ 1 ) (kr) ,
s 2 2
m
d Pl (x)
Θ(θ) = = sinm θ. ,
dxm x=cos θ
Φ(ϕ) = B1 e−imϕ + B2 eimϕ ,
T (t) = A1 e−ikct + A2 eikct ,
où A1 , A2 , B1 , B2 , C1 , C2 , c, m sont des constantes, l ∈ N∗ ,
1 dl 2
Pl (x) = (x − 1)l ,
2l l! dxl
sont des polynômes de Legendre et Jl est la fonction de Bessel :
 l X∞  2k
t (−1)k t
Jl (t) = .
2 k=l k!(k + l)! 2
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 61

Problème 7.5 Considérons l'équation suivante :


∂ 2 ψ ∂ 2 ψ ∂ 2 ψ 2m
+ 2 + 2 + 2 (λ − u(r))ψ = 0,
∂x2 ∂y ∂z ~
appelée équation stationnaire de Schrödinger. La fonction ψ (inconnue) est
appelée fonction d'onde d'une particule, le paramètre spectral λ est l'énergie
de la particule, la fonction u(r) (connue) est le potentiel ou énergie potentielle
de la particule, ~ est la constante de Planck et m est la masse de la particule.
Il n'existe qu'un seul atome pour lequel l'équation de Schrödinger admette une
solution exacte ; c'est l'atome d'hydrogène. Dans ce cas l'énergie potentielle est
de la forme u(r) = − r , où r est la distance de l'électron en mouvement au
e2

noyau que l'on prend pour origine des coordonnées et e désigne la charge de la
particule. Dès lors, l'équation de Schrödinger s'écrit
∂ 2 ψ ∂ 2 ψ ∂ 2 ψ 2µ e2
 
+ 2 + 2 + 2 λ+ ψ = 0,
∂x2 ∂y ∂z ~ r
et le problème consiste à trouver des solutions ψ(x, y, z) uniformes, bornées
dans tout l'espace et qui sont nulles à l'inni.
Réponse : On exprime l'équation ci-dessus en coordonnées sphériques (r, θ, ϕ),
et on obtient les solutions de la forme ψ(r, ϕ, z) = R(r).Θ(θ).Φ(ϕ), avec
r
r
R(r) = rl e− 2a L2l+1
2l+1+p ,
a
où l et p sont des entiers (Ici Lkn (x) désigne les polynômes de Laguerre géné-
ralisés dénies par Lkn (x) = dx
dk
k Ln (x), où Ln (x) = e dxn (x e
x dn n −x
), n ∈ N), sont
les polynômes de Laguerre),
dm Pl (x)
Θ(x) = sinm θ. ,
dxm x=cos θ

(ici Pl (x) = 1 dl
− 1)l sont des polynômes de Legendre) et Θ(ϕ) =
2l l! dxl
(x2
A cos mϕ + B sin mϕ, où A et B sont des constantes.

Étude des EDP via l'analyse de Fourier et la trans-

formée de Laplace

Rappel théorique
Dans les exercices ci-dessous, les méthodes utilisées seront celles des séries
de Fourier, les transformées de Fourier et les transformées de Laplace. Rap-
pelons quelques résultats sur ces notions (voir par exemple [3] pour plus de
détail).
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 62

Soit f est une fonction dénie et intégrable sur l'intervalle [−π, π]. On
suppose que cette fonction est 2π -périodique. Les nombres ak et bk dénis par
Z π Z π
1 1
ak = f (x) cos kxdx, k ≥ 0, bk = f (x) sin kxdx, k ≥ 1
π −π π −π

s'appellent coecients de Fourier de f et la série trigonométrique



a0 X
+ (ak cos kx + bk sin kx),
2 k=1

est dite série de Fourier de f . Au lieu de considérer l'intervalle [−π, π], on


peut considérer tout autre intervalle d'amplitude 2π , par exemple [0, 2π]. Pour
une fonction f , 2L-périodique, dénie et intégrable sur un intervalle [−L, L]
d'amplitude quelconque nie, la série de Fourier associée à la fonction f est
donnée par  ∞ 
a0 X kπx kπx
+ ak cos + bk sin ,
2 k=1
L L

Z L Z L
1 kπx 1 kπx
ak = f (x) cos dx, k ≥ 0, bk = f (x) sin dx, k ≥ 1
L −L L L −L L
En notation complexe, la série de Fourier d'une fonction 2π -périodique f
s'écrit sous la forme ∞ X
ck eikx ,
k=−∞

où Z π
1
ck = f (x)e−ikx dx, k ∈ Z.
2π −π

Si f est 2L-périodique, sa série de Fourier s'écrit en notation complexe sous la


forme ∞

X
ck ei L x ,
k=−∞

où Z L
1 kπ
ck = f (x)e−i L x dx, k ∈ Z.
2L −L

Si la série de Fourier associée à une fonction continue f converge uniformé-


ment, alors elle converge vers f . Soient f : [a, b] −→ R(ou C) et x ∈ [a, b]. Nous
noterons f (x + 0) et f (x − 0) les limites à droite et à gauche de f en x. Une
fonction f dénie sur un intervalle [a, b], est dite réglée si elle admet une limite
à droite en tout point de [a, b[ et une limite à gauche en tout point de ]a, b].
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 63

Toute fonction continue est réglée. Toute fonction continue par morceaux est
réglée. Toute fonction en escalier est réglée. Toute fonction numérique mono-
tone est réglée. Toute fonction à variation bornée est réglée. On appelle dérivée
à droite de f au point x, la limite (si elle existe) suivante :
f (x + h) − f (x + 0)
lim .
h→0
h>0
h

De même, on appelle dérivée à gauche de f au point x, la limite (si elle existe)


suivante :
f (x − 0) − f (x − h)
lim .
h→0
h>0
h
Le théorème de Dirichlet arme que si f est une fonction 2π -périodique
sur R, réglée et dérivable à droite et à gauche sur R, alors la série de Fourier
de f converge simplement en tout point x vers
f (x + 0) + f (x − 0)
(régularisée de f ).
2
En particulier, si f est continue au point x, sa série de Fourier converge vers la
fonction f (x). Ce théorème se généralise évidemment aux séries de Fourier de
fonctions 2L-périodique, dénies et intégrables sur un intervalle [−L, L] d'am-
plitude quelconque nie. Signalons aussi que si f une fonction 2π -périodique,
continue sur R et de classe C 1 par morceaux, alors la série de Fourier de f
converge normalement (et par suite absolument et uniformément) vers f sur
R. Par ailleurs, un théorème de Jordan arme que si f est périodique et
à variation bornée sur un intervalle d'une période, alors sa série de Fourier
converge pour tous les x vers f (x+0)+f
2
(x−0)
. De plus, la convergence vers f (x)
est uniforme sur tout intervalle où f est continue.
Soit f : R −→ R(ou C) une fonction appartenant à L1 (R). On appelle
transformée de Fourier de f , la fonction fb : R −→ C dénie par
Z ∞
fb(ω) = f (x)e−2πiωx dx, ω∈R
−∞

On montre que sous certaines conditions (par exemple f ∈ L1 et fb ∈ L1 ), on


peut obtenir f (x) à partir de fb(ω) par la transformation inverse (dite formule
d'inversion de Fourier)
Z ∞
f (x) = fb(ω)e2πiωx dω.
−∞

Si f ∈ L1 (R), alors fb est continue, bornée, fb(ω) tend vers 0 quand ω −→ ±∞


et kfbk∞ ≤ kf k1 . On montre que si f, g ∈ L1 et si fb(ω) = gb(ω) alors f = g ,
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 64

pour presque tout point de R. En particulier, si f et g sont continues et si


fb et gb sont égales alors f et g le sont aussi. Signalons quelques propriétés
élémentaires sur les transformées de Fourier : soient f, g ∈ L1 (R) et α, β ∈ C,
alors
F{αf (x) + βg(x)} = αF{f (x)} + βF{g(x)},
F{f (x − c)} = e−2πiωc fb(ω), c∈R
F{e2πiω0 x f (x)} = fb(ω − ω0 ), ω0 ∈ R
1 ω 
F{f (cx)} = fb , c ∈ R∗
|c| c

F{f (x)} = fb(−ω), (− désigne le conjugué)


En outre, la transformée de Fourier d'une fonction paire (resp. impaire) est
paire (resp. impaire). Soit f ∈ L1 (R) et supposons que f est dérivable et que
f 0 ∈ L1 (R), Alors

F{f 0 (x)} = 2πiωF{f (x)} = 2πiω fb(ω).

Si en outre, f admet des dérivées jusqu'à l'ordre n qui sont dans L1 (R), alors

F{f (n) (x)} = (2πiω)n F{f (x)} = (2πiω)n fb(ω).

Si f admet des dérivées jusqu'à l'ordre n qui sont dans L1 (R), alors
C
|fb(ω)| ≤ , C ≡ constante
|ω|n

ce qui montre que plus n est grand, plus fb décroît rapidement à l'inni. Soit
f ∈ L1 (R) et supposons que xf (x) ∈ L1 (R), alors fb est dérivable et l'on a

dfb(ω)
= F{−2πixf (x)}.

Si en outre, xn f (x) ∈ L1 (R) alors

dn fb(ω)
= F{(−2πix)n f (x)}.
dω n
Sous les hypothèses précédentes, on a

dn fb(ω)
Z
≤ (2π)n |xn f (x)|dx,
dω n −∞
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 65

ce qui signie que plus f décroît rapidement à l'inni, plus n est grand (c'est-
à-dire plus fb est dérivable et Rses dérivées sont bornées). Si f, g ∈ L1 (R), alors

f ∗ g ∈ L1 (R) (ou f ∗ g(x) = −∞ f (t)g(x − t)dt, x ∈ R) et

F{(f ∗ g)(x)} = F{f (x)}F{g(x)},

autrement dit, la transformée de Fourier d'un produit de convolution est égale


au produit ordinaire des transformées de Fourier de chaque facteur.
Soit f : R+ −→ R (ou C), une fonction localement sommable. On appelle
transformée de Laplace de f (x) la fonction notée L{f (x)} ou F (p), de la
variable complexe p = σ + iω dénie par
Z ∞
L{f (x)} = F (p) = f (x)e−px dx.
0

La fonction f est appelée original de F et F l'image de f . On montre que si f


est une fonction dénie sur R, nulle pour tout x < 0, continue par morceaux
sur [0, +∞[ et si en outre ils existent des constantes M > 0 et σ0 telles que :
|f (x)| ≤ M eσ0 x , ∀x ≥ x0 , alors la transformée de Laplace existe pour tout
σ > σ0 . Notons que si l'intégrale ci-dessus converge pour Re p = σ0 , alors il
en est de même pour tout p tel que : Re p ≥ σ0 . Soit f ∈ Lloc ([0, +∞[). Le
nombre
σ0 = inf{σ ∈ R : f (x)eσx ∈ Lloc ([0, +∞[)},
s'appelle abscisse de sommabilité ou abscisse de convergence absolue de la
fonction f . Le demi-plan de convergence {p = σ + iω : Re p = σ > σ0 } est le
domaine de sommabilité sur lequel F (p) est déni.
Rappelons un certain nombre de propriétés élmentaires sur les transfor-
mées de Laplace. La transformée de Laplace est une application linéaire. Plus
précisément, Pour tout α, β ∈ C, pour toutes fonctions f, g , d'abscisses de
sommabilité respectives σ0 , ς0 , alors
L{αf (x) + βg(x)} = αL{f (x)} + βL{g(x)} = αF (p) + βG(p),

où Re p > max{σ0 , ς0 }. Si L{f (x)} = F (p), alors


L{f (x − c)} = e−cp F (p), Re p > σ0 .
Si L{f (x)} = F (p), alors
L{f (x)e−αx } = F (p + α), Re(p + α) > σ0 .
Si L{f (x)} = F (p), alors
1 p
L{f (cx)} = F , c > 0.
c c
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 66

Si L{f (x)} = F (p), alors

L{f (x)} = F (p), (− désigne le conjugué)

La transformée de Laplace d'une fonction localement sommable f , est une


fonction holomorphe dans le domaine de sommabilité {p ∈ C : Re p > σ0 } et
on a la formule
Z ∞
F (n)
(p) = (−x)n f (x)e−px dx = (−1)n L{xn f (x)}.
0

Si L{f (x)} = F (p) et L{g(x)} = G(p), alors

L{(f ∗ g)(x)} = F (p)G(p), Re p > max{σ0 , ς0 }

où σ0 et ς0 sont les indices de sommabilité de f et g respectivement. Soit f


une fonction localement sommable. On suppose que pour tout x > 0, f est
continue, sa dérivée f 0 (x) existe et est continue par morceaux. S'il existe des
constantes M > 0 et σ0 telles que : |f (x)| ≤ M eσ0 x , pour tout x ≥ x0 , alors

L{f 0 (x)} = pL{f (x)} − f (0+ ) = pF (p) − f (0+ ), Re p > σ0

En général, si f (x) est discontinue aux points x1 , ..., xn , alors


n
X
0 −
L{f (x)} = pL{f (x)} − f (0 ) − +
e−pxk (f (x+
k ) − f (xk )).
k=1

Notons aussi que les expressions ci-dessus se généralisent par récurrence pour
les dérivées d'ordres supérieures. Par exemple pour l'expression ci-dessus, sup-
posons que f est localement sommable, f est continue pour tout x > 0, les
dérivées f 0 (x), ..., f (n−1) (x) existent et sont continues par morceaux, il existe
des constantes M > 0 et σ0 telles que : |f (x)| ≤ M eσ0 x pour tout x ≥ x0 , alors

L{f (n) (x)} = pn F (p)−pn−1 f (0+ )−pn−2 f 0 (0+ )−· · ·−pf (n−2) (0+ )−f (n−1) (0+ ).

Si L{f (x)} = F (p), alors


Z x 
F (p)
L f (t)dt = , Re p > max(0, σ0 ).
0 p

Si f est une fonction ayant un abscisse de sommabilité σ0 , alors pour Re p > σ0 ,


on a limp→∞ F (p) = 0. Si f est une fonction ayant une transformée de Laplace
et telle que f (0+ ) existe, alors limp→∞ pF (p) = f (0+ ). Si f est une fonction
ayant une transformée de Laplace et telle que limx→+∞ f (x) = f (+∞) existe
et est nie, alors limp→0 pF (p) = f (+∞).
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 67

Soit F (p) = F (σ + iω) une fonction holomorphe dans {p ∈ C : Re p > σ0 }.


On suppose que lim|p|→+∞ |F (p| = 0 pour Re p > σ0 et pour tout σ > σ0 ,
la fonction ω ∈ R 7−→ F (σ + iω) est sommable sur R (c'est-à-dire F est une
fonction sommable en ω , pour tout σ > σ0 ). Alors l'original f de F est donné
par la formule de Bromwich-Wagner suivante :
Z σ+i∞
1
f (x) = F (p)epx dp, σ > σ0
2πi σ−i∞

Dans l'intégrale de Bromwich-Wagner, l'intégration de la fonction d'une va-


riable complexe se fait le long d'une droite parallèle à l'axe imaginaire d'abs-
cisse σ > σ0 , située dans le domaine de convergence et parcourue de bas en
haut. Toutes les singularités de F (p) sont à gauche de cette droite, puisque
celle-ci est située à droite de l'abscisse de sommabilité σ0 . Dans certains cas, il
est nécessaire de calculer cette intégrale, en utilisant les techniques d'intégra-
tion d'une fonction d'une variable complexe, notamment la méthode habituelle
des résidus. Rappelons qu'un théorème de Cauchy, arme que si f (z) est une
fonction holomorphe dans un domaine simplement connexe Ω ⊂ C et si γ est
un chemin fermé contenu dans Ω, alors γ f (z)dz = 0. De même, si f (z) est
R

une fonction holomorphe dans un domaine simplement connexe Ω ⊂ C, sauf en


z1 , z2 , ..., zk , si γ est un chemin fermé contenu dans Ω entourant tous ces points
et si γj (1 ≤ j ≤ k) est un chemin fermé contenu dans le domaine intérieur à
γ entourant zj et n'entourant pas les autres zl (l 6= j), alors
Z k Z
X
f (z)dz = f (z)dz.
γ j=1 γj

D'après le théorème des résidus, si Ω ⊂ C est un domaine, z1 , z2, ..., zk ∈ Ω et


f : Ω\ {z1 , z2, ..., zk } −→ C, est une fonction holomorphe, alors
Z k
Résf (z, z0 ),
X
f (z)dz = 2πi
γ j=1

où γ est un chemin fermé contenu dans Ω à l'intérieur duquel sont contenus


tous les zj . Signalons que lorsque z0 est un pôle d'ordre m de la fonction f (z),
alors
1 dm−1
Résf (z, z0 ) = lim m−1 ((z − z0 )m f (z)) .
(m − 1)! z→z0 dz
De même, lorsque z0 est un pôle simple de la fonction f (z) = Q(z) P (z)
, avec
P (z0 ) 6= 0 et Q(z0 ) = 0, alors Résf (z, z0 ) = QP0(z(z00)) si Q0 (z0 ) 6= 0. Lorsque
z0 est un point singulier essentiel de f (z), le résidu s'obtient en développant
f (z) en série de Laurent autour de z0 . Dans les résultats (lemmes de Jordan)
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 68

qui suivent γ1 (resp. γ2 ) désignera le demi-cercle de centre 0 et de rayon r


(resp. ε). Si |f
R (z)| ≤ rk pour z = re , M
M iθ
où k > 1 et M sont des constantes,
alors limr→∞ γ1 f (z)dz = 0. Si |f (z)| ≤ rk pour z = reiθ , où k > 0 et M sont
des constantes, alors limr→∞ γ1 f (z)eimz dz = 0. Si z = 0 est un pôle simple
R

de f (z), alors limr→∞ γ2 f (z)dz = −πiRésf (z, 0). Pour les intégrales faisant
R

appel à des fonctions multiformes, le principe de la méthode est le même,


à ceci près que les intégrants multiformes doivent être uniformisés au moyen
d'une coupure adéquate. Les contours d'intégration ne pouvant pas traverser
ces coupures, l'intégrant sera déterminé univoquement par une de ses détermi-
nations le long de ces contours. Cependant, dans la pluspart des applications
courantes, l'image F (p) est une fraction rationnelle et il est plus simple d'eec-
tuer une décomposition en éléments simples de la fonction plutôt que d'utiliser
la formule de Bromwich-Wagner. Pour faciliter l'utilisation des transformées
de Laplace usuelles, nous groupons quelques unes dans le tableau ci-dessous :
R∞
f (x) F (p) = L{f (x)} = 0
f (x)e−px dx
1
1 p
1
eax p−a
xn n!
pn+1
= Γ(n+1)
pn+1
xα , α > 1 Γ(α+1)
pα+1
a
ebx sin ax (p−a)2 +a2
p−b
ebx cos ax (p−a)2 +a2
a
ebx sinh ax (p−a)2 −a2
p−b
ebx cosh ax (p−a)2 −a2
2ap
x sin ax (p2 +a2 )2
p2 −a2
x cos ax (p2 +a2 )2
xn e−ax n!
(p+a)n+1
ln x − γ+ln
p
p
, γ = 0.57721..., (constante d'Euler)
Dans ce tableau, Γ(α) désigne la fonction gamma d'Euler (voir par exemple
[3]).

Résolution de quelques équations aux dérivées partielles


Exercice 7.1 (Equation de la chaleur). Soit une plaque carrée dont les côtés
ont la longueur π et telle que : ses faces sont isolées, trois de ses côtés sont
maintenus à la température zéro, le quatrième côté est maintenu à la tempéra-
ture T0 . La température au point (x, y) ∈ [0, π] × [0, π] et à l'instant t ≥ 0 est
représentée par une fonction u(x, y) satisfaisant (dans ]0, π[×]0, π[×]0, ∞[) à
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 69

l'équation de la chaleur
∂2u ∂2u
 
∂u
=κ + ,
∂t ∂x2 ∂y 2

où κ 6= 0 est une constante. Notre problème consiste à déterminer la tempé-


rature d'état stationnaire ( ∂u
∂t
= 0) en tout point de la plaque. Dans ce cas,
l'équation aux dérivées partielles précédente devient
∂2u ∂2u
+ = 0.
∂x2 ∂y 2
Cette équation s'appelle équation de Laplace en deux variables. Les conditions
aux limites s'expriment par
u(0, y) = u(x, 0) = u(π, y) = 0, u(x, π) = T0 .

Résoudre l'équation ci-dessus, par la méthode de séparation des variables et les


séries de Fourier.
Réponse : On obtient la solution :

2T0 X (1 − cos kπ)
u(x, y) = sin kx. sinh ky.
π k=1 πk sinh kπ

Exercice 7.2 On considère l'équation aux dérivées partielles (équation des


cordes vibrantes) :
∂2u 2
2∂ u
=c , t>0
∂t2 ∂x2
où u(x, t) est l'amplitude des mouvements transversaux de la corde et c > 0 est
une constante (vitesse de la propagation) connue. On suppose que la corde est
homogène et tendue entre ses extrémités xes 0 et l. Déterminer la solution de
cette équation qui satisfait aux conditions suivantes :
 u(x, 0) = f (x) (déformation initiale de la corde en t = 0),

0 < x < l,
∂u
(x, 0) = 0, 0 < x < l,
 ∂t
u(0, t) = u(l, t) = 0, t > 0.

Réponse : On obtient la solution


∞  Z ∞ 
X 2 kπ kπ kπc
u(x, t) = f (x) sin xdx sin x cos t.
k=1
l 0 l l l
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 70

Exercice 7.3 On considère l'équation de la chaleur :


∂u ∂2u
= , t>0
∂t ∂x2
où u : [0, L] × [0, +∞[−→ R, (x, t) 7−→ u(x, t) est une fonction continue sur
[0, L] × [0, +∞[ et de classe C ∞ sur ]0, L[×]0, +∞[. On suppose satisfaites les
conditions aux limites : u(x, t) = u(L, t) = 0, L > 0, ainsi que les conditions
initiales : u(x, 0) = ϕ(x), où ϕ : [0, L] −→ R est une fonction 2L-périodique,
impaire et de classe C 4 . Déterminer u(x, t), 0 ≤ x ≤ L, à l'aide des séries de
Fourier.
Exercice 7.4 En utilisant la transformée de Fourier, déterminer la solution
u(x, t) de l'équation de la chaleur
∂u ∂2u
= a 2, a>0
∂t ∂x
avec la condition initiale : u(x, 0) = ϕ(x) où ϕ(x) est la température à l'instant
t = 0.

Réponse : On obtient la solution


Z ∞
1 (x−y)2
u(x, t) = √ ϕ(y)e− 16aπ2 t dy.
4π aπt −∞

Exercice 7.5 En utilisant la transformée de Fourier, déterminer la solution


u(x, t) de l'équation aux dérivées partielles
∂2u ∂2u
+ = 0, ∀(x, y) ∈ R × R∗+
∂x2 ∂y 2
avec la condition : u(x, 0) = ϕ(x) (fonction connue) et lim u(x, y) = 0. (On
y→0
suppose évidemment que u et f satisfont aux conditions d'utilisation des trans-
formées de Fourier).
Réponse : On obtient la solution
Z ∞
1 y
u(x, y) = ϕ(t)dt.
π −∞ (x − t)2 + y 2
Exercice 7.6 Même question que l'exercice précédent pour l'équation des cordes
vibrantes : 2 2
∂ u ∂ u
2
= α2 2 , x ∈ R, t ∈ R+
∂t ∂x
avec les conditions : u(x, 0) = ϕ(x) et ∂u
∂t
(x, 0) = ψ(x), où ϕ et ψ sont des
fonctions connues.
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 71

Réponse :
x+αt
ϕ(x + αt) + ϕ(x − αt)
Z
1
u(x, t) = + ψ(s)ds.
2 2α x−αt

Exercice 7.7 Déterminer la solution u(x, t) de l'équation aux dérivées par-


tielles : 2
∂u ∂ u
= ,
∂t ∂x2
satisfaisant aux conditions : u(x, 0) = sin x, u(0, t) = 0 = u(π, t) = 0, avec
0 < x < 1, t > 0.

Réponse : On trouve
u(x, t) = −e−t sin x.

Exercice 7.8 Déterminer la solution u(x, t) de l'équation de la chaleur


∂u ∂2u
= a2 2 ,
∂t ∂x
qui satisfait aux conditions suivantes : pour x = 0, on a
si t ≤ 0 si t ≤ 0
 
0 ∂u 0
u(0, t) =
f (t) si t > 0 , ∂x
(0, t) =
g(t) si t > 0
où f et g sont deux fonctions données, dénies pour t > 0. On pourra admettre
la légitimité des calculs. On représentera u par une intégrale de la forme
Z ∞
2 ω2 t
u(x, t) = (A(ω) cos ωx + B(ω) sin ωx)e−a dω,
−∞

où A(ω) est une fonction paire et B(ω) est une fonction impaire et l'on se
ramène à un problème de transformée de Laplace en posant p = a2 ω2 .
Réponse : On obtient
Z ∞
2 2
2
F (a2 ω 2 )ω cos ωx + G(a2 ω 2 ) sin ωx e−a ω t dω.

u(x, t) = a
−∞

Exercice 7.9 Déterminer la solution u(x, t) de l'équation aux dérivées par-


tielles (des ondes ou des cordes vibrantes) :
∂2u ∂2u
= ,
∂t2 ∂x2
satisfaisant aux conditions : u(x, 0) = ∂u
∂t
(x, 0) = 0, u(0, t) = sin x, x, t > 0.
On suppose qu'il existe une constante M > 0 tel que : |(u(x, t)| ≤ M .
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 72

Réponse : On trouve
si t > x

sin(t − x)
u(x, t) =
0 si t < x

Exercice 7.10 Soit f (x, y) une fonction de deux variables x, y et supposons


qu'elle satisfait aux conditions suivantes :
(i) pour x < 0, on a f (x, y) = 0.
(ii) pour x > 0, f satisfait à l'équation aux dérivées partielles
∂2f ∂2f
− + f = 0.
∂x2 ∂y 2

(iii) pour x = 0, on a f (0, y) = ∂f


∂x
(0, y) = 0.
(iv) f est bornée lorsque y −→ +∞.
(v) pour y = 0, on a ∂f ∂y
(x, 0) = −u(x) où u(x) est une fonction connue
ayant une transformée de Laplace U (p) = L{u(x)}.
En utilisant la méthode de Laplace, déterminer f (x, 0).
Réponse : On trouve
Z x
f (x, 0) = u(x − τ )J0 (τ )dτ,
0

où J0 (τ ) est la fonction de Bessel.

Exercice 7.11 Déterminer la solution u(x, t) de l'équation aux dérivées par-


tielles : 2 4
∂ u ∂ u
4 + 4 = 0,
∂t2 ∂x
satisfaisant aux conditions : u(x, 0) = ∂u (x, 0) = ∂∂xu2 (0, t) = 0, u(0, t) = 1,
2
∂t
x, t > 0. On suppose que : |(u(x, t)| ≤ M où M > 0 est une constante.

Réponse : On obtient la solution



√ √
e−ζt sin
Z
1 ζx cosh ζx
u(x, t) = 1 − dζ.
π 0 ζ

Exercice 7.12 Déterminer la solution de l'équation au dérivées partielles


∂u ∂2u
= 3 2,
∂t ∂x
telle que : u(x, 0) = 20 cos 3x − 5 cos 9x, u( π2 , t) = ∂u
∂x
(0, t) = 0.
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 73

Réponse : u(x, t) = 20e−27t cos 3x − 5e−243t cos 9x.


Exercice 7.13 Résoudre l'équation au dérivées partielles
∂u ∂2u
+ 4u − 2 = 0,
∂t ∂x
avec les conditions : u(x, 0) = 6 sin x − 4 cos 2x, u(0, t) = u(π, t) = 0.
Réponse : u(x, t) = 6e−5t sin x − 4e−8t sin 2x.
Exercice 7.14 Déterminer la solution de l'équation au dérivées partielles
∂u ∂u
x + + xe−y = 0, u(x, 0) = x, 0 < x < 1, y > 0.
∂x ∂y
Réponse : u(x, y) = x(1 + y)e−y .
Exercice 7.15 Déterminer la solution u(x, y, t) de l'équation aux dérivées
partielles :
∂u ∂2u ∂2u
= + ,
∂t ∂x2 ∂y 2
satisfaisant aux conditions :
1
u(0, y, t) = u(π, y, t) = u(x, y, 0) = 0, u(x, 0, t) = , 0 < x < π, y, t > 0.
4
On suppose qu'il existe une constante M > 0 tel que : |(u(x, y, t)| ≤ M .
Réponse : On obtient
∞ ∞
1 X (1 − cos kπ) sin kx 2 y2
Z
−(η 2 + k )
u(x, y, t) = √ e 4η 2 dη.
π π k=1 k y

2 t

Une équation aux dérivées partielles non linéaire :

équation de Korteweg-de Vries

Korteweg et de Vries1 ont établi une équation aux dérivées partielles non
linéaire décrivant l'onde de gravité qui se propage dans un canal peu profond
et possèdant des propriétés mathématiques remarquables :
∂u ∂u ∂ 3 u
− 6u + = 0, (7.1)
∂t ∂x ∂x3
1 Korteweg, D.J. and de Vries, G., On the change of form of long waves advancing in a

rectangular canal and on a new type of long stationary waves, Phil. Mag., 39 (1895), 422-443.
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 74

où u(x, t) est l'amplitude de l'onde au point x et au temps t. L'équation por-


tant ainsi leur nom (abrégé dans la suite comme KdV) admet une solution : le
soliton ou onde solitaire. En fait, ce modèle a été obtenu à partir des équations
d'Euler (en supposant l'écoulement irrotationnel) par Boussinesq vers 1877 et
redécouvert par Korteweg et de Vries en 1890. La solution de cette équation n'a
été obtenue et interprétée de manière rigoureuse qu'au début des années 1970
alors qu'une onde solitaire a été déjà observé en 1834 par l'ingénieur Scott-
Russell se promenant à cheval le long du canal Edinburgh-Glasgow en Ecosse ;
il décrivait son observation d'un phénomène d'hydrodynamique comme suit :
" J'observais le mouvement rapide d'un bateau qui était tiré le long d'un canal
étroit par deux chevaux quand, soudain, le bateau stoppa net. Mais il n'en fut
pas de même pour la masse d'eau qu'il avait mise en mouvement dans le canal.
Cette masse d'eau s'accumula autour de la proue du bateau dans un état de
forte agitation puis soudainement, l'abandonna et continua à se mouvoir avec
une célérité en prenant la forme d'une grande élévation solitaire au prol ar-
rondi, bien dénie et apparemment sans changement de forme ou diminution
de vitesse. Je la suivis à cheval et la dépassais alors qu'elle roulait encore à la
vitesse de 8 ou 9 miles à l'heure, conservant sa forme originale avec trente pieds
de long et un pied et demi en hauteur. Sa hauteur diminua peu à peu, et après
une poursuite d'un ou deux miles, je la perdais nalement parmi les vagues du
canal. Ce fut en ce mois d'août 1834 ma première rencontre avec ce phénomène
singulier et magnique ". Fasciné par ce phénomène, Scott-Russell a construit
un bassin à vagues dans son jardin et s'est employé à générer et à étudier ces
vagues plus attentivement. Cela a mené à un document [32] baptisé "The Re-
port on waves" publié en 1844 par la British association for the advancement of
science. Un peu plus tard, Boussinesq, puis Korteweg et de Vries proposèrent
l'équation (7.6.1) pour expliquer ce phénomène. L'équation de KdV conserve
la masse, la quantité de mouvement, l'énergie ainsi que de nombreuses autres
quantités. De nombreuses expériences ont mis à jour les étonnantes proprié-
tés des solutions de cette équation satisfaisant à des conditions aux limites
nulles : lorsque |t| −→ ∞, ces solutions se décomposent en solitons, c-à-d.,
en ondes de formes dénies progressant à des vitesses diérentes. Ces ondes
se propagent sur de longues distances sans déformation et l'une des caracté-
ristiques remarquables des solitons est qu'ils sont exceptionnellement stables
vis-à-vis des perturbations ; le terme u ∂u
∂x
conduit à des ondes de chocs tandis
que le terme ∂x3 produit un eet de dispersion. Chacun peut contempler des
∂3u

solitons à l'endroit où la marée vient mourir sur les plages. Dans le domaine
de l'hydrodynamique par exemple, les tsunamis (raz de marée) sont des mani-
festations des solitons. Généralement, on regroupe sous le vocable soliton des
solutions d'équations d'ondes non-linéaires présentant les propriétés caracté-
ristiques suivantes : elles sont localisées dans l'espace, durent indéniment et
conservent leur amplitude et leur vitesse même à l'issue de plusieurs collisions
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 75

avec d'autres solitons. Les solitons sont devenus indispensables pour l'étude
de plusieurs phénomènes. Notamment, l'étude de la propagation d'ondes en
hydrodynamique, d'ondes localisées dans les plasmas astrophysiques, Ils inter-
viennent dans l'étude des signaux dans les bres optiques, les phénomènes de
transport de charge dans les polymères conducteurs, les modes localisés dans
des cristaux magnétiques, etc...Des sociétés industrialisées ont mis au point,
à la suite d'études sur les solitons, ce qu'on peut appeler des lasers solitaires.
Ces derniers jouent un rôle important dans le domaine des télécommunications.
Des signaux lumineux ultra-courts envoyés dans certaines bres optiques faites
d'un matériau bien précis, peuvent voyager sur de longues distances sans s'al-
longer ni s'atténuer. La construction de mémoires à temps de communication
ultra-rapide et à faible consommation d'énergie, est basée sur le mouvement
de tourbillons magnétiques dans la jonction diélectique qui sépare deux supra-
conducteurs. Au niveau moléculaire, la théorie des solitons permet d'élucider
le mécanisme de contraction des muscles striés, la dynamique de macromolé-
cules biologiques comme l'ADN et les protéines. Dans la chaîne de peptides
et d'hydrogène des protéines, les solitons naissent du mariage de la dispersion
due aux vibrations intrapeptides et de la non-linéarité due à l'interaction de
ces vibrations avec les déplacements de groupes peptides autour de leur po-
sition d'équilibre. Mais aussi la théorie des solitons a eu un impact sur les
mathématiques pures ; par exemple, il fournit la réponse au fameux problème
de Schottky, posé il y a un siècle, sur les relations entre les périodes provenant
d'une surface de Riemann. Grosso modo, il s'agit de trouver des critères pour
qu'une matrice des périodes appartenant au demi-espace de Siegel soit la ma-
trice des périodes d'une surface de Riemann. Géométriquement, le problème
de Schottky consiste à caractériser les jacobiennes parmi toutes les variétés
abéliennes principalement polarisées. A part l'équation de KdV, on peut citer
à titre d'exemples parmi les équations non-linéaires ayant des solutions de type
soliton : l'équation non-linéaire de Kadomtsev-Petviashvili :
∂2u ∂u ∂ 3 u
 
∂ ∂u
2
− 4 − 12u − = 0,
∂y ∂x ∂t ∂x ∂x3
l'équation de Schrödinger non-linéaire :
∂ψ ∂ 2 ψ
i + + ψ|2 ψ = 0,
∂t ∂x2
l'équation de Sine Gordon :
∂2u ∂2u
− 2 + sin u = 0,
∂t2 ∂x
l'équation de Boussinesq :
∂ 2 u ∂ 2 u ∂ 4 u ∂ 2 u2
− 2+ 4+ = 0,
∂t2 ∂x ∂x ∂x2
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 76

l'équation de Camassa-Holm :
∂u ∂3u ∂u ∂u ∂ 2 u ∂3u
− + 3u = 2 + u ,
∂t ∂t∂x2 ∂x ∂x ∂x2 ∂x3
le réseau de Toda décrit par un système :
ẋj = yj y˙j = −exj −xj+1 + exj−1 −xj ,

de masses vibrantes disposées sur un cercle et reliées entre elles par des res-
sorts dont la force de rappel est exponentielle. Les solitons sont apparus dans
bien d'autres domaines ; en particulier l'équation de Klein Gordon non-linéaire,
l'équation de Zabusky-Kruskal pour le modèle de Fermi-Pasta-Ulam des pho-
nons dans un réseau anharmonique, etc...
Examinons d'abord quelques solutions particulières de l'équation de KdV,
de l'espèce des ondes progressives :
u(x, t) = s(x − ct),

où c est la vitesse de phase. En remplaçant cette expression dans l'équation


(7.1), on obtient l'expression
∂s ∂s ∂3s
−c − 6s + 3 = 0.
∂x ∂x ∂x
En intégrant cette équation par rapport à x et en imposant la condition au
limite que s et ses dérivées décroissent pour |x| −→ ∞, on obtient
∂2s
−cs − 3s2 + = 0,
∂x2
d'où  2
3 ∂s
−cs − 2s + = 0,
∂x
et l'expression exacte de la solution s nécessite l'utilisation des fonctions el-
liptiques. Supposons que ∂x
∂s
(0) = 0, dans ce cas la solution de cette dernière
équation est √
c c
s(x − ct) = − sech2 (x − ct),
2 2
où sech désigne la sécante hyperbolique, c-à-d., 1
cosh
. Par conséquent
x
u(x, 0) = u0 sech2 ,
l
où u0 ≡ − 2c et l2 ≡ 4c . Cette expression montre que u démeure inniment
longtemps dans la position u ' 0, ensuite il atteint la valeur u0 , se rééchit sur
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 77

ce point et revient de nouveau dans la position de u ' 0. Cette solution porte


le nom de solution d'onde solitaire ou soliton. Pour obtenir cette solution,
on pourra utiliser des transformations dites de Bäcklund pour l'équation de
KdV. Lorsque les solitons se heurtent, les dimensions et vitesses des solutions
ne changent pas après collision. Ce phénomène remarquable a suggéré l'idée
de lois de conservation. Et eectivement, Kruskal, Zabusky, Lax, Gardner,
Green et Miura ont réussi à trouver toute une série d'intégrales premières
pour l'équation de KdV. Ces intégrales sont de la forme Pn u, ..., u(n) dx,
R 

où Pn est un polynôme. En eet, les équations de conservation que l'on peut


déduire de l'équation de KdV prennent la forme générale suivante :
∂Pn ∂Qn
+ = 0,
∂t ∂x
où les fonctions Pn et Qn forment une série de fonctions dont voici les trois
premières :
(i) L'équation de KdV peut s'écrire sous la forme :
∂2u
 
∂u ∂ 2
+ −3u + 2 = 0.
∂t ∂x ∂x

D'où
∂2u
P1 = u, Q1 = −3u2 + .
∂x2
(ii) Multiplions l'équation de KdV par u, cela donne
∂u ∂u ∂3u
u − 6u2 + u 3 = 0,
∂t ∂x ∂x
et 2 !
u2 ∂2u 1
  
∂ ∂ ∂u
+ −2u3 + u 2 − = 0.
∂t 2 ∂x ∂x 2 ∂x
D'où 2
u2 ∂2u 1

3 ∂u
P2 = , Q2 = −2u + u 2 − .
2 ∂x 2 ∂x
(iii) On a
∂2u ∂u ∂ 3 u
  
2 ∂u
3u − 2 − 6u + = 0,
∂x ∂t ∂x ∂x3
∂u ∂ 2 u
 
2 ∂u
3u + +
∂t ∂x ∂x∂t
3
∂u ∂ 2 u ∂ 2 u ∂ 3 u ∂ 2 u ∂u ∂u ∂ 2 u
 
3 ∂u u 2∂
−18u + 3u + 6u − − − = 0.
∂x ∂t3 ∂x ∂x2 ∂x2 ∂x3 ∂x2 ∂t ∂x ∂x∂t
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 78

2 ! 2 !
∂2u 1 ∂2u
 
∂ 1 ∂u ∂ 9 ∂u ∂u
u3 + + − u4 + 3u2 2 − − = 0,
∂t 2 ∂x ∂t 2 ∂x 2 ∂x2 ∂x ∂t
d'où
2 2
∂2u 1 ∂2u
 
1 3 ∂u 9 ∂u ∂u
P3 = u + , Q3 = − u4 + 3u2 2 − − .
2 ∂x 2 ∂x 2 ∂x2 ∂x ∂t

Si u s'annule pour x → ∞, on obtient


Z

Pn dx = 0,
∂t

donc Pn dx sont des intégrales premières de l'équation de KdV. Posons main-


R

tenant u(x, t) = ∂x (x, t) et supposons que ∂y , ∂y , ∂ y décroient quand |x| → ∞.


∂y 3

∂t ∂x ∂t3
L'équation de KdV, s'écrit :
2
∂3y

∂y ∂y
−3 + = 0.
∂t ∂x ∂t3

D'où
Z ∞ Z ∞  2 Z ∞
∂ ∂y
y(x, t)dx = 3 (x, t)dx = 3 u2 (x, t)dx = constante.
∂t −∞ −∞ ∂x −∞

Comme u = ∂y
∂x
, nous avons aussi

∂ ∞ x
Z Z Z

y(x, t)dx = u(z, t)dzdx,
∂t −∞ ∂t −∞ −∞

∂ x ∂ ∞
Z Z
= x u(z, t)dz − u(z, t)dx,
∂t −∞ −∞ ∂t −∞
∂ ∞
Z
= − xu(x, t)dx,
∂t −∞

car par hypothèse u2 et ∂∂xu2 tendent vers 0 quand |x| → ∞. En comparant les
2

deux expressions obtenues, on obtient une nouvelle intégrale première :


Z ∞

xu(x, t)dx = constante.
∂t −∞

Lax a montré que l'équation de KdV est équivalente à l'équation (qui porte
son nom) :
dA
= [A, B],
dt
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 79

où [A, B] = AB − BA et
∂2 ∂3
 
∂ ∂u
A = − 2 + u(x, t), B = 4 3 − 3 2u + .
∂x ∂x ∂x ∂x
On en déduit que le spectre de A est conservé : si A est un opérateur symétrique
(A> = A) et T une transformation orthogonale (T > = T −1 ), alors le spectre
de T −1 AT coincide avec celui de A. L'apparition d'une série innie d'intégrales
premières s'explique aisément par l'équation de Lax.
L'équation de Strum-Liouville :
Aψ = λψ,

où λ est un paramètre réel, peut s'écrire sous la forme


∂2ψ
+ (λ − u(x, t))ψ = 0. (7.2)
∂x2
Cette équation nous rappelle l'équation unidimensionnelle et stationnaire de
Schrödinger. Dans la suite nous verrons que la solution complète de l'équation
de KdV est étroitement liée à la solution de cette équation. Nous allons nous
intéresser aux solutions pour lesquelles u décroît susamment vite pour x −→
±∞. Soulignons au passage qu'il existe d'autres conditions intéressantes à
savoir : le cas où u(x, t) tend vers des constantes diérentes pour |x| −→ ∞
et celui où u(x, t) est périodique en x. Considérons donc l'équation (7.2) où
u(x, t) est solution de l'équation de KdV (7.1). On suppose qu'au bout d'un
certain temps, l'équation (7.2) a N états liés avec pour énergie λn = −kn2 ,
n = 1, 2, ..., N et des états continus avec pour énergie λ = k 2 . Pour l'étude de
la partie discrète du spectre λn (t) = −kn2 (t), on a

Proposition 52 Si ψn (fonction mesurable et de carré intégrable) et ∂ψ ∂x


n
tendent
vers zéros quand |x| tend vers l'inni, alors λn (t) = constante et la solution
de l'équation (7.2) est donnée par ψn (t) = cn (0)ekn (x−4kn2 t) , où cn (0) est déter-
minée par la condition initiale u(x, 0) = u0 (x) de l'équation de KdV.
Pour l'étude de la partie continue du spectre λ(t) = k 2 (t), on procède
comme suit : on suppose qu'une onde plane stationnaire se propage à partir de
x = −∞ et rencontre un potentiel u(x, t) avec un coecient de transmission T
et un coecient de réexion R. Dans ce cas l'équation (7.2) admet une solution
ψ telle que :

T (k, t)eikx , x → +∞ (à droite de la barrière potentielle)



ψ= ikx
e + R(k, t)e−ikx , x → + − ∞ (à gauche de la barrière potentielle)

où |R|2 + |T |2 = 1.
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 80

Proposition 53 Si u ' 0 pour |x| → ∞, alors on a


3
T (k, t) = T (k, 0), R(k, t) = R(k, 0)e−8ik t ,

où R(k, 0) et T (k, 0) sont déterminés par la condition initiale u(x, 0) = u0 (x)


de l'équation de KdV.
La connaissance de cn (t), kn (t), n = 1, 2, ..., N et R(k, t) permet d'exprimer
u(x, t) pour un temps quelconque ; c'est le problème de la diusion inverse. Ce
dernier se réduit à la solution K(x, y; t), (y ≤ x), de l'équation intégrale linéaire
de Gelfand-Levitan :
Z x
K(x, y; t) + I(x + y, t) + I(z + y)K(x, z; t)dz = 0, (7.3)
−∞

où Z ∞ N
1 X
I(µ, t) = R(k, t)e−ikµ dk + c2n (t)ekn (t)µ .
2π −∞ n=1

La solution u(x, t) de l'équation de KdV est donnée par


d
u(x, t) = 2 K(x, x; t). (7.4)
dx
L'équation de KdV qui est non-linéaire est transformée en l'équation de Gelfand-
Levitan qui est linéaire. Le problème initial est ainsi complètement résolu.
Cette méthode présente deux simplications majeures. Tout d'abord dans l'ap-
proche analytique de la solution de l'équation de KdV, il sut à chaque étape
de ne résoudre que des équations linéaires. Ensuite t n'apparait que paramétri-
quement et de plus bien que pour tout t l'équation de Gelfand-Levitan semble
superciellement être une équation intégrale de deux variables, réellement x
intervient comme un paramètre et nous avons donc à faire à une famille d'équa-
tions intégrales pour les fonctions K(x, y) d'une seule variable y .
Avant de traiter le cas de N solitons, revenons d'abord au cas d'un soliton
et considérons la solution

c 2 c
u(x, t) = − sech (x − ct),
2 2
de l'équation de KdV obtenue précédemment avec la condition initiale sui-
vante :
u(x, 0) = −2 sech2 x,
où par convention on a posé c = 4. L'équation de Schrödinger (7.2) s'écrit
∂2ψ
+ (2 sech2 x + λ)ψ = 0. (7.5)
∂x2
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 81

Pour étudier l'équation (7.5), on pose

ψ = A sechα x.w(x), (7.6)

où A est une amplitude arbitraire, α2 = −λ et w satisfait à l'équation suivante :


∂2w ∂w
2
− 2α tanh x + (2 + α − α2 ) sech2 x.w = 0.
∂x ∂x
En faisant la substitution u = 21 (1 − tanh x), cette équation se ramène à une
équation diérentielle hypergéométrique de Gauss :
∂2w ∂w
u(1 − u) 2
+ (c − (a + b + 1)u) − abw = 0,
∂u ∂u
dans laquelle a = 2 + α, b = −1 + α, c = 1 + α. Cette équation présente trois
points singuliers réguliers : u = 0, u = 1, u = ∞. La solution de cette équation
pour u = 0 est
ab u a(a + 1)b(b + 1) u2
w = F (a, b, c, u) = 1 + . + . (7.7)
c 1! c(c + 1) 2!
a(a + 1)...(a + n − 1)b(b + 1)...(b + n − 1) un
+ . + ···
c(c + 1)...(c + n − 1) n!

Pour x → ∞ (c-à-d., quand u → 0), on a w → 1. D'après l'expression (7.6),


on a
ψ = A2α (ex + e−x )−α .w(x),
et celle-ci tend vers Ae2α e−αx quand x → ∞. Pour représenter une onde plane
Aeikx allant à +∞, nous poserons α = −ik . La forme asymptotique de la
fonction d'onde pour x → −∞ (u → 1) s'obtient en transformant la fonction
hypergéométrique à l'aide de la relation fonctionnelle
Γ(c)Γ(c − a − b)
F (a, b, c, u) = F (a, b, a + b − c + 1, 1 − u)
Γ(c − a)Γ(c − b)
Γ(c)Γ(a + b − c)
+(1 − u)c−a−b F (c − a, c − b, c − a − b + 1, 1 − u),
Γ(a)Γ(b)

où Γ(z) = 0∞ e−t ez−1 dt, Re z > 0, est la fonction gamma d'Euler. En tenant
R

compte de (7.6.7) et de l'expression ci-dessus, la relation (7.6) devient


  
Γ(c)Γ(c − a − b) ab
ψ = A sech x α
1+ (1 − u) + · · ·
Γ(c − a)Γ(c − b) a+b−c+1
 
c−a−b Γ(c)Γ(a + b − c) (c − a)(c − b)
+ (1 − u) 1+ (1 − u) + · · · .
Γ(a)Γ(b) c−a−b+1
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 82

Lorsque u → 1 (x → −∞), on a (1 − u)c−a−b → e−2αx et puisque α = −ik ,


alors
 
α Γ(c)Γ(a+ b − c) ikx Γ(c − a − b)Γ(a)Γ(b)
ψ −→ Ae e + .
Γ(a)Γ(b) Γ(c − a)Γ(c − b)Γ(a + b − c)

Cette expression combinée avec le fait que ψ tend vers Ae2α e−α lorsque x → ∞,
nous donnent le coecient de transmission T = Γ(c)Γ(a+b−c)
Γ(a)Γ(b)
et le coecient de
réexion R = Γ(c−a)Γ(c−b)Γ(a+b−c) . Pour un soliton individuel, l'équation (7.1)
Γ(c−a−b)Γ(a)Γ(b)

a une solution précise. Il s'avère que le soliton d'amplitude u0 n'a qu'un seul
niveau discret à valeur propre λ = u20 , tandis que le niveau suivant correspond
au point λ = 0 (avec la fonction propre ψ = tanh x) et appartient déjà au
spectre continu. L'équation de Gelfand-Levitan (7.3) où
I(µ, t) = c21 (t)ek1 µ = c21 (0)e−8k1 t ek1 t = 2e−8t+µ ,

s'écrit Z x
−8t+x+y −8t+y
K(x, y; t) + 2e + 2e ez K(x, z; t)dz = 0.
−∞

En posant K(x, y, t) = f (x)e , on obtient


y

f (x) + 2e−8t+x + e−8t+2x f (x) = 0,

d'où f (x) = −2 1+ee8t−2x . Par conséquent, la solution (7.6.4) de l'équation de


−x

KdV dans le cas d'une onde solitaire est


d 2
u(x, t) = 2 K(x, x, t) = − 2 = −2 sech2 (x − 4t).
dx cosh (x − 4t)
Cela illustre la méthode de solution et la correspondance entre valeur propre
et solution.
Nous allons maintenant nous intéresser au cas de N -solitons. An de ré-
soudre l'équation de Gelfand-Levitan (7.3), où R(k, t) = 0, on pose
N
(7.8)
X
K(x, y) = wn (x, t)ekn y ,
n=1

où wn sont des fonctions à déterminer. En remplaçant cette expression dans


l'équation de Gelfand-Levitan, on obtient le système d'équations algébriques
linéaires pour wn , n = 1, ..., N suivant :
e(k1 +km )x
 PN
w1 (x, t) + c21 (t)ek1 x + 2
m=1 c1 (t) k1 +km wm (x, t) = 0,
..


.
e(kN +km )x
 PN
wN (x, t) + c2N (t)ekN x + 2
m=1 cN (t) kN +km wm (x, t) = 0.

A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 83

Dénissons les notations suivantes :


   
w1 c21 (t)ek1 x
A = c2n (t)e(kn +km )x , W =  ...  , ..

G= . ,
   
wN c2N (t)ekN x

e(kn +km )x
 
P ≡ (Pnm ) = δnm + c2n (t) = I + A, (7.9)
kn + k m
où I est la matrice unité. Le système ci-dessus s'écrit P W = −G, et on montre
aisément qu'il a une solution unique. De l'équation (7.8), on tire
 
ek1 x
K(x, x) = h> w = −h> P −1 G, ..
h≡ . .
 
ekN x

Or
d
Pnm = c2m ekn x .ekm x ,
dx
N 
e(kn +km )x
X 
2
det P = δnm + cn (t) αnm ,
n=1
k n + k m

−1 αnm
P = ,,
det P
où αnm est le cofacteur de P , donc
X αnm d 1 d d
K(x, x) = − Pnm = − (det P ) = − ln det P,
n,m
det P dx det P dx dx

et d'après (7.4.4), on a
d d2
u = 2 K(x, x) = −2 2 ln det P.
dx dx
Par conséquent, on a
Théorème 54 La solution de l'équation de KdV est donnée par la fonction
d2
u = −2 ln det P,
dx2

où P est déni par (7.6.9) et dont lequel cn (t) = cn (0)e−4kn3 t , avec kn > 0
distincts.
A. Lesfari (Master Maths, Introduction aux EDP) 84

La fonction obtenue dans le théorème ci-dessus est négative pour tout x,


continue et se comporte comme l'exponentielle quand |x| → ∞. Pour avoir une
idée sur le comportement des solitons et en particulier sur leur comportement
asymptotique, supposons que k1 < k2 < ... < kN −1 < kN .
Théorème 55 La solution explicite de N-solitons de l'équation de KdV est
donnée par
 N
kn2 sech2 (kn ξn + δn+ ), t → +∞
 X
 −2



n=1
u(x, t) = N
kn2 sech2 (kn ξn + δn− ), t → −∞
 X
 −2



n=1

n−1
!2 N
!2
1 c2 Y kj − kn 1 c2 Y kj − kn
δn+ ≡ ln n , δn− ≡ ln n ,
2 2kn j=1
kj + kn 2 2kn k + kn
j=n+1 j

sont les changements de phase.


Remarque 56 On peut interpréter ce résultat de la manière suivante : par
exemple pour t → ∞, on a
−2kn2 sech2 (kn (x − 4kn2 t) + δn+ ) si c = 4kn2

lim u(x, t) = lim u(x − ct) =
t→∞ t→∞ 0 si c 6= 4kn2
C'est la forme d'une onde solitaire d'amplitude 2kn2 , se propageant à droite
avec une vitesse constante égale à 4kn2 . La solution de l'équation de KdV se
divise réellement en N -solitons à la limite pour |t| → ∞. Cela indique que
chaque soliton préserve sa forme après les collisions. Ces derniers sont analy-
sées par les changements de phase δn+ et δn− . Le changement de phase relative
est déterminé par
n−1
!2 N
!2
1 c2 Y k j − kn 1 c2 Y k j − kn
δn+ − δn− = ln n − ln n ,
2 2kn j=1
k j + kn 2 2kn k + kn
j=n+1 j
n−1 N
X kj − kn X kj − kn
= ln − ln ,
j=1
kj + kn j=n+1 kj + kn
et il s'exprime en fonction des kj (1 ≤ j ≤ N ). Comme les kj sont invariantes
par rapport au temps, alors les δn+ −δn− le sont aussi. Rappelons que nous avons
supposé k1 < k2 < ... < kN , donc
N N −1
Xk j − k1 −
X kN − k1
δ1+− δ1−
=− ln > 0, +
δN − δN = ln < 0.
j=2
k j + k 1 j=1
k N + k 1

En outre, on montre aisément que : n=1 δn = n=1 δn .


PN + PN −
Bibliographie
[1] Arnold, V.I. : Lectures on partial dierential equations, Springer-Verlag,
2004.
[2] Dieudonné, J. : Éléments d'analyse, tomes 7 et 8. Gauthier-villars, Paris,
1978.
[3] Lesfari, A. : Distributions, analyse de Fourier et transformation de Laplace
(Cours et exercices). Éditions Ellipses, Paris, 2012.
[4] Lesfari, A. : Etude des équations stationnaire de Schrödinger, intégrale
de Gelfand-Levitan et de Korteweg-de-Vries. Solitons et méthode de la
diusion inverse. Aequationes mathematicae, Springer, Vol. 85, 243-272,
2013.
[5] Lesfari, A. : Équations diérentielles ordinaires et équations aux déri-
vées partielles (Cours et exercices corrigés). Éditions Ellipses, Paris, Mars
2015.
[6] Mikhailov, V. : Équations aux dérivées partielles. Éditions Mir,Moscou
1980.
[7] Reinhard, R. : Équations aux dérivées partielles : introduction. Dunod,
Paris, 1991.

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