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Chapitre III

Equations différentielles du second ordre


(la boite à z)
Cas des équations à coefficients constants
On considère une équation différentielle du second ordre à coefficients constants

y + ay + by = P (t) eαt (E)

où P est un polynôme (à coefficients réels, mais on peut aussi le prendre à coefficients complexes) et α ∈ C.
On cherche à obtenir une solution particulière.

Remarque 1 Si on doit résoudre une équation du type

y + ay + by = P (t) eβt cos ωt


ou y + ay + by = P (t) eβt sin ωt

on passe par
y + ay + by = P (t) eαt
avec α = β + iω et on prend la partie réelle (ou imaginaire) de la solution trouvée.

Les solutions (à valeurs dans C) de l’équation homogène y + ay + by = 0 sont de la forme λer 1 t + µer 2 t
lorsque l’équation caractéristique a deux racines, ou de la forme λer 1 t + µter 1 t en cas de racine double. Ces
solutions sont donc combinaisons linéaires des deux solutions particulières

y1 (t) = er 1 t
y2 (t) = er 2 t ( ou y2 (t) = ter 1 t )

Si on pose y (x) = z (t) eαt alors y est solution de (E) si et seulement si

(z (t) + uz (t) + vz (t)) eαt = P (t) eαt

où u et v sont des constantes (on peut faire le calcul pour expliciter u = 2α + a et v = α2 + aα + b) donc si
et seulement si z est solution de l’équation du second degré à coefficients constants

z + uz + vz = P (t) (E )

Comment obtenir rapidement les coefficients u et v ?


Les solutions de l’équation homogène en y sont y1 et y2 , celles de l’équation homogène en z sont donc z1 (t) =
y1 (t) e−α t, z2 (t) = y2 (t) e−αt . On connaît donc les solutions de l’équation homogène z + uz + vz = 0. On
peut alors affirmer que les racines de l’équation caractéristique associée à (E ) sont r1 − α et r2 − α (ou r1 − α
dans le cas d’une racine double). On a alors immédiatement les coefficients u et v, (car −u est la somme des
racines et v le produit). On résume cela dans la ”boite à z”. On place dans la première colonne les solutions
y1 et y2 , et dans la seconde les solutions z1 et z2 . On lit alors les racines de l’équation caractéristique de
l’équation homogène en z. On en déduit l’équation homogène associée à (E ) et in fine, (E ) elle même. Il
reste ensuite à chercher z sous la forme d’un polynôme (de degré à déterminer)

Exemple 2 Résoudre
y − 5y + 6y = tet
L’équation caractéristique est r2 − 5r + 6 = (r − 2) (r − 3) , les solutions de l’équation homogène en y sont de
la forme λe2t + µe3t . On pose y (t) = z (t) et et on écrit la boite à z.

y ←−−
t
z
×e
e2t et
e3t e2t

Géry Huvent - Lycée Baggio


Les solutions de l’équation homogène en z sont et et e2t . On peut donc affirmer que les racines de son
équation caractéristique (celle de l’équation en z) sont 1 et 2 (On connaît ainsi l’équation caractéristique :
r2 − (somme des racines) × r + (produit des racines)). L’équation en z est donc

z − (1 + 2) z + (1 × 2) z = t
z − 3z + 2z = t

On cherche ensuite une solution sous la forme d’un polynôme de degré 1, z (t) = at + b. Alors
1 3
z − 3z + 2z = t ⇐⇒ 2at + 2b − 3a = t ⇐⇒ a = , b=
2 4
t 3
z (t) = +
2 4
 
t 3
Les solutions de l’équation en y sont λe2t 3t
+ µe + + et où (λ, µ) ∈ R2
2 4
Exemple 3 Résoudre
2y − 6y + 4y = te2t
On normalise l’équation en divisant par 2

te2t
y − 3y + 2y =
2
L’équation caractéristique est r2 −3r+2 = (r − 1) (r − 2) , les solutions de l’équation homogène sont λet +µe2t .
On cherche une solution particulière en posant y (t) = z (t) e2t et on écrit la boite à z.

y ←−−− z
×e 2 t
et e−t
e2t 1

L’équation en z est donc


t
z − (−1 + 0) z + (−1) × 0 × z = z + z =
2
On cherche z sous la forme d’un polynôme de degré 2 et sans terme constant (de degré 2 pour avoir du t (avec
le z ) et sans terme constant car ces derniers disparaissent à la dérivation). On pose donc z (t) = at2 + bt,
alors
t 1 1
2a + (2at + b) = ⇐⇒ a = , b = −
2 4 2
Exemple 4 Résoudre
y − 6y + 9y = e−t
L’équation caractéristique est r2 − 6r + 9 = (r − 3)2 , les solutions de l’équation homogène sont (λ + µt) e3t .
Pour la recherche de la solution particulière, on pose y (t) = e−t z (t)

y ←−−−z
−t
×e
e3t e4t
te3t te4t
2
l’équation en z est (car (r − 4) = r2 − 8r + 16)

z − 8z + 16z = 1


1
dont une solution est z (t) = . Les solutions de l’équation initiale sont
16
e−t
(λ + µt) e3t + , (λ, µ) ∈ R2
16

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Exemple 5 Résoudre
y − y − 2y = cos t
L’équation caractéristique est r2 − r − 2 = (r + 1) (r − 2) , les solutions de l’équation homogène sont λe−t +
µe2t . On cherche ensuite une solution particulière de

y − y − 2y = eit

dont on prend la partie réelle des solutions. On pose y (t) = z (t) eit

y ←−−− z
×e it
−t (−1−i)t
e e
e2t e(2−i)t

l’équation est z est donc


z − (1 − 2i) z − (1 + i) (2 − i) z = 1
1 1 −3 + i
dont une solution particulière est − =− = . Une solution particulière est donc
   (1 + i) (2 −
 i) 3 + i 10
−3 + i it −3 + i −3 1
Re e = Re (cos t + i sin t) = cos t − sin t La solution générale de y − y − 2y =
10 10 10 10
−1 + 3i it
eit est donc λe−t + µe2t + e . La partie réelle de cette solution est la solution générale de l’équation
10
initiale.
3 1
λe−t + µe2t − cos t − sin t, (λ, µ) ∈ R
10 10
Exemple 6 Résoudre
y − 2y + 2y = sin 2t
L’équation caractéristique est r2 − 2r + 2 = (r − (1 + i)) (r − (1 − i)). les solutions de l’équation homogène
sont λet cos t + µet sin t.
On détermine une solution particulière de

y − 2y + 2y = e2it

dont on prend ensuite la partie imaginaire. On pose y (t) = e2it

y ←−−−− z
×e 2 it
e(1+i)t (1−i)t
e
e(1−i)t e(1−3i)t

L’équation homogène en z est donc

z − (2 − 4i) z + (1 − i) (1 − 3i) z = z − (2 − 4i) z − (2 + 4i) z = 1

1 1 1
Uns solution est z (t) = − = − + i. Une solution particulière de l’équation initiale est donc
   2 + 4i 10 5
1 1 2it 1 1
Im − + i e = − sin 2t + cos 2t et la solution générale est
10 5 10 5

1 1
λet cos t + µet sin t − sin 2t + cos 2t
10 5
Exemple 7 Résoudre
y + y = (5t − 7) e−t cos t
Les solutions de l’équation homogène sont λ cos t + µ sin t. On cherche une solution particulière de

y + y = (5t − 7) e(−1+i)t

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en posant y (x) = z (x) e(−1+i)t
y ←−−−−−− z
×e − 1 + it
eit et

e−it e(1−2i)t
l’équation en z est donc
z − (2 − 2i) z + (1 − 2i) z = (5t − 7)
on cherche z sous la forme d’un polynôme de degré 1, z (t) = at + b. On obtient alors

−2 (1 − i) a + (1 − 2i) (at + b) = 5t − 7

(1 − 2i) a = 5
⇐⇒
 (1 − 2i) b = −7 + 2 (1 − i) a
 5
a = = 1 + 2i
⇐⇒ 1 − 2i
 (1 − 2i) b = −7 + 2 (1 − i) a = −1 + 2i

Une solution particulière est donc


 
Re ((1 + 2i) t − 1) e(−1+i)t
= t (cos t − 2 sin t) − e−t cos t

La solution générale de l’équation initiale est

λ cos t + µ sin t + t (cos t − 2 sin t) − e−t cos t

Exemple 8 Résoudre
y − 4y + 4y = t2003 e2t
2
L’équation caractéristique est (r − 2) , la boite à z donne

y ←−−− z
×e 2 t
e2t 1
te2t t

l’équation en z est donc


z = t2003
dont une solution est
t2005
z=
2004 × 2005
Les solutions de l’équation initiale sont

t2005
y (t) = (λ + µt) e2t + , (λ, µ) ∈ R2
2004 × 2005

Equations à coefficients non constants (niveau spé)


En fait, la boite à z peut être utile pour la résolution d’équations différentielles du second degré à coefficients
non constants ou à second membre "exotique". On sait que si on dispose d’une solution y1 de l’équation
homogène, en posant y (t) = z (t) × y1 (t) , on se ramène à une équation du premier ordre (si on dispose des
deux solutions, il y a un choix à faire, bien souvent l’un est meilleur que l’autre). L’utilisation de la boite à
z simplifie ce changement de fonction inconnue. On peut illustrer ceci sur des exemples.

Exemple 9 Résoudre
e3t
y − 5y + 6y =
ch t

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L’équation homogène admet λe2t + µe3t comme solutions. On cherche ensuite une solution particulière en
posant y (t) = z (t) e3t . On peut aussi poser y (t) = z (t) e−t , mais sur cet exemple, il est évident que ce n’est
pas le bon choix ; dans d’autres circonstances, il faut parfois essayer les deux possibilités.
La boite à z donne
y ←−−− z z
×e 3 t
3t
e 1 0
e2t e−t −e−t
l’équation en z obtenue est
1
z + 4z =
ch t
(l’absence de terme en z se traduit par le fait que z = 1 doit être solution de cette équation). Si on pose
u = z , on a une équation du premier degré en u
1
u + 4u =
ch t
dont on connaît déjà la solution de l’équation homogène : c’est −e−t (seconde colonne de la boite à z). Si
on cherche u par variation de la constante, on pose u (t) = c (t) e−t . Dans ce cas u est solution de
1 2et 2e2t
c (t) e−t = ⇐⇒ c (t) = t −t
= 2t
ch t e +e e +1
et 
2e2t  
c (t) = 2t
dt = ln e2t + 1
e +1
 
u (t) = z (t) = e−t ln e2t + 1

 
z (t) = e−t ln e2t + 1 dt

  et
= −e−t ln e2t + 1 + 2 2
dt (IPP en dérivant le ln )
1 + (et )
t −t
 2t 
= 2 arctan e − e ln e + 1
enfin (ouf ) la solution de l’équation de départ est
   
y (t) = 2e3t arctan et − e2t ln e2t + 1 + λe2t + µe3t , (λ, µ) ∈ R2
Exemple 10 (Niveau spé) On considère l’équation
t2 y + ty − y = t2 et (E1 )

1
dont on sait que les fonctions y1 (t) = t et y2 (t) = sont solutions (L’équation homogène est une équation
t
d’Euler, on cherche les solutions sous la forme y (t) = tα ). Pour obtenir une solution particulière, on pose
z (t)
y (t) = = z (t) y2 (t) (on fait varier une constante). L’équation en z est de la forme
t
t2 z (t)
+ (?) z (t) + (?) z (t) = t2 et (E2 )
t
1
(car si on dérive deux fois y, on a y = z (t) × + · · · , cf. la formule de Leibniz). Dans ce cas, la boite à
t
z comporte une colonne de plus
y ←−−− z z
×1/t
1
1 0
t
2
t t 2t
et montre que :

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1. z (t) = 1 est solution de (E2 ) , le terme en z de (E2 ) est donc nul. L’équation (E2 ) est du premier degré
en z . (ce que l’on savait déjà, mais il est bon de s’en souvenir)
Elle s’écrit donc
tu + (?) u = où u = z (E3 )

2. u (t) = 2t est solution de (E3 ) .

Si on applique la variation de la constante sur (E3 ) , on cherche u (t) = 2t × c (t) alors

t × 2tc (t) = t2 et

d’où
1 t
c (t) = e
2
et
u (t) = z (t) = tet
puis 
z (t) = tet dt = (t − 1) et

et enfin
(t − 1) et
y (t) =
t
est une solution particulière de (E1 )

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