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Licence Mathématiques 2ème année Sorbonne Université

2MA236 Équations différentielles ordinaires 2022-2023

Examen deuxième session 2MA236 - 23 juin 2023

Consignes et avertissements importants :


— Les appareils électroniques (téléphones compris) et les documents sont interdits.
— Les exercices sont indépendants.
— Les réponses doivent être justifiées et rédigées de manière rigoureuse.
— Ne pas hésiter à sauter des questions si nécessaire.
— Attention : sujet recto-verso !

Exercice 1. On considère l’équation différentielle suivante :

y 00 + y 0 − 2y = 0. (E1)

1. Quel est l’intervalle d’existence des solutions de (E1) ? Justifier.


2. Déterminer la forme générale des solutions réelles de (E1).
3. Déterminer la solution φ de (E1) satisfaisant φ(0) = 0 et φ0 (0) = 3.
4. Déterminer la forme générale des solutions de l’équation

y 00 (t) + y 0 (t) − 2y(t) = 2e−t + 2t. (E2)


 
y
5. Soit y une solution de (E1). On pose X = . Déterminer une matrice A
y0
telle que X satisfasse l’équation

X 0 = AX. (E3)

6. Déterminer une matrice diagonale D ∈ M2 (R) ainsi qu’une matrice inversible


P ∈ Gl2 (R) telles que A = P DP −1 .
7. Expliciter la forme générale des solutions de (E3). On en donnera une expres-
sion en coordonnées.  
1
8. Déterminer la solution de (E3) qui satisfait X(0) = .
−1
9. Tracer le portrait de phase de l’équation X 0 = DX.
10. En déduire le portrait de phase de l’équation (E3).
11. Déterminer les points d’équilibre du système (E3) et étudier leur stabilité.
Exercice 2. On considère t0 ∈ R, y0 ∈ R et l’équation différentielle :

y 0 (t) = 2ty 2 (t), (1)

avec la donnée initiale y(t0 ) = y0 . On se propose d’étudier les solutions de cette


équation sans la résoudre. Ensuite on pourra résoudre explicitement. Cette étude
initiale permet de tracer des solutions facilement.
1. Rappeler la définition d’une extension d’une solution, ainsi que d’une solution
maximale.
2. Justifier, pour tous t0 ∈ R, y0 ∈ R, l’existence et l’unicité d’une solution
maximale définie sur un intervalle Imax =]a, b[ pour l’équation (1).
3. Pour une solution maximale y : Imax → R, on définit ỹ(t) = y(−t). Montrer
que ỹ est aussi solution de l’équation (1). Que devient la condition initiale
pour ỹ ? Justifier que ỹ est une solution maximale.
4. Quelle symétrie peut-on déduire de la question précedente pour l’ensemble des
graphes des solutions ?
5. Soit t0 = 0 et y0 ∈ R. On note Φ : Imax → R la solution maximale de l’équation
(1) vérifiant Φ(0) = y0 . Montrer que Φ est paire. Justifier que Imax =] − b, b[.
6. On considère ynul , y+ et y− définies par ynul (t) = 0, ∀t ∈ R ; y+ (t) = − t12 ,
∀t ∈]0, +∞[ ; et y− (t) = − t12 , ∀t ∈] − ∞, 0[. Montrer que ynul , y+ et y− sont
solutions maximales de l’équation (1).
7. Soit y : Imax → R une solution telle que Imax ∩]0, +∞[6= ∅. Montrer que y est
croissante sur Imax ∩]0, +∞[.
8. Soit t0 > 0 et y0 ∈ R tel que y0 < − t12 . On note Φ1 : Imax,1 → R la solution
0
maximale de l’équation (1) vérifiant Φ1 (t0 ) = y0 . Montrer que pour tout t ∈
Imax,1 , on a Φ1 (t) ≤ − t12 . En déduire que Imax,1 =]a1 , ∞[ avec a1 ≥ 0.
9. Soit t2 > 0 et y2 > 0. On note Φ2 : Imax,2 → R la solution de l’équation (1)
vérifiant Φ2 (t2 ) = y2 . Justifier que 0 ∈ Imax,2 .
10. Résolution explicite : Soit t0 = 0 et y0 = 1. Montrer que la solution maximale
vérifiant Φ3 (0) = 1 ne s’annule en aucun point. En transformant léquation (1)
Φ03 (t)
en 2 = 2t, trouver la solution maximale Φ3 .
Φ3 (t)
11. Tracer dans le même repère les solutions ynul , y+ , y− , Φ1 , Φ3 .

2
Corrigé

Corrigé exercice 1. 1. Par le théorème de Cauchy-Lipschitz pour les équations


différentielles linéaires scalaires d’ordre deux à coefficients constants sans se-
cond membre, l’intervalle d’existence des solutions est R.
2. On résoud l’équation caractéristique λ2 + λ − 2 = 0. Les deux racines sont
λ1 = 1 et λ2 = −2. Par le cours, la forme générale des solutions réelles de (E1)
est
y(t) = Aet + Be−2t , A, B ∈ R.
3. Par la quesiton précédente, on sait que φ(t) = Aet + Be−2t , donc φ0 (t) =
Aet − 2Be−2t . Ainsi, les conditions initiales se traduisent par
(
A+B =0
A − 2B = 3.

Ce système se résoud facilement et donne A = 1, B = −1. Ainsi, l’unique


solution φ de (E1) satisfaisant φ(0) = 0 et φ0 (0) = 3 est

φ(t) = et − e−2t .

4. On commence par chercher une solution particulière à cette équation. On peut


la chercher sous la forme y(t) = ae−t + bt + c, avec a, b, c ∈ R. En remplaçant
dans l’équation (E2), cela donne

(ae−t ) + (−ae−t + b) − 2(ae−t + bt + c) = 2e−t + 2t.

Ainsi, en identifiant terme à terme, on obtient



−2a
 =2
−2b =2

b − 2c = 0.

Ainsi, a = −1, b = −1 et c = − 21 .
Par théorème du cours (linéarité), la solution générale de (E2) s’obtient en
additionnant une solution particulière à la solution générale de l’équation ho-
mogène associée, obtenue à la question 2., ce qui donne
1
y(t) = Aet + Be−2t − e−t − t − .
2

3
5. Il suffit de poser  
0 1
A= ,
2 −1
ainsi
y0
     0
y y
A 0 = 0 =
y 2y − y y 00
par l’équation (E1).
6. Les vaelurs propres de A sont les racines de l’équation caractéristique, à savoir
λ1 = 1 at λ2 = −2. Des vecteurs propres associés sont
   
1 1
et
1 −2

Ainsi,    
1 0 1 1
D= et P = .
0 −2 1 −2
7. Par un théorème du cours, on en déduit que la forme générale des solutions
de (E3) est
X(t) = etA X0 = P etD P −1 X0 .
 
−1 a
En écrivant P X0 = , on en déduit que
b

ae + be−2t
  t    t 
1 1 e 0 a
X(t) = = .
1 −2 0 e−2t b aet − 2be−2t

8. Il suffit de résoudre le système


(
a+b=1
a − 2b = −1,

qui donne a = 1/3 et b = 2/3, soit comme solution

1 et + 2e−2t
 
X(t) = .
3 et − 4e−2t

9.

4
10. Il suffit d’appliquer le changement de base associé à P :

11. La matrice A étant inversible, le seul point d’équilibre est l’origine. De plus, A
ayant une valeur propre de partie réelle strictement positive, ce point d’équi-
libre n’est pas stable (ni asymptotiquement, ni orbitalement).

Corrigé exercice 2. 1. Une solution y1 : I1 → R est dite extension de la solu-


tion y : I → R ssi I ⊂ I1 et y(t) = y1 (t) pour tout t ∈ I.
Une solution y : I → R de l’équation (1) avec la donnée initiale y(t0 ) = y0
est dite solution maximale si elle est solution et si pour toute autre solution
y1 : I1 → R qui est extension de y, on a I1 = I et y = y1 .
2. C’est le théorème de Cauchy-Lipschitz maximal qui assure l’existence et l’uni-
cité de la solution maximale avec un intervalle ouvert de définition. On peut
l’appliquer car l’équation est de la forme y 0 (t) = f (t, y(t)) avec f : R2 → R
donnée par f (t, x) = 2tx2 fonction polynomiale, donc de classe C 1 .
3. Comme Imax =]a, b[ et ỹ(t) = y(−t), par définition on a ỹ :] − b, −a[→ R. Avec
les règles des dérivées composées ỹ 0 (t) = −y 0 (−t). On écrit l’équation (1) au
point −t et on obtient
ỹ 0 (t) = −2(−t)y 2 (−t) = 2tỹ 2 (t).

5
Donc ỹ vérifie l’équation différentielle. La condition initiale y(t0 ) = y0 dévient
ỹ(−t0 ) = y0 . On veut montrer que ỹ :] − b, −a[ est une solution maximale. Si
]a, b[=] − ∞, ∞[, alors ] − b, −a[=] − ∞, ∞ et donc ỹ globale donc maximale.
Si a ∈ R supposons par l’absurde qu’on puisse étendre ỹ à droite de −a :
il existe y1 :] − b, −a + [ solution de (1) telle que y1 (t) = ỹ(t) pour tout
t ∈] − b, −a[. Alors limt→−a ỹ(t) = y1 (−a) ∈ R. Mais par ailleurs ỹ(t) = y(−t)
donc limt→−a ỹ(t) = limt→a y(t). Or a ∈ R et y solution maximale. Par le
critère de dichotomie explosion en temps finie / existence globale, on sait que
limt→a |y(t)| = ∞ = |y1 (−a)| ∈ R. Contradiction, donc ỹ ne peut pas être
étendue à droite de a.
4. L’ensemble des graphes est symétrique par rapport à l’axe des y.
5. En utilisant la question 3. on sait que Φ̃(t) = Φ(−t) est aussi solution de
d’équation différentielle. De plus, Φ̃(0) = Φ(0), donc par l’unicité donnée par
le théorème de Cauchy-Lipschitz on a Φ̃(t) = Φ(t) pour tout t ∈ Imax ∩ I˜max .
Comme on a vu à la question 3, la solution Φ̃ est solution maximale. Donc
nécessairement I˜max = Imax , c’est à dire ] − b, −a[=]a, b[. On a bien a = −b,
donc Imax =] − b, b[ et ∀t ∈] − b, b[ on a Φ(t) = Φ̃(t) = Φ(−t), c’est à dire Φ
est paire.
6. Par calcul direct on voit que ces sont des solutions. On a ynul défini sur R donc
maximale. La fonction y+ est définie sur ]0, +∞[ et limt→0+ y(t) = +∞, donc
elle ne peut pas être prolongée de façon continue en 0, donc y+ est maximale.
Même argument pour y− .
7. On a y 0 (t) = 2ty 2 (t), donc pour t > 0, y 0 (t) > 0 c’est à dire y est croissante
sur Imax ∩]0, ∞[.
8. Par le non-croisement des solutions, comme Φ1 (t0 ) < − t12 = y+ (t0 ), on a
0
Φ1 (t) < y+ (t) pour tout t ∈ Imax,1 ∩]0, +∞[. De plus, Φ1 est croissante sur
Imax,1 ∩]0, +∞[. Par le critère de de dichotomie explosion en temps fini /
existence globale, on en déduit que sup Imax,1 = +∞, c’est à dire Imax,1 =
]a1 , ∞[. Supposons par l’absurde que a1 < 0. Alors Φ1 (0) existe dans R.
Comme Φ1 (t) < y+ (t) pour tout t ∈ Imax,1 ∩]0, +∞[=]0, ∞[, alors Φ1 (0) =
limt→0+ Φ1 (t) ≤ −∞, contradiction. Donc a1 ≥ 0.
9.
10.
11.

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