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Université de Marseille

Licence de Mathématiques, 3ème année, Equation Différentielles Ordinaires


SMI5U06TC. Examen du 7 janvier 2020

L’examen contient 2 exercices. Le barème est sur 23 points, il n’est donc pas demandé de tout faire pour avoir 20. Les
documents (polycopié du cours, notes de TD, notes personnelles) sont autorisés.

 2 × 2, barème 5 points).
Exercice 1 (Système  
−2 6 1
Soit A = ∈ M2 (IR) et soit B : IR → IR 2 l’application définie par t 7→ B(t) = et .
−2 5 0
1. Donner l’ensemble des solutions du système différentiel X ′ = AX.
Corrigé – Valeurs propres de A : λ1 = 1, λ2 = 2.
   
2 3
Vecteurs propres associés : ϕ1 = , ϕ2 = .
1 2
 
2c1 et + 3c2 e2t
La solution générale du système est donc l’application t 7→ , avec c1 , c2 ∈ IR.
c1 et + 2c2 e2t

2. Parmi les fonctions suivantes :


       
t 1 t 4 1
t t 4
Xp,1 (t) = e , Xp,2 (t) = te , Xp,3 (t) = e + te ,
1 2 1 2
           
2
2 t t 4 2 t 2 t 1 t 4 2 t 2
Xp,4 (t) = t e , Xp,5 (t) = te +t e , Xp,6 (t) = e + te +t e ,
1 2 1 1 2 1

il y en a une qui est une solution particulière du système différentiel X ′ = AX + B ; laquelle est-ce ? expliquer
votre choix.
En déduire la forme générale des solutions du système X ′ = AX + B.
Corrigé – La foncion Xp,3 est une solution particulière.
   
t a c
Comme 1 est valeur propre simple de A, Il y a une solution particulière sous la forme Xp (t) = e + tet .
b d
Ceci exclut Xp,i pour i = 4, 5, 6 (car il n’a aura pas de terme en t2 et dans la solution générale).

Xp,2 n’est pas solution car Xp,2 (t) est colinéaire à ϕ1 (et donc aussi Xp,2 (t) − AXp,2 (t)) alors que B(t) n’est pas
colinéaire à ϕ1 .
 
′ 3
Xp,1 n’est pas solution car Xp,1 (t) − AXp,1 (t) est colinéaire au vecteur , ce qui n’est pas le cas de B(t).
2
 
(2c1 + 1 + 4t)et + 3c2 e2t
La solution générale du système est donc l’application t 7→ , avec c1 , c2 ∈ IR.
(c1 + 1 + 2t)et + 2c2 e2t

 
0
3. Soit X0 = Donner la solution du problème de Cauchy
0

X ′ = AX + B,
X(0) = X0 .

 
0
Corrigé – En écrivant X(0) = X0 = pour la solution générale trouvée précédemment, on obteint le systèem à
0
résoudre :
2c1 + 3c2 = −1 (1)
c1 + 2c2 = −1 (2)
dont la solution est c1 = 1, c2 = −1.

1
Exercice 2 (Modèle "proies-prédateurs", barème 18 points).
Soient a, b, c, d ∈ IR ⋆+ , et x0 , y0 ∈ IR + ; on considère le système différentiel suivant (équations de Lotka-Volterra) :

x′ (t) = ax(t) − bx(t)y(t), t > 0,


(3)
y ′ (t) = −cy(t) + dx(t)y(t), t > 0,

avec les conditions initiales


x(0) = x0 , y(0) = y0 . (4)
2
1. Montrer qu’il existe une solution maximale (x, y) ∈ C 1 ([0, Tm [, IR ) (avec Tm > 0) de (3)-(4).
Corrigé – L’existence d’une solution maximale découle du fait que l’ application (x, y) 7→ f (x, y) = (ax −
bxy, −cy + dxy) est de classe C 1 (de IR 2 dans IR 2 ).
On conserve cette notation f dans la suite.

Dans toute la suite on note (x, y) la solution maximale de (3)-(4) (elle est définie sur l’intervalle [0, Tm [).
2. Quels sont les points d’équilibre du système (3) ? Peut-on prouver qu’ils sont stables ou instables en étudiant le
système linéarisé au point d’équilibre ?
Corrigé – Les points d’équilibres sont les poinst (0, 0) et (c/d, a/b).
 
a − by −bx
La matrice jacobienne de f au point (x, y) est Jf (x, y) = .
dy −c + dx
 
a 0
Jf (0, 0) = . Comme c > 0 le point (0, 0) est instable.
dy −c
 
0 −bc/d
Jf (c/d, a/b) = . Le polynôme caractéristique de cette matrice est P (λ) = λ2 − ac. Les valeurs de
ad/b 0

cette matrice sont ±i −ca. L’étude du système linéarisé au point (c/d, a/b) ne permet pas de conclure à la stabilité
ou l’instabilité de ce point.

3. On suppose dans cette question x0 = 0 et y0 > 0. Donner la solution maximale de (3)-(4).


Corrigé – La solution maximale est x(t) = 0 er y(t) = y0 e−ct pour tout t ≥ 0 (et Tm = +∞).

On suppose dans le suite de l’exercice que x0 > 0 et y0 > 0.


4. Montrer que x(t) > 0 et y(t) > 0, pour tout t ∈ [0, Tm [.
Corrigé – La question précédente permet de montrer que tout l’axe des y est formé d’orbites de solutions. Par un
raisonnement analogue (avec y0 = 0 et x0 > 0) on remarque que tout l’axe des x est aussi formé d’orbites de
solutions. Enfin le point (0, 0) forme lui même une orbite.
Comme il a été vu en cours que les orbites ne peuvent pas se croiser, on en déduit que x(t) > 0 et y(t) > 0, pour tout
t ∈ [0, Tm [ dès que x0 > 0 et y0 > 0.

Pour α, β > 0, on définit la fonction hα,β de IR ⋆+ dans IR par hα,β (z) = α ln(z) − βz.
Pour (u, v) ∈ IR ⋆+ on pose F (u, v) = hc,d (u) + ha,b (v).
5. Montrer que F (x(t), y(t)) = F (x0 , y0 ) pour tout t ∈ [0, Tm [.
Corrigé – On pose ϕ(t) = F (x(t), y(t)) de sorte que, ϕ est continue sur [0, Tm [, dérivable sur ]0, Tm [ et, pour tout
t ∈]0, Tm [,
cx′ (t) ay ′ (t)
ϕ′ (t) = − dx′ (t) + − by ′ (t) = c(a − by(t)) − dx(a − by(t)) + a(−c + dx(t)) − by(t)(−c + dx(t))
x(t) y(t)
= (a − by(t))(c − dx(t)) + (−c + dx(t))(a − by(t)) = 0.
Ceci montre bien que la fonction est constante sur [0, Tm [ et donc F (x(t), y(t)) = F (x0 , y0 ) pour tout t ∈ [0, Tm [.

2
6. Soient α, β > 0. Montrer que hα,β est strictement croissante pour z ∈]0, α/β[, strictement décroissante pour
z ∈]α/β, +∞[ et que limz→0 hα,β (z) = limz→+∞ hα,β (z) = −∞.
On pose MF = F (c/d, a/b). Montrer que F (u, v) < MF si (u, v) 6= (c/d, a/b).
Corrigé – La fonction hα,β est de classe C 1 sur ]0, +∞[ et, pour tout z > 0,
α α − βz
h′α,β (z) = − β = .
z z
Ceci donne h′α,β (z) > 0 pour z ∈]0, α/β[ et h′α,β (z) < 0 pour z ∈]α/β, +∞[. On en déduit bien que hα,β est
strictement croissante pour z ∈]0, α/β[, strictement décroissante pour z ∈]α/β, +∞[.
Comme limz→0, z>0 ln(z) = −∞, on a limz→0 hα,β (z) = −∞.
ln(z)
Comme limz→+∞ z
= 0,
α ln(z)
lim hα,β (z) = lim βz(−1 + ) = −∞.
z→+∞ z→+∞ β z
Comme hα,β atteint un maximum strict au point α/β, on a ha,b (v) < ha,b (a/b)) si v 6= a/b) et hc,d (u) < hc,d (c/d))
si u 6= c/d et donc, dès que u 6= c/d ou v 6= a/b, F (u, v) < F (c/d, a/b).

Dans la suite, on suppose (x0 , y0 ) 6= (c/d, a/b).


7. Montrer qu’il existe m, M ∈]0, ∞[, indépendants de t, tels que x(t), y(t) ∈ [m, M ] pour tout t ∈ [0, Tm [. En
déduire que Tm = +∞. [Utiliser la question 6.]
Corrigé – On note H = max{ha,b (a/b), hc,d (c/d)} et M0 = F (x0 , y0 ).
Pour tout t ≥ 0,
hc,d (x(t)) = M0 − ha,b (y(t)) ≥ M0 − H.
Comme limz→0 hc,d (z) = limz→+∞ hc,d (z) = −∞, on en déduit qu’il existe mx , Mx ∈]0, +∞[ tels que mx ≤
x(t) ≤ Mx our tout t ≥ 0.
On montre de même qu’il existe my , My ∈]0, +∞[ tels que my ≤ y(t) ≤ My our tout t ≥ 0.
Il suffit de prendre m = min{mx , my } et M = max{Mx , My } pour avoir le résultat demandé.

8. Montrer que que x′ (t)y ′ (t) = 0 pour une infinité de valeurs de t. [On pourra raisonner par l’absurde, c’est-à-
dire supposer que x′ et y ′ garde un signe constant à partir d’un certain t0 et donc que les fonctions x et y sont
monotones à partir de t0 .]
Corrigé – Comme suggéré, on suppose que x′ et y ′ garde un signe constant à partir d’un certain t0 et donc que les
fonctions x et y sont monotones à partir de t0 .
¯ quand t → +∞. Comme elles prennent
Les fonctions x et y étant monotones à partir de t0 , elles ont une limite dans IR
les valeurs entre m et M , les limites sont aussi entre m et M ,
lim x(t) = γ, lim y(t) = δ et m ≤ γ, δ ≤ M.
t→+∞ t→+∞

Comme le couple (x, y) est solution du système (3), on en déduit que x′ et y ′ ont aussi une limite quand t → +∞.
Grâce, par exemple, au théorème des accroissements finis entre t et t + 1, on montre alors que limt→+∞ x′ (t) =
limt→+∞ y ′ (t) = 0 et finalement que (γ, δ) est un point d’équilibre. Ce point d’équilibre n’est pas (0, 0) car m > 0
et ce n’est pas (c/d, a/b) car
F (γ, δ) = lim F (x(t), y(t)) = F (x0 , y0 ) < F (c/d, a/b).
t→+∞

On aboutit bien ainsi à une contradiction. Ce qui prouve que x′ (t)y ′ (t) = 0 pour une infinité de valeurs de t.

9. Montrer que (x, y) est périodique, c’est à dire qu’il existe T > 0 tel que (x(t + T ), y(t + T )) = (x(t), y(t)),
pour tout t > 0.
[Utiliser le fait que x′ s’annule 3 fois (ou que y ′ s’annule 3 fois) et la question 6.]
R t+T R t+T
Montrer que, pour tout t ∈ IR + , on a T1 t x(s)ds = dc et T1 t y(s)ds = ab .

3
Corrigé – On suppose que x′ (t1 ) = x′ (t2 ) = x′ (t3 ) = 0 avec 0 < t1 < t2 < t3 . Comme x(t) > 0 pour tout t, on
en déduit
a
y(t1 ) = y(t2 ) = y(t3 ) = ,
b
et donc (en notant toujours M0 = F (x0 , y0 ))
hc,d (x(t1 )) = hc,d (x(t2 )) = hc,d (x(t3 )) = M0 − ha,b (a/b).
On peut noter que x(ti ) 6= c/d, pour i = 1, 2, 3 car hc,d (c/d) = MF − ha,b (a/b) > M0 − ha,b (a/b).
Puis, comme hc,d) est strictement croissante pour ]0, c/d[, strictement décroissante pour z ∈]/̧d, +∞[ (et tend vers
−∞ en 0 et +∞), on en déduit qu’il n’y a que 2 valeurs possibles pour x(ti ), i = 1, 2, 3. Ceci prouve que pour deux
ti différents x prend la même valeur.
Supposons par exemple que ce soit t1 et t3 . On pose alors T = t3 − t1 et on obtient (on rappelle que y(t1 ) = y(t2 ) =
y(t3 ))
x(t1 + T ) = x(t1 ), y(t1 + T ) = y(t1 ).
Grâce au thèorème d’unicité pour le problème de Cauchy (et au caractère autonome du système (3) On en conclut bien
que x(t + T ) = x(t), y(t + T ) = y(t) pour tout t > 0.

10. Montrer que le point d’équilibre (c/d, a/b) est uniformément stable. (c’est-à-dire que pour tout ε > 0 il existe
δ > 0 tel que si la distance entre la donnée initiale et le point (c/d, a/b) est inférieure à δ, alors la distance entre
la solution et le point (c/d, a/b) est, pour tout t > 0, inférieure à ε.)
Corrigé –
On pose M1 = maxz∈IR ⋆+ hc,d (z) et M2 = maxz∈IR ⋆+ ha,b (z), de sorte que M1 + M2 = MF = F (c/d, a/b).
Soit ε > 0. Les propriétés de monotonie stricte de ha,b et hc,d donnent qu’il existe η1 > 0 et η2 > 0 tels que
|z1 − c/d| ≥ ε ⇒ hc,d (z1 ) ≤ M1 − η1 ,
|z2 − a/b| ≥ ε ⇒ ha,b (z2 ) ≤ M2 − η2 .
En posant η = min(η1 , η2 ), on a donc pour tout z = (z1 , z2 ) ∈ (IR ⋆+ )2
kz − (c/d, a/b)k = max(|z1 − c/d|, |z2 − a/b|) ≥ ε ⇒ F (z1 , z2 ) ≤ F (c/d, a/b) − η. (5)
Par continuité de F au point (c/d, a/b) il existe δ > 0 tel que
kz − (c/d, a/b)k ≤ δ ⇒ F (z1 , z2 ) > F (c/d, a/b) − η. (6)
Soit (x, y) une solution de (3)-(4). Comme F (x(t), y(t)) = F (x(0), y(0)) pour tout t ≥ 0, on déduit de (5)-(6) que
k(x(0), y(0)) − (c/d, a/b)k ≤ δ ⇒ k(x(t), y(t)) − (c/d, a/b)k < ε pour tout t > 0.

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Université de Marseille
Licence de Mathématiques, 3ème année, équations différentielles ordinaires
Partiel du vendredi 23 octobre 2020

Le partiel contient 3 exercices. Le barème est sur 23 points, il n’est donc pas demandé de tout faire pour avoir 20.
Les documents (polycopié du cours, notes de TD, notes personnelles) sont autorisés.
Exercice 1 (Dynamique des populations, barème 10 points).
Soient α, a ∈ C(IR + , IR) telles que 0 < α(t) < 1 et a(t) > 0 pour tout t ∈ IR. Pour y0 > 0, on s’intéresse au
problème de Cauchy

y ′ (t) = y(t)(α(t) − y(t))a(t), t > 0, (1)


y(0) = y0 . (2)

1. Montrer que le problème (1)-(2) admet une unique solution maximale. Cette solution est définie sur l’inter-
valle [0, Tm [. Montrer que y(t) > 0 pour tout t ∈ [0, Tm [.
Corrigé – La fonction f : t, x 7→ x(α(t) − x)a(t) est continue sur IR + × IR dans IR. Sa dérivée par rapport à
son deuxième argument est continue. La fonction f est donc localement lipschitzienne par rapport à son deuxième
argument (proposition 1 du 2eme cours). Les théorèmes du cours donnent alors l’existence et l’unicité d’une
solution maximale.
La fonction nulle est la trajectoire d’une solution de l’équation. Comme les trajactoires ne se rencontrent pas et
que y0 > 0, on en déduit que y(t) > 0 pour tout t ∈ [0, Tm [.

2. On suppose dans cette question que la fonction α est constante. Montrer que la solution maximale trouvée à
la question 1 est globale (c’est-à-dire que Tm = +∞).
Corrigé – Si y0 = α, y(t) = α pour tout t, la solution est globale.
Si y0 < α, la solution maximale reste entre les deux points stationnaires 0 et α. Elle n’explose pas en Tm et donc
Tm = +∞.
Si y0 > α, la solution reste au dessus de α. On a donc y ′ (t) < 0 pour tout t. Ceci montre qu’elle est décroissante
et donc qu’elle reste entre y0 et le point stationnaire α. Elle n’explose pas en Tm et donc Tm = +∞.

3. On ne suppose plus que la fonction α est constante.


(a) on suppose dans cette question que y0 < 1. Montrer que y(t) < 1 pour tout t ∈ [0, Tm [.
[On pourra raisonner par contradiction. Poser t⋆ = min{t ∈ IR + tel que y(t) ≥ 1} (de sorte que t⋆ > 0
et y(t) < 1 si t < t⋆ ) et montrer que y(t⋆ ) = 1, y ′ (t⋆ ) ≥ 0 et y ′ (t⋆ ) < 0, ce qui est impossible].
En déduire que Tm = +∞.
Corrigé – On suppose qu’il existe t > 0 tel que y(t) ≥ 1. On pose alors t⋆ = inf{t ∈ IR + tel que
y(t) ≥ 1}. Par continuité de y, on a y(t⋆ ) ≥ 1 (ceci montre que “inf” est aussi “min”). Si y(t⋆ ) > 1, par
le théorème des valeurs intermédiaires (et le fait que y(0) < 1) il existe t ∈]0, t⋆ [ tel que y(t) = 1, ce qui
contredit la définition de t⋆ . Donc, y(t⋆ ) = 1.
On remarque maintenant que y ′ (t⋆ ) ≥ 0 car y(t) − y(t⋆ ) = y(t) − 1 < 0 si t < t⋆ et que y ′ (t⋆ ) =
(α(t⋆ ) − 1)a(t⋆ ) < 0. On obtient bien une contradiction.
Comme la solution reste bloquée entre 0 et 1, on en déduit que Tm = +∞.

(b) on suppose dans cette question que y0 ≥ 1. Montrer que y(t) < y0 pour tout t ∈]0, Tm [.
En déduire que Tm = +∞.

1
Corrigé – Comme y0 ≥ 1 et α(0) < 1, y0 (α(0) − y0 ) < 0. Par continuité de y, il existe alors ε > 0 tel
que y(t)(α(t) − y(t)) < 0 pour t ∈ [0, ε]. On en déduit que y(t) < y0 pour t ∈ [0, ε].
On raisonne maintenant de nouveau par contradiction. Si il existe t ∈]0, Tm [ tel que y(t) ≥ y0 , on pose
t⋆ = inf{t ∈]0, +∞[ tel que y(t) ≥ y0 }. On remarque que t⋆ ≥ ε > 0. Par continuité de y, on a
y(t⋆ ) ≥ y0 . (En fait, on peut aussi montrer que y(t⋆ ) = y0 .)
Comme dans la question précédente, on montre que y ′ (t⋆ ) ≥ 0 (car y(t) < y0 ≤ y(t⋆ ) si t < t⋆ ) et
y ′ (t⋆ ) = y(t⋆ )(α − y(t⋆ ))a(t⋆ ) < 0, ce qui est impossible.
Comme la solution reste bloquée entre 0 et y0 , on en déduit que Tm = +∞.

4. On suppose à nouveau, dans cette question, que la fonction α est constante et on note y la solution de (1)-(2)
(a) On suppose dans cette question qu’il existe a0 > 0 tel que a(t) ≥ a0 pour tout t > 0.
Montrer que limt→+∞ y(t) = α.
Corrigé – Si y0 = α, y(t) = α pour tout t (et donc limt→+∞ y(t) = α).
Si y0 < α, la fonction y est strictement croissante majorée par α. Elle a donc une limite que l’on note ℓ avec
ℓ ∈]y0 , α].
Si y0 > α, la fonction y est strictement décroissante minjorée par α. Elle a donc une limite que l’on note
aussi ℓ avec ℓ ∈ [α, y0 [.
Dans les deux cas, on peut noter que ℓ 6= 0.
On utilise le théorème des accroissents finis entre t et t + 1, il existe θt ∈]t, t + 1[ tel que
y(t + 1) − y(t) = y ′ (θt ),
et donc
y(t + 1) − y(t)
a0 ≥ a(θt ) = .
y(θt )(α − y(θt ))
Quand t → +∞, θt → +∞ et y(θt ) → ℓ. On en déduit que le terme de droite de cette inégalité tend vers
0 (en contradiction avec a0 > 0) sauf si ℓ = α.

(b) (On ne suppose plus l’existence de a0 .) On suppose y0 6= α.


Rt
Montrer que limt→+∞ y(t) = α si et seulement si limt→+∞ 0 a(s)ds = +∞.
Corrigé – Il est possible,de calculer la solution avec la méthode des variables séparables, Si y0 6= α, on a
alors y(t) 6= 0 et y(t) 6= α pour tout t et l’équation sécrit
y ′ (t)
= a(t) pour tout t > 0.
y(t)(α − y(t))
Ce qui donne (avec une décomposition en éléments simples)
y ′ (t) y ′ (t)
+ = αa(t) pour tout t > 0.
y(t) α − y(t)
Dans le cas y(t) < α pour tout t, ceci donne
y
(ln )′ = αa.
α−y
Rt
En notant A la primitive de a s’annulant en 0, c’est-à-dire A(t) = 0
a(s)ds, on obtient que la fonction
y
ln α−y − αA est constante. Il existe donc C ∈ IR tel que
y αCeαA
= CeαA , y = .
α−y 1 + CeαA
La valeur de C se calcule en utilisant y(0) = y0 ,
αy0
y(t) =
y0 + (α − y0 )e−αA(t)
On trouve la même formule si y(t) > α pour tout t.

2
Si limt→+∞ A(t) = +∞, on déduit de cette formule limt→+∞ y(t) = α.
Si limt→+∞ A(t) = γ < +∞, on déduit de cette formule
αy0
lim y(t) = 6= α.
t→+∞ y0 + (α − y0 )e−αγ

Exercice 2 (Petits exemples, barème 6 points).


1. On considère l’équation différentielle du deuxième ordre

y ′′ (t) + 2y ′ (t) + y(t) = ψ(t), t ∈ IR. (3)

(a) Donner la solution générale de l’équation homogène associée


Corrigé – Le polynôme caratéristique est r 2 + 3r + 1 dont la racine double est −1
La solution générale de l’équation homogène associée est donc la fonction
t 7→ yh (t) = C1 e−t + C2 te−t ,
avec C1 , C2 ∈ IR.

(b) Donner une solution particulière de (3) avec ψ(t) = e2t .


Corrigé – On cherche une solution particulière associée à e2t sous la forme y1 = αe2t . La condition sur
α est alors 4α + 4α + α = 9α = 1, c’est-à-dire α = 1/9, y1 (t) = (1/9)e2t .

(c) Donner une solution particulière de (3) avec ψ(t) = e−t .


Corrigé – On cherche une solution particulière associée à e−t sous la forme y2 (t) = αt2 e−t (car les
fonctions e−t et te−t sont solutions de l’équation homogène).
Ceci donne
y2′ (t) = −αt2 e−t + α2te−t ,
y2′′ (t) = αt2 e−t − α4te−t + α2e−t .
La condition sur α est alors 2α = 1, c’est-à-dire α = 1/2, y2 (t) = (1/2)t2 e−t .

(d) Donner la solution générale de (3) avec ψ(t) = e2t + e−t .


Corrigé – La solution générale de l’équation non homogène est donc la fonction
t 7→ yh (t) = C1 e−t + C2 te−t + (1/9)e2t + (1/2)t2 e−t .
avec C1 , C2 ∈ IR.

2. On considère l’équation différentielle du premier ordre


2
y ′ (t) − 2ty(t) = et , t ∈ IR.

(a) Donner la solution générale de l’équation homogène associée.


Corrigé – La solution générale de l’équation homogène s’obtient avec la primitive de −2t c’est la fonction
2
t 7→ Cet ,
avec C ∈ IR.

(b) Donner la solution générale de l’équation complète.

3
Corrigé – On peut chercher une solution particulière avec la méthode de réduction d’ordre (appelée aussi
2
ici “variation de la constante”), c’est-à-dire sous la forme yp (t) = z(t)et .
2 2
Comme yp′ (t) = z ′ (t)et + 2tz(t)et , la condition sur z est z ′ (t) = 1. on peut donc prendre z(t) = t et
2
yp (t) = tet .
La solution générale de l’équation complète est donc la fonction
2 2
t 7→ Cet + tet ,
avec C ∈ IR.

Exercice 3 (Une équation linéaire du 2ème ordre, barème 7 points).


On s’intéresse à l’équation, pour y ∈ C 2 (IR ⋆+ , IR),

t2 y ′′ (t) + 3ty ′ (t) + y(t) = 0, t > 0. (4)

1. Montrer que les théorèmes vus en cours permettent de montrer que l’ensemble des solutions de l’équation
(4) forme un espace vectoriel (sur IR) de dimension 2.
Corrigé – En divisant léquation par t2 , on est ramené à une équation du type y ′′ (t) + a(t)y ′ (t) + b(t)y(t) = 0,
∈ I = IR ⋆+ . Les fonctions a et b sont continues sur I et on un théorème du cours s’applique pour montrer que
l’ensemble des solutions de l’équation (4) forme un espace vectoriel (sur IR) de dimension 2.

2. Montrer que pour α ∈ IR bien choisi la fonction y1 : t 7→ tα est solution de (4).


Corrigé – La fonction y1 est solution si et seulement si α(α−1)+3α+1 = α2 +2α+1 = 0, c’est-à-dire α = −1

3. On cherche maintenant une seconde solution de (4), notée y2 , linéairement indépendante de la fonction y1
trouvée à la question précédente. On cherche y2 en utilisant la technique de “réduction d’ordre”, c’est-à-
dire que l’on pose, pour tout t > 0, y2 (t) = z(t)y1 (t).
(a) Montrer que y2 est solution de (4) si et seulement tz ′′ (t) + z ′ (t) = 0 pour tout t > 0.
Corrigé –
y2 = zy1 ,
y2′ = zy1′ + z ′ y1 ,
y2′′ = zy1′′ + 2z ′ y1′ + z ′′ y1 .
La fonction y2 est donc solution de (4) si et seulement si t2 y1 z ′′ + (2t2 y1′ + 3ty1 )z ′ = 0, c’est-à-dire
tz ′′ (t) + z ′ (t) = 0, t > 0.

(b) Déduire de la question précédente, une fonction y2 , linéairement indépendante de la fonction y1 , solu-
tion de (4).
Corrigé – En supposant z ′ > 0 on obtient z ′′ (t)/z ′ (t) = −1/t, c’est-à-dire (ln(z ′ )′ )(t) = −1/t. Une
solution est donc obtenue en prenant ln(z ′ (t)) = − ln(t), et donc
1
z ′ (t) = e− ln(t) = .
t
Une solution possible est z(t) = ln(t) et
ln(t)
y2 (t) = pour tout t > 0.
t
Les deux solutions y1 et y2 sont bien linéairement indépendantes (car la fonction t 7→ ln(t) est non
constante).

4
4. Donner l’ensemble des solutions de (4).
Corrigé – La solution générale de l’équation (4) est la fonction t 7→ (C1 + C2 ln(t))/t avec C1 , C2 ∈ IR.

5. Donner l’ensemble des solutions de l’équation non homogène


1
t2 y ′′ (t) + 3ty ′ (t) + y(t) = , t > 0.
t2

Corrigé – On cherche une solution particulière sous la forme yp (t) = γ/t2 . Comme yp′ (t) = −2γt−3 et yp′′ (t) =
6γt−4 , La condition sur γ est alors
6γ − 6γ + γ = 1,
c’est-à-dire γ = 1 et yp = 1/t2 .
La solution générale de l’équation non homogène est donc la fonction
C1 + C2 ln(t) 1
t 7→ + 2,
t t
avec C1 , C2 ∈ IR.

5
Université de Marseille
Licence de Mathématiques, 3ème année, Equation Différentielles Ordinaires
Examen du 7 janvier 2021

Exercice 1 (Schéma de Heun, barème 2 points).


Soit f ∈ C 1 (IR, IR) et x0 ∈ IR. On cherche à approcher la solution du problème de Cauchy autonome

x′ (t) = f (x(t)) pour tout t > 0,


x(0) = x0 ,

par le schéma numérique suivant, où h est le pas (uniforme) de discrétisation en temps :


x(0) = x0 , puis pour x(n) connu, n ≥ 0 :

x̄(n+1) = x(n) + hf (x(n) ),


¯(n+1) = x(n) + hf (x̄(n+1) ),

1 ¯(n+1) )
x(n+1) = (x̄(n+1) + x̄
2
Montrer que ce schéma est le schéma de Heun vu en cours (c’est-à-dire que la suite (x(n) )n∈IN est la même que celle
donnée par le schéma de Heun).
Corrigé – ¯(n+1) , on obtient
En sommant les équations donnant x̄(n+1) et x̄
1 h
x(n+1) = (x(n) + hf (x(n) ) + x(n) + hf (x̄(n+1) )) = x(n) + (f (x(n) ) + f (x(n) + hf (x(n) )),
2 2
ce qui donne bien la formule du schéma de Heun.

On suppose maintenant que le problème est non autonome, c’est-à-dire que l’on remplace f (x(t)) par f (t, x(t)). Dans
la schéma ci dessus on remplace alors f (x(n) ) par f (tn , x(n) ) et f (x̄(n+1) ) par f (tn , x̄(n+1) ) ou f (tn+1 , x̄(n+1) ), où
tn = nh. L’un de ces deux schémas donne t-il la même solution que le schéma de Heun vu en cours ? Si oui, lequel ?
Corrigé – Si on remplace f (x(n) ) par f (tn , x(n) ) et f (x̄(n+1) ) par f (tn , x̄(n+1) ) on obtient
h
xn+1 = xn + (f (tn , xn ) + f (tn , xn + hf (tn , xn ))).
2
Si on remplace f (x(n) ) par f (tn , x(n) ) et f (x̄(n+1) ) par f (tn+1 , x̄(n+1) ) on obtient
h
xn+1 = xn + (f (tn , xn ) + f (tn+1 , xn + hf (tn , xn ))).
2
Ce deuxième schéma donne bien le schéma de Heun vu en cours.

Exercice 2 (AB = BA versus eA eB = eB eA , barème 9 points). Soient A, B ∈ Mn (IR). On note I la matrice


identité de Mn (IR).
1. Montrer que
etA − I
lim = A.
t→0 t
En déduire que AB = BA si et seulement si etA etB = etB etA pour tout t > 0. [L’une des implications a été
faite en cours.]
Corrigé – L’application M de IR dans Mn (IR) définie par M (t) = etA vérifie M ′ (t) = AM (t) pour tout t ∈ IR.
Comme M (0) = I, on en déduit
etA − I
lim = M ′ (0) = AM (0) = A.
t→0 t
On suppose que etA etB = etB etA pour tout t > 0. On en déduit que pour tout t > 0,
etA − I etB − I etB − I etA − I
= .
t t t t
En passant à la limite dans cette égalité quand t → 0, t > 0, on obtient (par continuité du produit de matrices)
AB = BA.
L’autre implication a été faite en cours.

1
 
0 2π
2. On suppose que A = .
−2π 0
(a) Calculer les solutions du système différentiel X ′ = AX et en déduire que eA eB = eB eA pour toute
matrice B ∈ M2 (IR).
Corrigé – On note x et y les deux composantes de X, le système X ′ = AX sécrit alors x′ = 2πy, y ′ = −2πx,
ce qui donne
x′′ + (2π)2 x = 0.
La solution générale de cette équation différentielle est x(t) = αcos(2πt) + βsin(2πt) et donc y(t) =
−αsin(2πt) + βcos(2πt)). Ceci montre que X(1) = X(0). Comme X(t) = etA X(0) (et que X(0) est
arbitraire dans IR 2 ), on a donc eA = I. Ceci donne bien eA eB = eB eA pour toute matrice B ∈ M2 (IR).

(b) Donner un exemple pour lequel AB 6= BA.


 
0 1
Corrigé – Un exemple possible est B = .
0 0

   
0 1 a 1
3. Pour a ∈ IR ou Cl, a 6= 0, on pose B = et C = .
0 a 0 0
(a) Calculer eB et eC .
Corrigé – On note x et y les deux composantes de X et on résout le système X ′ = BX, c’est-à-dire x′ = y,
y ′ = ay. Ceci donne
y(t) = y(0)eat , x(t) = α + βeat ,
avec aβ = y(0) et α + β = x(0), c’est-à-dire β = y(0)/a, α = x(0) − y(0)/a et donc
x(t) = (x(0) − y(0)/a) + (y(0)/a)eat = x(0) + y(0)((eat − 1)/a),
 
1 (eat − 1)/a
X(t) = etB X(0), avec etB = .
0 eat
On résout maintenant le système X ′ = CX, c’est-à-dire x′ = ax + y, y ′ = 0. Ceci donne
y(t) = y(0), x(t) = αeat + β,
avec aβ + y(0) = 0 et α + β = x(0), c’est-à-dire β = −y(0)/a, α = x(0) + y(0)/a et donc
x(t) = (x(0) + y(0)/a)eat − y(0)/a = x(0)eat + y(0)((eat − 1)/a),
 
tC tC eat (eat − 1)/a
X(t) = e X(0), avec e = .
0 1
   
B 1 (ea − 1)/a ea (ea − 1)/a
e = , eC = .
0 ea 0 1

 
a 0
(b) on pose maintenant A = , de sorte que C = A + B. Montrer que pour a = 2πi, eA+B = eA eB .
0 −a
Les matrices A et B commutent-elles ?
   
1 0 1 0
Corrigé – Pour a = 2πi, la question précédente donne eB = , eA+B = eC = . Comme A
0 1 0 1
 
e2πi
A 0
est une matrice diagonale, e = = I. On a bien eA+B = eA eB .
0 e−2πi
   
0 a 0 −a
Les matrices A et B ne commutent pas, AB = et BA = .
0 −a2 0 −a2

2
Exercice 3 (Système linéaire non homogène, barème 3 points). Soient A ∈ Mn (IR), λ ∈ Sp(A) et ψ ∈ IR n . On
définit la fonction G de IR dans IR n par G(t) = eλt ψ (pour t ∈ IR).
On s’intéresse au système différentiel

X ′ (t) = AX(t) + G(t), t ∈ IR. (1)

1. Montrer que l’on peut trouver une solution particulière de (1) sous la forme X(t) = eλt ϕ (avec ϕ ∈ IR n ) si et
seulement si ψ ∈ Im(A − λI).
Corrigé – Soit ϕ ∈ IR n . Pour t ∈ IR, on pose X(t) = eλt ϕ de sorte que X ′ (t) − AX(t) = eλt (λI − A)ϕ.
La fonction X est donc solution de (1) si et seulement si (λI − A)ϕ = ψ. Un tel vecteur ϕ existe si et seulement si
ψ ∈ Im(A − λI).

2. Montrer que l’on peut trouver une solution particulière de (1) sous la forme X(t) = teλt ϕ (avec ϕ ∈ IR n ) si et
seulement si ψ ∈ Ker(A − λI).
Corrigé – Soit ϕ ∈ IR n . Pour t ∈ IR, on pose X(t) = teλt ϕ de sorte que X ′ (t)−AX(t) = teλt (λI −A)ϕ+eλt ϕ.
La fonction X est donc solution de (1) si et seulement si ϕ = ψ (en prenant t = 0) et (λI − A)ϕ = 0. Ceci est possible
si et seulement si ψ ∈ Ker(A − λI).

Exercice 4 (Système non linéaire, barème 14 points).


Soient x0 ≥ 0 et y0 ≥ 0. On considère le système différentiel suivant :

x′ (t) = (1 − x(t))y(t), t > 0,


(2)
y ′ (t) = y(t)(x(t) − y(t)), t > 0,

avec les conditions initiales


x(0) = x0 , y(0) = y0 . (3)
2
1. Montrer qu’il existe une unique solution maximale (x, y) ∈ C 1 ([0, Tm [, IR ) (avec Tm > 0) de (2)-(3).
Corrigé – En notant X la fonction dont les composantes sont x et y, le système (2) x’écrit X ′ (t) = F (X(t)) avec
F de classe C 1 . On en déduit que (2)-(3) admet une unique solution maximale.

Dans toute la suite on note (x, y) la solution maximale de (2)-(3) (elle est définie sur l’intervalle [0, Tm [).
2. Donner l’ensemble des points d’équilibre du système (2) (c’est-à-dire les couples (x0 , y0 ) pour lesquels x(t) =
x0 , y(t) = y0 pour tout t ≥ 0 est solution de (2)-(3)). Pour chaque point d’équilibre, calculer le système linéarisé
et en déduire, si cela est possible, la stabilité ou l’instabilité du point d’équilibre.
Corrigé – Les points d’équilibre sont les points (a, 0), avec a ≥ 0, et le point (1, 1). La matrice jacobienne de F au
point (a, b) est  
−b 1 − a
JF (a, b) = .
b a − 2b
 
0 1−a
Pour a ≥ 0 et b = 0, JF (a, 0) = .
0 a
Si a > 0, le point (a, 0) est instable. Si a = 0, l’étude du problème linéarisé ne permet pas de conclure à la stabilité
ou l’instabilité de ce point.
 
−1 0
Pour a = b = 1, JF (1, 1) = .
1 −1
Le point (1, 1) est asymptotiquement stable.

3. On suppose dans cette question que x0 > 0 et y0 > 0. Montrer que y(t) > 0 pour tout 0 ≤ t < Tm puis montrer
que x(t) > 0 pour tout 0 ≤ t < Tm .

3
Corrigé – Les points (a, 0), a ∈ IR, sont des points d’équilibre. Cela suffit pour affirmer que, si y0 > 0, y(t) > 0
pour tout 0 ≤ t < Tm .
On suppose qu’il existe t > 0 tel que x(t) ≤ 0 et on pose t̄ = inf{t > 0, x(t) ≤ 0}. Par continuité de x, on a t̄ > 0
et x(t̄) = 0. Comme x(t) > 0 pour t < t̄, x′ (t̄) ≥ 0. Mais x′ (t̄) = (1 − x(t̄))y(t̄) > 0, ce qui est impossible. On a
donc bien x(t) > 0 pour tout 0 ≤ t < Tm .

4. On suppose dans cette question que x0 = 1. Montrer que Tm = +∞ et donner les fonctions x et y.
Corrigé – La solution est x(t) = 1 pour 0 ≤ t < Tm et y est la solution maximale de
y ′ (t) = y(t)(1 − y(t)), t > 0,
y(0) = y0 .
Cette solution (déjà vu en cours et en td) est
y0
y(t) =
y0 + (1 − y0 )e−t
et Tm = +∞.

On pose D = {(a, b) ∈ IR 2 , b > 0, a < 1, a > b} (il peut être utile de dessiner l’ensemble D).
On suppose pour toute la suite de l’exercice que (x0 , y0 ) ∈ D.
5. Montrer que y(t) > 0 et x(t) < 1 pour tout t ∈ [0, Tm [.
Corrigé –
La question 3 donne y(t) > 0 pour tout t. Puis comme (grâce à la question 4) toute la demi droite {(1, y), y > 0} est
formée de trajectoires du système différentiel et que x0 < 1, on a bien x(t) < 1 pour tout t.

6. Montrer que x(t) > y(t) (et donc x(t), y(t) ∈ D) pour tout t ∈ [0, Tm [.
[On pourra remarquer que (x − y)′ (t) > 0 si x(t) = y(t) avec t ∈ [0, Tm [.]
En déduire que Tm = +∞.
Corrigé – On raisonne comme à la question 3. On suppose qu’il existe t > 0 tel que x(t) ≤ y(t) et on pose
t̄ = inf{t > 0, x(t) ≤ y(t)}. Par continuité de x et y, on a t̄ > 0 et x(t̄) = y(t̄). Comme x(t) − y(t) > 0 pour t < t̄,
x′ (t̄) − y ′ (t̄) ≤ 0. Mais x′ (t̄) − y ′ (t̄) = 1 − 2x(t̄))y(t̄) + y 2 (t̄) = 1 − x2 (t̄) > 0, ce qui est impossible. On a donc
bien x(t) > y(t) pour tout 0 ≤ t < Tm .
On a donc (x(t), y(t)) ∈ D pour tout 0 ≤ t < Tm . Comme D est une partie bornée de IR 2 , ceci montre que
Tm = +∞.

7. Montrer que la fonction y est croissante et que y0 ≤ y(t) < 1 pour tout t ≥ 0.
Corrigé – y ′ (t) = y(t)(x(t) − y(t) > 0 pour tout t > 0 et y(t) < x(t) < 1 pour tout t. La fonction y est donc
croissante bornée strictement par 1, ce qui donne bien y0 ≤ y(t) < 1 pour tout t ≥ 0.

8. Pour tout t ≥ 0, on pose z(t) = 1 − x(t). Donner l’équation différentielle satisfaite par z. En déduire qu’il
existe C et γ (ne dépendant que de y0 ) tels que 0 ≤ z(t) ≤ Ce−γt pour tout t ≥ 0.
Corrigé – z ′ (t) = −x′ (t) = −y(t)z(t). Comme z(t) > 0 et y(t) ≥ y0 > 0, on en déduit que z ′ (t) < −y0 z(t).
On pose γ = y0 et u(t) = z(t)eγt de sorte que u′ (t) = (z ′ (t) + γz(t))eγt < 0 et donc u(t) ≤ u(0) = z(0) = 1 − x0
pour tout t ≥ 0. En posant C = 1 − x0 , on obtient 0 ≤ z(t) ≤ Ce−γt pour tout t ≥ 0.

9. Montrer que limt→+∞ x(t) = 1 et limt→+∞ y(t) = 1.


Corrigé – La question 8 donne limt→+∞ z(t) = 0 et donc limt→+∞ x(t) = 1. Puis, comme la fonction y est
croissante bornée par 1, elle a une limite en +∞ notée ℓ (avec y0 < ℓ ≤ 1). Le point (1, ℓ) est donc nécessairement
un point d’équilibre (proposition 6 du cours), ce qui prouve que ℓ = 1.

4
Université de Marseille
Licence de Mathématiques, 3ème année, Equation Différentielles Ordinaires
SMI5U06C. Examen du 17 juin 2021

Les documents (polycopié du cours, notes de TD, notes personnelles) sont autorisés.
Exercice 1 (Existence, unicité, stabilité pour une équation différentielle. Barème 16 points).
Soit a ∈ C([0, +∞[, IR) t.q. 1 ≤ a(t) ≤ 2 pour tout t ≥ 0. Soit y0 ∈ IR.
On s’intéresse au problème de Cauchy suivant

y ′ (t) = a(t)y 2 (t) − y 3 (t), t > 0, (1)


y(0) = y0 . (2)

1. Montrer que le problème (1)-(2) admet une unique solution maximale. Dans la suite, on note y cette solution
maximale. Elle est définie sur l’intervalle [0, Tm [.
Corrigé – Cette question est une conséquence du théorème de Cauchy-Lipschitz.

2. On suppose dans cette question que y0 < 0. Montrer que y(t) ≤ 0 pour tout t < Tm . En déduire que y est une
fonction croissante, que Tm = +∞ et que limt→+∞ y(t) = 0.
Corrigé – Comme 0 est un point d’équilibre de (1), on a même y(t) < 0 pour tout t < Tm . La fonction croissante
y est donc croissante, majorée par 0. Elle est donc bornée, ce qui prouve que Tm = +∞, et elle a une limite ℓ quand
t → +∞, avec ℓ ≤ 0.. Cette limite doit être un point d’équilibre et donc ℓ = 0.

On suppose dans toute la suite que y0 > 0.


3. Montrer que la solution maximale est globale, c’est-à-dire que Tm = +∞.
Corrigé – Ici aussi, comme 0 est un point d’équilibre de (1), on a y(t) > 0 pour tout t < Tm .
On suppose maintenant que Tm < +∞, on en déduit que y(t) = |y(t)| → +∞ quand t → Tm . Il existe donc t0 tel
que y(t) > 2 pour tout t ≥ t0 . On a donc y ′ (t) = y(t)2 (a(t) − y(t)) ≤ 0 pour tout t ≥ t0 . La fonction y est donc
décroissante sur [t0 , Tm [, ce qui donne y(t) ≤ y(t0 ) pour tout t0 ≤ t < Tm , ce qui et incompatible avec y(t) → +∞
quand t → Tm . On a donc Tm = +∞.

4. Soit ε > 0.
(a) Montrer qu’il existe t1 ≥ 0 t.q. y(t1 ) ≥ 1 − ε. Puis montrer que y(t) > 1 − ε pour tout t > t1 .
Corrigé – On raisonne par l’absurde, si y(t) < 1 − ε pour tout t ≥ 0. La fonction y est alors strictement
croissante (car y ′ (t) > 0 pour tout t ≥ 0). Elle a donc un limite à l’infini notée ℓ, 0 < ℓ ≤ 1 − ε.
En écrivant, y(t+1)−y(t) = y ′ (θt ) ≥ y(θt )2 (1−y(θt )) pour θt donné par le TAF, on obtient une contradiction
quand t → +∞.
Il existe donc t1 ≥ 0 t.q. y(t1 ) ≥ 1 − ε. Comme ε est arbitraire on peut même supposer y(t1 ) > 1 − ε.
Après t1 , la fonction y ne peut pas revenir au point 1 − ε. Ici encore on peut raisonner par l’absurde en prenant
t⋆ tel que y(t⋆ ) = 1 − ε et y(t) > 1 − ε pour t1 < t < t⋆ . La contradiction vient en regardant le signe de
y ′ (t⋆ ) (y ′ (t⋆ ) ≤ 0 par choix de t⋆ et y ′ (t⋆ ) > 0 par l’équation).

(b) Montrer qu’il existe t2 ≥ 0 t.q. y(t2 ) ≤ 2 + ε. Puis montrer que y(t) < 2 + ε pour tout t > t2 .
Corrigé – Raisonnement similaire.

5. Déduire de la question précédente que le point stationnaire 0 n’est pas uniformément stable. (On rappelle que 0
est uniformément stable si pour tout η > 0 il existe δ > 0 t.q. |y0 | ≤ δ implique supt≥0 |y(t)| ≤ η.)
Corrigé – On prend par exemple η = 1/2 et on a pour tout y0 > 0, supt≥0 |y(t)| > η = 1/2.

1
6. On suppose dans cette question que limt→+∞ a(t) = ℓ. Montrer que limt→+∞ y(t) = ℓ.
Indication : Soit ε > 0. Montrer qu’il existe t0 > 0 t.q. ℓ − ε ≤ a(t) ≤ ℓ + ε pour tout t ≥ t0 . Puis, en reprenant
méthode de la question 4, montrer qu’il existe t3 > t0 t.q. ℓ − 2ε ≤ y(t) ≤ ℓ + 2ε pour tout t > t3 .
Corrigé – Commme limt→+∞ a(t) = ℓ, il existe t0 > 0 t.q. ℓ − ε ≤ a(t) ≤ ℓ + ε pour tout t ≥ t0 .
On reprend alors la méthode de la question 4 à partir de t0 et en remplaa̧nt 1 ≤ a(t) ≤ 2 par ℓ − ε ≤ a(t) ≤ ℓ + ε.
On obtient l’existence de t3 > t0 t.q. ℓ − 2ε ≤ y(t) ≤ ℓ + 2ε pour tout t > t3 .
Ceci montre bien que limt→+∞ y(t) = ℓ.

7. (Question plus difficile).


On suppose dans cette question que a est uniformément continue et que limt→+∞ y(t) = ℓ.
Montrer que limt→+∞ a(t) = ℓ.
Corrigé – Soit m un point d’adhérence de a(t) quand t → +∞. Il existe une suite (tn )n∈IN t.q. limn→+∞ tn = +∞
et limn→+∞ a(tn ) = m.
Si m 6= ℓ, on choisit ε = |m − ℓ|/2 et δ > 0 t.q. |t − s| ≤ δ ⇒ |a(t) − a(s)| ≤ ε.
Rt +δ Rt +δ
En écrivant, y(tn + δ) − y(tn) = t n y ′ (s)ds = t n y(s)2 (a(s) − y(s))ds, on obtient une contradiction quand
n n
n → +∞.
Ceci montre que m = ℓ, ce qui est suffisant pour dire que limt→+∞ a(t) = ℓ.

Exercice 2 (Etude de stabilité pour un système. Barème 9 points).


On considère le système suivant, pour t > 0,

x′ (t) = x(t) − x(t)y(t),


y ′ (t) = y(t) − x(t)2 .

1. Trouver l’unique point d’equilibre P = (a, b), avec a > 0, b > 0.


Corrigé – Il s’agit du point P = (1, 1).

2. Linéariser le système autour du point d’équilibre P (trouvé à la question 1). Résoudre le système linéarisé et
tracer 3 ou 4 trajectoires proches de P .
 
0 −1
Corrigé – La matrice A du système linéarisé au point P est A = . Les valeurs propres de A sont
−2 1
   
1 1
λ1 = −1 et λ2 = 2. On peut prendre comme vecteurs propres associée ϕ1 = et ϕ2 = .
1 −2
La solution générale du système linéarisé au point P est donc, avec α, β ∈ IR,
 
x(t)
= αeλ1 t ϕ1 + βeλ2 t ϕ2 .
y(t)

3. Discuter la stabilité du point d’équilibre P (trouvé à la question 1).


Corrigé – Comme λ2 > 0, le point d’équilibre P est instable.

2
Université de Marseille
Licence de Mathématiques, 3ème année, équations différentielles ordinaires
Partiel du 5 novembre 2021

Les documents (polycopié du cours, notes de TD, notes personnelles) sont autorisés. Les réponses aux questions
doivent être justifiées.
Exercice 1 (Existence locale ou globale, équation autonome, barème 8 points).
Soit f ∈ C 1 (IR, IR). On suppose que que f (x) > 0 si x > 0 et que f (0) = 0.
Pour y0 > 0, on s’intéresse au problème de Cauchy

y ′ (t) = f (y(t)), t > 0, (1)


y(0) = y0 . (2)

1. Montrer que le problème (1)-(2) admet une unique solution maximale.


Corrigé – La fonction f est de classe C 1 , elle est donc localement lipschitizienne. Les théorèmes de cours
donnent bien l’existence d’une unique solution maximale.

Dans la suite, on note y cette solution maximale. Elle est définie sur l’intervalle [0, Tm [.
2. Montrer que y(t) > 0 pour tout t ∈ [0, Tm [.
Corrigé – Le point 0 est un point d’équilibre. Comme les trajectoires des solutions de (1) ne se rencontrent pas,
la solution de (1)-(2) est strictement positive en tout point.

3. Montrer que limt→Tm y(t) = +∞.


[Distinguer les cas Tm < +∞ et Tm = +∞.]
Corrigé – Si Tm < +∞, la solution “explose” en Tm , c’est-à-dire limt→Tm |y(t)| = +∞. La fonction y est
non bornée.
Si Tm = +∞, la fonction y étant croissante, elle a une limite en +∞ qui peut être finie ou égale à +∞. Si cette
limite est finie, limt→+∞ y(t) = ℓ ∈]0, +∞[. Or les seules limites possibles sont les états stationnaires, et le seul
état stationnaire est 0. Ceci se démontre en passant à la limite quand t → +∞ sur l’équation y(t + 1) − y(t) =
y ′ (θt ) = f (y(θt )), avec θt ∈]t, t + 1[ (l’existence de θt est donnée par le théorème des accroissements finis) : on
obtient f (ℓ) = 0. Or ceci est impossible car f (x) > 0 pour tout x > 0.
On a donc limt→+∞ y(t) = +∞.

4. On suppose dans cette question qu’il existe C > 0, x0 > 0 et α > 1 tels que f (x) ≥ Cxα pour tout x ≥ x0 .
Montrer que que Tm < +∞.
Corrigé – Comme limt→Tm y(t) = +∞, il existe t0 ∈]0, Tm [ tel que y(t) ≥ x0 pour tout t ∈ [t0 , Tm [. On a
y ′ (t)
donc y ′ (t) ≥ Cy(t)α et donc y(t) α ≥ C pour tout t ∈ [t0 , Tm [.
1 1
En posant z(t) = − α−1 y(t)α−1
, ceci donne z ′ (t) ≥ C et donc z(t) ≥ z(t0 ) + C(t − t0 ) pour tout t ∈ [t0 , Tm [.
z(t0 )
Comme z(t) < 0 pour tout t ∈ [0, Tm [, ceci prouve que Tm ≤ t0 − C
.

Exercice 2 (Une équation linéaire du 2ème ordre, barème 8 points).


On s’intéresse à l’équation, pour y ∈ C 2 (IR ⋆+ , IR),

t2 y ′′ (t) − 3ty ′ (t) + 4y(t) = 0, t > 0. (3)

1. Montrer que les théorèmes vus en cours permettent de montrer que l’ensemble des solutions de l’équation
(3) forme un espace vectoriel (sur IR) de dimension 2.
Corrigé – L’équation peut aussi s’écrire y ′′ (t) − (3/t)ty ′ (t) + (4/t)y(t) = 0. Les théorèmes vus en cours
donnent alors que l’ensemble des solutions de cette équation forme un espace vectoriel (sur IR) de dimension 2.

1
2. On cherche une solution y de (3) sous la forme y(t) = an tn + Q(t) avec n ≥ 0, an 6= 0 et Q polynôme de
degré strictement inférieur à n. Montrer que le polynôme y est alors nécessairement de degré 2. Donner un
tel polynôme. On le note y1 dans la suite de l’exercice.
Corrigé – On cherche y sous la forme y(t) = an tn + Q(t) avec n ≥ 0, an 6= 0 et Q polynôme de degré
strictement inférieur à n. Le seul terme de degré n du polynôme t2 y ′′ (t) − 3ty ′ (t) + 4y(t) est alors (n(n − 1) −
3n + 4)an tn . Pour que y soit solution de (3), il faut que ce terme soit nul, c’est-à-dire n(n − 1) − 3n + 4 =
n2 − 4n + 4 = (n − 2)2 = 0 et donc n = 2.
Le polynôme y1 (t) = t2 est solution de (3).

3. On cherche maintenant une seconde solution de (3), notée y2 , linéairement indépendante de la fonction y1
trouvée à la question précédente. On cherche y2 en utilisant la technique de “réduction d’ordre”, c’est-à-
dire que l’on pose, pour tout t > 0, y2 (t) = z(t)y1 (t).
(a) Donner l’équation que doit satisfaire z ′ pour que y2 soit solution de (3).
Corrigé –
y2 (t) = z(t)y1 (t),
y2′ (t) = z(t)y1′ (t) + z ′ (t)y1 (t),
y2′′ (t) = z(t)y1′′ (t) + 2z ′ (t)y1′ (t) + z ′′ (t)y1 (t),
et donc t2 y2′′ (t) − 3ty2′ (t) + 4y2 (t) = z ′′ (t)(t2 y1 (t)) + z ′ (t)(2t2 y1′ (t) − 3ty1 (t)) = z ′′ (t)t4 + z ′ (t)t3 = 0.
L’équation que doit satisfaire z ′ pour que y2 soit solution de (3) est donc z ′′ (t)t + z ′ (t) = 0
Une solution de cette équation est z ′ (t) = 1t et donc une fonction z possible est z(t) = ln(t) pour tout
t > 0.

(b) Donner une fonction y2 , linéairement indépendante de la fonction y1 , solution de (3).


Corrigé – On peut choisir y2 définie par y2 (t) = ln(t)t2 . C’est bien une solution de (3). Elle est linéaire-
ment indépendante de la fonction y1 , il suffit pour cela de remarquer que y1 (1) 6= 0 et y2 (1) = 0.

4. Donner l’ensemble des solutions de l’équation non homogène

t2 y ′′ (t) − 3ty ′ (t) + 4y(t) = t3 , t > 0.

Corrigé – Une solution particulière est la fonction t 7→ t3 .


La solution générale de l’équation non homogène est donc la fonction t 7→ y(t) = C1 y1 (t) + C2 y2 (t) + t3 avec
C1 , C2 ∈ IR.

Exercice 3 (Existence locale ou globale, équation non autonome, barème 8 points).


Soit f ∈ C(IR × IR, IR). On suppose que f est localement lipschitzienne par rapport à sa deuxième variable.
Pour y0 ∈ IR, on s’intéresse au problème de Cauchy

y ′ (t) = f (t, y(t)), t > 0, (4)


y(0) = y0 . (5)

On note y la solution maximale du problème (4)-(5). Elle est définie sur l’intervalle [0, Tm [.
1. On suppose dans cette question qu’il existe C > 0 et D > 0 tels que |f (t, x)| ≤ C|x| + D pour tout x ∈ IR
et tout t ≥ 0. Montrer que Tm = +∞.

2
Rt Rt
Corrigé – On suppose que Tm < +∞. Pour tout t ∈ [0, Tm [, y(t) = y0 + 0
y ′ (s)ds = y0 + 0
f (s, y(s))ds
et donc Z t Z t
|y(t)| ≤ |y0 | + (C|y(s)| + D)ds ≤ C |y(s)|ds + D̄,
0 0

avec D̄ = |y0 | + DTm . Le lemme de Gronwall vu en cours donne alors y(t) ≤ D̄eCt pour tout t < Tm . La
solution y n’explose pas et Tm , en contradiction avec l’hypothèse Tm < +∞.

2. On suppose dans cette question qu’il existe C > 0 tel que |f (t, x)| ≤ C(1 + |x|)(1 + ln(1 + |x|) pour tout
x ∈ IR et tout t ≥ 0.
1
(a) Donner une primitive sur IR ⋆+ de la fonction x 7→ (1+x)(1+ln(1+x)) .

Corrigé –
1
La fonction x 7→ ln(1 + ln(1 + x)) est une primitive sur IR ⋆+ de la fonction x 7→ (1+x)(1+ln(1+x))
.

(b) Montrer que Tm = +∞.


Corrigé – Pour tout t ∈ [0, Tm [,
Z t
|y(t)| ≤ |y0 | + C (1 + |y(s)|)(1 + ln(1 + |y(s)|)ds.
0
Rt
Pour t ∈ [0, Tm [, on pose ϕ(t) = |y0 | + C 0
(1 + |y(s)|)(1 + ln(1 + |y(s)|)ds de sorte que 0 ≤ |y(t)| ≤
ϕ(t) > 0 et
ϕ′ (t) = C(1 + |y(t)|)(1 + ln(1 + |y(t)|) ≤ C(1 + |ϕ](t)|)(1 + ln(1 + |ϕ(t)|).
En posant h(x) = ln(1 + ln(1 + x)), on a donc (h ◦ ϕ)′ ≤ C et donc h(ϕ(t)) ≤ h(|y0 |) + Ct, ce qui
donne, pour tout t ∈ [0, T m[,
|y(t)| ≤ ϕ(t) ≤ exp(exp(|y0 | + Ct) − 1).
La solution n’explose pas en temps fini et donc Tm = +∞.

3. Dans les questions 1 et 2, on remplace C et D par C(t) et D(t) avec C, D ∈ C([0, +∞[, IR). Peut-on
montrer que Tm = +∞ ?
Corrigé – Oui, il suffit, si Tm < +∞, de prendre dans les questions précédentes C = maxt∈[0,Tm ] C(t) et
D = maxt∈[0,Tm ] D(t).

3
Université de Marseille
Licence de Mathématiques, 3ème année, Equation Différentielles Ordinaires
SMI5U06TC. Partiel du 21 octobre 2022

L’examen contient 4 exercices. Le barème est sur 26 points. (Il est donc inutile de tout faire pour avoir 20.)
Les documents (polycopié du cours, notes de TD, notes personnelles) sont autorisés.
Chaque réponse devra être justifiée.
Exercice 1 (Non unicité, barème 3 points).
On considère le problème de Cauchy (avec y ∈ C(IR + , IR) ∩ C 1 (IR ⋆+ , IR))
p
y ′ (t) = 2t |y(t) − 1|, t > 0, (1)
y(0) = 1. (2)

1. Donner deux solutions au problème (1)-(2).


Corrigé – Une première solution est donnée par y(t) = 1 pour tout t ≥ 0.
On peut trouver une seconde solution vérifiant y(t) > 1 pour tout t > 0 en écrivant l’équation sous forme de variables
séparées, c’est-à-dire
p y ′ (t)
2( y − 1)′ (t) = p = 2t, pour tout t > 0.
y(t) − 1
Ce qui donne en intégrant entre 0 et t, p
2( y(t) − 1)(t) = t2 ,
t4
et donc y(t) = 4
+ 1 pour tout t ≥ 0. Cette fonction est bien solution du probème.

2. Pourquoi le théorème d’unicité vu en cours ne s’applique t-il pas pour le problème (1)-(2) ?
p
Corrigé – La fonction (t, x) 7→ 2t |x − 1|, de [0, +∞[×IR dans IR, n’est pas localement lipschitzienne par rap-
port à son deuxième argument.

Exercice 2 (Lemme de Villani, barème 8 points).


Soient 0 < T ≤ +∞ et C > 0. On suppose que y ∈ C 1 ([0, T [, IR) vérifie

y ′ (t) ≥ −C|y(t)|, t ∈ [0, T [, (3)


y(0) = 0. (4)

(Noter que y ′ (0) désigne la dérivée à droite en 0).


L’objectif est de montrer que y(t) ≥ 0 pour tout 0 ≤ t < T .
1. (Un exemple) On considère le problème de Cauchy

y ′ (t) = −y(t) + t, t > 0, (5)


y(0) = 0. (6)

(a) Donner la solution maximale de (5)-(6).


Corrigé – La solution générale de (5) (somme de la solution générale du problème homogène et d’une solution
particulière) est, avec α ∈ IR,
y(t) = αe−t + t − 1, t ≥ 0.
La solution de (5)-(6) est donc
y(t) = e−t + t − 1, t ≥ 0.

(b) On note y la solution maximale de (5)-(6). Montrer que y(t) > 0 pour tout t > 0 et donc que y vérifie
(3)-(4) avec C = 1 et T = +∞.

1
Corrigé – Comme y ′ (t) = 1 − e−t > 0 pour tout t > 0, la fonction y est strictement croissante (sur IR + ) et
donc strictement positive sur IR ⋆+ . Elle vérifie bien (3)-(4) avec C = 1 et T = +∞.

On revient maintenant au cas général décrit au début de l’énoncé, c’est-à-dire que y est une fonction supposée vérifier
(3)-(4). On va montrer qu’elle vérifie nécessairement y(t) ≥ 0 pour tout t ∈]0, T [ (ce qui est bien vrai pour l’exemple
donné à la question 1).
Pour cela, on pose
g(t) = y ′ (t) + C|y(t)|, pour tout t ≥ 0,
et on définit la fonction f de [0, T [×IR dans IR par

f (t, x) = −C|x| + g(t).

2. Montrer que y est solution du problème de Cauchy

z ′ (t) = f (t, z(t)), 0 < t < T, (7)


z(0) = 0. (8)

Corrigé – C’est une conséquence immédiate de la définition de g, y ′ (t) = −C|y(t)| + g(t) = f (t, y(t)), et du fait
que y(0) = 0.

3. Montrer que f ∈ C([0, T [×IR, IR) et est (localement) lipschitzienne par rapport à son deuxième argument. En
déduire que y est la solution maximale du problème de Cauchy (7)-(8).
Corrigé – Comme y ∈ C 1 ([0, T [, IR), la fonction g est bien continue sur [0, T [. On en déduit que f ∈ C([0, T [×IR, IR).
Puis, pour tout x1 , x2 ∈ IR et t ∈ [0, T [,
|f (t, x1 ) − f (t, x2 )| = C| |x1 | − |x2 | | ≤ C|x1 − x2 |,
ce qui prouve que f est lipschitzienne et donne l’existence et l’unicité de la solution maximale de (7)-(8). Cette solution
maximale est donc y (puisque y est solution sur [0, T [ de (7)-(8)).

4. Montrer que la fonction z définie, pour tout 0 ≤ t < T , par


Z t
z(t) = e−Ct eCs g(s)ds.
0

est solution de (7)-(8).


[On pourra remarquer que g(t) ≥ 0 pour tout t.]
En déduire que y = z et donc y(t) ≥ 0 pour tout t ∈]0, T [.
Corrigé – On a bien z(0) = 0 et, pour tout t ∈ [0, T [,
Z t
z ′ (t) = −Ce−Ct eCs g(s)ds + e−Ct eCt g(t) = −Cz(t) + g(t).
0
Comme z(t) ≥ 0 pour tout t ∈]0, T [, on a aussi z ′ (t) = −C|z(t)| + g(t). Ceci prouve que la fonction z est solution
de (7)-(8).
La fonction z est donc aussi la solution maximale de (7)-(8), c’est-à-dire z = y. Comme z ≥ 0, on en déduit que
y ≥ 0.

2
Exercice 3 (Explosion ou non explosion, barème 6 points).
Soient a ∈ C([0, +∞[, IR ⋆+ ), 1 < β < +∞ et 0 < T ≤ +∞.
On suppose que y ∈ C 1 ([0, T [, IR) vérifie

y ′ (t) ≥ a(t)|y(t)|β , t ∈ [0, T [, (9)


y(0) = y0 > 0. (10)

(Noter que y ′ (0) désigne la dérivée à droite en 0).


1. Montrer que la fonction y est croissante et en déduire que y(t) ≥ y0 pour tout t ∈ [0, T [.
Corrigé – L’équation (9) donne y ′ (t) ≥ 0 pour tout t ∈ [0, T [. la fonction y est donc croissante et donc y(t) ≥ y0
pour tout t ∈ [0, T [.

2. On suppose dans cette question que γ = inf t≥0 a(t) > 0. Montrer que T < +∞ et donner un majorant de T en
fonction de γ, β et y0 .
Corrigé – Comme y(t) > 0 pour tout t, on a, pour tout t ∈ [0, T [,
1 y ′ (t) y ′ (t)
(y 1−β )′ (t) = β
≥ ≥ 1.
(1 − β)γ γy(t) a(t)|y(t)|β
En intégrant cette inégalité entre 0 et t on obtient, pour tout t ∈ [0, T [,
1 1
(y(t)1−β ) − (y 1−β ) ≥ t,
(1 − β)γ (1 − β)γ 0
c’est-à-dire
1 1
(y(t)1−β ) ≤ (y 1−β ) − t.
(β − 1)γ (β − 1)γ 0
Ce qui est impossible pour t ≥ 1
(β−1)γ
(y01−β ) (car y(t) > 0). On en déduit T ≤ 1
(β−1)γ
(y01−β ).

1
3. On suppose dans cette question que a(t) = (t+1)2 , β = 2 et y0 = 1. montrer qu’il existe y ∈ C 1 ([0, T [, IR)
solution de (9)-(10) avec T = +∞.
Corrigé – Il suffit de prendre y(t) = t + 1 pour tout t ≥ 0.

Exercice 4 (Equation linéaire du deuxième ordre, barème 9 points). On s’intéresse à l’équation différentielle

t2 y ′′ (t) − 3ty ′ (t) + 4y(t) = 0, t > 0. (11)

N.B. En divisant par t2 l’équation (11), les résultats vus en cours montrent que l’ensemble des solutions de (11) est un
e.v. de dimension 2.
1. Montrer que pour α ∈ IR bien choisi la fonction t 7→ tα est solution de (11).
Corrigé – Pour que la fonction t 7→ tα soit solution de (11) il faut et il suffit que α(α − 1) − 3α + 4 = 0, c’est-à-
dire (α − 2)2 = 0 et donc α = 2.

Dans la suite, on note y1 la fonction trouvée à la question 1.


2. On cherche une seconde solution de (11), indépendante de y1 par la technique de réduction d’ordre, c’est-à-
dire que l’on cherche cette solution sous la forme y2 = zy1 .
(a) Donner l’équation différentielle du premier ordre que doit satisfaire la fonction z ′ pour que y2 soit solution
de (11).

3
Corrigé –
y2 (t) = z(t)y1 (t),
y2′ (t) = z(t)y1′ (t) + z ′ (t)y1 (t),
y2′′ (t) = z(t)y1′′ (t) + 2z ′ (t)y1′ (t) + z ′′ (t)y1 (t),
et donc t2 y2′′ (t) − 3ty2′ (t) + 4y2 (t) = t2 z ′′ (t)y1 (t) + (2t2 y1′ (t) − 3ty1 (t))z ′ (t).
Pour que y2 soit solution de (11), il faut et il suffit que z vérifie, pour tout t > 0,
t4 z ′′ (t) + t3 z ′ (t) = 0.

(b) Donner une solution non nulle de l’équation différentielle sur z ′ trouvée à la question 2a.
1
Corrigé – Une solution possible est z ′ (t) = t
(pour tout t > 0).

(c) En déduire que la fonction t 7→ t2 ln(t) est solution de (11). Cette fonction est-elle indépendante de la
fonction y1 ?
Corrigé – En prenant z(t) = ln(t), la question précédente montre que y2 = zy1 est solution de (11). On a
bien y2 (t) = t2 ln(t).
Soient α, β ∈ IR tels que αy1 + βy2 = 0. En prenant t = 1 on en déduit que α = 0. Puis βy2 = 0 implique
β = 0. Les fonctions y1 et y2 sont bien indépendantes.

(d) Donner l’ensemble des solutions de (11).


Corrigé – Les solutions de (11) sont les fonctions de la forme t 7→ αt2 + βt2 ln(t), avec α, β ∈ IR.

Dans la suite, on note y2 la fonction trouvée à la question 2c.


On cherche maintenant l’ensemble des solutions de l’équation non homogène
t2 y ′′ (t) − 3ty ′ (t) + 4y(t) = t2 , t > 0. (12)
3. On cherche une solution particulière sous la forme yp = zy2 .
(a) Donner l’équation différentielle du premier ordre que doit satisfaire la fonction z ′ pour que yp soit solution
de (12).
Corrigé –
yp (t) = z(t)y2 (t),
yp′ (t) = z(t)y2′ (t) + z ′ (t)y2 (t),
yp′′ (t) = z(t)y2′′ (t) + 2z ′ (t)y2′ (t) + z ′′ (t)y2 (t),
et donc t2 yp′′ (t)
− + 4yp (t) = t2 z ′′ (t)y2 (t) + (2t2 y2′ (t) − 3ty2 (t))z ′ (t).
3typ′ (t)
Pour que yp soit solution de (12), il faut et il suffit que z vérifie, pour tout t > 0,
t4 z ′′ (t) ln(t) + (2t3 + 4t3 ln(t) − 3t3 ln(t))z ′ (t) = t2 ,
c’est-à-dire
t2 z ′′ (t) ln(t) + (2t + t ln(t))z ′ (t) = 1.

1
(b) Montrer que la fonction z ′ définie par z ′ (t) = 2t (pour tout t > 0) est solution de l’équation différentielle
sur z ′ trouvée à la question 3a.
Corrigé – On a bien
t2 1
t2 z ′′ (t) ln(t) + (2t + t ln(t))z ′ (t) = − ln(t) + (2t + t ln(t)) = 1.
2t2 2t

(c) Donner l’ensemble des solutions de (12).


Corrigé – La question précédente donne que la fonction t 7→ (1/2)t2 ln(t)2 est solution de (12).
Les solutions de (12) sont donc les fonctions de la forme t 7→ αt2 + βt2 ln(t) + (1/2)t2 ln(t)2 , avec α, β ∈ IR.

4
Université de Marseille
Licence de Mathématiques, 3ème année, Equation Différentielles Ordinaires
SMI5U06C. Examen du 10 janvier 2022

L’examen contient 3 exercices. Le barème est sur 24 points. Les documents (polycopié du cours, notes de TD, notes
personnelles) sont autorisés. Chaque réponse devra être justifiée.
Exercice 1 (Encadrement de la solution exacte par Euler explicite et implicite, barème 8 points). On considère le
problème de Cauchy

x′ (t) = 1 − x(t), t > 0, (1)


x(0) = 0. (2)

1. Calculer la solution de ce problème.


Corrigé – x(t) = 1 − e−t .

Soit 0 < h < 1. On discrétise le problème (1)-(2) par les schémas d’Euler explicite et implicite de pas h.
Pour k ≥ 0, on pose tk = kh et on note yk la solution approchée au temps tk donnée par le schéma d’Euler explicite
et zk celle donnée par le schéma d’Euler implicite.
2. Ecrire les formules permettant le calcul de {yk , k ≥ 0} et {zk , k ≥ 0}.
Corrigé – y0 = 0, z0 = 0.
EE : Pour k ≥ 0, yk+1 = yk + h(1 − yk ) et donc yk+1 = (1 − h)yk + h.
k +h
EI : Pour k ≥ 0, zk+1 = zk + h(1 − zk+1 ) et donc zk+1 = z1+h .

3. Pour k ∈ IN, on pose xk = x(tk ) (x est la solution exacte du problème (1)-(2)) Le but cette question est de
montrer que
zk ≤ xk ≤ yk , pour tout k ∈ IN. (3)
1
(a) Question préliminaire. Montrer que pour tout x ≥ 0, 1 − x ≤ e−x ≤ .
1+x
Corrigé – Pour x ≥ 0, on pose f (x) = 1 − x − e−x et g(x) = (1 + x)e−x de sorte que f (0) = 0 et g(0) = 1.
Puis, pour x > 0, f ′ (x) = −1 + e−x < 0 et g ′ (x) = e−x − (1 + x)e−x = −xe−x < 0. ceci prouve que
f (x) ≤ f (0) = 0 et g(x) ≤ g(0) = 1 pour tout x ≥ 0 et donne les inégalités demandées.

(b) Montrer par récurrence sur k que yk ≥ xk pour tout k ∈ IN.


Corrigé – y0 − x0 = 0. Puis, si yk − xk ≥ 0, comme xk+1 − xk = e−tk (1 − e−h ),
yk+1 = (1 − h)yk + h
xk+1 = (1 − h)xk + hxk + e−tk (1 − e−h )
yk+1 −xk+1 = (1−h)(yk −xk )+h(1−xk )−e−tk (1−e−h ) = (1−h)(yk −xk )+e−tk (−1+h+e−h ) ≥ 0,
car (1 − h) > 0 et −1 + h + e−h > 0 par la question 3a.

(c) Montrer par récurrence sur k que zk ≤ xk pour tout k ∈ IN.


Corrigé – z0 − x0 = 0. Puis, si zk − xk ≤ 0, comme xk+1 − xk = e−tk (1 − e−h ),
(1 + h)zk+1 = zk + h
(1 + h)xk+1 = xk + (xk+1 − xk ) + hxk+1
(1 + h)(zk+1 − xk+1 ) = (zk − xk ) + h(1 − xk+1 ) − e−tk (1 − e−h ) = (zk − xk ) + e−tk (he−h − 1 + e−h ) ≤ 0,
car −1 + he−h + e−h < 0 par la question 3a.

NB : La preuve de l’encadrement (3) peut s’adapter au problème de Cauchy vu au TP2, c’est-à-dire au problème, pour
µ > 0 et x0 > 0 donnés, x′ (t) = 1 − x(t)
µ pour tout t > 0 et x(0) = x0 .

1
Exercice 2 (Recherche de M ∈ C 1 (IR ⋆+ , Mn (IR)) tel que M ′ = AM , barème 8 points).
Soit A ∈ Mn (IR) (n ∈ N⋆ ). On suppose que les valeurs propres de A sont réelles et on les note (comptées avec leur
multiplicité algébrique) λ1 , . . . , λn .
On note X la solution du système différentiel linéaire suivant :

X ′ (t) = BX(t), t > 0, (4)


X(0) = e1 . (5)

avec B = (bk,ℓ ) ∈ Mn (IR) la matrice définie par bk,k = λk pour k = 1, . . . , n, bk+1,k = 1 pour k = 1, . . . , n − 1
et tous les autres coefficients de B nuls. Le vecteur e1 est le premier vecteur de la base canonique de IR n , c’est-à-
dire e1 = (1, 0, . . . , 0)t .
On note x1 , . . . , xn les composantes de X, c’est-à-dire X = (x1 , . . . , xn )t .
1. Calculer x1 (t) pour tout t ≥ 0.
Corrigé – x′1 (t) = λ1 x1 (t) et x1 (0) = 1. Donc, x1 (t) = eλ1 t .

2. Donner, pour k = 2, . . . , n et t ≥ 0, l’expression de xk (t) en fonction de {xk−1 (s), 0 ≤ s ≤ t}.


Corrigé – Pour k ≥ 2, x′k (t) = λk xk (t) + xk−1 (t).
Rt
En posant xk (t) = C(t)eλk t , on trouve C ′ (t)eλk t = xk−1 (t), on en déduit C(t) = 0
e−λk s xk−1 (s)ds et donc,
pour tout t ≥ 0, Z t
xk (t) = xk (0)eλk t + eλk (t−s) xk−1 (s)ds.
0
(On retrouve ainsi la formule de Duhamel vue en cours.)
Rt
Enfin, comme xk (0) = 0, xk (t) = 0 eλk (t−s) xk−1 (s)ds.

[On pourra utiliser la méthode dite de “variation de la constante” ou de “réduction d’ordre”]

Les questions suivantes sont indépendantes des questions 1 et 2.


On note PA le polynôme caractéristique de A et I la matrice identité de Mn (IR).
On définit les matrices Qk ∈ Mn (IR), k = 0, . . . , n, parP
Q0 = I et Qk = Qk−1 (A − λk I) pour k = 1, . . . , n.
On définit pour tout t ≥ 0 la matrice M (t) par M (t) = nk=1 xk (t)Qk−1 .
Qn
3. Montrer que Qn = k=1 (A − λk I) = PA (A).
Corrigé – Dans l’ensemble {λ1 , . . . , λn } le nombre d’apparition d’une valeur propre λ est égal à sa multiplicité
algébrique ma (λ). En notant vp(A) l’ensemble des valeurs propres de A, ceci montre que
Y
Qn = (A − λI)ma (λ) = PA (A).
λ∈vp(A)

La question 3 donne Qn = 0 (c’est le théorème de Cayley-Hamilton).


4. Calculer M (0).
Pn
Corrigé – Comme x1 (0) = 1, xk (0) = 0 pour k > 1 et Q0 = I, M (0) = k=1
xk (0)Qk−1 = I.

5. Montrer que, pour tout t > 0, M ′ (t) = nk=1 λk xk (t)Qk−1 + nk=1 xk (t)Qk .
P P


Pn ′
Pn Pn
Corrigé – M (t) = k=1 xk (t)Qk−1 = k=1
λk xk (t)Qk−1 + k=2
xk−1 (t)Qk−1 .
En rappelant que Qn = 0 ceci donne
n n
X X
M ′ (t) = λk xk (t)Qk−1 + xk (t)Qk .
k=1 k=1

2
Pn
6. Montrer que, pour tout t > 0, M ′ (t) = k=1 xk (t)Qk−1 A = M (t)A.
Corrigé – Comme Qk = Qk−1 (A − λk I),
n n n
X X X
M ′ (t) = λk xk (t)Qk−1 + xk (t)Qk−1 (A − λk I) = xk (t)Qk−1 A = M (t)A.
k=1 k=1 k=1

7. Peut-on affirmer que M ′ (t) = AM (t) pour tout t > 0 ?


Corrigé – Oui, car A commute avec I et avec lui même et donc A commute avec toutes les matrices Qk .

Exercice 3 (Equation non linéaire du pendule, barème 8 points).


On s’intéresse au système non linéaire de 2 équations à 2 inconnues

x′ (t) = y(t), t > 0,


(6)
y ′ (t) = − sin(x(t)), t > 0.
A ce système, on ajoute une condition initiale

x(0) = x0 , y(0) = y0 . (7)

Le problème (6)-(7) admet une unique solution maximale.


Cette solution est globale, c’est-à-dire définie sur l’intervalle [0, +∞[.
Pour t ≥ 0, on pose E(t) = (1/2)y(t)2 + 1 − cos(x(t)).
1. Montrer que E(t) = E(0) pour tout t ≥ 0.
Corrigé – Pour tout t > 0, E ′ (t) = y(t)y ′(t) + sin(x(t))x′ (t) = x′ (t)(− sin(x(t))) + sin(x(t))x′ (t) = 0.

2. Soit 0 < η < 1 et zη ∈ [0, π/2[ t.q. cos(zη ) = 1 − η. On suppose que x0 ∈] − π/2, π/2[ et E(0) ≤ η. Montrer
que |x(t)| ≤ zη pour tout t ≥ 0.
Corrigé – Pour tout t ≥ 0, (1/2)y(t)2 + 1 − cos(x(t)) = E(t) ≤ η = 1 − cos(zη ). On a donc (1/2)y(t)2 ≤
cos(x(t)) − cos(zη ) et cos(x(t)) ≥ cos(zη ).
Comme x0 ∈] − π/2, π/2[, ceci prouve que |x(0)| ≤ zη . On en déduit que |x(t)| ≤ zη pour tout t ≥ 0. En effet,
sinon, par continuité de x (et par le théorème des valeurs intermédiaires) il existe t > 0 tel que |x(t)| > zη et
x(t) ∈] − π/2, π/2[ ce qui est impossible car cela donnerait cos(x(t)) < cos(zη ).

Pour δ ∈ [0, π/2], on pose h(δ) = (1/2)δ 2 + 1 − cos(δ).


3. Soit δ ∈]0, π/2[ tel que 0 < h(δ) < 1. On
p suppose dans cette question que |x0 | ≤ δ et |y0 | ≤ δ. Montrer que
supt≥0 |x(t)| ≤ zh(δ) et supt≥0 |y(t)| ≤ 2h(δ) (où zh(δ) est donné par la question 2)
Corrigé – Comme |y0 | ≤ δ et |x0 | ≤ δ ∈]0, π/2[, on a E(0) ≤ h(δ). La question 2 donne alors supt≥0 |x(t)| ≤
p
zh(δ) . Puis comme E(t) = E(0) pour tout t on a aussi (1/2)y(t)2 ≤ h(δ), ce qui donne supt≥0 |y(t)| ≤ 2h(δ).

4. Montrer que le point 0 de IR 2 est un point stationnaire uniformément stable du système (6). Pouvait-on aussi
montrer cette stabilité en étudiant le problème linéarisé en 0 ?
Corrigé – Soit 0 < ε < 1. Comme h(δ) → 0 quand p δ → 0 et zη → 0 quand η → 0, il existe δ > 0 (avec
δ ∈]0, π/2[ et 0 < h(δ) < 1) tel que zh(δ) ≤ ε et 2h(δ) ≤ ε. Pour |x0 | ≤ δ et |y0 | ≤ δ, on a alors, par la
question 3, supt≥0 |x(t)| ≤ ε et supt≥0 |y(t)| ≤ ε. Ce qui prouve que 0 est un point stationnaire uniformément stable
du système (6).
On ne peut pas montrer cette stabilité en étudiant le problème linéarisé en 0 car la matrice du système linéarisé a des
valeurs propres complexes de partie réelle nulle.

3
Université de Marseille
Licence de Mathématiques, 3ème année, Equation Différentielles Ordinaires
SMI5U06TC. Examen du 20 juin 2022, 15h30-17h30, Grand Amphi, St-Charles

L’examen contient un seul exercice. Les documents (polycopié du cours, notes de TD, notes personnelles) sont auto-
risés. Chaque réponse devra être justifiée.
Exercice 1 (Existence locale ou globale, approximation par un schéma numérique).
Soit f ∈ C 1 (IR, IR). On suppose que f est croissante et que f (0) = 0. Soit x0 ∈ IR.
On considère le problème de Cauchy

x′ (t) = −f (x(t)), t > 0, (1)


x(0) = x0 . (2)

1. Montrer que le problème (1)-(2) admet une solution maximale et que cette solution est globale (c’est-à-dire dé-
finie sur [0, +∞[) [On pourra étudier le signe de f sur IR + et IR − .].
Corrigé – Comme f ∈ C 1 (IR, IR), le théorème de Cauchy-Lipschitz donne l’existence d’une solution maximale.
Soit T le temps existence de la solution maximale. Comme f est croissante et que f (0) = 0, la fonction f est positive
sur IR + et négative sur IR − . On remarque aussi que 0 est solution de (1). Donc :
— si x0 = 0 alors x(t) = 0 pour tout t ∈ [0, T [ et donc T = +∞ (pas d’explosion).
— si x0 > 0, on a aussi x(t) > 0 pour tout t ∈ [0, T [ par unicité, car la solution ne peut pas croiser x = 0, donc x
est décroissante et bornée sur [0, T [ et on a donc encore T = +∞.
— Enfin si x0 < 0, par le même argument, x(t) < 0 pour tout t ∈ [0, T ] par unicité, car la solution ne peut pas
croiser x = 0, donc x est croissante et bornée sur [0, T ] et on a donc encore T = +∞.

2. On s’intéresse dans cette question à la stabilité de 0.


Rappel : 0n dit que 0 est une point stationnaire (uniformément) stable de (1) si pour tout ε > 0 il existe δ > 0
tel que |x(0)| ≤ δ ⇒ supt≥0 |x(t)| ≤ ε. On dit que 0 est un point stationnaire asymptotiquement stable de (1)
si pour tout ε > 0 il existe δ > 0 tel que |x(0)| ≤ δ ⇒ supt≥0 |x(t)| ≤ ε et limt→+∞ x(t) = 0.
(a) Montrer que 0 est un point stationnaire (uniformément) stable de (1).
Corrigé –
Soit ε > 0, si |x0 | < ε, alors |x(t)| < ε pour tout t > 0, ce qui montre la stabilité uniforme de 0.

(b) On suppose dans cette question que f est strictement croissante. Montrer que 0 est une point stationnaire
asymptotiquement stable de (1).
Corrigé – Si x0 > 0, la fonction x est (strictement) décroissante et minorée par 0, elle a donc une limite en
+∞ notée ℓ, et 0 ≤ ℓ < x0 . Cette limite doit être une solution stationnaire (il suffit par exemple de passer à
la limite sur l’équation x(t + 1) − x(t) = x′ (θt ) = −f (x(θt )) avec θt ∈]t, t + 1[ donné par le théorème
des accroissements finis pour voir que f (ℓ) = 0). Comme f st strictement croissante et f (0) = 0, on en déduit
ℓ = 0.
Le même raisonnement fonctionne si x0 < 0 (avec x0 < ℓ ≤ 0).
Le point 0 est donc un point stationnaire asymptotiquement stable de (1).

(c) On suppose dans cette question que f (s) = |s|s pour tout s ∈ IR. Peut-on montrer la stabilité de 0 en
étudiant l’équation linéarisée ?
Corrigé – Comme f ′ (0) = 0 l’équation linéarisée (au point 0) est x′ (0) = 0. Le point 0 est un point
stationnaire (uniformément) stable de l’équation linéarisée mais ceci ne montre pas la stabilité de 0 pour (1).

(d) Montrer (en donnant un exemple) que si f est croissante mais non strictement croissante le point station-
naire 0 peut ne pas être asymptotiquement stable.

1
Corrigé – Un exemple possible consiste à prendre f ∈ C 1 (IR, IR) croissante et telle que f = 0 sur l’inter-
valle [−1, 1]. Tous les points de l’intervalle [−1, 1] sont des points stationnaires et donc pour tout δ > 0
|x(0)| ≤ δ 6⇒ limt→∞ x(t) = 0.

On suppose maintenant x0 > 0.


Soit h > 0. On discrétise le problème (1)-(2) par les schémas d’Euler explicite et implicite de pas h.
Pour k ≥ 0, on pose tk = kh et on note yk la solution approchée au temps tk donnée par le schéma d’Euler explicite
et zk celle donnée par le schéma d’Euler implicite.
Enfin, on pose xk = x(tk ) (où x est la solution exacte du problème (1)-(2)).
3. Ecrire les formules permettant le calcul de {yk , k ≥ 0} et {zk , k ≥ 0}.
Corrigé – y0 = x0 , z0 = x0 .
EE : Pour k ≥ 0, yk+1 = yk − hf (yk ).
EI : Pour k ≥ 0, zk+1 = zk − hf (zk+1 ) et donc zk+1 + hf (zk+1 ) = zk .

4. (Etude du schéma implicite)


(a) Montrer que pour tout a ∈ IR il existe un unique z ∈ IR tel que z + hf (z) = a. En déduire que la suite
(zk )k∈IN est bien définie.
Corrigé – La fonction de (IR dans IR) z 7→ z + hf (z) est strictement croissante, continue, tend vers +∞
quand z tend vers +∞ et tend vers −∞ quand z tend vers −∞, elle est donc bijective de IR dans IR, ce qui
prouve que tout a ∈ IR il existe un unique z ∈ IR tel que z + hf (z) = a.
La suite (zk )k∈IN est donc bien définie.

(b) Montrer par récurrence sur k que zk ≥ xk pour tout k ∈ IN.


Rt
Corrigé – La fonction x est décroissante et f est croissante, xk+1 − xk = − t k+1 f (x(t))dt ≤ −hf (xk+1 )
k
et donc xk+1 + hfxk+1 ≤ xk . Comme zk+1 + hf (zk+1 ) = zk et que la fonction s 7→ s + hf (x) est croissante,
on en déduit que zk+1 ≥ xk+1 si zk ≥ xk . On a donc bien prouvé par récurrence que zk ≥ xk pour tout k ∈ IN
(car z0 = x0 ).

5. (Etude du schéma explicite)


On pose M = max{f ′ (s), s ∈ [0, x0 ]} et on suppose 0 < h < 1/M (noter que 0 ≤ M < +∞).
(a) Montrer que la fonction s 7→ s − hf (s) est strictement croissante sur l’intervalle [0, x0 ].
Corrigé – pour s ∈ IR, on pose g(s) = s−hf (s) de sorte que g ′ (s) = 1−hf ′ (s). Il suffit alors de remarquer
que hf ′ (s) < 1 si s ∈ [0, x0 ] pour conclure que g est strictement croissante sur l’intervalle [0, x0 ].

(b) Montrer que 0 < yk ≤ x0 pour tout k ∈ IN.


Corrigé – On raisonne par récurrence sur k. On a bien 0 < y0 ≤ x0 . Puis si 0 < yk ≤ x0 , yk+1 =
yk − hf (yk ) ≤ yk ≤ x0 (car f (yk ) ≥ 0) et yk+1 = yk − hf (yk ) > 0 car la fonction s →
7 s − hf (s) est
strictement croissante sur l’intervalle [0, yk ].

(c) Montrer que yk ≤ xk pour tout k ∈ IN.


Corrigé – On raisonne encore par récurrence. On a bien y0 ≤ x0 .
On suppose yk ≤Rxk , comme x est décroissante et f est croissante,
t
xk+1 − xk = − t k+1 f (x(t))dt ≥ −hf (xk ) et donc
k
xk+1 ≥ xk − hf (xk ).
Puis, yk+1 = yk − hf (yk ) ≤ xk − hf (xk ) car la fonction s 7→ s − hf (s) est croissante sur l’intervalle
[yk , xk ] ⊂ [0, x0 ] et donc yk+1 ≤ xk+1 .

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