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I
2 C.P. :
Module : ALG 3.
Déterminants
Dans toute la suite, K désigne un corps commutatif (souvent R ou C) et E un K−e.v de
dimension n.
I/ Formes n−Linéaires Alternées
Définition 1 : Soit f une application de E n dans K. On dit que f est une forme
n−linéaire (ou une forme multilinéaire) sur E si f est linéaire par rapport à chaque
variable, en d’autres termes, si :
∀i ∈ [[1, n]], ∀(x1 , . . . , xn ) ∈ E n , ∀x0i ∈ E, ∀λ, η ∈ K, on a
xi = xj =⇒ f (x1 , . . . , xn ) = 0.
Notation : L’ensemble des formes n-linéaires alternées sur E est noté An (E) ou Λn .
Exemples :
1. Une forme 1−linéaire (appelée forme linéaire) sur E, est une application f ∈
L (E, K) .
2. dans le cas : n = 2, l’application :
R2 × R2 −→ R
f:
((x1 , y1 ) , (x2 , y2 )) 7−→ x1 x2 + y1 y2
est une forme 2−linéaire (appelée forme bilinéaire) non alternée sur R2 .
3. L’application :
R2 × R2 −→ R
f:
((x1 , y1 ) , (x2 , y2 )) 7−→ x1 y2 − x2 y1
est une forme bilinéaire alternée sur R2 .
4. Une forme 3−linéaire sur E est appelée forme trilinéaire.
Définition 3 : f ∈ Ln (E) est dite symétrique si f (x1 , . . . , xn ) est invariant par échange
de deux vecteurs, i.e. : ∀(x1 , . . . , xn ), ∀i 6= j ∈ [[1, n]] :
f (x1 , . . . , xi , . . . , xj , . . . , xn ) = f (x1 , . . . , xj , . . . , xi , . . . , xn ),
1
ce qui équivalent à : ∀(x1 , . . . , xn ) ∈ E n , ∀σ ∈ Sn (σ permutation) :
f (x1 , . . . , xi , . . . , xj , . . . , xn ) = −f (x1 , . . . , xj , . . . , xi , . . . , xn ),
f (x1 , . . . , xi , . . . , xj , . . . , xn ) = −f (x1 , . . . , xj , . . . , xi , . . . , xn ),
On convient d’écrire le nombre detB (x1 , . . . , xn ) sous forme d’un tableau carré limité par
deux barres verticales, la j ième colonne de ce tableau étant formé des coordonnées du
vecteur xj relativement à la base B. C’est à dire :
2
En particulier :
Si n = 2 : On a :
a11 a12 X
detB (x1 , x2 ) = = ε (σ) a1σ(1) a2σ(2) = a11 a22 − a12 a21 .
a21 a22
σ∈S2
Si n = 3 : On a :
a11 a12 a13 X
detB (x1 , x2 , x3 ) = a21 a22 a23 = ε (σ) a1σ(1) a2σ(2) a3σ(3)
a31 a32 a33 σ∈S3
= a11 a22 a33 + a12 a23 a31 + a13 a21 a32 − a33 a21 a12 − a32 a23 a11 − a31 a22 a13 .
Il existe un moyen facile de retenir cette formule, c’est la règle de Sarrus : on recopie les
deux premières colonnes à droite du déterminant (colonnes grisées), puis on additionne les
produits de trois termes en les regroupant selon la direction de la diagonale descendante,
et on soustrait ensuite les produits de trois termes regroupés selon la direction de la
diagonale montante.
− − −
a11Q a12Q
Q Q
a13Q
3
Q
a11 a
3 12
3
Q Q Q
a21 aQ
22 aQ
23 aQ21 a22
Q Q Q
a31a32 Qa33
s
Q
Qa31 Q
s
Q aQ
32
s
+ + +
Attention : La règle de Sarrus n’est applicable que pour n = 3.
II- Propriétés du Déterminant
Dans ce paragraphe, on suppose que B = (e1 , . . . , en ) est une base de E.
Proposition 3 : On a :
i/ detB (x1 , . . . , xn ) est nul dès qu’au moins un des vecteurs x1 , . . . , xn est nul.
ii/ detB (x1 , . . . , xn ) est nul dès que deux au moins des vecteurs x1 , . . . , xn sont égaux.
iii/ detB (x1 , . . . , xn ) ne change pas si on ajoute à l’un quelconque des vecteurs xi une
combinaison linéaire des autres.
iv/ Si l’on multiplie l’un des vecteurs xi par un scalaire λ alors detB (x1 , . . . , xn ) est
multiplié par λ.
v/ Si σ ∈ Sn , on a : detB xσ(1) , . . . , xσ(n) = ε (σ) detB (x1 , . . . , xn ).
Remarques 2 :
1/ La propriété (iii) est de grande utilité, car elle permet, à l’aide de combinaisons
astucieuses de faire apparaitre des zéros dans le tableau initial, ce qui facilitera le
calcul du déterminant.
2/ Cas particulier de (v) : Si on permute les places de deux vecteurs, detB (x1 , . . . , xn )
est changé en son opposé.
1 2 3
Exemple : Calculer 1 1 1 .
2 1 2
Proposition 4 : Soit (x1 , . . . , xn ) un n−uplet de vecteurs de E. Alors, (x1 , . . . , xn ) est
libre si et seulement si detB (x1 , . . . , xn ) 6= 0.
Remarque 3 : Cette proposition permet de caractériser de façon simple les familles de
vecteurs de E qui sont des bases.
3
II-1 Déterminant d’un endomorphisme
Remarque 4 : Soit u ∈ End (E) et f une forme n−linéaire alternée non nulle sur E. On
définit l’application g comme suit :
En −→ K
g:
(x1 , . . . , xn ) 7−→ g (x1 , . . . , xn ) = f (u (x1 ) , . . . , u (xn ))
On vérifie que g est une forme n−linéaire alternée sur E.
En appliquant cette remarque pour f = detB , alors :
Remarque 5 : det u ne dépend pas de la base choisie, en d’autres termes : pour toute
0 0 0
base B = e1 , . . . , en de E, on a :
0 0
det u = detB u e1 , . . . , u en
0
4
Proposition 7 : Soient E un K-e.v. de dimension n et B une base de E.
1/ Soit (x1 , . . . , xn ) un n−uplet de vecteurs de E, (aij )i∈[[1,n]] la famille des coordonnées
du vecteur xj relativement à la base B et A = (aij )i,j∈[[1,n]] ∈ Mn (K). Alors :
2 0 1 −1
Pour calculer le cofacteur A13 de a13 dans A, on écrit d’abord la matrice α
13 obtenue en
3 2 1
supprimant dans A la 1ère ligne et la 3ème colonne. Donc α13 = 5 1 0 . Ensuite, on
2 0 −1
calcule le cofacteur de a13 dans A :
3 2 1
1+3
A13 = (−1) det(α13 ) = 5 1 0 = −3 − 2 + 10 = 5.
2 0 −1
5
Théorème 2 : Soit A = (aij ) une matrice carrée d’ordre n. On a alors :
n
X
1. ∀i ∈ [[1, n]], det A = aij Aij .
j=1
On dit que l’on a développé det A suivant la ième ligne.
n
X
2. ∀j ∈ [[1, n]], det A = aij Aij .
i=1
On dit que l’on a développé det A suivant la j ème colonne.
Preuve : A admettre.
Exercice : En utilisant le théorème précédent :
1. Montrer que le déterminant d’une matrice triangulaire est égal au produit des éléments
de la diagonale principale. (Indication : par récurrence.)
2. Calculer les déterminants suivants :
2 0 0 1 2 3 λ 2 0
∆1 = 5 −1 2 , ∆2 = 1 4 5 , ∆3 = λ 1 1 , λ ∈ R.
3 0 1 1 6 9 2 λ−1 1
Proposition 8 :
1. Soit A une matrice carrée d’ordre n décomposée en quatre blocs de la façon suivante :
A1 A0
l n1
A= .
0 A2 l n2
↔ ↔ .
n1 n2
Preuve : A admettre.
Corollaire 2 : Le déterminant d’une matrice triangulaire est égale au produit des
éléments de la diagonale principale.
Exemple : Calculer le déterminant des matrices suivantes :
2 1 3 2 1
2 1 1 2 0 3
3 1 7 5 2 1 0
A1 = et A2 = 0 4 1 4 8.
0 0 5 8
0 0 0 5 2
0 0 2 1
0 0 0 1 1
6
III/ 2- Applications
III/ 2-1- Calcul de l’inverse d’une matrice
Définition 9 : Soit A = (aij )1≤i,j≤n une matrice carrée d’ordre n. On note com(A) la
matrice des cofacteurs de A, i.e., com(A) = (Aij )1≤i,j≤n . La matrice com(A) s’appelle
matrice des cofacteurs de A.
Proposition 9 : Soit A ∈ Mn (K). Si A est inversible, alors :
1 t
A−1 = (com(A)) .
det A
Preuve : A admettre.
1 a 0
Exemple : Soit A la matrice de M3 (R) définie par : A = 0 1 a. On a det A = 1,
0 0 1
donc A est inversible. En appliquant la proposition précédente, on obtient :
1 −a a2
A−1 =t (com(A)) =t (Aij ) = 0 1 −a .
0 0 1