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07/01/2024 20:57 Défense : l’industrie française menacée par de nouveaux concurrents

ÉCONOMIE • ARMÉE

Défense : l’industrie française menacée par de nouveaux


concurrents
La Corée du Sud, la Turquie et Israël sont de redoutables compétiteurs pour le complexe
militaro-industriel tricolore, qui a quelques faiblesses malgré ses atouts et son rang de
troisième exportateur mondial d’armes.

Par Jean-Michel Bezat


Publié aujourd’hui à 16h17, modifié à 17h11 • Lecture 4 min.

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La France arbore fièrement la réussite de ce qu’il est convenu d’appeler la base industrielle et
technologique de défense (BITD) : 4 000 entreprises travaillant pour les armées, dont 450 sont jugées
stratégiques et 600 exportent dans le sillage des géants Airbus, Dassault Aviation, Nexter, Naval
Group, MBDA, Thales ou Safran. Née dans les années 1960 de l’ambition gaulliste d’indépendance, elle
produit presque tous les équipements militaires, évitant aux forces terrestres, navales et aériennes de
les acheter « sur étagère » aux Américains et aux Européens.

Lire aussi : « La vente de Rafale à l’Arabie saoudite serait un succès par défaut pour
l’avion tricolore dans la concurrence impitoyable des marchands d’armes »

Cette ambition a une faiblesse, inhérente au statut de puissance moyenne de la France : ses armées
offrant un débouché limité, la BITD doit exporter pour survivre. Et le Rafale pèse lourd avec ses
moteurs Safran, son électronique Thales et ses missiles MBDA : en 2022, les quatre-vingts avions de
combat de Dassault vendus aux Emirats arabes unis ont représenté les deux tiers des 27 milliards
d’euros d’exportations du pays, en le portant à la troisième place mondiale en 2022, derrière les Etats-
Unis et la Russie.

« La France est monoproduit. Sans le Rafale, elle serait marginalisée », note Marc Chassillan, ingénieur
de l’armement et consultant défense. En recul en Europe, elle est aussi de plus en plus dépendante
des pays du Moyen-Orient. Elle peine à vendre frégates et sous-marins sur un marché très
concurrentiel. Ses industriels ont abandonné l’équipement du fantassin et ne produisent plus de
chars Leclerc, un échec à l’export. Les véhicules blindés Jaguar et Griffon, plutôt conçus pour des
conflits asymétriques (Afghanistan, Sahel…), n’ont trouvé preneur qu’en Belgique grâce à une étroite
coopération militaire entre Paris et Bruxelles. Si le canon Caesar est très demandé, Nexter ne peut
répondre à toutes les demandes.

Une « offre pléthorique »

Dans l’armement terrestre, « l’offre mondiale est devenue pléthorique », rappelle M. Chassillan. Des
exportateurs de second rang pointent le bout du canon (Emirats arabes unis, Brésil, Afrique du Sud,
Egypte…), mais les poids lourds historiques du marché de la défense s’inquiètent de concurrents plus
redoutables : la Corée du Sud, la Turquie et Israël. « [Ces acteurs] bénéficient d’une montée en gamme
de leurs produits et d’un contrôle export désinhibé », souligne le rapport 2023 du gouvernement au
Parlement sur les exportations d’armes, alors que « la concurrence intra-européenne ne faiblit pas ».

Lire aussi : Les canons Caesar, vitrine de l’économie de guerre

Quand la Pologne a commandé à la Corée du Sud 1 000 chars K2, 500 obusiers K9, des centaines de
missiles et cinquante avions FA-50, en 2022, les industriels du Vieux Continent ont été surpris, sans
pouvoir riposter. Ni l’allemand Krauss-Maffei Wegmann ni l’américain General Dynamics n’étaient
capables de livrer autant de chars Leopard 2 et d’Abrams. Pas plus que Nexter des Caesar ou Airbus des

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dizaines d’avions Eurofighter. Dans une Europe qui avait écarté durant trente ans le scénario d’un
conflit de haute intensité, l’outil industriel s’est atrophié.
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