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08/01/2024 21:20 Sheikh Hasina, la « bégum de fer » à la tête du Bangladesh qui brigue un cinquième mandat

INTERNATIONAL • BANGLADESH

Sheikh Hasina, la « bégum de fer » à la tête du Bangladesh


qui brigue un cinquième mandat
La première ministre est assurée de la victoire, l’opposition ayant décidé de boycotter le scrutin
dans un climat de répression politique extrême.

Par Carole Dieterich (New Delhi, correspondance) et


Bruno Philip
Publié le 06 janvier 2024 à 13h30, modifié hier à 08h28 • Lecture 5 min.

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Un rassemblement de la branche étudiante de la Ligue Awami, le parti de Sheikh


Hasina, à l’université de Dacca, le 4 janvier 2024. ADNAN ABIDI / REUTERS

A 76 ans, elle brigue un cinquième mandat à la tête du Bangladesh lors des élections législatives du
7 janvier. Aucune femme au monde avant elle ne s’est maintenue aussi longuement à la tête d’un
gouvernement. Jamais non plus un premier ministre n’était resté tant d’années au pouvoir au
Bangladesh. Et Sheikh Hasina Wajed semble bien décidée à conserver les rênes du pays.

Toujours vêtue d’un traditionnel sari dont le pan recouvre élégamment sa chevelure grise, la
« bégum » à la main de fer, dont la dérive autoritaire n’a cessé de s’affirmer au fil des années, risque
fort peu d’essuyer une défaite : le sort semble joué d’avance pour celle qui achève son troisième
mandat d’affilée après avoir été à la tête du gouvernement entre 1996 et 2001.

En l’absence de la participation de l’opposition, l’issue du scrutin de ces législatives laisse peu de place
au doute. Désabusés, les Bangladais ne croient plus en des élections libres et transparentes. « Les
résultats des législatives ? Je peux vous les donner dès aujourd’hui, plaisante un journaliste à Dacca. La
Ligue Awami, le parti de Mme Hasina, gagne ! », lance-t-il sur le ton d’un commentateur télé. « Personne
n’ira voter dans ces conditions », affirme Mahbub Uddin Khokon, secrétaire général adjoint du Parti
nationaliste du Bangladesh (BNP), principale force d’opposition.

Spirale autocratique
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La première ministre a lancé une répression à grande échelle contre ses opposants. Le BNP a été
décimé. Plus de 20 000 de ses membres ont été arrêtés depuis juillet 2023, affirme le parti. La Cour
suprême a confirmé au mois de novembre 2023 que la principale formation islamiste du pays, le
Jamaat-e-Islami, serait interdite de participation.

Les adversaires de Sheikh Hasina réclamaient depuis des mois sa démission en exigeant qu’un
gouvernement intérimaire neutre organise les élections. La première ministre a refusé de céder à leur
demande, elle est restée en poste jusqu’au bout. Et elle a qualifié leur mobilisation d’actions
« extrémistes et terroristes ». Les arrestations n’auraient, selon elle, rien de politique : il s’agirait d’une
réponse à la brutalité et aux crimes de l’opposition.

Lire aussi : Une vague d'arrestations vise l'opposition au Bangladesh

Depuis 2009, Sheikh Hasina a fait sombrer le pays dans une spirale autocratique. A l’origine, la fille de
Sheikh Muji­bur Rahman, père fonda­teur du pays en 1971, incarnait sécularisme et mo­dernité lors de
son retour au pouvoir en 2009 face à sa grande rivale Khaleda Zia, du BNP. Partout dans les rues ou les
aéroports, des panneaux rappellent encore aujourd’hui, et en grandes lettres, l’héritage de son père,
le « Bangladesh de Mujib ». Ce dernier fut assassiné en 1975 par un commando d’officiers putschistes
qui a tué une grande partie de la famille de Sheikh Hasina.
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