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Les nouvelles formes d'économie participative et

collaborative
FICHE DE COURS

Introduction :
Nous allons à présent aborder la question des transformations de l’économie qui pourront
contribuer à créer de la richesse et de l’emploi dans les prochaines décennies. L’Europe a connu
une période de crise économique et sociale dans les années 2010 (depuis 2008), révélant ainsi les
excès d’un système économique organisé et dominé par la finance. Les faillites d’entreprises et la
hausse du chômage ont entraîné un appauvrissement d’une partie de la société, notamment les
travailleurs peu qualifiés ou vivant en dehors des grandes métropoles.
Depuis lors, de nouvelles manières de produire, plus équitables et davantage respectueuses de
l’environnement, se développent. Celles-ci cherchent à accorder une place plus importante aux
citoyens, notamment par le biais de projets liés à l’économie locale ou aux nouvelles
technologies.

Quelles sont les transformations actuelles de l’économie et comment participent-elles à renforcer


le lien social ? Dans un premier temps, nous analyserons les excès et les dérives engendrés par un
système économique dominé par le capitalisme. Nous serons ainsi plus à même de comprendre,
et ce sera l’objet d’une deuxième partie illustrée par des exemples précis, les transformations qui
en résultent. Enfin, une troisième partie traitera de la meilleure manière d’encourager et
d’encadrer ces mutations qui doivent, à terme, favoriser un développement durable et plus
équilibré de notre société.

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Dénoncer les excès d’un système économique qui
engendre un individualisme accru
a. Le développement de notre société par l’économie capitaliste
Depuis plus de 70 ans maintenant, les modèles de société des pays occidentaux ont connu une
croissance économique particulièrement importante. Celle-ci n’a pas été linéaire et a même
connu des crises économiques importantes : notamment lors des chocs pétroliers des
années 1970 ou à la suite de la crise des subprimes de 2008. Toutefois, cette croissance a permis
une élévation notable du niveau de vie des populations.

À retenir

La mise en place d’un système capitaliste, basé sur la libre entreprise tempérée par
l’intervention de l’État, la recherche du profit et l’instauration d’un État-providence
sont les principaux facteurs explicatifs de cette croissance économique.

On peut cependant reprocher au système capitaliste les conséquences suivantes : compétition


exacerbée, recherche du profit à tout prix, licenciements pour cause de rationalisation maximale
des coûts, pressions sur les employés, etc.

Attention

Il ne faut pas confondre « croissance économique » qui désigne la


capacité à créer de la richesse, et « développement économique » qui
correspond plutôt à la capacité d’un pays à améliorer les conditions de vie
de ses habitants.

b. Une agriculture productiviste peu respectueuse de


l’environnement et de l’individu
Définition

Agriculture productiviste :

Mode de production agricole qui cherche à obtenir les plus hauts rendements possibles
en utilisant notamment des engrais et pesticides chimiques.

À retenir
Pendant cette même période, les rendements agricoles ont énormément augmenté.
Une forte mécanisation, couplée à l’usage massif d’engrais et de pesticides chimiques
ont permis à la France non seulement de nourrir sa population mais aussi de s’imposer
sur la scène internationale comme une puissance agricole de première importance.

Ces résultats brillants en apparence ont eu un impact direct sur la santé des consommateurs
comme l’a révélé dans les années 1990, la « crise de la vache folle » : des animaux malades
avaient été proposés à la consommation de particuliers, mettant leur santé en danger. De même,
les effets sur notre santé des pesticides les plus utilisés, comme le fameux glyphosate, ne sont pas
encore connus avec certitude – des risques de cancers et autres pathologies sont probables.

De la même manière, la libéralisation du commerce international influe sur la société de


consommation et nous incite à acheter une grande diversité de produits alimentaires quelles que
soient les saisons. Manger des fraises et des courgettes en hiver est assez courant et n’étonne plus
personne. Pourtant, ces produits sont souvent cultivés à des milliers de kilomètres de leur lieu de
consommation. Leur transport s’effectue par voie maritime ou par avion. La commercialisation de
ces aliments entraîne d’importantes pollutions de par :

• les produits phytosanitaires employés pour leur culture ;

• le plastique utilisé pour leur emballage ;

• et les rejets de gaz carbonique engendrés par leur transport.

Attention

Même si certains produits alimentaires sont cultivés à une faible distance


de leur lieu de consommation, ils transitent le plus souvent par différents
intermédiaires (grossistes, centrales d’achat…) qui contribuent à rendre
plus cher le produit dans les rayons des magasins.
c. Dénoncer les dérives d’une société capitaliste
À retenir

Dès les années 1960, notamment lors des évènements de mai 68, des voix se sont
élevées pour dénoncer les excès du capitalisme et réclamer une société plus juste, plus
équitable et plus solidaire. Un courant de pensée anticapitaliste s’est alors développé.
Il reste toutefois encore très minoritaire dans la société.

L’émergence d’un chômage de masse au milieu des années 1970, les excès d’une agriculture
productiviste peu soucieuse de l’environnement et, plus généralement, la financiarisation de
l’économie à partir des années 1980, ont donné plus de poids à la parole de ceux qui dénoncent
les dérives d’un système qui, selon eux, pollue l’environnement et accentue les inégalités entre
riches et pauvres au lieu de les réduire.

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Développer de nouvelles façons de produire et de
consommer
Dans nos sociétés urbaines, marquées par l’individualisme, de nouveaux modes de production
émergent. Ceux-ci cherchent, notamment, à renforcer le lien social entre les différents acteurs
économiques.

a. Pour une économie qui laisse plus de place à la participation


citoyenne
Depuis une dizaine d’années, l’économie participative et collaborative se développe. Elle devrait
contribuer à créer de nombreux emplois et à modifier nos modes de consommation dans les
années à venir.

Définition

Économie collaborative et participative :

Ensemble des échanges économiques qui se développent entre particuliers Ces


Ensemble des échanges économiques qui se développent entre particuliers. Ces
échanges peuvent s’effectuer en utilisant des plateformes numériques. Ils peuvent

prendre la forme de troc, être gratuits ou payants en fonction des situations.

Les technologies numériques ont joué un grand rôle dans l’essor de l’économie collaborative. La
crise économique et financière de 2008 a aussi contribué à son développement : des particuliers
au chômage se sont en effet retrouvés à la recherche de revenus complémentaires.

À retenir

Enfin, l’économie collaborative répond à une volonté de sortir d’une logique de


surconsommation, idéologiquement ou pour des raisons financières, en favorisant
l’usage des biens plutôt que leur possession.

b. Limiter les pollutions et rapprocher le producteur du


consommateur : l’exemple des circuits courts
Définition

Circuits courts :

Pour les produits agricoles, les circuits courts sont un mode de production qui implique
un intermédiaire au maximum entre le producteur et le consommateur.

Exemple

Prenons pour exemple le domaine d’Écoline. Il s’agit d’une ferme située en Gironde qui
propose aux habitants de la région ses produits biologiques et de saison. Trois
possibilités sont proposées aux clients : ils peuvent pratiquer la libre cueillette de fruits
et légumes directement dans les champs, se fournir au magasin de la ferme ou
simplement retirer leurs produits dans des casiers automatiques situés dans
l’exploitation. La ferme utilise par ailleurs les réseaux sociaux pour faire connaître et
développer son activité.

Cette ferme organise également des ateliers destinés aux enfants et parfois aux
adultes afin d’informer les populations locales sur les modes de culture utilisés et la
découverte des métiers pratiqués à la ferme. En procédant ainsi, les agriculteurs de la
ferme fidélisent leur clientèle en la sensibilisant, tout en contribuant à l’animation de
la vie locale.

c. Développer la place de la nature en ville


Afin de réhumaniser les villes tout en permettant une certaine proximité entre producteurs et
d j d’ i l b i dé l d l
consommateurs, des projets d’agriculture urbaine se développent dans le pays.

Définition

Ferme urbaine :

Exploitation agricole située en ville qui vise une production de qualité, respectueuse de
l’environnement, au service des habitants locaux.

À retenir

Dans une logique de développement durable, certains projets agricoles privilégiant les
circuits courts, cherchent à rapprocher le citadin de la nature.

Prenons l’exemple de la ville de Romainville, située en proche région parisienne qui vient
d’inaugurer dans le quartier Marcel Cachin sa cité maraîchère. Celle-ci est composée de deux
serres dans lesquelles les 10 000 m2 disponibles vont être consacrés à la culture des fruits, des
légumes, de champignons ou de fleurs comestibles.
La production récoltée pourrait ainsi nourrir jusqu’à 200 familles. Les aménagements réalisés
comprennent un espace de vente dans lequel les consommateurs pourront trouver de la
documentation liée aux techniques agricoles employées, mais aussi un restaurant utilisant les
produits de la ferme. Le projet a par ailleurs permis la création d’une dizaine d’emplois.

De nouvelles façons plus écoresponsables de produire et de consommer voient donc le jour.


Comment les encourager, et d’autre part, comment encadrer ces multiples transformations de
notre économie ?

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Comment encourager et encadrer les
transformations de l’économie ?
Les mutations de l’économie, notamment l’arrivée des nouvelles technologies, induisent la
disparition de nombreux emplois. En parallèle, de nouvelles activités apparaissent qui
contribuent à modifier nos modes de vie. Ces transformations ont cependant besoin d’être
d’avantage encadrées pour correspondre à un réel progrès de nos sociétés et éviter certaines
dérives.

L fi t ti i tif dé l
a. Le financement participatif se développe

Définition
Financement participatif (ou crowdfunding) :

Mode de financement de projets de projet entrepreneuriaux, culturels, ou encore


d’intérêt public, permettant, par l’intermédiaire de plateformes numériques, de mettre
en relation des particuliers et des porteurs de projets.

La crise des subprimes de 2008, qui a précipité la chute de groupes bancaires importants tel que
Lehman Brothers aux États-Unis, a mis en évidence les excès d’une économie trop dépendante
des marchés financiers pour assurer son développement.

À retenir

Dès lors, le financement participatif a connu un réel essor. Il permet à des particuliers
de donner ou d’investir une certaine somme d’argent pour financer des projets de
différentes natures.

Prenons l’exemple de la société lesentrepreteurs.com : elle propose une plateforme de


financement participatif qui met en relation prêteurs et entrepreneurs. Les sommes récoltées
vont permettre le développement d’activités locales, qu’il s’agisse d’un restaurant en Gironde ou
de la reprise d’un magasin à Salon-de-Provence par exemple.

b. De nouvelles activités économiques qui induisent une évolution


du cadre juridique
À retenir

Les activités économiques émergentes qui s’appuient sur le développement de


l’économie collaborative utilisent massivement le numérique pour soutenir leurs
activités.

Comme nous l’avons vu, des plateformes sont ainsi créées qui mettent directement en contact
des particuliers entre eux, parfois au détriment des acteurs économiques traditionnels.

Exemple
Exemple

La plateforme Airbnb connait depuis une dizaine d’années une très forte croissance.
Elle met à la disposition de touristes des logements vacants loués par des particuliers.
Le succès fulgurant des services proposés par cette entreprise inquiète les
professionnels du secteur hôtelier qui y voient une concurrence déloyale qui pourrait à
terme menacer leur propre activité.

Aussi, les pouvoirs publics ont fait évoluer la législation pour mieux encadrer cette
activité qui bénéficiait jusqu’alors d’un certain vide juridique. Depuis le 1er
janvier 2019, dans un certain nombre de villes comme Paris, Versailles, Nice, Lille ou
Lyon, les résidences principales ne pourront plus être mises en location temporaire
pour une durée supérieure à 120 nuits par année civile. Les mairies des villes
concernées sont en droit d’entamer des procédures judiciaires contre les particuliers
qui ne respecteraient pas cette législation. Des procès ont déjà eu lieu à Paris. Ceux-ci
se sont soldés par de très fortes amendes infligées aux propriétaires des appartements
mis en cause.

c. L’économie collaborative, un choc pour notre société ?


Définition

Ubérisation :

L’ubérisation (du nom de la société Uber qui a profondément bouleversé le secteur des
taxis dans de nombreuses villes du monde) désigne le développement parfois excessif
d’activités issues de plateformes de mise en contact directe entre professionnels et
clients.

Ces dernières années, ces activités ont connu un rapide développement. Elles permettent aux
particuliers de bénéficier de nouveaux services à des prix souvent très intéressants. De ce point
de vue, ces entreprises contribuent à améliorer les conditions de vie des usagers, ce qui est une
bonne chose. Mais elles provoquent aussi des conséquences parfois dommageables auprès de
leurs concurrents, surtout lorsque ceux-ci sont des acteurs installés de longue date dans leur
secteur.
Notons aussi, et pour reprendre l’exemple développé plus haut, que le développement des
locations d’appartements par des plateformes telles que Airbnb ou Abritel, ont quelquefois un

impact négatif sur les populations locales. Les nuisances engendrées par l’arrivée et le départ
réguliers de touristes peu scrupuleux dans des immeubles composés de résidences principales est
un vrai problème pour les habitants. Qui plus est, l’augmentation du nombre de ces locations
touristiques entraîne une raréfaction des logements disponibles pour la population locale. Ce
phénomène induit une hausse des loyers et le départ du quartier des populations qui ne
disposent pas de revenus suffisants.

À retenir

Plus généralement, les emplois engendrés par le développement de l’économie


participative et collaborative sont parfois perçus comme trop précaires. Des
mouvements sociaux sont apparus ces dernières années : ils mettent en lumière des
conditions de travail souvent peu respectueuses des droits des salariés.

Ainsi, certains livreurs de repas de la société Uber eats, obligés de travailler sous le statut
d’autoentrepreneur 8 à 9 heures par jour pour un revenu parfois inférieur à 60 euros, ont fait
grève en juillet 2018 pour protester contre cette société et contester contre ce qu’il considérait
comme de l’exploitation. Ces nouveaux modèles d’entreprises, qui se sont imposés très
rapidement, ont pris au dépourvu les pouvoirs publics qui n’ont pas eu le temps de légiférer. Ces
derniers devront trouver des solutions pour que l’économie puisse évoluer et correspondre aux
nouveaux usages voulus par les citoyens, tout en épargnant des structures traditionnelles qui font
toujours partie du paysage économique.

Conclusion :
Nous manquons de recul pour savoir si les transformations de l’économie que nous connaissons
depuis plusieurs années correspondent à une mutation sur le long terme de notre société. Nous
pouvons toutefois affirmer qu’elles expriment, depuis au moins une dizaine d’années, une volonté
d’envisager un autre rapport au travail et à la création de richesse plus respectueux de l’être
humain et de l’environnement, tout en renforçant la solidarité au sein de notre société. Nous
attendons de ces transformations une amélioration de notre qualité de vie. Alors que le
capitalisme met plutôt l’accent sur l’enrichissement personnel et la recherche de profit ces
capitalisme met plutôt l accent sur l enrichissement personnel et la recherche de profit, ces
nouveaux modèles économiques misent sur le partage, la collaboration ou la proposition de

services entre pairs. On observe également depuis plusieurs années une tendance à travailler à
temps partiel, pour se dégager du temps afin d’avoir des loisirs ou de s’occuper de sa famille. Le
patronat est remis en cause, preuve en est l’augmentation très forte du nombre
d’autoentrepreneurs ces dernières années. Attention toutefois à ce que ces transformations
n’entraînent pas, notamment par la précarisation des emplois créés, une remise en cause trop
radicale de notre modèle social.

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