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Envoyé par Isabelle.

L’INFINITIF

A l’opposé des modes personnels, l’infinitif entre dans la catégorie des modes du verbe
-impersonnels (ne varie ni en genre ni en nombre)
-non temporels (il ne permet pas de situer le procès dans la chronologie)

Il ne présente du procès que sa pure image virtuelle, sans le situer dans le monde actuel,
c'est-à-dire sans le rattacher explicitement à un support sujet, puisqu’il ne connaît pas la
flexion personnelle, ni à la temporalité. L’infinitif n’actualise pas, il laisse le procès dans sa
plus grande virtualité, comme un non employé sans déterminant. De cette parenté avec le
nom, les grammairiens ont conclu que l’infinitif constituait la forme nominale du verbe
(participe = forme adjectivale, gérondif = forme adverbiale).

I – DOUBLE STATUT : FORME INTERMÉDIAIRE ENTRE VERBE ET NOM

1 – Une forme verbale


L’infinitif possède la plupart des prérogatives syntaxiques du verbe :
-peut régir des compléments verbaux
-peut supporter une négation à deux éléments, sauf que la négation se place à gauche du
verbe, tandis qu’elle encadrait le verbe personnel (ne rien dire ; il ne dit rien)
-peut jouer le rôle de centre de proposition, fonction verbale par excellence

L’infinitif ajoute au contenu proprement lexical du radical (lire = déchiffrer un texte écrit)
une indication spécifiquement verbale, celle du procès. Il dénote une durée interne, pouvant
être décomposée en une succession d’instants passant de l’un à l’autre : lire = commencer,
continuer, finir de lire > dynamisme du procès.

Ce procès est nécessairement rattaché à un actant (lire suppose un lecteur), mais ce dernier
peut, à l’infinitif, rester virtuel et inexprimé : lire est agréable. L’infinitif n’a pas de sujet,
pour la raison seule qu’il ne s’accorde pas. On parlera de support actant, qui est confondu
avec le sujet de la proposition dans j’aime lire.

2 – Une forme nominale


Comme le nom, l’infinitif est invariable en personne et en temps. Constituant nominal dans
la phrase, l’infinitif occupe des fonctions normalement réservées au nom : cod, coi.

Le cas extrême de son emploi nominal est représenté par l’infinitif substantivé (des rires
fusèrent). L’infinitif a carrément changé de catégorie grammaticale par dérivation impropre
et abandonné du même coup toutes ses prérogatives de verbe, pour se comporter comme un
nom commun, nécessitant la détermination pour être actualisé et occuper une fonction dans
la phrase.

On a pu considérer la particule de, qui précède parfois l’infinitif comme l’article propre à
l’infinitif, car elle apparaît dès que le procès est particularisé, déterminé : et tous de
s’esclaffer ; mon rêve, ce serait de partir vivre à l’étranger.
II –EMPLOIS VERBAUX DE L’INFINITIF

Il assume la fonction de centre de proposition, comme le ferait un verbe conjugué à un mode


personnel : ne pas fumer = ne fumez pas. L’infinitif est prédicat et apporte au support actant
une information inédite.

1 – Centre de phrase autonome


Comme il est inapte à actualiser un procès, l’infinitif ne possède aucune valeur modale, c'est-à-dire
qu’il ne permet pas de donner une indication sur l’attitude de l’énonciateur par rapport à son énoncé.
C’est pourquoi l’infinitif peut se plier à toutes les modalités ou commuter avec d’autres modes
auxquels une valeur modale est attachée.

a) en modalité déclarative
infinitif de narration, remplaçable par un indicatif. Tour littéraire permettant de présenter avec
vivacité une action comme découlant infailliblement d’événements antérieurs
Et tous d’éclater de rire.

b) en modalité interrogative
infinitif délibératif, commutant avec l’indicatif, mais dont la virtualité lui permet de présenter
seulement l’idée générale du procès sans même en évoquer la possibilité effective. L’énonciateur en
reste à la simple évocation.
Que faire ?

c) en modalité jussive
infinitif d’ordre, variante de l’impératif. Il apparaît dès que le destinataire de l’énoncé doit rester
dans sa plus grande virtualité, le plus implicite possible (guides, recettes, prescriptions officielles…)
Ajouter les œufs et tourner la pâte

d) en modalité exclamative
peut exprimer diverses nuances affectives (souhait, regret, indignation, surprise). Le procès n’est que
l’objet d’une évocation et n’est pas actualisé.
Voir Naples et mourir ! Moi, croire à une histoire pareille !

2 – Centre d’une proposition subordonnée


a) en proposition infinitive
avec les verbes de perception et le présentatif voici, l’infinitif (chanter) est le prédicat d’un support
propre exprimé (les oiseaux). La proposition infinitive est cod du verbe j’entends, elle appartient
donc à la catégorie des complétives : j’entends les oiseaux chanter

b) en proposition relative
l’infinitif est dépourvu de support exprimé : je cherche un endroit où travailler tranquillement

c) en interrogative indirecte
emploi possible seulement en interrogation partielle, c'est-à-dire avec des outils interrogatifs.
L’interrogative indirecte est une complétive, cod du verbe recteur : je ne sais plus que faire

3 – Centre de périphrase
La périphrase est une forme verbale complexe, composée de :
-un semi-auxiliaire, conjugué à un mode personnel, qui actualise le procès. Le semi-auxiliaire était un
autre verbe qui, en s’auxiliarisant, a perdu son sens propre. Ce mécanisme d’infléchissement
sémantique est constitutif des périphrases verbales.
-une forme verbale impersonnelle, ici l’infinitif, qui porte l’information et constitue le contenu
lexical du verbe. Prédicatif, il n’est jamais pronominalisable : je vais vous répondre > *j’y vais mais
je vais le faire.

Les périphrases verbales servent à préciser le procès du point de vue du temps, de l’aspect, de la
modalité ou de l’actant.

a) la périphrase temporelle
… situe le procès par rapport à l’énonciation. Ne se conjugue qu’au présent ou à l’imparfait.

-aller + inf : futur proche


J’allais le dire

-devoir + inf : futur proche dans un contexte au passé


Elle rencontra celui qui devait devenir son mari (= qui deviendrait son mari)

-venir de + inf : passé récent


Je viens de vous le dire

b) la périphrase aspectuelle
… envisage le procès à un moment de sa durée interne (vision « en coupe » de l’action).

-phase initiale d’entrée dans l’action : aspect inchoatif


commencer à/de
se mettre à
être sur le point de
-sous l’angle du déroulement : aspect duratif ou progressif
être en train de
être à (emploi littéraire)
-phase finale du procès : aspect terminatif
finir de

c) la périphrase de modalité
… précise le point de vue de l’énonciateur sur le contenu évoqué.

-sembler + infinitif : l’énoncé traduit une mise à distance relativisant la proposition et


marquant la possible discordance entre apparence et réalité
Il semble bien prendre les choses.
-devoir + infinitif : probabilité ; le locuteur marque que ce qu’il avance n’est qu’une
supposition
Tu dois être fatiguée.
-pouvoir + infinitif : éventualité (chances de vérification plus faibles que dans le cas de la
probabilité)
Il pouvait être huit heures quand il est rentré.
-faillir + infinitif : indique qu’une action presque faite a avorté et n’a finalement pas été
réalisée
J’ai failli attendre.

d) la périphrase actantielle
… modifie le nombre de participants au procès (= les actants) et précise leur rôle logique. Elle
permet de dissocier le sujet et l’objet grammaticaux du sujet et de l’objet logiques.
-faire + infinitif > périphrase factitive ou causative : j’ai fait partir nos invités.
le sujet grammatical ne fait pas l’action lui-même, mais la fait faire par
une autre personne. Le sujet grammatical est donc la cause de l’action et
non l’agent.
-laisser + infinitif > périphrase tolérative : j’ai laissé partir nos invités
le sujet de la périphrase est présenté comme actant passif du procès, dont
il n’empêche pas la réalisation
-(se) voir + infinitif > périphrase de « non-ingérence » : il s’est vu signifier son congé
le sujet est simple spectateur passif du procès ; l’action se déroule sans l’accord
ni même la volonté du sujet
-se faire + infinitif > périphrase de sens passif : elle s’est fait chahuter par les élèves

Note : bien que l’infinitif possède un support actant, ces périphrases ne sont pas des propositions
infinitives, car le verbe conjugué est un semi-auxiliaire qui ne conserve pas son sens propre.

III – EMPLOIS NOMINAUX DE L’INFINITIF

L’infinitif assume les fonctions syntaxiques du nom, tout en gardant ses prérogatives de verbe (c’est
pourquoi il continue à régir des compléments). Il n’est plus prédicatif, donc n’a pas de support actant
distinct et peut être repris par un pronom.

1 – Autour du groupe sujet-verbe


a) sujet
Lire est agréable.

b) attribut
L’essentiel est de participer.

c) régime du verbe impersonnel


Il me tarde de te lire.

d) régime du présentatif
C’est me faire trop d’honneur.

e) complément d’objet
-direct : je te conseille de partir > je te le conseille
-indirect : je me réjouis de partir > je m’en réjouis
-second : je l’ai accusé d’avoir menti

f) complément circonstanciel
Toujours prépositionnel dans cette fonction, l’infinitif prend diverses valeurs logiques. Le support
actant de l’infinitif est obligatoirement le sujet du verbe recteur conjugué.
-temps : téléphone-moi avant de partir
-cause : il est tombé malade d’avoir trop travaillé
-but : je viendrai te chercher pour aller au cinéma
-conséquence : il est trop vieux pour sortir ce soir
-concession : pour être dévot, je n’en suis pas moins homme !
-manière (niée) : il travaille sans se fatiguer
g) complément de progrédience
Il n’existe qu’à l’infinitif. On le trouve en construction directe (jamais prépositionnel donc), après
des verbes de mouvement, employés dans leur sens plein. L’infinitif de progrédience est
pronominalisable par y et ne peut être nié.
Je cours te chercher ce livre > j’y cours mais *j’y cours ne pas te le chercher
J’ai emmené les enfants voir un film > je les y ai emmenés.

2 – Autour du groupe nominal


a) complément de nom et de pronom
Le plaisir de lire et celui de comprendre

b) complément d’adjectif
Désireux de lire

c) en position détachée : apposition


J’ai deux plaisirs, lire et chanter
L’INFINITIF

L’infinitif est un des modes du verbe. C’est un mode :


-impersonnel (car il ne connaît pas la flexion personnelle)
-non temporel (il ne permet pas de situer le procès dans la chronologie)

L’infinitif n’actualise pas le procès ; il le laisse dans sa plus grande virtualité, comme un nom
employé sans déterminant. De cette parenté avec le nom, les grammairiens ont conclu que l’infinitif
était la forme nominale du verbe. En fait, son statut est double : il est une forme intermédiaire entre le
nom et le verbe.

Il peut être une forme verbale, possédant les propriétés syntaxiques du verbe : être centre de
proposition et régir des compléments verbaux. Son support actant est donc le thème ; quant à
l’infinitif, il porte l’information et prédique.

I – EMPLOIS VERBAUX

1) Centre de proposition principale autonome


-phrase déclarative : infinitif de narration
-phrase interrogative : infinitif délibératif
-phrase jussive :infinitif d’ordre
-phrase exclamative : infinitif en phrase exclamative

2) Centre de proposition subordonnée


-infinitive, avec les verbes de perception et le présentatif voici
-relative
-interrogative indirecte, seulement partielle, avec des outils interrogatifs

3) Infinitifs dans les périphrases verbales


La périphrase est une forme verbale complexe, composée d’un semi-auxiliaire (verbe ayant subi un
infléchissement sémantique) qui actualise le procès et d’une forme verbale impersonnelle, ici
l’infinitif, qui porte l’information et prédique, en constituant le contenu lexical du verbe.

a) périphrases temporelles
aller, devoir, venir de
b) périphrases aspectuelles
-aspect inchoatif : commencer à, se mettre à, être sur le point de
-aspect duratif / progressif : être en train de, être à
-aspect terminatif : finir de
c) périphrases de modalité
sembler, devoir, pouvoir, faillir
d) périphrases actancielles
-périphrase causative ou factitive : faire
-périphrase tolérative : laisser
-périphrase de « non ingérence » : voir
-périphrase de sens passif : se faire

Mais l’infinitif est, comme le nom, invariable en personne et en temps et peut donc entrer comme
constituant nominal dans la phrase. Cependant, bien qu’occupant les postes syntaxiques réservés au
nom, il n’en continue pas moins à conserver ses prérogatives de verbe (possibilité de régir des
compléments). A la différence de l’emploi verbal, il n’est plus prédicatif et peut être repris par un
pronom.

II – EMPLOIS NOMINAUX

1) Autour du groupe sujet-verbe


-sujet
-attribut
-régime d’un verbe impersonnel
-régime d’un présentatif
-COD, COI, COS
-complément circonstanciel
-complément de progrédience : il est venu me parler

2) Autour du groupe nominal


-apposé
-complément du nom et du pronom
-complément de l’adjectif

Le cas extrême de l’emploi nominal de l’infinitif est représenté par l’infinitif substantivé. L’infinitif a
carrément changé de catégorie grammaticale par dérivation impropre et renoncé du même coup à
toutes ses prérogatives verbales, pour se comporter comme un nom commun, nécessitant la
détermination pour être actualisé.

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