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SISMONDI BARLEV BIDJOCKA

EDITIONSPRESSE
EDITIONS PRESSE FORCE
FORCEONE ONE

MARAFA HAMIDOU YAYA : L’AUTOMNE DE LA COLÈRE


Les versets politiques

VICTIME DE L’ANTHROPOPHAGIE POLITIQUE DU SYSTÈME

CAMEROUN : LES CAHIERS D’UNE TRANSITION CHAOTIQUE I

Comment dissocier la lutte contre la corruption et les détournements, les règlements de


compte politique et l’arène de la succession?

1
MIS A JOUR
MARAFA HAMIDOU YAYA

C’est un homme au physique esthétique, à la mise toujours soignée, discret ; et quand on


imagine l’avenir en écrivant « …Le président de la république Marafa Hamidou Yaya a reçu
ce jour le rassemblement de la jeunesse Camerounaise pour discuter des problèmes des
jeunes…», ça sonne vrai, réel, possible, et peut être souhaitable !tant l’homme force
l’admiration des camerounais par son sens de la rigueur, son charisme et sa vision d’un
Cameroun intègre prospère et démocratique, même s’il est le fruit d’un régime qui durant
trente ans nous a malmené, snobé, trainé. Sa version des faits pour ce qui lui est reproché,
relative à l’affaire de l’achat de l’avion présidentiel, dans sa troisième lettre, met en lumière la
vérité, les acteurs et leurs rôles.

Il serait difficile ici, dans ce contexte, de faire confiance en la justice, car on a l’impression que
derrière la lutte contre la corruption se cache les jalousies malsaines de ceux qui ont trempé les
mains dans le sang du peuple (Marafa n’en est pas exempt) et ceux qui malgré tout, font leur
méa culpa, (Marafa) et peuvent être valablement utiles à ce Cameroun qui vient. Tenez par
exemple, Atangana Mebara Jean Marie, ancien secrétaire général de la présidence de la
république, a été acquitté par la juge Gilbert Schlick au mois d’avril 2012, mais la décision de
la justice n’a pas été respectée, le politique en a décidé autrement, et l’homme reste en prison,
d’où la difficulté de croire finalement à une justice libre et sereine, encore moins quand on
s’appelle Marafa et ses lettres incendiaires impliquant le chef de l’état et dévoilant les secrets
du régime agonisant du renouveau ! Comment ne pas croire que Nous pataugeons en plein
procès politique, où les uns et les autres en fonction des intérêts se servent des médias pour le
contrôle de l’opinion publique. Le Cameroun a besoin des hommes nouveaux, propres et se
remettent en cause en permanence pour demain.
Qui dans ce sérail peut se prévaloir du droit à la lapidation de Marafa ? Jacques Fame Ndongo,
Gregoire Owona, Belinga Eboutou, Cavaye Yeguie Djibril ?…Ces longs couteaux du système
entre autre, peuvent-ils à juste titre lancer la pierre à Marafa sur le plan de la gouvernance
publique ? Permettez-moi d’en douter ! Mark Twain à écrit « l'homme est le plus cruel de tous
les animaux, il est le seul capable d'infliger une douleur à ses congénères sans autres motif que
le plaisir » et Le philosophe Khalil Gibran ajoute « si vous portez le signe du diable, soyez
assez grand pour ne pas évoquer celui de l’autre »
Marafa Hamidou Yaya ne me connais pas, j’aurai pourtant pu être de ces jeunes tombés sous
les balles réelles du régime en février 2008, parce qu’ils ont posés des revendications légitimes
à travers le droit de manifester ! Et quand à une réception au domicile d’un diplomate, Marafa
dit dans une conversation informelle où se retrouvaient l’ambassadeur des USA, celui de
Libye, celui de France, (Laurent Esso était à trois mètre du groupe, figé et froid comme
d’habitude) Marafa s’interroge : « Je me demande toujours pourquoi nos forces de l’ordre
ont ouvert le feu sur ces enfants…il faudra un jour établir la responsabilité de cet ordre ! »
quand il fait cette observation, il est loin d’imaginer qu’il a marqué un point sur l’échiquier de
mon estime ! Contrairement aux autres, il est resté humain, sensible aux valeurs de
l’humanité. Il n’est pas de notre génération, mais il sait nous comprendre !
Face aux révélations qui l’éclabousse, le régime apporte une réponse déjà respectable à travers
Fame Ndongo, ensuite minable à travers la presse où on affiche à la une que Marafa est
homosexuel ! Cette riposte minable visait à emmener les jeunes à haïr Marafa, parce qu’on sait
que la jeunesse Camerounaise (à travers le rassemblement de la jeunesse Camerounaise) s’est
toujours mobilisée contre ce fléau. Marafa n’est pas Homosexuel ! Mais c’est de bonne guerre,
c’est la politique !
La lutte contre la corruption, nous la soutenons à fond, mais une fois que s’y mêle les
règlements de compte politique, nous nous-en désolidarisons ; Pas en notre nom ! Pas au
nom de la jeunesse ! Not in our name !

Alors, Marafa Hamidou Yaya intéressant ? Incontestablement ! «Dangereux»


éventuellement ! Utile au Cameroun, certainement !

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L’Opération épervier n’est plus une opération
purement technique de lutte contre la corruption
et la prévarication, mais une opération politique
anthropophagique
Stéphane Akoa Politologue
Chercheur à la fondation Paul Ango Ella. (Sur la RTS)

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Moi, Sismondi barlev Bidjocka :
Je suis jeune (34 ans en 2012),
Je suis un esprit libre et indépendant,
Et je compte le rester.
Ce que je dis, je le pense !
Je ne dois rien à Marafa, ni à Paul Biya !
Je ne suis ni corrompu, ni assassin !
Je suis un esprit libre, et je compte le rester
La jeunesse a le droit de savoir, et pour elle, je fais cette
compilation !

Sismondi Barlev Bidjocka


Porte-parole de la jeunesse Camerounaise

4
Président Paul Biya :
Le devoir que tu as prescrit à tes serviteurs d'exalter à
l'infini ta gloire et ta majesté… ! Oh maitre, la jeunesse a
finit par accepter que c’est vous Dieu, puisque vous vous
êtes emparé de se poste vacant ! Après trente ans de
règne, vous nous avez écris trente discours, jamais de
dialogue ! Oh maitre, mais qui sommes-nous pour
réclamer un dialogue direct avec toi ! Toi si grand, si
puissant, toi à l’image de Staline, de Brejnev, De
Gaule…de…de Jésus ! Oh maitre, l’insignifiante
jeunesse camerounaise, écervelée, consommatrice du
prêt à penser, se prosterne à tes pieds, soit éternel !
Merci quant même de nous avoir donné la liberté de
parler librement, d’aboyer ! (là je suis sincère)

Ce qui va plus loin que tes œuvres, ne t’atteint pas…tu as


droit de vit ou de mort sur tes sujets…

En toute sincérité, Ce que pense la jeunesse : OUI ! À la lutte


contre la corruption et les détournements de fonds, mais
NON ! Aux règlements de compte politique. Ceci est une
contribution de veille historique, qui échappe à l’évanescence
et intègre l’impératif de mémoire.
Sismondi Barlev Bidjocka
Porte-parole de la jeunesse Camerounaise

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SISMONDI BARLEV BIDJOCKA

MARAFA HAMIDOU YAYA : L’AUTOMNE DE LA COLÈRE


Les trois versets politiques
Comment dissocier la lutte contre la corruption et les détournements, les
règlements de compte politique et l’arène de la succession ?

TEL 77 85 89 19

sismondi2@yahoo.fr

LES ÉDITIONS PRESSE FORCE ONE

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CHAPITRE 1
CRÉPUSCULE

L’opération épervier est une opération


d’assainissement des mœurs à travers la lutte
contre la corruption. Lancée en 2006, par le chef
de l’état Paul Biya sous la pression des bailleurs
de fonds dans un contexte de crise, elle est
accueillie avec enthousiasme par la population.
Une population qui réclame alors du sang pour
compenser et expier ses souffrances. Les
premières arrestations de personnalités publiques
accusées d’atteinte à la fortune publique sont
applaudies par l’ensemble de l’opinion nationale,
qui se met alors à rêver des lendemains
meilleurs, non pas parce que les habitudes auront
changées, mais parce que le peuple croit que les
fonds estimés à plusieurs centaines de milliards
retourneront dans les caisses de l’état. On est
alors dans un contexte de crise, et le seul
programme économique du Cameroun se résume
à l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative
PPTE (Pays pauvre très endettés). C’est dans ce
contexte de crise, alors que les camerounais

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saignent pour cette objectif, que Paul Biya,
président de la république, décide de s’offrir un
avion présidentiel ; c’est cette opération foireuse
qui entraine la série de règlement de compte que
nous vivons sous le couvert de la lutte contre la
corruption ! Jacques Verges le célèbre avocat en
a profité pour s’offrir quelques milliards (il
s’était présenté à Paul Biya pour, disait-il aider à
rapatrier les fonds détournés et placés en Europe
par les prévaricateurs)

Plusieurs années plus tard, les arrestations se


poursuivent dans un contexte où Paul Biya à
travers une modification en 2008 de la
constitution et sa réélection en 2011, manifeste
de plus en plus le besoin de s’éterniser au
pouvoir, de mourir au pouvoir.

L’un des tournants important dans l’opération


épervier, s’effectue en 2008, avec les arrestations
de l’ancien Ministre des finances Polycarpe
Abah Abah, et de l’ancien Ministre de la santé
Urbain Olanguena Awono ; en effet, chose rare,
jamais vu, les cameras de la télévision d’état
vont filmer ces hommes couchés dans les

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cellules de la direction de la police judiciaire de
Yaoundé, et diffusés au 20H.

L’opinion versatile commence alors à


s’interroger sur les motivations réelles de
l’opération épervier, et ce d’autant que la presse
locale classait ces hommes dans le « G11 »
(entendez Génération 2011, une nébuleuse de
jeune cadre du RDPC jamais déclarée, aspirant à
la succession de Paul Biya en 2011).

Entre temps, aucun franc n’est récupéré, alors


que les condamnations s’enchainent. Las,
fatigué, le peuple retourne sa veste, et désormais,
Paul Biya est prit pour cible, lui qui n’a jamais
signé le décret d’application de l’article 66 de la
constitution sur la déclaration des biens, rendant
carrément inefficace toute lutte efficace contre
la corruption et les détournements des fonds
publics.

L’arrestation de l’ancien Ministre d’état Marafa,


le même jour que l’ancien premier Ministre Inoni
Ephraim en avril 2012, va cristalliser les
jugements, figé les opinions, et inverser les
champs d’intérêts: Les lettres de Marafa écrites

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depuis sa cellule de prison enflamment un pays
de plus en plus au bord de l’implosion politico
tribale dans une guerre de succession où le
maître du jeu veut tout contrôler jusqu’à la
tombe. Jusque là, aucune arrestation n’avait
suscitée autant de débat, charriée les haines, et
installer la peur ! Le Cameroun retient son
souffle, et le transfèrement de Marafa Hamidou
Yaya dans une prison Militaire (SED) en Mai
2012, témoigne de la frilosité d’un régime fragile
agonisant dans les ombres de son crépuscule. Le
spectre de Marafa hante le pouvoir de Yaoundé
et concentre l’actualité sur cette focale.

Le Cameroun est un bateau qui menace alors de


couler. Le commandant de bord, Paul Biya et son
régime, enclin à la luxure et méprisant le peuple
(il n’a pas parlé à la presse locale une seule fois
en trente ans de pouvoir), abhorrant la jeunesse,
snobant les vagissements de la société, est décidé
à couler avec son navire ! Le Cameroun attend
pour ainsi dire, sa nuit de cristal, au terme de
laquelle, la démocratie encore balbutiante sera
enterrée, et les successeurs choisiront au couteau
celui qui restera.

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Dans son livre intitulé « Politiques », Aristote
nous apprend qu’ « un bon gouvernant est celui
qui sait aussi être commandé » Pourtant,
l’extrême mégalomanie du régime Biya (le poste
de Dieu était vacant, il s’en est emparé) au bout
de trente ans, a contribué à le déifié, prenant le
peuple en otage à travers une terreur permanente,
ramenant l’instance de ce peuple à « louer la
paix », dans une lente violence cathartique à
travers une doctrine médiatique à la Goebbels, où
ladite « Paix » régnait dans la guerre.
Réverbérations des ambitions légitimes
longtemps étouffées par la crainte du prince, les
excroissances de l’Opération épervier sont une
menace pour le Cameroun.

Le mercredi 18 avril 2012, le Journaliste Haman


Mana propose un texte éditorial intitulé « Du
pain, pas du sang ! », caractéristique de cet
environnement. L’éditorial va faire le tour du
pays ; Il écrit :

« Paul Biya n’est jamais allé aussi loin dans la


célébration punitive des ses anciens collaborateurs. Dans
l’histoire politique des Etats modernes, il n’y a que le

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stalinisme qui a fait pire dans la mise en disgrâce et la
purge de ses anciens dignitaires... En décidant
l’emprisonnement brutal de son ancien Premier ministre,
Inoni Ephraïm, et de son ancien ministre de
l’Administration Territoriale et de la Décentralisation,
Marafa Hamidou Yaya, le monarque de Mvomeka’a vient
de sceller,

Dans le ciment du cynisme et du reniement de soi, la


disqualification historique et définitive dont on hésitait
encore à accabler le biyaïsme après 30 ans
d’approximations, d’errances idéologiques, de
tricheries électorales et de règne de l’indigence
axiologique. Le Renouveau national voudrait alors se
dérober à la redoutable efficacité de l’Histoire, qui le
jugera de manière impitoyable, pour tenter de se
reconstruire une légitimité longtemps perdue sur les
débris des arrestations spectaculaires de ses propres
dignitaires d’hier au milieu d’un concert de
récriminations et de doute. Car le peuple qui voulait du
sang hier demande, désormais, plus simplement du pain.
On a pris la véritable mesure du redondant et mauvais
gymkhana entre le palais de Justice et la prison de
Kondengui. Et cela n’amuse plus que les simples
d’esprit…

En choisissant l’arme de la machine politico-judiciaire


pour broyer de très hautes personnalités de la
République dont pas moins de trois secrétaires généraux
de la présidence de la République et désormais un ancien
Premier ministre, le président Paul Biya fait le
réquisitoire de son propre règne. Comment-a-t-il pu se

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tromper autant dans le choix de tous ces proches
collaborateurs qui font aujourd’hui l’objet de poursuites
judiciaires et d’incarcérations ? Comment de hauts
commis de l’Etat, jadis auréolés de tous les pouvoirs et
de tous les honneurs, ont-ils fait pour en arriver à une
telle déchéance politico-morale ? Craints et respectés
hier, ils sont désormais traités comme de misérables
voleurs de poules, de vulgaires bandits qui nous
rappellent les risibles équipées des Dalton dans notre
littérature de jeunesse.

Tant de ministres, de directeurs généraux, de secrétaires


généraux et autres responsables du Cameroun en prison
ne peuvent dédouaner Paul Biya d’avoir, lui- même
constitué une classe politico-administrative si infertile en
idées, si pauvre en patriotisme et surtout si peu
respectueuse de la fortune publique.

Que l’opération Epervier soit aujourd’hui une opération


de lutte contre la corruption et les détournements de
deniers publics ou, alors, une vaste entreprise
d’élimination politique de valeureux prétendants à la
magistrature suprême, le dénominateur commun reste la
déliquescence d’un régime pris dans ses propres
contradictions et qui se refuse à assumer la purulence de
ses plaies et tente se réfugier derrière un violent
cannibalisme où il est contraint de se nourrir du sang de
ses propres enfants dans ses derniers spasmes convulsifs.
Si donc l’opération Epervier nous fait la grâce de ne
perdre de temps demain pour juger un régime qui le fait
déjà lui-même, il restera toujours pour nous comme le
miroir symbolique de l’homme Paul Biya, lancé dans une

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entreprise désespérée de reconquête de sens. La voracité
frénétique avec laquelle sa redoutable machine
répressive politico-juridique disloque, désarticule et
déconstruit les destins et les corps de ces hommes et de
ces femmes vient dire à suffisance la faillite d’un
système qui ne survit plus que dans la délectation
éphémère que lui offrent les humiliations de ceux qu’il
adoubait encore hier ; l’Etat cannibale se repaît sous la
férule de son prophète pris dans le tourbillon de la fin
mais broyant ses victimes dans une giclée de sang pour
apaiser sa déception et fuir la sentence qui l’attend lui –
même. Voilà un maitre qui balance tous ses élèves sans
la moindre émotion, ni le moindre ressenti. Sans ciller ni
vaciller…

Après avoir constitué une classe dirigeante et une


génération d’hommes et de femmes insensibles au
terrible destin de leurs concitoyens, l’homme du 06
novembre 1982 voudrait s’en débarrasser pour
constituer à lui seul le commencement et la fin de son
régime qu’il rêve propre et irréprochable. Comme s’il fut
le seul innocent au milieu de 19 millions de coupables…
Les mauvais films du cinéma de Hong-Kong de notre
jeunesse nous montraient bien qu’après la chute des
phalanges, puis du bras droit de la triade, finissait tout
de même par tomber, celui que nous appelions le « chef
bandit ».

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CHAPITRE 2
LE PORTRAIT

Qui est Marafa ?

Né vers 1952, Marafa Hamidou Yaya est un


homme politique camerounais, ancien ministre
d'État chargé de l'administration territoriale et de
la décentralisation et ancien secrétaire général de
la présidence de la république, candidat non
déclaré (avant son arrestation) à la succession de
Paul Biya (avec des fortes chances de succès
sous réserve qu’il nous prouve qu’il n’a pas
détourné l’argent de l’albatros, chose qu’il
n’avait pas encore fait au bout de deux lettres
depuis sa cellule de prison). La jeunesse attendait
toujours, et ceci est une partie de l’histoire que
nous écrivons.

C’est un homme dont la personnalité force le


respect, et la jeunesse attend toujours qu’il
démontre qu’il n’a rien à voir avec ce qui
l’amène officiellement en prison.

Du haut de ses soixante ans, il reste


charismatique et assez élégant dans sa mise.

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Issu de l'aristocratie peule de Garoua dans le
nord du pays, ingénieur diplômé en pétrochimie
de l'Université du Kansas (États-Unis), il dirige
de 1981 à 1990 le département de l'exploitation-
production de la Société Nationale des
Hydrocarbures (SNH).

Marafa Hamidou Yaya risque fortement d'être


inquiété dans l'opération épervier au Cameroun,
peut-on lire sur internet ; En effet, de
nombreuses personnes estiment qu'il est
susceptible d'être le prochain sur la liste
notamment à cause de malversations financières
supposées dans l'affaire qui a déjà conduit Yves
Michel Fotso ancien Directeur Général de la
CAMAIR en prison.

Toujours dans le cadre de cette affaire, le juge


d'instruction du Tgi du Mfoundi a interrogé
l'ancien ministre des finances Meva'a m'eboutou
qui accable Marafa Hamidou Yaya qui était à
l'époque secrétaire générale de la présidence de
la république. Meva'a m'eboutou a affirmé au
juge que le secrétaire général l’a informé de la
décision d’acquérir un avion présidentiel et qu’il

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fallait trouver 24 milliards Fcfa dans les 72h.
C’est alors qu’il a instruit l’administrateur
directeur général de la SNH de payer ladite
somme. Instruction qui a été respectée, confie
l’ancien ministre des Finances. L’ancien ministre
d’État camerounais chargé de l’Administration
territoriale Marafa Hamidou Yaya est présenté à
un juge d’instruction le 16 avril 2012, puis mis
en détention préventive à Kondengui la prison
centrale de Yaoundé.

Des sources médias nous enseignent que


L’homme que le procureur de la République
vient de mettre sous mandat de dépôt à la prison
centrale de Kondengui est un ingénieur
pétrochimiste formé en France et aux Etats-Unis.
Né il y a une soixantaine d’années dans la région
du Nord, les observateurs avertis situent son
entrée dans le sérail politique du Renouveau
justement après le triste épisode d’avril 1984, au
cours de laquelle il a frôlé de très peu la mort.
Rescapé de dernière minute, il frappe à l’œil de
Paul Biya qui a besoin de rassurer l’élite du
Septentrion, écrit la presse ; après le divorce
d’avec son prédécesseur Ahmadou Ahidjo.

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Marafa Hamidou Yaya est alors appelé à la
présidence de la République où il va occuper les
fonctions de conseiller technique avant d’être
nommé secrétaire d’Etat aux finances, au début
des années 90.

Lorsqu’il quitte le gouvernement en 1992, le


président le Biya le rappelle aussitôt après à ses
cotés pour être son conseiller spécial. Un poste
qu’il va occuper pendant un temps. En fait, le
retour au multipartisme n’aura pas été favorable
à Paul Biya dans le Septentrion. Malgré la
nomination d’un fils de cette région comme
Premier ministre en la personne de Sadou
Hayatou, le Rdpc, le parti de Paul Biya va perdre
les élections en faveur de l’Undp de Bello Bouba
Maïgari. La presse cybernétique ajoute que Paul
Biya a donc besoin des hommes dynamiques
pour se reconquérir le septentrion en général, et
le Nord en particulier. C’est ainsi qu’il va
s’appuyer entre autres sur Marafa Hamidou
Yaya. Ce denier va accroître son influence au
sein du sérail. Pendant les élections législatives
mars 1997, il fait reculer l’influence de l’Undp
dans le Nord. Et à l’issue de l’élection

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présidentielle de la même année boycottée entre
autres par Bello Bouba, il devient l’homme de
Paul Biya dans la région du Nord.

C’est donc tout naturellement qu’il devient


secrétaire général de la présidence de la
République en 1999. C’est pendant qu’il
occupait ce poste qu’il lui est donné de gérer le
dossier de l’achat d’un avion présidentiel en
2001, dossier qui le conduit aujourd’hui dans les
liens de la détention. Entre temps Marafa devenu
ministre d’Etat ministre de l’Administration
territoriale et de la décentralisation aura sauvé les
élections législatives de 2002 et conduit le
processus de mise en œuvre de la
décentralisation. Connu pour son élégance
physique au point où certains au sein du sérail
l’appelaient le «sémillant ministre d’Etat»,
Marafa Hamidou Yaya faisait partie, du fait de
ses solides entrées supposées du côté de l’Elysée
en France, des hommes qu’on l’on qualifiait à
tort ou à raison, comme étant des hommes du
futur et de l’après Biya. Son incarcération vient
ainsi bloquer momentanément cette expansion
politique qui doit faire certainement réfléchir

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tous ceux qui auprès de Paul Biya (aujourd’hui
âgé de près de 80 ans) se font distinguer par leur
compétence, leur dynamisme et leur activisme
politique.
« il fait l’essentiel de ses études au Cameroun. Du
primaire au secondaire, il n’abandonne pas sa ville
natale jusqu’à l’obtention du baccalauréat série D en
1973 au lycée de la même ville. Il poursuit ses études
académiques à la faculté des sciences de l’université de
Yaoundé de 1973 à 1976 où il décroche une licence en
géologie. A la suite d’un concours, Marafa va aux Etats-
unis où il fait de brillantes études à l’université du
Kansas encore appelé Ku. En 1980, il décroche un
diplôme en ingénierie pétrochimique.

De retour au bercail la même année, l’homme au


charisme avéré se trouve une place au soleil. Sa carrière
au bled débute par El-Serepca à Douala de mai à
septembre1980. Il ne fera pas long feu car ambitieux, il
pose ses valises à la Société nationale des hydrocarbures
(Snh) où il tient les rênes du département exploitation-
production pendant presque une décennie. Alors qu’on
ne lui prédisait guère des élans de politique, il fait une
ascension fulgurante dans les alcanes du pouvoir. Après
le département exploitation-production, dans la même
structure il devient conseiller technique en charge des
relations avec le Fonds monétaire international et la

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Banque mondial. Commence ainsi une longue et
fructueuse carrière au cœur de la haute sphère politico-
administrative avec selon des indiscrétions, le
parrainage du philosophe Ebenezer Njoh Mouelle.
Secrétaire d’Etat n°2 au ministère des finances du 27
novembre 1992 à juillet 1994. Conseiller spécial du
président de la République entre juillet 1994 au 08
décembre 1997 puis secrétaire général de la présidence
de la République du 08 décembre 1997 au 27 avril 2001,
il quitte ce poste à la suite de la « magie » du décret
présidentiel pour rejoindre le ministère de
l’Administration territoriale et la décentralisation
(Minadt) en qualité de ministre d’Etat où d’aucun lui
donne le statut de « pion stratégique » de l’homme-lion.
Il joue plusieurs rôles prépondérants dans les différentes
phases électorales qu’a connu le Cameroun pendant son
séjour dans ce département ministériel. Qu’il s’agisse de
l’Observatoire national des élections (Onel) ou de
Elections Cameroon (Elecam), pour les camerounais, le
fils de Bibémi a toujours été pesé de tout son poids pour
mener à terme les échéances électorales au profit du
Paul Biya. Membre du comité central du Rassemblement
démocratique du peuple Cameroun (Rdpc), puis quelques
années plus tard, membre du bureau politique, Marafa a
de quoi faire peur estiment certains observateurs. C’est
finalement, le 9 décembre dernier qu’il s’est vu
décharger des ses fonctions ministérielles, lui ouvrant

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ainsi les portes d’une sortie presque inattendue du
gouvernement. » (Agnes Tailé)

Et pour être plus complet avec se portrait, voici ce que


nous avons trouvé dans le journal LE JOUR … « Un
mois après son éviction du gouvernement, le 09
décembre 2011, Marafa Hamidou Yaya, l'ex-ministre
d'Etat, ministre de l'Administration territoriale et de la
Décentralisation, reçoit une bruyante visite à sa résidence
du quartier du Lac à Yaoundé. Un officier de police est
venu démonter le piquet de garde auquel il a encore droit.
L'officier de police ne se contente pas d'ordonner aux
hommes de garde de lever le pied. Il fait un tel raffut que
le maitre des lieux sort de derrière les rideaux de la
maison, pour s'enquérir de ce qui se passe. Interrogé, le
policier se montre insolent. Il a reçu des ordres : le
ministre d'État n'a plus droit à une garde. Ce dernier
reconnaît en ce fonctionnaire impudent l’un de ses
anciens protégés. Selon nos sources, Marafa Hamidou
Yaya apostrophe le policier : « C'est vous, un médiocre
que j'ai mis à la police pour rendre service à son père, qui
venez faire un boucan chez moi? »

La suite sera un vif échange entre les deux hommes, au


cours duquel l'homme d'État réussit à tirer les vers du nez
du jeune policier. Les dirigeants de la police ont plus tard
nié avoir commandé cette « mission ». Pour le sensitif
Marafa Hamidou Yaya, l'intrusion du policier dans son
domicile est signée. Ce jeune fonctionnaire que le
ministre a reconnu est le fils d'un officier supérieur de la
Direction de la sécurité présidentielle (Dsp). L'homme
politique sent passer le boulet et pare au plus pressé. Le

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temps se gâte et il sait ce qu'il lui reste à faire quand ses
ennemis se rapprochent de si près. Il décide de prendre de
vitesse ceux qui veulent l'acculer à la prison et à l'oubli. Il
hâte les préparatifs d'un voyage qu'il se gardait de faire
dans son fief depuis sa sortie du gouvernement. Moins
d'une semaine après l'algarade, son avion atterrit à
Maroua. De nombreux chefs traditionnels et des
notabilités de la ville l'accueillent, une fois le tarmac
franchi. Un cortège de plusieurs dizaines de voitures,
dans les quelles se sont entassées des centaines de
supporters, l'accompagne à Garoua où il se rend en
voiture.

Le prince de Garoua

Dès les aurores, une foule immense de militants du Rdpc,


accourus des moindres recoins de la région, l'attend aux
portes de la ville. Ils jalonnent la route qui mène à la
résidence de Marafa Hamidou Yaya, au quartier
Marouaré, en périphérie de la ville. Parmi eux, des
notables de la ville dont, le délégué du gouvernement, en
personne. De nombreux visiteurs descendus de leurs
voitures immatriculés du « CA » officiel sont présents.
Les organisateurs font faire un détour au cortège de
plusieurs centaines de voitures auxquelles se sont
agrégées des motos, elles aussi par centaines. Sur son
passage la foule scande « Marafa président! ».

Il vient d'adresser à ses adversaires un message


subliminal, clairement décrypté par ses contempteurs. «
Le grand Nord n'est pas derrière lui ; Marafa est un
épiphénomène, un homme aux abois, un fauteur de

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troubles, Garoua, ne l'aime pas tant et, du reste, ne l'a
jamais véritablement aimé », laissent-ils filtrer à travers
la presse.

Marafa Hamidou Yaya vient de marquer un coup


politique et c'est à Garoua qu'il l'a réussi. Garoua, cette
ville qui l'aime tant et qui, à tout le moins dans sa
noblesse, l'a toujours rejeté. Le rapport du ministre d'Etat
à cette ville appartient à l'histoire de la capitale de la
région du Nord.

Marafa Hamidou Yaya est par sa mère, l'arrière petit-fils


de Bouba Dewa, lamido de Garoua entre 1901 et 1921, à
qui le scribe Hayatou a succédé par une pantalonnade.
Le père de l'ancien ministre, Yaya Bedewo, est un
commerçant arrivé de Bedewo, un petit village situé à
proximité de l'arrondissement de Bibemi, à 60 Km de
Garoua. Il s'est installé à Garoua à la fin des années
1940.Il a épousé une petite fille de Bouba Dewa. Marafa
Hamidou Yaya va naître de cette union en 1952. La petite
famille est installée au « camp carreau », quartier situé à
la lisière de Foulbéré, le siège du lamidat.

Le jeune Marafa commence sa scolarité à l'école


principale de Garoua, puis à l'école franco-arabe. Il la
poursuit au lycée classique et moderne de Garoua, avant
de s'envoler vers la faculté des sciences de l'université du
Cameroun à Yaoundé, où il obtient une licence en
géologie. Après un concours lancé par l'African
American institute (AAI), il fait partie des étudiants qui
obtiennent une bourse d'étude pour les Etats Unis
d'Amérique. Il y obtient un Master's of science in

24
petroleum Engineering en 1980 a l'université du Kansas.
Dans cette même université, il se voit confier un poste
d'assistant de recherche, de 1978 à 1980, année de son
retour au Cameroun. Rentré au bercail, le jeune homme
ne s'éloigne pas des amphithéâtres. Il se fait recruter
comme enseignant vacataire à l'université de Yaoundé.

Mais à côté de cette vie d'universitaire, Marafa Hamidou


Yaya embrasse la carrière d'ingénieur pour laquelle il a
été formé. Il est recruté comme ingénieur réservoir en
mai 1980 à Elf Serepca, puis à la Société nationale des
hydrocarbures (Snh). En juin 1981, il devient le chef du
département exploration/production à la Snh. Commence
alors une carrière fulgurante dans l'entreprise. Il sera le
représentant du Cameroun au comité technique chargé de
réaliser l'étude de faisabilité d'une suite d'usines de
liquéfaction en vue de la mise en valeur du gaz naturel
camerounais. Marafa Hamidou Yaya connaît les affaires
de pétrole, mais il aime avant tout la politique.

L'égérie des Hayatou

Sa course derrière le cortège présidentiel le 06


novembre 1982, comme il l'a écrit, montre un peu le
caractère du jeune homme qui, en 1984, va goûter une
première fois aux affres de la détention. C'était lors de
putsch du 06 avril. Il y avait comme une purge des élites
originaires du grand nord ; il va être en tant que tel
brièvement interpellé. A sa sortie de prison, il poursuit sa
vie normale, qui est faite de son travail à la Snh et des
visites de courtoisie qu'il fait à ses amis, essentiellement
des ressortissants de Garoua comme lui. Il fréquente

25
surtout le petit cercle de joueurs de « Koss », un jeu de
carte très prisé à Garoua. Il s'intègre facilement à la
trentaine de jeunes qui se réunit les après-midi chez
Sanda, un vendeur de cigarettes qui tenait une petite
échoppe au-lieu dit Bicic Messa, près de la caserne des
sapeurs-pompiers du marché Mokolo à Yaoundé.

Tous les après midi après le travail, étudiants,


fonctionnaires, commerçants, et même des chômeurs se
retrouvent pour taper le carton, échanger des nouvelles de
Garoua. On débat de l'actualité, parfois jusque tard le
soir. Marafa se distingue par une rare intelligence pour
tout ce qui concerne la politique. Les habitués de chez
Sanda se fréquentent aussi assidument, ils s'assistent lors
des évènements heureux comme dans le malheur. Un des
piliers de cette joyeuse assemblée est le commissaire
Dairou Hayatou. Marafa Hamidou Yaya et lui se sont
rencontrés dès l'école et se sont retrouvés à Yaoundé. Les
deux hommes sont amis. Naturellement, le commissaire
présente son ami à son frère aîné, Sadou Hayatou, alors
ministre des Finances.

Le courant passe très vite entre l'homme d'Etat, pourtant


réputé distant et froid, et le jeune cadre de la Snh. Ils ont
un feeling. Sadou Hayatou prend l'ami de son jeune frère
sous son aile. Il aime ses qualités d'organisateur et de
rassembleur, surtout pour ce qui concerne les questions
politiques. Il a besoin de l'important carnet d'adresses du
joueur de cartes. Contrairement à son mentor parti dès
ses 18 ans poursuivre ses études en France, Marafa
Hamidou Yaya connaît tous les jeunes cadres originaires

26
de Garoua par le nom. Il les a connus sur les bancs du
lycée et, plus tard, à l'université.

Sadou Hayatou en fait son émissaire auprès de ces jeunes


et l'introduit dans les sphères du pouvoir. En 1990,
Marafa Hamidou Yaya est promu conseiller technique à
la présidence. En 1992, il est chargé de mission du Rdpc
pour la province du Nord, pour les élections législatives.
Son mentor l'avait en effet déjà introduit au comité
central du parti. Mais le parti de la flamme perd
lamentablement sur l'ensemble des trois provinces
septentrionales. C'est la bérézina pour le Premier
ministre. L'homme de la conférence tripartite qui avait
une stature d'homme d'Etat, n'a pas de base électorale.
Les hiérarques du Rdpc décident de lui faire la peau.
Pour sacquer un prince, on en choisit un autre.

En juillet 1992, Marafa Hamidou Yaya est fait membre


du comité central du Rdpc, puis passe rapidement
membre du bureau politique, où il remplace Sadou
Hayatou. Il est le président du comité Rdpc pour la
province du Nord, dans le cadre des élections
présidentielles du 11 octobre 1992. Le 27 novembre
1992, il fait ses premiers pas dans le gouvernement, où il
est nommé secrétaire d'Etat aux Finances. Le 21 juillet
1994, il retourne à la présidence au poste de conseiller
spécial. Le 07 décembre 1997, c'est la consécration.
Marafa Hamidou Yaya est nommé secrétaire général à la
présidence de la République. Le 24 août, cette fonction
s'auréole du titre de ministre d'Etat et il y est maintenu.

27
Marafa Hamidou Yaya va atteindre une stature
exceptionnelle dans l'histoire du Cameroun le 15 juin
2002. A la suite de l’échec des élections couplées
législatives - municipales, reportées parce que le matériel
n’était pas prêt, il est nommé ministre de l'Administration
territoriale, cumulativement avec ses fonctions de
secrétaire général de la présidence de la République.

Mais avant de remplacer Ferdinand Koungou Edima à la


fonction de Minat, le Sg/Pr l'a, disent les mauvaises
langues, « exploité ». C'était en 2000, lors de la
succession du lamido de Garoua, Ibrahim Abbo, décédé.
Bousculant une tradition qui veut que la succession soit
héréditaire, Marafa Hamidou Yaya exhume une loi mal
ficelée qui date du temps du président Amadou Ahidjo.
La loi règlemente la chefferie traditionnelle. Ce dernier
avait en effet accepté de promulguer cette loi, en se
gardant éventuellement de la moduler selon le contexte.
Le Sg/Pr veut qu'il y ait des élections. Il convainc Yerima
Iya Garo, son grand oncle maternel, de se porter
candidat. Le verdict des 12 notables qui constituent le
collège électoral est sans appel : 11 voix contre une en
faveur de Alim Hayatou. Son candidat a perdu, mais
Marafa Hamidou Yaya a du mal à se résigner. De ses
positions à la fois dans le Rdpc et dans le gouvernement,
il aurait monté des chefs de 2ème degré contre le
nouveau lamido.

Faiseur de rois

Alim Hayatou en destitue certains. Moussa Fodoué, chef


de Marouaré, un proche du Sg/ Pr, porte la fronde. Lors

28
d'une fête religieuse, il défie le protocole. En effet, selon
la tradition musulmane, le lamido est l'imam qui dirige la
prière. Il délègue juste la conduite de la prière à une
personne de son choix, il est donc le dernier à arriver.
Mais ce jour-là, Moussa Fodoué, revêtu d'atours de
lamido, à la tête d'une importante suite, s'arrange pour
arriver après le lamido. C'est l'échauffourée.

L’ambition de Marafa de constituer un « maillage »


administratif de la République est favorisée par la
publication de la liste des recrues à la police en 1998.
Depuis 1988, aucun recrutement ne s'était fait dans ce
corps tentaculaire, en raison du plan d'ajustement
structurel imposé par les bailleurs de fonds
internationaux. Le pays venait de traverser les années de
braise, du fait d'un retour houleux au multipartisme. Un
concours d'entrée à la police a été organisé en 1996, des
milliers de jeunes se sont rués pour le passer. Les
résultats, pour des raisons obscures, n'ont été proclamés
que deux ans plus tard et c'est le Sg/Pr qui, pour la
première fois, les a signés.

Candidat à la présidentielle

Marafa Hamidou Yaya a écrit dernièrement qu'il avait dit


au Chef de l'Etat que déposer sa candidature en 2011 ne
serait pas une bonne idée. A en croire des sources bien
introduites dans le Rdpc, l'ex-Sg/Pr ne s'est pas contenté
de prodiguer ce conseil et d'attendre. Il aurait contacté
des soutiens afin de présenter sa propre candidature.
D’après nos services, il a ainsi convaincu l'ambassadeur
d'une puissance étrangère qu'il avait le soutien de l'élite

29
politique du grand Nord. Il a organisé, à l'intention du
diplomate, une réunion au début de l'année 2010, où ceux
qui comptent en politique dans les trois régions
septentrionales ont été conviés. Beaucoup ne sont pas
venus. Ceux de l'Extrême-Nord se sont carrément
opposés à ce qu'un président de la République provienne
encore de la région du Nord, arguant que sous Amadou
Ahidjo ils ont été asservis et qu'ils n'ont connu un peu de
dignité et de respect que sous la présidence de Paul Biya.

Les soutiens étrangers de Marafa Hamidou Yaya ne se


seraient pas pour autant découragés. Ils lui ont concocté
un plan de bataille. Marafa Hamidou Yaya devait, lors
d'un incontournable congrès du Rdpc, déposer sa
candidature à la présidence nationale du parti en se
servant de sa popularité dans le grand Nord,
surreprésenté dans les instances du parti et d'autres
soutiens qu'il prétendait avoir. L'opération aurait pu
réussir, mais il y a eu une fuite. Paul Biya, mis au
parfum, a usé d'une ruse vieille comme la terre. Il a
attendu l'ultime moment du délai prévu par la loi pour le
dépôt des candidatures pour convoquer le congrès du
parti. Le camp de Marafa Hamidou Yaya s'était déjà
démobilisé, croyant qu'il n'y aurait pas de congrès.

Ils avaient toutefois un plan de rechange : Trouver un


parti bien implanté sur l'ensemble du territoire qui a une
idéologie voisine de celle du Rdpc et où Marafa
Hamidou Yaya pourrait avoir des sympathies. Un seul
parti correspond à ce profil : l’Undp. Des négociations
sont entreprises. Elles vont bon train. Une fois encore, la
nouvelle transpire. Une mise en scène spectaculaire est

30
organisée lors du dernier congrès. A la surprise des
délégués présents, le président du parti, Bello Bouba
Maigari, interrompt les travaux, sort de la salle et revient
accompagné du secrétaire général du Rdpc et de son
adjoint, qui prennent part aux débats. Ultime échec de la
« candidature » Marafa Hamidou Yaya. Le grand public
devra finalement attendre sa deuxième lettre ouverte à
Paul Biya, depuis le cachot de Kondengui, pour
véritablement découvrir les ambitions présidentielles de
cet autre ex-Sg/Pr qui a pris le chemin de la prison »

31
CHAPITRE 3
LA PAROLE DES JEUNES

Alors que l’opération de lutte contre la corruption et les


détournements de fonds prend une tournure polysémique,
la jeunesse va opérer une sortie interpellatrice à travers
un plaidoyer visant l’application pure et simple de la
constitution.

PLAIDOYER DE LA JEUNESSE CAMEROUNAISE


POUR L’APPLICATION DE L’ARTICLE 66 SUR LA
DÉCLARATION DES BIENS PUBLIE EN MAI 2012

PRÉSENTATION DE L’ORGANISATION

Le Rassemblement de la jeunesse Camerounaise (RJC)


est la principale plate-forme indépendante réunissant les
jeunes du Cameroun, appartenant aux mouvements
associatif ou pas. Crée en 2006, et légalement déclarée
conformément à la loi en 2008 ; notre objectif est de
défendre les intérêts des jeunes et nous battre pour la
prise en compte de nos aspirations dans les processus de
décision, et ce plaidoyer est l’une de nos aspirations du
moment.

32
CONTEXTE

Au Moment où l’opération de lutte contre la corruption


et les détournements de fonds public dénommé
ÉPERVIER atteint une nouvelle échelle, la jeunesse
Camerounaise comprend la controverse qui s’installe.

En effet, très applaudie au départ, l’opération est


désormais considérée par une partie importante de
l’opinion nationale et internationale, du corps
diplomatique, comme une opération d’épuration politique
destinée à préparer et à contrôler la succession à la tête de
l’état.

Pourtant la constitution est pourvue d’un instrument


fondamental de lutte contre la corruption et les
détournements, à savoir l’article 66 sur la déclaration des
biens jamais appliquée : Pourquoi ? L'article 66 de la
constitution de juin 1996 prescrit la déclaration des biens.
Mais seulement, les textes d’application de cette loi ne
sont pas publiés. Pourquoi ?

Cette question, tout le pays se la pose. Elle mobilise les


partisans du président pour défendre l’argument selon
laquelle il n’y a pas encore de dispositif destiné à
accueillir lesdites déclarations, l’opposition et la société
civile pour porter les accusations à charge selon
lesquelles les gestionnaires actuels de la fortune publique
ont tous peur de ne pouvoir justifier leur fortune.

33
Entre ces deux trois entités turgescentes, la jeunesse
Camerounaise intervient pour poser son constat, et
plaider pour l’application de la loi que nous nous sommes
tous accordé à respecter.

Pour la jeunesse Camerounaise, il n’y a pas de lutte réelle


et efficace sans l’application fondamentale d’une
déclaration de biens.

L'article 66 de la Constitution stipule notamment que le


président de la République , le Premier ministre, les
membres du gouvernement et assimilés, le président et
les membres du bureau de l'Assemblée nationale, le
président et les membres du bureau du Sénat, les députés,
les sénateurs, tout détenteur d'un mandat électif, les
secrétaires généraux des ministères et assimilés, les
directeurs des administrations centrales, les directeurs
généraux des entreprises publiques et para - publiques,
les magistrats, les personnels des administrations chargés
de l'assiette, du recouvrement et du maniement des
recettes publiques, tout gestionnaire de crédits et des
biens publics, doivent faire une déclaration de leurs biens
et avoirs au début et à la fin de leur mandat ou de leur
fonction. Une loi détermine les autres catégories de
personnes assujetties aux dispositions du présent article
et en précise les modalités d'application.

34
EN 2009, LE VICE-PREMIER MINISTRE,
MINISTRE DE LA JUSTICE, AMADOU ALI
ANNONCE L’APPLICATION DE LADITE LOI

Jeudi 4 décembre 2008, le député Sdf du Wouri-Est,


Edward Kembeng, a interpellé le vice-premier ministre,
ministre de la Justice, Amadou Ali, sur la non-application
de l'article 66 de la Constitution et son impact sur la lutte
contre la corruption et les détournements des deniers
publics dans notre pays.

Il s'est notamment demandé comment on pouvait


déterminer les sommes volées par de hauts fonctionnaires
si au préalable on n'a pas une indication des biens et
avoirs de ceux-ci. Dans sa question, Edward Kembeng va
suggérer au ministre de la Justice de réfléchir à un moyen
d'amnistier ceux qui sont soupçonnés de détournement et
qui ne font pas encore l'objet de poursuite, à condition
que ceux-ci acceptent de rembourser les sommes qui leur
sont réclamées.

Dans sa réponse, Amadou Ali avait révélé aux députés


que le projet de texte portant application de cet article
sera finalisé de là à la fin du premier trimestre de l'année
2009 et les hauts fonctionnaires de la République
devaient se soumettent immédiatement à cet article.

Les partis politiques l’ont dit, la société civile l’a


demandé en vain, le corps diplomatique accrédité à
Yaoundé a insisté dessus, la jeunesse camerounaise à
travers le rassemblement de la jeunesse ne fait que

35
prendre en son compte cette aspiration citoyenne. Il est
nécessaire, urgent, fondamental voire vital d’appliquer
cet élément de la constitution afin de donner de la
crédibilité à l’opération de lutte contre la corruption
auquel la jeunesse souscrit complètement. Pour la
jeunesse, on doit y aller maintenant, car le Cameroun ne
s’accommode pas au rythme et la volonté de Paul Biya,
mais le contraire.

Lors du forum national sur la protection non judiciaire de


la fortune publique qui s’est tenu à Yaoundé récemment,
le Ministre chargé du Contrôle supérieur de l’Etat,
Henry Eyebe Ayissi a déclaré « En ce qui nous concerne,
l’occasion offerte par ce forum a été saisie pour
préconiser, à l’endroit desdits partenaires extérieurs, que
l’accent soit mis sur une évaluation globale et
compréhensible des progrès réalisés au fil des temps par
notre pays en matière de lutte contre la corruption, en
évitant toute focalisation excessive sur l’article 66 de la
constitution du Cameroun relatif à la déclaration des
biens et avoirs »

La jeunesse reste perplexe et étonnée par cette attitude


contradictoire, marquée par des déploiements tapageurs
pour la lutte contre les détournements et la corruption, et
la peur viscérale de l’application de la constitution.

Les recommandations du forum national sur la protection


non judiciaire de la fortune publique du 14 au 15 mars

36
2012 à Yaoundé, ne représentent rien pour la jeunesse,
tant que l’article 66 de la constitution n’est pas appliqué.

CONCLUSION

Jusqu’à ce que l’article 66 soit appliqué, Nous, jeunesse


Camerounaise, considérons donc le président et le
gouvernement de la république comme responsable du
phénomène de la corruption, qui peut facilement être
jugulé par l’application de la constitution dont il est le
garant.
Pour le Rassemblement de la Jeunesse Camerounaise
SISMONDI BARLEV BIDJOCKA
Le Porte-parole
Tél : 77 85 89 19
sismondi2@yahoo.fr

37
CHAPITRE 4
DÉCLARATION DES BIENS

Constitution du Cameroun
Art. 66.- Le Président de la République, Le Premier Ministre,
les membres du Gouvernement et assimilés, Le Président et
les membres du bureau de l’Assemblée Nationale, Le
Président et les membres du bureau du Sénat, les députés,
les sénateurs, tout détenteurs d’un mandat électif, les
Secrétaires Généraux des Ministères et assimilés, les
Directeurs des administrations centrales, les Directeurs
Généraux des entreprises publiques et para - publiques, les
Magistrats, les personnels des administrations chargés de
l’assiette, du recouvrement et du maniement des recettes
publiques, tout gestionnaire de crédits et des biens publics,
doivent faire une déclaration de leurs biens et avoirs au
début et à la fin de leur mandat ou de leur fonction.

38
CHAPITRE 5
LES VERSETS POLITIQUES DU MINISTRE D’ÉTAT
VERSET I

LES LETTRES DE MARAFA HAMIDOU YAYA


LETTRE OUVERTE DE MARAFA HAMIDOU
YAYA A PAUL BIYA

Monsieur le président de la République,


Le lundi 16 avril 2012, j’ai été convoqué par le juge
d’instruction du Tribunal de grande instance du Mfoundi
et écroué à la prison centrale de Kondengui, sans autre
forme de procès.
Vous avez certainement dû apprendre que j’ai demandé
la récusation de ce juge d’instruction qui était venu me
voir de son propre chef et qui, avec instance, m’a sollicité
pour que nous nous « arrangions » afin qu’il instruise le
dossier dans un sens qui me serait favorable ! J’ai tout
naturellement refusé sa proposition.

Je vous en avais rendu compte en son temps, pensant


que le président du Conseil supérieur de la magistrature
s’en serait ému.

Est-il besoin de vous le rappeler, monsieur le président


de la République, que c’est moi qui vous ai sollicité, par
correspondance en date du 7 mai 2008 à vous adressée,
pour être entendu par les instances judiciaires
compétentes, afin d’apporter mon témoignage et
contribuer à la manifestation de la vérité dans cette
scabreuse affaire que vous connaissez mieux que
quiconque parce que régulièrement informé de ce

39
processus d’acquisition de votre avion, que vous suiviez
au jour le jour.

Vous savez bien que mon incarcération n’a rien à voir


avec cette affaire pour laquelle je ne suis coupable
d’aucun délit et surtout pas de celui que vous avez
instruit que l’on m’impute. J’espère que les débats à
venir permettront à nos compatriotes de savoir quel est le
rôle joué par tous les intervenants, et cela à tous les
niveaux. Vous savez également ce que je pense de
certaines de ces arrestations spectaculaires. Wikileaks
s’en est d’ailleurs fait largement l’écho.

Monsieur le président de la République,


Le 06 novembre 1982, j’ai couru derrière votre cortège
du carrefour Warda jusqu’au rond-point de l’école de
Bastos. J’étais alors un jeune haut cadre de la Snh ; et à
ce moment-là, j’étais fier de mon pays. Par la suite j’ai
été séduit par votre discours et je me suis engagé corps et
âme derrière vous, convaincu de participer à l’édification
d’une société de paix et de justice. J’ai essayé de toutes
mes forces de travailler dans ce sens. Et vous le savez.
Nos compatriotes également l’apprendront.

Vous m’avez donné l’opportunité de servir notre pays à


un très haut niveau. Je l’ai fait avec enthousiasme,
engagement et je l’espère modestement, avec une
certaine compétence. Comme je vous l’ai dit dans le
message de vœux de nouvel an que je vous ai adressé le
30 décembre dernier, je continuerai à servir à l’endroit où
vous m’assignerez pour contribuer à faire de notre pays
un pays de paix et de Justice. Et de là où je suis, je puis

40
vous affirmer que mon enthousiasme et mon engagement
pour ces nobles causes restent intacts.

J’ai été votre proche collaborateur pendant dix-sept (17)


années sans discontinuer. D’abord comme conseiller
spécial, ensuite comme secrétaire général de la
présidence de la République et enfin comme ministre de
l’Administration territoriale et de la décentralisation
pendant près d’une décennie.

Je vous ai servi avec loyauté, sincérité et sans préjugé.


Comme vous le savez bien, pendant toutes ces années,
j’ai toujours refusé d’être un courtisan. (A titre
d’exemple, j’ai constamment refusé de m’associer aux
folklores des différentes éditions de « l’Appel du peuple
»). J’ai toujours préféré garder une liberté qui me
permettait de vous donner, en toute indépendance
d’esprit, des avis vous permettant de gérer les affaires de
l’État dans le plus grand intérêt de notre pays.

Ce n’était pas une position facile à assumer pour moi,


dans un environnement et un contexte qui sont les nôtres,
car je n’étais pas un de vos proches de longue date, ni
originaire de votre aire culturelle. J’ai cependant eu
l’impression que cette position, même si elle vous agaçait
quelquefois, était malgré tout appréciée de vous, ce qui
justifierait l’exceptionnelle durée et je dirais même
l’intensité de notre collaboration.

Cette indépendance d’esprit m’avait permis de vous dire,


après l’élection présidentielle de 2004, que ce septennat

41
devrait être le dernier pour vous et que nous devrions
tous nous mobiliser pour le succès des « grandes
ambitions » afin que votre sortie de la scène politique se
fasse avec fanfare, que vous jouissiez d’un repos bien
mérité, à l’intérieur de notre pays.
Etait-ce un crime de lèse-majesté ? C’est possible !
Mais j’exprimais sincèrement ce que je pensais à
l’époque être dans votre intérêt et dans celui de notre
pays. Ma conviction à l’époque était qu’un mandat
supplémentaire serait le mandat de trop. Comme nous
allons le voir, le harcèlement et la vindicte à mon égard
datent de ce temps-là ; aujourd’hui, je paye peut-être
pour cette lucide franchise.

Cette liberté m’a également permis de vous exprimer une


opinion sincère, comme l’illustrent les trois exemples
suivants, concernant le gouvernement de la République :
a) Après la formation du gouvernement consécutif à
l’élection présidentielle de 2004, vous m’avez accordé
une audience au cours de laquelle vous m’avez demandé
ce que les gens pensent du gouvernement.

Je vous ai répondu qu’ils pensent qu’avec un effectif


d’environ soixante-cinq (65) ministres et assimilés, le
gouvernement est pléthorique et manquerait d’efficacité.

Entre agacement et irritation, vous m’avez tenu ces


propos : «…Monsieur le ministre d’Etat, vous êtes
combien de ministres dans ce gouvernement ? Peut-être
dix (10) ou quinze (15) tout au plus. Le reste, ce sont
des fonctionnaires à qui j’ai donné le titre ».

42
Je vous ai répondu : « … C’est peut-être vrai, monsieur
le président de la République. Mais le problème, c’est
que ces fonctionnaires eux, se prennent pour des
ministres ».

Le dialogue à ce sujet s’est arrêté là.


b) De même, à la veille d’un remaniement, vous
m’avez fait l’honneur, au cours d’une audience, de
m’interroger sur un compatriote. Je vous ai répondu que
ce monsieur ne méritait pas de siéger au gouvernement
de la République. Vous avez développé des arguments
qui m’ont convaincu que votre décision était déjà prise.
Je vous ai alors dit : « …Monsieur le président de la
République, au cas où vous le nommeriez au
gouvernement, ne lui confiez surtout pas un
département ministériel ». Nous connaissons la suite.
c) Enfin, après la formation du gouvernement au sein
duquel monsieur Issa Tchiroma est devenu ministre (afin
de contrecarrer mes ambitions, aux dires de certains),
vous m’avez accordé une audience au cours de laquelle
vous m’avez demandé ce que les gens pensent du
nouveau gouvernement. Je vous ai répondu sans détour
que monsieur Issa Tchiroma ne mérite pas de siéger au
gouvernement de la République. Vous et moi et d’autres
(y compris lui-même) savons à quoi je fais référence. Je
vous ai dit en outre que je ne collaborerai jamais avec lui.
Jusqu’à présent, les gens pensent que notre « inimitié »
est d’ordre politique car nous sommes adversaires dans la
même circonscription. Cela n’a rien à voir et l’avenir le
prouvera.

Monsieur le président de la République,

43
Lorsque la vindicte à mon égard a commencé, j’ai traité
avec indifférence les ragots faisant état de ma déloyauté à
votre égard et je me suis abstenu de vous en importuner.
Mais lorsque votre entourage le plus proche est rentré
dans la danse, j’ai cru devoir à chaque fois, m’en ouvrir à
vous.

Ainsi, lorsqu’en novembre 2007, il a été demandé au


préfet du département du Mfoundi de « prolonger la
garde-à-vue administrative de quinze (15) jours
renouvelables » concernant vingt (20) personnes dont
dix-huit (18) sont des militaires de divers grades, j’ai
instruit le gouverneur de la province du Centre et le
préfet du département du Mfoundi de ne pas s’éxécuter et
de se conformer strictement aux dispositions de la loi. Je
vous en ai rendu compte par note en date du 21 novembre
2007. Ces personnes auraient été libérées quelques mois
plus tard sur vos instructions.

Quelques jours après le refus de l’administration


territoriale de cautionner cette mascarade, j’apprendrai
qu’il vous a été rapporté que les personnes concernées
seraient mes complices dans une tentative de
déstabilisation des institutions de la République.

Devant cette accusation extrêmement grave et devant la


récurrence des rapports systématiquement négatifs qui
vous parvenaient à mon sujet de la part de certaines
officines et sur lesquels vous ne me disiez rien, j’ai dû
prêter une oreille attentive à l’une des nombreuses offres
d’emploi qui m’étaient faites régulièrement au niveau
international. J’espérais que mon départ permettrait de

44
préserver la qualité des relations que j’ai eu l’honneur
d’entretenir avec vous. Je vous en ai fait part ainsi que de
mon désir de quitter le gouvernement au cours d’une
audience en date du 30 novembre 2007. Vous m’avez
expliqué que vous aviez encore besoin de moi et qu’en ce
qui vous concernait, vous me faisiez encore entièrement
confiance.
Je me dois cependant de rappeler à votre attention,
quelques faits suivants, entre autres :

a) Après les émeutes de février 2008, les rapports négatifs à


mon encontre se sont intensifiés. Pour mes détracteurs, mon
refus constant d’interdire ou de saisir les journaux et mon
approche des problèmes consistant à éviter une réponse
exagérément et inutilement violente ainsi qu’une répression
systématique, prouvaient à suffisance mon manque de loyauté
à votre égard.

A nouveau, je vous ai saisi par note en date du 5 mars


2008 pour vous rappeler que le département ministériel à
la tête duquel j’étais, est trop délicat pour avoir à sa tête
quelqu’un qui ne jouirait pas de votre confiance.
J’ai également saisi l’occasion de cette note pour porter à votre
attention les relations incestueuses qui tendaient à se
développer entre l’Etat et le parti Rdpc, au vu d’une
correspondance me concernant adressée par le ministre de la
Justice au secrétaire général de ce parti.
b) Dans un rapport cousu de fil blanc, en date du 24
juillet 2008, le député Mvondo Assam, vice-président de
la Commission de défense et de sécurité à l’Assemblée
nationale et par ailleurs votre neveu, faisant référence à «
différentes notes antérieures », vous souligne «

45
l’ambition d’un grand destin national » qui m’anime
ainsi que ma « stratégie de conquête du pouvoir ».
Je vous ai saisi par note en date du 17 septembre 2008
afin de « solliciter respectueusement l’ouverture d’une
enquête sur ces graves accusations ».
Au cours d’une audience ultérieure, j’ai évoqué la
nécessité de diligenter cette enquête, vous m’avez dit que
votre neveu ne sait pas ce qu’il fait ; vous m’avez
chaleureusement renouvelé votre confiance et vous
m’avez demandé de ne pas tenir compte de cet incident.
Je vous ai remercié tout en vous disant que si le député
Mvondo Assam ne sait pas ce qu’il fait, il ne devrait pas
occuper un poste aussi sensible à l’Assemblée nationale.
c) En février 2010, j’ai fait l’objet d’une interdiction de
sortie du territoire national. Cette mesure illégale a été
grossièrement rendue publique alors que je présidais à
Bertoua la commission mixte de sécurité entre le
Cameroun et la République centrafricaine, à la tête d’une
délégation camerounaise de cinq (5) membres du
gouvernement face à sept (7) membres du gouvernement
centrafricain. J’ai stoïquement fait face à mes
responsabilités.

A mon retour à Yaoundé, j’ai sollicité une audience au


cours de laquelle je vous vous ai à nouveau présenté ma
démission. A cette occasion, je vous ai renouvelé
l’impérieuse nécessité de nommer à la tête du ministère
de l’Administration territoriale et de la décentralisation
une personne qui non seulement jouirait de votre
confiance, mais aussi que l’on laisserait travailler en
toute sérénité. A nouveau vous avez refusé ma démission
et vous m’avez renouvelé votre confiance.

46
d) Avant la convocation du corps électoral pour
l’élection présidentielle du 9 octobre dernier, vous
m’avez fait recevoir par le Directeur du cabinet civil.
Une première ! Celui-ci m’a dit qu’il me recevait en
votre nom et que vous vouliez savoir si j’allais me
présenter contre vous à cette élection. J’ai été choqué car
ce faisant, vous donniez du crédit à la rumeur qui vous
avait été maintes fois rapportée selon laquelle j’aurais
créé un parti politique clandestin.
J’ai dit au directeur du cabinet civil de vous dire que
j’étais blessé aussi bien par le contenu du message que
par la manière dont il a été délivré. Je lui ai dit par
ailleurs de vous rassurer, par souci de responsabilité et
pour éviter toute crise inopportune, que je ferai tout mon
devoir pendant la période délicate avant, pendant et après
les élections, afin que la paix soit préservée dans notre
pays. Mais qu’après cette élection, compte tenu de
l’effritement continu de la confiance depuis bientôt (07)
ans et finalement de la perte manifeste de celle-ci, je
n’entendais plus continuer ma collaboration avec vous au
niveau du gouvernement.

J’ai fait part à mes proches de cette blessure ainsi que de


la décision de ne pas figurer au gouvernement après
l’élection présidentielle.
Après la clôture du dépôt de candidatures et ayant
constaté que la mienne n’y figurait pas, le directeur du
cabinet civil m’a à nouveau reçu pour me dire de ne pas
surinterpréter votre message qui est allé au-delà de votre
pensée et que vous me recevriez bientôt pour lever toute
équivoque. Je lui ai répondu que je n’étais pas
demandeur d’une audience et que ma décision de ne plus

47
faire partie du gouvernement après l’élection
présidentielle était non négociable. J’avais alors mesuré
toute la portée de ces paroles de Fénelon à Louis XIV :
«Vous êtes né, Sir, avec un cœur droit et équitable, mais
ceux qui vous ont élevé ne vous ont donné pour science
de gouverner, que la méfiance».
e) Après mon départ du gouvernement, une certaine
presse en furie et aux ordres, s’est mise à préparer
l’opinion (comme il est désormais de coutume) pour mon
incarcération à venir, faisant fi au passage des intérêts de
notre pays.
C’est ainsi que le monde entier apprendra que je suis à la
tête d’une armée de 6.000 rebelles ! A ce jour, je n’ai pas
été interrogé sur cette volonté affichée de déstabilisation
qui aurait été éventrée. A ma connaissance, ceux qui ont
publié cette grossièreté ne l’ont pas été non plus. On se
serait limité à dire que la grossièreté se le dispute à la
bêtise si ce n’est que c’est notre pays qui souffre de cette
image pré-insurrectionnelle.
De même, cette obsession à me lier à la France alors que
c’est du Cameroun qu’il s’agit ! Des notes de
renseignements vous parviennent selon lesquelles
l’ambassadeur de France à Yaoundé viendrait souvent à
mon domicile en cachette, dans une voiture banalisée,
afin que nous élaborions des plans de déstabilisation de
notre pays.

Aussi, des informations sont distillées dans le public sur


mes prétendues relations avec un grand industriel
français qui viendrait souvent clandestinement à Garoua
me rencontrer pour le même objet. Notre pays serait-il
devenu une passoire pour que l’on y pénètre sans visa ou

48
y faire atterrir des aéronefs sans une autorisation
préalable de survol du territoire ?
Monsieur le président de la République,
Vous me connaissez très bien. Je ne cache ni mes
opinions ni mes agissements.
Vous comprenez donc qu’ayant recouvré ma liberté de
parole car n’étant plus tenu par une quelconque
obligation de solidarité ou de réserve, je puisse exposer,
échanger et partager avec tous nos compatriotes mes
idées et mes réflexions que je vous réservais en toute
exclusivité ou que je ne développais qu’au cours des
réunions à huis clos. Ces idées et ces réflexions portent
particulièrement sur la paix et la justice.
Et avant de terminer, permettez-moi de vous assurer, que
du fond de mon cachot, je n’ai ni haine, ni regrets, et que
je ne nourris ni mélancolie, ni amertume. Surtout, je n’ai
aucune pulsion suicidaire. S’il m’arrivait quelque chose
par inadvertance, ce ne serait ni de mon fait, ni du fait
des repas que je me fais livrer par ma famille. Bien que
n’ayant pas particulièrement peur de la mort, j’aimerais
que si cette fâcheuse éventualité survenait, les
responsabilités soient bien établies.
Marafa Hamidou Yaya

Fenêtre
J’espère que les débats à venir permettront à nos
compatriotes de savoir quel est le rôle joué par tous les
intervenants, et cela à tous les niveaux. Vous savez
également ce que je pense de certaines de ces arrestations
spectaculaires. Wikileaks s’en est d’ailleurs fait
largement l’écho.

49
J’ai toujours préféré garder une liberté qui me permettait
de vous donner, en toute indépendance d’esprit, des avis
vous permettant de gérer les affaires de l’Etat dans le
plus grand intérêt de notre pays.

Cette indépendance d’esprit m’avait permis de vous dire,


après l’élection présidentielle de 2004, que ce septennat
devrait être le dernier pour vous et que nous devrions
tous nous mobiliser pour le succès des « grandes
ambitions » afin que votre sortie de la scène politique se
fasse avec fanfare, que vous jouissiez d’un repos bien
mérité, à l’intérieur de notre pays.

Entre agacement et irritation, vous m’avez tenu ces


propos : «…Monsieur le ministre d’Etat, vous êtes
combien de ministres dans ce gouvernement ? Peut-être
dix (10) ou quinze (15) tout au plus. Le reste, ce sont
des fonctionnaires à qui j’ai donné le titre ».

50
51
CHAPITRE 6
VERSET II
LA SECONDE LETTRE

DEUXIÈME LETTRE OUVERTE DE MARAFA


HAMIDOU YAYA AU PRÉSIDENT DE LA
RÉPUBLIQUE SUR LE CODE ÉLECTORAL ET LA
PRÉSERVATION DE LA PAIX.

Monsieur le président de la République

Vous avez promulgué la loi n°2012/001 du 19 avril 2012


portant code électoral. Permettez-moi de relever les
insuffisances et les omissions contenues dans cette loi
avant d’aborder la problématique du code électoral et
celle de la succession à la tête de l’Etat, afin de préserver
la paix dans notre pays.

I-Insuffisances et omissions de la loi du 19 avril 2012

En ma qualité d’ancien ministre de l’Administration


territoriale et de la Décentralisation, j’ai lu cette loi avec
attention.

J’ai noté pendant les débats à l’Assemblée nationale, la


sagacité des députés qui ont empêché que cette loi soit
adoptée en catimini et qui vous ont également évité le
parjure en s’élevant contre la disposition
anticonstitutionnelle du mandat impératif.

52
D’autre part, les insuffisances et les omissions ci-après
contenues dans cette loi méritent d’être adressées :

a)Article 70 (3) et (4)

Le récépissé remis au moment de l’inscription est source


de conflits. C’est un document non sécurisé. Il peut être
dupliqué, photocopié ou fabriqué par qui le voudra.
Aussi, les électeurs pourront, le moment venu, brandir
plusieurs récépissés en leur nom ou un même récépissé
délivré à plusieurs personnes. Il y aurait donc lieu de
remettre à chaque électeur sa carte électorale au moment
de son inscription sur la liste électorale.

b) Article 75 (3)

Cet article dispose qu’«en cas de refonte, le Directeur


général des élections peut proroger la période…pour une
durée n’excédant pas trois mois ». C’est-à-dire
concrètement que cette période pourrait aller jusqu’au 30
novembre.

Dans ce cas, la loi devrait aménager les autres délais se


rapportant à cette opération. En particulier :

-le délai de transmission au démembrement


départemental du procès-verbal des travaux de la
commission de révision des listes électorales, fixé au plus
tard le 20 octobre (article 78 (1)) ;

53
-le délai de transmission du fichier électoral provisoire du
département pour affichage, fixé au plus tard le 20
octobre (article 78 (2)) ;

-le délai de transmission du procès-verbal des opérations


rectificatives, fixé au plus tard le 10 novembre (article 79
(1)) ;

-le délai de transmission du fichier électoral révisé, fixé


au plus tard le 10 décembre (article 79 (2)) ;

-le délai de publication de la liste électorale nationale,


fixé au plus tard le 30 décembre (article 80).

c) Article 87 (1)

Il y aurait lieu de mettre fin à la campagne électorale


l’avant-veille du scrutin à minuit afin de permettre à
toutes les parties prenantes (candidats, partis politiques,
administration, Elecam et commissions locales de vote
notamment) de préparer sereinement le jour du scrutin.

d) Article 122 (2)

Un certificat médical devrait figurer dans les pièces


devant accompagner les déclarations de candidature à la
présidence de la République.

e) Titre VI

54
Nulle part dans la loi l’on ne trouve les dispositions
relatives à l’exécutif communal (maire et adjoints), à son
élection et au nombre d’adjoints aux maires. Elles
devraient être réintroduites.

f) Article 219 (1)

Il y aurait lieu de préciser que seuls les partis politiques


ayant pris part aux élections générales dans la région
concernée peuvent participer aux élections partielles,
comme cela a été pour les élections des députés (article
155 (4)) ; des conseillers municipaux (article 174 (1)) et
des conseillers généraux (article 268 (3)).

II-La problématique du code électoral

A la veille de l’élection présidentielle de 2004, j’ai


parcouru les dix (10) provinces de notre pays et j’ai tenu
des réunions publiques dans chaque capitale provinciale
avec l’ensemble des parties prenantes concernées par les
élections. Ces réunions, parfois houleuses, ont vu la
participation des chefs des partis politiques et de leurs
responsables à la base, des députés, des conseillers
municipaux, des chefs traditionnels, des responsables de
la société civile et naturellement de la presse.

A cette occasion, j’ai recueilli les doléances de nos


compatriotes portant sur le processus électoral. Celles-ci
portaient particulièrement sur l’amélioration de la

55
législation électorale et sur le retrait de l’administration
du processus.

En février 2006, je vous ai soumis la toute première


mouture d’un code électoral.

Au cours de l’année 2006, des missions d’étude ont été


envoyées dans certains pays et ont abouti à l’élaboration
de la loi du 29 décembre 2006 portant création,
organisation et fonctionnement d’ «Elections Cameroon
» (Elecam).

En février 2008, je vous ai soumis une mouture définitive


du projet de code électoral en vous suggérant que le
Premier ministre organise des consultations avec les
partis politiques et la société civile, leur remettre le projet
de code électoral afin qu’ils l’enrichissent éventuellement
pour aboutir à un document consensuel devant être
adopté par voie de référendum.

C’est ainsi que la loi fixant les procédures du référendum


a été adoptée par l’Assemblée nationale et promulguée le
13 avril 2010.

Monsieur le président de la République,

Des élections mal organisées ou dont les résultats sont


contestés sont sources de conflits et de rupture de la paix
sociale.

56
Un code électoral devrait être consensuel afin :

-d’encourager la participation d’un maximum d’électeurs


;

-de permettre des élections justes et transparentes


donnant toute leur légitimité aux élus ;

-de favoriser une culture d’acceptation des résultats.

Ce n’est malheureusement pas le cas du code objet de la


loi du 19 avril 2012.

D’autre part, vous connaissez mes réserves maintes fois


exprimées concernant l’organisation et le fonctionnement
d’Elecam. Nous avons tous été témoins des
dysfonctionnements de cet organisme à l’occasion de la
dernière élection présidentielle. Ce qui a obligé
l’administration de reprendre en main au dernier
moment, le processus électoral afin de sauver la paix
dans notre pays.

Je persiste à dire que tel qu’organisé et tel qu’il


fonctionne, Elecam ne pourra pas organiser les élections
législatives et municipales. Des propositions
d’amélioration de l’organisation et du fonctionnement de
cet organisme vous ont été faites en son temps ; elles
méritent d’être prises en compte afin de préserver la paix
dans notre pays.

57
Peut-être que mes inquiétudes sont infondées puisque les
élections législatives et municipales sont renvoyées aux
calendes grecques frustrant nos concitoyens de leur droit
de choisir leurs représentants.

Nous en arrivons ainsi à ce paradoxe : les pays en crise se


débattent pour organiser des élections afin d’en sortir.
Notre pays s’abstient d’organiser des élections et prend
de ce fait le risque d’être précipité dans une crise.

III- La problématique de la succession à la tête de l’État

Le 3 septembre 2010, je vous ai fait parvenir une note


(cf. annexe ci-joint) suite à des informations qui
m’étaient parvenues et selon lesquelles vous auriez
l’intention de faire modifier la Constitution en vue de
créer un poste de Vice-président de la République, avec
droit de succession à la Magistrature Suprême de notre
pays.

Dans cette note, je vous faisais part de ce que « la


lisibilité d’un successeur est tout à fait concevable dans
un système politique de parti unique fermé où tous les
acteurs politiques sont soumis à une discipline stricte
d’acceptation des choix de leur chef. Et même dans ce
cas-là, des difficultés surgissent, mettant en danger la
stabilité du Pays ». Notre pays en a d’ailleurs fait l’amère
expérience.

58
Je vous suggérais « de renforcer les structures qui, le
moment venu, doivent gérer une éventuelle succession ».

De côté, parti dominant auquel nous appartenons tous les


deux, « devrait voir le collège (Bureau politique ou autre
organe) chargé de designer l’éventuel candidat à la
Magistrature Suprême en cas de vacance, renforcé et
enrichi d’hommes de qualité ».

D’un l’autre côté, le « les organes constitutionnels


devraient être mis en place avec à leurs têtes, des
hommes très soucieux de l’intérêt national (Conseil
Constitutionnel et Présidence du Sénat notamment) ».

Les deux ou trois de mes proches à qui j’ai fait part de ce


qui précède ont désapprouvé ma démarche, au motif que
j’aurais pu être le bénéficiaire d’une éventuelle
désignation.

Je leur ai répondu que je n’avais aucune envie d’être


nommé Président de la République.

En effet, je suis porteur d’un projet mettant en avant les


exigences de PAIX et de JUSTICE permettant de bâtir
une société de confiance.

D’autres Camerounais sont certainement porteurs


d’autres projets. Il me semble naturel et sain que le
moment venu, chaque prétendant à la Magistrature

59
Suprême, soumette son projet, l’explique et le défende
devant nos compatriotes qui, à travers une élection libre
et transparente, choisiront celui ou celle qu’ils voudront
mettre à la tête de l’État. L’heureux bénéficiaire de leur
confiance aura ainsi toute la légitimité nécessaire pour
conduire son action pendant la durée du mandat qui lui
sera confié.

Monsieur le Président de la République,

Les Camerounais sont un peuple majeur. Laissez-les


choisir leurs représentants et leurs dirigeants en toute
liberté et en toute transparence. C’est la seule manière
d’assurer à notre pays un avenir dans la paix.

En ce qui concerne, de là où je suis, je continuerai à


parfaire le projet dont je suis porteur et à le soumettre,
chaque fois que cela est possible, à la critique de nos
compatriotes auxquels je propose d’ores et déjà que nous
nous mobilisions tous pour bâtir une société de
confiance.

Yaoundé le 13 mai 2012.


Yaoundé le 03 septembre 2010
Marafa Hamidou Yaya

60
Note

Pour Monsieur Le président de la République

Je vous prie de bien vouloir me pardonner de


devoir distraire votre très haute attention, en
évoquant l’importante question d’une éventuelle
modification de la Constitution dans un avenir
plus ou moins proche.

En effet, il m’est revenu que le vice-Premier


ministre, ministre de la Justice ainsi que le
ministre délégué à la présidence de la
République chargé de la Défense, ont fait des
indiscrétions, le premier à des journalistes
internationaux lors de son séjour à Brazzaville à
l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance
du Congo, et le second à quelques amis, sur votre
intention prochaine de créer un poste de vice-
président de la République , avec droit de
succession à la Magistrature Suprême de notre
pays.

Si leurs allégations étaient avérées, je vous livre


très humblement une modeste réflexion sur cette
question importante de la vie de la Nation.

61
En effet, depuis que vous avez installé le
Cameroun dans la modernité en faisant de lui un
pays démocratique et ouvert, la lisibilité du
successeur potentiel du Président de la
République devient un facteur d’instabilité et
perturbateur en ce qu’elle pourrait organiser de
façon permanente, de petits trafics d’influence et
de spéculations. Par ailleurs, la personne
désignée fera de la part de certains de vos fidèles
et inconditionnels, l’objet d’ « attaques »
systématiques, quand ce ne sont pas les
originaires d’autres tribus, frustrés de la non-
désignation d’un des leurs ; qui s’en
chargeraient. Tout ceci est de nature à parasiter
et à paralyser un système politique en quête
d’efficience pour la réalisation des grands projets
de développement qui vous tient à cœur.

La lisibilité d’un successeur est tout à fait


concevable dans un système politique de parti
unique fermé où tous les acteurs politiques sont
soumis à une discipline stricte d’acceptation des
choix de leur chef. Et même dans ce cas-là, des
difficultés surgissent, mettant en danger la
stabilité du pays.

62
Par contre, il serait peut-être probablement plus
indiqué de renforcer les structures qui, le
moment venu, doivent gérer une éventuelle
succession. Ces structures concernent le parti
dominant qui devrait voir le collège (Bureau
politique ou autre organe) chargé de désigner
l’éventuel candidat à la Magistrature Suprême en
cas de vacance, renforcé et enrichi d’hommes de
qualité. Simultanément, les organes
constitutionnels devraient être mis en place avec
à leurs têtes, des hommes très soucieux de
l’intérêt national (Conseil constitutionnel,
Présidence du Sénat).

Dans un pays comme le notre, cette solution de


renforcement de structures (organes
constitutionnels et parti) , offre l’avantage
d’évacuer, sinon diluer le débat sur la succession
qui ne serait plus cristallisé sur un seul individu.
L’exemple du Gabon, pour lequel vous avez joué
un rôle stabilisateur important, est éloquent à cet
égard ; alors que celui du Nigéria, où le
successeur est d’emblée lisible (quoique élu sur
le même ticket que le président de la

63
République), est porteur d’importants germes de
déstabilisation.

Monsieur le Président de la République,

Ma modeste contribution a aussi pour avantage


de placer le Chef de l’Etat, et lui exclusivement,
au cœur du système politique jusqu’au bout ;
tous les acteurs politiques significatifs ne
réalisent le consensus qu’autour de sa personne.

Je serai honoré de pouvoir mieux exposer et


densifier ma suggestion à l’occasion d’une
prochaine audience, lorsque le calendrier de
Monsieur le Président de la République le
permettra.
Yaoundé, le 03 Septembre 2010
Marafa Hamidou Yaya

64
CHAPITRE 7
LETTRE DE LA JEUNESSE

Au lendemain de cette deuxième lettre de Marafa, la


jeunesse Camerounaise intriguée, s’adresse alors au
Ministre d’État à travers une correspondance.

Yaoundé la 14 mai 2012


Lettre de la jeunesse à Monsieur le Ministre d’État
Marafa Hamidou Yaya
La jeunesse Camerounaise réunie au sein du
Rassemblement de la jeunesse (RJC), a l’honneur de
vous adresser la présente au lendemain de la publication
de votre seconde lettre ouverte à Monsieur le président de
la république.

Nous sommes de la génération qui n’avons pratiquement


connu que Paul Biya (et son régime y compris vous)
comme président. Pour ceux qui comme moi sont âgés
de trente quatre ans à ce jour, vos lettres nous enseigne
assez sur le fonctionnement de notre pays ces trente
dernières années, et nous vous en remercions pour la
mémoire de l’histoire.

Toutefois, nous restons intrigués.

Les simples d’esprit que nous sommes (pour le régime


que vous avez servi pendant tout ce temps, les jeunes
sont des écervelés simples d’esprits) attendions que dès
votre première prise de parole après votre arrestation,

65
vous vous acquittiez d’un devoir d’explication, votre
version de fait dans la scabreuse affaire des trente un
millions de dollars destinés à l’achat de l’avion
présidentiel, et dont vous êtes accusé d’avoir avec des
coaccusés, détourné à vos fins personnels.

Que s’est-il passé dans cette affaire ?

Quelle est votre part de responsabilité ? Etc.

Des questions simples de la jeunesse camerounaise


(simple d’esprit) qui a le droit de savoir.

Dites-nous votre part de vérité, Monsieur Le Ministre.

Vous avez partagé avec nous vos confidences avec le


président, vous nous avez appris beaucoup d’autre chose,
vous avez donné votre avis sur le code électoral, Vous
avez parlé à propos de la succession du président Biya,
merci, mais vous ne nous avez rien dit à propos de ce
dont on vous accuse. Certes, nous ne sommes pas des
juges, mais nous sommes le peuple, et nous avons le droit
de savoir.

C’est tout ce qui nous intéresse d’abord, car vous êtes


sans ignorer que la mal gouvernance, la corruption, les
détournements de deniers public sont actuellement ce qui
maintien la jeunesse dans une situation de misère
perpétuelle dans le régime qui était le vôtre. Certains sont

66
prisonniers des hôpitaux pour incapacité à régler des
notes infimes de soins.

Jusqu’ici l’attitude du régime vis-à-vis de la jeunesse est


une attitude de mépris et de snobisme. Nous espérons que
vous daignerez nous répondre en faisant la différence.
Respectueusement
Sismondi Barlev BIDJOCKA
Porte-parole de la jeunesse Camerounaise
TEL : 77 85 89 19

67
CHAPITRE 8
VERSET III
LA TROISIÈME LETTRE DE MARAFA

Le Ministre d’État répond à la lettre de la jeunesse.

Quelques jours après cette sortie du Rassemblement de la


jeunesse Camerounaise, Marafa réagit :

‘’Qui a peur d’un procès transparent et public ?’’

Depuis mon incarcération, les camerounais s’interrogent


sur les raisons pour lesquelles je ne m’exprime que sur
les sujets autres que celui pour lequel je suis supposé être
détenu. En effet, le 16 Avril 2012, répondant à une
demande du juge d’instruction près le tribunal de grande
instance du Mfoundi, pour y être entendu sur les faits
relatifs à l’affaire « Ministère public et Etat du
Cameroun contre Atangana Mebara Jean-Marie, Otélé
Essomba Hubert, Mendouga Jérôme, Fotso Yves
Micchel et autre » (c,annexe n°1). J’ai été mis sous
mandat de dépôt au motif vague de « Détournement de
deniers publics en coaction et complicité (c.f annexe
n°2)…

Je ne sais ni quand ce détournement a eu lieu , ni sur quoi


il porte , ni de quel montant il s’agit, ni qui en est l’auteur
principal , ni quels sont les complices.

68
Je présume qu’il s’agirait de l’affaire relative à
l’acquisition d’un avion pour les déplacements du
président de la république, pour laquelle la juge
d’instruction aurait été instruit de m’imputer une
indélicatesse pour laquelle il avait rendu une ordonnance,
de disjonction en janvier 2010 et dont j’ai eu
connaissance, car mise en ligne sur internet et publiée
dans son intégralité par la presse Locale.

S’il s’agit effectivement de cela, je réitère solennellement


mon innocence malgré « les vraisemblances » dont il
me revient qu’elles auraient assemblée pour les bénéfices
de la cause et qui relèvent d’une démarche inductive.

Je rappelle à nouveau que lorsque les enquêtes relatives à


l’acquisition de d’un aéronef destiné au président de la
république ont été ouvertes et que les différentes
personnes ayant intervenu dans ce dossier ont été
interrogées, c’est moi qui avait, par acquis de conscience,
sollicité le président de la république par note en date du
7 mai 2008 pour être également entendu par les
instances compétentes dans le cadre de ces enquêtes,
afin de contribuer à la manifester la vérité. C’est ainsi
que j’ai été interrogé le 15 juillet 2008 par par les
responsables de la direction de la police judiciaire ; A ce
jour, c’est la seule fois qu’il m’a été demandé quelque
chose sur cette affaire.

69
Au stade où nous en sommes rendus, les camerounais ont
en effet le droit de savoir toute la vérité sur cette
malheureuse affaire du BBJ-II , à travers un procès
transparent et équitable qui seul, permettra de mettre fin à
l’imbroglio et à tout l’amalgame entretenus dans cette
affaire, et à dessein, me semble t-il.

I- DU CHOIX DE GIA INTERNATIONAL

Les principaux intervenants nationaux dans l’affaire de


l’acquisition du BBJ-II5 (boieng 737-800) sont : Le
président de la république, le secrétaire général de la
présidence de la république que j’étais, le Ministre de
l’économie et des finances, le chef d’état-major
particulier du président de la république, et
l’administrateur-directeur général de la Cameroon
Airlines( CAMAIR)

Au vu des informations dont nous disposons tous, aucun


d’entre nous n’avait présenté une objection quelconque à
ce que CAMAIR conclue un contrat avec GIA
INTERNATIONAL dans le cadre de cette acquisition. La
multinationale « THE BOEING COMPANY » n’a pas
hésité non plus à conclure et à signer un contrat avec GIA
INTERNATIONAL.

II- DU PAIEMENT DE GIA INTERNATIONAL

Au cours de nos différentes réunions relatives à cette


affaire, nous arrivés à deux (02) conclusions :

70
1- Le contrat devant lier CAMAIR et GIA
INTERNATIONAL comportait trois volets (03)
trois volets :
- La fabrication de l’avion par the Boieng
company ;
- La configuration de l’Habillage intérieurs par
la société « JET AVIATION » basé en suisse,
choisie par l’état major du président de la
république ;
- Et des équipements annexes (équipements de
communication sécurisés, systèmes de
protection anti-missiles notamment)

GIA INTERNATIONAL devait recevoir un « security


deposit » de trente un (31) millions de dollars, grâce
auquel cette société devait lever des financements pour
l’ensemble de ces opérations d’une valeur totale de
soixante douze (72) millions de dollars et livrer le BBJ-II
prêt à être utilisé. La durée du remboursement de ces
financements était fixée à dix (10) ans.

2- Le « security deposit » de trente et un (31)


millions de dollars devait s’éffectuer à travers
l’émission d’une « stand by letter of credit »
(accréditif à paiement différé) au profit de GIA
INTERNATIONAL qui se chargerait, grâce à
cette garantie et le nantissement de l’aéronef, de
lever des financements sur le marché
international. Cela présentait l’avantage d’éviter à

71
notre pays une prise de risque initiale excessive,
dès lors que la somme pour laquelle l’état
s’engageait n’était guère libérée et transférée
d’avance à GIA INTERNATIONAL.

Le Ministre de l’économie et des finances s’est opposé à


l’émission d’une « stand by letter of credit » et a dit qu’il
trouverait le moment venu, d’autres moyens pour payer
la « security deposit » à GIA INTERNATIONAL.

Le Ministre de l’économie et des finances était celui qui


avait en charge la gestion de la trésorerie de l’état. Je
n’avais ni à douter de ses propos, ni à lui donner des
instructions sur cette question.

Concernant ma qualité de président du conseil


d’administration de la SNH, il me convient de signaler
que cette fonction ne me donnait aucunement la latitude
d’interférer dans la gestion des revenus pétroliers
destinés, à ma connaissance, à alimenter le budget de
l’état, géré par le Ministre de l’économie et des finances.

C’est d’ailleurs pour cela que je n’ai jamais convié


l’administrateur-directeur général de la SNH à aucune
réunion relative à un financement quelconque, ni à
l’occasion de cette affaire, ni à toute autre occasion
pendant que j’étais secrétaire général de la présidence de
la république.

72
J’ai été informé, une quinzaine de jours après notre
réunion, relative à l’acquisition du BBJ-II, par
l’administrateur-directeur général de la CAMAIR, et à
ma grande surprise, que les trente et un millions de
dollars (31) avaient été virés directement dans un compte
de GIA INTERNATIONAL aux États-Unis par le
Ministre de l’économie et des finances.

III- DE LA SUITE DE LA PROCÉDURE

A mon départ du secrétariat général de la présidence de


la république le 24 août 2002, le BBJ-II avait été
fabriqué par Boieng, le contrat relatif à la configuration
et à l’habillage intérieur de cet avion avait été conclu et
signé par JET AVIATION. Il y a lieu de noter que cette
société suisse n’avait pas non plus hésité à conclure et à
signer un contrat avec GIA INTERNATIONAL.

Il semblerait qu’après mon départ du secrétariat général


de la présidence de la république, d’après la lettre en date
du 04 septembre 2003 adressée à l’ambassadeur du
Cameroun à Washington par la société Boeing et dans
laquelle cette société exprimait son étonnement et son
embarras (conf annexe n°3), l’on se serait orienté vers
l’acquisition d’un Boeing 767-300 VIP en lieu et place
du BBJ-II (737-800). Et qu’en attendant la fabrication de
ce nouvel aéronef, un avion de type 767-200 d’occasion
aurait été loué ; c’est ce dernier qui aurait été baptisé
« l’albatros »

73
De ce fait, le contrat entre CAMAIR et GIA
INTERNATIONAL aurait été rompu et notre pays aurait
engagé des poursuites aux Etats-Unis à l’encontre de
GIA INTERNATIONAL ; poursuites ayant abouti à un
jugement en Aout 2006 à portland, dans la région de
l’Oregon, par lequel la Cameroun aurait été indemnisé.

Au vu de tout ce qui précède, je m’interroge sur les faits


suivants :

- Pour quelle raison le ministre de l’économie


et de finances a-t-il préféré transféré l’argent
de GIA INTERNATIONAL plutôt que
d’utiliser la solution sécurisée de la « stand
bye letter of credit » qui était proposée ?

- Pourquoi avoir décidé d’acquérir un Boieng


767-300 VIP en lieu et place du BBJ-II
(Boeing 737-800) déjà fabriqué.

Les réponses à ces questions permettraient d’édifier les


camerounais et prouveront mon innocence dans ce qui
semble m permettraient d’édifier les camerounais et
prouveront mon innocence dans ce qui semble m’imputé.

Dès lors, plus que tout autre, je réclame et je revendique


toute transparence à travers un procès équitable, dans le
cas où ce serait pour cette affaire que je suis incarcéré,
afin que toutes les responsabilités soient établies et que ,

74
le cas échéant, l’honneur et la dignité de ceux qui sont
injustement incriminés soient restaurés.

Marafa Hamidou Yaya


22 MAI 2012

OBSERVATIONS

Au bout de cette troisième lettre, la lumière commence à


se faire. Le Ministre des finances dont il est question ici
c’est Michel Meva’a Meboutou, l’oncle du président de
la république. C’est lui qui choisit délibérément d’ignorer
la procédure sécurisée du « stand by letter of credit »
pour expédier directement les fonds à GIA
INTERNATIONAL ; Pourquoi ? A-t-il une directive
écrite pour une « haute instruction » dans ce sens ? Les
débats au cours du procès à venir nous permettrons
d’avoir sa réponse, car c’est bien là le nœud du problème.

Le non respect des lois, des règles qu’on s’impose au


Cameroun, c’est bien ce qui fait problème avec le régime
du renouveau : de bonnes lois, des bonnes règles, mais
que personne ne respecte jamais. Le très respectable
Nelson Mandela citant Cheik Anta Diop en 2003, disait,
« la pire dérive morale pour une société, c’est d’atteindre
le degré de décrépitude où la loi ne représente que le
symbole ».

75
CHAPITRE 9
25 MAI 2012
MARAFA HAMIDOU YAYA, POLYCARPE ABAH ABAH, YVES MICHEL FOTSO
TRANSFÉRÉS AU SED (SECRÉTARIAT D’ETAT A LA GENDARMERIE)

Marafa Hamidou Yaya, Polycarpe Abah Abah et Yves


Michel Fotso ont été transférés au secrétariat d’État à la
Défense (Sed) dans la nuit de Vendredi à Samedi, nuit du
25 au 26 mai 2012. Rappelons que le Ministre de la
justice Laurent Esso a prit soin auparavant de rendre
public un texte faisant des cellules du SED, une
extension de la prison centrale de Yaoundé.

Selon des sources proches du pénitencier, ce changement


de lieu détention est effectué dans le but de limiter les
visites et d’isoler les concernés. En effet, ces derniers
temps l’opinion publique été ébranlée suffisamment par
l’opération épervier qui n’a jamais fait l’unanimité. Les
récentes lettres de Marafa Hamidou Yaya, au président
Paul Biya et au peuple camerounais ont fait et continuer
de faire couler beaucoup d’encre. Des tracts de soutien

76
ont en tout cas envahi la ville de Douala et commencent à
arriver à Yaoundé.

Il y a deux semaines, (Nous sommes le 28 mai 2012)


Polycarpe Abah Abah, alors qu’il avait visiblement
obtenu une permission de la part du régisseur de la prison
centrale, a été arrêté à son domicile du quartier Odza à
Yaoundé, par un commando d’élite et accusé de tentative
d’évasion.

77
CHAPITRE 10
LA RIPOSTE :
FAME NDONGO RÉPOND A MARAFA
ALORS QUE L’OPINION S’INTERROGE SUR LE
SURPRENANT SILENCE DU RDPC FACE AUX
ATTAQUES DE MARAFA,
Le 30 mai 2012, Jacques Fame Ndongo se décide enfin à
répondre à Marafa, a travers une lettre publiée dans le
journal du parti « L’ACTION »

« UN PLAIDOYER PRO-DOMO PEUT SE SITUER


À DES ANNÉES-LUMIÈRE DE LA VÉRITÉ »

A travers les médias, les militants du RDPC, les


Camerounais et les internautes du monde entier ont
assisté, éberlués, à la naissance d’un écrivain
camerounais qui rivalise d’inspiration et de ténacité avec
les célébricimes romanciers épistolaires français : Pierre
Choderlos de Laclos, (les liaisons dangereuses », 1782) ,
Jean-Jacques Rousseau « Julie ou la nouvelle Héloïse »
1761). Ou encore Madame Marie de Rabutin Chantal,
Marquise de Sévigné (qui écrivit les lettres « lettres » à sa
fille, Mme Rabutin Chantal de Grignan, pendant 30 ans
au 17e siècle). Naturellement, chaque écrivain a son style
(« le style c’est l’homme », nous apprends Georges-Louis
Leclerc, comte de Buffon). Autant celui des prosateurs
ci-dessus cités est limpide, fluide et étincelant, autant la
prose épistolaire du camarade Marafa Hamidou Yaya est
rigide, sèche, voire arithmétique. Normal : l’ex-Ministre
d’état, Ministre de l’administration territoriale, s’inscrit,
non dans le registre de la tendresse et de l’amour comme

78
Rousseau, Laclos, ou Mme de Sévigné, mais dans la
logique du désamour, de la « terreur amoureuse » (dirait
Shakespeare) ou du conflit politique que décrit si bien
Maurice Duverger, éminent professeur de sociologie
politique : « Le combat politique se déroule sur deux
plans :d’un côté entre les hommes, des groupes et des
classes qui luttent pour conquérir, partager ou influencer
le pouvoir ; de l’autre, entre le pouvoir qui commande et
les citoyens qui lui résistent » (introduction à la politique,
P.27). Bien que le président Paul Biya conduise une
politique de rassemblement, de concorde et de
démocratie, apaisée, il semble que d’aucuns préfèrent une
politique conflictuelle et haineuse. Ils n’hésitent pas à
tenir la dragée haute au président de la république, quitte
à transgresser le devoir de réserve qui est un sacro-saint
principe de droit administratif et à vitupérer (comme
Marafa) celui qui, discrétionnairement, l’a politiquement
hissé au firmament, il y a 20 ans (1992 ; Secrétaire d’état
aux finances). Mais cette attitude atypique ne nous
surprend guère, l’histoire étant parsemée de ces
reniements aussi loufoques que machiavéliques et
spectaculaires.

Au Niveau du Secrétariat à la communication du RDPC,


nous procédons à l’autopsie de la littérature épistolaire du
camarade Marafa, à l’aune de trois articulations.

- Discipline du parti
- La politique de la nation

79
- Le terrain judiciaire

Discipline du Parti

Le camarade Marafa Hamidou Yaya est membre du


RDPC, du Comité Central et du Bureau Politique.
Jusqu'à preuve du contraire, nous le considérons comme
l'un des nôtres, à part entière. Toutefois, si, " de jure ", il
appartient au RDPC, " de facto ", il semble avoir pris ses
distances (c'est un euphémisme) avec le RDPC dont il est
membre du Bureau politique depuis près de deux
décennies et, à ce titre, il est chargé d'assister le Président
National du RDPC (S.E. Paul BIYA) dans la conduite
des affaires du Parti en dehors des réunions du Comité
Central (article 26, alinéa 1 des Statuts). En présentant
aux Camerounais son projet de société, il se démarque
du RDPC (pour lequel il a battu campagne pendant
de longues années) car ce Parti soutient la politique
définie par le Président de la République, Président
National du RDPC. Je rappelle que le camarade Marafa
a toujours approuvé les résolutions de politique générale,
de politique économique et financière et de politique
sociale et culturelle inhérentes aux différents congrès
ordinaires et extraordinaires du RDPC depuis une
vingtaine d'années, y compris le Congrès ordinaire de
2011 dont il était l'un des membres de la commission de
politique générale. Stricto sensu, " la qualité de membre
du RDPC se perd soit par démission, soit par exclusion "
(article 9 des Statuts). Je ne sache pas que l'une ou l'autre
hypothèse soit validée. Toutefois, le fait, pour un membre
du RDPC, de présenter aux Camerounais un projet de
société autre que celui du Président National induit,

80
implicitement, que ce camarade déroge sciemment aux
dispositions pertinentes de l'article 31 des Statuts. Cela
signifie qu'il en tire, lui-même, les conséquences. Le
principe aristotélicien du tiers-exclu nous apprend que
nul ne saurait " être et ne pas être ".

- La politique de la Nation

L'article 5 de la Constitution stipule que " le Président de


la République définit la politique de la Nation ". Au
RDPC, nous constatons que pendant près de vingt ans
(Secrétaire d'Etat aux finances, Conseiller spécial du
Chef de l'Etat, Ministre d'Etat Secrétaire général de
la Présidence de la République, ministre d'Etat,
ministre de l'administration territoriale et de la
décentralisation où il fut en fonction pendant dix ans :
2002 – 2012, président du Conseil d'administration du
FEICOM), le camarade Marafa a toujours
scrupuleusement appliqué la politique définie par le
Président de la République, sans que la moindre
disjonction politique ne soit rendue publique entre celui
qui l'a nommé par décret cinq fois à des postes on ne peut
plus sensibles et lui-même.

Un décodage textuel de ses " Lettres "» nous permet de


déduire qu'il ne soutient plus cette politique. Mieux, il est
porteur d'un projet présidentiel autonome. Qui pis est, il
couvre d'opprobre son ancien mentor et promet, selon
certaines indiscrétions, de " déféquer " (excuser la
métaphore rabelaisienne) encore davantage sur celui
qui le nomma ministre d'Etat et le coopta, à 44 ans, au
Bureau politique du Parti proche du pouvoir. C'est

81
son droit le plus élémentaire, le Cameroun étant un Etat
de droit, une démocratie plurielle et un pays où " il n'est
plus besoin de prendre le maquis pour exprimer ses idées
", (dixit Paul BIYA à Bamenda, le 22 mars 1985). Au
demeurant, le Chef de l'Etat est un apôtre inoxydable
du libre débat d'idées : " Je suis convaincu de ce que la
construction du Cameroun moderne exige non seulement
la participation active de tous les enfants de mon pays,
mais encore et surtout une nouvelle organisation de la
vie commune qui repose sur le débat permanent dans la
libre confrontation des idées " (Pour le libéralisme
communautaire, p. 152).

Mais, le bât blesse à trois niveaux : d'abord la diversion (


je ne dis pas la " subversion ", un concept que, fort
heureusement, le Renouveau a proscrit du lexique
politique camerounais et qui, en d'autres temps, sema la
terreur dans de nombreuses familles camerounaises). Le
camarade Marafa est attendu sur le terrain judiciaire (au
tribunal) ; mais, il s'illustre sur le champ politique, ses
contempteurs diraient " politicien " en présentant à
l'opinion publique mondiale sa version des faits. C'est un
plaidoyer pro-domo, qui, comme chacun le sait (lui-
même y compris) peut, à l'instar de tous les plaidoyers
pro-domo, se situer à des années-lumière de la vérité ;
ensuite le divertissement (j'emprunte ce terme à Blaise
Pascal qui, dans Les Pensées, 1670, fustige l'attitude. de
l'Homme : incapable de regarder la réalité en face, il
cherche un exutoire où il peut s'auto-sublimer). C'est une
démarche tout à fait psychanalysable, la sublimation
étant un reflet du " ça " ; enfin, le manichéisme : le Chef
de l'Etat est peint sur un registre dantesque voire

82
ubuesque (Ubu Roi), lors même que l'image connue et
reconnue de S.E. Paul Biya est celle d'un homme d'Etat
pondéré, sage, perspicace, patriote, démocrate. Pensons
aux trésors de diplomatie, de finesse, de patience qu'il a
dû déployer pour affirmer la camerounité de la presqu'île
de Bakassi. Et quid de l'image du camarade Marafa ?
Selon lui-même, elle est angélique (loyauté, intégrité,
engagement, fidélité, rejet de la courtisanerie et de la
duplicité, conseils pertinents et perspicaces au Prince).
Voire !

Le terrain judiciaire

C'est sur ces eaux véridiques que le peuple camerounais


attend, maintenant, le camarade Marafa (et non sur de
prétendues " révélations fracassantes " ou sur un
narcissisme autopurificateur).

À ce sujet, il ne serait pas incongru de rappeler les


dispositions de la Constitution : " La Justice est rendue
sur le territoire de la République au nom du peuple
camerounais " (article 37). Au lieu de jeter l'anathème
sur le Chef de l'Etat qui est " le garant de l'indépendance
du pouvoir judiciaire " (article 37 de la Constitution) et
non le castrateur des ambitions présidentielles de certains
Camerounais (peut-on dire, pour prendre un
échantillon aléatoire, que Dieudonné Angoula, Gilles
Roger Belinga, Joseph Edou, Siyam Siwé, Mme
Haman Adama etc. voulaient devenir Président de la
République ? Garga Haman, Haméni Bieleu, J.J.
Ekindi, et John Fru Ndi sont-ils en prison ? ), le
camarade Marafa devrait plutôt préparer avec méthode et

83
rigueur son argumentaire devant la Cour, où il y aura des
débats publics et contradictoires, à moins que ses avocats
que nous supposons pugnaces et sagaces, ne l'aient déjà
fait. C'est au tribunal que l'on " dit le droit " et non
sur Internet. Quelle est la problématique ? Convaincre
le juge, le moment venu, qu'il doit partir du statut de "
prévenu " (qui est le sien actuellement) à celui d'innocent
(non coupable), car il bénéficie toujours de la
présomption d'innocence que lui reconnait la Loi.

Gloser sur les intentions d'Hérode qu'aurait le président


de la République, " les insuffisances du code électoral "
qu'il appliqua sans sourciller officiellement (avant sa
modernisation en 2012) quand il était ministre d'Etat,
ministre de l'administration territoriale et de la
décentralisation, les entretiens privés avec le chef de
l'Etat, les avis et conseils dont il crédita le Président de la
République quand il occupait de hautes fonctions
ministérielles (l'avis d'un citoyen, fût-il ministre d'Etat et
membre du Bureau Politique, n'engage guère le peuple
camerounais qui, seul, peut, souverainement et
démocratiquement, par les urnes, décider du maintien ou
non, à ses fonctions régaliennes, du Président de la
République). Les " Lettres " du camarade Marafa
participent de ce que René Descartes appelle " une
opinion " (essentiellement relative, voire subjective) et
non pas, nécessairement, " la vérité ". Celle-ci requiert
les pré-requis méthodologiques suivants : observation,
hypothèse, vérification, loi.

Seul le pouvoir judiciaire est habilité à transformer


une opinion (plaidoyer pro-domo, plaidoirie d'un

84
avocat, articles décapants des médias, tracts
subrepticement placardés ou jetés dans la rue pour
que le prévenu soit « libéré » etc.) en une vérité, un
mensonge ou une demi-vérité. Et la décision de la
Cour a une valeur apodictique (encore que les voies
de recours soient possibles, grâce à la procédure de
l'appel). Ce n'est pas à un Ingénieur pétrochimiste de
haut vol que je l'apprendrais, car il s'agit-là, des
fondements irréfragables de la démarche scientifique
explicités par Gaston Bachelard. En définitive, nous
attendons (sans passion, rancune, rancœur ni haine)
ce que dira la Justice.

La séparation des pouvoirs que recommande Charles de


Secondat, baron de La Brèche et de Montesquieu dans
L'Esprit des lois (1748) nous amène à rappeler que le
Président Paul Biya ne dit pas le droit, en sa qualité de
chef du pouvoir exécutif. Cette prérogative appartient au
pouvoir judiciaire qui rend la justice, au nom du peuple
camerounais, en toute indépendance.

JACQUES FAME NDONGO (Secrétaire National à la communication du RDPC)

85
CHAPITRE 11
MIS AU POING
Qui dans ce pays de Paul Biya n’a jamais trempé la main
dans l’illégalité ? Personne, mais alors personne. Il ne
s’agit pas de justifier ou de dédouaner les responsables
d’atteinte à la fortune de l’état, mais de souligner que
pour la jeunesse, cette opération n’est plus une opération
d’assainissement, mais politique !
Le Cameroun a besoin d’une transition : que ce soit
Marafa ou Fame Ndongo qui remplace Paul Biya, on
veut une transition, maintenant !
Donner de l’argent à la presse à gage pour traiter Marafa
d’homosexuel (parce qu’on sait que la jeunesse déteste
cette criminalité de mœurs), que Direct8 la télévision de
Bolloré diffuse en ce mois de Mai 2012 un documentaire
où il dit que Marafa a prit 12 milliards pour privatiser
RGIFERCAM (CAMRAIL), qu’il a un palis à Kribi, une
agence immobilière etc…tout ça ne sert à rien, nous ne
sommes pas dupe, et nous trouvons cette riposte minable
! Mais c’est effectivement la politique, et c’est de bonne
guerre ! Toutefois, on se doit de dire qu’il s’agit de
politique, car comme le disait Hoderer, le personnage de
Jean Paul Sartre dans « Les Mains salles », En politique,
toutes les armes sont bonnes quand elles sont efficaces, et
la fin justifie les moyens.

Du timing des révélations de MHY

Un ami me fait remarquer que le timing des révélations


semble très bien réfléchi. Une perche a d'abord été tendue
aux partis politiques et aux chancelleries occidentales à
travers les lettres sur le code électoral et sur

86
l'instrumentalisation politique de son procès. Les derniers
l'ont saisie, les premiers n'ont pas assuré. Probablement à
cause de leur manque de courage, ou bien d'une absence
de stratégie.

Ensuite, à travers la lettre au sujet du Crash de la Camair,


une perche a été tendue à la communauté nationale, à la
Société civile, et encore aux partis politiques. L'objectif
ici est d'inciter les concernés et les partis politiques, plus
légitimes là dessus, à appeler à l'ouverture d'une enquête
pour établir les faits dénoncés.

Ne soyons pas pressés! Les révélations sur la gestion de


l'argent du pétrole viendra en temps opportun, soit
probablement lorsque l'arrêt de la subvention sur le
carburant viendra se rajouter à l'augmentation du prix de
l'électricité. Tout cela est bien prévue.

Dès que la moindre consultation électorale sera


annoncée, les révélations sur les fraudes électorales de
2004 et 2011 seront sur la place publique. Ce type me
semble bien préparé, ce n'est pas pour rien que les Barons
du Parti refusent presque tous de s'exposer.

Remarquez que dans sa stratégie à éviter de se prononcer


sur le fond de l'affaire Bb Jet, il évite uniquement de
tomber sur le coup de la loi. Pourtant, il a très bien dans
le cadre de sa troisième lettre ramené l'instruction aux
question fondamentales. Toute sa stratégie de récusation
du juge semble donc basée sur la nécessité de reprendre
l'instruction dès le départ. Pas bête le mec!

87
Enfin, dans chaque "opus", MHY ne manque pas de citer
un grand Penseur (Francophone d'abord, puis
Anglosaxon...), pour faire passer un message fort,
carrément un slogan! Ce n'est pas du tout un hasard

Une riposte Minable, orchestré dans la presse par le régime, destinée à


salir ! Marafa n’a jamais été homosexuel ! Parce qu’on sait que la
jeunesse a horreur de cette pratique, on l’utilise pour instrumentaliser
l’opinion !

88
CHAPITRE 12
L’AVOCAT

QUELQUES JOURS AUPARAVANT L’AVOCAT DU


MINISTRE D’ETAT AVAIT PARLE :

Communiqué de presse

Il est tellement plus prudent de rester les bras croisés et


de regarder, de bien loin, alors que la réputation et
l’honneur d’une autre personne sont traînés dans la boue.
Toutefois, n’oublions pas la célèbre mise en garde de
Dante qui dans son œuvre La divine comédie déclare que
l’endroit le plus chaud de l’enfer est réservé aux
personnes qui en période de crise morale refusent de
prendre position ! Pour ma part, je prends position aux
côtés de M. Marafa : un monsieur décent et honorable,
que je connais voici plus de deux décennies, aux Etats-
Unis pour la première fois et puis au Cameroun. Au fil
des années, notre amitié est allée au- delà de nos
divergences politiques. Après avoir consacré vingt
années de ma vie professionnelle à la recherche, à
l’écriture, et à travailler comme consultant dans le monde
entier, sur des questions liées à la corruption dans les
milieux d’Etat et sur des crimes économiques, je devrais
être en mesure de reconnaitre un criminel économique :
M. Marafa en n’est pas un ! Au cours des jours et mois à
venir nous allons vous le prouver.

Marafa Hamidou Yaya est un éminent fils du Cameroun


qui s’est mis au service de son pays, ses concitoyens et

89
de son Président avec loyauté, fidélité et brio, pour 17
longues années. Ce monsieur mérite mieux que d’être
emprisonné dans une cellule d’une prison à haute
sécurité. Pour cette raison, nous qui sommes chargés de
sa défense sommes déterminés à faire tout notre possible
afin d’assurer qu’il est traduit devant la justice pour
pouvoir contester ces fausses accusations. Tout au long
du procès, si on en arrive là, nous allons également
veiller à ce que ses droits, garantis par la constitution, à
une procédure équitable soient respectés à la lettre. Au
rang de ces garanties essentielles à un procès équitable
figurent :

o son droit à la présomption d’innocence jusqu’à preuve


de sa culpabilité avec le Ministère public portant la
charge de prouver la culpabilité de M. Marafa « au delà
de tout doute raisonnable », la plus haute norme de
preuve en matière de règle de preuve ;

o son droit à une notification rapide de la nature des


charges retenues contre sa personne ;

o son droit à être juge sans retard déraisonnable.

Nous mettons un accent particulier sur ces garanties


procédurales, car elles figurent au rang des valeurs
incontournables de toute société démocratique que le
Cameroun prétend être. Ces droits sont davantage
indispensables dans un contexte ou, comme c’est le cas
ici, l’accusé risque perdre sa liberté pour une longue
période.

90
Tout en veillant de près au respect des droits de notre
client à une procédure équitable, la défense s’attaquera
également aux accusations criminelles, au cas où il y en
aurait, qui seront lancées contre M. Marafa Hamidou. En
conséquence, la défense montera une défense vigoureuse
et agressive contre chaque chef d’inculpation ; contestant
à chaque étape les faits présumés et les arguments
juridiques appuyant chaque chef d’inculpation.

Je n’exagère point lorsque j’affirme que les yeux du


monde sont rivés sur le Cameroun, suivant le
déroulement de l’enquête menée contre le Ministre
Marafa Hamidou Yaya. Il faut dire qu’il y a une bonne
raison à cela : au cours de la dernière décennie environ le
Cameroun s’est distingué comme l’un des pays les plus
corrompus au monde. Par conséquent, ce n’est que
logique que l’opinion publique internationale soit pressée
de savoir si ces arrestations spectaculaires et détention de
hauts responsables, pour des actes présumés de
corruption et de détournement de dénis publics, sont une
mise en scène sans fond ou si, comme dans le cas du
Ministre Marafa, celles-ci cachent quelque chose de plus
sinistre : un complot machiavélique macabre pour écarter
de l’échiquier politique un homme d’Etat charismatique
et visionnaire, par tous les moyens nécessaires !!

La manière donc cette affaire sera gérée par notre justice


confirmera ou détrompera l’opinion publique (au pays et
à l’étranger) par rapport aux motivations inexprimées
derrière cette affaire. Dans tous les cas, le gouvernement
camerounais est avisé.

91
Professeur Ndiva Kofele Kale,Esq,avocat de la
défense. Etude Motande,Buea.

AVION PRÉSIDENTIEL : LES DÉTAILS QUI


ACCABLENT LE GOUVERNEMENT DE PAUL
BIYA

Elles sont contenues dans une correspondance de Boeing


à l’ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis en
septembre 2003.
A mesure que les jours passent, de nouveaux éléments
permettent de voir plus clair dans le processus foireux
d’achat de l’avion présidentiel. Un processus pour lequel
Yves Michel Fotso, ancien administrateur directeur
général de la Camair, Marafa Hamidou Yaya, ancien
Sgpr, Jean Marie Atangana Mebara, ancien secrétaire
général à la présidence de la République, tous en
détention. Les uns au Secrétariat d’Etat à la Défense
(Marafa et Fotso) et Atangana Mebara à Kondengui.
Dans une lettre dont Mutations a pu se procurer copie, le
confectionneur de l’avion, Boeing avait écrit à
l’ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis, Jérôme
Mendouga, le 4 septembre 2003, afin de lui faire le point
sur la procédure d’achat d’un avion présidentiel Vip.
Ceci après une visite du colonel Mitlassou Justin, à
l’époque chef service des déplacements présidentiels à
l’état-major particulier du président de la République, de
hauts responsables de la Camair et de l’Autorité
aéronautique du Cameroun à Victor Ville en Californie.
Cette visite, qui s’est déroulée du 9 au 19 août 2003, ne
portait pas sur l’achat du BBJ-II, mais pour la location

92
d’un Boeing 767-200Vip (connu sous l’appellation
Albatros), en attendant la fabrication d’un avion
présidentiel proprement dit immatriculé, 767-300Vip.
Dans sa lettre adressée à Jérôme Mendouga, aujourd’hui
écroué à la Prison centrale de Kondengui, à Yaoundé
Boeing mettait déjà en garde le gouvernement du
Cameroun sur la confusion et la complexité qui entachait
la procédure en cours. L’entreprise américaine qui avait
été contacté pour le BBJ-2, pour un 767-300Vip, puis
pour la location d’un 767-200Vip, tout cela en moins de
deux ans, parle dans sa correspondance « d’activités
conflictuelles et séparées ».
Colonel Mitlassou
Elle souligne par ailleurs ne pas avoir eu des «
indications claires sur les intentions du gouvernement du
Cameroun.» Dès le début de la correspondance, Boeing
trouve troublant le fait que le gouvernement camerounais
ait pu envoyer deux équipes séparées pour se procurer un
business Jet-Vip pour les voyages présidentiels au
Cameroun. Confuse, Boeing donne jusqu’au 8 septembre
2003 au gouvernement du Cameroun pour que celui-ci
manifeste sa volonté de procéder à la location de
«L’Albatros ». A défaut, elle annonce son intention de
remettre l’avion sur le marché, afin de donner
l’opportunité à d’autres parties de procéder à sa location.
D’après Jean Marie Atangana Mebara, dans son ouvrage,
Lettre d’ailleurs, au retour de la mission, le colonel
Mitlassou lui remet le 20 août 2003 une fiche technique
sur laquelle il est mentionné : « l’avis technique de la dite
commission est favorable à l’acquisition de l’Albatros ».
Dans sa version des faits sur l’achat de l’avion
présidentiel contenu dans sa troisième lettre, Marafa

93
Hamidou Yaya s’interroge : Pourquoi avoir décidé
d’acquérir un Boeing 767-300 Vip en lieu et place du
Bbj-2 déjà fabriqué ? Une interrogation que l’entreprise
Boeing soulève elle-même en toile de fond dans sa lettre.
à l’ambassadeur du Cameroun aux Etats-Unis. Jean
Marie Atangana Mebara a sa petite idée à ce sujet. Il
affirme en effet, toujours dans « Lettres d’ailleurs » qu’«
ayant ainsi renoncé, au moins provisoirement à
l’acquisition d’un nouvel avion neuf, le chef de l’Etat
(Paul Biya) instruit de voir avec Boeing la possibilité que
cette firme puisse donner au Cameroun, en location
longue durée, entre deux et trois ans, un avion en
attendant l’atteinte du point d’achèvement ». Il poursuit
en soulignant : « Le BBJ-2 n’a pas pu être livré, en avril
2002, simplement parce que le financement n’a pas pu
être bouclé par Gia ; et je puis ajouter, parce que le
gouvernement n’a pas eu la bonne information à temps,
pour une autre réaction appropriée ».

Les sources de ce texte puisé sur facebook sont mal connues

94
95
CHAPITRE 13
CRISTALLISATION DU DÉBAT TRIBAL
Jusque là, on vivait au rythme plus manifeste de la
symétrie hégémonique béti-bamiléké ; aujourd’hui, la
triangulation est complète, et le Cameroun affiche de plus
en plus les différents écrans de belligérance. Mais la
jeunesse reste lucide : Marafa et certains autres ont-t-ils
détourné l’argent de l’état ou pas ? La lutte contre la
corruption, (opération soutenue par a jeunesse toute
entière au départ) s’est-elle muée en opération
d’épuration politique ? Une opération devenue le
dépotoir délirant des luttes politiques et tribales où
s’enchevêtre indissociablement haine, rancunes,
schizophrénie, jalousies malsaines dans les derniers
spasmes d’agonie d’un régime mal dans sa transition ?
Une chose est certaine, la lutte contre les détournements
de fonds et la corruption était sincère au départ, sous
l’exigence des bailleurs de fons, mais le régime en a
profité pour régler des comptes en interne dénuant
l’opération de son fondement. Muré dans la peur, le
peuple bavarde à la radio, seul liberté à lui accordé par le
renouveau, pour permettre l’exutoire des peines. Le chien
aboie, la caravane passe !

Nous vivons en ce moment au Cameroun, le Processus de


transition entre le fascisme démocratique, et un avenir
inconnu. Dans sa thèse de doctorat « La place des
régimes politiques internes dans l'analyse de la paix et de
la guerre », Isabelle LE BRETON-FALEZAN,

96
s’interroge : Jusqu’à quel point les phénomènes de paix
et de guerre dépendent-ils de la forme des régimes
politiques internes des Cités ? Il s’agit là d’une question
qui concerne les praticiens de la politique et d'un sujet
qui a suscité des controverses intellectuelles dans la
pensée politique ; L’examen attentif des grands auteurs
du passé suggère toutefois que certains contextes
historiques ont été particulièrement propices à
l'émergence de ce débat par ailleurs peu dissociable du
processus de consolidation de l’État. Le régime
Démocratique du renouveau est donc une source peu
claire de «l’absence de guerre » et recèle des prédictions
très incertaines en matière de paix au Cameroun.

L’analyse de Bayart est particulièrement pertinente et


subtile lorsqu’elle démontre l’entrelacement des racines
du pouvoir d’Etat africain et l’assimilation Réciproque
des élites. I1 a raison lorsqu’il affirme que l’ethnicité
n’est qu’une forme parmi un grand nombre d‘identités
africaines vécues et lorsqu’il montre que la lutte
factionnelle pour le contrôle politique suprême de 1’Etat
a contribué à façonner les distinctions ethniques au sein
même de la société. Le Cas Marafa et les évènements qui
l’accompagne est illustratif de cette sociologie politico
tribale.

97
98
CHAPITRE 14
LA QUATRIÈME LETTRE DE MARAFA

Monsieur le Président de la République,


Je vous écris de la prison centrale de Kondengui où je
suis incarcéré. Avant tout, je réitère solennellement mon
innocence pour les faits qui semblent m'être reprochés et
j'espère bien avoir l'opportunité de le prouver devant les
tribunaux compétents.

Si je vous saisis aujourd'hui, c'est pour solliciter à


nouveau que justice soit rendue dans une autre affaire
d'avions (déjà!) où j'avais injustement été incriminé il y a
plus d'une dizaine d'années. Décidément, l'histoire a l'art
de bégayer ou plutôt de se répéter.

99
Rendez-moi enfin justice et indemnisez les victimes. Car
seule une application saine de la justice permettra à notre
Pays de bâtir une SOCIÉTÉ DE CONFIANCE.

D'emblée, permettez-moi de présenter mes très sincères


excuses à nos compatriotes qui ont perdu des êtres chers
dans le crash du Boeing 737 de la CAMAIR à Douala en
1995. Je ne réveille leur douleur que pour demander à
nouveau que justice soit enfin rendue et que les ayants-
droit des victimes de cet accident soient adéquatement
indemnisés. C'est aussi cela le rôle de l'Etat.

En mai 1994, des accords écrits avaient été conduits à


Paris, en France, par lesquels la South African-Airways
(SAA) s'engageait à assurer la maintenance des Boeing
737 et 747 appartenant à la défunte CAMAIR.

Du fait de la défaillance et de la grossière négligence


dans l'exécution de ces contrats, le Boeing 737-200
immatriculé TJ-CBE et baptisé Le Nyong, s'est écrasé à
Douala le 03 décembre 1995, coûtant la vie à soixante et
onze (71) personnes. De même, en 1997, le Boeing 747-
200 Combi, Le Mont Cameroun, a perdu un réacteur en
plein vol, aux environs de Paris, en France. Un de nos
compagnons de détention à Kondengui était un des
passagers de ce vol. Il en est encore traumatisé.

Les deux (02) pilotes du Boeing 737 étaient des amis. Le

100
commandant de bord, Monsieur Younoussa AMAN
SALI et moi nous nous connaissions depuis l'enfance.
Nous avons partagé le même banc en classe Terminale
"D" au lycée de Garoua. Puis nous avons partagé la
même chambre à la Cité Universitaire de l'Université de
Yaoundé. Après son décès, j'ai été dans son village à Bé,
non loin de Garoua, et en compagnie de son frère le
lamido, nous avons prié sur sa tombe qui se trouve à
l'intérieur de la concession du lamidat.

J'ai connu le pilote, Monsieur Lombo, lorsque je


travaillais à la SNH et que je voyageais beaucoup. Nous
nous sommes rencontrés sur son lieu de travail, c'est-à-
dire dans les avions. C'était également un camarade
d'enfance de mon épouse à Douala. Cela a contribué à
nous rapprocher encore plus. Après son décès, mon
épouse et moi sommes allés réconforter sa mère et
ensemble, nous avons prié sur sa tombe qui se trouve
dans la cour de leur maison à Douala.

En 1999, alors que j'étais Secrétaire Général de la


Présidence de la République, le Ministre d'Etat délégué à
la Présidence, chargé de la Défense, Monsieur
AMADOU ALI vous a fait parvenir une note résultant
d'un entretien qu'il a eu avec son ami MILA ASSOUTE,
d'où il ressort que la négligence de SAA était due au fait
que cette entreprise corrompait des autorités du
Gouvernement camerounais et de la CAMAIR.

101
Cette corruption mise à nu, rendait juridiquement nuls les
contrats conclus entre SAA et CAMAIR. De ce fait, les
paiements de soixante-cinq (65) millions de dollars US
(soit au taux de 1$US = 500 frs CFA, Trente-deux
milliards cinq cent millions (32.500.000.000) francs
CFA) perçus par SAA dans le cadre de ces contrats
devraient être restitués à CAMAIR. En outre, des
dommages et intérêts devraient être exigés.

A l'époque le Ministre d'Etat, qui m'a toujours jalousé


pour des raisons qui lui sont propres et avec qui j'ai
entretenu des relations heurtées pendant notre
cohabitation au Gouvernement, ainsi que les autres
intervenants camerounais dans ce dossier, m'ont présenté
comme le principal bénéficiaire des fruits de cette
corruption.

Dès lors, tout a été mis en œuvre pour que ma


"culpabilité" soit connue de tout le monde. Les mêmes
journaux qui ont préparé l'opinion en vue de mon
incarcération avaient été mis à contribution, dans le cadre
d'une campagne haineuse et particulièrement violente à
l'époque.

Imaginez-vous, Monsieur le Président de la République.


J'étais votre principal collaborateur. Vous me receviez en
audience tous les jours. J'étais supposé être au centre de

102
ce tragique scandale, et je devais vous regarder dans les
yeux tous les jours!

Imaginez-vous, Monsieur le Président de la République.


Par ma supposée prévarication, je devenais responsable
des décès de deux (02) amis proches et d'une soixante
dizaine de nos compatriotes!

La conscience tourmentée, j'ai cherché à me rapprocher


de ceux qui ont survécu à cet accident. C'est ainsi que j'ai
reçu à ma table l'hôtesse de l'air Mademoiselle
WELISSANE. De même, chaque trimestre, je recevais à
mon bureau, Monsieur NDONG TOUNG, adjoint au
directeur des affaires générales à la Présidence de la
République également rescapé de ce crash. Je lui
établissais des ordres de mission pour aller effectuer ses
contrôles médicaux en France et y rencontrer son
psychiatre.

Au-delà du regard de ces deux compatriotes, j'essayais de


sonder leur âme pour savoir ce qu'ils pouvaient penser du
monstre que j'étais supposé être. Ce fut une torture
permanente pour moi.

Je me suis alors juré de ne rien ménager afin que la vérité


soit connue au sujet de cette affaire et que justice soit
rendue. La providence m'y aidera.

103
Sur vos instructions, j'ai saisi par correspondance en date
du 26 août 1999, le Directeur Général de TRANS-NET
Ltd de cette affaire (cf. Annexe 1). Par la suite, j'ai signé
un arrêté en date du 14 novembre 2000 portant création
d'un comité de suivi de l'exécution des contrats de
maintenance des avions entre CAMAIR et TRANS-NET-
SAA (cf. Annexe 2).

Ce comité avait pour mission entre autres, «d’ester en


justice et défendre les intérêts de CAMAIR et de l'Etat du
Cameroun dans les différends pouvant naître à l'occasion
de l'exécution de ces contrats».

Dans le cadre du travail de ce comité, le mécanisme de


cette corruption a été mis à nu, les différents acteurs et
bénéficiaires ont été identifiés et certains l'ont reconnu
formellement, au vu du rapport de mission en date du 07
décembre 2000 que le comité vous a adressé.

A AUCUN MOMENT MON NOM N'A ÉTÉ


ASSOCIÉ A CETTE SCABREUSE AFFAIRE.

Je vous avais alors proposé que le gain financier que


notre pays devait tirer de l'action engagée en justice
puisse être utilisé de la manière suivante:

a) Indemniser les ayants-droit des victimes de l'accident


du Boeing 737 à hauteur de cent millions (100.000.000)

104
de francs CFA par personne.

b) Renflouer la CAMAIR avec la différence afin de


consolider les fonds propres de cette compagnie.

Dès lors, j'étais devenu le témoin gênant. En effet, ceux


qui avaient intérêt à ce que je sois présenté comme le
bénéficiaire des fruits de cette corruption avaient été
formellement démasqués et ont été pris de panique. Non
seulement la presse ne parlera plus de cette affaire, mais
une stratégie insensée et diabolique sera mise en œuvre
pour me discréditer définitivement.

C'est ainsi que les concernés ont pris langue avec


Monsieur BANTU HOLOMISA, à l'époque membre du
parlement sud-africain, président du parti politique
"United Democratic Movement" et en mal de notoriété.
Celui-ci a écrit une lettre ouverte en date du 27 mars
2002 adressée à Son Excellence THABO MBEKI, alors
Président de la République d'Afrique du Sud et à vous-
même (cf. Annexe 3); lettre qu'il a lue en séance plénière
du parlement sud-africain, demandant la constitution
d'une commission d'enquête judiciaire sur l'affaire de
corruption impliquant la société TRANSNET.

Dans cette lettre, Monsieur BANTU HOLOMISA


reprend, selon lui, les allégations faites dans la presse

105
camerounaise selon lesquelles mon épouse (Nommément
citée) aurait fait plusieurs voyages en Afrique du Sud
pour recueillir les pots de vin de la société TRANSNET.

Effectivement, à l'époque, mon épouse avait fait plusieurs


voyages en Afrique du Sud pour des raisons de santé.
Elle y a subi plusieurs hospitalisations et opérations
chirurgicales dans des formations sanitaires et par des
praticiens également connus. Elle continue d'ailleurs à s'y
rendre et à s'y faire suivre; son dernier voyage remonte
au mois de mars 2012.

MON EPOUSE NE CONNAÎT NI TRANSNET NI


SES DIRIGEANTS ET N'EST EN RIEN
CONCERNEE PAR LES ÉLUCUBRATIONS DU
DÉPUTÉ SUD AFRICAIN BANTU HOLOMISA.

Après la stupéfaction, j'ai par correspondance en date du


12 avril 2002 à lui adressée (cf. Annexe 4) et transmise
par DHL (Lettre de transport aérien n° 358.2947.141),
informé Monsieur BANTU HOLOMISA que j'ai pris
connaissance de sa lettre ouverte avec beaucoup d'intérêt
que je la considérais comme une diffamation et qu'à
l'issue des procédures judiciaires en cours, je me
réservais le droit de le poursuivre en justice. J'ai
également porté à sa connaissance que copies de ma
correspondance seraient envoyées au Président THABO

106
MBEKI et à Vous-même. La vôtre vous a été transmise
le même jour par mes soins (cf. Annexe 5). Celle du
Président THABO MBEKI l'a été par DHL (Lettre de
transport aérien n° 358.2947.701).

Après plusieurs années, j'ai été informé que l'affaire a été


jugée, que TRANSNET a été condamné et que le
Cameroun a été indemnisé. A ma grande surprise,
AUCUN DES BÉNÉFICIAIRES CONNUS DES
FRUITS DE CETTE CORRUPTION N'A ETE
INQUIÉTÉ, NI SUR LE PLAN ADMINISTRATIF.
ENCORE MOINS SUR LE PLAN PÉNAL.

Même Monsieur AMADOU ALI qui était pourtant à


l'origine du déclenchement de cette affaire ne s'y est plus
intéressé, en qualité de Ministre de la Justice pendant
plus de dix (10) ans, alors qu'une soixante dizaine de nos
compatriotes ont perdu leur vie!

Afin de restaurer un tant soit peu mon honneur et celui de


mon épouse durablement salis et dont personne ne
semblait se soucier, j'ai saisi Monsieur TEM Emmanuel,
Avocat camerounais du Cabinet "LAPIN ATTORNEY"
basé à Johannesburg, pour engager une action en justice
pour diffamation contre Monsieur BANTU HOLOMISA.
Je vous en ai rendu compte par note en date du 18 juin
2005 (cf. Annexe 6)

107
Après avoir étudié le dossier que je lui ai confié et
effectué quelques démarches préliminaires, Monsieur
TEM m'a assuré de la justesse de ma démarche et de sa
conviction d'une issue qui me serait favorable d'un procès
éventuel (cf. Annexe 7.). Il m'a cependant mis en garde
contre le retentissement médiatique qu'entrainerait ce
procès en Afrique du Sud, ce qui ne manquerait pas de
porter un préjudice certain aux relations entre ce gays et
le nôtre.

J'ai sollicité une audience au cours de laquelle je vous ai


fait part de cette mise en garde de mes avocats. Vous
m'avez demandé de mettre fin à cette procédure afin de
préserver les intérêts de notre pays. A mon corps
défendant, j'ai dû suspendre cette procédure, me privant
ainsi de l'opportunité de restaurer mon honneur et celui
de mon épouse.

Je vous ai réitéré, à l'occasion de cette audience, la


nécessité d'indemniser les ayants-droit de l'accident du
Boeing 737 à hauteur de cent millions (100.000.000) de
francs CFA par personne, comme je vous l'avais déjà
proposé. Ce qui serait justice.

Quelle ne fut ma consternation lorsque quelques années


plus tard, les bénéficiaires de cette corruption ont été
promus dont certains à des fonctions gouvernementales!
Je vous avais alors fait part de Mon refus de collaborer

108
avec Monsieur ISSA TCHIROMA en particulier, par
respect pour la mémoire de mes deux (02) amis et des
autres victimes du crash du Boeing 737 de la CAMAIR
en 1995.

Monsieur le Président de la République,

Rendons justice à ces victimes. Car seule la justice nous


permettra collectivement de BATIR UNE SOCIETE DE
CONFIANCE.

Les tergiversations pourraient excéder et exaspérer nos


compatriotes, comme elles ont excédé et exaspéré
Cromwell à son époque pour moins que cela.

En effet, en 1653, après avoir appris que le parlement


essayait de continuer à siéger malgré un accord de
dissolution et après avoir échoué à s'entendre sur un
règlement intérieur applicable, Cromwell perdit patience.
Le 20 avril, il prit part à une session et écouta une ou
deux interventions. Puis il se leva et harangua les
membres du parlement. Ce discours n'a malheureusement
pas été préservé mais il a été souvent paraphrasé. Ainsi a
t-il dit: “...you have sat too long here for any good you
have been doing. Depart I say, and let us have done
with you. In me name of God, go!"
14 JUIN 2012
Marafa Hamidou Yaya

109
LES ANNEXES CITÉES DANS LA 4EME LETTRE
OUVERTE DE MARAFA HAMIDOU YAYA.

Annexe 1
Yaoundé, le 26 août 1999
N°047/CF/CAB/SG/PR

Le Secrétaire Général

A Monsieur Le Directeur Général de TRANSNET LTD


Private Bag x 47, JOHANNESBURG - SOUTH AFRICA 2000

Monsieur Le Directeur Général,

Nous avons l'honneur de vous adresser la présente lettre au sujet des accords
écrits conclus à Paris, France, en mai 1994, par lesquels la SAA s'engageait
à assurer la maintenance des Boeing 737 et 747 appartenant à la compagnie
publique CAMAIR.

Selon des informations reçues de Advanced Technics Trust Ltd et


confirmées ensuite par une mission d'enquête dépêchée â Johannesburg, dont
les membres ont rencontré les dirigeants de TRAWSNET LTD le 06 juillet
1999, vous affirmez clairement dans votre réponse à une instance introduite
contre vous par ATT à la High Court de Johannesburg que vous n'êtes pas
tenu de payer la somme due à ATT parce que l'accord aux termes duquel
vous deviez le faire est illégal en raison du fait que, et nous citons «il a été
conclu pour pouvoir verser des pots-de-vin à des cadres de la Cameroon
Airlines (CAMAIR) et à des hauts fonctionnaires camerounais afin de les
influencer, en leur qualité de responsables de l'attribution des marches de la
CAMAIR ou en tant que personnes dont la collaboration et/ou le
consentement et/ou l'intervention dans l'attribution de tels marchés étaient
requis, pour qu'ils concluent, collaborent à la conclusion, facilitent la
conclusion ou approuvent la conclusion entre South African Airways et la
CAMAIR d'un portant sur des services de maintenance à effectuer sur les
avions de la CAMAIR».

Il ressort également que vous avez déclaré dans votre réplique que vous avez
donc versé, à titre de pots-de-vin, la somme de 26.971.178,39 ZAR à ATT.
Pour notre part, nous ne sommes toujours pas au courant de la corruption

110
dont vous parlez. Toutefois, nous sommes stupéfait que vous admettiez, très
sincèrement avoir intentionnellement et consciemment versé, à des fins de
corruption, plus de 26.971.178,39 ZAR à des employés de la CAMAIR et à
des autorités camerounaises influentes pour inciter la CAMAIR à conclure
un contrat avec vous.

Permettez-nous de vous informer qu'aux termes des articles 134 et 142 du


Code pénal camerounais, la corruption est un délit.

Les déclarations contenues dans le dossier au Tribunal et celles publiées


dans la presse et sur Internet ne constituent pas seulement une grossière
diffamation à l'encontre de l'Etat camerounais et de la CAMAIR, mais aussi
un sérieux préjudice quant aux contrats passés et en cours de validité entre
SAA et la CAMAIR.

Par conséquent, nous vous demandons, dans un délai de 15 jours après


réception de la présente lettre:

1- de nous communiquer les noms de tous les employés de la CAMAIR et


des hautes autorités camerounaises qui se sont laissés corrompre;

2- de préciser les montants, les noms des bénéficiaires et le mode de


paiement;

3- d'expliquer en vertu de quoi:

a) Les contrats conclus entre la CAMAIR et vous en mai 1994 à Paris ne


devraient pas être considérés comme nuls et non avenus, compte tenu de vos
aveux de corruption, dont la conséquence serait le remboursement des 65
millions dollars EU que la CAMAIR vous a versés.

b) le contrat en cours avec la CAMAIR ne devrait pas être résilié en raison


de votre mauvaise foi et les sommes versées dans le cadre dudit contrat
restituées.

c) l'Etat camerounais et la CAMAIR ne pourraient pas demander réparation


en vous estant en Justice pour diffamation.

d) l'Etat camerounais et la CAMAIR ne pourraient pas, étant donné votre


conduite, vous rendre responsable des deux accidents, premièrement celui du
Boeing 737 à Douala le 05 décembre 1995 qui a coûté la vie à de
nombreuses personnes et, deuxièmement la perte du réacteur du Combi 747
à Paris en 1997, du fait de votre défaillance ou de votre grossière négligence

111
dans l'exécution des contrats conclus avec la CAMAIR.

Nous nous réservons le droit d'entreprendre toute action en attendant votre


réponse.

Veuillez agréer, Monsieur Le Directeur Général, l'expression de notre haute


considération. /-

Marafa Hamidou Yaya

Annexe 2

Arrête N°530/CAB/PR du 14 novembre 2000 portant création d'un


Comité de Suivi de l'exécution des contrats de maintenance des avions
entre CAMEROON AIRLINES et TRANSNET-SOUTH AFRICAN
AIRWAYS.

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,

VU la Constitution;
VU le décret n°971209 du 07 décembre 12997 portant organisation du
Gouvernement;
VU le décret n°97/209 du 08 décembre 1997 modifiant et complétant
certaines dispositions du décret n°92/070 du 09 avril 1992 portant
réorganisation de la Présidence de la République;

ARRETE

Article 1er- (1) II est créé un Comité de Suivi de l'exécution des contrats de
maintenance des Aéronefs entre Cameroon Airlines et Transnet SOUTH
African Airways ci-après dénommé «Le Comité».

(2) Le Comité de Suivi est rattaché au Secrétariat Général de la Présidence


de la République et placé sous l'autorité de celui-ci. Il est doté d'une
personnalité juridique et bénéficie d'une autonomie financière.

Article 2- Le Comité a pour mission:

• d'émettre des avis sur les contrats prévus à l'article 1er ci-dessus ;
• de suivre l'exécution desdits contrats
• d'ester en justice et défendre les intérêts de la CAMAIR et l'Etat du
Cameroun dans les différends pouvant naître à l'occasion de l'exécution de

112
ces contrats.

Article 3- (1) Le Comité est composé ainsi qu'il suit:

• M. Jean FOUMAN AKAME, Conseiller Technique au Secrétariat Général


de la Présidence de la République, Président;

• M. EGBE ACHUO Hillmann, Chargé de Mission au Secrétariat Général de


la Présidence de la République, Vice-président ;

• Mme Pauline Christine NGO MAN¬DENG, représentant du Ministère de


la Justice, Rapporteur;

• M. Bernard ATEBA, Cadre CAMAIR, Membre.

(2) Le Comité peut faire appel à fout expert ou institution dont, en raison de
ses compétences, la contribution est jugée utile.

Article 4- Le Comité se réunit, en tant que de besoin sur convocation de son


Président

Article 5- Le Comité rend régulièrement compte de ses activités au


Secrétaire Général de la Présidence de la République pour le compte du
Chef de l'Etat.

Article 6- Le budget de fonctionnement est financé par des contributions


spéciales des administrations et organismes publics.

Le Président du Comité de Suivi en est l'Ordonnateur.

Article 7- (1) Les fonctions de membres de Comité sont gratuites. Toutefois,


à l'occasion des réunions, des séances de travail et des déplacements, il leur
est alloué une indemnité dont le montant est arrêté par le Secrétaire Général
de la Présidence de la République sur proposition du Président du Comité.

(2) Dans le cadre de l'exécution des missions assignées au Comité, ses


membres peuvent bénéficier de certains avantages ou gratifications.

Article 8- Le présent arrêté sera enregistré, publié selon la procédure


d'urgence, puis inséré au Journal officiel en, français et en anglais. /-

113
YAOUNDE, le 14 NOV. 2000

LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE,

Et Par Délégation,

Le secrétaire Général de la présidence de la République

Marafa Hamidou Yaya

Annexe 3

LETTRE OUVERTE DE M. H.B. HOLOMISA, DEPUTE,


PRESIDENT DU UNITED DEMOCRA
TIC MOVEMENT (AFRIQUE DU SUD) A LEURS EXCELLENCES
MESSIEURS THABO
MBEKI, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE SUD-AFRICAINE, ET
PAUL BIYA, PRESIDENT
DE LA REPUBLIQUE DU CAMEROUN

Objet: DEMANDE DE CONSTITUTION D'UNE COMMISSION


D'ENQUETE JUDI¬CIAIRE SUR L'AFFAIRE DE CORRUP¬TION
IMPLIQUANT LA SOCIETE TRANS-NETJ

Excellences,

Au cours d'une récente session parlementaire, j'ai soulevé le problème d'un


pot-de-vin de 26,9 millions de rands versés par Transnet dans ses
transactions au Cameroun. Veuillez trouver ci-joints une copie de mon
discours et des documents qui étayent mes déclarations.

Si nous nous félicitons de ce que l'affaire soit aujourd'hui portée devant les
tribunaux, l'argument selon lequel l'affaire est en instance, ce qui interdit
tout commentaire de la part du gouvernement, ne saurait s'appliquer dans ce
cas, étant donné l'importance de la couverture médiatique et les nouvelles
révélations faites dans les médias camerounais.

Ces comptes rendus sont toujours publiés régulièrement et fournissent des


détails précis sur le rôle et l'implication de plusieurs personnes et organismes
dans le scandale. Nous pensons également que les intérêts sud-africains sont
négativement affectés par ce scandale et que le gouvernement ne peut pas
garder le silence et rester inactif. Nous sommes préoccupés par les versions

114
contradictoires données par Transnet devant les tribunaux sur les
circonstances du versement du pot-de-vin. En effet, Transnet aurait reconnu
devant un tribunal sud-africain avoir versé ce pot-de-vin considérable, alors
qu'elle nie toute action semblable devant une juridiction internationale. Il est
particulièrement préoccupant que les médias camerounais aient publié des
informations selon lesquelles une certaine Madame Marafa, épouse d'un haut
responsable à la Présidence de la République du Cameroun, a effectué
plusieurs voyages en Afrique du Sud et aurait reçu ce pot-de-vin de la
société Transnet.

L'argent du contribuable sud-africain a été détourné pour verser ce pot-de-


vin qui serait très élevé. Le contribuable paie aujourd'hui la facture de ces
affaires. Troisième coup dur pour le contribuable: la saisie éventuelle des
avoirs de Transnet au Cameroun, d'une valeur approximative de 1 milliard
de rands.

Nous sommes préoccupés par les rumeurs selon lesquelles le gouvernement


sud-africain est sur le point de faire des démarches auprès du gouvernement
français afin que celui-ci exerce des pressions sur le gouvernement
camerounais pour l'arrêt des enquêtes et procès en cours au Cameroun. Une
telle démarche aurait-elle été suivie s'il n'y avait rien à cacher dans cette
affaire, au lieu que la position de Transnet soit défendue devant les
tribunaux?

En tant qu'Africains, nous avons tous le devoir d'être vigilants à l'égard des
affaires de corruption. C'est le seul moyen de nous départir du cliché d'un
continent arriéré et non civilisé. Les géniteurs et les potentiels bailleurs de
fonds du NEPAD ont reconnu que la bonne gouvernance est indispensable
pour le succès de cette initiative.

Les Présidents de la République sud-africaine et de la République du


Cameroun peuvent-ils assurer leurs populations qu'il n'y a rien à cacher?
Inversement, au cas où cette assurance ne peut être donnée, il faudra
s'attendre à ce que l'affaire soit soumise à une enquête exhaustive. On
pourrait par exemple se demander si les Présidents sud-africain et
camerounais se sont entretenus sur ce problème. Si tel est le cas, à quelle
date et quelle décision a été prise? Si cet entretien n'a pas eu lieu, quelle en
est la raison?

Etant donné ce qui précède, je demande au Président Thabo Mbeki de créer


de toute urgence une Commission d'enquête judiciaire sur celle affaire.
Veuillez agréer, Excellences, l'expression de ma très haute considération.

115
(é) H.B. Holomisa Député Président du United Democratic Movement
Afrique du Sud

Annexe 5

PRESIDENCE DE LA REPUBLIQUE REPUBLIQUE DU


CAMEROUN
Paix-Travail-Patrie

Le Ministre d’Etat, Secrétaire Général

NOTE A LA TRES HAUTE ATTENTION DE MONSIEUR LE


PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

M. HOLOMISA, Parlementaire et Président du Parti Politique dénommé «


United Democratic Movement » en Afrique du Sud a cru devoir, à travers
une Lettre Ouverte, appeler Votre Attention et celle du Président THABO
MBEKI sur la nécessité de créer une Commission d'Enquête Judiciaire
relative à des pratiques de corruption impliquant la Société Sud Africaine
TRANSMET.

Dans cette Lettre Ouverte, M. HOLOMISA m'a mule nommément mis en


cause ainsi que mon Epouse.

Autant je m'astreints à ne pas réagir aux outrances de notre Presse locale,


autant il m'a semblé utile et nécessaire de ne pas laisser une personnalité
étrangère me mettre ainsi injustement en cause.

C’est pourquoi j'ai répondu sans tarder à M. HOLOMISA.

Je Vous transmets respectueusement ci-joint copies de la Lettre Ouverte de


M. NOLOMISA et de ma réponse (ainsi que leurs traductions en français)
que je, compte également envoyer au Président THABO MBEKI.

Marafa Hamidou Yaya

Annexe 6
MINISTÈRE DE L'ADMINISTRATION TERRITORIALE ET DE LA
DÉCENTRALISATION

Yaoundé, le 18 juin 2005

116
NOTE POUR MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

A/S d'une action en justice Afrique du Sud.

J'ai le très grand honneur de porter à Votre Très Haute connaissance que j'ai
engagé, à travers la firme d'avocats «LAPIN ATTORNEY» basée à
Johannesburg, une action en justice contre M. BANTOU HOLOMISA,
parlementaire et président du «United Democratic Movement» (LIDM) en
Afrique du Sud.

En effet le 27 mars 2002, au cours d'un débat parlementaire, M.


HOLOMISA avait soulevé la question d'un pot de vin de 26,9 millions de
rands payés par la société Transnet dans le cadre de ses opérations au
Cameroun.

De même dans une lettre ouverte en date du 27 mars 2002, M. HOLOMISA


a cru devoir appeler Votre Attention ainsi que celle du Président THABO
MBEKI sur la nécessité de créer une Commission d'enquête judiciaire
relative à des pratiques de corruption impliquant la société sud-africaine
Transnet.

Dans cette lettre ouverte, M. HOLOMISA m'avait nommément mis en cause


ainsi que mon épouse.

J'avais immédiatement réagi par lettre en date du 12 avril 2002 adressée à.


M. HOLOMISA dans laquelle je m'élevais avec force contre cette accusation
gratuite et diffamatoire.

J'avais en outre dit à M. HOLOMISA que le fait que l'affaire soit pendante
devant les tribunaux ne m'autorisait pas à en parler mais que je me réservais
le droit de saisir les tribunaux sur cette affaire dès la fin des enquêtes et du
procès sur l'affaire Transnet, afin que soient rétablis mon honneur et celui de
mon épouse qu'il a tant contribué à tenir.

Aujourd'hui, à ma connaissance, l'affaire a été jugée, Transnet a été


condamnée et le Cameroun a été indemnisé. Cependant, un doute pourrait
continuer à planer sur mon implication dans cette affaire. C'est pourquoi je
me suis résolu à engager une action judiciaire contre HOLOMISA afin qu'il
rétracte ses accusations, présente par les mêmes voies des excuses à mon
épouse et à moi-même espérant ainsi rétablir un tant soit peu notre
honorabilité.

117
En effet, autant je m'astreints à ne pas réagir aux outrances de notre presse
locale, autant il m'a semblé utile et nécessaire de ne pas laisser une
personnalité étrangère mettre ainsi injustement en cause un haut responsable
dans notre pays.

Je Vous prie de trouver ci-joints, copies de la lettre ouverte de M.


HOLOMISA en date du 27 mars 2002 et de ma réponse en date du 12 avril
2002 ainsi que celles de leurs traductions respectives.

Marafa Hamidou Yaya

RÉVÉLATIONS
Cette Quatrième lettre du Ministre d’état Marafa, met en
lumière le détournement de 32 millions de dollars, soit
environ 16 milliards de nos FCFA, et les auteurs selon le
Ministre, ont été protégés, par le chef de l’état, et même
promus à des fonctions ministérielles, et les 71 morts
oubliés.

La jeunesse Camerounaise dans sa large majorité


comprend et pardonne à Marafa sa contribution aux
frasques des trente ans du régime Biya, parce que ce
dernier partage avec elle finalement, les secrets d’un
régime qui a toujours refusé de rendre compte au peuple !
Un régime insolent, et sournoisement violent. Oui, nous
lui pardonnons le trucage des élections, ses mensonges,
sa répression…il était aux ordres, et on sait maintenant
qu’il disait au chef de l’état ce qu’il pensait vraiment !
Pour une fois en trente ans, nous sommes au courant.
Alors oui, parle Marafa, parle le père, la jeunesse
t’écoute, c’est dans notre intérêt, nous avons le droit de
savoir.

118
CHAPITRE 15
LA DEUXIÈME LETTRE DE LA JEUNESSE A MARAFA
YAOUNDÉ LE 04 JUIN 2012

LE RASSEMBLEMENT DE LA JEUNESSE A MONSIEUR LE MINISTRE D’ETAT MARAFA HAMIDOU YAYA

Monsieur le Ministre d’état.

Au lendemain de votre seconde lettre au chef de l’état, la jeunesse à travers Rassemblement de la jeunesse
Camerounaise vous a demandé d’expliquer votre part de vérité dans la scabreuse affaire des 31 millions de dollars
destinés à l’achat de l’avion présidentiel. Vous y avez répondu à votre troisième lettre adressée au peuple Camerounais.

La jeunesse enthousiaste face à ces vérités jusqu’ici verrouillées par un système qui ne rend jamais compte au peuple,
pense que votre Méa Culpa, pour votre responsabilité dans ce régime est acceptée ! Oui, Monsieur le Ministre d’état, la
jeunesse pense que vous êtes utile à la république. Même si vous avez jusque là aidé aux « VICTOIRES » du renouveau
au terme des élections dont le système a le secret.

Nous les jeunes, nous sommes content de vos lettres, qui mettent en lumière des choses qu’on nous a caché depuis notre
berceau, à toute une génération ! Nous avions fini par croire que DIEU en personne se trouvait au sommet de l’état,
tellement on nous a snobés ! mais vous venez de démythifier ces angoisses, et nous savons maintenant à quel sauce nous
avons été mangé durant ces trente dernières années. Merci Monsieur le Ministre d’état.

Toutefois, nous avons encore besoin d’éclairages sur deux éléments essentiels pour définitivement digérer votre méa
culpa:

- Comment se définissaient les résultats des élections quand vous étiez MINATD ? (Vous nous en avez certes
un peu parlez dans l’une de vos lettres précédentes, mais nous voulons savoir se qui se passait dans la
cuisine)

- Qui a ordonné d’ouvrir le feu sur les jeunes en février 2008 ?

- La SNH (société Nationale des Hydrocarbures). Monsieur le Ministre, vous y avez travaillé en tant que
cadre et surtout en tant que président du conseil d’administration quand vous étiez SGPR ; La jeunesse
apprend que l’argent du pétrole n’a été budgétisé qu’en 2006 : Jusque là où allait-il ? et comment était-il
géré ?

Voilà Monsieur le Ministre d’état, pour des besoins d’éclairage et pour l’histoire, nous voulons savoir, nous
avons le droit de savoir.

Tout en vous souhaitant bon courage pour l’épreuve que vous traversez, Nous vous prions d’accepter l’expression de
notre profonde déférence.

Pour le Rassemblement de la jeunesse,


Le Porte-Parole de la jeunesse Camerounaise
Sismondi Barlev Bidjocka
Tél : 77 85 89 19

119
CHAPITRE16
Wikileaks
Selon Wikileaks en avril 2011 déjà, Le ministre
camerounais de la Justice, Amadou Ali a confié à un
diplomate américain ses appréhensions sur l’après-Biya.
Rapportés par Wikileaks, ses propos sont à la Une de
tous les journaux locaux, rapporte Jeune Afrique.

« Les trois régions du Nord qui sont ethniquement et


culturellement différentes du reste du Cameroun vont
continuer à apporter leur soutien à Biya aussi longtemps
qu’il souhaitera demeurer président, mais le prochain
président du Cameroun ne viendra pas de l’ethnie
beti/bulu de Biya. Les Betis sont trop peu nombreux pour
s’opposer aux nordistes, encore moins au reste du
Cameroun. Des Bamilékés ont fait des ouvertures à des
élites du Nord pour forger une alliance entre leurs régions
respectives, mais les nordistes étaient si méfiants sur les
intentions des Bamilékés qu’ils ne concluraient jamais
une alliance pour soutenir un pouvoir politique bamiléké
». Ces propos, révélés par WikiLeaks, auraient été tenus
par le ministre de la Justice Amadou Ali, lors d’un
entretien en 2009 avec l’ancien ambassadeur des États-
Unis au Cameroun, Janet Garvey.

Dans ce contexte sulfureux, la transition s’annonce


chaotique, et la succession de Paul Biya difficile.

Si le Cameroun parvient à échapper à un affrontement


ethnique, ou tout simplement une guerre, ce ne sera pas

120
parce que nous aurons été sages, mais parce qu’il
possible que quelque part une force veille aussi sur nous !

Au terme de tout ceci, Monsieur Marafa, la jeunesse


Camerounaise sais que vous avez truqué des élections
pour Paul Biya ; que vous n’avez pas empêché Paul Biya
de tuer les jeunes en 2008, que vous avez œuvré pour la
dictature…En attendant que vous reconnaissiez tous vos
pêchés, nous pensons que vous êtes encore utile au
Cameroun. Nous ne vous aiderons pas par conséquent à
sortir des griffes de vos amis, nous attendrons que vous
vous en tiriez, et ensuite, nous verrons dans quelle
mesure vous pourrez servir le Cameroun.

121
CHAPITRE 17

PRINCIPE DE L’OBLIGATION DE RESERVE ET


DEVOIR DE MÉMOIRE

Désarçonné, déstabilisé par les vérités de Marafa, les


agents du parti au pouvoir brandissent l’argument du
devoir de réserve ; Parlons-en.

Tout agent public, quel que soit son rang dans la


hiérarchie, doit faire preuve de réserve et de mesure dans
l'expression écrite et orale de ses opinions personnelles à
l'égard des administrés et des autres agents publics.

La liberté d'opinion est reconnue aux agents publics ;


cette obligation ne concerne donc pas le contenu des
opinions, mais leur mode d'expression.

L'obligation de réserve s'applique à tous les agents durant


et après leur temps de service. Mais dans ce cas,
personne n’écrirait ses mémoires, et l’histoire n’aurait
aucune page !Marafa Hamidou Yaya est donc dans son
double droit :

- Il n’est plus en fonction


- Il assume pour les générations un devoir
d’Histoire

Conditions d'exercice de cette obligation

122
Cette obligation s'applique avec plus ou moins de rigueur
selon la place dans la hiérarchie, les circonstances, les
modalités et formes d'expression.

Elle est particulièrement forte pour les hauts


fonctionnaires en général parce qu'ils sont directement
concernés par l'exécution des politiques publiques.

À l'inverse, les responsables syndicaux disposent, par


exemple, d'une plus grande liberté d'expression qui ne
doit toutefois pas sortir du domaine professionnel imparti
aux syndicats.

En outre, elle impose aussi aux agents publics d'éviter en


toutes circonstances les comportements susceptibles de
porter atteinte à la considération du service public par les
usagers.

123
CHAPITRE 18

Toute une république en Prison, comment en est-


on arrivé là ?

La réponse est toute simple ! Une défaillance du


système ! Le chef a nommé les amis, pas pour leur
compétence, mais pour leur appartenance aux réseaux
sectaires, à la famille, bref, du népotisme ! Tenez, des
directeurs généraux d’entreprise d’état sous Paul Biya
sont « nommés à vie » ; le laxisme du chef, rarement
présent, toujours en voyage ! La confiscation de la
souveraineté du peuple ! Une poignée de citoyen a

124
confisqué toute la richesse du pays ! souvent invité le 14
juillet à l’ambassade de France pour le cocktail à
l’occasion de la fête nationale de ce Pays, j’ai souvent
discuté avec des diplomates présents, et un autre au cours
d’une discussion nous a dit « Écoutez, le souci avec vos
dirigeants au Cameroun, c’est qu’ils vous tiennent de
grand discours sur le patriotisme, et quand vous leur
confiez un budget pour un projet, ils détournent tous les
fonds systématiquement ! » Et quand un monstre est né
de cette fabrique, l’opération ÉPERVIER a donné
l’occasion de faire le ménage tout en réglant des
comptes, avec en toile de fond, des jalousies malsaines,
la quête du pouvoir, le contrôle de la succession, la
délation, tout y passe, le Cameroun va mal.

Dans cette arène, tous ont participé, mais tous ne sont pas
pourris, il faut le souligner ! et quand quelqu’un fait son
mea-culpa, il est possible d’en tirer quelque chose pour le
pays. Marafa Hamidou Yaya nous est utile ! Que celui
qui est sain lui jette la première pierre ! Jacques Fame
Ndongo qui a réagit le premier aux sorties du Ministre
d’état ? Cavaye Djibril qui le 5 Juin 2012 à l’assemblée
nationale parle de lutte contre la corruption et accable son
ancien camarade de parti, rival politique au Nord ? Tous
pourris ! Tous pourris ! Pour nous les jeunes, Le seul et
unique responsable de cette situation c’est le président
Paul Biya.

125
PS : SALAIRES DES MINISTRES CAMEROUNAIS

Richard Touna (Journaliste décédée paix en son âme)


nous apprenait déjà que La plupart des membres du
gouvernement camerounais souhaitent que
l'augmentation de la cagnotte budgétaire s'accompagne
aussi d'une revalorisation de leurs salaires.

Il n'y a pas que les petits agents de l'Etat pour se plaindre


du bas niveau de leurs revenus. Les ministres de la
République vivent aussi dans le stress financier. Même
s'ils trouvent des compensations diverses dans de
multiples opérations peu ou prou orthodoxes. Un ministre
d'Etat de la République du Cameroun gagne aujourd'hui
794.651 f cfa décomposé ainsi qu'il suit :
257.981f cfa de traitement de base,
217.387 d'indemnité de sujétion
et 319.283 f d'indemnité pour charges particulières.
Un «simple» ministre gagne quant à lui 679.297 f cfa
dont 253.876 f
cfa de traitement de base, 171.975 f cfa d'indemnité pour
charges particulières.
Les vice-ministres, (secrétaires d'Etat) s'en sortent avec
583.328 fcfa, les
délégués généraux et assimilés sont à 546.798.
Ces niveaux de revenus exposent les membres du
gouvernement à toutes sortes de compromissions au
regard des multiples sollicitations dont ils sont l'objet.

126
L'ancien ministre Garga Haman Adji dans ses
«Mémoires», observe sans détours que, «si un ministre se
limite à ses émoluments, à ses frais d'hôtel fixés par le
budget et à la contribution de l'Etat à hauteur de 50%
pour l'achat à crédit de son véhicule d'apparat et de son
hôtel particulier, le tout lui créant des échéances
mensuelles à précompter sur son salaire, il est hors de
question que sa fonction en elle-même le rende riche
comme certains le pensent. Ce d'autant plus que sa
nomination lui attire des sujétions de tous ordres qu'il
essaye tant bien que mal de surmonter».

Un terreau pour la corruption et les détournements de


fonds publics.

127
128
CONCLUSION
Lutter contre la corruption et les détournements de fonds
n’est déjà pas une volonté du président Paul Biya. Cette
opération qui débute en 2006, est provoquée par les
pressions de bailleurs de fond qui exigent un
environnement sain dans le cadre du point d’achèvement
de l’initiative PPTE (pays pauvre très endetté).

Nous en profitons enfin pour voir le président se


mobiliser, lui qui depuis 1986 (interview avec Éric
Chintche) demandait les preuves ! L’opération
déclenchée et accompagnée du soutien populaire va se
décrédibiliser à travers les règlements de compte
politique, la cristallisation tribale et le chaudron de la
succession. Nous sommes loin de la lutte contre la
corruption. La preuve, Atangana Mebara a été acquitté,
mais le politique a décidé de le maintenir en détention.

La lutte contre la corruption et la prévarication


commencera réellement le jour où le chef de l’état
acceptera l’application de l’article 66 de la constitution
sur la déclaration des biens. En attendant, nous n’y
sommes pas encore ! nous vivons des affrontements
politiques sous le couvert de l’opération Épervier.

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MARAFA HAMIDOU YAYA : L’AUTOMNE DE LA COLÈRE
Les trois versets politiques
Comment dissocier la lutte contre la corruption et les détournements, les règlements de compte politique et
l’arène Chaotique de la succession de Paul Biya ?
Marafa Hamidou yaya : l’automne de la colère est une Chronique, le cliché
politique saisissant d’un moment important de la vie politique du Cameroun, à travers
l’affaire Marafa Hamidou Yaya, l’ex de Ministre d’état, ancien secrétaire général de la
présidence de la république, interpellé et placé sous mandat de dépôt à la prison
centrale de Yaoundé dans le cadre de l’Opération épervier de lutte contre la corruption
et les détournements de fonds. C’est également un regard documenté sur l’opération
épervier de plus en plus controversé, l'étude du mythe de la fin de l'histoire.

Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Marafa Hamidou Yaya est une forte
personnalité respectable, discipliné, et moulé dans la rigueur des procédures
administratives. Cet homme qui a une part importante de responsabilité dans les
trente ans du régime Biya, est en ce moment écroué à la prison centrale de Yaoundé,
accusé (par le régime) de détournement de fonds public : Vrai ou faux ? Qui est
Marafa ?

Depuis sa cellule, Marafa écrit. Des lettres explosives qui nous éclairent
sur le fonctionnement du régime Biya, un régime fermé qui en 30 ans n’a rendu
aucun compte au peuple ! Un peuple qui du coup s’accroche à la perche Marafa,
acceptant son méa culpa. Ce livre démontre à suffisance la dangereuse mutation de
l’opération « Épervier », en règlement de compte politique.

Sismondi Barlev Bidjocka est journaliste


éditorialiste exerçant au Cameroun. Né le 11 mai 1978 à Mbandjock
(Cameroun), il est titulaire d’un D.U et d’un Master en Journalisme et
management des médias. Il a été élu porte-parole de la jeunesse
Camerounaise en 2008. Honoré pour son travail de reporter en 2007 par le
prix Suisse des radios du sud, et en 2008 par le prix Ross Cartland du
journaliste africain de l’année, il est également l’auteur de la magnifique
biographie du footballeur Camerounais Samuel Eto’o (Samuel Eto’o, une
légende au présent chez l’Harmattan, L’exécution du nationaliste Ernest
Ouandié, et RFI la pravda du Quai d’Orsay chez le même éditeur).

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