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Road 96

About A Girl

est édité par DigixArt Entertainment


20, rue Cavelier de la Salle BP70 – 34000 Montpellier
www.digixart.com

Tous droits réservés. Toute reproduction ou transmission, même partielle, sous


quelque forme que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite du détenteur des
droits.

Une copie ou une reproduction par quelque procédé que ce soit constitue une
contrefaçon passible de peines par la loi n° 57-298 du 11 mars 1957 sur la protection
des droits d’auteur.

Les logos de Digixart et Road 96 sont des marques déposées par leurs ayants droit
respectifs, enregistrées en France et dans les autres pays.

Les propos rapportés dans l’ouvrage n’engagent que leurs auteurs. L’ouvrage Road 96:
About A Girl est un complément narratif au jeu vidéo Road 96 développé par le studio
Digixart et constitue une fiction.

BASÉ SUR UNE HISTOIRE ORIGINALE DE : Yoan Fanise


AUTEUR : Hilaire Picault
ILLUSTRATRICE : Sarah Chebbi
TRADUCTION ANGLAISE : Thomas Brasdefer

© DigixArt 2023
ISBN : 979-10-415-1466-3
Remerciements

L'auteur tient à remercier celles et ceux qui l'ont


accompagné sur la route de ce livre : Yoan Fanise pour sa
confiance et son enthousiasme indéfectible, Sarah Chebbi
pour sa compréhension si parfaite et son talent, Anne-
Laure Fanise pour son sourire rayonnant en toute situation
qui facilite tout, le trio : Kevin Bard, Thomas Brasdefer et
Guillaume Dubin pour leur aide sans jugement, Pierre
Corbinais pour avoir ouvert la route, Arnaud Pagnier pour
être mon copilote depuis tout ce temps et Johanna & Louis
pour être le soleil, la lune et les étoiles de mon univers.
Puisse votre route à toutes et tous ne jamais s'arrêter.
Love – H.P.

Un grand merci à l'équipe de Digixart et particulièrement


Anne-Laure Fanise et Yoan Fanise pour m'avoir permis
de travailler sur ce projet, ainsi qu'Hilaire Picault bien sûr,
sans qui ce livre n'aurait pu exister !
– Sarah Chebbi
ROAD 96: ABOUT A GIRL

INVENTAIRE
Tu commences ton voyage avec :

1 trombone à coulisse
1 paire de rollers
1 talkie-walkie
20 dollars petrians environ
1 carte bancaire “Petroteen”
1 mystérieux dossier…
INTRODUCTION
About A Girl est un livre-jeu. À la manière des célèbres
ouvrages des années 80-90, il vous propose de vivre
une aventure littéraire dont vous êtes le héros.

About A Girl se déroule dans l’univers du jeu vidéo


Road 96, entre le premier opus et Mile 0. S’il n’est
pas indispensable d’avoir joué à Road 96 pour
apprécier About A Girl, ces œuvres se répondent et se
complètent. Attendez-vous donc à reconnaître des
lieux, des événements, des personnages, et à enrichir
votre connaissance de Petria.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

COMMENT JOUER ?
R gles de base
Commencez par le paragraphe 1, puis suivez les
indications. Chaque paragraphe vous renverra vers
de nouveaux paragraphes, désignés par un chiffre en
gras. À vous de choisir la direction que prendra votre
aventure.

Inventaire
Avant de quitter sa chambre à White Sands, Zoé a
fait son sac et possède déjà quelques effets ainsi que
ses rollers au pied. Mais au cours de votre aventure, il
vous sera parfois demandé d’ajouter certains objets
à votre inventaire. Pour ce faire, inscrivez l’objet en
question sur votre page d’inventaire au début du
livre, ou sur une feuille libre. Ces objets pourront vous
servir (ou non) au cours de l’aventure, mais ne vous
encombrez pas inutilement : qui veut voyager loin,
voyage d’abord léger.

Attention : n’ajoutez d’objets à votre inventaire que


lorsqu’on vous le demande explicitement.
« Game Over »
Votre aventure pourra parfois connaître une fin
prématurée. Dans ce cas, deux choix vous seront
proposés :

Soit revenir au paragraphe de sauvegarde


indiqué, en gardant l’intégralité de votre inventaire.
Ce mode de jeu est conseillé à ceux qui veulent
avant tout profiter de l’histoire, quitte à découvrir
les divers embranchements lors d’une autre partie.

Soit revenir au premier paragraphe avec un


inventaire vierge. Ce mode de jeu est réservé aux
amateurs de livres-jeux « à l’ancienne », ceux qui
n’ont jamais laissé traîner leur doigt à la page du
dernier paragraphe « au cas où ».
Note : vous ne pourrez jamais vous retrouver bloqué
dans About a Girl suite à un mauvais choix ou
faute d’un objet dans l’inventaire. En cas de doute :
persévérez.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Mode Expert
Après avoir terminé l’aventure une première fois,
plutôt que de recommencer à zéro, vous pouvez
choisir d’opter pour le mode Expert en réalisant l’un
de ces exploits :

Exploits
À la recherche de défis supplémentaires ? Tentez de
débloquer chacun de ces quatre exploits :

Femme de fer : finir About A Girl sans utiliser de


sauvegarde.

Collectionnite : trouver les 24 objets en mode


Collectionneur.

Masochisme : terminez précocement l’aventure


de 12 manières différentes.

Movie icon : Faites l’acquisition des vêtements,


bijoux, jeu et friandises préférés de Zoé.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

1
1er JUILLET – Le derrick
Poum ! Un bruit sourd, une secousse. Sous la lune
brillent les pipelines, la station, et la camionnette noire
garée là-bas. Poum ! La poussière sur tes lèvres a un
goût de fin du monde. Tant mieux, tu ne le supportes
plus celui-là.

Poum. Le derrick sur lequel tu es montée s’abat encore


une fois. Chaque martèlement fait vibrer les os de tes
pieds qui dépassent dans le vide. Tes pieds qui ont
tellement marché, ils ont mérité une pause… Poum.
La silhouette du « joueur de hockey » se rapproche
en boitant. Une batte de baseball dans une main.
Un revolver dans l’autre. Poum. Tu te sens tellement
fatiguée…

Pam ! En bas, le hockeyeur frappe de toutes ses forces.


La structure métallique grince et de la rouille vole
partout. Toi aussi tu te décomposes. Poum. Tu aimerais
que tout ça s’arrête. Pam ! Tu mets tes mains sur tes
oreilles, comme un casque de walkman imaginaire.
Poum. Bon sang, comment en es-tu arrivée là ? PAM !
Le choc te renvoie tout en tête. Deux mois, comme une
claque. Soixante jours dans la vie de Zoé.

Prends une grande respiration et continue en 2.


ROAD 96: ABOUT A GIRL

Cliquer sur l'image pour aller au chapitre suivant.


2
6 MAI – Big Bear Rest Stop
Bien sûr, tu crèves d’envie de te retourner, mais
hors de question que Kaito voie tes yeux brillants de
larmes. Alors tu marches, les poings dans les poches,
jusqu’à ce que les camions endormis du Big Bear Rest
Stop disparaissent. Tu laisses derrière toi ton meilleur
pote et pas mal de regrets : votre dernière dispute,
ton involontaire collaboration avec ces terroristes de
Black Brigades… Mais ce que tu ne regretteras pas,
c’est d’avoir quitté White Sands, la ville de ton enfance.
Adieu Mademoiselle Muller ; bonjour Miss Zoé !Les
vacances commencent ici !
Tu fourres le mystérieux dossier que t’a confié Kaito
au fond de ton sac et tu avances, bien décidée à
profiter à fond du voyage. Une chanson te revient
dans la tête : « It feels so good, out, on the road,
nananaaa… » Bref, ce serait le pied si trois voitures de
police, n’arrivaient pas en face.
Gyrophares allumés, sirènes hurlantes… Coup de
bol, elles te passent devant. Tu as un pincement en
pensant à Kaito là-bas. Quand la troisième ralentit et
te regarde. Une seconde de trop.
Que vas-tu faire ? Si tu te mets à courir, rends-toi
en 264. Si tu préfères sauter sur le bas-côté pour te
planquer, rends-toi en 101) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

3
Tu grimpes les marches d’un escalier en bois. Perché
sur une butte, un cabanon sert d’accueil au camping.
Sous une avancée de toit, Jeffrey, le propriétaire, est à
son bureau. Dès qu’il te voit, il glisse rapidement des
billets dans une enveloppe et la cache dans un tiroir.

– Ha, Zoé, tu tombes bien. J’ai un service à te


demander : j’ai besoin que tu récupères une… une
livraison pour moi. Tu sais conduire, n’est-ce pas ?

Si tu lui mens et réponds que oui, va en 131. Si tu


refuses de l’aider gratuitement, rends-toi en 71. Enfin,
si tu veux y réfléchir, tu peux rentrer à ta caravane
en 279.

4
Une Led rouge brille sur un boîtier digicode. La
porte métallique semble avoir plusieurs points de
fermeture, impossible donc de la forcer. Mais est-elle
fermée ? Tu poses la main sur la poignée et l’abaisse.

Elle descend bien, hélas la porte est verrouillée. Oh


oh... la Led se met à clignoter.

Tu regardes autour de toi. Personne. Ouf. La Led


redevient fixe. Tu t’apprêtes à quitter l’endroit quand...
la porte de la cabane s’ouvre. Va en 175.
5
C’est pas le covoiturage dont tu rêvais mais, après
une demi-journée à marcher, une luxueuse berline
t’a prise en stop. Te voilà assise à côté d’un homme en
costume gris qui conduit à vive allure. Cravate rouge
sur chemise bleue, maniéré… tout porte à croire qu’il
est riche, mais tu n’as jamais vu sa tête à White Sands.

Pour justifier ton état, tu inventes une histoire de


panne de voiture avant de lui demander où lui-même
se rend.

– Je retourne dans le nord. J’étais descendu pour


affaires...

– Le nord… vers Argandia ?

– Ha ha, non, bien plus au nord. Après la frontière.

– Vous avez passé le Mur ? Je croyais que Petria avait


interdit cela.

– Ha ha ! Il faut bien que quelqu’un achète vos


ressources.

Tu penses d’emblée au pétrole mais son ton


mystérieux te laisse penser qu’il ne dit pas tout. Avant
que tu ne puisses lui demander, il montre un panneau
éclairé par des projecteurs : « President Tyrak Donors
Party ».
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Je vais te déposer, j’ai à faire ici.


– Ho, OK, ça me va. Mais… vous allez faire la fête ?
– Haha, non. J’ai des gens à voir.
Rends-toi en 167.

6
Tu détales de toutes tes forces, sauf qu’à chaque
foulée le trombone balance, le duvet s’échappe du sac
à dos et ta queue de cheval saute partout…
Un bruit de moteur se rapproche, alors tu accélères
encore. C’est une voiture noire qui arrive d’en face.
Enfin plutôt une camionnette. Noire, avec des vitres
teintées. Euh, même le pare-brise en fait… Surtout,
elle n’a pas de plaque d’immatriculation. À la place,
il y a… un masque de hockey. Tu le sais, parce qu’il te
fonce droit dessus.
Il y a un grand flash. Le monde entier tourne, ou alors
c’est toi. Des graviers sont collés sur ta joue. Non,
plantés dans ta joue. Ta tête pèse une tonne. Quand tu
te redresses enfin, tu te demandes ce qui s’est passé ?
D’autant que tu le vois, toujours là, immobile. A moins
que…?
Si tu veux lui porter assistance, rends-toi en 176. Mais
si tu préfères ramasser une grosse pierre et vider tes
nerfs sur son pare-brise, va plutôt en 55.
7
Si on en croit le petit papier, c’est bien là. D’ailleurs,
un grand panneau où a été hissée une vraie moto te le
confirme : tu es au « Palavas Bar ». Tu te gares entre un
gros tout-terrain chromé et un taxi avant de pousser
la double porte vitrée.

Une musique rock distordue t’accueille dans ce lieu


combinant briquette aux murs et stores vénitiens,
canapés et tables de bar faites en tonneaux d’huile de
moteur. L’atmosphère est virile mais cool. Dommage
qu’il y ait des clients…

Depuis ton entrée, un grand type en blouson de


motard et une femme en bustier léopard te scrutent.
Devant une borne d’arcade, un petit homme en
chemise grunge te sourit. Entre ses dents gigote un
cure-dents.

Sans te démonter tu traverses la salle et t’assieds au


comptoir. Des dizaines de bouteilles remplissent une
étagère et la majorité ne vient même pas de Petria :
soit le patron a le bras long, soit la légalité est le cadet
de ses soucis… D’ailleurs où est-il, lui ?

Les clients chuchotent dans ton dos et personne ne


vient. Que vas-tu faire ? Passer derrière le comptoir
pour jeter un œil en cuisine (va en 30) ou tenir bon et
attendre coûte que coûte au comptoir (59) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

8
Tu plonges, pliée en deux, à travers le champ de
bataille en espérant que les flics sont débordés par
l’assaut. Une bombe incendiaire atterrit devant toi et
répand une flaque de feu sur le sol. Apeurée, tu fais un
virage à 90° et te foules ta cheville. La douleur est si
vive que tu chutes dans l’herbe.

Impossible de rester là ! Tu te relèves tant bien que


mal et sautilles avant de sentir une piqûre dans ton
épaule ; du sang coule sur ton bras. Aïe ! Une nouvelle
piqûre à la cuisse cette fois et tu chutes. La douleur
progresse encore et cette fois tu comprends que
ce sont des balles qui t’ont atteinte. L’hémorragie
s’intensifie et très vite tu comprends que tu n’iras pas
plus loin.

Tu aimerais savoir qui t’a tiré dessus mais tu


perds connaissance avant. C’en est fini. Tu peux
recommencer au premier chapitre ou retenter une
autre approche en 215.

9
La limo avance jusqu’à une barrière. D’un bouton,
Adam allume des lumières roses derrière et une
musique électronique surpuissante te plaque à la
banquette mauve. Tu as beau lui signaler que les
basses sont trop fortes, il remonte la vitre chauffeur
qui vous sépare.

Un vigile se penche à sa portière ; Adam déclenche


l’ouverture de ta vitre de toit. Les doigts dans les
oreilles, tu émerges par là en lui hurlant de baisser le
volume. Impressionné, le garde recule et fait un geste.

La barrière se lève. Quand vous passez, le vigile te fait


coucou de la main, un sourire d’enfant qui verrait le
Père Noël à la bouche.

Des bâtiments en tôles et des chapiteaux constituent


le plus grand festival de Petria. La musique s’arrête
enfin et la vitre intérieure descend, découvrant Adam
très sérieux.

– OK, écoutez-moi. Depuis que votre père a fait


interdire sa pool-party, Sonya écume les fêtes du pays.
Faut qu’on la sorte d’ici.

Vous longez des grilles qui aboutissent à un parking


VIP surveillé par des vigiles. Ce sera plus compliqué
plus tard alors autant ne pas tarder : tu grimpes par la
fenêtre de toit et saute de la voiture dans la nuit.

Continue en 134.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

10
Ils ont l’air très proches ces deux-là, sans doute des
frangins en route pour une fête déguisée. A bien
regarder, l’un est plus grand et l’autre plus fort. Ou
alors c’est son sac à dos qui le… Ah mais c’est pas un
sac à dos, ça ! Ces lanières : ce sont des cartouchières !

Tu baisses les yeux et tombe sur une barre en fer


posée entre le side et la moto. Un pied de biche, en
fait… Ton rythme cardiaque accélère mais tu ne dis
rien. Tu scrutes la moto centimètre par centimètre
et remarques un truc en bois qui dépasse sous le
moteur : c’est la crosse d’un fusil à pompe. Ne pas
paniquer…

Tu leur fais la remarque (va en 208) ou tu t’intéresses


à leur sac (en 85) ?

11
– Kaitooo !

Tu as couru jusqu’au bus mais les coups de feu


t’ont obligé à te planquer derrière. Un surveillant
se rapproche de Kaito, courbé pour éviter les balles.
Tu ne peux pas le laisser faire… Tu jaillis arme au
poing et tire plusieurs fois au-dessus de sa tête,
forçant le maton à faire marche arrière. Attrapant
Kaito par la chaîne de ses menottes, tu l’emmènes
avec toi derrière le bus. Hébété, il t’imite quand tu
t’agenouilles et te regarde faire quand tu places le
revolver sur sa chaîne. Bling !
– Tu es libre, K. !
Sa réaction met un moment mais soudain il te sourit.
De toutes ses dents. Puis il se redresse et court en
criant de joie.
– Kaito ? Kaito !
Une femme des Brigades surgit poursuivie par deux
policiers. Clic clic. Plus de balles ? Tu jettes ton arme
vers eux et cours dans la direction opposée à elle…
Les voitures de police vides te font face ; tu t’y
réfugies. Déjà loin, Kaito a continué sa course sans
se retourner. Dommage. Tu me manqueras… Bonne
chance, mon ami.
Rends-toi en 84.

12
Un moment d’inattention et le camion a quitté la
route. Braquer à gauche à cette vitesse réduite n’a
aucun effet. Un réflexe : tu enfonces une pédale au
hasard. Le camion bondit et remonte sur la route. John
râle à l’arrière. Bon, au moins il est vivant.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Merci jeune lou-


– Hé, ça suffit ! Arrête de m’appeler comme ça !
– OK OK. D’ailleurs t’es une sacrée louve. Tu m’as sorti
d’un fichu pétrin.
Il tend une main à laquelle il manque deux doigts.
Vous topez, enterrant la hache de guerre.
Continue en 300.

13
La matinée se termine et la faim t’a transformée en
zombie. En plus, tes rollers te font mal aux chevilles.
Apercevant des bâtiments, tu remets tes chaussures
et coupe droit pour les rejoindre. De plus près,
cela ressemble à une ville-champignon, un de ces
quartiers construits en quelques mois du temps où
Petria se croyait riche. Mais le vent a tourné et cela se
voit.
Une fois sur place, c’est l’apocalypse : volets fermés,
rues désertes, enseignes éteintes…. Seules quelques
voitures sur un parking suggèrent une présence. En
t’approchant, c’est un garage mécanique nommé
Chain Gang Mecanix. Et le plus beau, c’est que tu
entends des rires à l’intérieur.
Que vas-tu faire ? Pour explorer le quartier, va 206. Si
tu t’approches du garage, va en 252.
14
Les murs de l’abri bus sont recouverts d’affiches pour
Tyrak. Pas d’horaires par contre. Malin : comme ça
on ne peut jamais se plaindre du retard du bus. S’il
passe…

Tu poses tes sacs sur le banc en plastique et tu


t’écroules dessus. Tes jambes ne tiennent plus. Faut
croire que le banc aussi a passé une sale journée
parce qu’il cède sous ton poids. Tes sacs, par terre. Tes
fesses aussi. Gros juron. Mais tu as largement le temps
de ramasser tes affaires car aucun bus n’arrive.

Tu continues d’attendre ? Va en 187. Tu reprends la


route ? Va en 182.

15
Dur de croire qu’il faut être célèbre pour entrer ici,
tellement tout semble cheap. Le festival se décompose
en deux zones : celle où tu es, faite de stands de bar et
de baraques foraines, et le chapiteau dancefloor où
tout le monde espère être admis comme le prouve la
queue pour y accéder.

Tu t’apprêtes à faire demi-tour devant la morosité de


la fête quand une voix te fait tendre l’oreille. Un peu
pincée, un peu suraiguë et bien trop forte… tu sais que
ROAD 96: ABOUT A GIRL

tu la connais mais impossible de te rappeler. Tu suis


le son et arrive devant les toilettes. Là, une paire de
talons aiguilles sont tendus vers le ciel. Tu baisses les
yeux sur une jeune femme aux cheveux prune, la robe
retroussée.

– Euh… Sonya ?

– Ho chérie, tu tombes bien ! Y’a pas un de ces crétins


demeurés qui vient quand on appelle.
Par terre, ta riche voisine tient à la main une coupe à
champagne pleine de sable. Tu lui tends la main pour
la relever.

– J’ai glissé en voulant ramasser mon sac sans


renverser mon cocktail. Viens, on va aller se chercher
à boire. La fête CONTINUUUUE !

En te retournant, tu vois qu’elle a oublié son sac à


main devant la cabine des toilettes. Tu le récupères
« discrètement » (va en 133) ou tu lui rends (va en 231) ?

16
Comme convenu, tu approches du mobile-home
de Denny et toque trois coups, puis deux. Le gamin
sort, coiffé d’un hoody noir comme la nuit. Il marche
sans un mot jusqu’à la cabane en tôle. Il va se plaquer
contre un de ses murs, sort un tournevis et te montre
la caméra qui le surplombe.

– Tu n’as qu’à occuper qui-tu-sais pendant que je


m’occupe de ça…

Si tu sais où se trouve Jeffrey, va en 276. Sinon, rends-


toi en 119.

17
Jeffrey n’est même pas surpris de te voir sortie de ta
prison. Il dit n’avoir eu aucune information sur cet ado
disparu puis se souvient de l’arrestation d’une famille
de White Sands évoquée à la télé. Leur fils était porté
disparu…

Manifestement de mauvaise humeur, il te donne une


liste de tâches à faire « pour rattraper ton retard ». Et
avant que tu aies compris comment, tu te retrouves
à transporter un vieux frigo à travers le camping. En
le déposant au pied de l’accueil où il sera récupéré ou
revendu d’occasion – Jeffrey est capable de tout, tu le
sais – tu te donnes encore une semaine maximum
pour mettre de l’argent de côté et repartir.

Rends-toi en 24.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

18
23 MAI – Night Skies Campground
Quatorze jours. Cela fait deux semaines que tu vides
des poubelles, astiques des vitres et récures des WC.
Les gants en caoutchouc claquent quand tu les jettes
dans ton seau et tu refermes la porte du bungalow.
C’était ça, le deal de Jeffrey : tu fais son ménage gratis
et il te loge en échange.

Quand tu lui as dit que tu ne voulais pas faire ce genre


de trucs, il t’a demandé avec cynisme ce que tu savais
faire d’autre ? Honnêtement, tu as plus souffert de ce
sarcasme que de tremper tes mains dans la javel et le
vinaigre chaque jour.

Tu traverses le camping pour ramener ton chariot


de ménage à l’accueil et remarque qu’une nouvelle
caravane s’est installée non loin. Jeffrey doit accueillir
ses occupants.

Tu t’es souvent demandé de quel bord il était : il aime


trop l’argent pour vouloir la révolution mais critique
souvent la police. Plusieurs ados en route pour la
frontière passent ici. Tu as hésité avant d’évoquer
Kaito : sans trop en dévoiler, tu lui as demandé si
quelqu’un saurait localiser ton ami. Il a promis de se
renseigner...
En arrivant à ton mobile-home, tu entends une radio
et de la musique. Forte. C’est pas si souvent cette
agitation…

Continue en 279.

19
– Tu as… envoyé Mike la retrouver, c’est ça ?

– Comment le sais-tu ?! Elle l’a semée cette maligne


pourtant Sara n’avait jamais appris à conduire.

– Tout s’apprend papa, tu sais… Pourquoi a-t-elle


préféré te fuir ?

– Parce qu’elle était jalouse de mon ascension dans le


gouvernement.

– Tu parles ! Elle se fichait de ton pognon, elle voulait


voyager et rencontrer des gens. Dis plutôt que tu as eu
peur qu’elle parle de tes magouilles…

– On mettait en place de grandes choses avec Tyrak !


Elle risquait de tout compromettre, cette idiote ! Il
fallait qu’elle se taise...

– C’est bien ce que je pensais. Et elle est vivante, n’est-


ce pas ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Pfff… Elle a passé la frontière, oui. On a capté des


communications venant du nord qui pourraient bien
être sa voix.

– Elle… aide les Brigades ? Maman…

Rends-toi en 70.

20
– Tu sais, je la voyais souvent, sa résidence est juste
sous mon balcon. Elle fait des fêtes démentielles.

– Holala, ça devait être TROOOP bien. Elle adooore la


fête. On m’a dit qu’elle passait son temps au festival
des donateurs de la campagne de Tyrak…

– Ha ouais ?

– Oui, elle danse et fait l’animation dans la zone VIP,


dans un chapiteau spécial, il paraît. J’adorerais la
connaître en vrai.

– Ben, si tu veux, quand je la reverrai, je lui


demanderai un autographe. Rien que pour toi.

– Tu ferais ça ? T’es vraiment super Zoé !

– Pas de quoi, ça me fait plaisir.

Tu rougis. Il est temps de parler des choses sérieuses.


Continue en 130.
21
Ernesto est un drôle de type, frisé comme un plat
de spaghetti qui parle tout le temps. En te racontant
l’histoire de sa famille de réfugiés, il attrape des
cartons de pizza et les pose sur tes genoux.

– Tu peux manger celles-là, elles sont prépayées


par téléphone. Un dénommé Alex Campbell en a
commandé vingt-cinq mais il a donné l’adresse…
d’une manifestation. La police ne me laissera pas
accéder, haha.

Ernesto te dépose à un carrefour. Le soir approche, il


te faut un abri pour la nuit. Mais choisir une direction
quand on a ni boussole ni carte, c’est comme sauter
dans le vide.

Où vas-tu aller ? Des lumières au loin t’incitent à


prendre à gauche (rends-toi en 249). À droite, il n’y a
qu’un long pipeline, mais peut-être quelqu’un vit-il à
son extrémité (va en 214) ?

22
Tu marches droit sur lui et attaque la première :

– Adam, on n’est plus à White Sands. Tu n’es plus tenu


de rien, alors lâche-moi et va t’éclater.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Taisez-vous ! Vous deviez protéger Miss Sanchez !


Elle s’est encore mise dans un sale état, je vais devoir
la porter.
Il est tellement agité qu’un serveur lui intime de se
calmer. Des invités s’écartent. Le ton monte et Adam
n’est pas loin de se battre. Allant les séparer, tu glisses
un micro dans sa veste et te dirige vers la sortie. Mais
on dirait que tout le monde a la même idée. « Il est là !
Le président est arrivé ». Voilà autre chose...
Dans la cohue qui quitte la VIP Room, tu regardes
Adam raisonner Sonya, un peu jalouse : de ta vie, tu
n’avais jamais vu un homme poser ces yeux-là sur une
femme…
Retour au dancefloor. Des policiers sont postés autour
du podium, tu lâches un micro dans la veste de l’un
d’eux et rentre au local technique.
Rends-toi en 77.

23
“A toutes les unités : on recherche un van rouge et
marron sur la 420. Il a attaqué une de nos voitures.
Sûrement des Brigades Noires. ”
Tu baisses les yeux quand John monte le volume d’un
boîtier entre vous. Une autre voix : “Bien reçu, central.
On arrive. Autorisation de tirer à vue ?”
Tu blêmis. John baisse le son, lâche un juron et se lève.
– Loupiote, prends le volant… Maintenant !
Avant que tu aies pu répondre, il traverse la cabine.
– Hé mais j’ai jamais conduit de voiture, moi !
– C’est pas une voiture, c’est mon camion.
Tu t’exécutes. Le camion ralentit nettement.
– Ne t’inquiète pas, loupiote. Tu vas poser –
juste poser ! – ton pied sur la pédale de droite.
Délicatement. Non non, faut pas que tu fasses hurler
mon gros ours, juste poser le pied pour équilibrer.
Voilà comme ça.
C’est marrant comme tu fais ce qu’il te dit. Y’a pas
deux minutes, tu le haïssais mais, là, tu le crois sur
parole. Qu... ! C’est quoi ça, c’est John !?
– Ici votre Papa Bear, la voix des Brigades. Un message
urgent pour vous avertir que les forces du tyran sont sur
la route 420.
Tu te retournes : John est debout dans sa remorque,
un micro à la main. Un appareil bizarre trafique sa
voix.
“Je répète : barrages et patrouilles de la Section mobile
sur la 420. Évitez-là à tout prix. Bonne chance à tous…”
Il repose son truc et vous échangez un regard. Blam !
Tu sens une grosse bosse et tu vois John valdinguer en
arrière. Va en 12.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

24
11 JUIN
Rien ne s’est arrangé depuis ta sortie de la caravane.
Jeffrey te donne le double de travail et tu ne serres les
dents que parce que tu as besoin d’argent.

Ce soir-là, tu es assise sur le toit de ta caravane,


fourbue, quand Jeffrey déboule, agité.

– C’est toi, sale peste, avoue ! Déjà que tu ne fiches


plus rien ici, mais en plus tu me voles !

– Sympa les accusations ! Avec tout ce que je fais pour


toi, c’est pas le respect qui t’étouffe.

– Oh tu peux parler de respect : mon coffre a été


ouvert. Rends l’argent et je n’appelle pas les flics, OK ?

A ce moment-là arrive une ado. Avec ses fringues


sales et son gros sac, on dirait toi il y a un mois. Elle
s’interpose et prend ta défense alors Jeffrey se taille,
vexé comme jamais. Bon, tu n’aimes pas qu’on parle
à ta place mais, en la voyant, tu réalises un truc : tu
aimais vraiment la vie sur la route. La liberté, c’est un
chemin ; pas une destination.

Une idée te vient… Tu vas la réveiller et l’emmènes


à ton feu de camp, sur la butte. Vous papotez. Tu
aimerais tellement faire griller des marshmallows…
Pour déconner, tu lui fais jouer de ton trombone. Elle a
une jolie bouche même si, aussi improbable que ça en
ait l’air, elle joue encore plus mal que toi. Tu exploses
de rire et elle joue plus fort encore.

– Il est TROIS HEURES du matin !

Jeffrey est furieux. L’engueulade ne dure pas. Pas


besoin. Tu rentres à ta caravane et rassembles tes
affaires. Aux premiers rayons, tu reprends la route.

Tes rollers glissent sur l’asphalte dans un bruit


familier. Quitter cet endroit, c’est comme ôter un
caillou dans ta chaussure. Un soulagement. Prochaine
étape : Kaito, où qu’il soit dans ce pays.

Rends-toi en 126.

25
En marchant au rythme de la musique, tu t’approches
de la VIP Room où tu espères pouvoir te mêler au
gratin de Petria et glaner des infos sur Kaito et ceux
qui disparaissent. Tu contournes la piste de danse en
souriant aux festivaliers mais à quelques mètres de la
porte un vigile en sort et se poste devant. La poisse !

Voyant un homme et une femme en salopette jaillir de


derrière le podium, tu te diriges vers eux. Ils portent
des enceintes avec difficulté. Ni une ni deux, tu fonces
ROAD 96: ABOUT A GIRL

leur donner un coup de main, empoignant le côté de


ce qui semble être un caisson de basse. Péniblement,
vous l’installez devant le podium derrière lequel se
dresse un rideau. Ils te remercient et tandis qu’ils
déroulent des câbles, tu passes une tête derrière le
voile…
Continue en 263.

26
Maintenant tu sais ce que ressentent les lapins qui
traversent les routes : l’information ne passe pas par
ton cerveau, l’influx électrique va directement dans
tes jambes.
Tu sautes sur le côté et ouvre la première porte visible.
Une déflagration retentit à la même seconde et des
copeaux de bois volent. Tu fonces dans le noir et te
prends presqu’immédiatement les pieds contre un
truc. Gamelle. A genoux, tu te redresses en même
temps que la lumière se rallume : tu es dans un petit
entrepôt, étalée sur des cartons. Le crâne rasé est
debout derrière toi.
– Si tu es venue me voler comme les autres, fais ta
prière.
Le canon te regarde dans les yeux. Vas-tu lui dire que
tu viens du camping (157) ou baratiner quelque chose
à propos de la police (90) ?
27
Tu te recroquevilles en espérant qu’on ne te verra pas
de l’extérieur. Quelque chose brille sous le fauteuil. Tu
glisses une main et la retire avec un jeu de petites clés
entre les doigts. Si tu étais encore menottée, bonne
nouvelle : tu l’essaies sur tes bracelets et ils s’ouvrent.
Surtout, tu tentes plusieurs clés dans le démarreur et
l’une d’elle finit par rentrer.

Te rappelant ce que tu as appris, tu enfonces une


pédale et tourne la clé entre deux doigts… Le moteur
vrombit ! Tu maintiens la pédale avec un pied et viens
t’asseoir. C’est là que tu vois le cowboy à la vitre...

Va en 287.

28
La vie du camping s’articule autour de cette place,
accueillante comme une plage estivale… sauf que la
mer ne viendra jamais lécher ces parasols.

Un couple en habits usés cuit une viande


indéfinissable sur un barbecue. Devant une curieuse
cabane en tôle ondulées, un grand type maigre les
surveille, assis sur un bidon d’huile. Sous le store d’un
camping-car, un gamin en bleu de travail bricole un
poste de radio. Soudain, la voix d’une CiBi en jaillit,
ROAD 96: ABOUT A GIRL

l’obligeant à baisser le volume en jetant des regards


suspicieux aux alentours.
Si tu vas à sa rencontre, rends-toi en 174. Si tu préfères
approcher du guetteur sur son bidon, va en 152. Tu
peux aussi t’enfoncer au fond du camping (en 172), ou
retourner vers l’entrée (en 275).

29
30 JUIN
Tu viens de passer 5 jours dans cette cage. A peine
de quoi manger et le minimum à boire. Tu as regardé
les policiers aller et venir. Personne ne s’intéressait
à toi. Une nuit, ils ont jeté une fille dans la cellule d’à
côté. Une nana costaude avec une coupe mi-rasée mi-
nattée, qui sentait fort la transpiration.
Elle t’a dit qu’elle resterait pas là, qu’elle ne voulait pas
finir « dans les fosses de fer ».
– Wow, c’est quoi ça, une prison ? C’est où ?
– C’est là qu’ils mettent les fugueurs et les prisonniers
politiques. On dit qu’c’est des mines où ils font
travailler les ados jusqu’à la mort… Mais j’irai pas,
moi ! J’me laisserai pas faire, j’vais m’enfuir avant leur
bus de la mort !
Ce jour-là, ils sont venus la chercher et elle a frappé
l’un d’eux au visage avant de partir en courant. Ils ont
tiré sans sommation. Toute la nuit, tu as entendu dans
ta tête le bruit de son crâne touchant le sol, comme
une brique qui tombe.
A l’aube, une voix de femme te réveille. C’est la
policière de l’autre jour, Fanny. Elle fait une tête de
six pieds de long en t’emmenant à l’arrière de sa
voiture. Puis elle prend le volant et conduit. Une demi-
journée.
Elle te dit qu’elle te transfère vers un convoi
pénitentiaire, sans plus de détails. Après une heure de
route, vous vous garez sur un grand terrain vide.
Continue en 215.

30
Après avoir lâché un immense soupir, tu montes sur
ton tabouret et traverses le comptoir à quatre pattes.
La salle pousse des protestations mais tu t’en fiches.
Tu sautes au sol, contournes le bar et pousses les
demi-portes de saloon de la cuisine. Pour te retrouver
face à un large type au crâne rasé et au bouc touffu.
Malgré sa belle chemise blanche, il te braque avec un
fusil de chasse.
Tu lèves les mains (157), tu retournes sagement à ta
place (va en 59), ou tu tentes de t’échapper par la porte
que tu vois à ta gauche (va en 26) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

31
Son flingue est vide mais l’affronter est trop risqué. Tu
gravis l’échelle de maintenance du puits de pétrole.
A l’arrivée sur la plateforme, tu es crevée mais tu
t’achèves à remonter l’échelle pour l’empêcher de
monter. Vidée, tu t’agenouilles, mains au sol, et
respires bruyamment. Poum. A chaque fois que la
pompe s’enfonce dans la terre, tu le ressens dans
tes paumes. Poum. Un choc : le fou en bas s’est mis
à frapper le derrick. Pam ! La batte résonne contre
l’acier. Pam ! Des larmes te viennent et tu cries : “Mais
qu’est-ce que vous me voulez !?”. En vain.

Tu te relèves et cherches une échappatoire. Mais


tout ce que tu vois, c’est la plaine avec la raffinerie,
la station et même le van. Pam ! Tu n’en peux plus de
courir, plus de fuir. Tu as envie que tout s’arrête. Pam !
Même le derrick pleure en grinçant.

Tu avances au bord de la plateforme et de la rouille


te neige dessus. Tu fermes les yeux, l’envie de sauter
t’envahit. Dire adieu à Petria. Retrouver Kaito...

Ton pied dépasse dans le vide. Paaam ! C’est là que le


derrick s’est écroulé.

Va en 98.
32
La file n’avance pas d’un poil. Aux conversations des
festivaliers, tu comprends qu’ils espèrent rentrer
même sans le précieux sésame que réclame le vigile.
Sortant du rang, tu les dépasses tous et approches du
gros baraqué qui fait office de barrière.

– Primate démuni ! Pauvre débile ! Va-nu-pieds !

Plantée devant lui, Sonya l’incendie ce qui


t’impressionne. Tu n’imaginais pas qu’elle avait
autant de vocabulaire… Le vigile ne dit rien malgré les
postillons qui pleuvent.

Tu agites le sac à main de Sonya sous le nez du


gorille et brandis un certificat officiel. Il tire la grille à
contrecœur et vous passez dans cette zone réservée
aux nantis. Miss Sanchez ne se prive pas de rajouter
une couche d’insultes.

Rends-toi en 58.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

33
Impressionnant comme il a pris la grosse tête en si
peu de temps. Tu le trouvais déjà exubérant quand il
dansait au camping mais, là, il a carrément lâché la
rampe. A moins que… ?

Il n’a pas pris autant de confiance tout seul… Tu


reviens sur tes pas. Mais au lieu d’approcher Carl, tu te
glisses derrière sa voiture. Tu ramasses discrètement
quelques vêtements jetés au sol et montes dans le
coffre où tu te caches sous les fringues.

Pas besoin d’attendre bien longtemps avant qu’un


homme revienne et démarre la voiture. Carl monte.
Tu abaisses la portière du coffre mais sans la claquer
et pries pour qu’il ne claque pas en roulant sur une
bosse trop raide...

Continue en 236.

34
Un tir de fusil à pompe fait s’écrouler le faux-plafond
au milieu de la salle. Immédiatement, tu reprends le
dossier et te réfugies sous la table. Les balles fusent et
le Café se remplit d’une poussière de particules. Si tu
restes ici, c’en est fini de ta vie et, ça, pas question !
A genoux avec un tabouret au-dessus de la tête, tu
progresses jusqu’au bar. Derrière, tu te retrouves face
au plus grand des deux braqueurs qui lève un pied-
de-biche au-dessus de sa tête et l’abat de toute ses
forces… sur la caisse enregistreuse.

Contre toute attente, le coup rebondit et la barre de


fer vient heurter un boîtier mural gris sur lequel est
dessiné un éclair. FLASH ! Tout le café est soudain
plongé dans le noir. C’est ta chance : tu franchis le
comptoir et suis la loupiote verte de la sortie de
secours. Tu pousses la porte et sors dans la nuit.

Va en 244.

35
– Tu veux rire ? Je regardais le Sonya Show,
évidemment. Elle est comme nous, elle sort de White
Sands pour aller là où ça bouge, là où ça chauffe !

– Euuuh, je l’avais jamais vu sous cet angle...

– Moi j’aime trop la télé. Et la musique. Et je veux


devenir comme elle.

– Comment ça, Amira ? Tu veux devenir... riche ?

– Non ! Enfin si. Mais surtout, je veux avoir mon


propre show télé. Être la prochaine Sonya. La “Sonya
des clips”. Tu sais, ce sont des vidéos musicales…?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Comment ne pas la froisser ? Si tu sens que tu peux lui


dire la vérité sur Sonya-l’aventurière-en-limousine,
rends-toi en 160. Si tu préfères te la péter en lui disant
que tu la connais bien, rends-toi en 20.

36
En fait ce poteau n’est pas enterré mais tenu par
quatre piquets. Avec un sourire diabolique, tu
approches les ciseaux du premier fil. Couic !
Rien ne se passe. Tu recommences avec le deuxième
fil : couic. Non plus. Ho, ça suffit, là ! En posant les
lames sur le troisième, tu remarques un coffret vissé
au poteau avec un combiné. Une plaque précise :
“urgences uniquement”. Curieuse, tu décroches.
– Urgence réseau, j’écoute ? Allo ? Allo !
Une voix de femme. Tu respires sans savoir trop quoi
dire. Mais très vite…
– Ch-chérie ? Rachel ? Je t’en prie, rentre à la maison.
On ne dira rien, mais rentre avant qu’ils ne t’attrapent.
Une mère qui a peur pour son enfant… Ton cœur
se serre. Tu raccroches. Déprimée, tu retournes sur
le banc. Dans un geste désespéré, tu détaches tes
cheveux, ceux que ta mère aimait coiffer. Et tu les
coupes. Mèche par mèche.
Ce soir, tu tranches les liens du passé… Rends-toi en 121.
37
Amira devient un peu sombre et te raconte comment
sa famille a été expulsée de Colton City après 1986,
quand son père a critiqué la politique sécuritaire de
Tyrak.
– Et pour cause : il était commissaire de police, ça fait
tache…
– Mince, c’est pour ça que tu as disparu de la classe !
On nous a dit que tu avais déménagé. Je t’enviais...
– Tu parles : ma mère a dû travailler à l’hôpital de nuit.
Mon père a été rétrogradé sur le terrain. On a fui ici
car il est menacé par les Brigades Noires. Il devrait
nous rejoindre bientôt. J’espère qu’il va bien… Enfin, tu
connais ça mieux que moi.
Tu grimaces quand elle évoque les Brigades mais sa
dernière phrase te trouble. Tu lui demandes ce qu’elle
veut dire (rends-toi en 251) ? Ou préfères-tu profiter
qu’elle évoque son père pour demander s’il pourrait
retrouver Kaito (va en 130) ?

38
Un costaud en blouson noir et crâne rasé se penche
vers l’intérieur du van, une lampe torche à la main. Tu
prends ta voix la plus rauque :
– Urgence : plomberie !
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Dents serrées, le malabar remonte sa lampe vers ton


visage juvénile, un sourcil dressé. Vite, une diversion !
Tu remues ta cigarette sous son nez.
– Z’auriez pas du feu ?
Il met une main dans sa poche sans réfléchir puis se
fige, hésitant. Faut foncer.
– Ha, dites : la fuite côté VIP, ils vous ont dit si c’était
les WC ou les égouts ? Parce que je sais pas ce qui
s’écoule, moi ?
Ses yeux sortent de leurs orbites et il se tourne vers
son collègue. La lampe clignote deux coups et la
barrière se lève. Tu avances.
Rends-toi en 268.

39
Tu as visé une cuve au hasard et en fait le tour. Hélas il
n’y a ni recoin ni ouverture. Une petite échelle permet
d’y grimper. Tu tentes plutôt la suivante mais c’est le
même problème. Alors tu escalades les échelons. En
hauteur, tu repères la silhouette de ton poursuivant
qui s’approche. Plus vite, plus vite...
Arrivée en haut, tu constates avec surprise qu’il
n’y a pas de toit et que la cuve est vide. S’y jeter
serait mortel. Tu peux par contre te laisser glisser
des pylônes pour atterrir sur des canalisations
horizontales.
Si c’est ton choix, rends-toi en 51. Si tu préfères te
laisser glisser du tuyau d’approvisionnement des
camions citernes pour courir vers le plus proche
bâtiment, va en 195.

40
Profitant que les flics protègent les reporters, tu
sprintes vers des buissons au bout du parking.
Tu n’es pas à mi-chemin quand tu sens la terre
trembler. Un char d’assaut écrase les buissons et
fonce vers le parking. Ho, les flics ont appelé l’armée
à la rescousse ! Vite, tu plonges pour l’éviter et vas
rouler en bas d’une pente. Encore au sol, tu essuies
la poussière sur toi alors qu’un bruit sourd s’amplifie
jusqu’à boucher tes oreilles… C’est un hélicoptère ! Sa
lumière balaie ta position.
Trois militaires t’encerclent, mitraillette au poing.
L’hélico descend se poser non loin et les soldats te
poussent à l’intérieur. Alors que vous vous élevez, un
soldat te pose plein de questions. Mais toi tout ce que
tu te demandes c’est si Stan et Mitch vont passer à la
télé ?
Rends-toi en 188.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

41
Ciseaux entre les dents, tu escalades ce mât telle une pirate
à l’abordage. Là-haut, les câbles cinglent l’air. Ils doivent
appeler à l’aide ou transmettre les communications de ce
régime pourri. Y’en a assez des trucs qui te pourrissent la
vie, tu vas leur régler leur compte.

Tu prends tes ciseaux en main et te remémore tes cours de


physique : si tu ne touches pas l’autre câble, tu ne risques
rien. Enfin, de mémoire c’est ça. Vzzbzzz… Tu tends les
ciseaux et ouvres les lames. A peine le fil touché, une
décharge te traverse et descend au sol. Toi, tu chutes.
A ton réveil, non seulement tu vois des étoiles mais
une odeur de cochon grillé plane : l’extrémité de ta
queue de cheval a fondu sous la chaleur. La brosse n’y
fait rien, tout est aggloméré. Pas le choix : tu reprends
les ciseaux et coupes tes beaux cheveux.

Le cœur en berne tu retournes te coucher sur le


banc… Rends-toi en 121.

42
Tu as fait l’aller-retour en courant pour récupérer le
paquet dans ta caravane sans perdre un centimètre de
ton sourire. Il n’en reste plus beaucoup car c’était ton
arme anti-solitude, mais tu les partageras avec joie.
Pendant quelques minutes, vous êtes à nouveau deux
gamines, sans responsabilité, sans questionnement,
sans peur…

Vous échangez des souvenirs d’enfance en gloussant,


des bêtises, des émois. Elle rit quand tu racontes et
elle en rajoute ou imite des voix que tu avais oubliées.
Tu finis par lui raconter ce qui est arrivé à Kaito,
lui parler de ton voyage et confies ta peur d’être
attrapée…

Quelque chose d’étrange se produit alors. Un mélange


de puissance et de fragilité te submerge et vous
tombez dans les bras l’une de l’autre.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Les frissons caressent ton cœur et te déchirent la


peau. Amira. Ta presque toi. Ta preuve qu’on n’est pas
seule dans ce monde.

Vous vous séparez avec la promesse de vous revoir


bientôt mais votre câlin persiste encore tandis que tu
marches vers ta caravane.

Rends-toi en 28.

43
Le foie, c’est ça le vrai point faible chez l’Homme. C’est
bien gentil mais, c’est où, ça, le foie ? C’est pas loin du
nombril mais dessus ? Dessous ? Tu brandis le crochet
sous son nez et, dès qu’il tente de l’attraper, tu recules
avant de l’enfoncer de toutes tes forces dans son
ventre.

On dirait pas comme ça que des abdominaux peuvent


être si résistants… Ton coup n’a servi à rien ; le sien
t’assomme direct. Tu sens juste des mains te saisir et
te porter avant de perdre connaissance.

Rends-toi en 225.
44
Tu poses le pied sur la pédale de droite, prends une
inspiration et l’enfonces jusqu’au plancher. Rien ne se
passe. Mince, tu aurais pourtant parié…

Veux-tu pousser le levier de vitesse (va en 301) ou


enfoncer la pédale de gauche (297) ?

45
Une main dans ton sac, tu tournes le volume du
talkie-walkie à fond et presses le bouton « Alerte ».

Une sirène turbo-compressée retentit. Tout le monde


se bouche les oreilles. En panique, ils cherchent d’où
vient le bruit, nez au plafond et répètent en hurlant :
« Qui a touché à l’alarme ? ». Toi, tu es déjà sortie…

Tu fais quelques pas avec ton sac en plastique dans


l’allée de Setting Sun Hill quand un mec baraqué en
veste noire jaillit en courant. Un vigile ? Pas bon, ça…

Veux-tu t’enfuir et trouver le parking (va en 257) ?


Faire face et lui parler (va en 145) ? Ou ramasser de
quoi te défendre (va en 108) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

46
Une image te revient en tête quand Carl parle de
« star » : la grande étoile noire dessinée sur le flyer de
la Tyrak Donors Party. Tu plonges la main dans ton sac
et en ressort le papier froissé. Carl s’en saisit et le lit
avidement.

– Mais OUI, c’est ça l’idée !

– Faire la fête pour se changer la tête ?

– Mais naaaan… tu comprends rien, toi. Je vais y aller


pour montrer ma chorégraphie au président Tyrak.

Il sort d’un sac à dos son portfolio : deux pages


photocopiées de photos où on le voit exécuter des
gestes étranges. Tu lui expliques que Tyrak ne porte
pas les ados dans son cœur mais Carl ne t’entend
même pas. Il rêvasse, les yeux rivés sur ton flyer...

– Après ça, mes parents seront bien obligés de


reconnaître mon talent et me respecter.

Quand il se remet à répéter sa chorégraphie, tu


retournes travailler. Ajoute le portfolio à ton inventaire
et rends-toi en 28.
47
Mécaniquement, il pioche une cigarette dans le
paquet que tu lui tends et la glisse dans sa bouche.
Son briquet flotte dans la mare d’eau savonneuse.
Tu l’attrapes et lui tends. Comme un automate, il
étire son cou et tend les lèvres. Clic-clic-scratchhh !
Flamme. Bout rougeoyant. Ses yeux reprennent vie.

– Elle avait tes yeux. Leur vivacité…

– Qui ça ?

– Lola. Ma fille. Elle avait pris la route à cause d’eux.


Comme toi, hein ? A cause de Bob, son prof.

– Non. C’est qui ? Il l’a draguée ?

Ses molaires écrasent la cigarette et ses joues se


tétanisent.

– Pire ! Il l’a recrutée. Les Brigades…

A ton tour de crisper. Dents, joues, cou, tu es une boule


de nerfs. Si tu restes ici, tu vas péter un plomb. Mais
avant que tu ne sortes, sa poigne se referme sur toi. Il
tient ton poignet.

– Ne reste pas sur la route ! Elle m’avait dit qu’elle


partait en vacances et eux ils… l’ont tuée ! Toi, reste en
vie.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Il place dans ta paume un papier brillant. C’est un


autocollant vert. Un camp de vacances pour ados sur la
côte ouest de Petria.
Ajoute le sticker Summer Camp à ton inventaire et sors
de ce bar de fous en 102.

48
Réfléchissons : pressés, pas de bagages, des vêtements
de boulot… Peut-être des plombiers en route pour une
intervention ?
– Hé Mitch, tu te souviens si c’est à gauche ou à droite, là ?
– Euuuh, non. Je n’ai pas noté ce croisement.
– Vous allez où en fait ?
– HEEEEEIN ?
– VOUS ALLEEZ OÙUU ?
Le plus costaud se penche, tout sourire.
– On va à une fête.
– Le plus gros festival du pays, tu veux dire, Mitch !
– La Tyrak Donors Party !
– Oh ?… C’est payant ?
– On est invités ! Notre sœur est V.I.P.
– Chhhut Stan ! On ne sait pas qui est cette fille...
Ils tournent de lourds regards suspicieux vers toi.
– T’as raison. Peut-être qu’elle bosse pour lui.
– Euuh, qui ça, « lui » ?
Ils plissent les yeux et freinent. Continue en 123.

49
Tu marches en regardant derrière toi pour vérifier
qu’on ne te suit pas. Du coup, tu ne vois pas débouler
au milieu de l’allée un type de deux mètres de haut.
Ta tête s’écrase dans sa veste noire trop juste pour ses
muscles
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Toi, tu viens !

Pas très causant le gorille. Sa main s’abat sur ton


épaule et l’écrase. D’autres gens sortent des boutiques
et se rapprochent. Et ils ont pas l’air de vouloir t’aider.

Si tu cherches quelque chose pour te défendre, va


en 108. Si tu te dis qu’après tout, ils te doivent un peu
plus de respect en tant que fille de ministre, rends-toi
en 145.

50
La joue écrasée contre le métal de la berline, tu
pousses un râle tandis que le policier resserre tes
menottes.

– Tu es seule ? Vous êtes combien ici ?

Tu jures que tu ne sais rien, même si tu as une pensée


pleine de haine pour le propriétaire de cette voiture…

– Central ? Ici 117. Envoyez du renfort pour une saisie.

Le talkie-walkie répond positivement en saturant.

BLAM ! Au moment où il le raccroche à sa ceinture,


retentit une détonation. Puis une seconde, plus
proche.
L’agent de police tombe sur le bitume en poussant
un long soupir sifflant. Une silhouette filiforme
s’approche, ramasse des clés et ouvre tes menottes.
Une la sueur froide coule sur ta nuque. Tu attends le
pire mais rien ne vient.
En te retournant, tu vois l’homme tirer le corps
mastoc du policier vers l’intérieur du bar. Dès que
tes jambes acceptent de marcher, tu te jettes dans
la voiture et démarres en trombe. Sans un au revoir,
sans un regret…
Va en 212.

51
A quatre pattes sur les tuyaux, tu t’enfonces dans la
raffinerie, passant par-dessus des pompes, des tôles,
des grilles métalliques. Un enfer géométrique dont
les tubes rouillés te râpent les mains. Une détonation
éclate. Une balle atteint un tuyau non loin, arrachant
son collier qui tombe dans un cliquetis qui t’évoque un
rire sardonique. Tu préfères sauter sur un fût bombé
où tu atterris douloureusement. Maintenant, dans
quel sens courir ?
Si tu fonces vers le grillage pour t’échapper de
la raffinerie, rends-toi en 103. Si tu cours vers le
bâtiment qui apparaît au bout de tous ces tuyaux, va
en 66.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

52
Avec une pensée pour Irene, tu sors sa pièce fétiche
d’une poche et tente de te remémorer ses conseils. Tu
fais d’abord sauter le joint en caoutchouc de la fenêtre
et, la qualité des voitures de Petria étant ce qu’elle est,
la vitre tombe dans la portière. Celle-ci déverrouillée,
il ne te reste qu’à la faire démarrer comme elle t’a
appris.
Dans un bruit de fanfare et un énorme nuage de
fumée opaque, tu quittes les lieux… Rends-toi en 104.

53
La pédale de gauche toujours enfoncée, tu tournes la
clé. Un bruit cyclique se fait entendre sous le capot,
alors tu relâches la clé. Victoire, le moteur a démarré
et continue de tourner ! Bon, et maintenant ?
Tu penses qu’il faut actionner le levier de vitesse
(rends-toi en 233), remonter la pédale de gauche
(en 246), ou appuyer la pédale de droite (en 237) ?

54
– Hum… Tu as tes papiers, fillette ?
Son collègue t’a rejoint. Mâchoires serrées, il t’arrache
ton sac et fouille à l’intérieur. Le talkie-walkie tombe,
tes rollers aussi, puis tout le reste. Curieusement, le
flic ramasse juste un petit papier blanc : ton ticket de
caisse. Elle a soudain un sourire carnassier :
– Votre taxi est bien arrivé, Mademoiselle Muller !
Tu entends le cliquetis des menottes. Tout est fini. Ton
père t’a retrouvée et dans quelques heures tu seras à
nouveau à White Sands, enfermée dans une vie dont
tu ne veux plus…
Tu peux recommencer cette aventure à zéro, au
premier chapitre, ou retenter un autre chemin
en 206.

55
De près, la grosse pierre se révèle un parpaing bien
dense. Tu le soulèves en grognant tant la douleur
irradie ta jambe et tes côtes. Pas de doute, tu seras
bientôt couverte de bleus. Tu ne saurais pas dire si tu
comptes te défendre ou le lancer, mais tu brandis le
parpaing. Plus tu avances, plus tu ressens une menace
peser. Sans doute parce que la camionnette n’a pas
bougé d’un centimètre. Comme s’il te narguait.
Dents serrées, tu jettes la pierre de toute tes forces
contre son aile droite. Aucune réaction. Un doute
t’envahit : il ne serait pas mort quand même ? Rends-
toi en 221.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

56
– Alors c’est ça que vous voulez ? Tous nous arrêter ?
Commencez par attraper celui que je vous ai décrit !

– Hé ! Sur un autre ton, fillette ! Je te rappelle que tu


as été arrêtée en train de fuguer, ce que la loi Tyrak
interdit. Tu pourrais aller directement en prison...

– Et mon copain, celui qui avait ce skate-board, lui


aussi vous l’avez envoyé en prison ?

Elle fronce les sourcils sans que tu arrives à dire si


c’est de l’incompréhension ou l’irritation.

– Je ne connais pas ce garçon, mais si ses affaires sont


là, c’est qu…

– C’est que vous l’avez emmené là où il n’en aura plus


besoin. Tous les ados disparaissent, c’est sur ça que
vous devriez enquêter !

Son nez palpite. Elle déglutit mais ne dit rien.

–Je vais vous dire : Petria étouffe ses enfants et vous,


les flics, vous les achevez !

Ses yeux et sa bouche s’ouvrent en grand et elle lève


la main pour te gifler. Mais rien ne tombe, sinon ses
larmes. Elle se lève et sort un mouchoir pour essuyer
ses yeux. Sans donner d’explication, elle te reconduit
dans ta cellule et sort. Tu y resteras toute la nuit. Et
cinq journées.

Rends-toi en 29.

57
–J’ai beau avoir la moitié de ton âge je suis pas deux
fois plus stupide. Et faire le dur devant des enfants,
c’est pas exactement un signe de virilité, tu sais ?

Le bouc autour de sa bouche dessine un grand rond,


mais le “oh” ne sort jamais. Tu marches déjà vers le
portail sous les regards incrédules des mécanos en
bleu de travail et sors sans te retourner. Ciao machos.
File en 91.

58
Marchant à la suite d’un couple en chemise blanche
et robe de soirée, tu pénètres sous le chapiteau. Les
portes à peine ouvertes, une moiteur acre t’agresse.
Sur une piste ronde se trémoussent deux cents
personnes que les projecteurs font transpirer plus
encore que la musique électronique.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

A l’autre extrémité, tu distingues une estrade avec un


podium où s’activent des techniciens. Plus près de toi,
un coin bar vend de la bière Black Star. Entre les deux,
une porte entourée d’ampoules façon music-hall
annonce fièrement « VIP Room ». Vu que tu n’es pas là
pour la fête, voici ton nouvel objectif…
Si tu as dans ton inventaire des vêtements de star, va
en 261. Sinon, rends-toi en 25.

59
Patience, calme, patience… Il parait que tout vient à
qui sait attendre. Là, le seul truc qui vient à toi c’est
une femme aux cheveux peroxydés et en jupe en skaï.
– Je crois que tu t’es trompée d’endroit, chérie.
Tu te lèves d’un coup, prête à t’imposer quand elle se
raidit et sort sans prévenir. En fait, tout le monde est
sorti. Sauf ce gars que tu n’avais pas vu.
Il porte des gants en cuir et un petit chapeau. Ses yeux
sont des cernes. Ses joues sont des cernes. Encore
debout, il dépose son chapeau sur le comptoir ainsi
qu’une batte de baseball. La poignée est recouverte de
sparadrap, le bout profondément entaillé. Sur un côté,
il y a un truc en fer planté. On dirait… une antenne
radio ?
Rends-toi en 185.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

60
7 MAI
Après une nuit à dormir sur le siège arrière du van,
tu te fais déposer avant une petite ville et reprends
la route sans traîner. S’attarder trop longtemps, c’est
prendre un risque. Tu dois avancer, aussi loin de
White Sands que possible.

Marcher te regonfle. Un rayon de soleil et te voilà


rechargée. Tu chantonnes, tu shootes dans des
cailloux rien que pour les voir rouler… À la mi-
journée, tu te permets même de quitter la route
pour crapahuter dans des rochers. Pour déjeuner, tu
grignotes ce qu’il reste dans ton sac et passe l’après-
midi à te faire bronzer tandis que les camions roulent
en contrebas.

Quand le soleil redescend, tu retournes longer le


bitume, le pouce levé.
Rends-toi en 203.

61
– Kaito… Kaito !
C’est bien lui, ton meilleur ami. Tu l’appelles, mais il
ne bouge pas. Malgré le feu et les tirs, il reste hébété.
– Viens vite, c’est Zoé !
Un surveillant jaillit des flammes, matraque en main.
Il assène un violent coup dans la cuisse de Kaito qui
tombe. De rage, tu bondis et brandis le revolver sur lui.
– Si tu touches encore mon ami, je te fais sauter le
crâne.
Dans ta tête apparaît le cowboy au sourire mystérieux
et tu comprends que c’est ce qu’il attendait. Une arme,
voilà ce que tu es devenue. Le surveillant lève les
mains. Tu ne peux quand même pas faire ça…
– C’est une prisonnière et elle est armée !
Deux agents de police arrivent armes au poing. Non,
tu n’es pas comme eux. Tu te retournes et plonge
entre les flammes derrière le bus.
Continue en 292.

62
Tu abandonnes tes pinceaux et saute au sol. Direction
ta caravane. Non loin, tu entends la voix de Jeffrey
proposer de « guider à la personne que vous décrivez ».
Grrrmh. Pas le temps de rassembler tes affaires, tu
attrapes ton sac et ressors.

Tu te faufiles derrière les bungalows et trois


silhouettes passent dans l’autre sens. En haut de cette
ROAD 96: ABOUT A GIRL

colline, il y a ton 'feu de camp' et, derrière, le parking.


Un bête terrain entouré de rondins de bois où sont
essentiellement garés des vieux trucs rouillés, mais
une grande voiture sort du lot. Une Bürly Wagon III
vert bouteille, une importation qui faisait fureur il y
a quinze ans, réputée pour avaler les kilomètres… et
boire des pétroliers.

Sur le pare-chocs, un autocollant « I ♥ Night Skies


Campground ». Aucun doute, c’est la sienne. Tu
donnes un violent coup de coude dans une vitre,
enlève les bouts de verre et déverrouille la porte. Une
intuition te vient : tu abaisses le pare-soleil et une clé
tombe. Yes ! A toi de jouer... Continue en 190.

63
Plusieurs utilitaires sont garés dans un recoin du
parking. En t’approchant, tu vois ce type, agenouillé
avec un truc qui éclaire ses lunettes. Ha mais non, il
n’est pas à genoux, il est juste petit. Très.
Qu’est-ce qu’un môme fiche ici… ? Ton cœur se serre :
il n’a quand même pas été abandonné… ? Le genre de
traumatisme dont on ne se remet jamais. Tu le sais :
gamine, tu as souvent été « oubliée » par ton père, plus
intéressé par ses affaires que par sa fille.
Pauvre gosse, tu vas l’aider. Mais quand son bonnet se
tourne vers toi, tu réalises que tu l’as déjà vu. Y’a pas si
longtemps, même.
– Alex ? C’est toi ?
Si tu as un sticker Revolution!, va en 281 ; sinon, rends-
toi en 295.

64
Tu as eu peur qu’une puissante sirène ne retentisse
au démarrage de la voiture de police, mais non. Juste
un bruit de moteur péteux et pas mal de fumée. Tu
as foncé tout droit, accélérant encore une fois sur la
route.
Quand tu as croisé les premiers véhicules de renforts,
tu as coupé par un chemin entre deux champs
et abandonné la voiture dans un bois. Une demi-
heure plus tard, tu émergeais de l’autre côté devant
un atelier ou une usine. Quelqu’un avait garé son
cyclomoteur ; tu lui as… disons «emprunté». Ça ne
filait pas vite mais assez pour que le vent emmêle tes
cheveux et fasse pleurer tes yeux. Enfin, c’était sans
doute ça…
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Tu as roulé jusqu’à la panne d’essence. Alors tu as


abandonné ton véhicule et continué à pied. Cela fait
mal aux cuisses, mais tu es habituée. Et c’est toujours
mieux que d’être enfermée.
Rends-toi en 202.

65
Le regard hypnotisant, tu ne sais pas bien faire,
mais tu tentes le coup : de face, tu ancres tes pieds
au sol, replace ton trombone derrière ton dos. Tu
fixes ton regard sur les arrivants. Enfin tu essaies,
parce que, là, leur mouvement est plutot chaotique..
La moto se rapproche et tu réalises qu’il s’agit d’un
side-car. Son conducteur fait des embardées et ne
semble pas t’avoir remarqué. Pire, il mord le bord
de route et fonce vers toi. Tu maintiens ton regard
une seconde de plus avant de plonger sur le bas-
côté. Le side manque de te faucher mais
s’immobilise à deux pas de toi.
Continue en 294.
66
Le petit bâtiment de béton où tu viens d’entrer
contient une tuyauterie infinie. Des colonnes, des
coudes et des ballons se recoupent et de croisent.
Surtout, ils sont couverts de valves en tous genres
et de manomètres. A ton étonnement, des aiguilles
bougent encore. Tu tournes une valve et un compteur
se met à défiler. Tu retournes la valve dans l’autre
sens, mais était-ce bien celle-là ? Une fumée
s’échappe d’un clapet ! C’est là que tu remarques la
silhouette qui s’approche. Elle lève son arme et tire.
Un jet de vapeur jaillit. Puis un second.

Tu ouvres une valve, puis une autre et une troisième.


De la fumée envahit le bâtiment. Sans prévenir, un
tuyau se décroche et est projeté en l’air. Tu entends un
cri rauque. C’est le moment de t’échapper. Va en 308.

67
Tu dépasses la voiture de police comme si elle
n’existait pas et te dirige vers le van. Tu t’attendais à
le voir fuir, mais il n’a pas bougé d’un poil depuis que
tu avances. En fait, sa carrosserie n’est pas noire mais
gris anthracite. Tu le contournes et remarques un logo
G.P.S. : le livreur n°1 à Petria.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Des portières claquent quelque part sur le parking ;


sans doute les flics. Tu toques à la vitre teintée. Pas de
réponse. Prise de panique, tu actionnes la poignée de
la porte coulissante. Magique : elle s’ouvre. Tu hésites
une demi-seconde avant de monter à l’intérieur
et refermer. Un clac sec t’informe que tu viens de
condamner la porte...
Va en 143.

68
Alors celle-là, elle est pas mal ! En fait, tous ces
gens en rond applaudissent Carl, le danseur
du Night Skies Campground. Complètement en
transe, il se contorsionne et ondule à une vitesse
impressionnante. Des chefs d’entreprises et de hauts
fonctionnaires l’acclament et battent des mains.
Quand il a terminé, il distribue des autographes. Tu
t’approches pour lui parler mais il se contente d’écrire
DANCING CARL au feutre sur ton poignet. Une
femme te pousse pour l’approcher. Veste et chignon
étriqués, elle lui propose un show lors d’un meeting
du président. Énervée, et malmenée par la cohue, tu
lâches un micro dans son sac à mains et te détournes.
Un cri de surprise. La rumeur se répand que le Tyrak
serait arrivé au festival ! Tout le monde se rue vers la
grande salle. Tu jettes un dernier micro dans la poche
d’un VIP et traverse le dancefloor, où des policiers ont
pris place, pour rejoindre le local technique.
Continue en 77.

69
Adam énumère encore les qualités de Sonya que tu as
déjà dépassé deux voitures sur le parking. Dans le noir
et recroquevillée, il ne devrait pas te repérer même si
tu entends ses jurons d’ici…
Plus loin mais toujours pliée en deux, tu prends un
moment pour faire un état des lieux. OK, là, c’est
l’arche d’entrée et le physio. Par-là, ce doit être
l’accès Organisateurs. Et là, c’est… Tiens, on dirait que
quelqu’un se cache derrière ce camion.
Légèrement éclairé par une loupiote verte, il ne
semble pas t’avoir repéré. Ça ne serait quand même
pas… ? Cette fois, il faut que tu en aies le cœur net.
Approche-toi en 63.

70
– Ça suffit maintenant ! Donne-moi ce dossier !
D’un geste, il appelle ses gardes du corps. Sous leur
menace, tu tends la chemise cartonnée que t’avait
jadis donnée Kaito. Elle est sale, cornée, tachée
ROAD 96: ABOUT A GIRL

d’essence et de sang mais c’est bien le document le


plus brûlant de ce pays. Celui qui pourrait faire tomber
le tyran et libérer Petria.
Ton père essaie de se lever mais son ventre reste
coincé entre la table et la banquette alors un garde
attrape le dossier et lui donne. C’est là que la porte
d’entrée explose.
Deux hommes cagoulés entrent alors que du verre
brisé vole dans tous les coins. Ils sont armés et
habillés tout en jaune.
– Pas si fort Stan, tu aurais pu me couper !
– Chuuut, c’est pas le moment, Mitch ! OK tout le monde
: dans notre métier, voici ce qu’on appelle un hold-up !
Ça semble incroyable, mais tous les gardes ont levé
les mains. Une flaque s’étend sous la banquette de ton
père. Un des braqueurs jette un sac de sport par terre.
– Videz tous vos porte-monnaies, là-dedans. Mettez
aussi vos montres ! Oh, et refermez le zip après.
– Stan, c’est normal qu’ils aient des flingues ?
Les costards se regardent entre eux et abaissent leurs
bras. Tu as une seconde avant qu’ils pointent leurs
armes sur les braqueurs.
Vas-tu te précipiter vers le comptoir pour sortir par
l’arrière (rends-toi en 34) ou sauter sur le garde du
corps le plus proche (va en 165) ?
71
– Une livraison est supposée être... livrée, Jeffrey.
Qu’est-ce que j’y gagne ?

– Ne fais pas ta maligne. C’est juste des cartons à me


ramener.

– Y’a quoi dans ces cartons ?

– C’est pas tes oignons…

– Je te propose un deal : si je fais ça pour toi, peux-tu


m’aider à retrouver un ami dans Petria ?

– Hé je dirige un camping, je ne suis pas ton détective


privé. Et je te rappelle que je te loge déjà gratis…

– Alors disons que je ne suis pas livreuse et encore


moins ta bonniche.

– Ha oui ? Mais alors, tout à l’heure, tu promenais juste


ta serpillière préférée ?

Ton nez se retrousse mais tu ne trouves rien à


répondre à ça. Il marque un point ; pour ta sécurité, tu
fais le ménage.

Si, finalement, sortir d’ici te fera du bien, tu acceptes


sa course, va en 131. Si non, vraiment, tu n’es pas du
genre à céder la première, continue en 267.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

72
La cabane est aussi fragile que protégée. En faisant
le tour, tu remarques des caméras vissées à la tôle et
des câbles qui courent sous son toit métallique. Tous
les câbles électriques – même celui du digicode – se
rejoignent au sol dans un tube en PVC. En le suivant
dans le sable orangé, tu arrives à un boîtier sur le
poteau d’une lampe.

Dommage que tu ne t’y connaisses pas assez bien en


électricité car tu sens que cette installation est plus
impressionnante que sécurisée.

Vas-tu tenter d’ouvrir la porte (rends-toi en 4), te


diriger vers la radio qui grésille à deux bungalows d’ici
(en 174) ou laisser ça et repartir d’ici (en 279) ?

73
Avant de décider s’il peut te parler, Denny observe
chaque détail qui pourrait trahir un lien avec la police.
A ta surprise, ses yeux s’arrêtent sur ton trombone et
sourit devant le dessin de poing levé.

– Tu sais, un membre des Brigades vient parfois ici.


Quand on s’est retrouvés seuls avec ma mère, il nous a
aidé à déménager ici.
– Tu pourrais me le décrire ? Que je puisse lui parler si
je le vois ?

– Je peux faire mieux que ça, m’dame.


Denny sort un feutre noir et se met à dessiner avec
précision sur un bloc-notes un visage carré avec une
barbe épaisse et des cheveux courts très noirs.

Tu as déjà vu ce visage. C’est John!

Va en 93.

74
Rollers aux pieds, tu glisses sur l’asphalte de cette
route. On n’entend déjà plus les basses du festival
quand un véhicule arrive dans ton dos. Quand tu te
retournes, la voiture fait un brusque écart et manque
de te faucher.

Une embardée à droite, une à gauche et elle


s’immobilise au beau milieu de la chaussée. La voiture
est noire et longue. Un peu trop. Oh punaise c’est
un corbillard ! Une femme en sort, costume noir
également et cigarette au bec. Elle s’excuse dix fois et
n’en finit plus de se blâmer pour cet accident raté. Tu
lui assures que tout va bien, mais elle insiste pour se
ROAD 96: ABOUT A GIRL

faire pardonner en te déposant. Tu cèdes pour mettre


fin à l’affaire.
Marrant, il fait bon dans ce corbillard. Cela sent même
le parfum coco. Plus improbable, elle met une cassette
et une dance super rythmée jaillit des enceintes. Vous
vous mettez à danser comme deux folles. Plus tard,
elle t’offrira la cassette en te déposant. La route est
décidément pleine de surprises...
Ajoute la cassette de dance à ton inventaire et
reprends ta route en 104.

75
Quand Denny accepte de sortir de sa caravane, le
gamin t’apparaît très nerveux. Il t’explique qu’il a
trafiqué une radio pour émettre des messages et
chercher ton ami Kaito. Il y a quelques jours, deux
hommes sont venus. L’un avec un chapeau de cowboy,
l’autre avec un bandana noué sur le crâne et des
lunettes réfléchissantes. Ils ont posé des questions
à plusieurs personnes dans le camping pour trouver
Kaito. Un type s’est interposé quand ils se sont montrés
menaçants et… le bandana l’a planté avec un couteau.
– Les Brigades, à coups sûr…
– Je suis désolé Zoé, j’ai détruit ma radio depuis et je
me suis caché. Tu ne devrais pas rester ici…
Il a raison. Ils vont revenir. Rends-toi en 24.
76
Vous vous êtes assis sur la table en bois. Posée à côté,
la télé diffuse des images de manifestations dissipées
par des policiers. Apprêté et légèrement maniéré, Carl
joue avec les pics de ton bracelet. Il t’explique qu’il a
dû quitter sa famille qui l’a rejeté. Son père pro-Tyrak
ne supportait plus les posters des groupes étrangers
qu’il accrochait au mur. Ni les garçons au torse nu
qu’on voyait dessus. Tu l’écoutes raconter le difficile
coming-out que ses parents ont jugé inconvenant. Tu
le prends dans les bras.
– C’est pas grave tu sais, car j’ai un remède contre la
morosité.
– Ha oui ? Moi c’est les marshmallows.
– Moi c’est la dance.
– Ha génial ! Si tu veux je joue du trombone, je peux
t’accompagner ?
– Du trombone ? Nan mais n’importe quoi, elle... Je te
parle de dance, de techno moi !

Va en 88.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

77
Alex ne frissonne même pas quand tu entres dans
la remorque de camion. Montrant le casque sur ses
oreilles, il te fait comprendre qu’il écoute. Tu t’assoies
sur une caisse au milieu de câbles qui courent
jusqu’au chapiteau et un genre de magnétophone qui
tourne. Au bout d’un moment, Alex met le casque sur
tes oreilles.

Tu reconnais du premier coup la voix de votre


président. Parfois, on entend d’autres conversations ;
sans doute les micros que tu as posés. Mais tu
arraches le casque quand retentit la voix de Sonya
Sanchez, braillant à gorge déployée. On dirait qu’elle
fait du grabuge…

– Bien joué, frangine ! Ça marche à merveille. Merci de


ton aide, à charge de revanche !

– En fait, il y a un truc qui m’aiderait… Sur tes radios et


CiBi, tu pourrais retrouver mon pote Kaito ?

Il branche son casque sur l’ordinateur, pianote à toute


vitesse et des tas de lignes apparaissent à l’écran. Puis
une courbe comme un sismographe. Il soulève un
écouteur et te dit avec une grimace :

– Yo… ils l’ont eu. Je suis désolé mais ce Kaito a été


arrêté.
Quelque part un building s’écroule, ou alors c’est ton
moral qui a été dynamité.

– Ils le retiennent dans un commissariat on dirait. Le


Precinct 22 si ça peut t’aider.

Rends-toi en 291.

78
C’est une grande caravane décorée de coquillages,
filets et bibelots maritimes alors que la mer est à
des centaines de kilomètres d’ici. Tu sursautes :
par la fenêtre jaillit la voix de Sonya Sanchez vite
interrompue par une autre plus mature.

– Par pitié, Amira… coupe cette télé cinq minutes !

Ça alors ! Tu as connu une fille qui portait ce prénom,


il y a longtemps. Gamine, c’était ta meilleure amie, ton
modèle, ton héroïne. Elle était noire de cheveux, de
peau, d’humour et de regard... Comme celui qui t’est
actuellement braqué dessus.

– Zoé ?… C’est toi ?

C’est bien elle en tous cas. Fière et droite dans


l’encadrure de la porte qui s’est ouverte. Tu l’as quittée
il y a 10 ans, fâchée pour une bêtise, et la revoilà plus
éblouissante que jamais.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Couchées dans des transats juchés sur le toit de


la caravane, vous discutez. C’était ton héroïne, ton
modèle ; elle n’a rien perdu de son caractère : voilà dix
minutes qu’elle critique ce camping, moquant chaque
détail en te faisant exploser de rire.
– Bref. Qu’est-ce que tu fiches dans ce trou à rat ?
– J’y travaille, dis-tu avec une moue... J’en avais assez
de dépendre de mon stupide père. Et toi ?
Dix ans, c’est long à rattraper. Que vas-tu lui
demander : ce qu’elle fait ici (va en 37) ? Ce qu’elle
regardait à la TV (35) ?
Si tu as des marshmallows dans ton inventaire, tu
peux aussi retourner à ta caravane les chercher pour
les partager (rends-toi en 42).

79
A tendre l’oreille, ce bruit étrange pourrait bien venir
du moteur. Hélas, il ne réduit pas quand tu ralentis,
alors tu finis par te ranger sur le bas-côté.
Tu coupes le moteur et penses même à allumer tes
warning pour éviter qu’une voiture ne te percute par
l’arrière. Et tu écoutes.
Ouais, pas de doute, cela vient du moteur. Sauf que
tu n’as aucune connaissance en mécanique, toi…
Continue en 179.
80
Un monsieur avec un cou de taureau et des cheveux
blonds taillés en brosse se penche à ta vitre et
t’éblouit de sa lampe torche. Tu prends ta voix la plus
convaincante :

– Bonsoir, je viens pour faire le show.

– Quel show, mademoiselle ?

- La surprise, pour le président… C’est moi !

– Heuu… La dresseuse ?

– OUI ! Voilà, c’est ça. Je suis dresseuse… de singes.

Oh bon sang, pourquoi ? POURQUOI ? Pourquoi la


grande passion de tes 8 ans ressort maintenant ?
Stupide cerveau...

Sa lampe balaie la cabine et des petits cris fauves


jaillissent dans ton dos. L’homme recule et se tourne
vers son collègue. La lampe clignote deux coups et la
barrière se lève. Tu avances.

Rends-toi en 268.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

81
Tu as bien tenté de partir mais, sans tes rollers, c’est
plus dur de semer l’ex-employé de ton père chargé
de te surveiller. Adam te tient entre le cou et l’épaule,
comme on attrape un chiot.
– J’en ai assez de vous courir après ! Cela m’a coûté
cher…
En dehors de sa poigne de fer, ton baby-sitter
personnel n’a pas changé depuis que tu as fui
l’appartement paternel.
– Votre père m’a fichu à la porte. Heureusement, la
merveilleuse Sonya Sanchez m’a sauvé…
Détectant un moment de relâche, tu te dégages. A
croire que ce couillon est sur un petit nuage, il ne l’a
même pas remarqué.
– Qu’est-ce que tu fiches ici, Adam ?
– Je protège la vie de Miss Sonya ! Je suis son garde du
corps officiel maintenant. Bon, sauf qu’elle m’a planté
sur ce parking…
Il t’explique qu’il veut la retrouver mais ne peut pas
entrer : seules les personnalités importantes sont
admises dans le festival.
Si tu vois venir son plan, rends-toi en 192. Si tu ne
veux pas en entendre davantage, tu peux tenter de lui
échapper en 69.
82
– Je veux savoir ce que vous faites aux fosses de fer !

– QUE... ?! Comm- ?! Ne... !

Il manque de s’étouffer dans un accès de colère et


tousse plusieurs fois.

– Ne prononce jamais ce nom ! JAMAIS, tu m’entends ?

– Pourquoi ? Tout le monde le connaît…

– TAIS-TOI ! Si quiconque t’entend le dire, ils


pourraient te… te…

– …Tuer ? Alors c’est ça que vous faites aux fugueurs ?

Ses yeux sont exorbités et il n’arrive pas à reprendre


son souffle.

– Ça n’existe PAS. Ce sont des bobards inventés par les


Brigades !

– Mais qu’est-ce que vous fabriquez là-bas qui mérite


un tel secret… ?

– Tu, tu… TU NE VEUX PAS SAVOIR ! Le président ne


prendrait aucun risque de compromettre le projet à ce
niveau d’avancement.

– Un « projet » ? C’est pas juste une prison alors ?


ROAD 96: ABOUT A GIRL

– TAIS-TOI ! C’est ta vie qui est en jeu... et la mienne


par extension.

– Haaa, c’est ça… Sale lâche !

Rends-toi en 70.

83
Tu plonges te cacher sous les cartons éparpillés. La
porte latérale s’ouvre.

– Vas-y, sors ! Montre-toi !

C’est une voix de femme. Fais la morte, fais la morte...

– Si tu crois que je vais te laisser bouffer mes cartons,


tu te trompes, sale rongeur…

De… quoi ?

Un grand coup retentit. Tout le camion vibre. Puis un


autre. Un par un, les cartons volent en l’air.

– Sale bête ! Sale bête !

Tu imagines déjà tes jambes détruites et hurles


« ARRÊTEZ ! » en sortant de ta cachette.

Une femme en anorak gris floqué des livreurs


G.P.S. te fait face, batte en aluminium en main.
Précipitamment, elle referme la porte derrière elle, et
pose un index sur ses lèvres violettes.

– Chut. Personne ne t’a vu entrer ? Ils n’savent pas


qu’tu es là ?

– … Qui ça ?

– Les flics. Tu cherches la frontière, non ? T’inquiète,


j’peux t’avancer, mais il faut pas qu’ils montent ici.
Viens.

Rends-toi en 125.

84
Un hoquet te prend et te tord le ventre. C’est si violent
que tu manques de vomir. Mais même ça, tu ne peux
pas te le permettre. Pas le temps. Alors tu cours, tu
cours vers le premier rempart contre ces balles. Une
voiture de police vide. Sordide ironie, c’est celle qui t’a
amenée ici…

Cette policière aurait pu tout changer. Peut-être


même que c’est elle qui a envoyé Kaito dans ce
bourbier ? Tu les hais tous et toutes désormais… Tu
ouvres le coffre et ramasse ton sac et ton trombone ;
à la place du cric, il y a un tournevis et un paquet de
biscuits au chocolat Ty’chunk. Tu prends le premier
et va le planter dans une roue. Un sifflement sonore
ROAD 96: ABOUT A GIRL

t’accompagne pendant que tu enfonces le second


dans une poche et tu prends la direction de la route au
pas de course.

Pas question de la longer, des renforts vont arriver.


Alors tu coupes par un champ sans ralentir. Tu
pénètres dans un bois quand les sirènes se font
entendre. Adieu Kaito…
Rends-toi en 202.

85
Feignant d’observer le paysage, tu te retournes. Ce sac
poubelle n’est même pas fermé, juste accroché par
un tendeur au side. Tu tires sur un côté et le plastique
claque au vent. Par l’ouverture, tu distingues des
paquets rectangulaires. En papier. On dirait… des
billets !
Les deux types se disputent sur un sujet débile alors
tu y glisses une main. Ce ne sont pas des liasses mais
des billets en vrac. Il y a aussi une petite boîte en
carton, tiède et humide. Quand tu retires ta main, elle
dégouline d’un liquide rouge épais... Nnff Nnff : c’est
du ketchup. Il y a un burger là-dedans.
Oh oh… Les deux types te fixent. Tu leurs demandes
où ils vont (rends-toi en 48) ou tu demandes d’où
vient tout ce fric (rends-toi en 208) ?
86
– Une seule question ? Je veux savoir où est maman !
Il pousse un soupir excédé.

– Toujours cette même histoire… Ta mère t’a


abandonnée il y a 10 ans !

– Non ! Tu l’as mise dehors…

– C’est faux ! Elle est partie. J’ai tout fait pour la


retrouver mais Sara s’est échappée.

Si tu possèdes un polaroid de Sara, rends-toi


immédiatement en 19 ; sinon va en 161.

87
Même de là où tu es tu vois bien que sa poitrine ne
bouge plus. Par acquit de conscience, tu cries en
direction de la cuisine, mais personne ne répond.
Sur le comptoir, quelques larmes subsistent. Non, tu
ne peux pas le laisser mourir sous tes yeux...
Tu descends de ton tabouret et pose un genou à
terre prendre son pouls. Rien, zéro, nada. Tu poses
tes mains sur sa cage thoracique et appuies fort une
fois, deux fois, trois fois. Tu peux te l’avouer : tu ne
sais pas faire. D’autant que ses lèvres sont violettes
maintenant…
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Peut-être pourrais-tu aller chercher de l’aide en


cuisine (306) ? A moins que ce soit trop tard et qu’il
vaille mieux sortir avant qu’on te voie ici (102) ?

88
– Tu sais que Petria est le pays où chacun peut réaliser
son rêve ?
– Euh, c’est pas vraim-
– Eh bien moi, je vais devenir le plus grand danseur
techno du pays.
Il se lève d’un bond et se met à danser
frénétiquement. Son cou décrit des cercles, ses bras
imitent des vagues. Il est si concentré qu’il a les yeux
comme des soucoupes volantes. Au bout de quelques
longues minutes, il s’arrête net et entame des
assouplissements.
– Tu as vu ça ? Truc de dingue, hein ?
– Euh, ouais, c’est assez impressionnant. Très original
en tous cas.
– Évidemment. Personne ne danse comme moi. C’est
pour ça que je vais rapidement devenir une star.
Si tu possèdes un flyer Tyrak Donors Party, va en 46.
Sinon, rends-toi en 89.
89
– Je comprends. On a tous une bonne raison de vouloir
quitter ce pays.
– De quoi ?
– Ben, si j’ai compris, tu veux traverser la frontière
pour vivre comme danseur, non ?
– Pas du tout ! Je ne suis pas un de ces zonards, moi. Je
suis un artiste !
– Oh...
– Je vais devenir le plus grand danseur du pays. Je
cherche juste un moyen de passer au Sonya Show
pour montrer mes moves.
Tu te mords les lèvres pour ne pas en dire plus, te
contentant de lui souhaiter bonne chance pour la
suite de sa carrière et tu retournes travailler. Rends-
toi en 28.

90
– Ne tirez pas ! Les flics pourraient vous entendre !
Un sourcil (aussi fourni que sa barbiche) se lève. Signe
qu’il se concentre pour écouter. Le canon descend
imperceptiblement. Derrière lui, tu aperçois une
porte, mais il faudrait retourner en salle…
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Ils sont en planque un peu avant votre bar. Côté


panneau à la moto. Je suis entrée ici pour leur
échapper...
Il hésite. Tu tentes le coup.
Tu plonges sous son bras et montes sur le comptoir.
Flash blanc.
Un violent coup de crosse t’a atteint à la nuque dans
un craquement sordide. Tes yeux se ferment. Tant
mieux car la porte vers laquelle tu t’élançais s’avère
être celle des WC dont sort le type en blouson de
motard. Au moins, tu évites la honte en rendant l’âme.
Ton aventure s’arrête ici. Tu peux recommencer
premier chapitre ou retenter une autre approche
en 7.

91
Dehors, on n’entend que le bruit des climatiseurs
qui tournent, collés aux murs des boutiques et le
cliquetis des mécanos du garage. Où vas-tu te rendre
maintenant ?
Au garage Chain Gang Mecanix : va en 252 ? À la
boutique de vêtements Petrian Apparel : va en 118.
Au magasin de déco PetriHouse (va en 305) ? Ou au
minimarché d’alimentation Crossroad (va en 211) ?
92
– Hé ho, derrière ! Je vous entends alors vous
m’entendez aussi. Vous savez qui je suis, n’est-ce pas ?
Le silence se fait. Ça marche, tu as leur attention.
– J’imagine que vous espérez une rançon de mon
père ? Hé bien j’ai une mauvaise nouvelle : si vous le
contactez, il vous fera tuer.
Silence. Tu as réussi à leur faire peur. Ça chuchote.
– Hé ouais, faut réfléchir des fois. Mais on peut éviter
ça… si vous me relâchez.
Des pas ; quelqu’un vient. Un homme aux yeux rougis
et aux joues rongées par les produits chimiques. Il te
montre ce qu’il tient dans la main : ta carte bancaire.
– Pas besoin d’appeler… Ceci va nous rembourser tout
ce que ton père nous doit.
Tu bredouilles une question mais sans arriver à la
finir. Sans doute parce qu’on est en train de t’étrangler.
Tout devient flou…

Ton voyage s’arrête ici. Tu peux recommencer


premier chapitre ou reprendre en 225 pour trouver
une meilleure voie.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

93
– Écoute Denny, moi aussi, les Brigades m’ont posé
des problèmes. Mais j’ai besoin d’eux pour retrouver
mon ami. Il s’appelle Kaito et j’ai peur qu’il ait été
arrêté…

– Compris ! Je vais écouter les fréquences, voir si


quelqu’un en parle ou si...

Il ne finit pas sa phrase car Jeffrey Bonnaro arrive et se


poste en face de lui.

– Tu n’oublies pas que vous me devez déjà une


semaine de retard, Denny ? Rappelle-le à ta mère au
cas où…

L’enfant aux yeux noirs ne dit rien. Il doit serrer les


dents comme toi. Quand Jeffrey est reparti, tu dis à
Denny que tu as quelques réserves et que tu peux
régler pour lui s’ils ont besoin mais il fait non de la
tête.

– J’ai une autre idée, m’dame. Si tu veux m’aider…

Rends-toi en 106.
94
Tu progresses vers le fond et la musique gagne en
volume. Il s’agit d’un bomp bomp bomp régulier
recouvert par des bips robotiques évoquant une
station spatiale. Du synthétiseur assurément.

Quand tu arrives devant le poste à cassette d’où sort


cette musique, tu tombes devant Carl, jeune fugueur
qui s’entraîne tous les jours à danser. Il te dit de ne
pas le déranger, il répète une chorégraphie super
compliquée…

Si tu le laisses tranquille, va en 16. Si tu veux jouer un


peu avec lui, va en 298.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

95
24 JUIN – Precinct 22
Petria, c’est un Western. Tu imaginais un
commissariat comme ceux des séries TV, avec des
flics courant dans les escaliers pendant que d’autres
sont assis à leur ordinateur ? Le Precinct 22 n’est
qu’une grande salle avec quatre bureaux et deux
grilles créant des cellules dans le fond. Il ne manque
que le shérif… Il y a même des fusils sur un râtelier
mural, à côté de photos mal photocopiées d’enfants
recherchés et de voleurs à arrêter.

Tu as passé la nuit sur une paillasse en guise de lit. Un


policier trapu et hirsute entre. Visiblement contrarié,
il jette ses clés sur une table, accroche son revolver
au mur. Une femme aux cheveux noués en chignon
et à la peau brune le suit de peu. Son regard est noir.
Le costaud vient à ta cellule, tapote une clé en métal
contre les barreaux de la grille et la déverrouille.
Tu t’approches docilement (rends-toi en 141) ou tu
profites de l’ouverture pour te ruer dehors (rends-toi
en 197) ?
96
Une image apparait dans ta tête. De plus en plus nette.

– …Kaito. Je veux Kaito.

– Je… je ne sais même pas où il est.

– Trouvez-le. Je veux savoir s’il va bien.

Le camion ralentit devant une palissade mal clouée.


Quelqu’un a pendu une banderole blanche “Welcome !
The Night Skies Campground”.

– On arrive. Je vais déjà te mettre toi en sécurité.


Descends ici, je te tiendrai au courant pour lui.

Va en 97.

97
A peine as-tu fait quelques pas sous la banderole
“Welcome !” que tu hallucines. Comment avais-tu raté
cette énorme flèche en néon bleu pointée vers ce qui
doit être la réception ? Des bobines géantes en guise
de tables et une guirlande lumineuse donnent un air
festif à l’endroit.

Tu vas t’asseoir dans un rocking-chair malgré la nuit


étoilée. On entend des voix plus loin et tu reconnais
celle qui t’a permis de venir ici. Quelle journée… Tu
ROAD 96: ABOUT A GIRL

manques de t’endormir là quand une voix au timbre


nasillard te surprend.

– Bienvenue ! Je suis Jeffrey Bonnaro, le propriétaire


du camping. Notre connaissance commune a dû
repartir un peu vite, mais tu es entre de bonnes
mains. Viens !

Peut-on faire confiance à un homme en chemise


froissée qui porte des lunettes de soleil de nuit ? En
même temps, as-tu vraiment le choix ?

– Ton… « chauffeur » m’a dit que tu avais besoin d’un


endroit tranquille et c’est pile ce que j’ai.

Entre rochers, cactus et bungalows, il te conduit à une


vieille caravane en métal toute bosselée. Non loin, une
radio interrompt sa musique pour annoncer qu’il est
minuit.

– Voilà ton palais, mademoiselle. C’est déjà réglé pour


cette nuit, quant à demain… Hé bien, on verra demain.

Il fait un clin d’œil caché par ses lunettes. Non


vraiment, c’est pas une flèche…

Rends-toi en 156.
98
Tu as d’abord entendu un claquement, puis vu un
câble remonter à la verticale dans l’air. Puis le marteau
du puits de pétrole s’est écroulé entraînant toute
la structure avec lui dans un froissement de métal.
Quand tu as repris tes esprits, tu étais dans l’herbe
jaune, couverte d’ecchymoses. Un tas de fer recouvrait
ton assaillant inerte, sans espoir de pouvoir le
dégager.

Tu as marché douloureusement jusqu’à revenir à la


station. Une éternité. Tu as ouvert la portière du van,
es montée à l’avant et t’es écroulée sur la banquette.
Sommeil de plomb.

A l’aube, ton sommeil est interrompu par une voix.

– ...ike…. m’entends ?

Personne dehors… ? Un grésillement t’intrigue et tu ne


tardes pas à trouver un talkie-walkie sous le siège. Tu
tournes la molette du volume et reconnaît… la voix de
ton père.

– Mike ? Mike !

Tu presses le bouton mais sans parler.


– Ha, tu es là ! Alors, tu l’as ? Tu as trouvé Zoé ?
– Oui papa. Ton larbin m’a trouvé. Puis il est mort.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Que… ? Quoi ?!
– C’est fini tout ça. Maintenant, si tu veux me parler, tu
vas venir me voir. Et en personne !
Silence indigné. Puis :
–… D’accord Zoé, d’accord. Je t’attendrai ce soir à l’Iron
Shore Café.
Tu as coupé le talkie-walkie avec un sentiment de
puissance irradiant. Maintenant, c’est toi qui mènes la
danse !
Rends-toi en 164.

99
8 MAI
Depuis que tu patines le long de la route, le soleil a
pris de la hauteur dans le ciel. Une forme apparaît
devant toi ; un véhicule à l’arrêt, capot relevé. Un
grand type tout maigre est penché sur son moteur.
– Hé jeune fille, pourrais-tu me passer quelques outils
s’il te plait ?
Pourquoi pas, après tout ? Tu assistes le bonhomme
qui se contente de grommeler avant de demander
l’outil suivant. Sans prévenir, il se met à donner
de violents coups là-dedans et remonte à bord. Le
moteur ronfle, hésite, et démarre. Ça fume, ça siffle
mais ça tient bon. L’autre portière s’ouvre.
Alors : tu montes avec lui jusqu’à la prochaine ville (va
en 206), ou tu continues en rollers par toi-même (va
en 13) ?

100
Tu pousses la porte en te préparant à devoir te
justifier mais tu tombes nez à nez avec un type en
sweatshirt sale et bonnet sur la tête.
– Hé, tu peux m’aider ? Je suis en galère...
Il t’explique que le pompiste l’a choppé en train de
faire la manche et menace de le dénoncer à la brigade
des routes.
– Alors je me planque ici le temps de trouver une
voiture. Et j’ai trop faim.
Si tu trouves normal de lui donner de quoi s’acheter à
manger, va en 166. Si tu préfères garder ta monnaie et
sortir d’ici, rends-toi en 129.

101
Tu te jettes au sol et dévales l’accotement en roulade.
En bas t’attend un chantier abandonné dans lequel tu
avances à quatre pattes pour ne pas être vue depuis
ROAD 96: ABOUT A GIRL

la route. Planquée derrière une bétonnière, tu vois la


voiture de police se garer. La portière claque et des
cailloux roulent là où tu as dégringolé. Paniquée, tu
tires sur la poignée d’un gros conteneur métallique.
Surprise, il s’ouvre en grinçant. Pas le choix : tu te
faufiles dedans. Rends-toi discrètement en 269.

102
Le parking s’est vidé. Il ne reste que ta BWIII et un taxi.
Tu sors les clés de ta poche et ouvre côté conducteur
en soupirant. Y’a qu’à toi qu’il arrive des trucs comme
ça… Une voiture arrive sur ces entrefaites et se gare
à côté de toi. Sur sa portière, on voit bien en toutes
lettres les mots « Petria » et « Police ». Naaaan…
L’homme qui s’extrait de la voiture a un cou de
taureau et des bajoues de bulldog recouvertes d’une
barbe courte duveteuse. Tu glisses rapidement la
clé dans le Neiman mais trop tard, il toque déjà à ton
carreau :
– Bien le bonjour, Mademoiselle. Vos papiers… ?
Pas le temps de réfléchir, vas-tu te faire passer pour
une employée du bar (va en 256) ou tenter de fuir en
démarrant en trombe (va en 262) ?
103
Tu t’engouffres dans un trou dans le grillage et cours
en direction de la station essence. En arrivant en vue
du van, tu es non seulement à bout de souffle mais
une peur te saisit : et s’il n’était pas seul ?
Tu prends le temps d’observer, puis avances un pas
après l’autre, les yeux rivés sur ses vitres teintées. Tu
ouvres la portière et te crispe en entendant une voix.
Mais tu te rends vite compte qu’elle sort d’un talkie-
walkie. Mais, cette voix… tu la connais ! Attrapant
l’appareil, tu tournes la molette du volume. C’est
là qu’un violent coup s’abat sur ta tête. Avant de
perdre connaissance, tu sens des mains t’attraper
pour te porter et avant que ta mémoire reconnaisse
cette voix, tu sombres dans les limbes. Ton aventure
se termine ici. Tu peux recommencer au premier
chapitre ou retenter une autre approche en 202.

104
23 JUIN – Thousand Cattle Plateau
Le temps file ; toi aussi. Plusieurs jours de route
ont passé, à patiner le pouce levé entre des fermes
verticales et des tours d’élevage dont le bétail ne
voit jamais le soleil. Tout pour assurer “l’autonomie
alimentaire de Petria” comme votre président aime à
le répéter.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Tu as changé souvent de chauffeur, fait quelques


rencontres sympas et profité des stations essence
pour te renseigner sur deux trucs : 1. ta position exacte
vu qu’il n’y a pas deux voitures qui vont dans la même
direction ; 2. la répartition des commissariats de
Petria.

Tu es justement en train de scruter une carte quand


une voiture de police se gare devant une pompe à
essence Fossoil. La fliquette qui en sort te jette son
trousseau de clés sans un bonjour.

– Le plein, je suis pressée !

Sans plus d’explication, tu la vois courir vers


les sanitaires. Hum, tu as ses clés à la main : tu
t’improvises pompiste (rends-toi en 181) ? Ou tu
apportes la clé au tenancier de la station (rends-toi
en 171) ?

105
L’enfer. En plus sale. Tout pue, tout colle, l’odeur est
répugnante et tu dois te pincer le nez et la bouche
pour ne pas vomir. Nan surtout, ne pas vomir.
Quand l’odeur devient vraiment insupportable, tu
rouvres le couvercle, jettes tes sacs par-dessus bord et
dégages de là, dégoulinante.
Tu glisses comme une ombre le long des murs
des allées et aboutis à un parking. Il est vide. Tu le
traverses en un sprint. Le bitume redevient de la
poussière jaunâtre sous tes pieds. Les bâtiments, des
ombres. Plus loin, tu crois repérer un arrêt de bus.
Si tu vas t’y asseoir, rends-toi en 14. Si tu ne le sens
pas, tu peux continuer de marcher en allant en 182.

106
La nuit est tombée sur le Night Skies Campground.
La guirlande et l’immense flèche bleue, à la hauteur
de l’ambition de son propriétaire, illuminent les
carcasses des caravanes et des bungalows. Quelques
téléviseurs brillent encore et une musique bizarroïde
se fait entendre dans le fond du camping. Toi, tu
traverses ce no man’s land sur la pointe des pieds
jusqu’à la place centrale.
Et après ? Te rends-tu vers la musique (va en 94) ou
vers le mobile-home de Denny (va en 16) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

107
10 JUIN
Deux semaines que tu vis enfermée dans ta caravane.
Quinze longs jours, avec au ventre la peur de voir
débarquer la police. Tu passais tes journées à jouer
du trombone et regarder des photos de tes parents.
La nuit, tu repensais aux étranges rencontres faites
depuis un mois. Tu as relu les documents de Kaito
aussi et une certitude t’es venue : Petria est un pays
injuste qui ne récompense que l’argent. Pas les gens.
Le régime détourne, s’empiffre. Le vol est interdit,
mais tout est corruptible. Même la police.

Kaito voulait t’avertir mais tu le comprends mieux


désormais. C’est pourquoi il te faut le retrouver coûte
que coûte. Et dès maintenant, même !

Fini de se cacher. Tu enfiles tes habits et déverrouille


la porte par laquelle Jeffrey te dépose de quoi manger
en échange de tes derniers dollars. Le soleil t’éblouit.
Tes yeux piquent, mais bon sang ce que ça fait du
bien ! Maintenant à qui vas-tu demander de l’aide ?

Si tu connais Amira, rends-toi en 226. Si tu connais


Denny, va le voir en 75. Si tu connais Carl, rends-toi
en 217. Sinon rends-toi en 17 pour évoquer le sujet
avec Jeffrey Bonnaro.
108
Tu saisis une manivelle en fer devant une boutique. Il
y a une vraie poignée bien commode et de l’autre côté
un crochet qui doit servir à remonter le volet roulant.

Ha ouais : il y a bien sept ou huit personnes désormais


réunies autour du vigile. Il fait craquer ses doigts et
son cou, prêt à se battre. On fait quoi maintenant, Miss
Ninja ?

Si tu veux frapper le malabar en pleine tête, va en 146.


Si tu vises la partie la plus fragile chez l’homme, va
en 43. Et si tu préfères taper les jambes pour t’enfuir,
va en 128.

109
Le barbu pose une visseuse et décroche une photo
aimantée sur un frigo.

– Là, au milieu, le trombone, c’est moi. Il y a 12 ans, je


jouais dans le Old Skull Marching Band. Une fanfare
d’Argandia. On reprenait des chansons ouvrières :
Bella Ciao, Sixteen Tons, Chain Gang... On avait même
des goodies…

Il sort une boite avec des porte-clés et des stickers en


forme de crâne. Tu en colles un sur ton trombone.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

–Après les manifestations, le régime a dissous la


fanfare. J’suis venu dans ce coin huppé trouver du
boulot dans ce garage.

Ses yeux sont aussi clairs que sa salopette est crade


mais ils brillent.

–Un soir, à la fermeture, cette nénette aux yeux verts


se pointe. Elle était en cavale et cherchait une voiture
pas chère, “de quoi aller jusqu’à la frontière” qu’elle a
dit.

– Vous vendez des voitures volées ?

Tu as jeté un froid. Tout le monde te regarde.

– Gamine, tu fais fausse route. À Petria, les criminels,


on les voit à la télé et sur les affiches.

Ajoute le sticker Old Skull à ton inventaire. Si tu lui en


demandes plus sur cette fuyarde, rends-toi en 189. Si
tu sens qu’il vaut mieux sortir, va en 91.

110
Tu repenses à Kaito, à Alex, à tous ces mensonges,
toutes ces manipulations… Il est temps que quelqu’un
paie pour ça. Alors tu décris un camionneur, baraqué,
le visage carré avec une tignasse noire réglisse et une
barbe fournie. La policière note et crayonne. Quand
la colère s’épuise et que tu cesses ta description, elle
relève le nez.

– Merci jeune fille, cela va grandement servir la


sécurité du pays. On pense que les Brigades préparent
des attentats. Maintenant dis-moi : tu connais d’autres
enfants fugueurs, qu’on puisse les sauver ?

Continue en 56.

111
Suivant ton instinct, tu as ouvert le boîtier de ton
talkie-walkie et trifouillé les molettes jusqu’à obtenir
la fréquence 1.1.1 en grandes ondes. Des interférences
remplacent d’abord les grésillements. Puis des
bribes de voix jaillissent au milieu des statiques? « ...
mion passé à… sept heur… atin. Chargement id..fié… À
...ous ! ».

Les coupures sont trop nombreuses mais tu reconnais


les mots « Petria », « frontière » et «camion». Quand
une phrase en particulier te crispe : « R...ert ? ...obert,
vous m’e...dez ? B… ades, j…ange de fr…ence. »

Plus rien. Il faudrait capter un autre message pour y


voir plus clair. Sinon, retourne au dernier paragraphe
visité.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

112
Arrivée à l’une de ces immenses torchères, tu
te lances à l’assaut du grand escalier de fer qui
tourbillonne autour. Tu montes les marches quatre
à quatre avant de devoir reprendre ton souffle. Tu as
monté quatre paliers et il en reste autant.
La vue aérienne sur ce labyrinthe de tuyaux de toutes
tailles est hypnotisante. Mais de cette hauteur, tu vois
arriver le hockeyeur dans la raffinerie, il te cherche.
D’ici tu pourrais enjamber le garde-corps et atteindre
une grosse canalisation horizontale.
Que fais-tu ? Si tu continues de monter les marches,
rends-toi en 250. Si tu tentes ta chance sur la
canalisation, rends-toi en 51 ?

113
Évitant les pompes qui sont devant la vitrine du
caissier, tu traverses la station en regardant chaque
véhicule, sur les nerfs. Tu sens qu’il ne faut pas partir
d’ici seule. Alors tu toques au carreau de quelques
automobilistes qui se montrent aussi méfiants que tu
es tendue.
Tu allais repartir à pied quand une camionnette
ralentit à tes côtés. Tu serres les dents mais un parfum
enivrant te saisit : c’est un pizzaiolo ! Le conducteur
de chez Tyrakycious te fait un clin d’œil et ouvre la
portière. Comment résister ?
Rends-toi en 21.

114
La camionnette ralentit, entre dans la station et se
gare sous l’auvent. Sa portière s’ouvre et un homme en
descend. Pas très grand mais carré. Sa main gauche
tient une batte de baseball. La droite, un revolver. Un
masque de hockey cache son visage.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Tu le vois marcher lentement mais sans montrer


d’hésitation. Il avance jusqu’aux pompes où tu te
tenais il y a un instant. Puis jusqu’à la grille, qu’il
soulève dans un grincement glaçant. Ses doigts
s’arrêtent un instant, caressant l’acier rouillé avant
d’en extraire un fil orange entre le pouce et l’index.
Un de tes cheveux s’est coincé quand tu t’es faufilée.
Le canon de son flingue pousse la porte entrouverte
par laquelle tu es passée il y a une minute à peine.
Réfugiée à l’intérieur d’un bureau privé, tu repousses
la porte et tires le verrou. A reculons, tu traverses un
capharnaüm de cartons qui n’a pas été déménagé à
la recherche d’une cachette. Et quand la poignée de la
porte s’abaisse tu manques de pousser un cri.
Continue en 136.

115
Ces gestes bizarres, ces inflexions de voix… tu les as
déjà entendus au camping. Mais oui, c’est Carl ! Un
jeune type un peu étrange qui vivait dans le fond du
camping, là où les ados dorment dans des cartons…
Lui passait son temps à danser. Tu t’approches pour
fêter ces retrouvailles, mais il te fait un geste bizarre
de la main :

– Je n’ai pas le temps pour les autographes !


– Mais... Carl, c’est moi : Zoé, du Night Skies… ?

– Ha ? Oh oui, je vois. Écoute je dois m’échauffer, là.


Je serai sur scène dans trente minutes. Il faut me
laisser…

Ta mâchoire en tombe. Impossible de discuter avec ce


zinzin, tu fais demi-tour.

Si tu retournes vers l’entrée, rends-toi en 286. Si tu


préfères te planquer pour surveiller Carl, vas en 33.

116
Tu rebois une gorgée d’eau et en profite pour te
mordre d’un coup sec la joue : une coulée de larmes
roule sur ton visage. Tu avales une salive au goût de
sang et assène ta botte secrète :

– Ma maman m’a abandonnée il y a 10 ans et mon


père est… mort. Dans un accident de forage pétrolier.
Je suis seule.

La policière n’a pas bougé d’un centimètre, mais au


fond de ses yeux une lueur vacillante s’est allumée.
Puis sa bouche se tord et elle articule doucement.

– J’imagine que seule, ça a été dur, la route. Très dur…


Mais ceux qui partent font aussi du mal à ceux qu’ils
laissent derrière eux, tu sais.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Elle s’apprête à te demander quelque chose mais se


ravise et au bout de quelques secondes reprend une
attitude plus pro.

– Est-ce que tu connais d’autres enfants fugueurs,


qu’on puisse les sauver ?

Au moins, elle s’intéresse plus à toi ; mais si c’est


pour arrêter d’autres fugueurs, à quoi bon ? Et puis
d’ailleurs, où est Kaito maintenant ?

Continue en 56.

117
Tu te revois, seule au volant de cette berline, à
traverser le pays pour faire les courses de ce tocard.
Cet hypocrite, jovial à l’accueil mais sans pitié pour
arracher l’argent de pauvres réfugiés. Son mépris
mérite bien que tu lui rends la pareille. Quitte à
mentir et arranger la réalité.

Alors tu décris Jeffrey à la policière. Sa moustache


faux-cul, ses lunettes de ringard, sa voiture et sa
contrebande… Tu insistes juste un peu sur ses liens
avec les Brigades, le camion qu’il reçoit de temps en
temps et tu suggères qu’il les fournit sans doute en
matériel ou en argent sale… Et le tour est joué !
– Merci jeune fille. Ce n’est pas la première fois que les
Brigades se cachent dans un camping, on ira vérifier
ça. Maintenant dis-moi : tu connais d’autres enfants
fugueurs, qu’on puisse les sauver ?

Continue en 124.

118
– Bienvenue chez Petrian Apparel !

L’employé aux cheveux gominés est très motivé, hélas


les étals sont assez vides et les fringues moches : qui
achètera ce t-shirt rouge pompier avec la silhouette
blanche du président Tyrak sur la poitrine ?

Une robe turquoise flashy un peu courte – à moins


que ce soit un débardeur XL ? – te tape dans l’œil. Tu la
prends. Sur le côté, de vieux modèles s’entassent dans
une poubelle, dont un maillot noir complètement
déchiré sur l’épaule droite. Dommage : l’imprimé
mauve avec un extra-terrestre te plaît bien. Tu
l’enfiles, pour voir. Les employés te regardent sans
comprendre. Dans le miroir, les lettres majuscules
clament : ALIEN. Sourire : c’est tout à fait toi…

Ajoute ce débardeur ALIEN à ton inventaire et passe à


la caisse en 149.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

119
Tu traverses le camping en regardant partout où
pourrait être ce cher Jeffrey à cette heure-ci, mais
sans le repérer. Une meilleure idée te vient alors : si tu
ne peux pas le trouver, autant le faire venir !

Tu dégaines ton trombone et te met à jouer Ring of


Fire en défilant dans les allées. Une fanfare à toi toute
seule ! Cinq minutes ne se sont pas écoulées que
le propriétaire débarque en chemise blanche pour
exiger le silence. Il te fait un sermon que tu n’écoutes
pas, continuant de déambuler. Quand le ton monte
trop, tu lui fais tes excuses et rentre te coucher. Mais
quand il se détourne, tu files vers la cabane de tôle…

Va en 227.

120
Une fois qu’on a pris le coup, faut reconnaître, il y a
un plaisir à conduire. La Bürly Wagon III est lourde
mais puissante : chaque petit mouvement du volant te
donne l’impression d’être la capitaine d’un navire sur
un océan de poussière.

Le camping est loin derrière toi désormais et tu n’as


pas calé depuis au moins trois intersections. Tu es
seule mais libre : enfin ! Reste une question : on va où,
capitaine ?

A défaut d’avoir une meilleure idée, tu mets le cap sur


le Palavas Bar du petit papier. Rends-toi en 148.

121
Tu cogites, à plat ventre sur le banc : vue l’heure,
aucun bus ne passera cette nuit, mais la perspective
de dormir dehors t’effraie carrément. Vaut-il mieux
marcher de nuit ou trouver un lieu où camper ? Tu te
ROAD 96: ABOUT A GIRL

demandes encore quand surgissent des phares. C’est


un vieux van familial, bleu et blanc. Manifestement, il
veut te prendre en stop. Cool !

Et te voilà, le nez collé à sa vitre. La nuit défile et


tu repenses à ton voyage depuis White Sands. La
dispute avec Kaito, les flics et cette camionnette noire
bizarre… Dans ton sac, il y a le dossier volé que Kaito
t’a donné mais l’ouvrir est au-dessus de tes forces.
À coup sûr, il ne contient rien de bon. Tu te sens
paumée.

Pff, tu en veux à Petria d’être si nul, à ton père de


t’avoir négligée et, comme chaque jour depuis 10 ans,
à ta mère de t’avoir abandonnée…

Allez, reprends-toi. Il faut que tu mettes des


kilomètres entre ta vie d’avant et toi. Alors dès
demain, direction la frontière. Continue en 60.

122
Une balle siffle non loin de ton oreille et des cheveux
tombent mais tu ne fléchis pas. Tu vas tellement vite
que tu ne peux freiner avant le bus et viens t’arrêter
contre sa carrosserie bouillante.
Entre les flammes, des grappes d’ados sortent par la
porte et les fenêtres brisées et partent en courant,
bras en l’air. Sauf un. Les cheveux dans le vent, yeux
écarquillés, il semble perdu.
Si tu portes des menottes, rends-toi en 61 ; si tu es
libre, va en 11.

123
– Tu connais notre sœur ?
– Co… comment je pourrais savoir ? Vous n’avez pas dit
son nom…
– On peut pas te le dire. Ça la mettrait en danger.
– Ouais ! Déjà qu’un taré lui écrit des lettres de
menaces.
– Ça pourrait même être toi.
– Moi ? Pourquoi moi ?
Le bruit du chopper réduit et la route défile moins
vite. Un fusil à pompe te regarde dans les yeux. Rends-
toi en 191.

124
Tu tombes au sol dans une terre gorgée de sang,
entourée de corps. Des ados et un gardien. Tes épaules
te font souffrir et tu constates que, dans ta chute, tes
jambes sont repassées dans la chaîne des menottes.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Assise sur les fesses, tu repasses tes pieds de l’autre


côté et aperçois alors Kaito, bras ballants devant le
bus.

– Kaitooo !

Il tourne la tête. Tu vas te redresser pour lui faire signe


mais tu vois un jeu de clés à la ceinture du surveillant
mort et t’en saisis pour te libérer. Kaito reste figé. Un
policier le met en joue.

– Ici, Kaito ! Je suis là !

Une rafale crépite et atteint ton ami en pleine


poitrine. Kaito s’écroule.

– NOOOOOOOON !

Rends-toi en 216.

125
Tu es assise sur le siège passager, une boîte de
beignets orange dégoulinant de sucre sur les genoux.
Le bonheur.

Irene Romano est une fille en or, avec un cœur gros


comme ça, caché par un maquillage gothique un peu
excessif. Par contre, elle est plus pilote de stock car
que livreuse… A chaque virage, tu te taches.
– Écoute : tu dis rien de c’que tu as vu derrière et je
dirais pas que j’t’ai vu sur la route.

– Mais j’ai rien vu, Irene.

– Voilà, parfait, on fait ça.

Tu assistes à sa tournée à travers Petria, la vois faire


ses livraisons, récupérer des colis. Vous parlez de
Petria, blaguez et en fin d’après-midi, elle te dit :

– Je connais un endroit tranquille pour toi. Ils ne


viendront pas t’y chercher.

Rends-toi en 247.

126
12 JUIN
La route peut être une partie de plaisir ou votre pire
ennemi. Depuis deux jours, tu alternes le stop et la
marche. Hier tu es montée avec une fille immense,
une vraie géante encore surplombée par un chignon.
Elle conduisait avec le siège couché et tu n’arrêtais
pas de la vanner ; vous avez bien ri. Tu as passé la nuit
dans un abri bricolé en bois et en carton, installé le
long d’une usine. Cadeau d’un précédent fugueur,
sans doute… Mais aujourd’hui, rien. Pas une voiture,
pas un camion alors que le soleil tape dur.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Tu marches seule depuis plusieurs heures le long d’un


pipeline, avec son bourdonnement en bruit de fond.
Tu te demandes ce qui circule là-dedans vu le bruit
que ça fait.

Ha mais non, c’est un moteur ça ! Pas un gros mais…


une moto, et dans la bonne direction, en plus. C’est ta
chance !

Tu fais de grands signes désespérés (259) ou tu prends


une pose d’auto-stoppeuse fatale comme on en voit
dans les films (65) ?

127
Ton sang se glace. Deux yeux te regardent. Deux trous
noirs cerclés de rouge.

Pendant une seconde, rien d’autre ne se passe.


Puis l’homme se redresse sur un coude, régurgite
péniblement un liquide laiteux, s’essuie du revers de
la main et, contre toute attente, se met à hurler.

Tu recules en pataugeant dans l’eau visqueuse avant


de glisser sur les fesses.

Maintenant, vous êtes là, tous les deux, assis au sol.


Lui sanglote, répète des trucs à mi-voix, parle d’une
certaine Lola… Il a l’air si malheureux...
Si tu as des cigarettes dans ton inventaire, tu peux lui
en offrir en te rendant en 47. Sinon, il est sans doute
temps de partir d’ici avant qu’une autre tuile ne te
tombe dessus : va en 102.

128
Tu brandis la manivelle fais des moulinets en l’air.
Audacieux, le vigile baisse la tête et s’élance dessous,
comme un taureau qui charge.

Sourire. C’est pile ce que tu espérais. Tu recules de


deux pas et balaies au ras du sol.

La barre résonne tel un gong en atteignant l’os du


tibia. La barre vibre encore dans tes mains quand le
gros malabar s’écroule. Toi, tu es déjà loin.

Tu cours dans une contre-allée en béton. Après une


benne à ordures, tu tournes dans une autre allée. Au
bout, la clameur d’une foule qui se rassemble. Y’a pas
à réfléchir : demi-tour et tu montes dans la benne.
Personne ne viendra ici. Personne ne s’abaissera à ça.
N’est-ce pas… N’est-ce pas ?

Va en 105.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

129
Faisant semblant d’étudier les options de la machine
à café, tu glisses un doigt dans le récupérateur. Bingo !
Une pièce oubliée te permet de commander un grand
chocolat chaud. Depuis sa caisse, le pompiste te
surveille toujours.

Tu fais un tour dans sa supérette et observe dehors en


soufflant sur ton gobelet. Au rayon K7 & CD, tu plisses
les yeux pour mieux voir dehors.

Le gobelet s’écrase un peu sous tes doigts : une


camionnette noire aux vitres teintées est à la pompe.
De dos, un type fait le plein de carburant. Il est petit
mais carré d’épaules, ses gestes lents et précis…

Continue en 186.

130
– Dis Amira, tu penses que ton papa pourrait chercher
un truc pour moi ?

– Carrément !

– J’aimerais savoir s’il peut regarder dans son


ordinateur et voir s’il y a des informations sur Kaito.

– Ton copain des Brigades ?


– Ah, c’est plus compliqué mais si tu veux. Je veux
savoir s’il est vivant…

Elle promet de lui dire la prochaine fois qu’il appellera


et vous vous prenez dans les bras. Tu repars travailler
avec le cœur plein d’espoir pour l’avenir.

Rends-toi en 298.

131
Jeffrey marche devant toi, jusqu’à une curieuse
cabane en tôle ondulée.

– J’ai besoin que tu ailles au Palavas Bar, ils te


remettront un colis.

Il se penche sur un boîtier digicode et tape des


chiffres en vérifiant que tu n’espionnes pas lesquels.
La porte s’ouvre dévoilant un bureau en bazar et un
petit coffre dans lequel le propriétaire dépose une
enveloppe. Tout sourire, il décroche des clés d’un
tableau en liège et les fait tinter dans ses doigts en
agitant ses sourcils.

– Et voici votre carrosse, Princesse !

Euuh, c’est nouveau ce petit ton complice ? En tous


cas, tu ne le sens pas du tout... Continue en 158.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

132
A peine les portes passées, tu fais face aux enfants
paniqués restés à l’intérieur.Tu traverses l’autobus
envahi de fumée en les repoussant, jusqu’à trouver
Kaito prostré sous un siège.
– Kaito ! C’est moi, Zoé !
Les yeux exorbités, il bredouille quelque chose
d’inaudible.
– Viens avec moi !
Vous remontez l’allée et tu aperçois le gardien en
difficulté avec les autres ados. Montrant l’exemple à
Kaito, tu escalades un fauteuil et vous progressez en
marchant dessus. Tu attrapes une chaussure laissée
sur un siège et l’envoies à la tête du maton. Touché !
Pris par surprise, il tombe en arrière et est piétiné par
les ados sortant en furie.
Des coups de feu résonnent dehors alors que tu le
fouilles pour trouver ses clés. Bingo ! Kaito grelotte en
t’attendant alors que des flammes ravagent le bus. Tu
lui ôtes ses bracelets de fer puis saisis une matraque
au sol pour éclater la vitre de l’autre côté. Encore
quelques coups et vous pouvez sortir par-là, laissant
l’incendie et la fusillade derrière vous.

Rends-toi en 151.
133
Pendant que la présentatrice TV titube vers le centre
du festival, en pestant sur tout et rien, tu fais mine
d’aller aux WC à ton tour et pousse son sac du pied
vers la cabine. La porte fermée, tu inspectes le sac en
peau de serpent : des billets froissés, un parfum, des
kleenex, une lime à ongle, un poudrier, un bracelet en
or, des lunettes de luxe, un minuscule revolver, une
balle, des chewing-gums, une pastille d’iode et une
enveloppe. Tu ouvres cette dernière pour trouver une
« Preuve de don à la campagne du président Tyrak ». Tu
fourres le certificat officiel dans ta poche et sors d’ici.

Dehors, un étrange sentiment t’envahit. Tu te


retournes précipitamment et il te semble voir une
silhouette trapue s’éloigner dans la pénombre. Les
lumières du stand d’à-côté t’aveuglent mais tu aurais
parié qu’elle portait un masque blanc. Un masque de
hockey…

Prenant tes jambes à ton cou, tu fonces rejoindre la


queue de la zone VIP. Ajoute la preuve de don à ton
inventaire et file en 32.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

134
Waouh, ça c’est nouveau : les gens reculent
même pour te faire de la place. Tu entends des
chuchotements admiratifs quand tu les dépasses,
avançant vers le “Club Petryak”. Ce chapiteau-boîte de
nuit est l’objet de toutes les attentions. Malgré l’aspect
bricolage, les gens qui y entrent sont sapés comme
des princes. Tu te dis que, quitte à être au milieu du
gratin du pays, tu pourrais peut-être dénicher des
infos sur ce qui est arrivé à Kaito.
Pendant que les couples s’engouffrent par une double
porte, une plus petite s’ouvre vers l’arrière, laissant
sortir deux hommes en salopette qui allument une
cigarette. Mais, que !? Tu jurerais qu’un môme vient de
se faufiler là d’où ils sont sortis…
Tu entres avec les autres dans le Club Petryak
(rends-toi en 58) ? Ou tu choisis la porte arrière de
ce chapiteau pour voir ce qui est entré (rends-toi
en 248) ?

135
Tu gardes les lèvres scellées. Ses joues trahissent les
mâchoires qu’on serre en-dessous.

– Ok, gueule d’ange, tu veux la jouer comme ça...


Alors, explique-moi pourquoi tu n’as pas de carte
d’identité sur toi ? Et méfie-toi : les sans-papiers sont
emprisonnés pour clandestinité.

Tu lui avoues la vérité (rends-toi en 183) ou tu lui dis


qu’on t’a volé tes papiers (va en 299) ?

136
Des cartons dissimulaient une porte de secours. Tu
te rues dessus. Dans la pénombre, tu t’échappes vers
une grande forme lointaine. Au bout de 200 mètres,
ce que tu prenais pour un bâtiment se révèle un large
site dont dépassent de hautes cheminées, entouré
de tuyauteries. En courant, tu trébuches sur un tube
métallique. Maintenant tu réalises qu’une dizaine
d’autres courent partout autour. Tu te redresses et
l’enjambes quand un coup de feu retentit ! Au grillage
de la station-service se tient la silhouette trapue du
hockeyeur, revolver pointé. Tu reprends ta course et
atteint le site. Un panneau Totoil le confirme : c’est
une ancienne raffinerie.

C’est tellement vaste, que vas-tu faire ? Te lancer à


l’assaut de l’escalier métallique d’une des cheminées
(rends-toi en 112) ; foncer vers les énormes cuves
à pétrole (va en 39) ; te réfugier dans un des petits
bâtiments en béton (va en 195).
ROAD 96: ABOUT A GIRL

137
Tu repères sur le parking ceux qui s’apprêtent à
partir mais les voitures sont souvent pleines ou les
conducteurs peu accueillants… Arrivée au bout du
terre-plein, tu vois un arrêt de bus dont les horaires
sont recouverts d’affiches pour l’élection de Tyrak. En
même temps, à cette heure-ci, aucune chance qu’ils
ne circulent. Tu vas devoir faire à pied. A moins que… ?
Juste à côté de l’arrêt, une vieille Golvo des années 80
est garée. Cabossée et rayée. Si tu as dans ton inventaire
une pièce porte-bonheur, va en 52 ; sinon laisse
tomber et continue en 74.

138
– Non mais moi je ne suis pas une fugueuse. Je suis
juste… Libre.
Irene te regarde de côté, tout en mâchant. Elle
opine lentement de la tête, puis change de vitesse et
accélère.
– T’as raison, c’est tout c’qui compte. Justement, pour
rester libre, j’vais t’apprendre à conduire.
– De quoi ? Mais j’ai pas l’âge, Irene…
– L’important, c’est d’débrayer avec la pédale de
gauche AVANT d’démarrer. Après, tu passes ta vitesse,
tu r’montes l’embrayage doucement, puis t’accélères
et c’est parti, wouhouuu !
Cela fait du bien cette décontraction, ce naturel. C’est
bête à dire mais Irene est sans doute la femme la plus
cool que tu aies rencontrée depuis bien longtemps.

Elle roule comme une furieuse, en chantant à tue-tête


une chanson country, entendue on ne sait où : tous
les tubes étrangers sont interdits à Petria. « Working
niiine to fiiiive ». Hé mais, tu connais ça ! Elle passait à
la maison quand tu étais môme. Alors tu fais ce qu’il
faut : tu sors ton trombone et tu l’accompagnes. On
entend vos rires de loin par les vitres ouvertes.

Rends-toi en 247.

139
Impossible de rouler comme ça. D’autant qu’une
violente rafale de vent te déséquilibre. A moins que
quelque chose ne soit tombé de la voiture ? Ou que tu
aies roulé sur un truc ? En tous cas, y’a pas moyen de
continuer, tu ralentis.

Une bonne fée fait apparaître un panneau pour une


aire de repos à ta droite. Tu mets un clignotant et
pries pour qu’il n’y ait personne devant parce que tu
ROAD 96: ABOUT A GIRL

pourrais te jeter droit dans la gueule d’un crocodile


tellement tu roules à l’aveugle.
Miracle : tu t’es garée sans emboutir personne. Tu
débloques ta ceinture et sors précautionneusement
pour voir l’étendue des dégâts. Rends-toi en 178.

140
Un coup de sifflet retentit dans ta tête, comme
en cours de sport, alors tu sprintes. Mais sur la
cour bétonnée de l’école, il n’y avait pas autant de
poussière. Ça ne loupe pas : encore trois enjambées
et une vive chaleur grandit dans ta cheville. Tu te
rabats derrière les grosses chenilles d’une tractopelle
et t’allonges. Tu souffles tous tes poumons et masses
ta cheville. Allez, c’est pas le moment de lâcher ! Un
doigt sur la narine, tu te mouches dans le vide et tu
reprends ton souffle.
Aucun bruit derrière. La route n’est plus très loin. Tu
serres les dents et fonce.
Va en 6.

141
Le flic trapu te tire violemment par le bras. Il te
traîne littéralement jusqu’à une table et te menotte
à un pied. Te voilà pliée en deux à côté d’un placard
grillagé dans lequel tu vois ton trombone, une batte
de baseball, un pistolet à clous et un skateboard. Ho !
C’est celui de Kaito, tu en es sûre et certaine !
Il allume un magnétophone, pose une affiche devant
toi et demande sans introduction :

– Tu reconnais des mômes là-dessus ?

– C’est pas notre équipe nationale de football ?

Au lieu de rire, il te colle une claque surpuissante. Ta


tête part en arrière avant que la menotte te ramène et
tu viens heurter la table.

La policière bondit de son bureau en lui criant


d’arrêter. Les deux s’engueulent et se reprochent plein
de trucs avant que le type sorte en claquant la porte.
Elle s’assoit devant toi et retire tes menottes.

Continue en 169.

142
Tu cherches encore quoi répondre à ça, quand un
coup de frein t’envoie heurter le side-car en pleine
poitrine.

– Tu vois ce que je vois, Mitch ?

Derrière une pelleteuse dépasse une enseigne en


forme de S. Celle de Super Supper.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Oh chouette ! C’est la journée des burgers on dirait,


Stan…

Ils enfilent chacun une cagoule noire sur laquelle est


dessinée un sourire carnassier blanc.

– Mais, vous faites quoi, là ?

– Tu descends ici, la môme. Stan et Mitch ont du


travail.

Pas besoin de te faire prier. Tu bondis dès que le


chopper va se garer sur le parking et prends tes
jambes à ton cou pendant qu’ils crient à tue-tête :

– STAAAAN ET MIIIITCH !

Rends-toi en 5.

143
Des piles de cartons partout, ce sera facile de te
cacher. Surprise : le moteur démarre et le van
enchaîne les virages. Tu tombes sur les fesses dans
une rivière de machins en polystyrène.

Vous adoptez une vitesse de croisière. Bon, au moins


tu quittes ce quartier maudit. La pauvreté rend
dingue, à ce qu’il semble… Autant fouiller l’endroit. Pas
d’eau, rien à manger, mais tu trouves des paquets de
cigarettes Tybacco dans un carton déchiré.
Tu n’as jamais fumé… Tu glisses une cigarette entre
les lèvres et te sens dans Credit Woman, le film sur
l’escort girl qui tombe amoureuse d’un homme
d’affaires qui se révèle être le frère du président Tyrak.
Le briquet crépite. Une odeur âcre. Tu aspires une
bouffée.

C’est comme si un chat se réveillait dans ta gorge. Tu


tousses, re-tousses, craches et jettes la cigarette à
l’autre bout du van. Mince, les cartons ! Tu traverses
la pièce et ramasse le mégot rougeoyant pile quand le
camion pile. Aïe...

Ajoute le paquet de cigarettes à ton inventaire et


rends-toi en 168.

144
Tu recules contre le vinyle de la tente et observes les
VIP sous les spots violets. Voyons voir… Il y a ici : des
hommes d’affaires qui transpirent, des jet-setters
démodés qui s’empiffrent et des fonctionnaires
extatiques. Tu reconnais plusieurs visages, vus aux
côtés de ton ministre de père ; mais plus que tout, tu
reconnais une voix…
Étalée sur une chaise longue, bouteille de champagne
à la main, Sonya Sanchez rit à gorge déployée.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Plus loin, un cercle applaudit en rythme un genre


d’animation en son centre. Du raffut éclate dans le
sas : l’homme qui en jaillit vocifère sur un vigile. Tu
reconnais Adam, l’ex-employé de ton père devenu
chauffeur de Sonya. Des ennuis en perspective...
Si tu portes en ce moment des vêtements de star, va
en 22. Sinon, préfères-tu te fondre dans le cercle (va
en 68) ou aller du côté de Sonya (rends-toi en 302) ?

145
Le vigile n’est plus seul. Sept ou huit types l’ont
désormais rejoint et t’encerclent. Il va falloir un
argument en béton pour les faire reculer. Le plus
convaincant reste de crier et tu as le souffle qu’il faut
pour ça.
– Ça suffit maintenant ! Reculez ! Vous savez qui je
suis ?
Des têtes tournent, se regardent, hésitent.
– Je suis la fille de Frederick Muller. Le ministre du
Pétrole, cela vous dit quelque chose bande de crétins ?
L’insulte était peut-être de trop ? Ou c’est ton père le
problème ? Ou alors ça n’a rien à voir, cette ville est
un coupe-gorge et cette embuscade serait arrivée de
toute façon…
Tu sens un violent coup derrière ta tête et une lumière
blanche remplace tout.
Rends-toi en 225.

146
Tu fouettes l’air de ton arme. Le vigile recule d’un pas,
puis tente de la repousser du bras. La feinte : c’est là
que tu frappes en plein visage : blam ! Le sang s’écoule
de ses narines. Ce que tu n’avais pas prévu, c’est la
ruée de tous les autres autour.
Des mains te saisissent et te cognent. Tu vois défiler
le béton quand on te traîne à l’intérieur. Des gens te
fouillent, te volent.
Tu en profites pour ramper jusqu’à une porte mais
deux chaussures de sécurité t’y attendent. Le vigile
au nez dégoulinant lève sa matraque en l’air. Quand il
l’abat, tout devient noir. Le soleil s’est définitivement
couché à Setting Sun Hill…
Tu peux recommencer cette aventure à zéro, au
premier chapitre, ou retenter un autre chemin
en 206.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

147
Malgré les coups de feu qui crépitent, tu entends les
flics hurler des ordres et comprend que ce sont les
Brigades Noires qui attaquent. Une bouteille vient
s’exploser sur l’autobus quand tu arrives devant et des
flammes se répandent sur un côté, léchant les vitres.
Oh non, Kaito ! N’écoutant que ton courage, tu sautes
dans le bus.

Si tu as toujours tes menottes aux poignets, va


en 277. Si on te les a enlevées ou que tu possèdes
une clé de menottes dans ton inventaire pour les ôter
maintenant, rends-toi en 132.
148
Fenêtres ouvertes et autoradio à fond : c’est ça
l’ambiance de ton road-trip. A chaque flash-info, tu
changes de fréquence. Tu roules depuis une heure
et les grands axes se sont changés en une route qui
slalome dans un sous-bois. Tu en profites pour un
arrêt rapide derrière les arbres.

A tant voir défiler des panneaux et des lignes


blanches, tu en oublierais presque la nature. Ses
bruits, craquements et sifflements, ne te mettent
pas bien à l’aise. Alors tu te dépêches de finir et te
surprends à être soulagée de remonter dans la grosse
voiture aux effluves de gazole.

Tu suis les indications du papier et reprends un axe


plus large. Sans doute que ce détour forestier évitait
une agglomération. Tiens, c’est curieux : il y a un
nouveau bruit…

Tu t’arrêtes pour voir d’où cela vient (rends-toi en 79),


ou tu continues pour ne pas perdre de temps (va
en 290) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

149
Un caissier jette tes articles dans un sac en plastique
blanc avec un logo rouge mal imprimé : Settting Sun
ill. Le prix s’affiche sur la caisse : 20 dollars petrians.

Si tu as assez de monnaie dans ton inventaire, tu peux


les dépenser en 199. Si tu paies par carte bancaire,
rends-toi en 240. Si tu songes sérieusement à sortir
sans payer, va en 45.

150
Vous contournez l’énorme véhicule transformé en
torche et êtes accueillis par un puissant jet d’eau. La
pression est si forte qu’elle te projette en arrière. Tu
roules dans la boue avant de comprendre : la lance-
incendie ! Ils ont ouvert la caserne… Une policière
tient à bout de bras le tuyau blanc gonflé à bloc. Les
Brigades sont balayées et les derniers flics donnent
l’assaut. Kaito se relève peu après toi, mais trop loin.
Pas le choix...

– Kaito ! Par ici !

Tu reprends la direction de la voiture qui t’a amenée


ici et il te suit avant qu’un flic le rattrape et le plaque
au sol. Tu fonces l’aider ? Va en 303. Si non, désolé,
c’est trop risqué, continue de courir en 84.
151
On dirait qu’il a neigé. Des morceaux de verre
constellent tes cheveux et tes vêtements quand tu
atterris dehors. La terre est boueuse de sang mais une
seule chose compte : Kaito est à tes côtés. Impassible
mais vivant. Tu le scrutes pour voir s’il est blessé mais
non, ce n’est pas ça. Cuisses contre le ventre, vous
vous plaquez contre le bus et reprenez votre souffle.
– Kaito… Kaito !
– Zo… Zoé ?
Il cligne des yeux et tourne la tête vers toi. Tu refermes
tes bras sur lui.
– Oui c’est moi ! Oh, qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?
– Je... Ils m’ont emmené tu sais où.
– Aux... Fosses de fer ?
– Oui. Enfin non. J’étais avant, là où ils te testent et te
préparent. Ils disent qu’ils te rééduquent, mais ils… Ils
t’injectent des trucs, ils testent ta résistance.
Avec peine, il se lève et te montre sous son maillot les
cicatrices et la peau brûlée. Une rafale transperce le
bus et vous surprend. Tels des animaux affolés, vous
vous sauvez, mains sur la tête.
Rends-toi en 150.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

152
A peine fais-tu quelques pas dans sa direction, que
le bonhomme saute à terre et déguerpit comme un
chat apercevant un chien. Tu te précipites pour le
rattraper mais il se réfugie dans une caravane dont tu
n’as jamais vu les volets ouverts. Quand on frappe, il
répond toujours qu’il a “déjà payé cette semaine” et se
mure dans le silence. Rien à en tirer.

En te retournant, tu fais face à la cabane en tôles. Tu


as déjà vu Jeffrey y disparaître sans savoir ce que c’est.
Veux-tu en faire le tour (rends-toi en 72) ou tenter d’y
entrer (va en 4) ? A moins que tu ne préfères retourner
sur la place centrale (en 28) ?

153
Un bruit étrange résonne dans la cabine. On dirait un
caniche qui grogne, mais c’est la faim qui te tord le
ventre.

– Je veux des marshmallows. Mais plein, hein. Et du


soda.

Les yeux de John roulent au ciel. Il grommelle un


acquiescement et se tait.
Le camion ralentit devant une palissade mal clouée.
Quelqu’un a pendu une banderole blanche “Welcome !
The Night Skies Campground”.

– On arrive. Je vais déjà te mettre toi en sécurité.


Descends ici, je te tiendrai au courant pour tes
friandises.

Va en 97.

154
Le flic chope Max par les cheveux et le sort de force.
Quelques cris de protestation résonnent, puis deux
portières claquent et le vieux moteur pétarade en
s’éloignant.

En passant par-dessus le tonneau renversé, tu sens


ton ventre tiraillé par la honte. Bon, au point où tu en
es, tu ramasses sa gourde et ouvre son sac à dos. A
l’intérieur, des fringues sales, des barres chocolatées
et, roulés dans une paire de chaussettes, 20 dollars
petrians. Des jetons jaunes et rouges pour jouer au
morpion tombent d’une boite en carton déchirée.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Ce jeu de société… gamine, tu y jouais avec ta mère,


à plat ventre sur le tapis du salon. Puis un jour elle
t’a abandonnée avec un père qui ne parle qu’aux
téléphones, pas aux gens. Tu t’empares de ce butin et
rouvre la porte du conteneur avec précautions pour
sortir.

Ajoute le jeu de société et ce que tu juges nécessaire à


ton inventaire et rends-toi en 243.

155
Ta propre caravane n’est pas très grande, tu peux
à peine y poser tes affaires autour du lit, et la nuit
tu peux sentir le vent te caresser tes narines. Alors
quand tu as entendu taper contre la porte, tu as cru à
un tremblement de terre.

– Zoé, debout, ouvre vite !

Soit tout le camping brûle, soit Jeffrey est du genre à


mal gérer la panique. Après avoir enfilé un legging, tu
ouvres.

– Il n’y a pas de temps à perdre, suis-moi.

Il t’a fallu demander trois fois ce qu’il se passait avant


que Jeffrey ne daigne te répondre autre chose que
chhuuuuut.
– Une urgence… logistique, disons. Tu dois aller
récupérer une commande.

– Une commande ? En pleine nuit ?

– Chhhhhh Moins fort. Il y a des gens qui voudraient


dormir ici.

– Ça, je ne te le fais pas dire…

Rends-toi en 131.

156
9 MAI – Night Skies Campground
Tu es seule avec la nuit. En grimpant un chemin,
on arrive sur une butte qui surplombe le camping.
Quelqu’un avait fait du feu ; tu l’as entretenu. Là, sous
les étoiles, tu sors l’enveloppe que Kaito t’a remise.
Tu pensais la jeter au feu et tirer un trait sur cette
histoire, mais c’est plus fort que toi : tu l’ouvres.

Les documents détaillent comment, en 1986, Tyrak


a fait dynamiter la montagne sous laquelle étaient
rassemblés ses opposants… et des innocents.

Tu voudrais hurler mais ça te coupe la voix. Kaito


disait vrai ; ce pays est un mensonge, une menace.
Dire que ton père soutient ce régime depuis si
longtemps.

Tu as bien rallumé votre talkie-walkie, mais sans


réponse. Trop loin, sans doute. Trop tard, peut-être…

Quand tes larmes ont séché, tu t’es promis de le


retrouver et de l’aider à aller au bout. Pour les
Petrians. Et pour te venger de ton père. Mais pour le
moment, tu dois disparaître.

Rends-toi en 18.

157
– C’est Jeffrey qui m’envoie ! Jeffrey Bonnaro ! Sa
voiture est dehors, vous pouvez vérifier.

Il baisse progressivement son arme. T’examine un


moment et se met à rire de bon cœur.

– Ha ha ha ! Santa madre, j’ai failli te faire sauter la


tête ! Désolé… Viens, ne traînons pas.

D’une télécommande suspendue, il déclenche


l’ouverture d’un rideau métallique où tu le rejoins.

Va en 273.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

158
Sur le parking, derrière le camping, Jeffrey s’approche
d’une grande voiture vert bouteille.
– Je te confie ma Bürly Wagon III. Elle a un large coffre,
de la reprise et une super tenue de route.
On jurerait qu’il veut te la vendre, mais non. Il sourit
même. Il ouvre la portière, mets les clés dans tes
mains et repart sans un mot. Mince, tu n’étais pas
prête à ça : ta première voiture… Ça se fête !
Ajoute les clés de la BWIII à ton inventaire et va en 190.

159
D’un bond, tu enjambes son barda de campeur et
escalades la palette de ciment. Les sacs dégringolent
mais tu arrives en haut sans perdre ton trombone.
Max bredouille quelque chose mais ses mots
s’effacent quand la porte grince. Tu sautes de l’autre
côté de la palette. Un faisceau de lumière blanche
traverse la pièce s’attardant sur chaque objet.

– Tu es là-dedans ?

On ne peut pas te voir entre le ciment et la paroi


du conteneur, mais tu te figes quand même. Tu
distingues Max qui recule contre un tonneau pour
éviter la lampe-torche.
– C’est la police, montre-toi !

Tu n’es pas fière de toi, mais ce monde égoïste t’a


préparée à ce geste : un pied sur un tonneau, tu
pousses le plus fort possible. Dans un grognement,
Max tombe bruyamment en avant. Rends-toi en 154.

160
– Non mais tu me fais marcher, là ? Sonya n’est ni
aventurière, ni grand-reporter. C’est une arriviste
bornée qui ferait n’importe quoi pour du fric. Amira,
je l’ai déjà vue sortir des billets de sa poche rien que
pour les renifler ! Elle n’émerge de sa piscine QUE
pour entrer dans sa limousine. C’est le toutou de
Tyrak, une vendue…

Amira fait une grimace qui transforme sa bouche en


canon et il est braqué sur toi.

– Putain, tu n’as pas changé en fait ! T’es la même


pimbêche qu’à 8 ans, tellement protégée et privilégiée
que tu ne vois pas les efforts et concessions qu’il faut
faire pour arriver au top !

Vous vous quittez en vous insultant, comme il y a


10 ans quand elle avait gâché ta fête d’anniversaire
pour un garçon. Mieux vaut s’éloigner. Rends-toi en 3.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

161
– Mais pourquoi ? Je sais que je l’agaçais, mais elle
n’aurait pas abandonné sa fille...

– Que tu dis ! La preuve c’est que je l’ai empêché de


t’emmener, pensant qu’elle reviendrait te chercher,
mais elle n’est jamais revenue.

– C’est pour ça que tu m’enfermais… J’étais ton appât.


Mais alors, elle est vivante, n’est-ce pas ?

– Pfff… Elle a passé la frontière, oui, et vit


probablement au nord. J’ai fait ratisser tout le pays
pour rien.

Bravo maman. Tu serais fière de moi...

Rends-toi en 70.
162
La livreuse s’appelle Irene Romano. Elle a des joues
de hamster et les yeux maquillés d’un noir épais. Très.
Gothique en fait. Avec ses cheveux corbeaux et son
teint porcelaine, ça lui va bien.
– Prends ce que tu veux, tu dois avoir vachement faim.
Irene engouffre un bretzel orange dégoulinant de
sucre entre ses lèvres violines. Tu l’imites et descends
des rasades de café de son thermos.

– Qu’escheu qui te fait dire que ch’ai faim ?

– Bah j’sais pas depuis combien d’temps t’es sur la


route, mais les autres avaient pas mangé beaucoup.

– Quels jautres ?

– Ben, tu vas à la frontière, non ?

Tu te voyais pas « comme les autres », mais après


réflexion… Est-ce que tu avoues ta fugue (rends-toi
en 274) ou tu préfères lui mentir (rends-toi en 138) ?

163
Un malabar en blouson noir et crâne rasé se penche
à ta vitre et t’éblouit de sa lampe torche. Tu prends ta
voix d’executive woman :
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Traiteur ! On livre le catering.

– Qui ça « on » ?

Quelle idiote… Il dirige sa lampe sur le siège passager et


scrute derrière. Vite, avant qu’il ne voie Alex !

– Oui, « on » : la Compagnie Petriane des Cordons Bleus.


Faites vite, ça refroidit et le ministre Muller a horreur de
manger froid.

Il recule de deux pas, visiblement inquiet d’avoir


déclenché une crise qui pourrait lui coûter son travail.

La lampe clignote deux coups et son collègue lève la


barrière. Tu avances.

Rends-toi en 268.

164
2 JUILLET
L’air est empli d’une odeur d’iode et, même si tu crains la
confrontation qui t’attend, ça suffit à te filer la banane... Tu
n’as conduit que deux heures pour rejoindre la côte, mais
tu as préféré abandonner la camionnette noire et marcher
pour ne pas être repérée. Car,oui, tu t’attends à un sale
coup de la part de ton père...
Quand le soleil a commencé à décliner, tu es arrivée
devant un large bâtiment très bas annonçant : Iron Shore
Café. De son large parking, on voit la mer. Un escalier
descend à la plage et à un restaurant de poissons.
Mais tu n’es pas venue pour nager ; tu viens pour faire
plonger ton père...
D’un pas sûr, tu pénètres dans le bar.
Continue en 196.

165
Ton sang ne fait qu’un tour et tu sautes sur le garde
le plus près de toi. Au même moment, un tir de fusil à
pompe fait tomber le faux-plafond sur votre table. Les
balles fusent et ton père hurle de peur. Tu te débats
avec le garde quand un pied-de-biche s’abat sur lui.
Il s’écroule le nez dans ton café. Le plus gros des deux
braqueurs se tourne ensuite vers ton père :
– On a dit de donner votre porte-monnaie, Monsieur,
et La Bête aime pas quand je dois répéter…
Tu aimerais le remercier, mais ce n’est pas le moment.
Tu reprends le dossier, cours vers le bar et entres
dans la cuisine tandis que les balles sifflent. Passant
devant un boîtier mural avec un éclair, tu décides de
renvoyer l’ascenseur à tes sauveurs. Abaissant une
petite poignée rouge, tu disjonctes le Café qui plonge
dans l’obscurité. Des cris retentissent alors que tu sors
par l’arrière.
Va en 244.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

166
– Ha purée, c’est vachement sympa, merci.
– Pas de quoi, faut bien se soutenir.
De toute évidence, il n’a pas mangé depuis un
moment. Tu lui donnes 20 dollars petrians et il te
prend dans les bras en te remerciant dix fois. En
souvenir il t’offre un autocollant qu’il a fait lui-même.
Dès qu’il est sorti, tu fonces enfin te soulager aux
toilettes puis tu te rafraîchis. Tu regardes le sticker :
c’est une étoile entourée des mots « Refuse Fight
Resist ». Sourire. Tu le colles sur ton trombone en
pensant qu’il te va mieux qu’à lui et tu ressors.
Ajoute le sticker Refuse à ton inventaire et va en 186.

167
Des lasers découpent le ciel de la nuit tombante.
Le parking où on t’a déposé est presque plein. Des
voitures, des minibus, des 4x4… Il y a même une
limousine blanche. Le festival proprement dit est
caché par une dune naturelle derrière laquelle
résonnent des basses. Des flyers pro-réélection
jonchent le sol jusqu’à une arche fleurie sous laquelle
un physio deux fois grand comme toi choisit qui peut
entrer ou non. Dans ton état, c’est vite vu… Allez ma
grande, il va falloir trouver quelqu’un qui te fasse
rentrer.
Vas-tu fouiner sur le parking du côté des
camionnettes (rends-toi en 63) ? Tenter ta chance
auprès de la limousine (va en 286) ? Ou faire le tour
du site pour trouver une éventuelle brèche (rends-toi
en 220) ?

168
Une seconde en apesanteur et tu valdingues contre
la tôle. Tu t’évanouirais bien mais un bruit de portière
met tes sens en alerte.
– Ha t’es revenue, sale bête. J’vais m’occuper de toi…
Si tu tentes de te cacher dans un tel foutoir, va en 83.
A moins que tu ne guettes l’ouverture de la porte pour
ruer dehors (rends-toi en 289) ?

169
– Oublie ce type. C’est un connard. Il arrêterait sa
mère si ça lui valait une prime.

Elle pose un verre d’eau devant toi et ôte tes menottes.


Sur sa poitrine, un badge annonce FANNY.

– Tiens, bois. Dis-moi plutôt : où tu allais comme ça ?


ROAD 96: ABOUT A GIRL

Tu avales d’un trait avant de te dire que c’était


peut-être un sédatif… On ne peut faire confiance à
personne dans Petria et sûrement pas à des flics. Un
coup d’œil sur le skate te le certifie. La policière ajuste
son chignon et fronce les sourcils au-dessus de ses
yeux marron miel.
– Tu m’as pas répondu, gueule d’ange : pourquoi es-tu
sur la route ?
Si tu sens que tu peux lui lâcher toute la vérité, qu’elle
comprendra, va en 183. Si tu préfères baratiner cette
policière au grand cœur, va en 116. Mais si pour toi,
c’est clair, tu n’as aucune intention de lui répondre,
rends-toi en 135.

170
Tu tournes la clé sous le volant. La voiture a un
brusque hoquet d’avant en arrière, vient taper un
rondin puis redevient immobile. Hmm... Veux-tu
enfoncer la pédale de droite (en 44) ou celle de gauche
(en 297) ?

171
Police de débiles : juste parce qu’il y a des taches sur
ton legging, tu serais pompiste ? Tu rentres dans la
boutique avec l’envie de lui jeter ses clés à la tête.
Un miroir devant la caisse te montre une fille aux
cheveux collés, aux fringues poussiéreuses et au
visage bruni… Hmm, faut reconnaître... Tu lèches ta
main et te frottes la joue mais ça ne part pas. Pas le
choix : tu pousses la porte des toilettes des femmes.
Pendant que tu t’asperges d’eau et de savon, tu vois
une petite trousse ouverte à côté d’un lavabo. Ni vue,
ni connue, tu empruntes une brosse et ajuste tes
cheveux quand une plainte monte d’une cabine.
– Hé meeerde. Quelle chienlit… Heu, y’a quelqu’un ?
Vous pouvez me passer une serviette ?
Dans la trousse, tu prends une protection hygiénique
et la glisse sous sa porte. Solidarité féminine. C’est
rassurant de savoir que cela existe encore dans ce
pays de brutes. Tu ressors regonflée.
Un pompiste est accoudé devant le caissier ; les deux
hommes te matent de bas en haut. Grrr. Tu jettes les
clés en visant sa figure.
– Voiture de police : le plein et les vitres ! Et plus
vite que ça si vous voulez éviter qu’elle épluche vos
comptes et fasse ouvrir la réserve !
Sans écouter leurs récriminations, tu pousses la porte
vitrée et sors d’ici. Sur le parking, un break s’apprête
à repartir. Tu toques au carreau et lèves le pouce au
ralenti, comme un mime. Le vieux au volant rigole et
t’emmène.
Continue en 254.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

172
Attirée par une musique dansante, tu approches d’un
recoin entre des caravanes déglinguées et des tentes
dressées à la va-vite. Un couple de fugueurs est en
train de défaire un duvet. Sur une table de camping,
une télévision diffuse le Sonya Show, mais la musique
qui s’échappe d’un baladeur à cassettes couvre tout
le son. Assis par terre, un jeune homme en salopette
dodeline nerveusement, la tête entre les genoux.
– Hé… tout va bien ?

Attendrie, tu poses une main sur son épaule en


pensant qu’il pleure. Pas du tout : ses yeux grands
ouverts et ses lèvres pincées montrent qu’il est
hyper concentré. Après t’être excusée, vous faites
connaissance. Le jeune homme te dit qu’il s’appelle
Carl et a tout quitté pour venir ici.
Si tu possèdes des bijoux punks, va en 76. Sinon rends-
toi en 88.

173
Ta jambe gauche a assez de jeu pour que tu
rapproches l’objet le plus proche. C’est un tournevis
mais ça se tente… Imitant les téléfilms du samedi soir,
tu te balances de droite à gauche. Et tu tombes.
Tu te contorsionnes et attrape le tournevis entre deux
doigts. OK tu l’as ! Tu le retournes entre tes doigts et
déchire le scotch tendu entre tes poignets. Miracle,
ça marche, tes mains sont libres. Tu t’attaques à tes
chevilles. Tu y es presque quand tu remarques que la
lumière a faibli. Le vigile est face à toi, les yeux brillant
d’une infernale lueur.
– Mu-leeer… Muller ! MULLER !
C’est tout ce qu’il a dit avant qu’une pluie de coups
ne tombe. L’énigme de ce nom, celui de ton père, te
hante jusqu’à ta mort qui, heureusement, ne met pas
longtemps à venir.
Ton voyage s’arrête ici. Tu peux recommencer au
début ou reprendre en 225 et vivre un meilleur karma.

174
Tu t’approches et le gamin te regarde avec défiance.
C’est encore un garçon mais les bras à la peau
cuivrée qui dépassent de son bleu de travail sont
étonnamment musclés.

– Bonjour m’dame. C’est monsieur Bonnaro qui vous


envoie ?

Un peu surprise, tu le détrompes et il se justifie


en précisant que Jeffrey lui confie souvent des
ROAD 96: ABOUT A GIRL

appareils à réparer. Il semble effectivement calé en


électronique pour son âge.

– J’ai travaillé dans une chaîne d’assemblage, c’est


pour ça…

– A l’usine ? Mais tu as quel âge ?!

Il te dit s’appeler Denny et avoir onze ans ; mais son


père a pu le faire entrer à l’atelier. Tu demandes s’il est
là aussi, mais sa grimace te fait regretter.

– Mon père est mort dans une manifestation.

Wahou, dur… Si tu comptes lui demander de te


raconter cette histoire, rends-toi en 223. Si tu préfères
savoir ce qu’il écoutait sur sa radio, va en 284.

175
Dans un grincement, la porte s’ouvre et Jeffrey
Bonnaro en sort, éclairé par un écran de surveillance.
Le doigt tendu, il rugit :
– Qu’EST-CE que TU fais là !? Que cherches-tu dans
mon bureau ?
– Rien. Je me demandais ce qu’il y avait dans ce…
– T’es de la police ? Non ! Alors tu n’as pas à fouiner !
Les dents serrées, tu fais demi-tour mais il n’en a pas
fini avec toi :
– Mais puisque mes affaires t’intéressent, suis-moi !
Tu vas peut-être te rendre utile.
– Hé ! Je travaille déjà pour toi… ! Et gratuitement,
alors n’abuse pas.
– Vous les ados, vous êtes tous pareils ! Viens je te
dis, si tu ne veux pas passer ta prochaine nuit au
commissariat...
Continue en 158.

176
A une dizaine de mètres, la camionnette noire est
figée. Tu vois ses portes arrière, les roues figées sur le
bitume. C’est bête, mais tu culpabilises. Après tout, le
conducteur avait sans doute aussi un problème pour
dévier comme ça. Peut-être même un truc grave.
– Hé ho ? Tout va bien ?
Le silence pour seule réponse. Ta jambe gauche et
tes côtes sont douloureuses mais tu marches vers la
fourgonnette en boitant.
– Y’a quelqu’un ?
Ni bruit, ni mouvement. Tu hésites entre la porte
arrière et la portière conducteur…
Le temps de te décider, va en 221.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

177
Tu n’y crois pas à son petit jeu. Il y a deux minutes, il
était tout feu, tout flamme, crachant sa colère comme
un cobra. La haine qui jaillissait de ses yeux chafouins
l’électrisait... Alors là, étendu par terre avec les dents
serrées, va savoir ce qu’il prépare. Pour toi, c’est un
piège.
Sauf que de la mousse apparaît entre ses lèvres.
Meeeerde… Il avait peut-être un traitement ? Et toi,
mineure, qui l’a servis et resservis, c’est pas bon
ça.Tant pis. Tu le contournes en décrivant un grand
cercle dans le bar et t’éclipses par la porte d’entrée. Va
en 102.

178
Tu considères le capot toujours ouvert avec un
mélange de fascination et de peur. Face à toi, la tôle
est enfoncée, griffée de l’intérieur, comme si on l’avait
raclée avec une fourchette. Une GROSSE fourchette…
Sur le moteur, des touffes de poils beiges et blancs
sont collées, fondus.
Quand un break vient se garer non loin, tu reprends
tes esprits et claque le capot. Même déformé, il se
verrouille. Tu remontes précipitamment en voiture.
La BWIII démarre au quart de tour et tu repars. Roule
jusqu’en 7.

179
Sans trop savoir ce que tu vas faire, tu glisses tes
doigts sous le capot pour trouver comment il s’ouvre.
A l’aveugle tu repères un ressort et l’enfonce. Un
clac déverrouille le capot et tu lèves la lourde tôle en
espérant trouver en-dessous une flèche rouge qui
indique la panne.
C’est alors qu’une forme bondit du bloc moteur.
Terrorisée, tu hurles en plongeant au sol. C’était quoi
ça !? Un chat ? Un très gros chat, alors… Est-ce que ça
peut être un lynx ? Oh bon dieu, où il est ? Rends-toi
en 178.

180
Il y a du monde aux pompes désormais. Citadines,
berlines, utilitaires… Tu fais le tour en te demandant
lequel pourrait t’emmener. Il y a même une
camionnette noire. Tu colles ton front à la vitre mais
d’ici rien ne prouve que ce soit celle qui t’a renversée
hier.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Vous êtes tous pareils les jeunes. Vous ne respectez


rien ! Maintenant, soit tu achètes quelque chose, soit
tu dégages avant que j’appelle la police.
Tu fais un large sourire et sors avant d’être tenté de lui
donner un coup de trombone.
Va en 113.

181
Il faut vraiment que tu sois sale pour que la policière
t’ait prise pour une pompiste. Mais après tout,
y’a peut-être un bénéfice à en tirer, alors zou ! Tu
décroches le pistolet de la pompe la plus proche,
ouvres sa trappe avec la clé et c’est parti. Les numéros
tournent sur la pompe, mais toi tu regardes ce
trousseau de clés qui pend du bouchon de réservoir. Il
y en a une pour démarrer, une pour ouvrir le coffre et
une trop petite… Tu parierais qu’elle va avec une paire
de menottes. L’anneau se décroche facilement et tu
la glisses dans ta poche sans trop savoir pourquoi tu
fais ça. Peut-être parce que tu penses à Kaito, enfermé
quelque part…
Une odeur d’essence interrompt tes pensées : c’est le
pistolet qui déborde. Tu l’arraches dans une gerbe de
liquide poisseux et entends un cri venant de la station.
Oh oh, c’est le pompiste. Tu cours à toutes jambes
hors d’ici. Les cris te suivent alors tu vas toquer au
carreau d’un break qui attend pour s’insérer sur la
route. Pouce levé, grand sourire et le tour est joué ! La
portière s’ouvre pour un nouvel auto-stop.

Ajoute la clé de menottes à ton inventaire et continue


en 254.

182
Toutes les rues se ressemblent dans ce quartier. C’est
moche, fissuré, décrépi et vide. Les boutiques sont
closes, les néons à jamais éteints. Une ville fantôme.

Sur une enseigne tu reconnais une marque d’antan :


le bonhomme-goutte d’huile Totoil. Dans ton enfance,
on le voyait partout, avec son tuyau de pompiste à
la main. Ton père te ramenait même des jouets et
des stylos Totoil. Et puis un jour, pfiout, la marque a
disparu de Petria. Des fantômes. Un peu comme ce
bled.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

À un carrefour, un van jaillit en pétaradant, attirant


ton attention. Il est gris foncé avec un logo des
célèbres livreurs G.P.S. et s’arrête au croisement. Une
jeune femme avec un nez retroussé et une casquette
te sourit par la vitre. Elle te fait signe d’approcher.

– Tu vas jusqu’où ? Monte, j’ai du café et des beignets !

Tes pieds écoutent ton ventre, pas ta tête. Avant


d’avoir compris ce qui se passe, tu es montée et assise
à ses côtés. Rejoins-la en 162.

183
– OK. Je suis la fille unique de Frederik Muller, le
ministre du Pétrole. Ma mère a disparu il y a 10 ans. Je
suis entrée par effraction dans le palais du président
Tyrak avec un ami et j’ai fui White Sands il y a un mois
et demi pour le retrouver.

Grand blanc. La policière inspire lentement, les yeux


dans tes yeux, avant de soupirer.

– Ma pauvre chérie, ça ne t’aidera pas ce genre de


baratin. J’essaie de t’éviter la prison, moi.
– Mais je vous jure ! C’est la vérité ! J’ai même croisé
des Brigades Noires, évité un tueur fou et je crois que
vous avez arrêté mon ami Kaito...

– Ha oui ? Tu connais des Brigades ? Alors décris-les


moi...

Si tu possèdes un sticker Revolution!, rends-toi en 110.


Si la première personne à qui tu penses est Jeffrey
Bonnaro, rends-toi en 117. Si c’est Carl, va en 200.

184
Toc toc toc. La policière baisse sa vitre à la manivelle.
Assis au volant, son collègue semble attendre quelque
chose. Derrière eux, la camionnette passe en trombe,
mais ils ne la voient pas : ils te dévisagent, toi. Les
sourcils froncés, elle te laisse parler la première.

– Madame, il y a un homme qui me suit depuis tout à


l’heure. Il… il est armé.

La flic, une femme aux cuisses énormes, ouvre la


portière et sort. Si tu as un reçu de carte bancaire dans
ton inventaire, va en 54. Sinon, va en 229.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

185
– Où est Joe ? C’est lui qui sert, d’habitude...
C’est pas une voix qu’il a, ce type, c’est la gorge de
l’enfer. Enfin, pour un mort-vivant, il a une sacrée
descente !
– J’espère qu’il n’a pas de problème avec les Brigades.
Sinon, je pourrais me mettre très EN COLÈRE !
Le serveur n’a jamais montré son nez alors tu
as attrapé les bouteilles que le type désignait, et
maintenant tu le regardes descendre les verres.
– Tu es gentille. Tu ne devrais pas traîner dehors. Il y
a… des gens dangereux avec les jeunes filles.
– Je viens du Night Skies, le camping...
– Oh ? Moi aussi je reviens d’un camping… Celui de ma
fille. Celui de son tombeau.
Un frisson électrise ton dos.
– Elle est au calme maintenant. J’ai exorcisé le mal. Il
me reste à purifier ceux qui l’ont tuée.
Tout ton corps est tétanisé. Il se ressert, boit d’une
traite. C’est là que tu l’as vu fondre en larmes. Elles
ont dévalé de ses yeux morts sur ses joues râpeuses.
Puis il saisit la bouteille et boit tout au goulot. Une
demi-bouteille d’un coup. Tu veux l’empêcher mais
voilà qu’il sort alors un revolver et le pose sur le bar.
Sa bouche est ouverte. Ses yeux sont noirs comme la
nuit. Et sans prévenir, il s’écroule au sol. Sa tête heurte
le sol. Il ne bouge plus.
Vas-tu foncer vérifier s’il vit encore (va en 234), en
profiter pour ramasser son revolver (rends-toi en 266)
ou ne rien faire parce qu’après tout, il s’est mis tout
seul dans cet état (va en 87) ?

186
– Si vous n’achetez rien, foutez le camp ou j’appelle les
flics !
Purée, il t’a fait peur, lui. Tu prends une cassette au
hasard sur un portant et lui tends. Vous marchez
jusqu’à la caisse quand un jeune type en sweatshirt
sort en courant. Le pompiste le poursuit en criant “au
voleur !”
Dehors, la camionnette a disparu. Tu te frottes les
yeux, mais non elle n’est plus là. Tu fais un tour sur
toi-même, regardes partout. En vain. Alors tu sors.
Va en 113.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

187
Marre… Depuis vingt minutes, tu attends à même
le trottoir. Comme quand tu étais gamine et que tu
attendais ton père à ses meetings. Enfin, le bus te tire
de tes pensées.
Tu montes et te retrouves face à un chauffeur aux
cernes démesurées. Tu sors toute ta petite monnaie
pour vérifier combien il te reste mais tu comprends
qu’il y a un autre problème : tu pues le chou pourri et
d’autres trucs dégueux. Il rouvre les portes. Tu n’as pas
envie d’attirer des policiers en faisant un scandale,
alors tu descends.
Rends-toi en 182.

188
3 JUILLET – Iron Shore
L’hélicoptère fonce sans ménagement, te laissant
nauséeuse et les épaules en compote. Sans doute
parce que les bidasses t’ont menottée les bras dans
le dos… Mais ce n’est pas ce qui te fait pleurer :
désormais tu sais que tu as tout perdu. Ton père, ton
meilleur ami, et tout espoir de retrouver ta mère. Car
cette fois c’est clair : tu ne t’en sortiras pas...
Vous venez de survoler des grillages et tu distingues la
forme d’un gros bâtiment. On dirait une forteresse, ou
un château en béton. Mais l’hélico n’y entre pas, il se
pose juste avant et les soldats enfilent leur casquette
avant de sortir. Ils t’extraient de la cabine et, dehors, tu
comprends où tu es.

Inondé de lumière par le soleil couchant, le portail


en fer indique nettement : « Centre de détention des
Fosses de Fer – Propriété de la Glorieuse Nation de
Petria ». On ne peut plus clair.

Les larmes roulent sur tes joues. Ne manque que la


mention « The End. »

Un portail s’ouvre, laissant apparaître une femme en


tenue militaire. Des décorations pendent à sa poitrine.
Les deux autres la saluent et lui tendent un bloc-notes
qu’elle avise.

On entend un vrombissement sourd. Mais qu’est-ce


qu’ils font ici… ? La lieutenant relève la tête de son
bloc-notes. Tu sens que la vibration se rapproche. Une
fourgonnette arrive. Noire zébrée de blanc. La police ?

Le fourgon s’arrête à un mètre de vous et deux


policiers en descendent. Le premier, baraqué dans
un uniforme parfaitement repassé ; l’autre, chauve
et barbu, n’arrive pas à faire tenir son ventre dans sa
chemise râpée.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– On vient récupérer cette fille. Ordre du ministère.

L’officier fait une grimace de mépris. Puis elle se metà


déchirer ta fiche sur le bloc-notes en petits morceaux.

– Non… NON ! Vous ne pouvez pas faire ça !

Tous trois tournent la tête vers toi.

– Ils vont me ramener chez mon père !

Tout mais pas ça. Pas ce bond en arrière. Pas de retour


à White Sand, à l’enfermement, à ta vie d’avant. A être
une fille et non une femme.

– Vous n’êtes même pas capables d’aller au bout de


vos convictions ! Vous arrêtez ceux qui refusent votre
société ? Alors pas d’exception, pas de passe-droit !
Assumez : enfermez-moi !

Les flics te poussent à l’intérieur du vieux fourgon


rouillé. Au portail, la lieutenante reste immobile. Une
lueur de respect brille dans ses yeux. Vous vous saluez
d’un hochement de tête et la voiture fait demi-tour
dans un nuage de fumée violette.

Rends-toi en 310.
189
– Vous… avez dit qu’elle était “en cavale” ?

– Son gars l’avait menacé, elle voulait quitter le pays.


Mais il était haut placé et faisait surveiller les ports.
C’est pour ça, je lui ai retapé une épave pour fuir par le
Nord.

Tu as un drôle de pressentiment.

– Comment elle s’appelait ?

– Oh, euh. C’est vieux tout ça, rouquine.

Tu sens ton nez qui se retrousse, comme les chiens


qui montrent les dents.

– Son nom !

– Sara. Elle voulait pas dire son nom de famille pour


nous protéger de son mec.

Tes yeux se ventousent à la photo polaroïd qu’il tient.


On y voit un biker en veste de cuir et une femme
qui tient la portière d’une petite voiture ouverte.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Le soleil a effacé les couleurs mais tu reconnais


instantanément ta mère.

– Toi aussi, t’as pris la route, hein ? Moi, je suis garé ici
mais j’suis certain qu’elle a réussi à passer, elle.

– Je… peux la prendre ?

On reconnaît bien le modèle sur la photo et on peut


lire la plaque. Un mélange de colère et de tristesse te
submerge. Tu le remercies et sors du bureau de peur
de ne pas retenir tes larmes.

Ajoute cette photo de Sara à ton inventaire et rends-


toi en 91.

190
Tu t’assieds au volant. La lourde portière claque.
Collé sur le tableau de bord, un petit papier indique
« Palavas Bar » suivi d’une adresse. Ok, ok mais, euh...
et après ?

Tu peux pousser le levier de vitesse (va en 301) ;


tourner la clé de contact (va en 170) ; enfoncer la
pédale de droite (en 44) ou celle de gauche (en 297) ?
191
Tu suis des yeux une petite étoile argentée qui danse.
Quel grand malade a eu l’idée d’accrocher un porte-
clé (ou une boucle d’oreille ?) sous ce canon ?

– Je vais te poser une seule question et tu vas nous


répondre franchement.

Même si la moto a ralenti, essayer de sauter


maintenant signifierait prendre une déflagration en
pleine tête. Tu opines lentement la tête et le bout de
ton nez touche l’étoile.
– Parfait. Alors voilà, Mitch et moi on n’est pas
d’accord sur un truc.
– Avec ta réponse, on y verra plus clair.
– Ouais, on veut ton avis, pour nous départager.
Tu sens la poudre dans le canon et ça te fait tourner la
tête.
– Donc voilà : selon toi, voler un voleur, c’est bien ou
c’est mal ?
Le silence qui suit te fait comprendre que tu as bien
entendu. Il n’y aura pas d’autre élément à cette
devinette. Par contre l’un dresse un pied de biche,
l’autre un fusil… il te faut répondre.
Alors : c’est du vol (va en 242) ou c’en est pas (va
en 309) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

192
– Or, un chauffeur-garde du corps n’est pas un VIP,
c’est ça, Adam ?

– Mais une fille de ministre, oui…

Punaise ! Ils sont bien tous pareils dans ce pays,


profiteurs jusqu’au bout des ongles...

– Zoé… Si vous me faites entrer, je ne dirais pas à votre


père que je vous ai vue, OK ?

Tu grommelles mais il ajoute quelque chose qui


résonne en toi :

– Sa vie est en danger. Il y a un taré qui la suit et c’est


mon devoir de la protéger.

Bref, tu as dit oui et te voilà à l’arrière de la limousine,


en train d’enfiler des fringues de Sonya : une veste à
franges et des lunettes de soleil de luxe qu’il te tend,
malgré la nuit.

Ajoute les deux vêtements de star à ton inventaire et


rends-toi en 9.
193
Tu as su trouver les mots, son orgueil n’a pas résisté.
Conduire n’est plus un vrai problème pour toi ; par
contre, écouter Son Altesse qui commente tout ce
qu’il voit est plus difficile à supporter… Vous rejoignez
une barrière où un garde vous demande votre pass.
Tu présentes celui qu’avait Carl et on vous ouvre. Des
pancartes te guident ensuite jusqu’à un « parking
VIP ». Carl ne cesse de parler de ses chorégraphies et
du fait que son hôte allait le présenter à la jet-set de
Petria. Mais bien sûr… Tu lui suggères d’aller au plus
vite se présenter pour savoir où il doit faire son show,
pendant que tu gares la voiture. Te voilà débarrassée.
Tu arrêtes la voiture un peu plus loin, et jettes les
clés au cas où son propriétaire t’aurait vu partir. Et
maintenant ? Allons vers ce grand chapiteau illuminé
pour commencer.

Rends-toi en 134.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

194
Dès que tu émerges du sas, la moiteur t’agresse à
nouveau. Sur le podium, une fille passe des disques
et tout le dancefloor, qui patauge dans la mousse, la
regarde. Tu serres dans ta main les trois mini-micros
que tu dois planquer et traverses la foule sans un
regard. Même le vigile se trémousse en rythme, au
point de ne pas te voir passer la porte de la VIP Room.

Derrière, un sas t’emmène à une autre tente où des


gens agitent leur verre à cocktail dans la pénombre.
Un grand serveur tout maigre te tend une coupe de
champagne. Tu profites qu’il ressert une femme en
chemisier gris, pour glisser un micro dans sa poche et
t’éloignes. Et de un.

Continue en 144.

195
Tu entres dans un bâtiment dont le sol est carrelé.
Poussant une première porte, tu vois une enfilade de
casiers et des douches. Un vestiaire ?

Tu en ouvres une autre et arrives dans un bureau. Tu


plonges en voyant un téléphone posé par terre. Tu
décroches et compose un numéro d’urgence mais
aucune tonalité ne résonne… Tu fouilles tiroirs et
placards, espérant trouver une arme, mais il n’y a que
des papiers au nom de Totoil vieux de plus de dix ans.

Un énorme listing attire ton regard car il porte le nom


de... Frederick Muller. Qu’est-ce que ton père vient
faire là-dedans ? Cité comme directeur technique, il
y détaille des équipements à démonter et livrer sur
un autre site appartenant à Fossoil qui les rachète.
Des papiers de banque sont épinglés et une liste de
versements à faire… à son nom.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Du bruit dans le vestiaire ! Tu empruntes un escalier


pour chercher une cachette à l’étage. Passant
devant une fenêtre, tu l’ouvres et escalades une
grille métallique pour accéder à des canalisations
surélevées. Rends-toi en 51.

196
Boiseries aux murs et ventilateur au plafond… : pas de
doute, l’Iron Shore Café se veut classe. Mais bon, c’est
Petria, alors le cuir des sièges est synthétique et le
lambris est en plastique. Un jeune serveur te regarde
depuis le bar.

– Bonjour ! Servez-moi un de ces cocktails jaune et


rouge s’il vous plaît.

– On ne sert pas les mineurs.

– Ha ouais ? Et toi, tu as quel âge pour travailler ici ? Tu


as tes papiers ?

– Je…

– Alors sers-moi un grand café avant que j’appelle la


police…

Tu prends place à une table et regarde la mer. Dès


que le soleil plonge dans l’océan, deux hommes en
costume entrent et se postent autour de la porte. Elle
s’ouvre pour laisser trois autres entrer. Ils mettent les
clients dehors. Tu restes stoïque quand la silhouette
dodue de ton père entre à son tour, entourée de
quatre gardes du corps. Il tombe dans le fauteuil qui te
fait face.

Silence de mort. Regards glacés. Si tu t’attendais à ce


qu’il te prenne dans les bras, c’est raté.

– Tu t’es bien amusée mais c’est fini, Zoé. Tu rentres.


– Jamais ! Tu as envoyé un homme me tuer !
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Ne sois pas stupide : Mike est… était mon plus ancien


serviteur. Cet imbécile devait te ramener coûte que
coûte, c’est tout.
– Quelle attention… Et maman ? Il l’a ramenée aussi ?
Et Kaito ?
– Ça suffit ! Tes escapades m’ont déjà coûté cher.
Maintenant, donne-moi le dossier volé au président.
– Réponds-moi d’abord.
Frederik Muller recoiffe une mèche rousse et
ronchonne.
– Pff… Je t’autorise une seule question.
Si tu t’es d’abord inquiétée pour ta mère, rends-toi
en 86. Si tu as d’emblée pensé à Kaito et aux fosses
de Fer, va en 82. Si tu brûles de comprendre ce qu’il
manigance depuis 10 ans, rends-toi en 210.

197
Dès la cellule déverrouillée, tu rassembles tes forces
et plonges entre ses jambes et la grille. En te relevant,
tu sens une vive chaleur ébouillanter ton dos. La
lumière t’aveugle et tes jambes se dérobent… Le flic
t’enjambe et abat encore deux fois sa matraque sur
tes cuisses. À la troisième, sa collègue le repousse en
hurlant. Les deux se reprochent plein de trucs mais la
douleur t’empêche de comprendre quoi que ce soit.
Finalement, il part et elle t’aide à te redresser en
t’épaulant. Tes jambes tremblent. Péniblement, vous
atteignez un bureau. Elle va chercher de l’eau pendant
que tu regardes autour de toi. Il y a là un placard
grillagé dans lequel tu vois ton trombone, une batte
de baseball, un pistolet à clous et un skateboard. Ho !
C’est celui de Kaito, tu en es sûre et certaine.
Continue en 169.

198
– Je veux de l’argent. Dix mille dollars petrians !
– Tu délires, je n’ai pas cette somme ! Personne ne l’a.
On est à Petria…
– Je sais ! Je sais… Je hais ce pays. Alors je veux… que tu
m’aides à le quitter. A passer la frontière.
John te regarde dans les yeux et finit par opiner, lèvres
serrées.
Le camion ralentit devant une palissade mal clouée.
Quelqu’un a pendu une banderole blanche “Welcome !
The Night Skies Campground”.
– On arrive. Je vais déjà te mettre toi en sécurité.
Descends ici, je te tiendrai au courant pour le Mur.
Va en 97.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

199
Toute ta monnaie ruisselle sur le comptoir. On voit
tout de suite que le caissier te hait de lui imposer ça. Il
fait des piles par taille pendant que tu sors.
La bonne nouvelle, c’est que ça confirme ce que
tu penses : l’argent permet tout dans ce pays. La
mauvaise, c’est qu’il ne t’en reste plus tellement.
Retire 20 dollars petrians à ton inventaire et sors
en 91.

200
C’est bête, la première personne qui t’est passée par
la tête, c’est ta voisine ; mais impossible de faire croire
que Sonya Sanchez milite contre Tyrak. Personne n’y
croirait. Alors qui ?
– Je t’ai posé une question, gueule d’ange… ? Qui as-tu
rencontré qui travaille pour les Brigades ?
Elle a l’air tellement sûr d’elle, un peu autoritaire et du
genre qui ne lâchera jamais. Tu l’envies et elle t’énerve
à la fois. Un peu comme ce danseur fou de…
– Carl !
Et voilà comment tu as décrit ce grand benêt, sa
coupe à la tondeuse et ses jeans trop serrés, ses gestes
amples. Tu as baratiné qu’il profitait de son succès
pour approcher les célébrités de Tyrak… Elle a tout
noté sans poser de question. Bof, s’ils vont l’arrêter, il
sera vite libéré ; impossible de l’imaginer en terroriste
poseur de bombes...
– Merci jeune fille. Ce n’est pas la première fois que les
Brigades manipulent des ados. D’ailleurs dis-moi : tu
connais d’autres enfants fugueurs, qu’on puisse les
sauver ?
Continue en 56.

201
Dès que l’équipe de reporters s’éloigne, tu bondis par
la porte coulissante laissée ouverte. Personne ? Non,
c’est vide. Tu hésites entre rester cachée ici jusqu’à
la fin de cette fusillade ou prendre le volant, mais
autant ne pas traîner ! Tu passes à l’avant et t’installe
au volant quand tu vois l’impossible : un char d’assaut
fonce vers toi ! Ho, les flics ont appelé l’armée à la
rescousse ?

Pas le temps de manœuvrer, tu ouvres la portière et


saute dehors. Au dernier moment, le char d’assaut
évite le van de GNN et fonce droit sur le café.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Un bruit sourd éteint tes oreilles en même


temps qu’une lumière balaie ta position. C’est un
hélicoptère ! Trois soldats t’encerclent, mitraillette
au poing. L’hélico descend se poser non loin et les
militaires te poussent à l’intérieur. Alors que vous
vous élevez, un soldat te pose plein de questions. Mais
toi tout ce que tu te demandes c’est si Stan et Mitch
vont passer à la télé ?

Rends-toi en 188.
202
Encore une journée de route. Encore un jour à fuir. Si
tu veux rejoindre la frontière, il te faut un transport,
hélas personne ne passe sur cette route. Justement,
tu aperçois une station essence. Doigts croisés…
Hélas, quand tes rollers s’arrêtent enfin sous l’auvent,
tu constates que l’endroit est abandonné. La rouille
a envahi les pompes et la devanture. Des pillards
ont relevé la grille métallique sur la vitrine brisée.
Tu jettes un œil mais il ne reste rien d’intéressant
là-dedans. Aucune voiture oubliée non plus aux
alentours.

Marrant, tu n’avais pas remarqué de suite : ce n’est pas


une station Fossoil, comme toutes les autres à Petria.
Ha mais si, tu reconnais ce logo, c’est Totoil. Tu avais
oublié l’existence de cette marque, on n’en voit plus
depuis, pfff, dix ans au moins.

Punaise, c’est un bruit de moteur, ça ! Faut pas le


rater. Tu te rapproches de la route et cherche d’où il
vient. Il faut un temps pour trouver car le véhicule qui
approche n’a pas allumé ses phares, malgré le soleil
déclinant. Une camionnette noire. Aux vitres teintées.
Sans plaque d’immatriculation...

Un hoquet sort de ta gorge étranglée. Vite : courir !


Rends-toi en 114.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

203
Un camion de bois t’a prise en stop un moment avant
de te déposer à une station-service avant l’entrée
d’autoroute. Pas sûr que tu trouves un automobiliste
ici mais c’est l’occasion de faire une pause et
reprendre des forces.
Tu rejoins la station sous le regard soupçonneux d’un
pompiste. Feignant de ne pas l’avoir vu, tu entres dans
le bâtiment. A l’intérieur, un grand portrait de Tyrak
te surprend. Pfff. Le pompiste te suit et se rend à la
caisse.
Tu avances vers les toilettes mais un cône rouge est
installé devant celles des femmes. Allons bon…
Tu optes pour les WC hommes (va en 100) ou tu
enjambes le cône et prends celles des femmes (rends-
toi en 278) ?

204
– Je n’ai vu personne... Comptez pas sur moi pour
dénoncer quiconque !

– Hum… Je comprends que tu veuilles le protéger.


C’est aussi ce que je fais, tu sais ?

– En amenant les enfants ici ? En les envoyant à la


mort ? Vous vous foutez de moi !
– Ne dis pas de bêtise ! Le danger, il est sur les routes !

Elle range sous son siège un jeu de clés qu’elle avait à


la main et ajoute à mi-voix, comme pour elle-même :

– C’est pour ça que je dois retrouver Alex…

– Alex ?!

– Je… Tais-toi maintenant !

Dehors, un autocar arrive. Elle ouvre sa portière.

Rends-toi en 235.

205
Craignant les tirs des policiers et le feu qui encercle
le bus, tu fais demi-tour et t’empresses de rejoindre
la voiture qui t’a amenée ici. Les portières ne sont pas
fermées et tu te réfugies à l’intérieur. La radio relaie
les demandes de renfort du central pendant que les
tirs continuent. Non loin, tu remarques un homme
avec un chapeau de cowboy et un fusil de chasse à la
main. Est-ce qu’il t’a vue ? Probablement pas puisqu’il
essuie des tirs et fait lui-même exploser la vitre d’une
voiture de police, mais faut pas traîner.

Que vas-tu faire ? Te dissimuler devant le siège


conducteur (va en 27) ou ouvrir la boîte à gants (va
en 282) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

206
Dès ton entrée dans la ville, une arche en béton
peinte annonce fièrement : « Welcome to Setting Sun
Hill ». En un sens, ouais, le soleil s’est définitivement
couché ici… Autour de toi, des petits immeubles
identiques aux volets tous baissés. Les ex-bureaux
d’une administration du régime ? Ou une entreprise
en faillite ?

Une allée de tout petits commerces aboutit sur une


grande place où se dresse une statue du président
Tyrak… en maillot de bain, canne à pêche à la main !
La plaque qui expliquait ce délire a été arrachée,
dommage. Hé mais, quelques boutiques sont encore
ouvertes. Cool, c’est l’occasion de se faire plaisir :
shopping !

Où vas-tu : la boutique de vêtements Petrian Apparel


(va en 118) ? Le magasin tendance PetriHouse (va en
en 305) ? Ou la supérette d’alimentation Crossroad
(va en 211) ? A moins d'entrer dans le garage (en 252).

207
Rollers aux pieds, tu as patiné longtemps avant de
trouver un arrêt de bus. Depuis, tu es assise sur son
banc, au pied d’un poteau électrique dont les câbles
vrombissent par intermittence. Vrzbzzz. Le genre de
bruit qui rend dingue, un truc entre le grillon et la
fraise de dentiste. Sans parler de l’électricité statique
qui fait se dresser tes cheveux sur ta tête.

Bon, il vient ce bus ou pas ? Vrzzzbrzzz. Soupir. Pour


patienter, tu refais ton chignon, tu fais l’équilibre,
tu joues même du trombone. Comme un pied mais,
eh, c’est pas comme quand ta mère te faisait réviser
encore et encore ton solfège ; ici, personne ne
t’entend. Ce qui est un peu inquiétant, d’ailleurs…
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Vzzbzzz. Ah ça suffit maintenant ! Tu donnes un


coup de pied dans le poteau. BwWINiing ! Les câbles
vibrent et tes cheveux s’ébouriffent d’un coup. Soupir.
Tu sors une brosse de ton sac et vois ta trousse d’école.
Dedans, il y a une paire de ciseaux. Tu la saisis…
Si tu comptes couper ces lignes électriques, va en 41.
Si tu te contentes d’attaquer le poteau, rends-toi
en 36.

208
Dents serrées, tu plonges tes yeux dans les leurs et
lance froidement :
– Vous êtes des voleurs ?
Ils échangent un regard entre eux.
– Mieux que ça : des cambrioleurs !
– Ouais, Mitch a raison ! Les meilleurs braqueurs de
Petria, même.
– Dix ans de carrière et que des succès.
Ils ont l’air si fiers qu’ils se font des high-five pendant
que tu te prépares à fuir ces fous au prochain
ralentissement. En tirant ton trombone du side,
tu défais le tendeur du sac qui laisse échapper un
tourbillon de papiers verdâtres.
– Han, c’est une saboteuse ! Sors la Bête !
– Le plus urgent, Stan, c’est que tu
t’arrêtes.

Pressant sur ton épaule, Stan te repousse dans le side


pendant que son frère lève un pied de biche. Le chopper
ralentit et son pilote place son fusil à pompe sur ta bouche.
Rends-toi en 191.

209
Mince, tu devrais peut-être changer de débardeur ou ajuster
tes cheveux pour ne pas paraître trop négligée ?
Devant l’entrée, une banderole blanche “Welcome ! The
Night Skies Campground” pend mollement. Hm, pas dit que
tu doives faire de gros efforts vu le niveau attendu… Quand
même, tu déposes ton sac et t’agenouilles pour chercher une
brosse à cheveux. On y voit rien dans le noir…
Un moteur rugit soudain. C’est là que tu sens une rafale
de vent te passer au-dessus du crâne. Un véhicule vient
de te frôler à pleine vitesse. En te retournant tu vois une
camionnette noire fuir. Par sa vitre ouverte dépasse un
manche qui aurait pu t’assommer.
Ton cœur a sauté un battement. Tu vérifies par acquit de
conscience mais, non, il n’y a pas de sang dans tes cheveux.
Le goût de la bile emplit ta bouche. Paniquée, tu te jettes dans
le camping.
Rends-toi en 97.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

210
– Une seule question ? Est-ce toi qui a ruiné Petria ?

– De… de quoi ?

– J’ai traversé ce pays et il est plus pauvre qu’avant.


Même l’industrie pétrolière décline… Regarde les
stations Totoil : complètement disparues.

– Ne dis pas de bêtises, allons ! Elles ont été rachetées


par Fossoil.

– Hmm… C’est toi qui as organisé ce rachat, n’est-ce


pas ?

– J’ai quitté Totoil en 1985 pour entrer chez Fossoil,


son concurrent. L’année suivante, Tyrak m’a nommé
au ministère du Pétrole d’où j’ai opéré cette fusion et
créé l’entreprise numéro 1 du pays !

– Et tu as profité de cette faillite pour encaisser des


pot-de-vin lors du rachat, je parie.

– Des commissions ! Qui ont payé ton collège et tes


cours de musique !

– Tout en ruinant une entreprise nationale qui


embauchait des millions de Petrians… Tu me
dégoûtes.

Rends-toi en 70.
211
La climatisation à 12°C, une musique de xylophone
et des lumières surpuissantes donnent un air de
cauchemar à cette supérette. Haaa ! Ce que tu avais
pris pour une serpillière se redresse d’un coup. Une
vieille femme aux cheveux filasse te tend une assiette.

– Voulez-vous profiter de notre promotion sur ces


marshmallows ?

Hummm. Ce mélange de colorants alimentaires,


de talc et d’alcool ménager, c’est le parfum exact de
ton enfance… C’est plus fort que toi, tu adores les
marshmallows, alors tu craques.

Les portes s’ouvrent avec un bruit de clochette


strident. Wahou, un homme et une femme en
uniformes de la police. Tu attrapes un sachet de chips,
non deux, et un litre de Colaburps en passant. Dans
ta précipitation, tu renverses plusieurs bouteilles qui
roulent. Au bout de leur rayon, les deux uniformes se
retournent vers toi. Tu files vers la caisse. Va en 149.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

212
En garant la voiture sur le parking du Night Skies
Campground, tu t’es demandé pourquoi tu étais
revenue ici ? Bien sûr, il y a tes affaires et ton
trombone, mais revoir Jeffrey allait forcément mal se
passer. De fait, il s’est tout de suite plus intéressé aux
bosses sur sa précieuse BWIII qu’à ton histoire.

– Tu m’as envoyé convoyer de la contrebande, Jeffrey !


C’est illégal !

– Hé ! C’est pas moi qui suis recherchée par la police à


la base, je te ferais dire !

– J’aurais pu y laisser ma peau. Plusieurs fois, même !

Vous avez porté les cartons et tu as regardé Jeffrey les


ouvrir, saisir des paquets de cigarettes et les glisser
dans son distributeur de snacks, dissimulés derrière
d’autres produits. Tout ça pour ça… Faire quelques
dollars de plus, au noir. Mais le pire à tes yeux c’est
qu’il ait trahi ta confiance. Tu étais censée être en
sécurité ici ! Maintenant il faut repartir… Mais pas tout
de suite. C’est trop risqué de se montrer. Il faut te faire
oublier quelques jours.

Continue en 107.
213
Quelqu’un a pendu une banderole blanche clamant
“Welcome ! The Night Skies Campground” à l’entrée.
Un… camping ? Pas exactement ce que tu attendais
comme refuge mais pourquoi pas. L’occasion de faire
des rencontres.

Ce serait dommage de te gameller d’entrée : ton lacet


est défait. Tu t’accroupis pour le refaire et remarques
un véhicule qui approche, tous phares éteints. Dans
le noir, tu le vois mal, mais il te semble que c’est une
camionnette. Sombre. Soit c’est Irene, soit c’est… Oh
non, pas lui.

La camionnette approche. Malgré les vitres teintées,


tu distingues au volant une silhouette rétro-éclairée
par des petites lumières rouges. Dans sa main, il y
a un genre de matraque. Sans attendre, tu bondis à
l’intérieur du camping.

Va en 97.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

214
Au début, tu suis ce long tuyau qui rampe au milieu du
sable comme une enquêtrice sur une piste. Mais très
vite, tu te lasses. Au bout de quelques kilomètres, tu
l’abandonnes pour escalader une paroi rocheuse. La
rocaille t’abîme les ongles mais, d’en haut, tu as une
superbe vue d’ensemble sur… rien. La désolation de ce
pays te fait grincer des dents. Vivement la frontière…

Tu déroules ton sac de couchage et te couche. Le


spectacle de la voûte étoilée te berce. Dans un rêve
saugrenu, tu marches sur une immense patinoire de
glace noire, poursuivie par un hockeyeur vindicatif.
Trébuchant sur un tuyau de pompe à essence, tu
chutes et la glace se transforme en mare de pétrole où
tu t’enfonces dans un glou-glou répugnant.

Réveil en sursaut. Un blaireau se fait un gueuleton


dans ton sac à dos. Très lentement, tu saisis ton
trombone à coulisse et lui envoie un épouvantable
Fa dièse qui le fait déguerpir. Comment se rendormir
après ça ? Tu passes le reste de la nuit à veiller. Range
ton duvet et reprends ton chemin en 99.
215
Le bâtiment ne laisse pas de doute c’est une ancienne
caserne de pompiers désaffectée. La policière se
retourne et te regarde à travers le grillage.

– C’est ici qu’ils vont venir te chercher pour


t’emmener. Je... suis désolée, gueule d’ange.

– M’emmener où ?

– Je ne sais pas. Ils ramassent tous les ados et les


conduisent dans un… centre spécial. Je crois.

– C’est les fosses de fer ?

– Non ! Ça n’existe pas les fosses de fer ! Ça suffit


maintenant…

– Mais alors pourquoi les ados disparaissent ?!

Elle hésite, bredouille quelque chose puis se tait.


Avant de finir par demander :

– Est-ce que sur ta route tu aurais rencontré… un


enfant ? Une dizaine d’années, les cheveux noirs…

– C’est votre fils ? Il a fugué ?

– Non ! Enfin… Il a des lunettes carrées et un gros sac


à dos… bizarre.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Euh, on dirait Alex… Qu’est-ce qu’elle lui veut ? Si pas


question de l’aider, tu préfères qu’elle ne le retrouve
pas, rends-toi en 204. Mais si tu penses que c’est
mieux de le dénoncer, rends-toi en 280.

216
Tu n’as jamais couru si vite. Tes poumons et tes
cuisses pourraient éclater. Mais cela ne sert à rien, tu
arrives trop tard. Kaito gît au sol, criblé de balles.

Un horrible grincement retentit alors : les policiers


ouvrent le rideau métallique de la caserne pour
s’y replier. Les Brigades gagnent du terrain. C’est
maintenant.

Si tu tentes de porter Kaito, rends-toi en 285. Si tu


décides de le laisser là pour fuir, va en 84.

217
Carl s’est fait couper les cheveux en brosse flat top et
est en train de manipuler deux lecteurs de cassettes
reliés l’un à l’autre. Le téléviseur est toujours là,
retransmettant cette fois un meeting pro-Tyrak, mais
Carl n’y prête pas attention. Entre deux éruptions
musicales acid house, il te décrit son nouveau projet,
surexcité : il va faire un show pour Tyrak.
Il compte se rendre à la grande fête qu’organise le
régime pour lever des fonds pour la réélection. La
Tyrak Donors Party. Tu lui expliques que cela ne se
passe pas comme ça, que le régime ne fonctionne
qu’en vase clos mais il s’en fiche, certain que son
talent lui ouvrira toutes les portes.

Tentant de changer de sujet, tu demandes si la télé a


parlé d’un certain Kaito, disparu ou arrêté ? Pour seule
réponse, il te cite une liste sans fin de chansons qu’il a
mis sur sa mixtape… Tu n’en tireras pas mieux.

Rends-toi en 24.

218
Blanche et noire, une voiture de police vous dépasse
assez lentement pour que le flic vous dévisage par
la vitre. Il fait signe de se rabattre ; votre conductrice
s’exécute et le van familial se gare. Un policier roux
aux cheveux sculptés dans la cire vient tambouriner à
la vitre.
– Brigade routière, m’dame. Vos papiers !
Au volant, Annie s’exécute avec zèle et ça t’agace.
– Ce sont vos gamins à l’arrière ?
Comme l’agent contourne le véhicule pour
questionner l’auto-stoppeur, tu détournes le regard,
ROAD 96: ABOUT A GIRL

espérant qu’il ne te reconnaisse pas. Le fugueur


n’a pas ses papiers et le flic commence à l’asticoter
comme un chat avec une souris.

Dans sa voiture, la radio clignote. À côté, sa carte


officielle est accrochée : Al Williamson, agent n°012
du Precinct 22… Wow, c’est celui qu’avait repéré Alex !
Kaito est peut-être encore là-bas ?

– Et si nous faisions une donation… en faveur de la


police ?

Annie essaie de soudoyer l’agent 12 pour qu’il vous


lâche les baskets. Un beau geste mais tu n’en peux
plus de cette corruption. Et puis il y a un coup à jouer...

– Ce sont les gens comme vous détruisent ce pays !

Ta phrase a soufflé tout le monde. Mais quand tu


traites le policier de crotte en uniforme, tu obtiens ce
que tu voulais.

Le flic te jette par terre et te traîne dans sa voiture,


laissant Annie et Geoff repartir avec le fugueur. Celui-
ci a risqué sa vie en te défendant mais tu ne pouvais
pas rater l’occasion. Rends-toi en 95.
219
Ta mère disait que le petit déjeuner donnait des
ailes. Hé bien la colère doit donner des pattes de
kangourou ! Tu viens d’atterrir sur John, tes mains
autour de son cou. Il a beau faire ses cent kilos, tu es
bien accrochée. Tu as juste oublié ses pieds.

Il freine sauvagement et tu pars dans le tableau


de bord. Mais il réaccélère et tu retombes dans ton
fauteuil.

– Du calme... Pas de bobo ?

Tu as envie de pleurer mais ça va, t’es pas en sucre.

– Loupiote, j’ai récupéré toutes tes affaires et je t’ai


sortie de là avant qu’ils appellent la police. Alors, je
suis peut-être pas ton meilleur ami mais je t’ai plus
que rendu service, tu crois pas ?

Non, tu ne crois pas. Tu as envie de hurler mais une


voix retentit. Tu ne t’y attendais pas, tu as sursauté.
Continue en 23.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

220
Petria, patrie de la corruption : plus on s’écarte de
l’entrée et moins les voitures sont prestigieuses…
Enfin, cette berline-ci est plutôt chère mais
quelqu’un doit dormir dedans si on en juge par le
tas de fringues sur la banquette arrière. Ha non, son
passager est juste à côté en train… de se changer ?
Il enfile un T-shirt vert fluo et se regarde dans un
miroir puis décide de l’enlever. Un peu gênée, tu te
détournes mais il prend alors une pose qui te rappelle
étrangement quelqu’un…
Si tu as un portfolio dans ton inventaire, rends-toi
en 232, sinon va en 115.

221
Tu arrives au niveau des portes arrière quand les
phares rouges se rallument d’un coup. Deux yeux
diaboliques qui te défient. Comme quand tu avais
8 ans, et que tu te relevais la nuit pour aller au petit
coin ; tu traversais l’immense couloir, épiée par les
caméras de sécurité de ton père. Ces lumières rouges
ont rallumé un traumatisme en toi.
Un bruit rauque retentit. Nuage de fumée, crissement
de pneus, la camionnette noire démarre d’un coup.
Dans une tornade de poussière, elle s’évanouit. Avant
que tu aies compris ce qui se passait, une voiture de
police passe devant toi à toute berzingue comme pour
la rattraper.
Les deux moteurs disparaissent au loin pendant que
tu tousses de la poussière, pliée en deux. Première
leçon de Petria : il te faut un refuge. Dehors, tu ne
survivras pas longtemps.
Reprends ton souffle et rends-toi en 207.

222
Tu tournes les molettes de ton talkie-walkie pour
scanner les fréquences et une voix de femme
robotisée surgit entre les interférences. « ...une inf...
tion imp…tante concernant le c...mion ». C’est haché
mais la voix te dit quelque chose. Tu lèves le volume.
«...sportait pas du pétr...le comme il prét...dait mais un
min…ais ».
Rahh, tu règles les molettes pour mieux capter. «...enu
des mines de l’Est. Dites-moi ...pidement si je do… faire
…ercepter. Stop ». C’est plus fort que toi, tu presses le
bouton Talk du talkie
– A- Allo ?
– Intrusion sur ...igne. Je répète ...sion sur la li… ch…nge
de fréquence. Sara, terminé.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Les grésillements disparaissent et les interférences


se font plus fortes. Impossible de retrouver
cette transmission ailleurs. Retourne au dernier
paragraphe visité.

223
Denny jette un regard périphérique et reprend à voix
basse.
– Quand Totoil a été racheté par Fossoil, plein
d’employés ont été virés à la raffinerie. Les gars du
syndicat ont enquêté et trouvé des… Des fausses
factures, on dit ? Alors ils ont fait grève.
– Mais tu as parlé d’électronique, pas de pétrole ?
– Mon père réglait des sondes pour les pipelines et
je l’aidais. Un jour, la police est venue tabasser tout
le monde. Ils disaient que le syndicat abritait des
Brigades Noires. J’ai été à l’hôpital ; mon père n’a pas
eu cette chance.
– Quelle horreur… Tout ça pour des factures ?
– Non : des dessous-de-table, m’dame ! Quelqu’un
faisait virer les ouvriers et empochait leur argent.
Si tu possèdes un sticker Revolution!, rends-toi en 73.
Si tu lui dis de te méfier des Brigades, va en 304. Si au
contraire, tu lui dis que tu cherches à les joindre, va
plutôt en 93.
224
Tu es recroquevillée derrière la tractopelle quand le
policier ouvre la porte du conteneur en couinant. Il
sort une lampe torche et entre, ce qui t’arrache une
grimace : cela pourrait être toi, là-dedans… Espérons
que Max a eu le temps de se planquer. Toi, tu as à faire.

Tu cours jusqu’au groupe électrogène, longes une


citerne avant de passer la tête pour vérifier que le
policier est toujours là-bas. Mince : la porte est grande
ouverte mais lui tu ne le vois plus. Tant pis, tu tentes
ta chance. Serrant ton trombone contre ta poitrine, tu
traces jusqu’à la route et t’éloignes du chantier sans te
retourner. Continue en 243.

225
Est-ce qu’on peut baisser la lumière ? Tu as
affreusement mal aux yeux et à la tête. Tu n’as jamais
été ivre mais ça doit ressembler à ça. Sauf que tu as les
mains scotchées dans le dos. Ligotée à une chaise, un
projecteur en face de toi.

Tu refermes les yeux pour ne pas devenir aveugle.


Aux sons, tu distingues des pas, des voix non loin. Cela
parle d’argent. Ils doivent fouiller ton sac. Bon sang,
quelqu’un vient de dire ton nom ! Calme-toi, calme-
toi…
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Tu ne sais pas quelle attitude adopter : vas-tu attendre


calmement pour éviter toute violence (va en 228), les
intimider car ton père est tout-puissant (va en 92), ou
supplier qu’on ne te tue pas, quitte à leurs donner tes
affaires (va en 245) ?

226
Tu attendais un peu autre chose... Amira n’a pas été
tendre avec toi.
– Disparue pendant 15 jours sans un mot, c’est déjà
pas sympa, mais je pensais que tu m’aurais ramené
une surprise.
– Quel genre de surprise ?
– Ha ! Un autographe de Sonya Sanchez, pardi ! Tu
habites à côté d’elle et tu sais que je l’adore…

Elle a refermé sa porte et est retournée devant sa


télé hurlante. Par colère, tu es montée sur le toit de
la caravane mais pas pour profiter des transats cette
fois… Tu as tordu l’antenne TV et es repartie. Adios!

Rends-toi en 24.

227
Quelques pas à travers les allées du camping et tu
termines ta boucle devant la cabane où Denny s’active
sur un boîtier électrique. Tournevis entre les dents, il
entortille deux fils dénudés. Des étincelles jaillissent
dans la nuit. Tu entends un clac sonore provenant de
la porte de la cabane et il referme le boîtier avec un
sourire complice.

– Si j’étais vous m’dame, je ne trainerais pas ici...

Et il file rejoindre sa caravane.

Tu ne saurais tout expliquer mais tu sens que cela


s’est passé comme il le souhaitait et que tu as joué ta
partition comme il faut.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

La nuit est belle. Tu montes t’allonger sur le toit de ta


caravane et profiter des étoiles. Avant de t’endormir,
tu te dis que la vie à Petria a un goût de plus qu’à White
Sands ; plus acide, mais ô combien plus excitante...

Va en 155.

228
Tu te concentres sur ta respiration pour essayer de
te calmer. Après tout, si ce sont des voleurs, qu’ils
prennent tes affaires. Toi, tu ne leur sers à rien…

Un homme s’approche, t’attrape le menton et te


dévisage. Dans sa main il a ta carte bancaire avec
ta photo. Ça semble lui convenir car il fait un grand
sourire où il manque plus de dents que de verdure
dans tout Petria.

Oh non, c’est pas vrai… Tu baisses la tête et essaies de


reprendre ta méditation.

Au bout d’un moment à regarder par terre, tu


remarques quelques outils… Vas-tu essayer d’en
attraper un (va en 173) ou patienter sagement (rends-
toi en 230) ?
229
– C’est ce monsieur qui vous importune,
mademoiselle ?

Tu te retournes et vois qu’elle désigne l’armoire à


glace qui sert de vigile à ce centre commercial. Mais
tu n’as pas le temps de lui répondre car une matraque
te balaie les jambes. Un genou enfoncé entre les
omoplates, tu entends la flic te mettre les menottes.

– Ton compte est bon, sale petite voleuse ! Tu aurais


mieux fait de rester chez tes parents.

Tu n’écoutes pas la suite car tu la connais déjà : ils vont


t’emmener et tu vas finir là où disparaissent tous les
ados fugueurs…

Tu peux recommencer cette aventure à zéro, au


premier chapitre, ou retenter un autre chemin
en 206.

230
Tu as froid maintenant. Les nerfs, sans doute. Un
téléphone a sonné. Cela fait quoi, deux heures qu’ils
ont refermé la porte ? Le double ?

“Patience est mère de sûreté” disait ta mère.


Généralement, c’était après avoir lancé une série de
ROAD 96: ABOUT A GIRL

jurons ou cassé un truc qu’elle essayait d’ouvrir. Tu


espères pouvoir un jour lui dire qu’elle avait raison. La
preuve : un type vient d’entrer dans ta pièce. Il tranche
tes liens et te soulève à bout de bras. Tu es trop
fatiguée pour réagir. Il te sort de la pièce en te portant
comme un paquet. Le sol défile puis il monte dans un
véhicule et te dépose sur la banquette.

Rends-toi en 296.

231
Tu t’accroupis pour ramasser le sac en peau de
serpent avec une chaîne dorée et remets dedans tout
ce qui en est tombé. Beurk ! Le sol est humide et tu
espères que ce n’est que de l’alcool renversé…

Soudain, un frisson te parcourt le dos. Tes cheveux se


dressent sur ta nuque. Tu te retournes juste à temps
pour voir une silhouette cachée derrière la cabine. Un
homme, petit mais carré, tout habillé de noir, avec une
crosse de hockey à la main. Il te regardait. Tu le sais,
même si tu ne peux pas voir ses yeux derrière son
masque blanc en plastique.

Tu fonces rattraper Sonya qui titube vers le chapiteau


central.

– Sonya, il y a un type qui...


– Boaaaah, laisse donc, chouchou. Il y a TOUJOURS un
homme ici ou là, mais ils ne servent à rien. La vérité
c’est qu’on doit TOUT faire toutes seules, ma chérie. Et
on y arrive mieux qu’eux.

Continue en 32.

232
Voilà qu’il ondule son corps dans sa nouvelle tenue
(un survêtement et un débardeur blanc). Cette fois, tu
en es certaine : c’est Carl.

Tu l’interpelles et il ne semble même pas surpris


de te revoir. Il te raconte être parti peu après toi
du camping. A une station, il a montré ses talents
en dansant sur le parking toute la matinée et le
conducteur de cette berline l’a pris pour l’emmener.

– Il m’a même offert son pass pour entrer !

Ceci dit sans joie mais plutôt sur un ton qui signifie :
“je te l’avais dit... !”.

– C’est vraiment dingue, Carl. Je suis contente pour toi.


Donne-moi ça, je vais te conduire : les vraies stars ont
toujours un chauffeur…

Continue en 193.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

233
Tu pousses le levier vers l’avant et trouve, avec un peu
de difficultés, un endroit où il semble s’emboîter sans
faire de bruit. Quand tu le lâches, il reste à la place où
tu l’as mis. Tu sens une résistance sous ton pied. Par
instinct, tu remontes la pédale gauche.
La voiture bondit en avant. Tu enfonces la pédale
d’accélérateur et érafle un break marron. Un coup de
volant et tu slalomes entre les rochers du parking,
manquant de peu une benne à ordure. Au bout
de quelques mètres tu prends le coup et modère
l’accélération avec la pédale de droite. Ce qui signifie
que, cette fois, c’est parti !
Rends-toi en 120.

234
Au sol, l’homme ne remue pas d’un poil. Ses maigres
membres sont figés. Ouais ben là, au moins, il ne tuera
personne…
Un peu honteuse d’avoir de telles pensées, tu le
regardes mieux. Son chapeau est tombé de côté. Au
milieu des cernes grisâtres, ses yeux sont révulsés.
Pas sûr que ce soit bon signe, ça.
Tu culpabilises et tu t’approches de lui (va en 87), ou tu
restes bien à distance et attends (va en 177) ?
235
Le long bus manœuvre pour se garer devant la
caserne. D’autres voitures de police sont là, ouvrant
leurs portes. La policière te fait sortir mais tu n’as
d’yeux que pour ce bus dans lequel sont déjà assis
plusieurs ados. Ventousés à leur fenêtre, ils ont l’air
épuisés. Certains ont le crâne rasé, le visage émacié.
Garçons et filles sont indiscernables.
Imitant les autres, tu avances vers l’autobus d’où
sortent des gardiens armés pour se poster devant.
Mais… ? Ce regard-là, à la vitre : c’est Kaito !
Tu cries et lèves les bras mais au même moment
retentit un crissement strident. Tout le monde s’agite
devant toi, affolé. En te retournant, tu vois un camion
qui te fonce dessus. Tu sens ta dernière heure arrivée
mais le camion dérape et s’immobilise. Une demi-
douzaine d’hommes et de femmes en jaillissent,
cagoulés et des bombes incendiaires artisanales à la
main.
Pas d’hésitation : tu cours vers l’autobus (va en 147) ou
vers la voiture de la policière (plonge en 205) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

236
Il semble que vous passez un contrôle. Tu n’oses
pas ouvrir le coffre pour regarder, te concentrant au
contraire pour le maintenir entre tes doigts crispés.
C’est bon, votre conducteur a fait le nécessaire. La
musique du festival se rapproche. Carl a ouvert sa
vitre et guide son chauffeur, sûrement jusqu’au lieu
de son spectacle. Mieux vaut filer avant.

Tu rouvres le coffre et te penches par l’ouverture


pour te laisser tomber. Aïe ! Tu roules au sol avec
tes affaires tandis que la voiture continue d’avancer
vers un très grand chapiteau surmonté par une
énorme étoile et des lasers… Des phares de voitures se
rapprochent, tu choisis de glisser sous une des grilles
qui délimite le chemin et rejoins des festivaliers.

Bien joué, tu es entrée ! Et maintenant ? Rends-toi


en 15.

237
Le moteur tourne sagement et ton pied gauche
maintient la pédale à terre quand tu abaisses celle
de droite en même temps. La voiture se met à
rugir, t’obligeant à tout lâcher pour faire taire cette
tronçonneuse.
Le moteur se calme, tu hésites : faut-il enfoncer le
levier de vitesse (en 233) ou remonter d’un coup la
pédale de gauche (en 246) ?

238
Pendant que les passagers descendent, tu te glisses
sous la banquette. Le bus redémarre et entre dans
un hangar. Tu entends le chauffeur griffonner des
papiers puis il remonte le couloir de son bus d’un pas
lent.

Tes sacs tiennent à peine sous le siège et ton


trombone dépasse, mais tu ne bouges pas. Mais il
se contente de descendre par l’arrière et s’en va.
Soulagée, tu t’apprêtes à sortir et déchantes : le bus
est verrouillé. Pas le choix, tu vas te coucher entre
deux banquettes.

A ton réveil, l’aube se lève dans le ciel violet. A ta


surprise, vous roulez déjà. Les premiers passagers
montent, alors tu sors de ta cachette. Quand un
vieux monsieur avec une casquette « Keep Petria
Safe » s’assoit à côté de toi, tu te dis qu’il est temps de
descendre. Continue en 99.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

239
Tu longes cette galerie marchande et vois des affiches
pour les élections collées sur les volets fermés.
Surtout pour réélire Tyrak mais il y en a une pour sa
concurrente, une dénommée Florès.

C’est marrant, tu jurerais l’avoir déjà vue en vrai. Elle


a pourtant plus une tête à conduire des camions que
vivre à White Sands. Mais c’est surtout une affiche
‘Missing Teens’ qui t’attire. Ils ne parlent que de ça sur
GNN. En les regardant tous, tu te demandes pourquoi
on entend jamais parler des ados retrouvés ? A croire
que les flics ne les retrouvent jamais.

Un bruit de sirène se rapproche. La police !

Si tu fais demi-tour et retournes discrètement vers


les boutiques, va en 49. Si tu préfères courir jusqu’au
parking, rends-toi en 257.

240
Le caissier glisse ta carte dans sa machine. C’est une
« Petroteen », un compte que ton père crédite pour
que tu puisses manger le midi.

Pas besoin de code, tu presses juste ‘Yes’ quand l’écran


dit « je reconnais être: Zoé Muller, domiciliée à: White
Sands ». Le caissier te sourit. Enfin, non, il fait une
grimace de flatterie. La machine l’interrompt d’un
bip-bip suraiguë inquiétant. Il fronce un sourcil en
lisant son écran.

Le téléphone sonne. Il décroche, écoute sans rien dire,


dos tourné... Un ticket sort en crépitant de la machine
à carte et tu reprends tes esprits : personne ne te
regarde, tu as payé, pourquoi attendre ? Tu décides de
sortir.

Ajoute un reçu de carte bancaire à ton inventaire et va


en 239.

241
– Je ne suis PAS Kaito ! Je ne serai jamais votre pion.
J’ai pas quitté une prison pour me jeter dans une
autre !

La vache, ça fait du bien. Tu te sens allégée et un grand


sourire illumine ton visage. Pas longtemps : John
écrase son poing sur le volant.

– Tu ne comprends rien ! C’est justement pour


empêcher quelqu’un de finir en prison que j’ai besoin
de toi ! Il va à la Tyrak Donors Party, c’est comme se
jeter dans la gueule...

– Du loup ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Tu te crois maligne ? Je te demande de sauver


quelqu’un, et tu fais l’égoïste. On ne peut rien attendre
des nantis de White Sands…

La colère est comme une gifle. Tu fais voler dans la


cabine tout ce qui tombe sous ta main.

– Pas mes cassettes ! Arrête, arrête ! OK, ça suffit,


écoute-moi : qu’est-ce que tu veux en échange ?

Ça te surprend. Tu réfléchis.

Si tu es du genre à penser avec le cœur, va en 96. Si


tu es une cérébrale, rends-toi en 198. Et si tu penses
surtout avec le ventre, va au 153.

242
Voler, c’est mal. Aucun doute là-dessus, mais…
comment leur dire ? Tu marches sur des œufs.
– Euh, j’imagine que çaaaa… dépend. De ce qu’on vole.
Et du voleur aussi ! Celui à qui on prend les choses,
pas celui qui le re-vole…
– Stan, je comprends pas ce qu’elle dit.
– Moi non plus : c’est bien ou c’est mal de voler ?
Tu avales péniblement. Et puis mince, tu ne vas pas
te compromettre pour deux zinzins alors autant être
franche.
– Voler, c’est MAL !
Comme deux mômes pris le vif, ils se regardent en
silence… avant de se mettre à crier de jubilation.
– Tu vois que j’avais raison : on est le mal !
– Ouais, on est trop forts ! Tout le monde nous craint.
Oh punaise, c’est pas passé loin…
Rends-toi en 142.

243
Ça a marché, on dirait. Tu as couru quinze minutes,
peut-être quinze heures si on en croit ton rythme
cardiaque, et personne ne t’a rejoint. Maintenant
tu remets tes rollers et suis une route secondaire
espérant éviter les policiers qui patrouillent sur les
voies rapides. Le risque, c’est que c’est qu’il te faut
un endroit pour dormir ce soir et qu’on ne voit ni
commerce, ni voiture là. Ha si : un véhicule est garé au
prochain carrefour !

De joie, tu lui fais de grands signes avec les bras. En


fait, ce n’est pas une voiture mais une camionnette.
Elle est toute noire avec des vitres teintées. Euh,
même son pare-brise est foncé… Quand elle est
assez proche, tu remarques qu’elle n’a pas de plaque
d’immatriculation. À la place, il y a… un masque de
hockey ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Son moteur s’allume soudain, la camionnette avance


et… s’éteint presque aussitôt. Plus rien ne bouge. Une
question emplit ton cerveau : qui fait du hockey à
Petria ?

Pourtant, il faut partir d’ici. Tu refrènes un mauvais


pressentiment qui te grippe les jambes et tu te mets
en marche vers ce sombre van.

Rends-toi en 221.

244
Tu trouvais que c’était l’anarchie dedans ? Alors
dehors c‘est le chaos. Une demi-douzaine de voitures
de police sont garées en pagaille, encerclant la
limousine dans laquelle se déplace ton père. Le
parking est un labyrinthe éclairé seulement par des
gyrophares. Profitant de la panique, tu te faufiles
entre les voitures. Derrière, l’Iron Shore Café est un
vrai feu d’artifice.
Forçant le passage, un van de GNN arrive en
dérapant ; ses portes s’ouvrent et une équipe jaillit
avec une caméra.
Si tu te jettes dans le van, va en 201. Si tu préfères
foncer vers les buissons qui bordent le parking, va
en 40.
245
Le ton monte derrière. Ils doivent fouiller tes affaires
à la recherche de ce qui vaut le plus cher. Toi, tu sais
déjà que… c’est toi.
– Écoutez... Je ne vous en veux pas. Je veux juste
qu’on…
Tu tournes la tête pour leur parler mais, non, ça fait
trop mal.
– Mon père s’en fiche de moi. Il ne paiera pas de
rançon.
Le projo te brûle les yeux. Ou alors ce sont les larmes ?
– J’ai sali son image. J’ai approché les Brigades… Je suis
un fardeau dont il veut se débarrasser, pas un bijou à
récupérer.
Tu aimerais essuyer ton nez et tes joues mais, ça non
plus, tu ne peux pas.
Va en 258.

246
Le moteur ronronne toujours quand tu remontes le
pied gauche mais rien ne se passe. Mince… Dans le
doute, tu la renfonces et fait le tour de ce qui te reste :
presser la pédale de droite en même temps (va en 237)
ou manipuler le levier de vitesse (va en 233) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

247
Irene ralentit devant une palissade branlante. On
dirait un bidonville mais c’est un camping. Le van
s’immobilise un peu avant l’entrée.
– Prends tes affaires, je vais me garer derrière. J’peux
pas laisser le van visible devant.
Si elle le dit… Tu prends ton sac à dos et descends.
– J’vais aller voir le propriétaire. Il est sympa et m’doit
un service. Il devrait pouvoir t’héberger un moment.
On s’rejoint dedans.
Tu longes la palissade tandis qu’elle braque derrière
une dune.
Est-ce que tu te prépares pour faire bonne impression
à ton futur hôte (rends-toi en 209) ? Ou bien tu
considères que les autres doivent t’accepter comme
tu es (rends-toi en 213) ?

248
A peine entrée, une vague de chaleur moite échoue
sur ton visage. Tu viens d’arriver dans le dos d’un
podium monté sur une mini estrade. Mais au-delà, au
moins deux cents personnes en chemise ou robe dos-
nus transpirent sur un dancefloor endiablé. A mieux y
regarder, le sol se révèle être une bâche tendue entre
une dizaine d’enceintes, évoquant plus un cirque
qu’un nightclub.
Quelque chose bouge dans la pénombre. Un énorme
fly case sur lequel est écrit à la bombe « Console DJ »
attire ton regard, juste à temps pour voir une main
disparaître à l’intérieur et la boîte se refermer toute
seule ! Hum…
Un rideau s’écarte sur deux costauds en T-shirt
rouge et jaune (les couleurs de Petria), suivis par une
femme, casquette à l’envers. Ils se mettent à installer
des platines vinyles sur le podium. Mine de rien, tu
te rapproches du rideau. Quand tu arrives, le fly case
est ouvert... et vide. La DJette donne des consignes à
l’oreille des costauds rendus sourds par la musique.
Tu te glisses derrière le rideau sans être vue.
Continue en 263.

249
Rapidement, tu te félicites de ton choix vu qu’il y a de
plus en plus de véhicules sur cette route. Il y a même
un autobus qui te dépasse et se rabat vers un abri en
béton. Oh punaise, c’est un arrêt !
Tu piques un sprint. Heureusement, une femme
avec un bébé dans les bras garde la porte ouverte
assez longtemps pour que tu sautes à l’intérieur. Tu
sors toute ta petite monnaie devant le conducteur
ROAD 96: ABOUT A GIRL

qui s’agace et t’envoie t’asseoir sans payer. Tu vas


t’écrouler sur un siège au fond.
Le soleil se couche. Une journée de route. Terminus,
tout le monde descend sur un parking éclairé de
néons blanc pâle. Deux choix se présentent : sortir et
trouver un coin où dormir (va en 272) ; ou tenter de
rester cachée dans un bus (va en 238).

250
Tes cuisses crient à l’aide. Tu as gravi trois paliers de
plus en entendant les pas de ton prédateur résonner
dans l’escalier. Tu es épuisée. Un tir retentit et ricoche
dans la structure métallique. Tu reprends l’ascension
avec difficulté. Tu es presque en haut. D’ici on voit
toute la raffinerie, les derricks, la station et même
la camionnette garée dessous. Mais il n’y a plus rien
d’autre…
Une autre balle siffle dans l’air. On dirait qu’il veut
te faire descendre. Mais tu ne te rendras pas : tu
enjambes le garde-corps et attrape un pylône. Tu
le serres et te laisses glisser comme sur un mât de
pompier. Mais la fatigue de tes muscles est fatale : tu
ne relâches qu’une seconde mais elle suffit à te faire
chuter…
Ton aventure se termine ici. Tu peux recommencer
au premier chapitre ou retenter une autre approche
en 202.
251
– Tu sais bien ! Je veux dire, toi aussi tu as vécu en
attendant le retour de ta mère.

– Oh, ça… C’est bizarre que tu en parles ; je pense


beaucoup à elle depuis mon départ.

– Je me doute, elle aussi s’était taillée. Je m’en


souviens, on était voisines et cela avait fait du bruit.

– Tu te souviens de ça ?!

– Bien sûr, j’ai même une photo. On l’avait prise avec


ma mère car l’ambiance était sacrément tendue chez
vous cette nuit-là, ça nous avait réveillées.

Elle rentre dans la caravane et ressort avec un carton.


D’un album-photo, elle finit par extraire un polaroid
jauni. Prise depuis un balcon, on y voit une femme
montant dans une voiture de nuit. C’est Sara, ta
maman. Derrière, on dirait ton père, hors de lui, qui
brandit un poing menaçant. A regarder de plus près,
il y a un autre homme derrière ton père dans le noir,
trapu et habillé sombre…

– C’est dingue, Amira… On ne m’a rien dit, je n’ai


jamais su.

– Mon père disait qu’elle « n’en pouvait plus des


magouilles de Monsieur Muller » et qu’elle avait dû fuir.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Ton père lui avait dit qu’il te gardait et que “ça la ferait
revenir” ; mais je crois qu’elle n’est jamais rentrée…
Tiens, garde-la.

Tu prends ton amie dans les bras, longtemps. Puis


vous vous séparez. Encore sous le coup de l’émotion,
tu retournes travailler. Ajoute le polaroid d’Amira à ton
inventaire et rends-toi en 3.

252
Des vérins soulèvent un énorme pick-up sous lequel
deux jeunes mécanos se glissent. Tu es absorbée par
les carrosseries galbées reflétant les tubes au néon.
Une gerbe d’étincelles te fait soudain reculer et tu
trébuches dans les bras d’un type.

– Hé, gardez vos mains sur des bagnoles !

– C’est pas souvent qu’on a des visiteuses dans notre


repaire de pirates, ah ah !

Il a la cinquantaine musclée, une barbe et des cheveux


longs qu’il rattache exhibant de nombreux tatouages.
Un crâne enflammé, deux B enlacés, une bombe à
mèche… Nan mais, c’est pas vrai : il te mate de bas en
haut.

– Oh, tu me confondrais pas avec les filles de ton


calendrier macho, là ?
– Ha c’est marrant : avec ton trombone et tes billes
vertes, tu m’rappelles une nénette.

C’est quoi ce plan drague ? Si tu ne le sens pas du tout,


va en 57. Si tu as envie d’entendre son histoire, rends-
toi en 109.

253
Tu l’as vu faire. Tu sais de quoi ils sont capables, lui et
l’autre au chapeau de cowboy. Tu ne te farciras pas ce
qu’ils ont infligé à Kaito : tu attrapes tes sacs et ouvres
la portière.

– Arrête-ça ! Tu vas te tuer !

Tu descends d’une marche et c’est vrai que la route


défile super vite. Une inspiration pour se donner du
courage et tu mets un pied dans le vide.

Une main t’agrippe l’épaule. La vache, John a une


sacrée poigne. Trop. Tu perds l’équilibre et bascules.

De justesse, tu saisis une sangle sur le côté du camion.


L’asphalte ponce tes sacs. Le pneu semble si près. Bon
sang, tu vas mourir !

Le camion fait un à-coup et John te tire d’un coup


sec. Tu voles jusqu’à la banquette, trempée de sueur
froide.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Fais plus jamais ça ! Je fais tout pour éviter à des


gosses comme toi de mourir, alors... alors je t’interdis
de mourir dans mon camion !

Tu allais bredouiller une réponse quand une voix


jaillit de nulle part. Va en 23.

254
Après que le break t’a déposée, tu as longé un pipeline
pendant une heure, pouce levé. C’est marquant
combien Petria est lié à ce pétrole qui court à travers
le pays comme des veines dans un corps. Mais au fait,
où est le cœur ? Ton père doit le savoir lui…

Un van familial s’arrête pour te prendre en stop


et interrompt tes pensées. Annie au volant, Geoff
à sa droite ; un couple de quadras parti voir de la
famille dans le Nord. Ils sont sympas même si leurs
discussions politiques te prennent rapidement la tête.
Ça va que tu retrouves ton walkman dans ton sac ;
hélas les piles ne tiennent pas longtemps. Pfff…

Quand Geoff se tourne vers toi pour t’impliquer


dans le débat, tu coupes court en montrant un auto-
stoppeur sur le côté. Annie se méfie ; il rétorque que
voir les jeunes comme des criminels est un cliché ;
elle arrête la voiture.
Le jeune monte et tu lui fais de la place. Il a des cernes
et ses fringues sont crades, cela te fait marrer. Tu sais
immédiatement où il va.
Si tu as un jeu de société dans ton inventaire, va en 265,
sinon rends-toi en 218.

255
– On n’y gagne rien, jeune louve. On se bat justement
contre ceux qui s’enrichissent sur notre dos.
“On” ? Tu fronces les sourcils.
– Pff, oublie les Brigades : j’ai besoin que tu sortes un
ami d’un piège. Tout seul, il va droit au casse-pipe.
– …D’accooord. C’est où ?
– Ha, super ! Je vais te montrer sur une carte, il va
s’infiltrer à la Tyrak Donors Party.
– Quoi ?! Tu es malade ? Mais je ne peux pas entrer
dans la méga-fête du président ! C’est ultra-défendu.
– C’est pour ça que j’ai besoin de toi : mon petit pote a
été... manipulé. Tu vas le raisonner. Attends, avec ça, il
saura qu’il peut te faire confiance.
John décolle un autocollant de son boîtier de CiBi – un
octogone rouge avec un poing révolutionnaire – et le
colle sur ton trombone.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Voilà. Il s’appelle, euh… Furious T. Et avec ça, ce sera


facile de vous reconnaître. Mais là, on arrive...
Le camion ralentit devant ce que tu aurais pris
pour une décharge s’il n’y avait pas une guirlande
lumineuse et une banderole blanche clamant
“Welcome ! The Night Skies Campground”.
Ajoute le sticker Revolution! à ton inventaire et le flyer
Tyrak Donors Party, puis va en 97.

256
– Je travaille ici, monsieur l’agent. Serveuse, à vot’
service !
Tu lui sers ton plus beau sourire avec ça. Et il te le
rend bien. Ses bajoues remontent et on dirait un gros
toutou prêt à jouer. Il regarde ta voiture de la calandre
au pot d’échappement.
– Une BWIII ! Ça a l’air de bien payer, dites-donc…
Il fait une moue faussement admirative. Puis d’une
voix profonde :
– Vos papiers, Mademoiselle…
Le gros chien montre les dents pendant que tu
cherches comment t’en sortir. Les premières idées qui
te viennent : prétexter une course urgente (283) ou
l’envoyer à l’intérieur (293) ?
257
Tu te jettes dans une contre-allée et contourne à toute
vitesse les boutiques. Rapidement, le parking apparaît
derrière un muret. Punaise, la police est justement
garée là ! Derrière leur voiture, tu distingues la forme
imposante d’une camionnette. Un van foncé qui fait
un demi-tour.
C’est pas vrai... Non, ça ne peut pas être le même. Pas
encore…
Si tu vas demander de l’aide à la police, rends-toi
en 184. Si tu prends ton courage à deux mains et
marche droit sur ce van, rends-toi en 67.

258
Tu as abandonné l’idée de t’échapper. Ces gens vivent
un enfer et tu es leur moyen de sortie. Comme ces
coupons qu’on distribue aux employés de White
Sands pour déjeuner ou pour quitter le condo. Cela
t’horrifie plus que ça te met en colère. Tu penses à
Kaito, à ses parents. Quelque part, ils avaient raison.
Courant d’air. Une porte ? Un homme approche dans
ton dos, tranche tes liens. Tu t’écroules sous l’effet
de l’épuisement mais il t’enveloppe d’un bras et te
soulève. Odeur d’huile de moteur quand il te porte
au travers des pièces. Tu sens l’air du dehors sur tes
joues.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Là, il te repose, t’aide à monter des marches ; c’est pas


gagné mais le gars te tient bien. Tu t’effondres sur une
banquette. Mais on est où, là ?
Rends-toi en 296.

259
Tu te places au milieu de la route et saute en l’air
en agitant les bras comme une folle. La moto se
rapproche et tu réalises qu’il s’agit d’un side-car. Le
conducteur donne un coup de guidon à droite, un
autre à gauche et manque de se foutre en l’air.
Les freins hurlent, ils semblent trop vieux pour
réussir à remplir leur mission d’urgence. Ça crisse, ça
fume… De peur, tu lâches trombone et sac par terre et
places tes mains sur ton visage. Enfin, la moto s’arrête
à tes pieds, son phare avant contre ton genou.
Continue en 294.
260
Un jour, peut-être, l’informatique contrôlera le monde. Alors
on parlera d’Alex comme d’un sauveur, un héros. Ça ne fait
aucun doute, on fera un film sur sa vie, comment il est passé
de la débrouille à la présidence du pays. Alors ce jour-là, tu
voudras revoir cette scène où il a verrouillé les portes d’une
camionnette avec un électro-aimant bricolé en deux-deux.

Montée à l’avant, tu démarres le van. Puis tu enfiles la


casquette qui est posée sur le tableau de bord et saisis le
paquet de cigarettes Lucky Sanchez à côté pour en glisser
une entre tes lèvres. Sans l’allumer, juste pour faire plus
« adulte ».

Planqué derrière, Alex te guide, ordinateur à la main. Vous


contournez le festival et trouvez une pancarte « Entrée de
Service ». Devant une barrière, un vigile en blouson noir te
fait signe de baisser la vitre.

Pendant que la manivelle tourne, tu réfléchis à un bobard qui


te permettra de passer. Si tu viens réparer une fuite, va en 38.
Si tu penses d’abord au buffet du traiteur, va en 163. Si ton
instinct te suggère un motif plus artistique, rends-toi en 80.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

261
Tu pensais contourner la piste de danse mais le
comportement des festivaliers te décontenance : dès
que tu passes près d’eux, ils applaudissent ou lèvent leur
verre à ta santé.C’est l’alcool ou quoi ? L’un te dit même
qu’il adore ton show… Haaaa, ouais, d’accord.

Paradoxalement, il devient plus simple de couper à


travers le dancefloor où chacun est en transe, bras en
l’air. Soudain, des voix entonnent « Sonyaaaa ! La voix de
Petriaaaa ! » en applaudissant… Oulaaa, sortir, vite.

En cachant ton visage, tu t’extrais du dancefloor et te


réfugies derrière le podium. Boîte à outils en main, un
technicien apparaît de derrière un rideau cachant une
petite pièce. Tu fonces t’y cacher.

Continue en 263.

262
C’est l’épreuve du feu : il faut réussir du premier coup ce
que tu as péniblement appris aujourd’hui seulement. En
une fraction de seconde, tu tournes la clé, enfonces la
pédale, abaisses le levier de vitesse et accélères de l’autre
pied.

La voiture rugit mais quand ta portière s’ouvre d’un coup,


tu paniques et cales.
Le flic braque un énorme revolver sur toi. Alors qu’il te
tire dehors, la seule chose qui emplit ta tête c’est : c’est
légal un tel flingue ?

Va en 50.

263
La pièce est en fait un passage. Un sas fait de deux
bâches suspendues entre le chapiteau du Club
Petryak et une remorque de poids lourd. Tu traverses
cet étrange couloir où a été déposé du matériel de
sonorisation. Dans la remorque bourdonne un groupe
électrogène mais ce qui te surprend le plus, c’est ce
môme, par terre. Armé d’un cutter, il est en train de
dénuder un câble.

– Alex ?

– WOUAH ! Meuf, tu m’as fait peur, fais plus jamais ça !

– Désolée. Qu’est-ce que tu fiches ?

Plusieurs câbles émergent de son mini-ordinateur


relié à un petit boîtier électronique.

– Je raccorde un enregistreur. L’installation est quasi-


prête, il reste les micros justement.

– Hein ? Mais, pourquoi tu fais ça ?


ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Pour espionner ce gouvernement et bloquer leurs


actions, yo !

Il a un immense sourire qui fait glisser ses lunettes


sur son nez tandis qu’il te tend trois boîtiers en
plastique de la taille de carrés de sucre.

Continue en 194.

264
C’est maintenant que ça se joue, les premiers mètres.
Tu serres ton sac et ton trombone contre toi et tu
sprintes. Tu longes la ligne blanche à fond la caisse
puis jettes un œil en arrière pour voir. Après tout,
les policiers étaient pressés, ils ont plus important
que toi… Pas de bol, le policier s’est arrêté et tu vois
tourner les flashs bleus sur son toit. Pas le choix, il va
falloir accélérer. Rends-toi en 6.

265
Tu sors le jeu et lui file les pions jaunes. La partie
est rapide car tu es hyper douée mais tandis que
s’alignent tes jetons rouges, vous discutez. Il est cool
et assez drôle. Il reconnaît être en route pour le Mur
de Tyrak. Il espère franchir la frontière en passant
par d’anciens tunnels. Confidence pour confidence,
tu lui avoues que tu es la fille du ministre du Pétrole
et ça le scotche : une fille de White Sands sur la
route ?! Avant de pouvoir briser les clichés, le couple
vous interrompt pour vous demander pour qui vous
allez voter. L’auto-stoppeur botte en touche et cela
t’arrange. A quoi bon une élection quand votre mère
et votre meilleur ami sont portés disparus ?

Une lumière attire alors ton regard dans le rétroviseur


central : oh oh, c’est un gyrophare ! Continue en 218.

266
– Cela va aller, monsieur ?

A part ce corps par terre et toi, le bar est vide.

Hum… Entre son accès de colère et l’alcool, tu préfères


ne prendre aucun risque. Tu poses un doigt sur le
canon du revolver et fait glisser l’objet glacial vers
toi. Qu’est-ce que... ? Il y a un mini-autocollant de
dinosaure sur la crosse. Au même moment, tu sens
une poigne se refermer sur ta cheville.

Avant d’avoir compris ce qui se passe, tu bascules en


arrière. Aïe, ta tête… Le maigre psychopathe met une
jambe de chaque côté de toi. Il braque son flingue
sur ta tête. Ses yeux brûlent de haine, de colère, de
douleur… La balle sort du canon au ralenti. Un liquide
ROAD 96: ABOUT A GIRL

chaud coule sur ton front. La dernière chose que tu


entends c’est :

– Lola, ma Lola… Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ?


Ton aventure se termine sur le plancher de ce bar. Tu
peux recommencer au premier chapitre ou retenter
une autre approche en 7.

267
– Jeffrey, tu as besoin de moi ? Moi j’ai besoin de
retrouver mon ami Kaito. Si tu m’aides, j’irais où tu v...

– Hé, ne joue pas à ça ! Tu sais que tu vis ici à crédit…

– Hmmm… Dis, tu penses que le Sonya Show


s’intéresserait aux ados que tu planques dans le fond ?

Des noms d’oiseaux fusent, mais tu es déjà repartie.


Devant le distributeur automatique, tu aimerais
t’offrir une barre Ty’Chunk Double Choco, mais tu
n’as plus un dollar. C’est marrant, ce truc est toujours
approvisionné alors que tout est en panne dans ce
camping… ? Un truc brille derrière les canettes. Tu
te penches pour mieux voir mais Jeffrey s’interpose
alors tu pars pendant qu’il crie.

Plus tard, alors que tu repeins le toit d’un bungalow,


en passant tes nerfs sur le pinceau, tu aperçois une
voiture de police qui se gare sur le parking. Non, il
n’aurait quand même pas…?

Si tu veux t’approcher plus près rends-toi en 271. Si tu


te méfies et rentres vite à ta caravane, file en 62.

268
Votre camionnette passe la barrière et remonte un
couloir fait de grilles. De l’autre côté s’élèvent des
tentes, des stands et des baraques en tôle. Le festival.
– Bien joué, frangine ! Continue, il faut qu’on trouve la
VIP Room.
– Pourquoi ? Tu m’as même pas dit ce que tu faisais ici,
au fait…
– Je vais coller des micros à l’équipe de Tyrak.
– De quooooi ?!
Au bout du chemin, un chapiteau devant lequel des
vigiles patrouillent. A côté, un petit parking porte la
mention « Réservé VIP ». Par réflexe, tu braques bien
avant, la camionnette se faufile entre deux tentes et tu
coupes le moteur.
– Désolé Alex mais aller plus loin serait trop risqué. Tu
crois que tu peux nous trouver un autre accès ? Alex ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Tu parles toute seule : la porte arrière est ouverte et la


camionnette vide. Un rapide tour te confirme que le
petit génie a filé. Seul subsiste un papier avec un tank
dessiné dessus et la mention « Parti en mission. Merci
xoxo ».
Et toi, où vas-tu maintenant ? Vers les stands de la fête
(rends-toi en 15) ou vers le chapiteau VIP (rends-toi
en 288) ?

269
Heu, c’était pas prévu ça… A l’intérieur du conteneur,
il y a des planches, des bobines de câble, des sacs de
ciment empilés sur une palette et un sac de couchage.
Couché dessus, un garçon de ton âge, bandana dans
les cheveux, qui devait dormir quand tu es entrée.

Une odeur plane de chien qui se serait roulé dans la


vase. Il lève sa main paume ouverte :

– Peace. Je m’appelle Max. Toi aussi, tu fuis ?

Tu allais lui répondre que fuir c’est pas ton genre


quand une voix retentit dehors.

– Hé ho ? Y’a quelqu’un… ?

On entend plus que vos deux respirations. La voix se


rapproche. Exorbités, les yeux de Max sont figés sur la
porte du conteneur encore ouverte.
Si, tu sens que tu as le temps de ressortir, va en 307.
S’il te semble plus urgent de te planquer dans le fond,
rends-toi en 159.

270
Tu jaillis de ta cachette et plonge sur l’homme. Tu
lui décoches un coup de poing qui décroche son
masque. Ce visage ? Tu le connais ! Tu l’as déjà vu il y
a longtemps… Mais l’homme lève sa batte et frappe à
son tour. Un coup tranchant qui t’atteint à la tempe.
Un nuage de sang brouille ta vue. Tu as le temps de
le voir te saisir et t’emmener dans ses bras avant de
perdre conscience… Ton aventure se termine ici. Tu
peux recommencer au premier chapitre ou retenter
une autre approche en 202.

271
Deux agents montent l’escalier en bois de la
réception. Tu refermes le pot de peinture, descends
et te rapproches de l’entrée pour surprendre la
conversation.

– Non, euh, ce n’est pas moi qui ai appelé. Mais euh,


oui, il y a une fille qui correspond à votre description…
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Ce faux-cul de Jeffrey évidemment. Pas besoin


d’attendre la fin, tu vois bien où mène cette
discussion. Tu tournes les talons et fiches le camp.
Mais dans la précipitation, tu trébuches et t’affales.
Sympa, quatre bras t’aident à te relever. Dommage
qu’ils soient tous en chemisette bleu acier…

– Tu es arrêtée pour collaboration à des actes


terroristes.

– Quoi ? C’est des conneries !

Mais rien ne sert d’argumenter, les flics te menottent


bras dans le dos et t’embarquent. Ton aventure
s’arrête ici. Tu peux recommencer au premier
chapitre ou retenter un autre chemin en 279.

272
A peine ses passagers déposés, le bus entre dans un
hangar. Tu le suis et découvre une demi-douzaine
d’autobus hors d’âge stationnés. Le chauffeur repart
dans une voiture ridiculement petite pendant que tu
fais le tour. Concluant que ce dépôt est vide de toute
présence humaine, tu trouves un endroit sans néon et
sors ton duvet. Comme il reste éclairé toute la nuit, tu
t’endors difficilement.
Aux aurores, tu profites des sanitaires pour faire ta
toilette et te changer. Tu montes en douce dans le
premier bus arrivé pendant que son conducteur boit
un café.

Le bus prend la direction d’une petite ville. À un arrêt,


une voiture de police le dépasse au ralenti. Tu as juste
le temps d’attraper tes sacs et de descendre ; pas envie
qu’il t’attendent au prochain arrêt…

Rends-toi en 99.

273
Tu vas ouvrir le coffre comme la chemise blanche te l’a
demandé, mais tu hallucines en le voyant revenir aux
commandes d’un transpalettes. Dessus, une douzaine
de cartons.

– Waouh ! Mais c’est quoi tout ça ?!

Sans te répondre, il monte la fourche à ta hauteur et


vient charger les paquets dans la BWIII.

Il t’a fallu un moment pour réorganiser le tout afin


de refermer le coffre et quand tu poursuis le chariot,
il est déjà retourné dans son entrepôt. Le rideau
métallique descend quand il te dit :
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Ne traîne pas. Et ne te fais pas remarquer sur la


route ! T’as pas envie qu’on te voie avec ça…

Et avant que le rideau métallique claque au sol, tu


entends :

– Oh, et on ne s’est jamais vus...

Ajoute la douzaine de cartons à ton inventaire et


rends-toi en 102.

274
– A dire vrai, je ne suis pas partie pour fuguer. J’ai…
aidé les Brigades Noires. Malgré moi.

– Oh… Fais attention de pas finir... où tu sais.

– Hein ? Où ça ?

Ton regard interrogatif la met mal à l’aise.

– Il paraît que les flics emmènent les ados dans un


camp de travail. J’en sais pas plus mais on ne les revoit
jamais.

L’image de Kaito fuyant en skate passe dans ta tête.

– Ils doivent surtout pas t’chopper. J’vais t’montrer


comment démarrer une voiture sans clé : avec une
pièce, tu fais tournevis là, sous le volant. Ça ouvre une
trappe, comme ça.
En te montrant la manip’, elle te dit quels câbles court-
circuiter avant de te jeter la pièce.

– Tiens, celle-ci porte bonheur !

– Mais Irene… je peux pas faire ça !

– Nan ? Sinon, les gens laissent souvent leur clé ici :


sous la visière. Mais ce soir, t’en aura pas besoin ; je
t’amène chez un copain.

Elle te fait un clin d’œil. Tu crains le pire. Ajoute la


pièce porte bonheur à ton inventaire et rends-toi
en 247.

275
L’entrée du camping a été minutieusement pensée
par son cher propriétaire : malgré l’aridité des rochers
et arbres de Josué, les plus beaux mobile-homes y
sont mis en avant, accessibles par de petits escaliers
faits main. Sous une marquise, un chemin monte
jusqu’à la réception. Le long d’une terrasse en bois,
une caravane s’est récemment installée sur le plus
grand emplacement. En passant devant, tu entends
une télé qui braille.

Vas-tu monter à la réception (3) ou t’approcher des


nouveaux arrivants (78) ? Tu peux aussi rentrer à ta
caravane, en 279.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

276
Un rapide détour te confirme ce que tu sais : Jeffrey
est toujours en train de sermonner Carl. Si ça n’était
pas si drôle d’entendre sa voix de fausset faire la
leçon, ce serait presque gênant pour le pauvre Carl. Tu
reviens sur tes pas jusqu’à la cabane.

Tu ne sais pas comment, mais Denny a dévissé


un boîtier, mis des câbles à jour et disjoncté toute
l’alimentation de la cabane. Adieu caméra, adieu
serrure électrique…

Quand tu arrives, il est à l’intérieur, penché sur un


bureau où s’empilent des bouteilles et des cartons. Il
remet une enveloppe dans un tiroir et le referme. D’un
mouvement de tête, il te fait signe que c’est fait et
ressort. Faisant un signe avec ses deux doigts devant
ses yeux, il te demande de guetter.

Continue en 227.
277
Les surveillants sont déjà dehors ainsi qu’une
majorité des enfants ; ceux qui restent sont paniqués.
Tu traverses l’autobus enfumé en les poussant,
subissant leurs cris et leurs coups. Enfin, tu arrives
devant Kaito, prostré sous un siège.

– Kaito ! C’est moi, Zoé !

Il ne dit rien et te regarde avec des yeux exorbités, de


la salive sèche aux lèvres. Tu l’attrapes par la chaîne
qui relie ses menottes.

– Viens avec moi !

Vous remontez l’allée quand un gardien surgit,


matraque en main. Il frappe de toutes ses forces sur
ta chaîne et la résonance dans tes os t’arrache un cri.
Kaito escalade les fauteuils et se dirige vers la sortie.
Le maton le poursuit mais trop tard : Kaito sort.

Une série de détonations l’accueillent dehors. Oh non,


pourvu que…

Les deux poings joints, tu frappes la fenêtre et tes


menottes finissent par briser le verre fragilisé par
l’incendie. Tu enfonces la vitre de l’épaule et saute
dehors.

Rends-toi en 124.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

278
Tu pousses la porte des toilettes des filles et on voit
tout de suite pourquoi elles sont interdites : il y a 2 cm
d’eau au sol. Tu patauges jusqu’à une cabine et te
soulage. Une toilette rapide aux lavabos et tu es prête
à repartir.

Wahou ! Le pompiste t’attendait devant la porte. Il te


passe un savon pour avoir franchi son cône rouge. Tu
lui rentrerais bien dans le lard mais vaut mieux faire
profil bas.

Rends-toi en 180.

279
Le camping est assez rempli ces jours-ci.
Surplombant l’entrée se trouve la réception, un accès
au parking et les caravanes les plus récentes dont une
arrivée juste ce matin. La place centrale rassemble les
bungalows et caravanes des habitués autour de tables
et parasols, ainsi qu’une cabane où se rend parfois
Jeffrey Bonnaro. Dans le fond se terrent les caravanes
les plus amochées ou logent les ados de passage…

Où vas-tu aller : vers l’entrée (rends-toi en 275), vers


place centrale (en 28) ou au fond du camping (en 172) ?
280
– Vous parlez d’Alex, c’est ça ?
– Tu l’as vu !? Où est-il ?
– Je ne sais pas, mais il va bien. Très bien même.
Elle lâche un soupir de la taille d’une grosse valise.
– Par contre, il a rejoint les Brigades...
– Que…? Tu dis n’importe quoi ! Mon Alex ne veut de
mal à personne.
– Mais moi non plus ! La vérité, c’est qu’il ne cherche
pas à vous fuir, il veut juste vivre sa vie. Comme nous
toutes et tous…
Elle enlève ses lunettes de soleil et essuie une larme.
Puis elle ouvre une trappe dans le grillage entre vous.
– Approche tes mains. La dernière fois que j’ai fait
un transfert, cela s’est très mal passé. J’ai fini en bus,
agressée par les passagers… Alex pense qu’il peut tout
régler ; mais on ne peut pas changer tout le monde.
– Non, en effet. Mais si chacun se change, cela change
tout.
Elle retire tes menottes et sort ouvrir ta portière
pendant que tu masses tes poignets. Dehors, un gros
bus arrive.
Rends-toi en 235.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

281
– Yo, penche-toi, meuf ! Faut pas qu’on me voie...
Tu t’accroupis et le rejoins. Voyant le sticker
Revolution! sur ton trombone, un large sourire
illumine son visage.
– Trop fort ! C’est donc toi qui viens m’aider à entrer...

– De quoi ? Non, je viens t’aider à sortir, moi ! C’est


John qui m’a-...

– CHUUUut ! Il ne faut jamais dire le nom de Mister U.


Mon nom de code à moi, c’est Furious T., avec un T.
comme Tank, parce que je défonce tout.

– Rhaa, il m’a menti ! Quel salaud...

– Viens il faut qu’on rentre, je dois atteindre la salle VIP.

– Mais pourquoi tu aides les Brigades ? Ils mentent, ils


ont trahi mon ami Kaito, ils…

– Oh, j’ai déjà entendu ce nom ! Il travaille avec les B.B. ?

Mais Alex avance déjà en direction d’un van et


l’escalade pour regarder par ses fenêtres.
– Tu… tu connais Kaito ?

– Non, frangine. Mais j’ai entendu son nom. Je scanne


les fréquences de la police pour Mister U. et ils ont
parlé de ce nom-là.

La police ? Mince...

– Alex. Si je t’aide à entrer, tu pourras m’en dire plus ?

– Okidoki, meuf !

Rends-toi en 260.

282
Arc-boutée pour pas trop être vue de l’extérieur, tu
manipules un bouton cassé qui finit par laisser la
boîte à gant s’ouvrir. Un vrai bazar en tombe : un plan
de la région, un gant, des ampoules de phare et un
tournevis.

Tu prends ce qui te semble important pendant qu’à la


radio un détachement de policiers annonce être en
route. Tu te redresses pour voir par quel côté rejoindre
le bus de Kaito. C’est là que tu remarques le cowboy au
sourire grimaçant à la vitre...

Ajoute ce que tu veux à ton inventaire et va en 287.


ROAD 96: ABOUT A GIRL

283
– Désolé, mon patron m’envoie expédier un colis en
urgence.

D’une vitesse impressionnante pour un homme de


sa corpulence, il ouvre la portière et pose une main
sur ton épaule. L’autre va sur son arme de service à la
ceinture.
– Alors on va aller inspecter ces colis... Sors !
Tu t’en mords les doigts mais c’est trop tard. Vous êtes
déjà devant le coffre que tu ouvres sous ses ordres. La
main sur un carton, il arrache un scotch et l’ouvre.
Une dizaine de bandeaux blanc et rouge apparaissent.
Ceux de Tybacco, la marque de cigarettes made
in Petria. Sauf que les colis ne sont pas dans votre
langue...

– La vache, mais qu’est-ce que… ?!

– Cela s’appelle de la contrebande, mademoiselle.


Mains en l’air !

Continue en 50.

284
Il te fixe sans un mot, soupesant la confiance qu’il
peut ou non avoir en toi. Puis lâche : « C’est une radio
trafiquée. J’écoute les fréquences de la police ».

Oh ! Tu t’empresses de lui dire que tu as besoin de


son aide pour retrouver Kaito, que tu présentes
comme « un ami qui a collaboré avec les Brigades pour
dénoncer une injustice ». Cela allume une lumière dans
son œil noir.

– Parfois j’entends d’autres fréquences, tu sais


m’dame. Il y a une radio propre aux Brigades. Parfois,
aussi, je capte un signal étrange. En grandes ondes.
La fréquence change mais c’est toujours trois chiffres
pareils. Comme 1.1.1., tu vois ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

– Curieux. D’où cela vient ?

– Il y a des parasites, donc ça doit venir de loin. Peut-


être du Nord ? C’est une voix de femme, mais c’est
codé, on comprend rien.

Hum, intéressant. Tu te notes cela pour y penser, si


un jour tu as le temps de chercher… Pour l’heure, tu
lui demandes s’il a des contacts avec les Brigades ? A
nouveau, il te scrute en silence.

Si tu possèdes un sticker Revolution!, rends-toi en 73.


Sinon, va en 93.

285
Tu passes son bras autour de ton cou et glisses le tien
sous ses cuisses. Ton dos gémit mais tu tiens bon et
emmène Kaito. Mais où ? Où aller ?

Ton premier réflexe est de retourner à la voiture


qui t’a amenée ici. Sa portière est encore ouverte.
Tu le portes jusque-là et l’allonge à l’intérieur sur la
banquette. Pauvre Kaito, il est si maigre, si abîmé.
Pourtant ses lèvres bougent. Tu approches ton oreille.

– Z… Zoé. T’as v… vu ?

– Quoi ? Vu quoi, Kaito ?


– T’as vu c… ce ride ? J’étais pas t… tombé une fois dep…
depuis White Sands.

Il a un dernier sourire. Le seul homme à avoir


cambriolé le palais présidentiel en skateboard s’est
s’éteint.

Tu refermes la portière. La clé est sur le contact. La


voiture de police démarre sans difficulté et tu quittes
la zone. Rends-toi en 64.

286
Tu ne sais pas encore quel baratin tu vas inventer
mais tu marches d’un pas sûr vers la limousine. Ha
bah, ça c’est pas mal ! Tu reconnais cet autocollant
GNN sur la portière, c’est sûrement la voiture de
Sonya Sanchez. Ton ancienne voisine de White Sands
et toi, vous vous entendiez bien avant qu’elle ne
devienne une célébrité. Croisons les doigts.

Tu approches et toques à la vitre teintée de la portière,


en te disant que le hasard fait bien les choses. Faut
croire que non : la silhouette qui en sort est celle d’un
homme blond en costume noir. Et tu le reconnais.

– Mademoiselle Zoé…! Qu’est-ce que vous fichez ici ?

– Oh merde… Adam ?

Va en 81.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

287
L’homme ouvre ta portière. Il tient un fusil de chasse
dans la main gauche mais la droite montre sa paume
ouverte.
– Hey, tout va bien, on est les gentils.
Il a un sourire ambigu sous ses lunettes rondes qui
fait remonter deux favoris blonds sur ses joues. D’une
main, il t’aide à sortir. Devant la caserne, la fusillade
redouble. Genoux en terre et les deux mains sur leurs
crosses, les policiers assurent des tirs nourris. Tu
t’étrangles envoyant une femme avec une cagoule
tomber en arrière dans une gerbe de sang.
– Fillette, tu es libre… A toi de nous rendre la pareille
maintenant.
Ha, ça t’aurait étonnée. Ils sont bien tous pareils… Il
saisit ton poignet et met quelque chose dans ta main.
C’est lourd. Très lourd. Tu baisse la tête : c’est un
revolver.
D’un mouvement de tête il te montre la caserne et se
met en position pour te couvrir. Alors tu baisses la tête
et tu sprintes.
Si c’est le bus que tu vises, en espérant que c’est Kaito
que tu y as vu, rends-toi en 122. Mais si tu prends la
direction opposée pour quitter cette fusillade tant
qu’il est encore temps, fonce en 8.
288
Les stands de jeux offrent quelques divertissements,
mais l’attraction centrale de cette zone est l’accès au
dancefloor central d’où s’échappent la musique et
les lasers. Si tu en doutais, le chapiteau est surmonté
par une gigantesque étoile en néons, emblème
de la chaîne nationale GNN. Une cinquantaine de
personnes font déjà la queue pour y accéder, stoppés
par un vigile monumental.

Tu prends une inspiration et marche bille en tête,


doublant tout le monde. Arrivée devant le vigile
adossé à une grille, tu lui fais un petit signe de tête
mi-hautain mi-poli. Selon toi, cela devrait lui faire
comprendre que tu n’es pas n’importe qui. Avec un
peu de chance, il pourrait même te reconnaître. Oui
mais non ; on n’est pas à White Sands et le gorille te
bloque du plat de la main.

– Réservé aux donateurs de la campagne de


réélection. Pas de preuve de don, pas d’entrée…

Tu lui jures que tu es la fille d’un ministre et que ton


père a largement donné ; rien n’y fait. Il va falloir
trouver autre chose pour entrer…

Rends-toi en 15.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

289
Tous les participants du 100 m haies sur la ligne de
départ ! Dehors, des clés tintent. La poignée bouge.
A vos marques, prête ? La porte glisse et dévoile
la silhouette d’une femme qui tient une batte en
aluminium. Feu !

Tu bondis comme une lionne. La femme tombe à


la renverse. Tu fais une roulade comme au judo et
te relèves, mais tes sacs ont roulé partout. Tu les
rassembles pendant que la femme en anorak gris aux
couleurs de la célèbre société de livraison G.P.S. se
redresse péniblement. Elle brandit sa batte, une lueur
de panique dans ses yeux.

– J’pensais que t’étais un rat. Tu… Tu vas rien dire,


hein ?

Hein ? De quoi ? Elle abaisse sa batte.

– Je t’emmène où tu veux si tu n’dis rien aux flics.

Alors là, y’a pas de risque. Rends-toi en 125.

290
Tu as compris la leçon : s’arrêter dans Petria c’est
risquer de mauvaises rencontres. Ce pays s’est bâti
sur un réseau de routes toujours plus longues pour
pouvoir fuir son prochain. Le régime y a ajouté assez
de stations-service pour que cette fuite ne s’arrête
jamais.

Tu as beau essayer de te convaincre que ce n’est pas


grave, le bruit continue. Non, il s’intensifie en fait.
Soudain, le capot se relève dans un grand BLAM !

Collé à ton pare-brise. Tu n’y vois plus rien. Tout


est vert, couleur Bürly Wagon. Pourvu qu’il n’y ait
personne devant… Continue en 139.

291
Des voix rugissent dans le sas. C’est Sonya et son
chauffeur qui s’engueulent.

– Tu n’es PAS mon père, ADAAAAAAM ! Juste un


chauffeur.

– J’essaie juste de sauver ta carrière !

Quand tu retournes la tête, Alex a escaladé des caisses


et passe par une trappe sur le toit. Tu l’imites et
sors une minute plus tard. En courant sur le toit du
camion, tu te prends le pied dans un câble électrique
et t’affales. L’immense étoile en néon au-dessus du
chapiteau chavire et commence à tomber. Des voix
jaillissent de partout. Tu sautes et prends tes jambes à
ROAD 96: ABOUT A GIRL

ton cou. Les gars de la sécurité courent partout ; Alex


est introuvable ; autant ne pas moisir ici.

Tu n’es pas fière de toi mais au moins personne ne


te regarde partir. La dune passée, te voilà au parking.
Vas-tu partir à pied (rends-toi en 74) ou chercher une
voiture pour t’emmener (va en 137) ?

292
Tu entends un cri et reconnaît la voix de Kaito. Le dos
contre le bus, tu poses le canon de ton arme sur tes
menottes et presse la gâchette. Cling ! Te voilà libre.
Tu jettes le flingue et jette un œil au coin. Les flics
tirent Kaito par les pieds, l’emmenant avec les autres
prisonniers dans la caserne. Soudain, une policière
émerge avec une lance à incendie dans les mains et
un jet puissant balaie le terrain. Les derniers fuyards
tombent au sol ; les Brigades fuient. Tout est raté, il
faut te replier aussi.

Tu pars en courant mais passe devant la voiture qui


t’a amenée ici. Profitant du coffre ouvert, tu ramasses
ton sac et ton trombone et fuis la zone au plus vite. Pas
question de prendre la route, des renforts vont arriver.
Alors tu coupes par un champ, puis un bois. Au loin
des sirènes disparaissent avec la distance.

Adieu Kaito. Et pardonne-moi… Rends-toi en 202.


293
– J’ai laissé mes papiers à l’intérieur, mais vous pouvez
voir ça avec mon patron.
Il détourne la tête mais tire ta poignée en même
temps.
– Parfait : allons-y !
Vu le flingue démesuré qu’il a dégainé, tu obéis. A
chaque pas, tu te demandes ce que tu vas dire pour te
sortir de là.
Canon planté dans le dos, tu pénètres dans le bar qui
est curieusement vide. Le policier appelle. Tu regardes
partout sans comprendre ce qui s’est passé depuis ton
départ. Une curieuse tache de sang subsiste près du
comptoir.
– Oh… C’est mal de menacer une enfant.
La voix est sépulcrale, fantomatique.
– Très mal...
Une forme bouge en cuisine. L’agent l’a vue aussi et
s’avance arme pointée. C’est ta chance : tu recules vers
la sortie et t’esquives.
Alors que le moteur de la BWIII démarre, tu entends
deux coups de feu rapprochés. Une silhouette portant
un petit chapeau apparaît sur le pas de porte du bar et
te regarde partir. Deux virages plus loin, ce n’est plus
ton problème. Rends-toi en 212.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

294
– Je te l’avais dit : tu ne sais pas conduire !

– Hm, je trouve que j’ai très bien géré ce créneau, moi.

– C’était PAS un créneau ! Pousse-toi, je reprends le


guidon.

– Hé ! Vous avez failli me tuer !


Alors que le plus grand s’extrait du side-car, les deux
types se retournent, découvrant ta présence.

– Tu fais du stop ? Tu tombes à point : monte !


Curieuses ces combinaisons imperméables jaunes ;
sans parler de leur cagoules, ils doivent être ouvriers
ou éboueurs. Que…? Elles ont des pointes en métal
sur les épaules ! Inquiétant. En même temps il n’y a
personne d’autre alors…

Les deux gars sont assis sur le chopper, tu es calée


avec tes sacs dans le side. Seul le trombone dépasse.
Ils n’ont aucun bagage sinon un sac poubelle de chez
Biggy’s Burger ficelé à l’arrière du side.

Veux-tu leur demander où ils vont (va en 48) ou


plutôt les scruterà la recherche d’un indice (va en
10) ? A moins que tu tentes de fouiller discrètement
leur sac, auquel cas rends-toi en 85.
295
Oh, meuf ! C’est cool de te revoir.

Tu es tellement heureuse de revoir Alex que tu le


prends dans tes bras. Mais cette démonstration
d’affection l’embarrasse et il se recule.

– Oh excuse-moi, c’est juste… Je suis si contente de


voir quelqu’un que je connais.

– Nan c’est moi, frangine. Je suis pas à l’aise avec ça,


j’ai pas été habitué aux câlins et tout ça…

– Oui, je vois le problème. Les mamans, c’est pas notre


fort à tous les deux.

Il a un éclat de rire et mime un pistolet avec les doigts


en faisant claquer sa langue. Tu vois qu’il tient à la
main un ordinateur ridiculement petit qui affiche des
plans. On dirait un circuit électrique.

– OK, je dois rentrer là-dedans. Je pense pouvoir


ouvrir un de ces vans mais toi, meuf, t’es capable de le
conduire ?

Un sourire fait briller tes dents. Rends-toi en 260.


ROAD 96: ABOUT A GIRL

296
Une portière claque. Un moteur démarre.
Vibrations. Ça roule. Quand tes yeux retrouvent leur
fonctionnement, tu vois tes sacs devant toi : tu es dans
un camion.

– Te fais pas de bile, loupiote, j’ai la situation en main.

Cette voix rauque… Un ours mal réveillé. Tu redresses


la tête vers le chauffeur. Bon sang : c’est John ! Le
contact de Kaito chez les Brigades… Tu revois ses
messes-basses au grillage avec Kaito. Tout ce foutoir,
c’est sa faute !

Ton sang ne fait qu’un tour. Si tu tentes de lui sauter


dessus, rends-toi en 219 ; si tu préfères sauter du
camion, va en 253.

297
D’un pied sûr, tu pousses la pédale de gauche jusqu’au
plancher. Pas de bruit, pas de tremblement. Veux-tu
tourner la clé de contact (rends-toi en 53) ou enfoncer
la pédale de droite (44) ?
298
Est-ce la musique ou Carl qui t’agace le plus ? En
tous cas tu es retournée à ta caravane récupérer
l’arme parfaite pour cette opération… Et te voilà au
trombone, à enchaîner les morceaux que tu connais
par cœur ; essentiellement des classiques de fanfare.
Et plus il râle que tu l’empêches d’entendre sa
musique, plus tu joues fort.

Carl finit par te sauter dessus et vous roulez dans le


sable en vous griffant et vous donnant des claques.

Sur ces entrefaites, Jeffrey arrive en criant


sévèrement. Vous êtes morts de rire de son manque
d’autorité. Ce que votre propriétaire prend très mal.
Carl étant une cible facile puisqu’il ne paie pas sa nuit,
Jeffrey lui passe un savon pendant que tu t’éloignes en
douce. Rends-toi en 227.

299
– Je n’ai plus mes papiers, on me les a volés.

– Ha oui ? Par qui, gueule d’ange ?

– J’ai été manipulée par... un abject escroc. Un soutien


des Brigades Noires. Il me les a confisqués pour me
forcer à faire... des choses pour lui.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

Elle bouillonne à ces mots.

– Vas-y, décris-le-moi.

Si tu possèdes un sticker Revolution!, rends-toi en 110.


Si la première personne à qui tu penses est Jeffrey
Bonnaro, rends-toi en 117. Si c’est Carl, va en 200.

300
Pendant une heure, John a conduit en te racontant ce
que tu avais évité.

– Setting Sun Hill, c’était le must il y a quelques


années. La grande fête. Puis un jour, la société qui
faisait travailler tout le monde - la raffinerie Totoil - a
fait faillite. Plus de boulot, plus de salaire, finito ! Alors,
ces gens ont monté leurs combines, leurs trafics…
Même les pires.

– L’horreur… C’est la faute des Brigades, aussi ?

– Quoi, la faillite ? Non, c’est même l’inverse : le régime


a coulée Totoil. Pourquoi, ça t’intéresse ?

– Je veux savoir dans quoi Kaito a mis les pieds.

– Pfff, c’est compliqué…

Arrêtés sur un bord de route, John sort une glacière


et vous montez sur une colline proche. Au loin, les
lumières se reflètent sur les pipelines. Il ouvre une
bière, t’en verse dans un gobelet et boit le reste. Ça
pique et c’est fade, mais tu es contente.

Quand vous reprenez la route, John te livre le fruit


d’une longue réflexion.

– Tu as du sang-froid, jeune louve. Écoute : je vais


te déposer dans un endroit tranquille ; personne ne
viendra te chercher là-bas. Après cela, j’aurai encore
un service à te demander. Si tu veux bien ?

Si tu te demandes ce que tu as à y gagner, rends-


toi en 255. S’il est hors de question que tu aides des
terroristes, va en 241.

301
Tu poses ta main sur le levier et le pousse vers l’avant.
Rien ne se passe. Tu veux tourner la clé de contact (va
en 170), enfoncer la pédale de droite (en 44) ou celle
de gauche (en 297) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL

302
– GNN ? C’est moi ! Sa popularité ? C’est moi ! Même
c’t’élection, elle est entre mes mains, les cocos…
Sonya secoue sa bouteille et une pluie de champagne
arrose tous ceux qui l’écoutent, ce qui lui décroche un
éclat de rire.
– La vérité, c’est que Tyrak me doit tout. TOUT. Mais,
qu’est-ce que tu veux, c’est plus facile d’effacer les
femmes.
Des « Hoooo » montent ici et là, tandis que d’autres
sont morts de rire. Elle se tourne vers toi :
– Hé, Chouchou… Tu le sais, toi, que c’est MOI la vraie
star, n’est-ce pas ? C’est dans MA villa que tout White
Sands vient, pas dans son palais pourri, là.
Un homme aux cheveux gominés prend une photo
d’elle en ricanant. Tu tends la jambe derrière lui et il
tombe à la renverse. Sonya explose de rire et nombre
des guests l’imitent. En relevant ce malotru, tu fourres
un micro dans sa poche et te dirige vers la sortie.
Une rumeur se répand soudain dans la pièce : Tyrak
serait arrivé au festival ! Tout le monde repasse dans
la grande salle et tu les suis avant de bifurquer vers le
local technique. Avant de passer derrière le rideau, tu
vois Sonya émerger du sas et tituber vers le podium
entouré de flics. Ça promet…
Rends-toi en 183.
303
Demi-tour, toute ! Tu vois Kaito, une main sur le
visage du policier, saisir un gros caillou… Il frappe une
fois. Deux fois et le flic s’effondre. Oh mon dieu…

Kaito se relève et tu entends des déflagrations depuis


la caserne. Mais ça va, il court. A peine arrivé à ta
hauteur, il tombe dans tes bras. Que... ? Il est couvert
de sang. Non, non non… Nooon !

Kaito, qu’as-tu fait ?…

Si tu penses pouvoir porter Kaito, rends-toi en 285. Si


tu décides de le laisser là pour fuir, va en 84.

304
– Mon ami a aidé les Brigades et… il a sans doute été
arrêté. Méfie-toi de ces gens-là, ils ne pensent qu’à
eux.

– Non… Non, ils sont du côté des travailleurs ! Ils ont


défendu les ouvriers de la raffinerie contre le régime.

– Tu sais je connais bien ce milieu : mon père travaille


au ministère du pétrole.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

La gaffe. Les yeux de Denny se changent en deux


fentes. Tu as beau lui dire que tu ce n’est pas ce
qu’il croit, la paranoïa de Denny est plus forte. Il
rentre dans sa caravane. En repartant, tu croises
Jeffrey Bonnaro qui vient leur réclamer son loyer. Tu
comprends à demi-mots que la mère de Denny ne
peut pas payer et les intérêts de retard montent… Un
crève-cœur.

Voulant te faire pardonner, tu guettes le départ de


Jeffrey pour héler la vieille femme aux traits durs.
Tu lui expliques que tu vas payer leur loyer avec tes
économies mais Denny se montre alors.
– Pas la peine, m’dame. J’ai une autre idée. Si tu veux
m’aider…
Rends-toi en 106.

305
« PetriHouse : une maison cool comme une voiture de
course ». Sans doute le pire slogan du monde, pourtant
tout ici évoque l’automobile : pompe à essence
transformée en luminaire, cendrier en forme de
casque intégral… Autant vivre dans sa voiture, non ?

Tu fais demi-tour et passes devant des petits bijoux


un peu punk et très kitchs. Il y a des boucles d’oreilles
en boulon, un collier avec une lame de rasoir, des
chaînettes aux couleurs fluo et des bracelets en tissu
de ceinture auto. Et là, tu le vois.

Immédiatement, tu l’as adopté. C’est l’incarnation


de ce qui ferait hurler ton père, ce qui le rend encore
plus cool. Tu saisis entre deux doigts ce bracelet en
cuir noir garni de pointes violettes. Tu le prends ainsi
qu’une chaîne d’oreille turquoise. Aujourd’hui, tu
choisis ta route, tu choisis ton look. Ajoute ces bijoux
punks à ton inventaire et passe à la caisse en 149.

306
La cuisine déborde de vaisselle sale. Des piles
d’assiettes à même le sol, des colonnes de verres sur
une table et des plats plein de mousse remplissent
l’évier. Mais personne.
Tu saisis une bassine, la remplis d’eau au robinet et
retourne en salle. À chaque pas, tu en fous partout et
passer le comptoir n’est pas plus simple. Arrivée au-
dessus du macchabé, tu la vides intégralement sur sa
tête.
Le corps glisse de quelques centimètres sur le
plancher, mais si ça se trouve, c’est juste la vague
de flotte qui l’a poussé. Allez, tu vas rouvrir les yeux,
bordel ! Tu lui colles une violente claque. Continue
en 127.
ROAD 96: ABOUT A GIRL

307
En marche arrière, tu ressors du conteneur sur la
pointe des pieds. Ce Max, tu ne peux lui imposer ton
passé, tes ennuis… Dehors, le policier est penché
derrière une bétonnière. Tu refermes la porte
doucement mais elle grince quand même.

En se redressant, le flic renverse une brouette pleine


d’eau de pluie en râlant. C’est ta chance : tu fonces à
travers le chantier, en te faufilant derrière une benne
à déchets. Plus loin, une pelle-mécanique et une
citerne semblent abandonnées et, encore après, tu
distingues le ruban noir de l’asphalte émerger de la
poussière.

Que vas-tu faire : rejoindre la route en courant (file


en 140) ? Ou discrètement avancer derrière les engins
de chantier abandonnés jusqu’à la route (va en 224) ?

308
Tu détales jusqu’à trouver un trou dans le grillage
qui entoure la raffinerie et le traverse. Pour rejoindre
la route et la station, il faudrait repasser devant ton
prédateur... Alors tu te décides à courir en direction
des derricks. Très vite, un coup de feu éclate. Puis un
second. Le troisième soulève une motte de terre à tes
pieds. Tu plonges derrière un derrick et reprends ton
souffle. Un clic mécanique te laisse penser que son
arme est vide.

Si tu en profites pour lui bondir dessus, va en 270. Si


préfères, monter te protéger sur le puits de pétrole, va
en 31.

309
Tu en as assez vu de Petria à présent pour pouvoir
l’affirmer : voler est souvent une nécessité. Mais les
voleurs, les vrais, ne se cachent pas dans l’ombre ; ils
sont bien en vue et hauts placés… Mais eux deux, pour
qui volent-ils ?

– Parfois, c’est pas du vol, c’est une nécessité.

Le shotgun décrit des huits dans l’air. Il s’impatiente.


Le coup pourrait partir à tout moment. Tu précises :

– Non. C’est même une sorte de justice de voler ceux


qui s’enrichissent sur votre dos.

– Oh ?

Ils semblent surpris. Mais le canon redescend.

– Alors j’imagine que tuer un tueur n’est pas grave


non plus ?

Hein, de quoi ?! Rends-toi en 142.


ROAD 96: ABOUT A GIRL

310
Tu observes les feuilles qui dansent dans le vent.
Assise par terre, menottée au fourgon, tu n’as rien
de mieux à faire. Elles vont et viennent. Parfois, la
poussière les plaque au sol ; parfois elles partent plus
loin que porte ton regard.

Encore une station essence. Les deux flics sont assis


à une table et cassent la croûte. Ils attendent. Sans
doute celui qui viendra te récupérer. Peut-être même
ton père ? Oui probablement. Mais ce n’est pas grave.
Tu as déjà joué ce jeu maintes fois ; tu y as chaque fois
échappé. En fait, tu as déjà gagné : tu as changé.

Ce que tu as vécu est vécu. Tu n’es plus l’enfant qui


vivait entre ces grands murs blancs et c’est ce que
tu voulais le plus. Ta mère a eu raison de partir. Peu
importe où elle est aujourd’hui. Kaito a eu raison de
tenter sa révolution. Peu importe les risques. Ce qui
compte, c’est de tenter ta chance.

Comme pour te donner raison, un jeune fugueur


approche de la station-service.

– Hé toi ! Par ici ! …Tu peux m’aider ?


Son crâne est rasé par endroits, et ses chaussures
ont des trous… La route ne nous épargne pas, mais
c’est ainsi qu’elle nous forme. Tu es devenue forte et
sûre de toi : ce pays doit changer et tu vas y participer.
Coûte que coûte.

Tandis qu’il s’accroupit derrière le fourgon, il te


semble qu’un van passe au ralenti devant la station.
Au volant, un type mastoc et barbu a jeté un regard
vers le fourgon. Aucun doute : tant qu’il y a de la vie, il
y a de l’espoir.

Et tu es plus vivante que jamais.

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