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About A Girl
Une copie ou une reproduction par quelque procédé que ce soit constitue une
contrefaçon passible de peines par la loi n° 57-298 du 11 mars 1957 sur la protection
des droits d’auteur.
Les logos de Digixart et Road 96 sont des marques déposées par leurs ayants droit
respectifs, enregistrées en France et dans les autres pays.
Les propos rapportés dans l’ouvrage n’engagent que leurs auteurs. L’ouvrage Road 96:
About A Girl est un complément narratif au jeu vidéo Road 96 développé par le studio
Digixart et constitue une fiction.
© DigixArt 2023
ISBN : 979-10-415-1466-3
Remerciements
INVENTAIRE
Tu commences ton voyage avec :
1 trombone à coulisse
1 paire de rollers
1 talkie-walkie
20 dollars petrians environ
1 carte bancaire “Petroteen”
1 mystérieux dossier…
INTRODUCTION
About A Girl est un livre-jeu. À la manière des célèbres
ouvrages des années 80-90, il vous propose de vivre
une aventure littéraire dont vous êtes le héros.
COMMENT JOUER ?
R gles de base
Commencez par le paragraphe 1, puis suivez les
indications. Chaque paragraphe vous renverra vers
de nouveaux paragraphes, désignés par un chiffre en
gras. À vous de choisir la direction que prendra votre
aventure.
Inventaire
Avant de quitter sa chambre à White Sands, Zoé a
fait son sac et possède déjà quelques effets ainsi que
ses rollers au pied. Mais au cours de votre aventure, il
vous sera parfois demandé d’ajouter certains objets
à votre inventaire. Pour ce faire, inscrivez l’objet en
question sur votre page d’inventaire au début du
livre, ou sur une feuille libre. Ces objets pourront vous
servir (ou non) au cours de l’aventure, mais ne vous
encombrez pas inutilement : qui veut voyager loin,
voyage d’abord léger.
Mode Expert
Après avoir terminé l’aventure une première fois,
plutôt que de recommencer à zéro, vous pouvez
choisir d’opter pour le mode Expert en réalisant l’un
de ces exploits :
Exploits
À la recherche de défis supplémentaires ? Tentez de
débloquer chacun de ces quatre exploits :
1
1er JUILLET – Le derrick
Poum ! Un bruit sourd, une secousse. Sous la lune
brillent les pipelines, la station, et la camionnette noire
garée là-bas. Poum ! La poussière sur tes lèvres a un
goût de fin du monde. Tant mieux, tu ne le supportes
plus celui-là.
3
Tu grimpes les marches d’un escalier en bois. Perché
sur une butte, un cabanon sert d’accueil au camping.
Sous une avancée de toit, Jeffrey, le propriétaire, est à
son bureau. Dès qu’il te voit, il glisse rapidement des
billets dans une enveloppe et la cache dans un tiroir.
4
Une Led rouge brille sur un boîtier digicode. La
porte métallique semble avoir plusieurs points de
fermeture, impossible donc de la forcer. Mais est-elle
fermée ? Tu poses la main sur la poignée et l’abaisse.
6
Tu détales de toutes tes forces, sauf qu’à chaque
foulée le trombone balance, le duvet s’échappe du sac
à dos et ta queue de cheval saute partout…
Un bruit de moteur se rapproche, alors tu accélères
encore. C’est une voiture noire qui arrive d’en face.
Enfin plutôt une camionnette. Noire, avec des vitres
teintées. Euh, même le pare-brise en fait… Surtout,
elle n’a pas de plaque d’immatriculation. À la place,
il y a… un masque de hockey. Tu le sais, parce qu’il te
fonce droit dessus.
Il y a un grand flash. Le monde entier tourne, ou alors
c’est toi. Des graviers sont collés sur ta joue. Non,
plantés dans ta joue. Ta tête pèse une tonne. Quand tu
te redresses enfin, tu te demandes ce qui s’est passé ?
D’autant que tu le vois, toujours là, immobile. A moins
que…?
Si tu veux lui porter assistance, rends-toi en 176. Mais
si tu préfères ramasser une grosse pierre et vider tes
nerfs sur son pare-brise, va plutôt en 55.
7
Si on en croit le petit papier, c’est bien là. D’ailleurs,
un grand panneau où a été hissée une vraie moto te le
confirme : tu es au « Palavas Bar ». Tu te gares entre un
gros tout-terrain chromé et un taxi avant de pousser
la double porte vitrée.
8
Tu plonges, pliée en deux, à travers le champ de
bataille en espérant que les flics sont débordés par
l’assaut. Une bombe incendiaire atterrit devant toi et
répand une flaque de feu sur le sol. Apeurée, tu fais un
virage à 90° et te foules ta cheville. La douleur est si
vive que tu chutes dans l’herbe.
9
La limo avance jusqu’à une barrière. D’un bouton,
Adam allume des lumières roses derrière et une
musique électronique surpuissante te plaque à la
banquette mauve. Tu as beau lui signaler que les
basses sont trop fortes, il remonte la vitre chauffeur
qui vous sépare.
Continue en 134.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
10
Ils ont l’air très proches ces deux-là, sans doute des
frangins en route pour une fête déguisée. A bien
regarder, l’un est plus grand et l’autre plus fort. Ou
alors c’est son sac à dos qui le… Ah mais c’est pas un
sac à dos, ça ! Ces lanières : ce sont des cartouchières !
11
– Kaitooo !
12
Un moment d’inattention et le camion a quitté la
route. Braquer à gauche à cette vitesse réduite n’a
aucun effet. Un réflexe : tu enfonces une pédale au
hasard. Le camion bondit et remonte sur la route. John
râle à l’arrière. Bon, au moins il est vivant.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
13
La matinée se termine et la faim t’a transformée en
zombie. En plus, tes rollers te font mal aux chevilles.
Apercevant des bâtiments, tu remets tes chaussures
et coupe droit pour les rejoindre. De plus près,
cela ressemble à une ville-champignon, un de ces
quartiers construits en quelques mois du temps où
Petria se croyait riche. Mais le vent a tourné et cela se
voit.
Une fois sur place, c’est l’apocalypse : volets fermés,
rues désertes, enseignes éteintes…. Seules quelques
voitures sur un parking suggèrent une présence. En
t’approchant, c’est un garage mécanique nommé
Chain Gang Mecanix. Et le plus beau, c’est que tu
entends des rires à l’intérieur.
Que vas-tu faire ? Pour explorer le quartier, va 206. Si
tu t’approches du garage, va en 252.
14
Les murs de l’abri bus sont recouverts d’affiches pour
Tyrak. Pas d’horaires par contre. Malin : comme ça
on ne peut jamais se plaindre du retard du bus. S’il
passe…
15
Dur de croire qu’il faut être célèbre pour entrer ici,
tellement tout semble cheap. Le festival se décompose
en deux zones : celle où tu es, faite de stands de bar et
de baraques foraines, et le chapiteau dancefloor où
tout le monde espère être admis comme le prouve la
queue pour y accéder.
– Euh… Sonya ?
16
Comme convenu, tu approches du mobile-home
de Denny et toque trois coups, puis deux. Le gamin
sort, coiffé d’un hoody noir comme la nuit. Il marche
sans un mot jusqu’à la cabane en tôle. Il va se plaquer
contre un de ses murs, sort un tournevis et te montre
la caméra qui le surplombe.
17
Jeffrey n’est même pas surpris de te voir sortie de ta
prison. Il dit n’avoir eu aucune information sur cet ado
disparu puis se souvient de l’arrestation d’une famille
de White Sands évoquée à la télé. Leur fils était porté
disparu…
Rends-toi en 24.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
18
23 MAI – Night Skies Campground
Quatorze jours. Cela fait deux semaines que tu vides
des poubelles, astiques des vitres et récures des WC.
Les gants en caoutchouc claquent quand tu les jettes
dans ton seau et tu refermes la porte du bungalow.
C’était ça, le deal de Jeffrey : tu fais son ménage gratis
et il te loge en échange.
Continue en 279.
19
– Tu as… envoyé Mike la retrouver, c’est ça ?
Rends-toi en 70.
20
– Tu sais, je la voyais souvent, sa résidence est juste
sous mon balcon. Elle fait des fêtes démentielles.
– Ha ouais ?
22
Tu marches droit sur lui et attaque la première :
23
“A toutes les unités : on recherche un van rouge et
marron sur la 420. Il a attaqué une de nos voitures.
Sûrement des Brigades Noires. ”
Tu baisses les yeux quand John monte le volume d’un
boîtier entre vous. Une autre voix : “Bien reçu, central.
On arrive. Autorisation de tirer à vue ?”
Tu blêmis. John baisse le son, lâche un juron et se lève.
– Loupiote, prends le volant… Maintenant !
Avant que tu aies pu répondre, il traverse la cabine.
– Hé mais j’ai jamais conduit de voiture, moi !
– C’est pas une voiture, c’est mon camion.
Tu t’exécutes. Le camion ralentit nettement.
– Ne t’inquiète pas, loupiote. Tu vas poser –
juste poser ! – ton pied sur la pédale de droite.
Délicatement. Non non, faut pas que tu fasses hurler
mon gros ours, juste poser le pied pour équilibrer.
Voilà comme ça.
C’est marrant comme tu fais ce qu’il te dit. Y’a pas
deux minutes, tu le haïssais mais, là, tu le crois sur
parole. Qu... ! C’est quoi ça, c’est John !?
– Ici votre Papa Bear, la voix des Brigades. Un message
urgent pour vous avertir que les forces du tyran sont sur
la route 420.
Tu te retournes : John est debout dans sa remorque,
un micro à la main. Un appareil bizarre trafique sa
voix.
“Je répète : barrages et patrouilles de la Section mobile
sur la 420. Évitez-là à tout prix. Bonne chance à tous…”
Il repose son truc et vous échangez un regard. Blam !
Tu sens une grosse bosse et tu vois John valdinguer en
arrière. Va en 12.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
24
11 JUIN
Rien ne s’est arrangé depuis ta sortie de la caravane.
Jeffrey te donne le double de travail et tu ne serres les
dents que parce que tu as besoin d’argent.
Rends-toi en 126.
25
En marchant au rythme de la musique, tu t’approches
de la VIP Room où tu espères pouvoir te mêler au
gratin de Petria et glaner des infos sur Kaito et ceux
qui disparaissent. Tu contournes la piste de danse en
souriant aux festivaliers mais à quelques mètres de la
porte un vigile en sort et se poste devant. La poisse !
26
Maintenant tu sais ce que ressentent les lapins qui
traversent les routes : l’information ne passe pas par
ton cerveau, l’influx électrique va directement dans
tes jambes.
Tu sautes sur le côté et ouvre la première porte visible.
Une déflagration retentit à la même seconde et des
copeaux de bois volent. Tu fonces dans le noir et te
prends presqu’immédiatement les pieds contre un
truc. Gamelle. A genoux, tu te redresses en même
temps que la lumière se rallume : tu es dans un petit
entrepôt, étalée sur des cartons. Le crâne rasé est
debout derrière toi.
– Si tu es venue me voler comme les autres, fais ta
prière.
Le canon te regarde dans les yeux. Vas-tu lui dire que
tu viens du camping (157) ou baratiner quelque chose
à propos de la police (90) ?
27
Tu te recroquevilles en espérant qu’on ne te verra pas
de l’extérieur. Quelque chose brille sous le fauteuil. Tu
glisses une main et la retire avec un jeu de petites clés
entre les doigts. Si tu étais encore menottée, bonne
nouvelle : tu l’essaies sur tes bracelets et ils s’ouvrent.
Surtout, tu tentes plusieurs clés dans le démarreur et
l’une d’elle finit par rentrer.
Va en 287.
28
La vie du camping s’articule autour de cette place,
accueillante comme une plage estivale… sauf que la
mer ne viendra jamais lécher ces parasols.
29
30 JUIN
Tu viens de passer 5 jours dans cette cage. A peine
de quoi manger et le minimum à boire. Tu as regardé
les policiers aller et venir. Personne ne s’intéressait
à toi. Une nuit, ils ont jeté une fille dans la cellule d’à
côté. Une nana costaude avec une coupe mi-rasée mi-
nattée, qui sentait fort la transpiration.
Elle t’a dit qu’elle resterait pas là, qu’elle ne voulait pas
finir « dans les fosses de fer ».
– Wow, c’est quoi ça, une prison ? C’est où ?
– C’est là qu’ils mettent les fugueurs et les prisonniers
politiques. On dit qu’c’est des mines où ils font
travailler les ados jusqu’à la mort… Mais j’irai pas,
moi ! J’me laisserai pas faire, j’vais m’enfuir avant leur
bus de la mort !
Ce jour-là, ils sont venus la chercher et elle a frappé
l’un d’eux au visage avant de partir en courant. Ils ont
tiré sans sommation. Toute la nuit, tu as entendu dans
ta tête le bruit de son crâne touchant le sol, comme
une brique qui tombe.
A l’aube, une voix de femme te réveille. C’est la
policière de l’autre jour, Fanny. Elle fait une tête de
six pieds de long en t’emmenant à l’arrière de sa
voiture. Puis elle prend le volant et conduit. Une demi-
journée.
Elle te dit qu’elle te transfère vers un convoi
pénitentiaire, sans plus de détails. Après une heure de
route, vous vous garez sur un grand terrain vide.
Continue en 215.
30
Après avoir lâché un immense soupir, tu montes sur
ton tabouret et traverses le comptoir à quatre pattes.
La salle pousse des protestations mais tu t’en fiches.
Tu sautes au sol, contournes le bar et pousses les
demi-portes de saloon de la cuisine. Pour te retrouver
face à un large type au crâne rasé et au bouc touffu.
Malgré sa belle chemise blanche, il te braque avec un
fusil de chasse.
Tu lèves les mains (157), tu retournes sagement à ta
place (va en 59), ou tu tentes de t’échapper par la porte
que tu vois à ta gauche (va en 26) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL
31
Son flingue est vide mais l’affronter est trop risqué. Tu
gravis l’échelle de maintenance du puits de pétrole.
A l’arrivée sur la plateforme, tu es crevée mais tu
t’achèves à remonter l’échelle pour l’empêcher de
monter. Vidée, tu t’agenouilles, mains au sol, et
respires bruyamment. Poum. A chaque fois que la
pompe s’enfonce dans la terre, tu le ressens dans
tes paumes. Poum. Un choc : le fou en bas s’est mis
à frapper le derrick. Pam ! La batte résonne contre
l’acier. Pam ! Des larmes te viennent et tu cries : “Mais
qu’est-ce que vous me voulez !?”. En vain.
Va en 98.
32
La file n’avance pas d’un poil. Aux conversations des
festivaliers, tu comprends qu’ils espèrent rentrer
même sans le précieux sésame que réclame le vigile.
Sortant du rang, tu les dépasses tous et approches du
gros baraqué qui fait office de barrière.
Rends-toi en 58.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
33
Impressionnant comme il a pris la grosse tête en si
peu de temps. Tu le trouvais déjà exubérant quand il
dansait au camping mais, là, il a carrément lâché la
rampe. A moins que… ?
Continue en 236.
34
Un tir de fusil à pompe fait s’écrouler le faux-plafond
au milieu de la salle. Immédiatement, tu reprends le
dossier et te réfugies sous la table. Les balles fusent et
le Café se remplit d’une poussière de particules. Si tu
restes ici, c’en est fini de ta vie et, ça, pas question !
A genoux avec un tabouret au-dessus de la tête, tu
progresses jusqu’au bar. Derrière, tu te retrouves face
au plus grand des deux braqueurs qui lève un pied-
de-biche au-dessus de sa tête et l’abat de toute ses
forces… sur la caisse enregistreuse.
Va en 244.
35
– Tu veux rire ? Je regardais le Sonya Show,
évidemment. Elle est comme nous, elle sort de White
Sands pour aller là où ça bouge, là où ça chauffe !
36
En fait ce poteau n’est pas enterré mais tenu par
quatre piquets. Avec un sourire diabolique, tu
approches les ciseaux du premier fil. Couic !
Rien ne se passe. Tu recommences avec le deuxième
fil : couic. Non plus. Ho, ça suffit, là ! En posant les
lames sur le troisième, tu remarques un coffret vissé
au poteau avec un combiné. Une plaque précise :
“urgences uniquement”. Curieuse, tu décroches.
– Urgence réseau, j’écoute ? Allo ? Allo !
Une voix de femme. Tu respires sans savoir trop quoi
dire. Mais très vite…
– Ch-chérie ? Rachel ? Je t’en prie, rentre à la maison.
On ne dira rien, mais rentre avant qu’ils ne t’attrapent.
Une mère qui a peur pour son enfant… Ton cœur
se serre. Tu raccroches. Déprimée, tu retournes sur
le banc. Dans un geste désespéré, tu détaches tes
cheveux, ceux que ta mère aimait coiffer. Et tu les
coupes. Mèche par mèche.
Ce soir, tu tranches les liens du passé… Rends-toi en 121.
37
Amira devient un peu sombre et te raconte comment
sa famille a été expulsée de Colton City après 1986,
quand son père a critiqué la politique sécuritaire de
Tyrak.
– Et pour cause : il était commissaire de police, ça fait
tache…
– Mince, c’est pour ça que tu as disparu de la classe !
On nous a dit que tu avais déménagé. Je t’enviais...
– Tu parles : ma mère a dû travailler à l’hôpital de nuit.
Mon père a été rétrogradé sur le terrain. On a fui ici
car il est menacé par les Brigades Noires. Il devrait
nous rejoindre bientôt. J’espère qu’il va bien… Enfin, tu
connais ça mieux que moi.
Tu grimaces quand elle évoque les Brigades mais sa
dernière phrase te trouble. Tu lui demandes ce qu’elle
veut dire (rends-toi en 251) ? Ou préfères-tu profiter
qu’elle évoque son père pour demander s’il pourrait
retrouver Kaito (va en 130) ?
38
Un costaud en blouson noir et crâne rasé se penche
vers l’intérieur du van, une lampe torche à la main. Tu
prends ta voix la plus rauque :
– Urgence : plomberie !
ROAD 96: ABOUT A GIRL
39
Tu as visé une cuve au hasard et en fait le tour. Hélas il
n’y a ni recoin ni ouverture. Une petite échelle permet
d’y grimper. Tu tentes plutôt la suivante mais c’est le
même problème. Alors tu escalades les échelons. En
hauteur, tu repères la silhouette de ton poursuivant
qui s’approche. Plus vite, plus vite...
Arrivée en haut, tu constates avec surprise qu’il
n’y a pas de toit et que la cuve est vide. S’y jeter
serait mortel. Tu peux par contre te laisser glisser
des pylônes pour atterrir sur des canalisations
horizontales.
Si c’est ton choix, rends-toi en 51. Si tu préfères te
laisser glisser du tuyau d’approvisionnement des
camions citernes pour courir vers le plus proche
bâtiment, va en 195.
40
Profitant que les flics protègent les reporters, tu
sprintes vers des buissons au bout du parking.
Tu n’es pas à mi-chemin quand tu sens la terre
trembler. Un char d’assaut écrase les buissons et
fonce vers le parking. Ho, les flics ont appelé l’armée
à la rescousse ! Vite, tu plonges pour l’éviter et vas
rouler en bas d’une pente. Encore au sol, tu essuies
la poussière sur toi alors qu’un bruit sourd s’amplifie
jusqu’à boucher tes oreilles… C’est un hélicoptère ! Sa
lumière balaie ta position.
Trois militaires t’encerclent, mitraillette au poing.
L’hélico descend se poser non loin et les soldats te
poussent à l’intérieur. Alors que vous vous élevez, un
soldat te pose plein de questions. Mais toi tout ce que
tu te demandes c’est si Stan et Mitch vont passer à la
télé ?
Rends-toi en 188.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
41
Ciseaux entre les dents, tu escalades ce mât telle une pirate
à l’abordage. Là-haut, les câbles cinglent l’air. Ils doivent
appeler à l’aide ou transmettre les communications de ce
régime pourri. Y’en a assez des trucs qui te pourrissent la
vie, tu vas leur régler leur compte.
42
Tu as fait l’aller-retour en courant pour récupérer le
paquet dans ta caravane sans perdre un centimètre de
ton sourire. Il n’en reste plus beaucoup car c’était ton
arme anti-solitude, mais tu les partageras avec joie.
Pendant quelques minutes, vous êtes à nouveau deux
gamines, sans responsabilité, sans questionnement,
sans peur…
Rends-toi en 28.
43
Le foie, c’est ça le vrai point faible chez l’Homme. C’est
bien gentil mais, c’est où, ça, le foie ? C’est pas loin du
nombril mais dessus ? Dessous ? Tu brandis le crochet
sous son nez et, dès qu’il tente de l’attraper, tu recules
avant de l’enfoncer de toutes tes forces dans son
ventre.
Rends-toi en 225.
44
Tu poses le pied sur la pédale de droite, prends une
inspiration et l’enfonces jusqu’au plancher. Rien ne se
passe. Mince, tu aurais pourtant parié…
45
Une main dans ton sac, tu tournes le volume du
talkie-walkie à fond et presses le bouton « Alerte ».
46
Une image te revient en tête quand Carl parle de
« star » : la grande étoile noire dessinée sur le flyer de
la Tyrak Donors Party. Tu plonges la main dans ton sac
et en ressort le papier froissé. Carl s’en saisit et le lit
avidement.
– Qui ça ?
48
Réfléchissons : pressés, pas de bagages, des vêtements
de boulot… Peut-être des plombiers en route pour une
intervention ?
– Hé Mitch, tu te souviens si c’est à gauche ou à droite, là ?
– Euuuh, non. Je n’ai pas noté ce croisement.
– Vous allez où en fait ?
– HEEEEEIN ?
– VOUS ALLEEZ OÙUU ?
Le plus costaud se penche, tout sourire.
– On va à une fête.
– Le plus gros festival du pays, tu veux dire, Mitch !
– La Tyrak Donors Party !
– Oh ?… C’est payant ?
– On est invités ! Notre sœur est V.I.P.
– Chhhut Stan ! On ne sait pas qui est cette fille...
Ils tournent de lourds regards suspicieux vers toi.
– T’as raison. Peut-être qu’elle bosse pour lui.
– Euuh, qui ça, « lui » ?
Ils plissent les yeux et freinent. Continue en 123.
49
Tu marches en regardant derrière toi pour vérifier
qu’on ne te suit pas. Du coup, tu ne vois pas débouler
au milieu de l’allée un type de deux mètres de haut.
Ta tête s’écrase dans sa veste noire trop juste pour ses
muscles
ROAD 96: ABOUT A GIRL
– Toi, tu viens !
50
La joue écrasée contre le métal de la berline, tu
pousses un râle tandis que le policier resserre tes
menottes.
51
A quatre pattes sur les tuyaux, tu t’enfonces dans la
raffinerie, passant par-dessus des pompes, des tôles,
des grilles métalliques. Un enfer géométrique dont
les tubes rouillés te râpent les mains. Une détonation
éclate. Une balle atteint un tuyau non loin, arrachant
son collier qui tombe dans un cliquetis qui t’évoque un
rire sardonique. Tu préfères sauter sur un fût bombé
où tu atterris douloureusement. Maintenant, dans
quel sens courir ?
Si tu fonces vers le grillage pour t’échapper de
la raffinerie, rends-toi en 103. Si tu cours vers le
bâtiment qui apparaît au bout de tous ces tuyaux, va
en 66.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
52
Avec une pensée pour Irene, tu sors sa pièce fétiche
d’une poche et tente de te remémorer ses conseils. Tu
fais d’abord sauter le joint en caoutchouc de la fenêtre
et, la qualité des voitures de Petria étant ce qu’elle est,
la vitre tombe dans la portière. Celle-ci déverrouillée,
il ne te reste qu’à la faire démarrer comme elle t’a
appris.
Dans un bruit de fanfare et un énorme nuage de
fumée opaque, tu quittes les lieux… Rends-toi en 104.
53
La pédale de gauche toujours enfoncée, tu tournes la
clé. Un bruit cyclique se fait entendre sous le capot,
alors tu relâches la clé. Victoire, le moteur a démarré
et continue de tourner ! Bon, et maintenant ?
Tu penses qu’il faut actionner le levier de vitesse
(rends-toi en 233), remonter la pédale de gauche
(en 246), ou appuyer la pédale de droite (en 237) ?
54
– Hum… Tu as tes papiers, fillette ?
Son collègue t’a rejoint. Mâchoires serrées, il t’arrache
ton sac et fouille à l’intérieur. Le talkie-walkie tombe,
tes rollers aussi, puis tout le reste. Curieusement, le
flic ramasse juste un petit papier blanc : ton ticket de
caisse. Elle a soudain un sourire carnassier :
– Votre taxi est bien arrivé, Mademoiselle Muller !
Tu entends le cliquetis des menottes. Tout est fini. Ton
père t’a retrouvée et dans quelques heures tu seras à
nouveau à White Sands, enfermée dans une vie dont
tu ne veux plus…
Tu peux recommencer cette aventure à zéro, au
premier chapitre, ou retenter un autre chemin
en 206.
55
De près, la grosse pierre se révèle un parpaing bien
dense. Tu le soulèves en grognant tant la douleur
irradie ta jambe et tes côtes. Pas de doute, tu seras
bientôt couverte de bleus. Tu ne saurais pas dire si tu
comptes te défendre ou le lancer, mais tu brandis le
parpaing. Plus tu avances, plus tu ressens une menace
peser. Sans doute parce que la camionnette n’a pas
bougé d’un centimètre. Comme s’il te narguait.
Dents serrées, tu jettes la pierre de toute tes forces
contre son aile droite. Aucune réaction. Un doute
t’envahit : il ne serait pas mort quand même ? Rends-
toi en 221.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
56
– Alors c’est ça que vous voulez ? Tous nous arrêter ?
Commencez par attraper celui que je vous ai décrit !
Rends-toi en 29.
57
–J’ai beau avoir la moitié de ton âge je suis pas deux
fois plus stupide. Et faire le dur devant des enfants,
c’est pas exactement un signe de virilité, tu sais ?
58
Marchant à la suite d’un couple en chemise blanche
et robe de soirée, tu pénètres sous le chapiteau. Les
portes à peine ouvertes, une moiteur acre t’agresse.
Sur une piste ronde se trémoussent deux cents
personnes que les projecteurs font transpirer plus
encore que la musique électronique.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
59
Patience, calme, patience… Il parait que tout vient à
qui sait attendre. Là, le seul truc qui vient à toi c’est
une femme aux cheveux peroxydés et en jupe en skaï.
– Je crois que tu t’es trompée d’endroit, chérie.
Tu te lèves d’un coup, prête à t’imposer quand elle se
raidit et sort sans prévenir. En fait, tout le monde est
sorti. Sauf ce gars que tu n’avais pas vu.
Il porte des gants en cuir et un petit chapeau. Ses yeux
sont des cernes. Ses joues sont des cernes. Encore
debout, il dépose son chapeau sur le comptoir ainsi
qu’une batte de baseball. La poignée est recouverte de
sparadrap, le bout profondément entaillé. Sur un côté,
il y a un truc en fer planté. On dirait… une antenne
radio ?
Rends-toi en 185.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
60
7 MAI
Après une nuit à dormir sur le siège arrière du van,
tu te fais déposer avant une petite ville et reprends
la route sans traîner. S’attarder trop longtemps, c’est
prendre un risque. Tu dois avancer, aussi loin de
White Sands que possible.
61
– Kaito… Kaito !
C’est bien lui, ton meilleur ami. Tu l’appelles, mais il
ne bouge pas. Malgré le feu et les tirs, il reste hébété.
– Viens vite, c’est Zoé !
Un surveillant jaillit des flammes, matraque en main.
Il assène un violent coup dans la cuisse de Kaito qui
tombe. De rage, tu bondis et brandis le revolver sur lui.
– Si tu touches encore mon ami, je te fais sauter le
crâne.
Dans ta tête apparaît le cowboy au sourire mystérieux
et tu comprends que c’est ce qu’il attendait. Une arme,
voilà ce que tu es devenue. Le surveillant lève les
mains. Tu ne peux quand même pas faire ça…
– C’est une prisonnière et elle est armée !
Deux agents de police arrivent armes au poing. Non,
tu n’es pas comme eux. Tu te retournes et plonge
entre les flammes derrière le bus.
Continue en 292.
62
Tu abandonnes tes pinceaux et saute au sol. Direction
ta caravane. Non loin, tu entends la voix de Jeffrey
proposer de « guider à la personne que vous décrivez ».
Grrrmh. Pas le temps de rassembler tes affaires, tu
attrapes ton sac et ressors.
63
Plusieurs utilitaires sont garés dans un recoin du
parking. En t’approchant, tu vois ce type, agenouillé
avec un truc qui éclaire ses lunettes. Ha mais non, il
n’est pas à genoux, il est juste petit. Très.
Qu’est-ce qu’un môme fiche ici… ? Ton cœur se serre :
il n’a quand même pas été abandonné… ? Le genre de
traumatisme dont on ne se remet jamais. Tu le sais :
gamine, tu as souvent été « oubliée » par ton père, plus
intéressé par ses affaires que par sa fille.
Pauvre gosse, tu vas l’aider. Mais quand son bonnet se
tourne vers toi, tu réalises que tu l’as déjà vu. Y’a pas si
longtemps, même.
– Alex ? C’est toi ?
Si tu as un sticker Revolution!, va en 281 ; sinon, rends-
toi en 295.
64
Tu as eu peur qu’une puissante sirène ne retentisse
au démarrage de la voiture de police, mais non. Juste
un bruit de moteur péteux et pas mal de fumée. Tu
as foncé tout droit, accélérant encore une fois sur la
route.
Quand tu as croisé les premiers véhicules de renforts,
tu as coupé par un chemin entre deux champs
et abandonné la voiture dans un bois. Une demi-
heure plus tard, tu émergeais de l’autre côté devant
un atelier ou une usine. Quelqu’un avait garé son
cyclomoteur ; tu lui as… disons «emprunté». Ça ne
filait pas vite mais assez pour que le vent emmêle tes
cheveux et fasse pleurer tes yeux. Enfin, c’était sans
doute ça…
ROAD 96: ABOUT A GIRL
65
Le regard hypnotisant, tu ne sais pas bien faire,
mais tu tentes le coup : de face, tu ancres tes pieds
au sol, replace ton trombone derrière ton dos. Tu
fixes ton regard sur les arrivants. Enfin tu essaies,
parce que, là, leur mouvement est plutot chaotique..
La moto se rapproche et tu réalises qu’il s’agit d’un
side-car. Son conducteur fait des embardées et ne
semble pas t’avoir remarqué. Pire, il mord le bord
de route et fonce vers toi. Tu maintiens ton regard
une seconde de plus avant de plonger sur le bas-
côté. Le side manque de te faucher mais
s’immobilise à deux pas de toi.
Continue en 294.
66
Le petit bâtiment de béton où tu viens d’entrer
contient une tuyauterie infinie. Des colonnes, des
coudes et des ballons se recoupent et de croisent.
Surtout, ils sont couverts de valves en tous genres
et de manomètres. A ton étonnement, des aiguilles
bougent encore. Tu tournes une valve et un compteur
se met à défiler. Tu retournes la valve dans l’autre
sens, mais était-ce bien celle-là ? Une fumée
s’échappe d’un clapet ! C’est là que tu remarques la
silhouette qui s’approche. Elle lève son arme et tire.
Un jet de vapeur jaillit. Puis un second.
67
Tu dépasses la voiture de police comme si elle
n’existait pas et te dirige vers le van. Tu t’attendais à
le voir fuir, mais il n’a pas bougé d’un poil depuis que
tu avances. En fait, sa carrosserie n’est pas noire mais
gris anthracite. Tu le contournes et remarques un logo
G.P.S. : le livreur n°1 à Petria.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
68
Alors celle-là, elle est pas mal ! En fait, tous ces
gens en rond applaudissent Carl, le danseur
du Night Skies Campground. Complètement en
transe, il se contorsionne et ondule à une vitesse
impressionnante. Des chefs d’entreprises et de hauts
fonctionnaires l’acclament et battent des mains.
Quand il a terminé, il distribue des autographes. Tu
t’approches pour lui parler mais il se contente d’écrire
DANCING CARL au feutre sur ton poignet. Une
femme te pousse pour l’approcher. Veste et chignon
étriqués, elle lui propose un show lors d’un meeting
du président. Énervée, et malmenée par la cohue, tu
lâches un micro dans son sac à mains et te détournes.
Un cri de surprise. La rumeur se répand que le Tyrak
serait arrivé au festival ! Tout le monde se rue vers la
grande salle. Tu jettes un dernier micro dans la poche
d’un VIP et traverse le dancefloor, où des policiers ont
pris place, pour rejoindre le local technique.
Continue en 77.
69
Adam énumère encore les qualités de Sonya que tu as
déjà dépassé deux voitures sur le parking. Dans le noir
et recroquevillée, il ne devrait pas te repérer même si
tu entends ses jurons d’ici…
Plus loin mais toujours pliée en deux, tu prends un
moment pour faire un état des lieux. OK, là, c’est
l’arche d’entrée et le physio. Par-là, ce doit être
l’accès Organisateurs. Et là, c’est… Tiens, on dirait que
quelqu’un se cache derrière ce camion.
Légèrement éclairé par une loupiote verte, il ne
semble pas t’avoir repéré. Ça ne serait quand même
pas… ? Cette fois, il faut que tu en aies le cœur net.
Approche-toi en 63.
70
– Ça suffit maintenant ! Donne-moi ce dossier !
D’un geste, il appelle ses gardes du corps. Sous leur
menace, tu tends la chemise cartonnée que t’avait
jadis donnée Kaito. Elle est sale, cornée, tachée
ROAD 96: ABOUT A GIRL
72
La cabane est aussi fragile que protégée. En faisant
le tour, tu remarques des caméras vissées à la tôle et
des câbles qui courent sous son toit métallique. Tous
les câbles électriques – même celui du digicode – se
rejoignent au sol dans un tube en PVC. En le suivant
dans le sable orangé, tu arrives à un boîtier sur le
poteau d’une lampe.
73
Avant de décider s’il peut te parler, Denny observe
chaque détail qui pourrait trahir un lien avec la police.
A ta surprise, ses yeux s’arrêtent sur ton trombone et
sourit devant le dessin de poing levé.
Va en 93.
74
Rollers aux pieds, tu glisses sur l’asphalte de cette
route. On n’entend déjà plus les basses du festival
quand un véhicule arrive dans ton dos. Quand tu te
retournes, la voiture fait un brusque écart et manque
de te faucher.
75
Quand Denny accepte de sortir de sa caravane, le
gamin t’apparaît très nerveux. Il t’explique qu’il a
trafiqué une radio pour émettre des messages et
chercher ton ami Kaito. Il y a quelques jours, deux
hommes sont venus. L’un avec un chapeau de cowboy,
l’autre avec un bandana noué sur le crâne et des
lunettes réfléchissantes. Ils ont posé des questions
à plusieurs personnes dans le camping pour trouver
Kaito. Un type s’est interposé quand ils se sont montrés
menaçants et… le bandana l’a planté avec un couteau.
– Les Brigades, à coups sûr…
– Je suis désolé Zoé, j’ai détruit ma radio depuis et je
me suis caché. Tu ne devrais pas rester ici…
Il a raison. Ils vont revenir. Rends-toi en 24.
76
Vous vous êtes assis sur la table en bois. Posée à côté,
la télé diffuse des images de manifestations dissipées
par des policiers. Apprêté et légèrement maniéré, Carl
joue avec les pics de ton bracelet. Il t’explique qu’il a
dû quitter sa famille qui l’a rejeté. Son père pro-Tyrak
ne supportait plus les posters des groupes étrangers
qu’il accrochait au mur. Ni les garçons au torse nu
qu’on voyait dessus. Tu l’écoutes raconter le difficile
coming-out que ses parents ont jugé inconvenant. Tu
le prends dans les bras.
– C’est pas grave tu sais, car j’ai un remède contre la
morosité.
– Ha oui ? Moi c’est les marshmallows.
– Moi c’est la dance.
– Ha génial ! Si tu veux je joue du trombone, je peux
t’accompagner ?
– Du trombone ? Nan mais n’importe quoi, elle... Je te
parle de dance, de techno moi !
Va en 88.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
77
Alex ne frissonne même pas quand tu entres dans
la remorque de camion. Montrant le casque sur ses
oreilles, il te fait comprendre qu’il écoute. Tu t’assoies
sur une caisse au milieu de câbles qui courent
jusqu’au chapiteau et un genre de magnétophone qui
tourne. Au bout d’un moment, Alex met le casque sur
tes oreilles.
Rends-toi en 291.
78
C’est une grande caravane décorée de coquillages,
filets et bibelots maritimes alors que la mer est à
des centaines de kilomètres d’ici. Tu sursautes :
par la fenêtre jaillit la voix de Sonya Sanchez vite
interrompue par une autre plus mature.
79
A tendre l’oreille, ce bruit étrange pourrait bien venir
du moteur. Hélas, il ne réduit pas quand tu ralentis,
alors tu finis par te ranger sur le bas-côté.
Tu coupes le moteur et penses même à allumer tes
warning pour éviter qu’une voiture ne te percute par
l’arrière. Et tu écoutes.
Ouais, pas de doute, cela vient du moteur. Sauf que
tu n’as aucune connaissance en mécanique, toi…
Continue en 179.
80
Un monsieur avec un cou de taureau et des cheveux
blonds taillés en brosse se penche à ta vitre et
t’éblouit de sa lampe torche. Tu prends ta voix la plus
convaincante :
– Heuu… La dresseuse ?
Rends-toi en 268.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
81
Tu as bien tenté de partir mais, sans tes rollers, c’est
plus dur de semer l’ex-employé de ton père chargé
de te surveiller. Adam te tient entre le cou et l’épaule,
comme on attrape un chiot.
– J’en ai assez de vous courir après ! Cela m’a coûté
cher…
En dehors de sa poigne de fer, ton baby-sitter
personnel n’a pas changé depuis que tu as fui
l’appartement paternel.
– Votre père m’a fichu à la porte. Heureusement, la
merveilleuse Sonya Sanchez m’a sauvé…
Détectant un moment de relâche, tu te dégages. A
croire que ce couillon est sur un petit nuage, il ne l’a
même pas remarqué.
– Qu’est-ce que tu fiches ici, Adam ?
– Je protège la vie de Miss Sonya ! Je suis son garde du
corps officiel maintenant. Bon, sauf qu’elle m’a planté
sur ce parking…
Il t’explique qu’il veut la retrouver mais ne peut pas
entrer : seules les personnalités importantes sont
admises dans le festival.
Si tu vois venir son plan, rends-toi en 192. Si tu ne
veux pas en entendre davantage, tu peux tenter de lui
échapper en 69.
82
– Je veux savoir ce que vous faites aux fosses de fer !
Rends-toi en 70.
83
Tu plonges te cacher sous les cartons éparpillés. La
porte latérale s’ouvre.
De… quoi ?
– … Qui ça ?
Rends-toi en 125.
84
Un hoquet te prend et te tord le ventre. C’est si violent
que tu manques de vomir. Mais même ça, tu ne peux
pas te le permettre. Pas le temps. Alors tu cours, tu
cours vers le premier rempart contre ces balles. Une
voiture de police vide. Sordide ironie, c’est celle qui t’a
amenée ici…
85
Feignant d’observer le paysage, tu te retournes. Ce sac
poubelle n’est même pas fermé, juste accroché par
un tendeur au side. Tu tires sur un côté et le plastique
claque au vent. Par l’ouverture, tu distingues des
paquets rectangulaires. En papier. On dirait… des
billets !
Les deux types se disputent sur un sujet débile alors
tu y glisses une main. Ce ne sont pas des liasses mais
des billets en vrac. Il y a aussi une petite boîte en
carton, tiède et humide. Quand tu retires ta main, elle
dégouline d’un liquide rouge épais... Nnff Nnff : c’est
du ketchup. Il y a un burger là-dedans.
Oh oh… Les deux types te fixent. Tu leurs demandes
où ils vont (rends-toi en 48) ou tu demandes d’où
vient tout ce fric (rends-toi en 208) ?
86
– Une seule question ? Je veux savoir où est maman !
Il pousse un soupir excédé.
87
Même de là où tu es tu vois bien que sa poitrine ne
bouge plus. Par acquit de conscience, tu cries en
direction de la cuisine, mais personne ne répond.
Sur le comptoir, quelques larmes subsistent. Non, tu
ne peux pas le laisser mourir sous tes yeux...
Tu descends de ton tabouret et pose un genou à
terre prendre son pouls. Rien, zéro, nada. Tu poses
tes mains sur sa cage thoracique et appuies fort une
fois, deux fois, trois fois. Tu peux te l’avouer : tu ne
sais pas faire. D’autant que ses lèvres sont violettes
maintenant…
ROAD 96: ABOUT A GIRL
88
– Tu sais que Petria est le pays où chacun peut réaliser
son rêve ?
– Euh, c’est pas vraim-
– Eh bien moi, je vais devenir le plus grand danseur
techno du pays.
Il se lève d’un bond et se met à danser
frénétiquement. Son cou décrit des cercles, ses bras
imitent des vagues. Il est si concentré qu’il a les yeux
comme des soucoupes volantes. Au bout de quelques
longues minutes, il s’arrête net et entame des
assouplissements.
– Tu as vu ça ? Truc de dingue, hein ?
– Euh, ouais, c’est assez impressionnant. Très original
en tous cas.
– Évidemment. Personne ne danse comme moi. C’est
pour ça que je vais rapidement devenir une star.
Si tu possèdes un flyer Tyrak Donors Party, va en 46.
Sinon, rends-toi en 89.
89
– Je comprends. On a tous une bonne raison de vouloir
quitter ce pays.
– De quoi ?
– Ben, si j’ai compris, tu veux traverser la frontière
pour vivre comme danseur, non ?
– Pas du tout ! Je ne suis pas un de ces zonards, moi. Je
suis un artiste !
– Oh...
– Je vais devenir le plus grand danseur du pays. Je
cherche juste un moyen de passer au Sonya Show
pour montrer mes moves.
Tu te mords les lèvres pour ne pas en dire plus, te
contentant de lui souhaiter bonne chance pour la
suite de sa carrière et tu retournes travailler. Rends-
toi en 28.
90
– Ne tirez pas ! Les flics pourraient vous entendre !
Un sourcil (aussi fourni que sa barbiche) se lève. Signe
qu’il se concentre pour écouter. Le canon descend
imperceptiblement. Derrière lui, tu aperçois une
porte, mais il faudrait retourner en salle…
ROAD 96: ABOUT A GIRL
91
Dehors, on n’entend que le bruit des climatiseurs
qui tournent, collés aux murs des boutiques et le
cliquetis des mécanos du garage. Où vas-tu te rendre
maintenant ?
Au garage Chain Gang Mecanix : va en 252 ? À la
boutique de vêtements Petrian Apparel : va en 118.
Au magasin de déco PetriHouse (va en 305) ? Ou au
minimarché d’alimentation Crossroad (va en 211) ?
92
– Hé ho, derrière ! Je vous entends alors vous
m’entendez aussi. Vous savez qui je suis, n’est-ce pas ?
Le silence se fait. Ça marche, tu as leur attention.
– J’imagine que vous espérez une rançon de mon
père ? Hé bien j’ai une mauvaise nouvelle : si vous le
contactez, il vous fera tuer.
Silence. Tu as réussi à leur faire peur. Ça chuchote.
– Hé ouais, faut réfléchir des fois. Mais on peut éviter
ça… si vous me relâchez.
Des pas ; quelqu’un vient. Un homme aux yeux rougis
et aux joues rongées par les produits chimiques. Il te
montre ce qu’il tient dans la main : ta carte bancaire.
– Pas besoin d’appeler… Ceci va nous rembourser tout
ce que ton père nous doit.
Tu bredouilles une question mais sans arriver à la
finir. Sans doute parce qu’on est en train de t’étrangler.
Tout devient flou…
93
– Écoute Denny, moi aussi, les Brigades m’ont posé
des problèmes. Mais j’ai besoin d’eux pour retrouver
mon ami. Il s’appelle Kaito et j’ai peur qu’il ait été
arrêté…
Rends-toi en 106.
94
Tu progresses vers le fond et la musique gagne en
volume. Il s’agit d’un bomp bomp bomp régulier
recouvert par des bips robotiques évoquant une
station spatiale. Du synthétiseur assurément.
95
24 JUIN – Precinct 22
Petria, c’est un Western. Tu imaginais un
commissariat comme ceux des séries TV, avec des
flics courant dans les escaliers pendant que d’autres
sont assis à leur ordinateur ? Le Precinct 22 n’est
qu’une grande salle avec quatre bureaux et deux
grilles créant des cellules dans le fond. Il ne manque
que le shérif… Il y a même des fusils sur un râtelier
mural, à côté de photos mal photocopiées d’enfants
recherchés et de voleurs à arrêter.
Va en 97.
97
A peine as-tu fait quelques pas sous la banderole
“Welcome !” que tu hallucines. Comment avais-tu raté
cette énorme flèche en néon bleu pointée vers ce qui
doit être la réception ? Des bobines géantes en guise
de tables et une guirlande lumineuse donnent un air
festif à l’endroit.
Rends-toi en 156.
98
Tu as d’abord entendu un claquement, puis vu un
câble remonter à la verticale dans l’air. Puis le marteau
du puits de pétrole s’est écroulé entraînant toute
la structure avec lui dans un froissement de métal.
Quand tu as repris tes esprits, tu étais dans l’herbe
jaune, couverte d’ecchymoses. Un tas de fer recouvrait
ton assaillant inerte, sans espoir de pouvoir le
dégager.
– ...ike…. m’entends ?
– Mike ? Mike !
– Que… ? Quoi ?!
– C’est fini tout ça. Maintenant, si tu veux me parler, tu
vas venir me voir. Et en personne !
Silence indigné. Puis :
–… D’accord Zoé, d’accord. Je t’attendrai ce soir à l’Iron
Shore Café.
Tu as coupé le talkie-walkie avec un sentiment de
puissance irradiant. Maintenant, c’est toi qui mènes la
danse !
Rends-toi en 164.
99
8 MAI
Depuis que tu patines le long de la route, le soleil a
pris de la hauteur dans le ciel. Une forme apparaît
devant toi ; un véhicule à l’arrêt, capot relevé. Un
grand type tout maigre est penché sur son moteur.
– Hé jeune fille, pourrais-tu me passer quelques outils
s’il te plait ?
Pourquoi pas, après tout ? Tu assistes le bonhomme
qui se contente de grommeler avant de demander
l’outil suivant. Sans prévenir, il se met à donner
de violents coups là-dedans et remonte à bord. Le
moteur ronfle, hésite, et démarre. Ça fume, ça siffle
mais ça tient bon. L’autre portière s’ouvre.
Alors : tu montes avec lui jusqu’à la prochaine ville (va
en 206), ou tu continues en rollers par toi-même (va
en 13) ?
100
Tu pousses la porte en te préparant à devoir te
justifier mais tu tombes nez à nez avec un type en
sweatshirt sale et bonnet sur la tête.
– Hé, tu peux m’aider ? Je suis en galère...
Il t’explique que le pompiste l’a choppé en train de
faire la manche et menace de le dénoncer à la brigade
des routes.
– Alors je me planque ici le temps de trouver une
voiture. Et j’ai trop faim.
Si tu trouves normal de lui donner de quoi s’acheter à
manger, va en 166. Si tu préfères garder ta monnaie et
sortir d’ici, rends-toi en 129.
101
Tu te jettes au sol et dévales l’accotement en roulade.
En bas t’attend un chantier abandonné dans lequel tu
avances à quatre pattes pour ne pas être vue depuis
ROAD 96: ABOUT A GIRL
102
Le parking s’est vidé. Il ne reste que ta BWIII et un taxi.
Tu sors les clés de ta poche et ouvre côté conducteur
en soupirant. Y’a qu’à toi qu’il arrive des trucs comme
ça… Une voiture arrive sur ces entrefaites et se gare
à côté de toi. Sur sa portière, on voit bien en toutes
lettres les mots « Petria » et « Police ». Naaaan…
L’homme qui s’extrait de la voiture a un cou de
taureau et des bajoues de bulldog recouvertes d’une
barbe courte duveteuse. Tu glisses rapidement la
clé dans le Neiman mais trop tard, il toque déjà à ton
carreau :
– Bien le bonjour, Mademoiselle. Vos papiers… ?
Pas le temps de réfléchir, vas-tu te faire passer pour
une employée du bar (va en 256) ou tenter de fuir en
démarrant en trombe (va en 262) ?
103
Tu t’engouffres dans un trou dans le grillage et cours
en direction de la station essence. En arrivant en vue
du van, tu es non seulement à bout de souffle mais
une peur te saisit : et s’il n’était pas seul ?
Tu prends le temps d’observer, puis avances un pas
après l’autre, les yeux rivés sur ses vitres teintées. Tu
ouvres la portière et te crispe en entendant une voix.
Mais tu te rends vite compte qu’elle sort d’un talkie-
walkie. Mais, cette voix… tu la connais ! Attrapant
l’appareil, tu tournes la molette du volume. C’est
là qu’un violent coup s’abat sur ta tête. Avant de
perdre connaissance, tu sens des mains t’attraper
pour te porter et avant que ta mémoire reconnaisse
cette voix, tu sombres dans les limbes. Ton aventure
se termine ici. Tu peux recommencer au premier
chapitre ou retenter une autre approche en 202.
104
23 JUIN – Thousand Cattle Plateau
Le temps file ; toi aussi. Plusieurs jours de route
ont passé, à patiner le pouce levé entre des fermes
verticales et des tours d’élevage dont le bétail ne
voit jamais le soleil. Tout pour assurer “l’autonomie
alimentaire de Petria” comme votre président aime à
le répéter.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
105
L’enfer. En plus sale. Tout pue, tout colle, l’odeur est
répugnante et tu dois te pincer le nez et la bouche
pour ne pas vomir. Nan surtout, ne pas vomir.
Quand l’odeur devient vraiment insupportable, tu
rouvres le couvercle, jettes tes sacs par-dessus bord et
dégages de là, dégoulinante.
Tu glisses comme une ombre le long des murs
des allées et aboutis à un parking. Il est vide. Tu le
traverses en un sprint. Le bitume redevient de la
poussière jaunâtre sous tes pieds. Les bâtiments, des
ombres. Plus loin, tu crois repérer un arrêt de bus.
Si tu vas t’y asseoir, rends-toi en 14. Si tu ne le sens
pas, tu peux continuer de marcher en allant en 182.
106
La nuit est tombée sur le Night Skies Campground.
La guirlande et l’immense flèche bleue, à la hauteur
de l’ambition de son propriétaire, illuminent les
carcasses des caravanes et des bungalows. Quelques
téléviseurs brillent encore et une musique bizarroïde
se fait entendre dans le fond du camping. Toi, tu
traverses ce no man’s land sur la pointe des pieds
jusqu’à la place centrale.
Et après ? Te rends-tu vers la musique (va en 94) ou
vers le mobile-home de Denny (va en 16) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL
107
10 JUIN
Deux semaines que tu vis enfermée dans ta caravane.
Quinze longs jours, avec au ventre la peur de voir
débarquer la police. Tu passais tes journées à jouer
du trombone et regarder des photos de tes parents.
La nuit, tu repensais aux étranges rencontres faites
depuis un mois. Tu as relu les documents de Kaito
aussi et une certitude t’es venue : Petria est un pays
injuste qui ne récompense que l’argent. Pas les gens.
Le régime détourne, s’empiffre. Le vol est interdit,
mais tout est corruptible. Même la police.
109
Le barbu pose une visseuse et décroche une photo
aimantée sur un frigo.
110
Tu repenses à Kaito, à Alex, à tous ces mensonges,
toutes ces manipulations… Il est temps que quelqu’un
paie pour ça. Alors tu décris un camionneur, baraqué,
le visage carré avec une tignasse noire réglisse et une
barbe fournie. La policière note et crayonne. Quand
la colère s’épuise et que tu cesses ta description, elle
relève le nez.
Continue en 56.
111
Suivant ton instinct, tu as ouvert le boîtier de ton
talkie-walkie et trifouillé les molettes jusqu’à obtenir
la fréquence 1.1.1 en grandes ondes. Des interférences
remplacent d’abord les grésillements. Puis des
bribes de voix jaillissent au milieu des statiques? « ...
mion passé à… sept heur… atin. Chargement id..fié… À
...ous ! ».
112
Arrivée à l’une de ces immenses torchères, tu
te lances à l’assaut du grand escalier de fer qui
tourbillonne autour. Tu montes les marches quatre
à quatre avant de devoir reprendre ton souffle. Tu as
monté quatre paliers et il en reste autant.
La vue aérienne sur ce labyrinthe de tuyaux de toutes
tailles est hypnotisante. Mais de cette hauteur, tu vois
arriver le hockeyeur dans la raffinerie, il te cherche.
D’ici tu pourrais enjamber le garde-corps et atteindre
une grosse canalisation horizontale.
Que fais-tu ? Si tu continues de monter les marches,
rends-toi en 250. Si tu tentes ta chance sur la
canalisation, rends-toi en 51 ?
113
Évitant les pompes qui sont devant la vitrine du
caissier, tu traverses la station en regardant chaque
véhicule, sur les nerfs. Tu sens qu’il ne faut pas partir
d’ici seule. Alors tu toques au carreau de quelques
automobilistes qui se montrent aussi méfiants que tu
es tendue.
Tu allais repartir à pied quand une camionnette
ralentit à tes côtés. Tu serres les dents mais un parfum
enivrant te saisit : c’est un pizzaiolo ! Le conducteur
de chez Tyrakycious te fait un clin d’œil et ouvre la
portière. Comment résister ?
Rends-toi en 21.
114
La camionnette ralentit, entre dans la station et se
gare sous l’auvent. Sa portière s’ouvre et un homme en
descend. Pas très grand mais carré. Sa main gauche
tient une batte de baseball. La droite, un revolver. Un
masque de hockey cache son visage.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
115
Ces gestes bizarres, ces inflexions de voix… tu les as
déjà entendus au camping. Mais oui, c’est Carl ! Un
jeune type un peu étrange qui vivait dans le fond du
camping, là où les ados dorment dans des cartons…
Lui passait son temps à danser. Tu t’approches pour
fêter ces retrouvailles, mais il te fait un geste bizarre
de la main :
116
Tu rebois une gorgée d’eau et en profite pour te
mordre d’un coup sec la joue : une coulée de larmes
roule sur ton visage. Tu avales une salive au goût de
sang et assène ta botte secrète :
Continue en 56.
117
Tu te revois, seule au volant de cette berline, à
traverser le pays pour faire les courses de ce tocard.
Cet hypocrite, jovial à l’accueil mais sans pitié pour
arracher l’argent de pauvres réfugiés. Son mépris
mérite bien que tu lui rends la pareille. Quitte à
mentir et arranger la réalité.
Continue en 124.
118
– Bienvenue chez Petrian Apparel !
119
Tu traverses le camping en regardant partout où
pourrait être ce cher Jeffrey à cette heure-ci, mais
sans le repérer. Une meilleure idée te vient alors : si tu
ne peux pas le trouver, autant le faire venir !
Va en 227.
120
Une fois qu’on a pris le coup, faut reconnaître, il y a
un plaisir à conduire. La Bürly Wagon III est lourde
mais puissante : chaque petit mouvement du volant te
donne l’impression d’être la capitaine d’un navire sur
un océan de poussière.
121
Tu cogites, à plat ventre sur le banc : vue l’heure,
aucun bus ne passera cette nuit, mais la perspective
de dormir dehors t’effraie carrément. Vaut-il mieux
marcher de nuit ou trouver un lieu où camper ? Tu te
ROAD 96: ABOUT A GIRL
122
Une balle siffle non loin de ton oreille et des cheveux
tombent mais tu ne fléchis pas. Tu vas tellement vite
que tu ne peux freiner avant le bus et viens t’arrêter
contre sa carrosserie bouillante.
Entre les flammes, des grappes d’ados sortent par la
porte et les fenêtres brisées et partent en courant,
bras en l’air. Sauf un. Les cheveux dans le vent, yeux
écarquillés, il semble perdu.
Si tu portes des menottes, rends-toi en 61 ; si tu es
libre, va en 11.
123
– Tu connais notre sœur ?
– Co… comment je pourrais savoir ? Vous n’avez pas dit
son nom…
– On peut pas te le dire. Ça la mettrait en danger.
– Ouais ! Déjà qu’un taré lui écrit des lettres de
menaces.
– Ça pourrait même être toi.
– Moi ? Pourquoi moi ?
Le bruit du chopper réduit et la route défile moins
vite. Un fusil à pompe te regarde dans les yeux. Rends-
toi en 191.
124
Tu tombes au sol dans une terre gorgée de sang,
entourée de corps. Des ados et un gardien. Tes épaules
te font souffrir et tu constates que, dans ta chute, tes
jambes sont repassées dans la chaîne des menottes.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
– Kaitooo !
– NOOOOOOOON !
Rends-toi en 216.
125
Tu es assise sur le siège passager, une boîte de
beignets orange dégoulinant de sucre sur les genoux.
Le bonheur.
Rends-toi en 247.
126
12 JUIN
La route peut être une partie de plaisir ou votre pire
ennemi. Depuis deux jours, tu alternes le stop et la
marche. Hier tu es montée avec une fille immense,
une vraie géante encore surplombée par un chignon.
Elle conduisait avec le siège couché et tu n’arrêtais
pas de la vanner ; vous avez bien ri. Tu as passé la nuit
dans un abri bricolé en bois et en carton, installé le
long d’une usine. Cadeau d’un précédent fugueur,
sans doute… Mais aujourd’hui, rien. Pas une voiture,
pas un camion alors que le soleil tape dur.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
127
Ton sang se glace. Deux yeux te regardent. Deux trous
noirs cerclés de rouge.
128
Tu brandis la manivelle fais des moulinets en l’air.
Audacieux, le vigile baisse la tête et s’élance dessous,
comme un taureau qui charge.
Va en 105.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
129
Faisant semblant d’étudier les options de la machine
à café, tu glisses un doigt dans le récupérateur. Bingo !
Une pièce oubliée te permet de commander un grand
chocolat chaud. Depuis sa caisse, le pompiste te
surveille toujours.
Continue en 186.
130
– Dis Amira, tu penses que ton papa pourrait chercher
un truc pour moi ?
– Carrément !
Rends-toi en 298.
131
Jeffrey marche devant toi, jusqu’à une curieuse
cabane en tôle ondulée.
132
A peine les portes passées, tu fais face aux enfants
paniqués restés à l’intérieur.Tu traverses l’autobus
envahi de fumée en les repoussant, jusqu’à trouver
Kaito prostré sous un siège.
– Kaito ! C’est moi, Zoé !
Les yeux exorbités, il bredouille quelque chose
d’inaudible.
– Viens avec moi !
Vous remontez l’allée et tu aperçois le gardien en
difficulté avec les autres ados. Montrant l’exemple à
Kaito, tu escalades un fauteuil et vous progressez en
marchant dessus. Tu attrapes une chaussure laissée
sur un siège et l’envoies à la tête du maton. Touché !
Pris par surprise, il tombe en arrière et est piétiné par
les ados sortant en furie.
Des coups de feu résonnent dehors alors que tu le
fouilles pour trouver ses clés. Bingo ! Kaito grelotte en
t’attendant alors que des flammes ravagent le bus. Tu
lui ôtes ses bracelets de fer puis saisis une matraque
au sol pour éclater la vitre de l’autre côté. Encore
quelques coups et vous pouvez sortir par-là, laissant
l’incendie et la fusillade derrière vous.
Rends-toi en 151.
133
Pendant que la présentatrice TV titube vers le centre
du festival, en pestant sur tout et rien, tu fais mine
d’aller aux WC à ton tour et pousse son sac du pied
vers la cabine. La porte fermée, tu inspectes le sac en
peau de serpent : des billets froissés, un parfum, des
kleenex, une lime à ongle, un poudrier, un bracelet en
or, des lunettes de luxe, un minuscule revolver, une
balle, des chewing-gums, une pastille d’iode et une
enveloppe. Tu ouvres cette dernière pour trouver une
« Preuve de don à la campagne du président Tyrak ». Tu
fourres le certificat officiel dans ta poche et sors d’ici.
134
Waouh, ça c’est nouveau : les gens reculent
même pour te faire de la place. Tu entends des
chuchotements admiratifs quand tu les dépasses,
avançant vers le “Club Petryak”. Ce chapiteau-boîte de
nuit est l’objet de toutes les attentions. Malgré l’aspect
bricolage, les gens qui y entrent sont sapés comme
des princes. Tu te dis que, quitte à être au milieu du
gratin du pays, tu pourrais peut-être dénicher des
infos sur ce qui est arrivé à Kaito.
Pendant que les couples s’engouffrent par une double
porte, une plus petite s’ouvre vers l’arrière, laissant
sortir deux hommes en salopette qui allument une
cigarette. Mais, que !? Tu jurerais qu’un môme vient de
se faufiler là d’où ils sont sortis…
Tu entres avec les autres dans le Club Petryak
(rends-toi en 58) ? Ou tu choisis la porte arrière de
ce chapiteau pour voir ce qui est entré (rends-toi
en 248) ?
135
Tu gardes les lèvres scellées. Ses joues trahissent les
mâchoires qu’on serre en-dessous.
136
Des cartons dissimulaient une porte de secours. Tu
te rues dessus. Dans la pénombre, tu t’échappes vers
une grande forme lointaine. Au bout de 200 mètres,
ce que tu prenais pour un bâtiment se révèle un large
site dont dépassent de hautes cheminées, entouré
de tuyauteries. En courant, tu trébuches sur un tube
métallique. Maintenant tu réalises qu’une dizaine
d’autres courent partout autour. Tu te redresses et
l’enjambes quand un coup de feu retentit ! Au grillage
de la station-service se tient la silhouette trapue du
hockeyeur, revolver pointé. Tu reprends ta course et
atteint le site. Un panneau Totoil le confirme : c’est
une ancienne raffinerie.
137
Tu repères sur le parking ceux qui s’apprêtent à
partir mais les voitures sont souvent pleines ou les
conducteurs peu accueillants… Arrivée au bout du
terre-plein, tu vois un arrêt de bus dont les horaires
sont recouverts d’affiches pour l’élection de Tyrak. En
même temps, à cette heure-ci, aucune chance qu’ils
ne circulent. Tu vas devoir faire à pied. A moins que… ?
Juste à côté de l’arrêt, une vieille Golvo des années 80
est garée. Cabossée et rayée. Si tu as dans ton inventaire
une pièce porte-bonheur, va en 52 ; sinon laisse
tomber et continue en 74.
138
– Non mais moi je ne suis pas une fugueuse. Je suis
juste… Libre.
Irene te regarde de côté, tout en mâchant. Elle
opine lentement de la tête, puis change de vitesse et
accélère.
– T’as raison, c’est tout c’qui compte. Justement, pour
rester libre, j’vais t’apprendre à conduire.
– De quoi ? Mais j’ai pas l’âge, Irene…
– L’important, c’est d’débrayer avec la pédale de
gauche AVANT d’démarrer. Après, tu passes ta vitesse,
tu r’montes l’embrayage doucement, puis t’accélères
et c’est parti, wouhouuu !
Cela fait du bien cette décontraction, ce naturel. C’est
bête à dire mais Irene est sans doute la femme la plus
cool que tu aies rencontrée depuis bien longtemps.
Rends-toi en 247.
139
Impossible de rouler comme ça. D’autant qu’une
violente rafale de vent te déséquilibre. A moins que
quelque chose ne soit tombé de la voiture ? Ou que tu
aies roulé sur un truc ? En tous cas, y’a pas moyen de
continuer, tu ralentis.
140
Un coup de sifflet retentit dans ta tête, comme
en cours de sport, alors tu sprintes. Mais sur la
cour bétonnée de l’école, il n’y avait pas autant de
poussière. Ça ne loupe pas : encore trois enjambées
et une vive chaleur grandit dans ta cheville. Tu te
rabats derrière les grosses chenilles d’une tractopelle
et t’allonges. Tu souffles tous tes poumons et masses
ta cheville. Allez, c’est pas le moment de lâcher ! Un
doigt sur la narine, tu te mouches dans le vide et tu
reprends ton souffle.
Aucun bruit derrière. La route n’est plus très loin. Tu
serres les dents et fonce.
Va en 6.
141
Le flic trapu te tire violemment par le bras. Il te
traîne littéralement jusqu’à une table et te menotte
à un pied. Te voilà pliée en deux à côté d’un placard
grillagé dans lequel tu vois ton trombone, une batte
de baseball, un pistolet à clous et un skateboard. Ho !
C’est celui de Kaito, tu en es sûre et certaine !
Il allume un magnétophone, pose une affiche devant
toi et demande sans introduction :
Continue en 169.
142
Tu cherches encore quoi répondre à ça, quand un
coup de frein t’envoie heurter le side-car en pleine
poitrine.
– STAAAAN ET MIIIITCH !
Rends-toi en 5.
143
Des piles de cartons partout, ce sera facile de te
cacher. Surprise : le moteur démarre et le van
enchaîne les virages. Tu tombes sur les fesses dans
une rivière de machins en polystyrène.
144
Tu recules contre le vinyle de la tente et observes les
VIP sous les spots violets. Voyons voir… Il y a ici : des
hommes d’affaires qui transpirent, des jet-setters
démodés qui s’empiffrent et des fonctionnaires
extatiques. Tu reconnais plusieurs visages, vus aux
côtés de ton ministre de père ; mais plus que tout, tu
reconnais une voix…
Étalée sur une chaise longue, bouteille de champagne
à la main, Sonya Sanchez rit à gorge déployée.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
145
Le vigile n’est plus seul. Sept ou huit types l’ont
désormais rejoint et t’encerclent. Il va falloir un
argument en béton pour les faire reculer. Le plus
convaincant reste de crier et tu as le souffle qu’il faut
pour ça.
– Ça suffit maintenant ! Reculez ! Vous savez qui je
suis ?
Des têtes tournent, se regardent, hésitent.
– Je suis la fille de Frederick Muller. Le ministre du
Pétrole, cela vous dit quelque chose bande de crétins ?
L’insulte était peut-être de trop ? Ou c’est ton père le
problème ? Ou alors ça n’a rien à voir, cette ville est
un coupe-gorge et cette embuscade serait arrivée de
toute façon…
Tu sens un violent coup derrière ta tête et une lumière
blanche remplace tout.
Rends-toi en 225.
146
Tu fouettes l’air de ton arme. Le vigile recule d’un pas,
puis tente de la repousser du bras. La feinte : c’est là
que tu frappes en plein visage : blam ! Le sang s’écoule
de ses narines. Ce que tu n’avais pas prévu, c’est la
ruée de tous les autres autour.
Des mains te saisissent et te cognent. Tu vois défiler
le béton quand on te traîne à l’intérieur. Des gens te
fouillent, te volent.
Tu en profites pour ramper jusqu’à une porte mais
deux chaussures de sécurité t’y attendent. Le vigile
au nez dégoulinant lève sa matraque en l’air. Quand il
l’abat, tout devient noir. Le soleil s’est définitivement
couché à Setting Sun Hill…
Tu peux recommencer cette aventure à zéro, au
premier chapitre, ou retenter un autre chemin
en 206.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
147
Malgré les coups de feu qui crépitent, tu entends les
flics hurler des ordres et comprend que ce sont les
Brigades Noires qui attaquent. Une bouteille vient
s’exploser sur l’autobus quand tu arrives devant et des
flammes se répandent sur un côté, léchant les vitres.
Oh non, Kaito ! N’écoutant que ton courage, tu sautes
dans le bus.
149
Un caissier jette tes articles dans un sac en plastique
blanc avec un logo rouge mal imprimé : Settting Sun
ill. Le prix s’affiche sur la caisse : 20 dollars petrians.
150
Vous contournez l’énorme véhicule transformé en
torche et êtes accueillis par un puissant jet d’eau. La
pression est si forte qu’elle te projette en arrière. Tu
roules dans la boue avant de comprendre : la lance-
incendie ! Ils ont ouvert la caserne… Une policière
tient à bout de bras le tuyau blanc gonflé à bloc. Les
Brigades sont balayées et les derniers flics donnent
l’assaut. Kaito se relève peu après toi, mais trop loin.
Pas le choix...
152
A peine fais-tu quelques pas dans sa direction, que
le bonhomme saute à terre et déguerpit comme un
chat apercevant un chien. Tu te précipites pour le
rattraper mais il se réfugie dans une caravane dont tu
n’as jamais vu les volets ouverts. Quand on frappe, il
répond toujours qu’il a “déjà payé cette semaine” et se
mure dans le silence. Rien à en tirer.
153
Un bruit étrange résonne dans la cabine. On dirait un
caniche qui grogne, mais c’est la faim qui te tord le
ventre.
Va en 97.
154
Le flic chope Max par les cheveux et le sort de force.
Quelques cris de protestation résonnent, puis deux
portières claquent et le vieux moteur pétarade en
s’éloignant.
155
Ta propre caravane n’est pas très grande, tu peux
à peine y poser tes affaires autour du lit, et la nuit
tu peux sentir le vent te caresser tes narines. Alors
quand tu as entendu taper contre la porte, tu as cru à
un tremblement de terre.
Rends-toi en 131.
156
9 MAI – Night Skies Campground
Tu es seule avec la nuit. En grimpant un chemin,
on arrive sur une butte qui surplombe le camping.
Quelqu’un avait fait du feu ; tu l’as entretenu. Là, sous
les étoiles, tu sors l’enveloppe que Kaito t’a remise.
Tu pensais la jeter au feu et tirer un trait sur cette
histoire, mais c’est plus fort que toi : tu l’ouvres.
Rends-toi en 18.
157
– C’est Jeffrey qui m’envoie ! Jeffrey Bonnaro ! Sa
voiture est dehors, vous pouvez vérifier.
Va en 273.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
158
Sur le parking, derrière le camping, Jeffrey s’approche
d’une grande voiture vert bouteille.
– Je te confie ma Bürly Wagon III. Elle a un large coffre,
de la reprise et une super tenue de route.
On jurerait qu’il veut te la vendre, mais non. Il sourit
même. Il ouvre la portière, mets les clés dans tes
mains et repart sans un mot. Mince, tu n’étais pas
prête à ça : ta première voiture… Ça se fête !
Ajoute les clés de la BWIII à ton inventaire et va en 190.
159
D’un bond, tu enjambes son barda de campeur et
escalades la palette de ciment. Les sacs dégringolent
mais tu arrives en haut sans perdre ton trombone.
Max bredouille quelque chose mais ses mots
s’effacent quand la porte grince. Tu sautes de l’autre
côté de la palette. Un faisceau de lumière blanche
traverse la pièce s’attardant sur chaque objet.
– Tu es là-dedans ?
160
– Non mais tu me fais marcher, là ? Sonya n’est ni
aventurière, ni grand-reporter. C’est une arriviste
bornée qui ferait n’importe quoi pour du fric. Amira,
je l’ai déjà vue sortir des billets de sa poche rien que
pour les renifler ! Elle n’émerge de sa piscine QUE
pour entrer dans sa limousine. C’est le toutou de
Tyrak, une vendue…
161
– Mais pourquoi ? Je sais que je l’agaçais, mais elle
n’aurait pas abandonné sa fille...
Rends-toi en 70.
162
La livreuse s’appelle Irene Romano. Elle a des joues
de hamster et les yeux maquillés d’un noir épais. Très.
Gothique en fait. Avec ses cheveux corbeaux et son
teint porcelaine, ça lui va bien.
– Prends ce que tu veux, tu dois avoir vachement faim.
Irene engouffre un bretzel orange dégoulinant de
sucre entre ses lèvres violines. Tu l’imites et descends
des rasades de café de son thermos.
– Quels jautres ?
163
Un malabar en blouson noir et crâne rasé se penche
à ta vitre et t’éblouit de sa lampe torche. Tu prends ta
voix d’executive woman :
ROAD 96: ABOUT A GIRL
– Qui ça « on » ?
Rends-toi en 268.
164
2 JUILLET
L’air est empli d’une odeur d’iode et, même si tu crains la
confrontation qui t’attend, ça suffit à te filer la banane... Tu
n’as conduit que deux heures pour rejoindre la côte, mais
tu as préféré abandonner la camionnette noire et marcher
pour ne pas être repérée. Car,oui, tu t’attends à un sale
coup de la part de ton père...
Quand le soleil a commencé à décliner, tu es arrivée
devant un large bâtiment très bas annonçant : Iron Shore
Café. De son large parking, on voit la mer. Un escalier
descend à la plage et à un restaurant de poissons.
Mais tu n’es pas venue pour nager ; tu viens pour faire
plonger ton père...
D’un pas sûr, tu pénètres dans le bar.
Continue en 196.
165
Ton sang ne fait qu’un tour et tu sautes sur le garde
le plus près de toi. Au même moment, un tir de fusil à
pompe fait tomber le faux-plafond sur votre table. Les
balles fusent et ton père hurle de peur. Tu te débats
avec le garde quand un pied-de-biche s’abat sur lui.
Il s’écroule le nez dans ton café. Le plus gros des deux
braqueurs se tourne ensuite vers ton père :
– On a dit de donner votre porte-monnaie, Monsieur,
et La Bête aime pas quand je dois répéter…
Tu aimerais le remercier, mais ce n’est pas le moment.
Tu reprends le dossier, cours vers le bar et entres
dans la cuisine tandis que les balles sifflent. Passant
devant un boîtier mural avec un éclair, tu décides de
renvoyer l’ascenseur à tes sauveurs. Abaissant une
petite poignée rouge, tu disjonctes le Café qui plonge
dans l’obscurité. Des cris retentissent alors que tu sors
par l’arrière.
Va en 244.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
166
– Ha purée, c’est vachement sympa, merci.
– Pas de quoi, faut bien se soutenir.
De toute évidence, il n’a pas mangé depuis un
moment. Tu lui donnes 20 dollars petrians et il te
prend dans les bras en te remerciant dix fois. En
souvenir il t’offre un autocollant qu’il a fait lui-même.
Dès qu’il est sorti, tu fonces enfin te soulager aux
toilettes puis tu te rafraîchis. Tu regardes le sticker :
c’est une étoile entourée des mots « Refuse Fight
Resist ». Sourire. Tu le colles sur ton trombone en
pensant qu’il te va mieux qu’à lui et tu ressors.
Ajoute le sticker Refuse à ton inventaire et va en 186.
167
Des lasers découpent le ciel de la nuit tombante.
Le parking où on t’a déposé est presque plein. Des
voitures, des minibus, des 4x4… Il y a même une
limousine blanche. Le festival proprement dit est
caché par une dune naturelle derrière laquelle
résonnent des basses. Des flyers pro-réélection
jonchent le sol jusqu’à une arche fleurie sous laquelle
un physio deux fois grand comme toi choisit qui peut
entrer ou non. Dans ton état, c’est vite vu… Allez ma
grande, il va falloir trouver quelqu’un qui te fasse
rentrer.
Vas-tu fouiner sur le parking du côté des
camionnettes (rends-toi en 63) ? Tenter ta chance
auprès de la limousine (va en 286) ? Ou faire le tour
du site pour trouver une éventuelle brèche (rends-toi
en 220) ?
168
Une seconde en apesanteur et tu valdingues contre
la tôle. Tu t’évanouirais bien mais un bruit de portière
met tes sens en alerte.
– Ha t’es revenue, sale bête. J’vais m’occuper de toi…
Si tu tentes de te cacher dans un tel foutoir, va en 83.
A moins que tu ne guettes l’ouverture de la porte pour
ruer dehors (rends-toi en 289) ?
169
– Oublie ce type. C’est un connard. Il arrêterait sa
mère si ça lui valait une prime.
170
Tu tournes la clé sous le volant. La voiture a un
brusque hoquet d’avant en arrière, vient taper un
rondin puis redevient immobile. Hmm... Veux-tu
enfoncer la pédale de droite (en 44) ou celle de gauche
(en 297) ?
171
Police de débiles : juste parce qu’il y a des taches sur
ton legging, tu serais pompiste ? Tu rentres dans la
boutique avec l’envie de lui jeter ses clés à la tête.
Un miroir devant la caisse te montre une fille aux
cheveux collés, aux fringues poussiéreuses et au
visage bruni… Hmm, faut reconnaître... Tu lèches ta
main et te frottes la joue mais ça ne part pas. Pas le
choix : tu pousses la porte des toilettes des femmes.
Pendant que tu t’asperges d’eau et de savon, tu vois
une petite trousse ouverte à côté d’un lavabo. Ni vue,
ni connue, tu empruntes une brosse et ajuste tes
cheveux quand une plainte monte d’une cabine.
– Hé meeerde. Quelle chienlit… Heu, y’a quelqu’un ?
Vous pouvez me passer une serviette ?
Dans la trousse, tu prends une protection hygiénique
et la glisse sous sa porte. Solidarité féminine. C’est
rassurant de savoir que cela existe encore dans ce
pays de brutes. Tu ressors regonflée.
Un pompiste est accoudé devant le caissier ; les deux
hommes te matent de bas en haut. Grrr. Tu jettes les
clés en visant sa figure.
– Voiture de police : le plein et les vitres ! Et plus
vite que ça si vous voulez éviter qu’elle épluche vos
comptes et fasse ouvrir la réserve !
Sans écouter leurs récriminations, tu pousses la porte
vitrée et sors d’ici. Sur le parking, un break s’apprête
à repartir. Tu toques au carreau et lèves le pouce au
ralenti, comme un mime. Le vieux au volant rigole et
t’emmène.
Continue en 254.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
172
Attirée par une musique dansante, tu approches d’un
recoin entre des caravanes déglinguées et des tentes
dressées à la va-vite. Un couple de fugueurs est en
train de défaire un duvet. Sur une table de camping,
une télévision diffuse le Sonya Show, mais la musique
qui s’échappe d’un baladeur à cassettes couvre tout
le son. Assis par terre, un jeune homme en salopette
dodeline nerveusement, la tête entre les genoux.
– Hé… tout va bien ?
173
Ta jambe gauche a assez de jeu pour que tu
rapproches l’objet le plus proche. C’est un tournevis
mais ça se tente… Imitant les téléfilms du samedi soir,
tu te balances de droite à gauche. Et tu tombes.
Tu te contorsionnes et attrape le tournevis entre deux
doigts. OK tu l’as ! Tu le retournes entre tes doigts et
déchire le scotch tendu entre tes poignets. Miracle,
ça marche, tes mains sont libres. Tu t’attaques à tes
chevilles. Tu y es presque quand tu remarques que la
lumière a faibli. Le vigile est face à toi, les yeux brillant
d’une infernale lueur.
– Mu-leeer… Muller ! MULLER !
C’est tout ce qu’il a dit avant qu’une pluie de coups
ne tombe. L’énigme de ce nom, celui de ton père, te
hante jusqu’à ta mort qui, heureusement, ne met pas
longtemps à venir.
Ton voyage s’arrête ici. Tu peux recommencer au
début ou reprendre en 225 et vivre un meilleur karma.
174
Tu t’approches et le gamin te regarde avec défiance.
C’est encore un garçon mais les bras à la peau
cuivrée qui dépassent de son bleu de travail sont
étonnamment musclés.
175
Dans un grincement, la porte s’ouvre et Jeffrey
Bonnaro en sort, éclairé par un écran de surveillance.
Le doigt tendu, il rugit :
– Qu’EST-CE que TU fais là !? Que cherches-tu dans
mon bureau ?
– Rien. Je me demandais ce qu’il y avait dans ce…
– T’es de la police ? Non ! Alors tu n’as pas à fouiner !
Les dents serrées, tu fais demi-tour mais il n’en a pas
fini avec toi :
– Mais puisque mes affaires t’intéressent, suis-moi !
Tu vas peut-être te rendre utile.
– Hé ! Je travaille déjà pour toi… ! Et gratuitement,
alors n’abuse pas.
– Vous les ados, vous êtes tous pareils ! Viens je te
dis, si tu ne veux pas passer ta prochaine nuit au
commissariat...
Continue en 158.
176
A une dizaine de mètres, la camionnette noire est
figée. Tu vois ses portes arrière, les roues figées sur le
bitume. C’est bête, mais tu culpabilises. Après tout, le
conducteur avait sans doute aussi un problème pour
dévier comme ça. Peut-être même un truc grave.
– Hé ho ? Tout va bien ?
Le silence pour seule réponse. Ta jambe gauche et
tes côtes sont douloureuses mais tu marches vers la
fourgonnette en boitant.
– Y’a quelqu’un ?
Ni bruit, ni mouvement. Tu hésites entre la porte
arrière et la portière conducteur…
Le temps de te décider, va en 221.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
177
Tu n’y crois pas à son petit jeu. Il y a deux minutes, il
était tout feu, tout flamme, crachant sa colère comme
un cobra. La haine qui jaillissait de ses yeux chafouins
l’électrisait... Alors là, étendu par terre avec les dents
serrées, va savoir ce qu’il prépare. Pour toi, c’est un
piège.
Sauf que de la mousse apparaît entre ses lèvres.
Meeeerde… Il avait peut-être un traitement ? Et toi,
mineure, qui l’a servis et resservis, c’est pas bon
ça.Tant pis. Tu le contournes en décrivant un grand
cercle dans le bar et t’éclipses par la porte d’entrée. Va
en 102.
178
Tu considères le capot toujours ouvert avec un
mélange de fascination et de peur. Face à toi, la tôle
est enfoncée, griffée de l’intérieur, comme si on l’avait
raclée avec une fourchette. Une GROSSE fourchette…
Sur le moteur, des touffes de poils beiges et blancs
sont collées, fondus.
Quand un break vient se garer non loin, tu reprends
tes esprits et claque le capot. Même déformé, il se
verrouille. Tu remontes précipitamment en voiture.
La BWIII démarre au quart de tour et tu repars. Roule
jusqu’en 7.
179
Sans trop savoir ce que tu vas faire, tu glisses tes
doigts sous le capot pour trouver comment il s’ouvre.
A l’aveugle tu repères un ressort et l’enfonce. Un
clac déverrouille le capot et tu lèves la lourde tôle en
espérant trouver en-dessous une flèche rouge qui
indique la panne.
C’est alors qu’une forme bondit du bloc moteur.
Terrorisée, tu hurles en plongeant au sol. C’était quoi
ça !? Un chat ? Un très gros chat, alors… Est-ce que ça
peut être un lynx ? Oh bon dieu, où il est ? Rends-toi
en 178.
180
Il y a du monde aux pompes désormais. Citadines,
berlines, utilitaires… Tu fais le tour en te demandant
lequel pourrait t’emmener. Il y a même une
camionnette noire. Tu colles ton front à la vitre mais
d’ici rien ne prouve que ce soit celle qui t’a renversée
hier.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
181
Il faut vraiment que tu sois sale pour que la policière
t’ait prise pour une pompiste. Mais après tout,
y’a peut-être un bénéfice à en tirer, alors zou ! Tu
décroches le pistolet de la pompe la plus proche,
ouvres sa trappe avec la clé et c’est parti. Les numéros
tournent sur la pompe, mais toi tu regardes ce
trousseau de clés qui pend du bouchon de réservoir. Il
y en a une pour démarrer, une pour ouvrir le coffre et
une trop petite… Tu parierais qu’elle va avec une paire
de menottes. L’anneau se décroche facilement et tu
la glisses dans ta poche sans trop savoir pourquoi tu
fais ça. Peut-être parce que tu penses à Kaito, enfermé
quelque part…
Une odeur d’essence interrompt tes pensées : c’est le
pistolet qui déborde. Tu l’arraches dans une gerbe de
liquide poisseux et entends un cri venant de la station.
Oh oh, c’est le pompiste. Tu cours à toutes jambes
hors d’ici. Les cris te suivent alors tu vas toquer au
carreau d’un break qui attend pour s’insérer sur la
route. Pouce levé, grand sourire et le tour est joué ! La
portière s’ouvre pour un nouvel auto-stop.
182
Toutes les rues se ressemblent dans ce quartier. C’est
moche, fissuré, décrépi et vide. Les boutiques sont
closes, les néons à jamais éteints. Une ville fantôme.
183
– OK. Je suis la fille unique de Frederik Muller, le
ministre du Pétrole. Ma mère a disparu il y a 10 ans. Je
suis entrée par effraction dans le palais du président
Tyrak avec un ami et j’ai fui White Sands il y a un mois
et demi pour le retrouver.
184
Toc toc toc. La policière baisse sa vitre à la manivelle.
Assis au volant, son collègue semble attendre quelque
chose. Derrière eux, la camionnette passe en trombe,
mais ils ne la voient pas : ils te dévisagent, toi. Les
sourcils froncés, elle te laisse parler la première.
185
– Où est Joe ? C’est lui qui sert, d’habitude...
C’est pas une voix qu’il a, ce type, c’est la gorge de
l’enfer. Enfin, pour un mort-vivant, il a une sacrée
descente !
– J’espère qu’il n’a pas de problème avec les Brigades.
Sinon, je pourrais me mettre très EN COLÈRE !
Le serveur n’a jamais montré son nez alors tu
as attrapé les bouteilles que le type désignait, et
maintenant tu le regardes descendre les verres.
– Tu es gentille. Tu ne devrais pas traîner dehors. Il y
a… des gens dangereux avec les jeunes filles.
– Je viens du Night Skies, le camping...
– Oh ? Moi aussi je reviens d’un camping… Celui de ma
fille. Celui de son tombeau.
Un frisson électrise ton dos.
– Elle est au calme maintenant. J’ai exorcisé le mal. Il
me reste à purifier ceux qui l’ont tuée.
Tout ton corps est tétanisé. Il se ressert, boit d’une
traite. C’est là que tu l’as vu fondre en larmes. Elles
ont dévalé de ses yeux morts sur ses joues râpeuses.
Puis il saisit la bouteille et boit tout au goulot. Une
demi-bouteille d’un coup. Tu veux l’empêcher mais
voilà qu’il sort alors un revolver et le pose sur le bar.
Sa bouche est ouverte. Ses yeux sont noirs comme la
nuit. Et sans prévenir, il s’écroule au sol. Sa tête heurte
le sol. Il ne bouge plus.
Vas-tu foncer vérifier s’il vit encore (va en 234), en
profiter pour ramasser son revolver (rends-toi en 266)
ou ne rien faire parce qu’après tout, il s’est mis tout
seul dans cet état (va en 87) ?
186
– Si vous n’achetez rien, foutez le camp ou j’appelle les
flics !
Purée, il t’a fait peur, lui. Tu prends une cassette au
hasard sur un portant et lui tends. Vous marchez
jusqu’à la caisse quand un jeune type en sweatshirt
sort en courant. Le pompiste le poursuit en criant “au
voleur !”
Dehors, la camionnette a disparu. Tu te frottes les
yeux, mais non elle n’est plus là. Tu fais un tour sur
toi-même, regardes partout. En vain. Alors tu sors.
Va en 113.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
187
Marre… Depuis vingt minutes, tu attends à même
le trottoir. Comme quand tu étais gamine et que tu
attendais ton père à ses meetings. Enfin, le bus te tire
de tes pensées.
Tu montes et te retrouves face à un chauffeur aux
cernes démesurées. Tu sors toute ta petite monnaie
pour vérifier combien il te reste mais tu comprends
qu’il y a un autre problème : tu pues le chou pourri et
d’autres trucs dégueux. Il rouvre les portes. Tu n’as pas
envie d’attirer des policiers en faisant un scandale,
alors tu descends.
Rends-toi en 182.
188
3 JUILLET – Iron Shore
L’hélicoptère fonce sans ménagement, te laissant
nauséeuse et les épaules en compote. Sans doute
parce que les bidasses t’ont menottée les bras dans
le dos… Mais ce n’est pas ce qui te fait pleurer :
désormais tu sais que tu as tout perdu. Ton père, ton
meilleur ami, et tout espoir de retrouver ta mère. Car
cette fois c’est clair : tu ne t’en sortiras pas...
Vous venez de survoler des grillages et tu distingues la
forme d’un gros bâtiment. On dirait une forteresse, ou
un château en béton. Mais l’hélico n’y entre pas, il se
pose juste avant et les soldats enfilent leur casquette
avant de sortir. Ils t’extraient de la cabine et, dehors, tu
comprends où tu es.
Rends-toi en 310.
189
– Vous… avez dit qu’elle était “en cavale” ?
Tu as un drôle de pressentiment.
– Son nom !
– Toi aussi, t’as pris la route, hein ? Moi, je suis garé ici
mais j’suis certain qu’elle a réussi à passer, elle.
190
Tu t’assieds au volant. La lourde portière claque.
Collé sur le tableau de bord, un petit papier indique
« Palavas Bar » suivi d’une adresse. Ok, ok mais, euh...
et après ?
192
– Or, un chauffeur-garde du corps n’est pas un VIP,
c’est ça, Adam ?
Rends-toi en 134.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
194
Dès que tu émerges du sas, la moiteur t’agresse à
nouveau. Sur le podium, une fille passe des disques
et tout le dancefloor, qui patauge dans la mousse, la
regarde. Tu serres dans ta main les trois mini-micros
que tu dois planquer et traverses la foule sans un
regard. Même le vigile se trémousse en rythme, au
point de ne pas te voir passer la porte de la VIP Room.
Continue en 144.
195
Tu entres dans un bâtiment dont le sol est carrelé.
Poussant une première porte, tu vois une enfilade de
casiers et des douches. Un vestiaire ?
196
Boiseries aux murs et ventilateur au plafond… : pas de
doute, l’Iron Shore Café se veut classe. Mais bon, c’est
Petria, alors le cuir des sièges est synthétique et le
lambris est en plastique. Un jeune serveur te regarde
depuis le bar.
– Je…
197
Dès la cellule déverrouillée, tu rassembles tes forces
et plonges entre ses jambes et la grille. En te relevant,
tu sens une vive chaleur ébouillanter ton dos. La
lumière t’aveugle et tes jambes se dérobent… Le flic
t’enjambe et abat encore deux fois sa matraque sur
tes cuisses. À la troisième, sa collègue le repousse en
hurlant. Les deux se reprochent plein de trucs mais la
douleur t’empêche de comprendre quoi que ce soit.
Finalement, il part et elle t’aide à te redresser en
t’épaulant. Tes jambes tremblent. Péniblement, vous
atteignez un bureau. Elle va chercher de l’eau pendant
que tu regardes autour de toi. Il y a là un placard
grillagé dans lequel tu vois ton trombone, une batte
de baseball, un pistolet à clous et un skateboard. Ho !
C’est celui de Kaito, tu en es sûre et certaine.
Continue en 169.
198
– Je veux de l’argent. Dix mille dollars petrians !
– Tu délires, je n’ai pas cette somme ! Personne ne l’a.
On est à Petria…
– Je sais ! Je sais… Je hais ce pays. Alors je veux… que tu
m’aides à le quitter. A passer la frontière.
John te regarde dans les yeux et finit par opiner, lèvres
serrées.
Le camion ralentit devant une palissade mal clouée.
Quelqu’un a pendu une banderole blanche “Welcome !
The Night Skies Campground”.
– On arrive. Je vais déjà te mettre toi en sécurité.
Descends ici, je te tiendrai au courant pour le Mur.
Va en 97.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
199
Toute ta monnaie ruisselle sur le comptoir. On voit
tout de suite que le caissier te hait de lui imposer ça. Il
fait des piles par taille pendant que tu sors.
La bonne nouvelle, c’est que ça confirme ce que
tu penses : l’argent permet tout dans ce pays. La
mauvaise, c’est qu’il ne t’en reste plus tellement.
Retire 20 dollars petrians à ton inventaire et sors
en 91.
200
C’est bête, la première personne qui t’est passée par
la tête, c’est ta voisine ; mais impossible de faire croire
que Sonya Sanchez milite contre Tyrak. Personne n’y
croirait. Alors qui ?
– Je t’ai posé une question, gueule d’ange… ? Qui as-tu
rencontré qui travaille pour les Brigades ?
Elle a l’air tellement sûr d’elle, un peu autoritaire et du
genre qui ne lâchera jamais. Tu l’envies et elle t’énerve
à la fois. Un peu comme ce danseur fou de…
– Carl !
Et voilà comment tu as décrit ce grand benêt, sa
coupe à la tondeuse et ses jeans trop serrés, ses gestes
amples. Tu as baratiné qu’il profitait de son succès
pour approcher les célébrités de Tyrak… Elle a tout
noté sans poser de question. Bof, s’ils vont l’arrêter, il
sera vite libéré ; impossible de l’imaginer en terroriste
poseur de bombes...
– Merci jeune fille. Ce n’est pas la première fois que les
Brigades manipulent des ados. D’ailleurs dis-moi : tu
connais d’autres enfants fugueurs, qu’on puisse les
sauver ?
Continue en 56.
201
Dès que l’équipe de reporters s’éloigne, tu bondis par
la porte coulissante laissée ouverte. Personne ? Non,
c’est vide. Tu hésites entre rester cachée ici jusqu’à
la fin de cette fusillade ou prendre le volant, mais
autant ne pas traîner ! Tu passes à l’avant et t’installe
au volant quand tu vois l’impossible : un char d’assaut
fonce vers toi ! Ho, les flics ont appelé l’armée à la
rescousse ?
Rends-toi en 188.
202
Encore une journée de route. Encore un jour à fuir. Si
tu veux rejoindre la frontière, il te faut un transport,
hélas personne ne passe sur cette route. Justement,
tu aperçois une station essence. Doigts croisés…
Hélas, quand tes rollers s’arrêtent enfin sous l’auvent,
tu constates que l’endroit est abandonné. La rouille
a envahi les pompes et la devanture. Des pillards
ont relevé la grille métallique sur la vitrine brisée.
Tu jettes un œil mais il ne reste rien d’intéressant
là-dedans. Aucune voiture oubliée non plus aux
alentours.
203
Un camion de bois t’a prise en stop un moment avant
de te déposer à une station-service avant l’entrée
d’autoroute. Pas sûr que tu trouves un automobiliste
ici mais c’est l’occasion de faire une pause et
reprendre des forces.
Tu rejoins la station sous le regard soupçonneux d’un
pompiste. Feignant de ne pas l’avoir vu, tu entres dans
le bâtiment. A l’intérieur, un grand portrait de Tyrak
te surprend. Pfff. Le pompiste te suit et se rend à la
caisse.
Tu avances vers les toilettes mais un cône rouge est
installé devant celles des femmes. Allons bon…
Tu optes pour les WC hommes (va en 100) ou tu
enjambes le cône et prends celles des femmes (rends-
toi en 278) ?
204
– Je n’ai vu personne... Comptez pas sur moi pour
dénoncer quiconque !
– Alex ?!
Rends-toi en 235.
205
Craignant les tirs des policiers et le feu qui encercle
le bus, tu fais demi-tour et t’empresses de rejoindre
la voiture qui t’a amenée ici. Les portières ne sont pas
fermées et tu te réfugies à l’intérieur. La radio relaie
les demandes de renfort du central pendant que les
tirs continuent. Non loin, tu remarques un homme
avec un chapeau de cowboy et un fusil de chasse à la
main. Est-ce qu’il t’a vue ? Probablement pas puisqu’il
essuie des tirs et fait lui-même exploser la vitre d’une
voiture de police, mais faut pas traîner.
206
Dès ton entrée dans la ville, une arche en béton
peinte annonce fièrement : « Welcome to Setting Sun
Hill ». En un sens, ouais, le soleil s’est définitivement
couché ici… Autour de toi, des petits immeubles
identiques aux volets tous baissés. Les ex-bureaux
d’une administration du régime ? Ou une entreprise
en faillite ?
207
Rollers aux pieds, tu as patiné longtemps avant de
trouver un arrêt de bus. Depuis, tu es assise sur son
banc, au pied d’un poteau électrique dont les câbles
vrombissent par intermittence. Vrzbzzz. Le genre de
bruit qui rend dingue, un truc entre le grillon et la
fraise de dentiste. Sans parler de l’électricité statique
qui fait se dresser tes cheveux sur ta tête.
208
Dents serrées, tu plonges tes yeux dans les leurs et
lance froidement :
– Vous êtes des voleurs ?
Ils échangent un regard entre eux.
– Mieux que ça : des cambrioleurs !
– Ouais, Mitch a raison ! Les meilleurs braqueurs de
Petria, même.
– Dix ans de carrière et que des succès.
Ils ont l’air si fiers qu’ils se font des high-five pendant
que tu te prépares à fuir ces fous au prochain
ralentissement. En tirant ton trombone du side,
tu défais le tendeur du sac qui laisse échapper un
tourbillon de papiers verdâtres.
– Han, c’est une saboteuse ! Sors la Bête !
– Le plus urgent, Stan, c’est que tu
t’arrêtes.
209
Mince, tu devrais peut-être changer de débardeur ou ajuster
tes cheveux pour ne pas paraître trop négligée ?
Devant l’entrée, une banderole blanche “Welcome ! The
Night Skies Campground” pend mollement. Hm, pas dit que
tu doives faire de gros efforts vu le niveau attendu… Quand
même, tu déposes ton sac et t’agenouilles pour chercher une
brosse à cheveux. On y voit rien dans le noir…
Un moteur rugit soudain. C’est là que tu sens une rafale
de vent te passer au-dessus du crâne. Un véhicule vient
de te frôler à pleine vitesse. En te retournant tu vois une
camionnette noire fuir. Par sa vitre ouverte dépasse un
manche qui aurait pu t’assommer.
Ton cœur a sauté un battement. Tu vérifies par acquit de
conscience mais, non, il n’y a pas de sang dans tes cheveux.
Le goût de la bile emplit ta bouche. Paniquée, tu te jettes dans
le camping.
Rends-toi en 97.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
210
– Une seule question ? Est-ce toi qui a ruiné Petria ?
– De… de quoi ?
Rends-toi en 70.
211
La climatisation à 12°C, une musique de xylophone
et des lumières surpuissantes donnent un air de
cauchemar à cette supérette. Haaa ! Ce que tu avais
pris pour une serpillière se redresse d’un coup. Une
vieille femme aux cheveux filasse te tend une assiette.
212
En garant la voiture sur le parking du Night Skies
Campground, tu t’es demandé pourquoi tu étais
revenue ici ? Bien sûr, il y a tes affaires et ton
trombone, mais revoir Jeffrey allait forcément mal se
passer. De fait, il s’est tout de suite plus intéressé aux
bosses sur sa précieuse BWIII qu’à ton histoire.
Continue en 107.
213
Quelqu’un a pendu une banderole blanche clamant
“Welcome ! The Night Skies Campground” à l’entrée.
Un… camping ? Pas exactement ce que tu attendais
comme refuge mais pourquoi pas. L’occasion de faire
des rencontres.
Va en 97.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
214
Au début, tu suis ce long tuyau qui rampe au milieu du
sable comme une enquêtrice sur une piste. Mais très
vite, tu te lasses. Au bout de quelques kilomètres, tu
l’abandonnes pour escalader une paroi rocheuse. La
rocaille t’abîme les ongles mais, d’en haut, tu as une
superbe vue d’ensemble sur… rien. La désolation de ce
pays te fait grincer des dents. Vivement la frontière…
– M’emmener où ?
216
Tu n’as jamais couru si vite. Tes poumons et tes
cuisses pourraient éclater. Mais cela ne sert à rien, tu
arrives trop tard. Kaito gît au sol, criblé de balles.
217
Carl s’est fait couper les cheveux en brosse flat top et
est en train de manipuler deux lecteurs de cassettes
reliés l’un à l’autre. Le téléviseur est toujours là,
retransmettant cette fois un meeting pro-Tyrak, mais
Carl n’y prête pas attention. Entre deux éruptions
musicales acid house, il te décrit son nouveau projet,
surexcité : il va faire un show pour Tyrak.
Il compte se rendre à la grande fête qu’organise le
régime pour lever des fonds pour la réélection. La
Tyrak Donors Party. Tu lui expliques que cela ne se
passe pas comme ça, que le régime ne fonctionne
qu’en vase clos mais il s’en fiche, certain que son
talent lui ouvrira toutes les portes.
Rends-toi en 24.
218
Blanche et noire, une voiture de police vous dépasse
assez lentement pour que le flic vous dévisage par
la vitre. Il fait signe de se rabattre ; votre conductrice
s’exécute et le van familial se gare. Un policier roux
aux cheveux sculptés dans la cire vient tambouriner à
la vitre.
– Brigade routière, m’dame. Vos papiers !
Au volant, Annie s’exécute avec zèle et ça t’agace.
– Ce sont vos gamins à l’arrière ?
Comme l’agent contourne le véhicule pour
questionner l’auto-stoppeur, tu détournes le regard,
ROAD 96: ABOUT A GIRL
220
Petria, patrie de la corruption : plus on s’écarte de
l’entrée et moins les voitures sont prestigieuses…
Enfin, cette berline-ci est plutôt chère mais
quelqu’un doit dormir dedans si on en juge par le
tas de fringues sur la banquette arrière. Ha non, son
passager est juste à côté en train… de se changer ?
Il enfile un T-shirt vert fluo et se regarde dans un
miroir puis décide de l’enlever. Un peu gênée, tu te
détournes mais il prend alors une pose qui te rappelle
étrangement quelqu’un…
Si tu as un portfolio dans ton inventaire, rends-toi
en 232, sinon va en 115.
221
Tu arrives au niveau des portes arrière quand les
phares rouges se rallument d’un coup. Deux yeux
diaboliques qui te défient. Comme quand tu avais
8 ans, et que tu te relevais la nuit pour aller au petit
coin ; tu traversais l’immense couloir, épiée par les
caméras de sécurité de ton père. Ces lumières rouges
ont rallumé un traumatisme en toi.
Un bruit rauque retentit. Nuage de fumée, crissement
de pneus, la camionnette noire démarre d’un coup.
Dans une tornade de poussière, elle s’évanouit. Avant
que tu aies compris ce qui se passait, une voiture de
police passe devant toi à toute berzingue comme pour
la rattraper.
Les deux moteurs disparaissent au loin pendant que
tu tousses de la poussière, pliée en deux. Première
leçon de Petria : il te faut un refuge. Dehors, tu ne
survivras pas longtemps.
Reprends ton souffle et rends-toi en 207.
222
Tu tournes les molettes de ton talkie-walkie pour
scanner les fréquences et une voix de femme
robotisée surgit entre les interférences. « ...une inf...
tion imp…tante concernant le c...mion ». C’est haché
mais la voix te dit quelque chose. Tu lèves le volume.
«...sportait pas du pétr...le comme il prét...dait mais un
min…ais ».
Rahh, tu règles les molettes pour mieux capter. «...enu
des mines de l’Est. Dites-moi ...pidement si je do… faire
…ercepter. Stop ». C’est plus fort que toi, tu presses le
bouton Talk du talkie
– A- Allo ?
– Intrusion sur ...igne. Je répète ...sion sur la li… ch…nge
de fréquence. Sara, terminé.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
223
Denny jette un regard périphérique et reprend à voix
basse.
– Quand Totoil a été racheté par Fossoil, plein
d’employés ont été virés à la raffinerie. Les gars du
syndicat ont enquêté et trouvé des… Des fausses
factures, on dit ? Alors ils ont fait grève.
– Mais tu as parlé d’électronique, pas de pétrole ?
– Mon père réglait des sondes pour les pipelines et
je l’aidais. Un jour, la police est venue tabasser tout
le monde. Ils disaient que le syndicat abritait des
Brigades Noires. J’ai été à l’hôpital ; mon père n’a pas
eu cette chance.
– Quelle horreur… Tout ça pour des factures ?
– Non : des dessous-de-table, m’dame ! Quelqu’un
faisait virer les ouvriers et empochait leur argent.
Si tu possèdes un sticker Revolution!, rends-toi en 73.
Si tu lui dis de te méfier des Brigades, va en 304. Si au
contraire, tu lui dis que tu cherches à les joindre, va
plutôt en 93.
224
Tu es recroquevillée derrière la tractopelle quand le
policier ouvre la porte du conteneur en couinant. Il
sort une lampe torche et entre, ce qui t’arrache une
grimace : cela pourrait être toi, là-dedans… Espérons
que Max a eu le temps de se planquer. Toi, tu as à faire.
225
Est-ce qu’on peut baisser la lumière ? Tu as
affreusement mal aux yeux et à la tête. Tu n’as jamais
été ivre mais ça doit ressembler à ça. Sauf que tu as les
mains scotchées dans le dos. Ligotée à une chaise, un
projecteur en face de toi.
226
Tu attendais un peu autre chose... Amira n’a pas été
tendre avec toi.
– Disparue pendant 15 jours sans un mot, c’est déjà
pas sympa, mais je pensais que tu m’aurais ramené
une surprise.
– Quel genre de surprise ?
– Ha ! Un autographe de Sonya Sanchez, pardi ! Tu
habites à côté d’elle et tu sais que je l’adore…
Rends-toi en 24.
227
Quelques pas à travers les allées du camping et tu
termines ta boucle devant la cabane où Denny s’active
sur un boîtier électrique. Tournevis entre les dents, il
entortille deux fils dénudés. Des étincelles jaillissent
dans la nuit. Tu entends un clac sonore provenant de
la porte de la cabane et il referme le boîtier avec un
sourire complice.
Va en 155.
228
Tu te concentres sur ta respiration pour essayer de
te calmer. Après tout, si ce sont des voleurs, qu’ils
prennent tes affaires. Toi, tu ne leur sers à rien…
230
Tu as froid maintenant. Les nerfs, sans doute. Un
téléphone a sonné. Cela fait quoi, deux heures qu’ils
ont refermé la porte ? Le double ?
Rends-toi en 296.
231
Tu t’accroupis pour ramasser le sac en peau de
serpent avec une chaîne dorée et remets dedans tout
ce qui en est tombé. Beurk ! Le sol est humide et tu
espères que ce n’est que de l’alcool renversé…
Continue en 32.
232
Voilà qu’il ondule son corps dans sa nouvelle tenue
(un survêtement et un débardeur blanc). Cette fois, tu
en es certaine : c’est Carl.
Ceci dit sans joie mais plutôt sur un ton qui signifie :
“je te l’avais dit... !”.
Continue en 193.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
233
Tu pousses le levier vers l’avant et trouve, avec un peu
de difficultés, un endroit où il semble s’emboîter sans
faire de bruit. Quand tu le lâches, il reste à la place où
tu l’as mis. Tu sens une résistance sous ton pied. Par
instinct, tu remontes la pédale gauche.
La voiture bondit en avant. Tu enfonces la pédale
d’accélérateur et érafle un break marron. Un coup de
volant et tu slalomes entre les rochers du parking,
manquant de peu une benne à ordure. Au bout
de quelques mètres tu prends le coup et modère
l’accélération avec la pédale de droite. Ce qui signifie
que, cette fois, c’est parti !
Rends-toi en 120.
234
Au sol, l’homme ne remue pas d’un poil. Ses maigres
membres sont figés. Ouais ben là, au moins, il ne tuera
personne…
Un peu honteuse d’avoir de telles pensées, tu le
regardes mieux. Son chapeau est tombé de côté. Au
milieu des cernes grisâtres, ses yeux sont révulsés.
Pas sûr que ce soit bon signe, ça.
Tu culpabilises et tu t’approches de lui (va en 87), ou tu
restes bien à distance et attends (va en 177) ?
235
Le long bus manœuvre pour se garer devant la
caserne. D’autres voitures de police sont là, ouvrant
leurs portes. La policière te fait sortir mais tu n’as
d’yeux que pour ce bus dans lequel sont déjà assis
plusieurs ados. Ventousés à leur fenêtre, ils ont l’air
épuisés. Certains ont le crâne rasé, le visage émacié.
Garçons et filles sont indiscernables.
Imitant les autres, tu avances vers l’autobus d’où
sortent des gardiens armés pour se poster devant.
Mais… ? Ce regard-là, à la vitre : c’est Kaito !
Tu cries et lèves les bras mais au même moment
retentit un crissement strident. Tout le monde s’agite
devant toi, affolé. En te retournant, tu vois un camion
qui te fonce dessus. Tu sens ta dernière heure arrivée
mais le camion dérape et s’immobilise. Une demi-
douzaine d’hommes et de femmes en jaillissent,
cagoulés et des bombes incendiaires artisanales à la
main.
Pas d’hésitation : tu cours vers l’autobus (va en 147) ou
vers la voiture de la policière (plonge en 205) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL
236
Il semble que vous passez un contrôle. Tu n’oses
pas ouvrir le coffre pour regarder, te concentrant au
contraire pour le maintenir entre tes doigts crispés.
C’est bon, votre conducteur a fait le nécessaire. La
musique du festival se rapproche. Carl a ouvert sa
vitre et guide son chauffeur, sûrement jusqu’au lieu
de son spectacle. Mieux vaut filer avant.
237
Le moteur tourne sagement et ton pied gauche
maintient la pédale à terre quand tu abaisses celle
de droite en même temps. La voiture se met à
rugir, t’obligeant à tout lâcher pour faire taire cette
tronçonneuse.
Le moteur se calme, tu hésites : faut-il enfoncer le
levier de vitesse (en 233) ou remonter d’un coup la
pédale de gauche (en 246) ?
238
Pendant que les passagers descendent, tu te glisses
sous la banquette. Le bus redémarre et entre dans
un hangar. Tu entends le chauffeur griffonner des
papiers puis il remonte le couloir de son bus d’un pas
lent.
239
Tu longes cette galerie marchande et vois des affiches
pour les élections collées sur les volets fermés.
Surtout pour réélire Tyrak mais il y en a une pour sa
concurrente, une dénommée Florès.
240
Le caissier glisse ta carte dans sa machine. C’est une
« Petroteen », un compte que ton père crédite pour
que tu puisses manger le midi.
241
– Je ne suis PAS Kaito ! Je ne serai jamais votre pion.
J’ai pas quitté une prison pour me jeter dans une
autre !
– Du loup ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL
Ça te surprend. Tu réfléchis.
242
Voler, c’est mal. Aucun doute là-dessus, mais…
comment leur dire ? Tu marches sur des œufs.
– Euh, j’imagine que çaaaa… dépend. De ce qu’on vole.
Et du voleur aussi ! Celui à qui on prend les choses,
pas celui qui le re-vole…
– Stan, je comprends pas ce qu’elle dit.
– Moi non plus : c’est bien ou c’est mal de voler ?
Tu avales péniblement. Et puis mince, tu ne vas pas
te compromettre pour deux zinzins alors autant être
franche.
– Voler, c’est MAL !
Comme deux mômes pris le vif, ils se regardent en
silence… avant de se mettre à crier de jubilation.
– Tu vois que j’avais raison : on est le mal !
– Ouais, on est trop forts ! Tout le monde nous craint.
Oh punaise, c’est pas passé loin…
Rends-toi en 142.
243
Ça a marché, on dirait. Tu as couru quinze minutes,
peut-être quinze heures si on en croit ton rythme
cardiaque, et personne ne t’a rejoint. Maintenant
tu remets tes rollers et suis une route secondaire
espérant éviter les policiers qui patrouillent sur les
voies rapides. Le risque, c’est que c’est qu’il te faut
un endroit pour dormir ce soir et qu’on ne voit ni
commerce, ni voiture là. Ha si : un véhicule est garé au
prochain carrefour !
Rends-toi en 221.
244
Tu trouvais que c’était l’anarchie dedans ? Alors
dehors c‘est le chaos. Une demi-douzaine de voitures
de police sont garées en pagaille, encerclant la
limousine dans laquelle se déplace ton père. Le
parking est un labyrinthe éclairé seulement par des
gyrophares. Profitant de la panique, tu te faufiles
entre les voitures. Derrière, l’Iron Shore Café est un
vrai feu d’artifice.
Forçant le passage, un van de GNN arrive en
dérapant ; ses portes s’ouvrent et une équipe jaillit
avec une caméra.
Si tu te jettes dans le van, va en 201. Si tu préfères
foncer vers les buissons qui bordent le parking, va
en 40.
245
Le ton monte derrière. Ils doivent fouiller tes affaires
à la recherche de ce qui vaut le plus cher. Toi, tu sais
déjà que… c’est toi.
– Écoutez... Je ne vous en veux pas. Je veux juste
qu’on…
Tu tournes la tête pour leur parler mais, non, ça fait
trop mal.
– Mon père s’en fiche de moi. Il ne paiera pas de
rançon.
Le projo te brûle les yeux. Ou alors ce sont les larmes ?
– J’ai sali son image. J’ai approché les Brigades… Je suis
un fardeau dont il veut se débarrasser, pas un bijou à
récupérer.
Tu aimerais essuyer ton nez et tes joues mais, ça non
plus, tu ne peux pas.
Va en 258.
246
Le moteur ronronne toujours quand tu remontes le
pied gauche mais rien ne se passe. Mince… Dans le
doute, tu la renfonces et fait le tour de ce qui te reste :
presser la pédale de droite en même temps (va en 237)
ou manipuler le levier de vitesse (va en 233) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL
247
Irene ralentit devant une palissade branlante. On
dirait un bidonville mais c’est un camping. Le van
s’immobilise un peu avant l’entrée.
– Prends tes affaires, je vais me garer derrière. J’peux
pas laisser le van visible devant.
Si elle le dit… Tu prends ton sac à dos et descends.
– J’vais aller voir le propriétaire. Il est sympa et m’doit
un service. Il devrait pouvoir t’héberger un moment.
On s’rejoint dedans.
Tu longes la palissade tandis qu’elle braque derrière
une dune.
Est-ce que tu te prépares pour faire bonne impression
à ton futur hôte (rends-toi en 209) ? Ou bien tu
considères que les autres doivent t’accepter comme
tu es (rends-toi en 213) ?
248
A peine entrée, une vague de chaleur moite échoue
sur ton visage. Tu viens d’arriver dans le dos d’un
podium monté sur une mini estrade. Mais au-delà, au
moins deux cents personnes en chemise ou robe dos-
nus transpirent sur un dancefloor endiablé. A mieux y
regarder, le sol se révèle être une bâche tendue entre
une dizaine d’enceintes, évoquant plus un cirque
qu’un nightclub.
Quelque chose bouge dans la pénombre. Un énorme
fly case sur lequel est écrit à la bombe « Console DJ »
attire ton regard, juste à temps pour voir une main
disparaître à l’intérieur et la boîte se refermer toute
seule ! Hum…
Un rideau s’écarte sur deux costauds en T-shirt
rouge et jaune (les couleurs de Petria), suivis par une
femme, casquette à l’envers. Ils se mettent à installer
des platines vinyles sur le podium. Mine de rien, tu
te rapproches du rideau. Quand tu arrives, le fly case
est ouvert... et vide. La DJette donne des consignes à
l’oreille des costauds rendus sourds par la musique.
Tu te glisses derrière le rideau sans être vue.
Continue en 263.
249
Rapidement, tu te félicites de ton choix vu qu’il y a de
plus en plus de véhicules sur cette route. Il y a même
un autobus qui te dépasse et se rabat vers un abri en
béton. Oh punaise, c’est un arrêt !
Tu piques un sprint. Heureusement, une femme
avec un bébé dans les bras garde la porte ouverte
assez longtemps pour que tu sautes à l’intérieur. Tu
sors toute ta petite monnaie devant le conducteur
ROAD 96: ABOUT A GIRL
250
Tes cuisses crient à l’aide. Tu as gravi trois paliers de
plus en entendant les pas de ton prédateur résonner
dans l’escalier. Tu es épuisée. Un tir retentit et ricoche
dans la structure métallique. Tu reprends l’ascension
avec difficulté. Tu es presque en haut. D’ici on voit
toute la raffinerie, les derricks, la station et même
la camionnette garée dessous. Mais il n’y a plus rien
d’autre…
Une autre balle siffle dans l’air. On dirait qu’il veut
te faire descendre. Mais tu ne te rendras pas : tu
enjambes le garde-corps et attrape un pylône. Tu
le serres et te laisses glisser comme sur un mât de
pompier. Mais la fatigue de tes muscles est fatale : tu
ne relâches qu’une seconde mais elle suffit à te faire
chuter…
Ton aventure se termine ici. Tu peux recommencer
au premier chapitre ou retenter une autre approche
en 202.
251
– Tu sais bien ! Je veux dire, toi aussi tu as vécu en
attendant le retour de ta mère.
– Tu te souviens de ça ?!
Ton père lui avait dit qu’il te gardait et que “ça la ferait
revenir” ; mais je crois qu’elle n’est jamais rentrée…
Tiens, garde-la.
252
Des vérins soulèvent un énorme pick-up sous lequel
deux jeunes mécanos se glissent. Tu es absorbée par
les carrosseries galbées reflétant les tubes au néon.
Une gerbe d’étincelles te fait soudain reculer et tu
trébuches dans les bras d’un type.
253
Tu l’as vu faire. Tu sais de quoi ils sont capables, lui et
l’autre au chapeau de cowboy. Tu ne te farciras pas ce
qu’ils ont infligé à Kaito : tu attrapes tes sacs et ouvres
la portière.
254
Après que le break t’a déposée, tu as longé un pipeline
pendant une heure, pouce levé. C’est marquant
combien Petria est lié à ce pétrole qui court à travers
le pays comme des veines dans un corps. Mais au fait,
où est le cœur ? Ton père doit le savoir lui…
255
– On n’y gagne rien, jeune louve. On se bat justement
contre ceux qui s’enrichissent sur notre dos.
“On” ? Tu fronces les sourcils.
– Pff, oublie les Brigades : j’ai besoin que tu sortes un
ami d’un piège. Tout seul, il va droit au casse-pipe.
– …D’accooord. C’est où ?
– Ha, super ! Je vais te montrer sur une carte, il va
s’infiltrer à la Tyrak Donors Party.
– Quoi ?! Tu es malade ? Mais je ne peux pas entrer
dans la méga-fête du président ! C’est ultra-défendu.
– C’est pour ça que j’ai besoin de toi : mon petit pote a
été... manipulé. Tu vas le raisonner. Attends, avec ça, il
saura qu’il peut te faire confiance.
John décolle un autocollant de son boîtier de CiBi – un
octogone rouge avec un poing révolutionnaire – et le
colle sur ton trombone.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
256
– Je travaille ici, monsieur l’agent. Serveuse, à vot’
service !
Tu lui sers ton plus beau sourire avec ça. Et il te le
rend bien. Ses bajoues remontent et on dirait un gros
toutou prêt à jouer. Il regarde ta voiture de la calandre
au pot d’échappement.
– Une BWIII ! Ça a l’air de bien payer, dites-donc…
Il fait une moue faussement admirative. Puis d’une
voix profonde :
– Vos papiers, Mademoiselle…
Le gros chien montre les dents pendant que tu
cherches comment t’en sortir. Les premières idées qui
te viennent : prétexter une course urgente (283) ou
l’envoyer à l’intérieur (293) ?
257
Tu te jettes dans une contre-allée et contourne à toute
vitesse les boutiques. Rapidement, le parking apparaît
derrière un muret. Punaise, la police est justement
garée là ! Derrière leur voiture, tu distingues la forme
imposante d’une camionnette. Un van foncé qui fait
un demi-tour.
C’est pas vrai... Non, ça ne peut pas être le même. Pas
encore…
Si tu vas demander de l’aide à la police, rends-toi
en 184. Si tu prends ton courage à deux mains et
marche droit sur ce van, rends-toi en 67.
258
Tu as abandonné l’idée de t’échapper. Ces gens vivent
un enfer et tu es leur moyen de sortie. Comme ces
coupons qu’on distribue aux employés de White
Sands pour déjeuner ou pour quitter le condo. Cela
t’horrifie plus que ça te met en colère. Tu penses à
Kaito, à ses parents. Quelque part, ils avaient raison.
Courant d’air. Une porte ? Un homme approche dans
ton dos, tranche tes liens. Tu t’écroules sous l’effet
de l’épuisement mais il t’enveloppe d’un bras et te
soulève. Odeur d’huile de moteur quand il te porte
au travers des pièces. Tu sens l’air du dehors sur tes
joues.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
259
Tu te places au milieu de la route et saute en l’air
en agitant les bras comme une folle. La moto se
rapproche et tu réalises qu’il s’agit d’un side-car. Le
conducteur donne un coup de guidon à droite, un
autre à gauche et manque de se foutre en l’air.
Les freins hurlent, ils semblent trop vieux pour
réussir à remplir leur mission d’urgence. Ça crisse, ça
fume… De peur, tu lâches trombone et sac par terre et
places tes mains sur ton visage. Enfin, la moto s’arrête
à tes pieds, son phare avant contre ton genou.
Continue en 294.
260
Un jour, peut-être, l’informatique contrôlera le monde. Alors
on parlera d’Alex comme d’un sauveur, un héros. Ça ne fait
aucun doute, on fera un film sur sa vie, comment il est passé
de la débrouille à la présidence du pays. Alors ce jour-là, tu
voudras revoir cette scène où il a verrouillé les portes d’une
camionnette avec un électro-aimant bricolé en deux-deux.
261
Tu pensais contourner la piste de danse mais le
comportement des festivaliers te décontenance : dès
que tu passes près d’eux, ils applaudissent ou lèvent leur
verre à ta santé.C’est l’alcool ou quoi ? L’un te dit même
qu’il adore ton show… Haaaa, ouais, d’accord.
Continue en 263.
262
C’est l’épreuve du feu : il faut réussir du premier coup ce
que tu as péniblement appris aujourd’hui seulement. En
une fraction de seconde, tu tournes la clé, enfonces la
pédale, abaisses le levier de vitesse et accélères de l’autre
pied.
Va en 50.
263
La pièce est en fait un passage. Un sas fait de deux
bâches suspendues entre le chapiteau du Club
Petryak et une remorque de poids lourd. Tu traverses
cet étrange couloir où a été déposé du matériel de
sonorisation. Dans la remorque bourdonne un groupe
électrogène mais ce qui te surprend le plus, c’est ce
môme, par terre. Armé d’un cutter, il est en train de
dénuder un câble.
– Alex ?
Continue en 194.
264
C’est maintenant que ça se joue, les premiers mètres.
Tu serres ton sac et ton trombone contre toi et tu
sprintes. Tu longes la ligne blanche à fond la caisse
puis jettes un œil en arrière pour voir. Après tout,
les policiers étaient pressés, ils ont plus important
que toi… Pas de bol, le policier s’est arrêté et tu vois
tourner les flashs bleus sur son toit. Pas le choix, il va
falloir accélérer. Rends-toi en 6.
265
Tu sors le jeu et lui file les pions jaunes. La partie
est rapide car tu es hyper douée mais tandis que
s’alignent tes jetons rouges, vous discutez. Il est cool
et assez drôle. Il reconnaît être en route pour le Mur
de Tyrak. Il espère franchir la frontière en passant
par d’anciens tunnels. Confidence pour confidence,
tu lui avoues que tu es la fille du ministre du Pétrole
et ça le scotche : une fille de White Sands sur la
route ?! Avant de pouvoir briser les clichés, le couple
vous interrompt pour vous demander pour qui vous
allez voter. L’auto-stoppeur botte en touche et cela
t’arrange. A quoi bon une élection quand votre mère
et votre meilleur ami sont portés disparus ?
266
– Cela va aller, monsieur ?
267
– Jeffrey, tu as besoin de moi ? Moi j’ai besoin de
retrouver mon ami Kaito. Si tu m’aides, j’irais où tu v...
268
Votre camionnette passe la barrière et remonte un
couloir fait de grilles. De l’autre côté s’élèvent des
tentes, des stands et des baraques en tôle. Le festival.
– Bien joué, frangine ! Continue, il faut qu’on trouve la
VIP Room.
– Pourquoi ? Tu m’as même pas dit ce que tu faisais ici,
au fait…
– Je vais coller des micros à l’équipe de Tyrak.
– De quooooi ?!
Au bout du chemin, un chapiteau devant lequel des
vigiles patrouillent. A côté, un petit parking porte la
mention « Réservé VIP ». Par réflexe, tu braques bien
avant, la camionnette se faufile entre deux tentes et tu
coupes le moteur.
– Désolé Alex mais aller plus loin serait trop risqué. Tu
crois que tu peux nous trouver un autre accès ? Alex ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL
269
Heu, c’était pas prévu ça… A l’intérieur du conteneur,
il y a des planches, des bobines de câble, des sacs de
ciment empilés sur une palette et un sac de couchage.
Couché dessus, un garçon de ton âge, bandana dans
les cheveux, qui devait dormir quand tu es entrée.
– Hé ho ? Y’a quelqu’un… ?
270
Tu jaillis de ta cachette et plonge sur l’homme. Tu
lui décoches un coup de poing qui décroche son
masque. Ce visage ? Tu le connais ! Tu l’as déjà vu il y
a longtemps… Mais l’homme lève sa batte et frappe à
son tour. Un coup tranchant qui t’atteint à la tempe.
Un nuage de sang brouille ta vue. Tu as le temps de
le voir te saisir et t’emmener dans ses bras avant de
perdre conscience… Ton aventure se termine ici. Tu
peux recommencer au premier chapitre ou retenter
une autre approche en 202.
271
Deux agents montent l’escalier en bois de la
réception. Tu refermes le pot de peinture, descends
et te rapproches de l’entrée pour surprendre la
conversation.
272
A peine ses passagers déposés, le bus entre dans un
hangar. Tu le suis et découvre une demi-douzaine
d’autobus hors d’âge stationnés. Le chauffeur repart
dans une voiture ridiculement petite pendant que tu
fais le tour. Concluant que ce dépôt est vide de toute
présence humaine, tu trouves un endroit sans néon et
sors ton duvet. Comme il reste éclairé toute la nuit, tu
t’endors difficilement.
Aux aurores, tu profites des sanitaires pour faire ta
toilette et te changer. Tu montes en douce dans le
premier bus arrivé pendant que son conducteur boit
un café.
Rends-toi en 99.
273
Tu vas ouvrir le coffre comme la chemise blanche te l’a
demandé, mais tu hallucines en le voyant revenir aux
commandes d’un transpalettes. Dessus, une douzaine
de cartons.
274
– A dire vrai, je ne suis pas partie pour fuguer. J’ai…
aidé les Brigades Noires. Malgré moi.
– Hein ? Où ça ?
275
L’entrée du camping a été minutieusement pensée
par son cher propriétaire : malgré l’aridité des rochers
et arbres de Josué, les plus beaux mobile-homes y
sont mis en avant, accessibles par de petits escaliers
faits main. Sous une marquise, un chemin monte
jusqu’à la réception. Le long d’une terrasse en bois,
une caravane s’est récemment installée sur le plus
grand emplacement. En passant devant, tu entends
une télé qui braille.
276
Un rapide détour te confirme ce que tu sais : Jeffrey
est toujours en train de sermonner Carl. Si ça n’était
pas si drôle d’entendre sa voix de fausset faire la
leçon, ce serait presque gênant pour le pauvre Carl. Tu
reviens sur tes pas jusqu’à la cabane.
Continue en 227.
277
Les surveillants sont déjà dehors ainsi qu’une
majorité des enfants ; ceux qui restent sont paniqués.
Tu traverses l’autobus enfumé en les poussant,
subissant leurs cris et leurs coups. Enfin, tu arrives
devant Kaito, prostré sous un siège.
Rends-toi en 124.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
278
Tu pousses la porte des toilettes des filles et on voit
tout de suite pourquoi elles sont interdites : il y a 2 cm
d’eau au sol. Tu patauges jusqu’à une cabine et te
soulage. Une toilette rapide aux lavabos et tu es prête
à repartir.
Rends-toi en 180.
279
Le camping est assez rempli ces jours-ci.
Surplombant l’entrée se trouve la réception, un accès
au parking et les caravanes les plus récentes dont une
arrivée juste ce matin. La place centrale rassemble les
bungalows et caravanes des habitués autour de tables
et parasols, ainsi qu’une cabane où se rend parfois
Jeffrey Bonnaro. Dans le fond se terrent les caravanes
les plus amochées ou logent les ados de passage…
281
– Yo, penche-toi, meuf ! Faut pas qu’on me voie...
Tu t’accroupis et le rejoins. Voyant le sticker
Revolution! sur ton trombone, un large sourire
illumine son visage.
– Trop fort ! C’est donc toi qui viens m’aider à entrer...
La police ? Mince...
– Okidoki, meuf !
Rends-toi en 260.
282
Arc-boutée pour pas trop être vue de l’extérieur, tu
manipules un bouton cassé qui finit par laisser la
boîte à gant s’ouvrir. Un vrai bazar en tombe : un plan
de la région, un gant, des ampoules de phare et un
tournevis.
283
– Désolé, mon patron m’envoie expédier un colis en
urgence.
Continue en 50.
284
Il te fixe sans un mot, soupesant la confiance qu’il
peut ou non avoir en toi. Puis lâche : « C’est une radio
trafiquée. J’écoute les fréquences de la police ».
285
Tu passes son bras autour de ton cou et glisses le tien
sous ses cuisses. Ton dos gémit mais tu tiens bon et
emmène Kaito. Mais où ? Où aller ?
– Z… Zoé. T’as v… vu ?
286
Tu ne sais pas encore quel baratin tu vas inventer
mais tu marches d’un pas sûr vers la limousine. Ha
bah, ça c’est pas mal ! Tu reconnais cet autocollant
GNN sur la portière, c’est sûrement la voiture de
Sonya Sanchez. Ton ancienne voisine de White Sands
et toi, vous vous entendiez bien avant qu’elle ne
devienne une célébrité. Croisons les doigts.
– Oh merde… Adam ?
Va en 81.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
287
L’homme ouvre ta portière. Il tient un fusil de chasse
dans la main gauche mais la droite montre sa paume
ouverte.
– Hey, tout va bien, on est les gentils.
Il a un sourire ambigu sous ses lunettes rondes qui
fait remonter deux favoris blonds sur ses joues. D’une
main, il t’aide à sortir. Devant la caserne, la fusillade
redouble. Genoux en terre et les deux mains sur leurs
crosses, les policiers assurent des tirs nourris. Tu
t’étrangles envoyant une femme avec une cagoule
tomber en arrière dans une gerbe de sang.
– Fillette, tu es libre… A toi de nous rendre la pareille
maintenant.
Ha, ça t’aurait étonnée. Ils sont bien tous pareils… Il
saisit ton poignet et met quelque chose dans ta main.
C’est lourd. Très lourd. Tu baisse la tête : c’est un
revolver.
D’un mouvement de tête il te montre la caserne et se
met en position pour te couvrir. Alors tu baisses la tête
et tu sprintes.
Si c’est le bus que tu vises, en espérant que c’est Kaito
que tu y as vu, rends-toi en 122. Mais si tu prends la
direction opposée pour quitter cette fusillade tant
qu’il est encore temps, fonce en 8.
288
Les stands de jeux offrent quelques divertissements,
mais l’attraction centrale de cette zone est l’accès au
dancefloor central d’où s’échappent la musique et
les lasers. Si tu en doutais, le chapiteau est surmonté
par une gigantesque étoile en néons, emblème
de la chaîne nationale GNN. Une cinquantaine de
personnes font déjà la queue pour y accéder, stoppés
par un vigile monumental.
Rends-toi en 15.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
289
Tous les participants du 100 m haies sur la ligne de
départ ! Dehors, des clés tintent. La poignée bouge.
A vos marques, prête ? La porte glisse et dévoile
la silhouette d’une femme qui tient une batte en
aluminium. Feu !
290
Tu as compris la leçon : s’arrêter dans Petria c’est
risquer de mauvaises rencontres. Ce pays s’est bâti
sur un réseau de routes toujours plus longues pour
pouvoir fuir son prochain. Le régime y a ajouté assez
de stations-service pour que cette fuite ne s’arrête
jamais.
291
Des voix rugissent dans le sas. C’est Sonya et son
chauffeur qui s’engueulent.
292
Tu entends un cri et reconnaît la voix de Kaito. Le dos
contre le bus, tu poses le canon de ton arme sur tes
menottes et presse la gâchette. Cling ! Te voilà libre.
Tu jettes le flingue et jette un œil au coin. Les flics
tirent Kaito par les pieds, l’emmenant avec les autres
prisonniers dans la caserne. Soudain, une policière
émerge avec une lance à incendie dans les mains et
un jet puissant balaie le terrain. Les derniers fuyards
tombent au sol ; les Brigades fuient. Tout est raté, il
faut te replier aussi.
294
– Je te l’avais dit : tu ne sais pas conduire !
296
Une portière claque. Un moteur démarre.
Vibrations. Ça roule. Quand tes yeux retrouvent leur
fonctionnement, tu vois tes sacs devant toi : tu es dans
un camion.
297
D’un pied sûr, tu pousses la pédale de gauche jusqu’au
plancher. Pas de bruit, pas de tremblement. Veux-tu
tourner la clé de contact (rends-toi en 53) ou enfoncer
la pédale de droite (44) ?
298
Est-ce la musique ou Carl qui t’agace le plus ? En
tous cas tu es retournée à ta caravane récupérer
l’arme parfaite pour cette opération… Et te voilà au
trombone, à enchaîner les morceaux que tu connais
par cœur ; essentiellement des classiques de fanfare.
Et plus il râle que tu l’empêches d’entendre sa
musique, plus tu joues fort.
299
– Je n’ai plus mes papiers, on me les a volés.
– Vas-y, décris-le-moi.
300
Pendant une heure, John a conduit en te racontant ce
que tu avais évité.
301
Tu poses ta main sur le levier et le pousse vers l’avant.
Rien ne se passe. Tu veux tourner la clé de contact (va
en 170), enfoncer la pédale de droite (en 44) ou celle
de gauche (en 297) ?
ROAD 96: ABOUT A GIRL
302
– GNN ? C’est moi ! Sa popularité ? C’est moi ! Même
c’t’élection, elle est entre mes mains, les cocos…
Sonya secoue sa bouteille et une pluie de champagne
arrose tous ceux qui l’écoutent, ce qui lui décroche un
éclat de rire.
– La vérité, c’est que Tyrak me doit tout. TOUT. Mais,
qu’est-ce que tu veux, c’est plus facile d’effacer les
femmes.
Des « Hoooo » montent ici et là, tandis que d’autres
sont morts de rire. Elle se tourne vers toi :
– Hé, Chouchou… Tu le sais, toi, que c’est MOI la vraie
star, n’est-ce pas ? C’est dans MA villa que tout White
Sands vient, pas dans son palais pourri, là.
Un homme aux cheveux gominés prend une photo
d’elle en ricanant. Tu tends la jambe derrière lui et il
tombe à la renverse. Sonya explose de rire et nombre
des guests l’imitent. En relevant ce malotru, tu fourres
un micro dans sa poche et te dirige vers la sortie.
Une rumeur se répand soudain dans la pièce : Tyrak
serait arrivé au festival ! Tout le monde repasse dans
la grande salle et tu les suis avant de bifurquer vers le
local technique. Avant de passer derrière le rideau, tu
vois Sonya émerger du sas et tituber vers le podium
entouré de flics. Ça promet…
Rends-toi en 183.
303
Demi-tour, toute ! Tu vois Kaito, une main sur le
visage du policier, saisir un gros caillou… Il frappe une
fois. Deux fois et le flic s’effondre. Oh mon dieu…
304
– Mon ami a aidé les Brigades et… il a sans doute été
arrêté. Méfie-toi de ces gens-là, ils ne pensent qu’à
eux.
305
« PetriHouse : une maison cool comme une voiture de
course ». Sans doute le pire slogan du monde, pourtant
tout ici évoque l’automobile : pompe à essence
transformée en luminaire, cendrier en forme de
casque intégral… Autant vivre dans sa voiture, non ?
306
La cuisine déborde de vaisselle sale. Des piles
d’assiettes à même le sol, des colonnes de verres sur
une table et des plats plein de mousse remplissent
l’évier. Mais personne.
Tu saisis une bassine, la remplis d’eau au robinet et
retourne en salle. À chaque pas, tu en fous partout et
passer le comptoir n’est pas plus simple. Arrivée au-
dessus du macchabé, tu la vides intégralement sur sa
tête.
Le corps glisse de quelques centimètres sur le
plancher, mais si ça se trouve, c’est juste la vague
de flotte qui l’a poussé. Allez, tu vas rouvrir les yeux,
bordel ! Tu lui colles une violente claque. Continue
en 127.
ROAD 96: ABOUT A GIRL
307
En marche arrière, tu ressors du conteneur sur la
pointe des pieds. Ce Max, tu ne peux lui imposer ton
passé, tes ennuis… Dehors, le policier est penché
derrière une bétonnière. Tu refermes la porte
doucement mais elle grince quand même.
308
Tu détales jusqu’à trouver un trou dans le grillage
qui entoure la raffinerie et le traverse. Pour rejoindre
la route et la station, il faudrait repasser devant ton
prédateur... Alors tu te décides à courir en direction
des derricks. Très vite, un coup de feu éclate. Puis un
second. Le troisième soulève une motte de terre à tes
pieds. Tu plonges derrière un derrick et reprends ton
souffle. Un clic mécanique te laisse penser que son
arme est vide.
309
Tu en as assez vu de Petria à présent pour pouvoir
l’affirmer : voler est souvent une nécessité. Mais les
voleurs, les vrais, ne se cachent pas dans l’ombre ; ils
sont bien en vue et hauts placés… Mais eux deux, pour
qui volent-ils ?
– Oh ?
310
Tu observes les feuilles qui dansent dans le vent.
Assise par terre, menottée au fourgon, tu n’as rien
de mieux à faire. Elles vont et viennent. Parfois, la
poussière les plaque au sol ; parfois elles partent plus
loin que porte ton regard.