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Chapitre 5

Nombres premiers et applications

Sommaire
I Définition et premiers nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1
II Infinitude de l’ensemble des nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
III Test élémentaire de primalité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2
IV Divisibilité par un nombre premier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3
V Décomposition en produit de nombres premiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4
VI Pourquoi décomposer un entier naturel en produit de nombres premiers ? . . . . . . . 5
1 Pour savoir si un entier naturel est un carré parfait, un cube parfait, etc. . . . . . . . 6
2 Pour connaître le nombre de diviseurs d’un entier naturel et en établir la liste . . . 6
3 Pour calculer la somme de tous les diviseurs d’un entier naturel . . . . . . . . . . . 6
4 Pour déterminer le PGCD de deux entiers naturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
I Définition et premiers nombres premiers
Définition(s).
Dire qu’un entier naturel p est premier signifie que p Ê 2 et que les seuls diviseurs entiers naturels de p
sont 1 et p lui-même.

À noter.
L’exclusion de 1 de l’ensemble des nombres premiers permet de garantir l’unicité de la décomposition
en produit de nombres premiers.

Définition(s).
Un entier naturel n Ê 2 non premier est dit composé.

À noter.
Dire qu’un entier naturel n Ê 2 est composé équivaut à dire qu’il admet au moins un diviseur strict d :

n = dd′ avec 1 < d É d ′ < n.

En particulier, si un entier naturel n Ê 2 est composé, alors il admet au moins un diviseur strict d tel que

d 2 É n.

Autrement dit, si un entier naturel n Ê 2 n’admet aucun diviseur strict d tel que d 2 É n, alors n n’est pas
composé, donc n est premier.

Exemple(s).
Pour déterminer, parmi les entiers de 2 à 100, ceux qui sont premiers, on utilise une méthode pratique
et simple qui porte le nom de crible d’Ératosthène.
2 3 4 5 6 7 8 9 10
11 12 13 14 15 16 17 18 19 20
21 22 23 24 25 26 27 28 29 30
31 32 33 34 35 36 37 38 39 40
41 42 43 44 45 46 47 48 49 50
51 52 53 54 55 56 57 58 59 60
61 62 63 64 65 66 67 68 69 70
71 72 73 74 75 76 77 78 79 80
81 82 83 84 85 86 87 88 89 90
91 92 93 94 95 96 97 98 99 100
On barre tous les multiples de 2, sauf 2 qui est premier. Le premier nombre non barré après 2 est 3.
On barre tous les multiples de 3, sauf 3 qui est premier. Le premier nombre non barré après 3 est 5.
On barre tous les multiples de 5, sauf 5 qui est premier. Le premier nombre non barré après 5 est 7.
On barre tous les multiples de 7, sauf 7 qui est premier. Le premier nombre non barré après 7 est 11.
Tous les nombres non barrés ne sont pas divisibles par 2, par 3, par 2 × 2 = 4, par 5, par 2 × 3 = 6, par 7,
par 2 ×2 ×2 = 8, par 3 ×3 = 9 et par 2 ×5 = 10. Aucun d’entre eux n’a de diviseur strict dont le carré lui est
inférieur ou égal. Tous les nombres non barrés sont donc premiers.
Les . . .. . .nombres premiers inférieurs à 100 sont donc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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1
II Infinitude de l’ensemble des nombres premiers
Proposition II.1
Si n Ê 2 est un entier naturel composé, alors n admet au moins un diviseur strict premier d tel que d 2 É n.

Démonstration.
Puisque n est composé, le sous-ensemble A de N des diviseurs stricts de n est non vide, donc a un plus
petit élément d : n = d d ′ avec 1 < d É d ′ < n. On démontre par l’absurde que d est premier. On suppose
que d est composé : d = δδ′ avec 1 < δ É δ′ < d . Ainsi, n = δ(δ′ d ′ ) avec 1 < δ < d < n. Ceci est impossible
puisque d est le plus petit diviseur strict de n. Donc d est premier. Pour prouver que d 2 É n, il suffit
d’écrire que n = d d ′ avec 1 < d É d ′ < n.

Corollaire (Immédiat)
Tout entier naturel n Ê 2 admet au moins un diviseur premier.

Théorème
Il existe une infinité de nombres premiers.

Démonstration.
On raisonne par l’absurde.
On suppose qu’il n’existe qu’un nombre fini de nombre premiers et on note p le plus grand d’entre eux :

2 < 3 < 5 < · · · < p.

On introduit alors l’entier naturel


n = 2 × 3 × 5 × · · · × p + 1.
D’après le corollaire précédent, n admet au moins un diviseur premier d qui doit donc être un élément
de l’ensemble {2; 3; 5; . . .; p}. Il en résulte que d divise le produit 2×3×5×· · ·×p. Puisque d divise n, alors
il divise n −2×3×5×· · · ×p = 1. Étant donné que d est premier (d Ê 2), ceci est impossible. Donc il existe
une infinité de nombres premiers.

III Test élémentaire de primalité


Comment savoir si un entier naturel n Ê 2 est premier ou composé ?
On rappelle que si n n’admet aucun diviseur strict d tel que d 2 É n, alors n est premier. C’est en utilisant
ce critère que la fonction du script Python suivant teste la primalité d’un entier naturel n Ê 2.

2
Dans la fonction de ce script Python, on ne tient pas compte du fait que, d’après ce qui précède, pour
savoir si un entier naturel n Ê 2 est premier ou composé, il suffit seulement de tester la divisibilité de n
par tous les nombres premiers d tels que d 2 É n.

Exemple(s).
Le nombre 527 est-il premier ?
Pour répondre à cette question, il suffit de tester la p
divisibilité de 527 par tous les nombres premiers d
2 2 2
tels que d É 527, soit, puisque . . . < 527 < . . . ou 527 ≈ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ., par les nombres premiers
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IV Divisibilité par un nombre premier


Proposition IV.1
Dire qu’un nombre premier p et un entier naturel a sont premiers entre eux équivaut à dire que p ne divise
pas a.

Démonstration.
On suppose que p et a sont premiers entre eux. Puisque p est premier, p Ê 2, et si p divisait a, on aurait
PGCD(a, p) Ê 2, donc p ne divise pas a.
Réciproquement, on suppose que p ne divise pas a. Soit d un diviseur commun de a et de p. Puisque p
est premier, d ne peut être que 1 ou p. Or p ne divise pas a, donc d = 1 et PGCD(a; p) = 1.

Théorème (Théorème de Gauss appliqué aux nombres premiers)


Si un nombre premier p divise le produit ab de deux entiers naturels a et b, alors p divise a ou p divise b.

Démonstration.
Si p divise a, le résultat est acquis.
Si p ne divise pas a, alors, d’après la proposition précédente, p et a sont premiers entre eux. Puisque p,
premier avec a, divise le produit ab, d’après le théorème de Gauss, p divise b.

Corollaire (Immédiat)
Si un nombre premier p divise le produit ab de deux nombres premiers a et b, alors p = a ou p = b.

Théorème (Petit théorème de Fermat)


Si p est un nombre premier et si a est un entier naturel qui n’est pas divisible par p, alors p divise a p−1 −1.

Démonstration.
On considère les p − 1 multiples de a :
m 1 = 1 × a, m 2 = 2 × a, ..., m p−1 = (p − 1) × a.
• Aucun des entiers m i , 1 É i É p − 1 n’est congru à 0 modulo p.
En effet, si un de ces entiers m i était congru à 0 modulo p, alors p diviserait le produit m i = i × a.
Puisque p est premier et ne divise pas a, p devrait diviser i , ce qui n’est pas possible puisque
1 É i É p − 1.

3
• Deux de ces entiers m i et m j , 1 É i < j É p − 1 ne peuvent être congrus entre eux modulo p.
En effet, si deux de ces entiers m i et m j étaient congrus entre eux modulo p, alors p diviserait le
produit m j − m i = ( j − i ) × a. Puisque p est premier et ne divise pas a, p devrait diviser j − i , ce
qui n’est pas possible puisque 1 É j − i < p − 1.
Autrement dit, si on note r 1 , r 2 , . . ., r p−1 les restes respectifs dans la division euclidienne de m 1 , m 2 , . . .,
m p−1 par p, alors ces restes sont tous non nuls et différents : (r 1 , r 2 , . . . , r p−1 ) est donc une permutation
de {1; 2; . . . ; p − 1}.
D’après les règles de calculs sur les congruences :

m 1 × m 2 × · · · × m p−1 ≡ r 1 × r 2 × · · · × r p−1 [p] ⇐⇒ (p − 1)! × a p−1 ≡ (p − 1)! [p]


⇐⇒ (p − 1)! a p−1 − 1 ≡ 0 [p].
¡ ¢

D’après le théorème de Gauss appliqué aux nombres premiers, p divise (p − 1)! ou p divise a p−1 − 1.
Toujours d’après le théorème de Gauss appliqué aux nombres premiers, le produit (p − 1)! n’est pas
divisible par p puisqu’aucun de ses facteurs ne l’est. Par conséquent, p divise a p−1 − 1.

Corollaire
Si p est un nombre premier, alors, pour tout entier naturel a, p divise a p − a.

Démonstration.
Pour tout entier naturel a :
a p − a = a a p−1 − 1 .
¡ ¢

Si p divise a, alors p divise a a p−1 − 1 = a p − a.


¡ ¢

Si¡p ne divise pas a, alors d’après le petit théorème de Fermat, p divise a p−1 − 1. Il s’ensuit que p divise
a a p−1 − 1 = a p − a.
¢

V Décomposition en produit de nombres premiers


Théorème (Théorème fondamental)
Tout entier naturel supérieur à 2 est un nombre premier ou un produit de nombres premiers.

Démonstration.
On démontre par récurrence que pour tout entier naturel k Ê 2 :

« Tout entier naturel de l’intervalle ]1; k] est premier ou produit de nombres premiers. ».

1. Initialisation :
On vérifie que la proposition est vraie au rang 2.
Le seul entier naturel de l’intervalle ]1; 2] est 2 qui est premier.
2. Hérédité :
Soit un entier naturel k Ê 2 arbitraire.
On suppose la proposition vraie pour l’entier naturel k.
Sous cette hypothèse, on démontre alors que la proposition est vraie pour l’entier naturel suivant k +1.
D’après l’hypothèse de récurrence, il suffit de démontrer que k +1 est premier ou produit de nombres
premiers.
Si k + 1 est premier, l’hérédité est acquise.
Sinon k + 1 est composé et on note d son plus petit diviseur strict qui est premier : k + 1 = d d ′ avec
1 < d É d ′ < k + 1. D’après l’hypothèse de récurrence, d ′ ∈]1; k] est premier ou produit de nombres
premiers, de sorte que k + 1 = d d ′ est produit de nombres premiers.

4
3. Conclusion :
La proposition étudiée étant d’une part vérifiée au rang 2 et d’autre part héréditaire à partir du rang
2, d’après le principe de récurrence, on peut affirmer qu’elle est vraie pour tous les entiers naturels
supérieurs à 2.
D’où le résultat.

D’après le théorème fondamental, tout entier naturel n composé est produit de nombres premiers, c’est
à dire s’écrit sous la forme n = q 1 q 2 · · · q m , chacun des facteurs q i étant un nombre premier. Certains de
ces facteurs pouvant se répéter, en les regroupant et en les rangeant par ordre croissant, on obtient une
α α α
écriture de la forme n = p 1 1 p 2 2 · · · p r r , avec p 1 < p 2 < · · · < p r des nombres premiers et α1 , α2 , . . ., αr des
entiers naturels non nuls.

Définition(s).
Décomposer un entier naturel n composé en produit de nombres premiers, c’est l’écrire sous la forme
α α α
n = p1 1 p2 2 · · · pr r ,

où p 1 < p 2 < · · · < p r sont des nombres premiers et α1 , α2 , . . ., αr sont des entiers naturels non nuls.

Théorème (Unicité de la décomposition. Admis)


La décomposition d’un entier naturel composé en produit de nombres premiers est unique.

En pratique, pour décomposer un entier naturel composé en produit de nombres premiers, on répète
l’opération de division entière sur le quotient obtenu, les diviseurs étant premiers et rangés par ordre
croissant. Dès que le quotient est égal à 1, la décomposition est terminée.

Exemple(s).
On adopte la disposition pratique suivante :

264 1820

=⇒ 264 = =⇒ 1820 = .

Les décompositions précédentes impliquent que :

264 = et 1820 = .

L’intérêt est alors d’avoir les mêmes facteurs premiers dans les expressions de 264 et de 1820.

VI Pourquoi décomposer un entier naturel en produit de


nombres premiers ?
Dans cette section, on suppose que les décompositions en produit de nombres premiers des entiers
naturels a Ê 2 et b Ê 2 conduisent aux expressions
α α α β β β
a = p1 1 p2 2 · · · pr r et b = p 1 1 p 2 2 · · · p r r

où p 1 < p 2 < · · · < p r sont des nombres premiers et α1 , α2 , . . ., αr et β1 , β2 ,. . ., βr sont des entiers naturels
éventuellement nuls.

5
1 Pour savoir si un entier naturel est un carré parfait, un cube parfait,
etc. . .
Proposition VI.1 (Immédiate)
Si tous les exposants αi de la décomposition en produit de nombres premiers de a sont pairs, alors a est un
carré parfait.
Si tous les exposants αi de la décomposition en produit de nombres premiers de a sont multiples de 3, alors
a est un cube parfait.
...

Exercice.
Montrer que 56644 est un carré parfait.
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2 Pour connaître le nombre de diviseurs d’un entier naturel et en établir


la liste
Proposition VI.2 (Admise)
Dire que b est un diviseur de a équivaut à dire que 0 É β1 É α1 et 0 É β2 É α2 et . . .et 0 É βr É αr .
Autrement dit, a possède exactement (α1 + 1)(α2 + 1) · · · (αr + 1) diviseurs, tous de la forme :
β β β
p11 p22 · · · pr r avec 0 É β1 É α1 , 0 É β2 É α2 , . . . , 0 É βr É αr .

Exercice.
Déterminer le nombre de diviseurs de l’entier 132, puis en établir la liste complète à l’aide d’un arbre.
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3 Pour calculer la somme de tous les diviseurs d’un entier naturel


Proposition VI.3
La somme des (α1 + 1)(α2 + 1) · · · (αr + 1) diviseurs de a est donnée par le produit :
α +1 α +1 α +1
p1 1 −1 p2 2 −1 pr r − 1
× ×··· ×
p1 − 1 p2 − 1 pr − 1

6
Démonstration.
Il suffit de noter que la somme des (α1 + 1)(α2 + 1) · · · (αr + 1) diviseurs de a, tous de la forme :
β β β
p11 p22 · · · pr r avec β1 É α1 , β2 É α2 , . . . , βr É αr ,
peut également s’écrire
α α α
(1 + p 1 + · · · + p 1 1 ) × (1 + p 2 + · · · + p 2 2 ) × · · · × (1 + p r + · · · + p r r ).
Exercice.
Calculer la somme des diviseurs de 3276.
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4 Pour déterminer le PGCD de deux entiers naturels


Proposition VI.4
Le PGCD des entiers naturels a et b est donné par :
γ γ γ
PGCD(a; b) = p 1 1 p 2 2 · · · p r r avec γi = min(αi ; βi ).
Dire que a et b sont premiers entre eux équivaut donc à dire qu’ils n’ont aucun facteur premier en commun.

Démonstration.
γ′ γ′ γ′
Puisque PGCD(a, b) divise a et b, PGCD(a, b) = p 1 1 p 2 2 · · · p r r , avec γ′i É αi et γ′i É βi , donc γ′i É γi . Par
γ γ γ
conséquent, PGCD(a, b) divise d = p 1 1 p 2 2 · · · p r r . Comme γi É αi et γi É βi , d est un diviseur commun à
a et b, donc divise PGCD(a, b). Finalement PGCD(a, b) = d .

Exercice.
Déterminer le PGCD de 12740 et 168.
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