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Èstrategies Logistiques Des Entreprises de Lux
Èstrategies Logistiques Des Entreprises de Lux
entreprises de luxe
Note de synthèse
Dans ce mémoire, nous allons nous intéresser aux stratégies logistiques des
entreprises de luxe, et nous allons tenter d’aller plus loin en regardant quelles
pourraient être leurs perspectives d’évolution.
Dans un premier temps, les concepts clés ainsi que les modèles existants en termes
de logistique sont définis dans le premier paragraphe.
Dès lors, on voit apparaître 3 types de stratégies différentes, le modèle offensif,
pragmatique et traditionnel, mais nous aurons l’occasion de développer ces concepts
dans le corps du mémoire.
Après avoir mis en évidence les différences significatives entre ces modèles, nous
nous sommes intéressés aux problèmes auxquels sont confrontées les maisons de
luxe. Cela concerne différents aspects allant de l’internationalisation des activités à
l’adaptabilité, au time to market, en passant par l’optimisation de l’assortiment en
points de vente.
Bref, toutes les problématiques auxquelles sont confrontées les entreprises de luxe
sont mises en évidence.
Introduction………………………………………………………………………………
Conclusion…………………………………………………………………………………
Introduction
Dès lors, on comprend que la logistique est devenue l’une des fonctions clé dans les
maisons de luxe, et ce, en raison de leur stade de développement et des
problématiques stratégiques auxquelles elles sont confrontées chaque jour.
Il est donc important de se demander quelles sont les stratégies logistiques des
maisons de luxe aujourd’hui, et surtout quelles sont leurs perspectives d’évolution ?
Dans ce mémoire, nous allons tenter d’apporter des réponses précises à cette
question en nous intéressant dans un premier temps aux spécificités de la logistique
dans le secteur du luxe.
Après une brève définition des concepts clés, nous allons mettre en évidence les
modèles d’organisation logistique existants dans le secteur du luxe, à savoir les
modèles offensifs, pragmatiques et conservateurs.
Nous essaierons également de dégager les problématiques stratégiques auxquelles
le secteur du luxe est confronté.
Ensuite, nous nous intéresserons au cadre de réflexion de ce mémoire en abordant
les hypothèses de travail et la méthodologie adoptée. Puis, nous nous focaliserons
ensuite sur la présentation des résultats, ce qui nous permettra de discuter les
hypothèses de départ. Ainsi, nous pourrons analyser et anticiper les futurs choix
organisationnels et les processus d’optimisation de la logistique au sein de ces
structures.
Tout d’abord, avant de se lancer dans ce qui sera l’essence même de cette étude, il
parait important de comprendre ce que représente un système logistique.
Pour faire simple, ce dernier rassemble toutes les ressources physiques, les
infrastructures informatiques, les personnes ainsi que les procédures qui vont rendre
possible les flux de biens et la transmission d’informations, depuis le point d’origine
jusqu’au point de consommation.
En d’autres termes, la logistique va gérer les différents flux de matière et
d’information, de l’approvisionnement des matières premières jusqu’à la réception
des produits finis aux clients.
Le modèle offensif (ou proactif) qui confère à la supply chain une vocation
stratégique, dans la mesure où elle peut être utilisée comme une arme et
soutenir ainsi les stratégies de déploiement des maisons/groupes de luxe
(L'Oréal, Polo Ralph Lauren).
L'analyse de ces modèles, leur comparaison ainsi que leur mise en perspective vont
nous permettre de comprendre les orientations logistiques suivies par les maisons de
luxe, d'anticiper les évolutions à attendre face aux grandes problématiques du
secteur et d'apprécier en quoi la supply chain constitue un facteur d'amélioration des
performances et de déclinaison de la stratégie.
Beaucoup d’entreprises de l’industrie du luxe ont compris que la supply chain pouvait
être un facteur de différenciation stratégique.
Ces sociétés, également appelées innovatrices, sont les plus avancées dans, la mise
en place des projets de supply chain, le degré d’informatisation, la définition des
fonctions logistiques, et à terme, elles tendent à évoluer vers le concept d’entreprise
étendue.
Une entreprise étendue peut se définir comme un ensemble d’entreprises et
d’acteurs économiques associés pour la réalisation de projets communs. Elle
fonctionne essentiellement sur la base d’alliances et de partenariats.
Ces entreprises vont donc chercher constamment de nouveaux moyens de créer de
la valeur ajoutée et de repousser les limites de la performance. Elles revoient sans
cesse leur supply chain pour garder une longueur d’avance sur leurs concurrents,
car elles savent que conserver leur avantage concurrentiel sera un des éléments
clés sur les marchés de demain.
Cette approche, que l’on qualifiera d’offensive, nécessite la maîtrise parfaite de cinq
éléments de configurations.
Toutes les décisions concernant ces éléments, ainsi que la façon dont ils s’articulent
les uns avec les autres, vont déterminer la stratégie globale de la supply chain.
Jusqu’à aujourd’hui, les entreprises avaient tendance à traiter ces éléments de
manière informelle ou à prendre des décisions isolées, par exemple dans le cadre
d’une stratégie fonctionnelle relative aux ventes, aux achats ou à la fabrication.
Dans les entreprises qui voient dans leur supply chain un atout stratégique, ces
éléments sont, au contraire, considérés comme interdépendants, faisant partie d’un
ensemble intégré.
La stratégie des opérations va déterminer la manière dont vont être fabriqués les
produits et services de l’entreprise.
Dans cette stratégie, l’important sera de savoir si l’on va fabriquer sur stock, à la
commande, concevoir à la commande ou encore combiner les trois approches.
C’est également ici que l’on va prendre en compte la possibilité d’une éventuelle
externalisation, même si, nous le verrons plus tard, les marques de luxe françaises
externalisent très peu, voire pas du tout, leur production.
Toutes ces décisions vont influencer et surtout modeler la supply chain, mais aussi
les investissements de ces différentes compagnies.
D’une autre manière, la stratégie des opérations va également déterminer les
besoins en ressources humaines, le mode de fonctionnement des usines, des
entrepôts et des services de gestion des commandes, ainsi que le support attendu
des processus et systèmes d’information.
Mais revenons sur la question essentielle au niveau opérationnel : la fabrication.
En effet, nous allons voir qu’en fonction de la stratégie choisie, l’entreprise aura
plusieurs possibilités.
- Fabrication à la commande.
Cette stratégie s’applique à des produits customisés ou peu demandés. Les
entreprises qui l’utilisent fabriquent des produits finis uniquement après réception
d’une commande. Cela permet de ne conserver qu’un stock réduit et de proposer de
nombreuses options différentes.
- Conception à la commande.
Très proche de la fabrication à la commande, cette stratégie s’adresse aux
entreprises qui conçoivent et fabriquent des produits et des services sur mesure pour
chaque client.
Ce qu’il est intéressant de noter, c’est que dans l’industrie du luxe, toutes ces
stratégies vont être utilisées car chaque secteur ne répond pas aux mêmes
exigences. En parfumerie/cosmétique, par exemple, on fabriquera sur stock alors
que certaines malles chez Louis Vuitton vont être fabriquées à la commande.
Mais d’une manière générale, cette diversité sectorielle dans le luxe nous permet de
prendre conscience de toutes les possibilités existantes au niveau de la gestion du
stock.
La stratégie de distribution
Une autre stratégie, tout aussi importante, à prendre en compte sera la stratégie de
distribution qui va déterminer le circuit de vente des produits et services jusqu’aux
acheteurs ou utilisateurs finaux.
Cette dernière va répondre à des questions relatives aux méthodes de vente
choisies, à savoir la vente indirecte, par l’intermédiaire de distributeurs ou de
détaillants, ou la vente directe aux clients, grâce à Internet ou la force commerciale.
Toutefois, il est important de souligner l’aspect particulier des entreprises dans
l’industrie du luxe, dans la mesure où ces dernières contrôlent quasiment tout le
processus, de la fabrication à la vente aux clients, et de cette manière ne font que
très peu appel à des sous traitant pour distribuer leurs produits.
Cependant, d’un point de vue purement théorique, il est évident que les décisions
dépendront des segments de marché et des régions visées par l’entreprise.
De plus, étant donné que les marges bénéficiaires varient en fonction du mode de
distribution, il faudra choisir le plus performant et déterminer des règles définissant
les priorités des différents canaux de vente en cas de pénurie ou de forte demande.
Au final, la stratégie de distribution des entreprises utilisant ce modèle logistique
permet de dégager des gains considérables car les décisions vont déterminer la
performance en termes de coûts et de niveau d’actifs de l’entreprise.
La stratégie d’externalisation
- La couverture géographique.
Pour les entreprises qui désirent accéder à de nouveaux marchés ou de nouvelles
régions, les partenaires peuvent être un moyen de pénétrer des marchés où la
création de moyens internes serait trop coûteuse par rapport au volume d’activité
actuel.
En dépit de tous ces avantages, l’externalisation n’est pas toujours la solution idéale.
C’est la raison pour laquelle, avant de s’adresser à des fournisseurs extérieurs, il faut
examiner les trois éléments suivants :
- la source de différenciation.
Cela signifie qu’il faut savoir comment l’entreprise se différencie face à la
concurrence et qu’est-ce qui lui donne un avantage concurrentiel.
En d’autres termes, mieux vaut ne pas externaliser, si le produit ou le processus
représente une source de différenciation.
- le volume d’activité.
En effet, c’est un élément important à prendre en compte dans la mesure où il va
permettre de comparer la capacité interne de l’entreprise avec ses besoins.
Par exemple, si l’activité de l’entreprise arrive à saturation et que cette dernière ne
prévoit pas d’augmenter sa production, il sera peu probable qu’une externalisation
permette de réduire les coûts.
- Le modèle mondial.
Une ligne de produits donnés est fabriquée à un endroit donné pour l’ensemble du
marché mondial. Ce modèle est notamment choisi pour rapprocher la production de
la R&D, pour contrôler les coûts de fabrication unitaires s’il s’agit de produits à forte
intensité capitalistique ou pour disposer de compétences en production hautement
spécialisées.
Les paramètres nécessaires sont manquants ou erronés.
- Le modèle régional.
Les produits sont principalement fabriqués dans la région où ils sont vendus, même
s’il peut exister des flux entre différentes régions suivant une spécialisation des
centres de production.
Le choix de ce modèle est souvent influencé par des facteurs tels que les niveaux de
service client, le montant des taxes d’importation et la nécessité d’adapter les
produits à des spécificités régionales et nationales.
- Le modèle national.
Les produits sont principalement fabriqués dans le pays de vente. Ce modèle
convient tout particulièrement aux marchandises dont le coût de transport est
prohibitif. D’autres facteurs entrent également en ligne de compte : les taxes et tarifs
douaniers ou un marché dont l’accès est réservé aux produits fabriqués sur le
territoire national.
En raison de la concurrence sur les prix, beaucoup d’entreprises fabriquent dans les
pays où la main-d’œuvre est bon marché afin de réduire les coûts unitaires de
production.
Cependant, cette constatation n’est pas du tout vérifiée dans l’industrie du luxe, dans
la mesure où le « made in France » va représenter un gage de qualité
supplémentaire.
Il est évident que certaines maisons disposent de centres de production dans des
pays étrangers, mais le phénomène demeure très marginal.
Ces délocalisations, ne vont pas spécialement être faites dans un but de réduction
des coûts, mais plus dans une optique de proximité par rapport au marché où les
produits vont être vendus.
En effet, les maisons de luxe ne vont pas chercher une main d’œuvre bon marché,
ou d’une manière plus générale à réduire leurs coûts, car elles sont très attachées à
la marque de qualité des produits, qui depuis toujours sont fabriqués de manière
artisanale, suivant des techniques de fabrication transmises de génération en
génération.
Il est évident que les coûts de fabrication, les taux d’imposition des sociétés, les
primes à l’exportation, la présence de fournisseurs-clés, la possibilité d’importer sans
payer de taxes, l’infrastructure et la main-d’œuvre vont représenter des facteurs
déterminants dans le choix du pays où l’entreprise va produire.
Les coûts à l’unité sont certes importants mais les responsables de supply chain
savent qu’il est essentiel de tenir compte de la flexibilité et du coût total de supply
chain lorsqu’ils positionnent leurs actifs, en particulier lorsque les produits concernés
font l’objet d’une demande extrêmement variable et ont des cycles de vie très courts.
L’optimisation de la gestion des flux sera une des composantes essentielles dans ce
modèle logistique.
En effet, cela permet de renforcer le processus collaboratif, qui renvoie à une gestion
transversale de la chaîne logistique, entraînant ainsi une parfaite réactivité dans les
centres de production.
Le principal objectif est de gagner en visibilité sur l'ensemble de la chaîne logistique
dans une optique de rationalisation et d'optimisation de son fonctionnement.
Cependant, cet objectif doit également tenir compte des spécificités culturelles et de
la réglementation en vigueur dans chacun des pays où est implantée l'entreprise.
Ce modèle englobe des groupes qui s’étaient révélés précurseurs dans leur
logistique mais ont depuis, peu ou pas évolué vers une logique de SCM.
Ces entreprises peuvent également être qualifiées d’indécises.
Dans ce modèle de type traditionnel, la chaîne logistique regroupe souvent plusieurs
entreprises dans une série de relations fournisseurs/clients.
Cette série de processus partagés renvoie à toutes les activités de la chaîne, soit de
l’acquisition des matières premières à la livraison de produits terminés aux
consommateurs finaux.
Les matières premières arrivent chez le fabricant par le biais d’un système
d’approvisionnement et sont transformées en produits finis. Ceux-ci sont ensuite
acheminés vers les consommateurs grâce à un système de distribution.
En général, plusieurs entreprises participent à la chaîne, chacune ajoutant de la
valeur au produit à chaque étape du processus.
La gestion efficace de la chaîne d’approvisionnement entraîne l’optimisation de
toutes les activités de la chaîne logistique. C’est ce qui donne son avantage
concurrentiel à une entreprise. Cet avantage est donc tributaire de la collaboration et
de la coordination des activités de l’entreprise avec ses partenaires dans la chaîne
logistique. Or, même de nos jours, la chaîne d’approvisionnement typique prend
souvent la forme d’une suite d’activités sans rapport les unes aux autres, à la fois au
sein et à l’extérieur de l’entreprise.
Les paramètres nécessaires sont manquants ou erronés.
Pour remédier à cette situation, entreprises, fournisseurs, fabricants, clients et tiers
doivent participer à une planification stratégique conjointe et collaborer à l’exécution
des tâches, en veillant à minimiser les coûts et à optimiser la valeur à chaque maillon
de la chaîne.
Nous venons de voir les différents types de modèles logistiques existants dans
l’industrie du luxe, et nous allons nous intéresser maintenant aux différentes
problématiques auxquelles sont confrontées les entreprises de luxe, et ce, quel que
soit le modèle utilisé.
- Une offre et une communication standardisées et fondées sur l'idée que les
attentes des clients sont homogènes, ou « homogénéisables », quel que soit le
territoire géographique considéré.
- Un engagement significatif dans tous les marchés nationaux majeurs pour obtenir
des volumes et des synergies. Un tel engagement permet à l'entreprise de s'appuyer
sur les tendances de consommation et/ou les changements technologiques qui
traversent la diversité des situations géographiques et culturelles.
Ce dernier point représente l’une des plus importantes problématiques auquel est
confronté le secteur du luxe.
Le time to market représente tout simplement le temps de mise sur le marché d’un
produit, et il est logique de penser que toutes les entreprises tendent à optimiser au
maximum ce laps de temps.
Pour cela, dans un premier temps, elles vont multiplier les lancements afin de gagner
une nouvelle clientèle et répondre ainsi aux changements des habitudes de
consommation (peu de fidélité à une marque, rajeunissement de la clientèle et
besoin permanent de renouvellement).
Ces tendances se traduisent par un raccourcissement du cycle de vie des produits,
et c’est pourquoi aujourd’hui, les entreprises du luxe s’efforcent de lancer de
nouveaux produits tous les mois, et ce, dans chacune des gammes existantes.
Les paramètres nécessaires sont manquants ou erronés.
Pour faire face à la problématique du time to market, l’une des clés pourra être la
diversification vers d’autres secteurs d’activités.
En effet, il n’est plus rare de voir une marque, qui à la base était spécialisée dans
telle ou telle activité, chercher de nouveaux débouchés dans d’autres activités.
Prenons l’exemple de Louis Vuitton qui au fil des années a diversifié son activité, qui
au début, était centré sur la maroquinerie et qui a évolué vers l’horlogerie.
Le but d’une telle pratique, fortement répandue dans ce secteur, est de créer un
univers propre à la marque.
L'ouverture de mégastores témoigne de cette tendance et de la même manière cela
s'applique à la stratégie de développement et de distribution des maisons de luxe.
Cependant, l'enjeu n'est pas identique dans tous les secteurs.
Dans la haute couture ou pour les grands crus, de longs délais ne semblent pas
poser autant de problèmes que pour d'autres. Pire, ces délais peuvent être
considérés comme des gages de qualité et de rareté dans certains cas (certaines
maisons de grands crus créent volontairement une pénurie pour faire monter les
enchères).
Cependant, il arrive même dans ces secteurs que la logistique constitue un frein à la
vente, par exemple à cause des retards de fabrication ou d’expédition.
On comprend donc que l’adaptation à la problématique d’accélération du time to
market, qui se traduit entre autres, par le raccourcissement du cycle de vie du
produit, par les lancements fréquents de nouveaux modèles ou encore par les
problématiques de saisonnalité seront autant de paramètres à prendre en compte
pour soutenir la croissance de ces entreprises.
Tout d’abord, il est important de souligner que le cadre théorique utilisé pour la
rédaction de ce mémoire aura été de type déductif.
En effet, après une première partie consacrée à la définition et à l’analyse des
différents concepts théoriques relatifs à la logistique des maisons de luxe, nous
avons mis en évidence les problématiques auxquelles sont confrontées les
entreprises de ce secteur.
Pour compléter cette partie théorique, nous allons orienter cette étude vers le terrain,
en nous focalisant essentiellement sur l’exemple de l’entreprise Louis Vuitton.
Bien que les stratégies logistiques des entreprises de luxe ne diffèrent guère de
celles des autres secteurs, il existe tout de même des différences significatives
essentiellement dues au fait que dans l’industrie du luxe, chaque produit va générer
Les paramètres nécessaires sont manquants ou erronés.
une marge très importante et alimenter à chaque fois l’image de marque de
l’entreprise.
Après avoir analysé, comparer et montrer les limites des modèles logistiques, nous
allons tenter de comprendre les orientations logistiques des maisons de luxe face
aux problématiques du secteur, ce qui nous permettra de comprendre, à terme,
pourquoi la supply chain peut constituer un facteur d’amélioration des performances
de l’entreprise, ou au contraire devenir un facteur de déclinaison de la stratégie.
La question de recherche qui a guidé les recherches empiriques de cette étude est
mise en évidence par la problématique de ce mémoire, à savoir, quelles sont les
stratégies logistiques de maisons de luxe et quelles en sont les perspectives
d’évolution ?
Cette question, d’apparence assez simple, demeure toutefois assez délicate dans la
mesure où il ne s’agit pas simplement de dresser un état des lieux des différentes
stratégies utilisées dans ce secteur.
En effet, il est nécessaire d’aller plus loin en essayant de comprendre et de visualiser
la manière dont vont évoluer ces stratégies.
Dès lors, nous pouvons poser les hypothèses de travail qui vont concerner la
seconde partie de la question de recherche.
En effet, nous ne pouvons pas poser d’hypothèses sur la nature ou l’analyse des
stratégies et des modèles logistiques des maisons de luxe dans la mesure où l’on
explique ce qui existe déjà.
En revanche, il semble intéressant de poser des hypothèses sur les perspectives
d’évolution des modèles existants.
À partir de ce raisonnement, l’enjeu sera de comprendre comment ces différents
modèles peuvent évoluer au regard des grands enjeux de ce secteur.
Hypothèse 3 : Enfin, on peut se laisser tenter par l’idée que de nouveaux modèles,
inconnus jusqu’à aujourd’hui, vont faire leur apparition et rendre ainsi les modèles
étudiés obsolètes. Cela peut se traduire par une réorganisation totale des entreprises
du secteur, chacune tentant de profiter au maximum des améliorations en termes de
pilotage de la supply chain et d’organisation de la logistique.
Les paramètres nécessaires sont manquants ou erronés.
2.1.3. Méthodologie
Nous allons maintenant discuter les informations reçues lors des différentes
recherches, en nous attardant sur les éléments les plus importants en termes de
stratégie logistique. Et nous allons voir les facteurs clés qui vont mener les
entreprises de luxe vers une nouvelle organisation.
L’une des caractéristiques les plus importantes dans la logistique des entreprises de
luxe peut se traduire par la généralisation des circuits courts.
En effet, très tôt dans cette industrie, les entreprises se sont inscrites dans une
logique de circuit court, qui consiste à offrir la distribution des produits finis, adaptés
à la demande des consommateurs, dans un délai très rapide.
Les nouveaux facteurs clés de succès sont devenus alors la flexibilité, la réactivité
ainsi que la rapidité de livraison.
Nous allons voir ici que synergie et concentration représentent des concepts clés
dans cette industrie.
En effet, depuis les années 70, le secteur du luxe s’inscrit dans une logique de
concentration des activités, et le modèle est bien évidemment le groupe LVMH,
numéro 1 mondial du secteur.
Plusieurs fusions et acquisitions auront permis à ce groupe de grandir de manière
quasi exponentielle, dans la mesure où chaque entreprise nouvellement acquise
aura permis de dégager des gains considérables.
Dans la seconde moitié des années 90, on assiste à une période d’accélération de la
concentration du secteur.
Cette dynamique de concentration et de développement de marques alimentait un
marché en mutation et en explosion, et on comprend donc qu’il était nécessaire de
prendre le contrôle du maximum de marques disponibles.
La rentabilité des maisons était une préoccupation de long terme.
L’idée de cette stratégie de concentration a été de réaliser des économies d’échelle
sur plusieurs niveaux, et essentiellement au niveau de la production et de la
logistique.
En effet, en possédant plusieurs maisons dans le prêt-à-porter de luxe, LVMH a pu
confier à une seule société le soin de faire le « sourcing » (réduction du coût général
des achats par l’automatisation et la standardisation des processus concernés), en
assurant ainsi la production et la logistique des collections de plusieurs marques. Le
but étant de se procurer des matières premières et des pièces spéciales auprès de
mêmes fournisseurs pour les prix plus avantageux. Dans des produits spécifiques et
à haute technicité (chaussures, bijoux, lunettes de soleil, foulards ou maroquinerie),
un même groupe peut confier à un spécialiste la production de lignes différentes pour
plusieurs maisons.
Cependant, depuis le début des années 2000, le phénomène de concentration s’est
plus ou moins ralenti, et il est désormais plus juste de parler de consolidation.
La stratégie des groupes multimarques ayant montré ses limites, il est aujourd’hui
difficile d’assurer des rythmes de développement soutenus et identiques pour des
marques aux caractéristiques et aux histoires multiples.
Par ailleurs, acquises pour des montants très élevés, les marques de luxe ayant
rejoint les groupes multimarques dans les années 90 ne se sont pas toujours aussi
rentables que prévues.
Le ralentissement du marché du luxe et de la mode après le 11 septembre 2001 ont
conduit ces groupes à réorienter leurs stratégies.
Par exemple, LVMH, Richemont, Gucci Group et Prada ont choisi de consolider leur
portefeuille de marques plutôt que d’envisager de nouvelles acquisitions.
Par conséquent, pour ces entreprises, il valait mieux se concentrer sur le potentiel
des marques déjà acquises que d’acheter de nouvelles maisons.
A l’inverse des autres secteurs industriels, le luxe n’a que très peu recourt à
l'externalisation, et ce pour plusieurs raisons.
En effet, si les maisons de luxe hésitent à externaliser, voire même réintègrent des
fonctions qu'elles avaient confiées à des sous-traitants, c'est qu'elles souhaitent
maîtriser la qualité, surtout sur leurs fleurons.
Dans l'habillement de luxe par exemple, il est vital que les produits arrivent
indemnes. Mais d’une manière plus générale, il est évident que cela va dépendre
des secteurs. Si l’on considère le secteur de la cosmétique et des parfums, on verra
que la sous-traitance de la logistique s’y est généralisée depuis quelques années.
La raison d’un tel phénomène est très simple car ces produits sont homogènes en
termes de dimensions, et par conséquent cela permet de mutualiser les moyens.
De plus, pour continuer sur cet exemple, ce sont des produits dont la manutention
n’est pas particulièrement complexe et qui ne requièrent pas de savoir-faire
particulier.
Par ailleurs, certaines maisons font appel à des sous traitants pour gérer leur
logistique, là où d’autres vont tout gérer en interne.
En s'adressant à des prestataires logistiques, les maisons de luxe parviennent à
variabiliser leurs coûts et à gérer les pics saisonniers ainsi que les lancements des
nouveaux produits.
En revanche, les entreprises ne faisant pas appel à des prestataires logistiques ne
sont pas pour autant « perdantes » car en ayant leur propre système de gestion,
elles peuvent également mutualiser les moyens, et ce à n’importe quel stade de la
production.
Enfin, l’une des rares activités que les industriels du luxe hésitent moins à
externaliser que d'autres sera le transport.
Même si elles ne relâchent pas leur vigilance sur leurs sous-traitants, chaque maison
de luxe va poser des exigences spécifiques, surtout en matière de qualité.
En effet, cela peut très bien se comprendre car dans l'habillement de luxe, par
exemple, il n’est pas question d'être en retard pour un défilé à New-York, Hong Kong
ou autre.
Il est temps d’apporter des réponses à notre question de recherche, c’est pourquoi
nous allons voir comment tendent à évoluer les stratégies logistiques des maisons
de luxe.
Quels sont les défis à relever et quelles sont les modifications à apporter pour que
les entreprises de luxe puissent faire face aux contraintes du secteur ?
a) Environnement de l’entreprise.
Dans tous les secteurs, et dans le luxe particulièrement, les sociétés étendent leur
emprise géographique.
La pression du client, les besoins de croissance des parts de marché, la réduction
des barrières commerciales et douanières et le potentiel lié au progrès de la
technologie sont les moteurs principaux de cette globalisation de l'activité.
De nouveaux défis en résultent, tant en termes de mise en place de stratégies
d'achats et d'approvisionnement au niveau mondial que de capacité à être présents
Les paramètres nécessaires sont manquants ou erronés.
sur de nouveaux marchés. Les opportunités sont fortes, mais pour en tirer parti les
entreprises doivent passer de la vision à la pratique.
Dès lors, on comprend que les différentes stratégies logistiques mises en place vont
être la clé pour gagner les marchés de demain.
En effet, alors que le monde semble se rétrécir, les distances s'abolir, les chaînes
logistiques deviennent plus longues et plus complexes. Aujourd'hui, les entreprises
découvrent que les chaînes logistiques dont elles dépendent traversent les frontières
et font appel à des relations avec un nombre croissant de partenaires et de
fournisseurs.
A partir de ce constat, on peut penser que la chaîne logistique traditionnelle n'a plus
d'avenir, car le simple fait de pousser les produits et les services vers le client, même
le plus efficacement possible, ne suffit plus.
Elle doit maintenant se trouver au cœur des stratégies opérationnelles, tant
industrielles que clients.
Premièrement, on constate que les clients et les consommateurs sont toujours plus
exigeants, et ce dans le secteur du luxe tout particulièrement.
Aujourd'hui, les clients demandent une disponibilité accrue des produits et des
services, avec des possibilités de choix toujours plus variées et plus personnalisées.
Les clients les plus importants deviennent un des maillons clés de la chaîne.
Dans ce monde du « client roi », la gestion de la complexité et de la diversité devient
la réalité et le challenge.
C’est la raison pour laquelle cette attente du client sera l’un des éléments les plus
importants à prendre en compte pour les entreprises soucieuses de gagner des parts
de marché.
Or si l’on veut satisfaire le client, il faudra lui apporter ce qu’il veut, dans les plus
brefs délais, ce qui va nécessiter une refonte de l’organisation logistique.
La compétition se fait plus agressive et plus globale, ce qui se traduit notamment par
la présence de compétiteurs à bas coûts en provenance des pays nouvellement
industrialisés.
Dans un contexte de disparition des barrières douanières, cette concurrence accrue
représente une menace pour presque tous les secteurs, même si dans le luxe cela
est un peu moins vrai.
Enfin, les cycles de vie produits deviennent toujours plus courts, et ce à cause de
cette concurrence exacerbée qui force les entreprises à mettre sur le marché leurs
nouveaux produits à un rythme accéléré.
On assiste donc à une pression renforcée sur l'ensemble du processus, depuis la
conception jusqu'à la livraison physique des produits et la fourniture des services au
client, qui s'exerce pour réduire les coûts et livrer plus efficacement.
Nous allons tenter de montrer maintenant ce que pourrait être la chaîne logistique de
demain, si l’on considère tous les paramètres exposés précédemment.
Nous allons donc dégager les trois caractéristiques majeures d'une chaîne logistique
performante, qui pourrait être utilisée dans les prochaines années par les maisons de
luxe.
Nous l’avons dit, la chaîne logistique de demain se devra d’être orientée vers les
clients.
En effet, servir des clients toujours plus exigeants, existants ou nouveaux, constitue
le premier moteur de transformation de la chaîne logistique. Les pressions de la
concurrence ne font que renforcer ce défi, dans la mesure où chaque entreprise va
apporter son lot d’innovation afin de satisfaire ce dernier.
Dès lors une nouvelle problématique fera son apparition et consistera à satisfaire la
variété des besoins clients locaux, tout en tirant parti d'économies d'échelle offertes
par la globalisation.
Les entreprises devront s'assurer que les processus impliqués dans leur chaîne
logistique exploitent la globalisation, tout en garantissant la réactivité nécessaire à un
service de proximité.
En effet, les entreprises devront être prêtes à délaisser les modèles classiques de
production pour mettre en œuvre des approches plus innovantes, comme par
exemple la différenciation retardée, tout en réduisant les périodes « gelées » dans
leur plan de production, en adaptant leurs produits le plus en aval possible, et en
exploitant, par exemple, des techniques de production à la demande.
- de partager des données sur la demande entre clients et fournisseurs (ces données
sont une information sensible, qui présente le risque d'être utilisée comme une arme
concurrentielle contre l'un des partenaires).
Toutefois, dans ce monde piloté par la demande clients, il sera nécessaire de mettre
en œuvre un management par le flux.
En effet, la production des produits/services devra être pilotée avec un panel plus
large de mesures de performance, comme par exemple le respect des échéances et
le pourcentage de commandes clients satisfaites, et non plus seulement l'efficacité
d'utilisation des moyens et les volumes livrés.
Le client devient donc le centre de toutes les attentions et c’est en réussissant à
satisfaire ce dernier que les entreprises de luxe gagneront leur pari.
La première étape consistera à identifier les limites des outils, alors même que les
performances promises en termes d'optimisation et de simulation laissent place à
des attentes parfois excessives chez les spécialistes de la gestion de chaîne
logistique. Durant des années, il aura été difficile de manipuler les informations
Les paramètres nécessaires sont manquants ou erronés.
brutes fournies par les outils classiques, mais on peut garder l'espoir, qu’un jour, on
pourra enfin donner des délais en temps réel à son client, jongler avec les capacités
disponibles de son réseau d'usines ou encore positionner ses stocks de façon
optimale.
La réalité pratique est plus terre-à-terre tant du fait d'une maturité technique non
encore atteinte par ces outils, que des difficultés à appréhender la réalité dans les
modèles.
La deuxième étape réside dans la définition d'un mode d'emploi réaliste de ces
outils. Comme pour les techniques plus anciennes, la définition des modalités
d'utilisation appropriées nécessite une courbe d'apprentissage.
En effet, une approche progressive est nécessaire pour construire la solution
recherchée, en introduisant pas à pas la sophistication, comme par exemple le
nombre de contraintes à optimiser.
De plus, il faudra également limiter le champ d'utilisation pour obtenir des résultats
exploitables dans un temps raisonnable. Une remise de délai en temps réel en
utilisant des fonctions de simulation nécessite le plus souvent de se limiter à des
produits et des clients sélectionnés. Par conséquent, cela ne représente pas
totalement la réalité, et ce sera donc l’un des points à améliorer.
La promesse de ces outils, même tempérée par le retour d'expérience, ne devra pas
faire oublier aux industriels du luxe la nécessité d'une mise à plat des processus.
La conception de ces nouveaux processus devra s'appuyer sur des lignes de force
comme :
Les défis en ce domaine sont à la hauteur des attentes placées. Pour s'en
convaincre, il suffit de penser au chemin nécessaire pour faire collaborer des ateliers
ou des services sur un même site. Dans le monde de la chaîne logistique globale les
dimensions multi-fonctions, multi-sites et multi-cultures doivent être traitées, parfois
en temps réel et face au client.
2.4.3. L'organisation
Bernard Arnault n’était pas particulièrement destiné à bâtir un groupe dans l’industrie
du luxe car étant polytechnicien, il fait ses premières armes dans l'entreprise de
travaux publics dirigée par son père. Mais en 1984, il rachète une entreprise de
textile en difficulté qui comprend la maison de couture Christian Dior. Bernard Arnault
va dès lors recentrer l’activité de l’entreprise autour de ce joyau.
LVMH a adopté dans les années 1990 une stratégie de croissance externe car le
groupe privilégie alors l’expansion par le rachat d’autres sociétés du secteur du luxe.
En dix ans, LVMH a ainsi assemblé une collection unique de marques de prestige.
Cette stratégie permet d’acquérir rapidement des parts de marché ou de pénétrer
des marchés difficiles à conquérir (ex : marchés étrangers), et d’économiser les
coûts de création d’une marque nouvelle.
La croissance externe s’effectue au travers de l’achat de droits de propriété (parts
sociales, actions), d’une prise de participation dans le capital d’une autre société, ou
d’une fusion.
Cette stratégie, choisie par LVMH, est dictée par la volonté d’atteindre une taille
critique compatible avec le développement de marques mondiales. Or cet objectif
nécessite des budgets très importants notamment en réseaux de distribution,
recherche et développement (création), communication etc., budgets qui font
d’ailleurs souvent défaut aux PME du secteur.
Cette politique d’internationalisation s’est donc traduite par l’acquisition de firmes
principalement étrangères, et au cours des années 1999 et 2000, plus de 25
marques sont passées sous le contrôle de LVMH. Ces opérations se sont réalisées
dans un contexte de concurrence marquée, comme en témoigne la bataille contre le
groupe Pinault-Printemps-Redoute (PPR) pour prendre le contrôle de Gucci en 1999.
Dès la fin des années 1990, le ralentissement américain, et par la suite européen,
ainsi que la récession japonaise ont offert des perspectives de développement
nettement moins favorables.
Par ailleurs, la baisse du Dollar et du Yen contre l'Euro a diminué le pouvoir d'achat
des principaux consommateurs mondiaux de produits de luxe, et pénalisé les
maisons de luxe dans la consolidation de leurs comptes.
La croissance économique ralentie a forcé le groupe LVMH à plus de prudence dans
sa gestion. Car si le secteur dégage des marges importantes (20% à 50% de marge
brute), la performance de l’industrie du luxe est néanmoins vulnérable aux
changements de mode et à la croissance de l’économie mondiale.
La consommation de ces produits est en effet élastique par rapport au revenu (tout
en étant inélastique par rapport aux prix).
LVMH a certes poursuivi une stratégie d‘acquisitions ou d’associations, mais celle-ci
s’est montrée nettement plus prudente.
Après avoir poursuivi l’accroissement de son portefeuille en 1999-2000, le groupe a
très sensiblement ralenti sa politique de croissance externe, et a cherché à se
recentrer désormais sur son cœur de métier : la mode et les parfums.
Ainsi, à partir de 2001, on assiste à une inversion du mouvement avec plusieurs
cessions.
Le recentrage s’est opéré par un impératif de rentabilité qui s’est traduit par une
croissance organique.
Plusieurs analystes financiers avaient déjà souligné dans les années 90 l’ampleur du
portefeuille de marques de LVMH et critiqué son manque de cohérence : plus qu’un
groupe uni, LVMH devenait un conglomérat.
La stratégie menée par Bernard Arnault fait l’objet de critiques, vers la fin des années
1990 car on lui reprochait en particulier d’accorder plus d’attention à la conquête
financière qu’à la gestion opérationnelle de l’entreprise.
Une réorientation stratégique intervient en 2000, où la priorité est donnée à la
croissance interne, c’est-à-dire à une croissance reposant sur la création de
capacités nouvelles (moyens de production, de recherche, de distribution).
Cette stratégie répond en outre à une volonté de protéger l'identité des entreprises.
LVMH s’attache ainsi aujourd’hui à consolider les positions concurrentielles de ses
marques.
Les moyens adoptés sont divers : augmentation des marges par le contrôle des
coûts, tentatives pour intégrer la production, synergies dans la distribution de
produits d’une même division etc.
Les paramètres nécessaires sont manquants ou erronés.
Ceci permet de réduire le nombre de fournisseurs afin d’augmenter le pouvoir de
négociation du groupe, et diminuer les coûts d’approvisionnement. La recherche de
coordination s’est également traduite dans le domaine de l'administration, de la
comptabilité ou en matière financière.
De plus, Bernard Arnault a mis l’accent sur le principe de distribution exclusive, car
afin de maîtriser l’exploitation de leur image, les entreprises de luxe tendent à
développer leur propre chaîne de distribution sous la forme de magasins exclusifs
aux adresses les plus prestigieuses. Louis Vuitton par exemple disposait de 317
magasins au 31 décembre 2003 dont une trentaine de " global stores ".
Aujourd’hui, LVMH semble maintenir cet objectif avec succès, via des
investissements lourds dans l’ouverture de nouveaux magasins, le lancement de
nouvelles lignes et de nouveaux produits dans les entreprises existantes.
LOUIS VUITTON est une marque profondément établie dans le domaine luxe. Elle
réaliserait à elle seule plus de la moitié du chiffre d’affaires de sa division et une
partie non négligeable des résultats du groupe LVMH.
Dans ces conditions, la marque sert de porte-drapeau, et de modèle de croissance
pour les autres entreprises de LVMH.
En perpétuelle expansion, Louis Vuitton compte aujourd'hui 13 ateliers de
production, un centre international de logistique, plus de 300 magasins exclusifs
dans 50 pays et emploie 9 500 personnes à travers le monde, dont 60% hors de
France.
Depuis toujours, Louis Vuitton crée, produit, distribue, vend ses produits et contrôle
ainsi chacune des étapes de la chaîne. De la conception à la vente, chacun des
collaborateurs est responsable de la qualité de son travail, et par conséquent de la
satisfaction des clients. En associant la créativité et la compétence, la rigueur et
l'initiative, l'intuition et la raison, l’entreprise à su marier savoir-faire traditionnel et
haute technologie.
Pour le département logistique, le défi est d'assurer la transmission des savoir-faire
et de développer la production, et ce tout en augmentant les capacités de livraison.
En récupérant la marge des distributeurs, toutes les maisons de luxe ont parié sur
l'augmentation de la rentabilité.
Les marges opérationnelles sont très élevées pour les marques dont la distribution
est intégrée alors qu'elles ne dépassent pas 20 % pour les autres.
En revanche, Louis Vuitton est la seule marque à avoir toujours contrôlé sa
distribution.
En 1990, elle comptait déjà 150 boutiques, et depuis, elle en a ouvert de 10 à 20 par
an.
Ainsi, jusqu'en 2002, LVMH a investi chaque année de 800 à 900 millions d'euros
surtout dans son réseau.
L'effet volume, qui se caractérise par une offre plus étendue dans un réseau
développé à l'international, a contribué à augmenter les différentes marges.
Avec ses 45 % de marge opérationnelle, Louis Vuitton fait pâlir de jalousie ses
concurrents.
Un succès toujours envié, jamais égalé car le business model de Louis Vuitton est
difficile à répliquer et beaucoup se brûlent les ailes en essayant de le copier.
Pourtant, l'argent coulant à flot, rien n'aurait pu empêcher les marques d'adopter
cette stratégie prometteuse.
En effet, grâce à des marges très élevées, le secteur génère un cash fantastique. Il
a, par exemple, servi à autofinancer le développement du réseau.
Mais si l'adoption du business model était à la portée de tous, son application est
parfois loin d'avoir tenu ses promesses.
L'intégration de la distribution accroît le chiffre d'affaires, mais n'est pas toujours
créatrice de valeur.
Or, si les coûts liés au développement du réseau sont trop importants au regard du
chiffre d'affaires généré, la marge nette diminue.
Par conséquent, on comprend que même si la stratégie mise en place par Louis
Vuitton a été l’une des meilleures jusqu’à aujourd’hui, elle n’en est pas pour autant
parfaite.
Jusqu’à présent, tous les magasins Louis Vuitton recevaient leurs produits en
fonction des commandes qu’ils faisaient.
Les différents centres de production envoyaient les produits dans les centres de
stockages, qui répartissaient ces derniers dans différents magasins à travers le
monde.
Seulement, une fois le produit livré dans le magasin, ce dernier pouvait restait des
semaines dans le stock du magasin avant d’être acheté, alors que dans un autre
magasin, où ce produit était indisponible, il y avait une demande.
Le résultat était donc que le magasin devait demander le produit et attendre qu’un
des centres de stockages le lui envoie.
L’intérêt du stock reverse est donc de remédier à ce problème, en améliorant ainsi le
service face à une clientèle très exigeante.
Cela se traduit par une gestion transversale du stock des différents magasins car
désormais, si le produit est disponible quelque part, mais qu’il n’y a pas de demande,
il devra être redirigé vers un autre magasin où il y aura possibilité d’achat.
Le but étant d’éviter à tout prix les temps de stockage trop long, et de vendre le
produit la où il peut être acheté.
Même si cette stratégie ne plait guère aux directeurs des différents magasins, dans
la mesure où ils apprécient avoir le plus de produits possibles en magasin, elle n’en
demeure pas moins avantageuse pour la marque.
En effet, cela permet à l’entreprise de générer des gains importants car au lieu de
fabriquer la commande, l’entreprise va vendre les produits dont elle dispose, en les
réexpédiant d’un magasin à l’autre.
Le temps de stockage est donc raccourci, la fabrication n’est pas obligatoire, et le
client est servi plus rapidement.
Cette nouvelle stratégie attend donc de faire ses preuves car elle a été mise en place
tout récemment, mais il se peut que les espérances de rentabilité soient au rendez-
vous, tout comme la satisfaction des clients.
Même si nous avons assisté, au cours des dernières années à une certaine reprise
du marché mondial du luxe, cela ne signifie pas pour autant un retour des maisons et
groupes de luxe à la stratégie de « roll-over »* qui a prévalu à la fin des années 90.
En effet, les stratégies de croissance externe et d'intégration (en amont comme en
aval) alors adoptées ont soumis les groupes de luxe à un effet de ciseaux.
L'heure est aujourd'hui à la mise en place de plans de développement à long terme
plus sélectifs, la “bulle luxe” étant désormais dégonflée.
Le processus de rationalisation du portefeuille de marques ou d'activités des grands
groupes n'est pas encore achevé, ceci d'autant que les actionnaires se montrent
désormais plus exigeants sur le critère de la rentabilité, rendant nécessaire la
cession des foyers de pertes récurrentes.
Nous l’avons vu, les groupes mondiaux du luxe ont été confrontés à une modification
brutale de leur environnement et de leurs marchés. Pour la première fois depuis de
nombreuses années, certains ont enregistré un recul de leur chiffre d'affaires en
2003.
D'autres, au contraire, ont remarquablement traversé la crise et se sont renforcés.
L'impact du retournement conjoncturel est financier puisqu'il s'est soldé par une
contraction des marges et un alourdissement de l'endettement des groupes.
Mais l'impact est également organisationnel car il contraint les groupes à repenser
leurs stratégies et leurs modes de développement.
Après avoir réagi rapidement avec des mesures de réduction de coûts ou des
cessions, l'heure est aujourd'hui à la mise en place des plans de développement à
long terme, notamment en matière de stratégie logistique.
Livres
Revues spécialisées
- Les Echos, l’art de l’entreprise globale, Molet H. et Dornier P-P, janvier 2006.
- Les Echos, le luxe se serre la ceinture, Tibounier V., Octobre 2005.
- Les Echos, les Champs Elysées cultivent le luxe, Chapuis D., Mai 2006.
- Stratégies logistiques, le Supply Chain Management dans l’industrie du luxe, Cantet
G., janvier 2006.
Sites Internet