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SE-Journal ordinaire d’un assassin pas ordinaire

1ère Partie : Le canal de Beaulauris.

-Amboise-

Le matin se lève sur la nuit sans fin du gardien du phare d’Amboise. Il a allumé la lumière comme
tout les jours depuis quinze ans qu’il vient au quotidien faire cette tâche. Il habite ici, dans cette
structure de pierre, cet abri de sa mémoire qui ne souhaite plus partir vers des souvenirs qui lui
troueraient l’estomac. C’est loin les drames qui ont décidé à cet exil marin, entre ciel et terre, entre
vide et oubli, entre ne plus être celui qu’il fût il y a vingt ans, celui qui tua. Celui qui s’enfuie. Celui qui
décide que jamais il n’irait se confondre face aux juges, aux familles de ceux qu’il a refroidi à jamais.
Alors, pour que sa paix intérieure essaie de le protéger de la tentation du geste suprême de meurtre,
il est venu ici, il a rencontré le vent. On l’a mis dans ce phare, au milieu de nulle part, un jour de
1870…Il est dans sa prison à lui, celle qui le rend malgré tout encore un peu libre au centre de son
rocher perdu vers le large. Au fond de son ventre, il sait désormais qu’il ne reverra jamais ni les
hommes ni la terre, que les années emporteront au fond de la mer d’Argile les souvenirs de ce que
furent ses méfaits abominables. Il est aujourd’hui Virgile, le gardien du phare, celui allume le feu du
phare, celui qui ne regardera plus de sa vie le regard des femmes, des enfants, des anciens. Il est
enfermé là pour contempler l’eau, salée, qui lui sert désormais de compagne. De témoin. Son histoire
s’y perd, s’y confond avec le reflet des vagues qui viennent heurter la carcasse brune qui s’élève dans
le néant du Cap De Verre…Virgile Lauquers, son prénom et nom, celui qu’il a donné à la compagnie
Slauter-Hardison, celle là même qui lui a donné ce travail, ce tête à tête avec son âme. Avant, il était
un dénommé Fabricio Mauro, un fils d’émigrant venu travailler dans les mines de sel de la Gaspe.
Quelque part dans la terre du Haut-Faissin. Dans la ville de Burre. Mais c’était une autre vie, celle de
malandrin au cœur détruit. Qui allait telle une rage infinie au fond de ses tripes en éveils perpétuels,
assassiner sauvagement quinze jeunes personnes, femmes pour la plupart. Deux, trois enfants aussi.
Et puis, un jour, cette affiche, cette annonce : « La Compagnie Côtière de la Région du Milieu, dirigée
par messieurs Slauter et Ardison, recherche un gardien pour le phare d’Amboise », une personne
disponible pour plusieurs années afin de gérer le bon fonctionnement de ce dernier. Merci pour
toute personne supposée être intéressée de se présenter en grande urgence dans nos bureaux situés
au 45 de la rue de Sort, à Amboise Sur Mer, Région du Milieu. Gardien de phare ? La voilà la belle
occasion, la belle liberté contemplative qui s’offrit à son parcours de peine désavouée. Donc il serait
gardien de phare. Lui, le malfrat, l’assassin sanglant, le criminel de sang. Au centre de ce rocher, dans
cette tour qui défie la mer de son air d’arrogance. Donc en route pour Amboise mon bon Virgile, ton
nom nouveau, celui que tu te choisis au détour d’un ultime moment de sauvagerie dans la nuit. Tu
seras Virgil, cet être calme en apparence, bien sous tout rapport, en tout les cas assez bien pour allez
s’approprier cette bâtisse là. Affronter cette solitude latente qui permettra à ce cerveau dérangé un
peu de repos de l’injuste. Découper à grand coup de dent ce fil d’acier qui le propulsera, ce sacré
Virgil tout neuf, vers l’impatience salvatrice de la survie du creux de la mer. Le printemps du
renouveau tant espéré car il faut bien oublier, au moins un peu de temps durant, la noirceur de
l’âme. C’est parfait Amboise, ce phare, ce bout de mer, cette solitude afin de s’extraire de la réalité
du l’envie viscérale de tuer. Toutes ces femmes, dont tu ne connais pas le nom. Mais, avant de
plonger vers cette vie nouvelle, si on en parlait un peu de ces meurtres ???? Après tout, bientôt ce
sera loin derrière, échappé au juge Mourisseau, celui-là même qui a décidé de couper la tête à celui
qui sera désigné comme l’auteur de cette série noire, ce cauchemar qui souille les trottoirs de ce
sang versé à grand flot, avec ce couteau. Rapide, vif, geste maîtrisé. Mais nous en parlerons quand le
temps sera venu de ce sacré juge là, ce satané bonhomme chargé de l’enquête et qui piétina si
longtemps… Donc on va les contempler ces fantômes de ces filles qui viennent réveiller Virgile dans
l’aurore sans sommeil. C’est qu’elles le hantent tout le temps. Pas de remords, non, pas de remords,
mais des spectres blanchâtres qui viennent lui parler, le consoler un peu, lui dire que ce n’est pas
grave, que rien ne remplacera ce qu’il a fait, que rien ne changera le cours de l’histoire qu’il a écrit.
-Marianne-

1866, Marianne Desrose à 22 ans, elle habite la rue Cautanssée, au lieu dit « Les Autemets », dans la
ville de Malnancé, pas très loin de Burre, dans le Haut-Faisin…Marianne est belle comme une rose
qui serait arrivée très vite remplir de joie le cœur des hommes. Elle est boulangère, comme sa mère,
comme son père, qui s’occupe du four, travail ingrat et ô combien difficile, comme sa grand-mère
avant elle. Et d’autres de la famille. Cinq générations. La boulangerie est bien située, elle est
appréciée en particulier pour ses petits choux à la crème, un trésor de délice que la population vient
acheter très fréquemment, un bonheur qui fond dans la bouche, à la crème légère…

Marianne à des yeux vers, une longue chevelure brune, des petits seins délicieux, un ventre plat, des
cuisses galbées, des fesses tendues et musclées. Une véritable beauté. Une de ses filles douces qui
font chavirer d’envie les hommes en la contemplant dans la rue ou venant acheter leur pain à la
boulangerie familiale. Il y a en a un en particulier, Jules Perssenet, qui l’aime beaucoup Marianne. Il
lui a même déjà offert des fleurs, lui a chanté quelques mots doux au creux de son oreille, l’a même
invitée à marcher un peu le long de la rivière Saule. Une journée chaude de la fin de l’automne. Avant
que l’hiver ne vienne s’emparer de l’ombre de Marianne.

Jules Perssenet est un gars du village comme on dit, vingt-trois ans, robuste. Il avait fréquenté
Marion Joliasse avant, mais elle a fini par épouser un notable non modeste…Donc bye bye Marion et
bonjour Marianne ! Au premier coup d’œil, il est tombé sous le charme de cette brune délicieuse ;
Son cœur en fût littéralement chaviré ! Donc il allait devenir client attitré de la boulangerie Desrose.
Un bonheur ces tourtes, ces gâteaux, qui lui permirent de rencontrer régulièrement cette fille dont
progressivement il apprit le prénom. Il tomba amoureux transis. Il rêva d’elle tout le temps comme
on dit. Et puis le grand jour, la ballade au bord de cette rivière qu’il trouva aussi merveilleuse pour le
coup. Et le soleil, qui faisait deviner le corps si beau, les formes admirables de cette belle jeune
femme qui marchait à ses côtés. Il avait envie d’elle, c’était limpide, évident.

Alors on parla mariage. Les familles se rencontrèrent, on organisa un repas, avec de la bonne viande,
du bon poisson, des légumes en quantité, de la liqueur et du vin. Et bien sûr du pain et de nombreux
gâteau et autres sucreries somptueuses qui faisaient la renommée de ces gens humbles mais pas
trop quand même.

Marianne resplendissait. Elle respirait une sorte de bonheur magnétique qui embaumé l’ensemble
des lieux qu’elle fréquentait. Elle demeurait désormais celle qui allait épousait cet homme là, celui
qui lui donnerait l’envie folle d’aimer à jamais.

Elle décida donc, un peu contre l’avis de ses proches et surtout de Jules Perssenet, de se rendre rue
de Jonchère, à Vilandreuse, éloigné de trois kilomètres à l’Est de Malmancé, annoncé la nouvelle de
sa prochaine union avec le beau Jules à sa meilleure amie, la non moins belle Emilienne Dumarque.
Elle prie donc la route le long du canal de Beaulauris, un jeudi, le quinze Novembre 1866, vers dix
heures le matin. Le canal avait fière allure, lui qui venait à peine d’être inauguré il y a quelques
semaines, après une de ces fêtes grandioses à laquelle la plupart des notables de la ville furent
invités. On y mangea et bu en quantité astronomique. Quand on construit, on ne compte pas. Mais
tout le monde fut bien heureux.

Marianne marchait tranquillement lorsqu’elle croisa ce regard posait sur elle, de ce jeune homme qui
semblait si doux. Pas un homme de part ici, pensa Marianne. Il était beau, se tenait à une bonne
quinzaine de mètre. Le coup de foudre fût immédiat. Elle ne put y résister. Comme un appel vers
l’infini désir. Jules, c’était superbe, mais pour les choses du sexe, un bel amant étranger vaut tout.
Donc, à sa totale surprise, elle se donna très vite à lui, dans les hautes herbes. Elle ne sentit en rien la
lame du couteau qui l’égorgea ni les multiples coups qui lui furent porter au ventre. La police en
comptera vingt-sept un peu plus tard, lors qu’ils découvriront, horrifiés et pâles, le corps de la belle
Marianne.

Pour Fabricio, qui n’était donc pas encore Virgil, le chemin de sang venait de s’ouvrir devant lui. Il
n’était ni heureux ni triste. Il était celui qui allait prendre la vie. Souvent. Pour pouvoir voir et revoir
encore un peu plus souvent les jolis fantômes des filles de la région de Burre.
-Hortense-

1866, quelques jours après les désastreux événements de Malnancé, Hortense fête ses trente ans.
Jeune femme de bonne famille, elle habite dans la basse région du Montesquieux, quelque part
entre Valrais et Moblencourt, à Tarons, précisément. Tarons se situe à seize kilomètres de Malnancé.
A l’Est. Hortense Malraux-c’est son nom- es issue d’une belle fratrie de six jeunes femmes plus
rondes les unes que les autres, dont le père, Joseph Malnancé, veuf de feu dame Morgane, partie
rejoindre le ciel sans rencontrer trop de nuage quelques années auparavant, gère comme il peut et
surtout avec l’aide de ses filles, le magasin pour dames de la place Centrale de Tarons, « A la belle
robe ». Hortense y officie en qualité de couturière, vendeuse, baume pour le cœur afin de masser le
mal être de nombreuses clientes qui viennent déclarer leurs malheurs à qui veut bien les entendre.
Parfois tout de fois quelques histoires plus plaisantes à entendre. Mais Hortense, de bonne tenue
morale et joviale, et surtout plutôt bonne commerçante, se laisse aller avec une certaine délectation
à entendre ces belles dames-ou moins parfois- venir raconter leurs malheurs ou bons moments bien
anodins qui viennent jalonner le cours de leur vie.

Mais aujourd’hui, le 19 décembre 1866, Hortense a trente ans. Une sorte d’âge de raison qui lui sied
plutôt bien. Encore aussi une bonne occasion afin d’apporter un soin particulier à son embonpoint
qui fait d’elle une de ces filles grasses que les hommes regardent si peu ou uniquement d’un coin
rapide des yeux ou d’un œil. Hortense est l’ainée des six jeunes femmes dont cinq lui servent donc de
sœurs. On ne les présentera pas ici, car elles n’ont que peu d’importance dans l’histoire qui demeure
la nôtre. Donc la fête bâtit son plein dans le magasin car bien sûr, son père, en bonne personne qu’il
demeure, avait invité l’ensemble des bourgeois et bonnes bourses de la ville à venir se rendre à ce
qui devait demeurer une des fêtes les plus importantes de cette semaine là. Et il ne savait pas quoi
faire afin d’apporter un bonheur sans faille à chacune de ses filles, qu’il chérissait d’un amour
paternel sans limite. Vers 21H30, Hortense, un peu éméchée, toute pompette comme parfois on le
déclare, suite à de nombreux verres de vin et autre mixtures liquides, décida qu’il était temps de
rentrer en la belle demeure familiale de la rue des Sements, au 13. Elle quitta donc les lieux et décida
de faire tranquillement les un peu plus de deux kilomètres qui séparaient le deux lieux en passant par
le parc central. Puis longer un peu le nouveau canal de Beaulauris, qui venait, comme vous le savez
déjà, d’être récemment inauguré après une cérémonie déclarée somptueuse. Et donc, bien sûr, la
famille Malraux avait été invitée. Donc, Hortense, vers 22h00, se retrouve au bord de canal, il fait
nuit, certes, mais la lune éclaire très bien et on a placé dans la partie de la ville que traverse le canal
de biens jolies lanternes, donc la nuit n’a pas de mise.

Hortense sent son cœur chavirer d’un seul coup lorsqu’elle voit ce jeune homme si beau, qui la
dévisage, elle, la fille dont personne ne veut ou si peut, qui n’a connu l’émoi sexuel que zéro fois, se
trouvant en face d’elle. Il faut dire qu’il est bien désirable ce jeune homme. Habillé comme un prince-
mais qui aurait perdu une partie de sa brillance suite à diverses aventures maussades-, avec ce
regard de braise qui annonce tant de bonnes choses. Elle ne peut résister. Son cour battait la
chamade à en perdre les sens. Il se rapprochait. Dix mètres, puis cinq puis il fût là. Il l’enlaça, elle se
laissa faire, ils partirent dans la ruelle un peu plus sombre. Ils s’embrassèrent. Hortense senti le désir
exploser comme la calotte d’un volcan en fusion au fond de tout son corps. Ses gros seins se
dressèrent comme jamais. Durs ! Et la chose du sexe se fit, belle, quoi qu’un peu rapide, dans cette
ruelle sombre qui les protégeaient pourtant à peine des fenêtres toutes proches des maisons de ce
quartier bourgeois. La jouissance et la découverte du plaisir la transporta.

Hortense ne remarqua pas que le beau jeune homme sortit de sa poche un long couteau et lui
trancha la gorge. Elle ne comprit pas et mourut comme cela, emplie de plaisir intense.

Pour parachever son travail, Fabricio, car il s’agissait bien de lui, lui perfora à maintes reprises son
ventre et ses cuisses. Il signa d’un rapide « F » au creux de ce ventre. Ceci devait devenir sa signature
et la façon de procéder son modus operandi.

Le lendemain matin, vers 7h15, un jeune garçon qui partait pour l’école, trouva, horrifié, le corps
d’Hortense. La police, pâle, comptabilisa vingt-sept coups de couteau. Et une rose dessinait sur le sol,
à côté de la dépouille de cette fille. Avec son sang. Cela va de soit. Fabricio venait de rentrer de plein
pied dans la lignée des grands tueurs lyriques. Et machiavéliques. Mais la police n’avait pas encore la
moindre idée de qui il était et le juge Mourisseau n’était en rien à ce moment précis chargé de
l’affaire qui allait mettre les estomacs sans dessus dessous. Question de temps, cela va de soit. Car
l’ampleur des événements n’allaient faire que s’accroître.
- Jeanne-

Jeanne, vingt-deux ans- fait parti de ces jeunes femmes que la vie installa dans une situation sociale
délicate. Fille unique du métayer Joseph Lantesques, qui professait à Lamburette, basse région de
Montesquieux, elle perdit effectivement son père il y a deux ans lors de travaux d’assainissement
effectués dans la propriété de Charles Moriand, cultivateur, dont il avait l’obligation contractuel de
gérer le bien, en l’occurrence un terrain sur lequel il était convenu entre le bailleur et Joseph Dorian
que des arbres fruitiers seraient plantées et donc cultivées. Un jour de printemps, avant le
replantage de jeunes pousses, un orage terrifiant éclata soudainement et le père de Jeanne fût
foudroyé par un éclair qui décida de passer par là et choisi le brave monsieur Lantesques comme
paratonnerre.

Donc sans ressource-Jeanne ne pouvait pas reprendre la profession de son père, cela ne se fait pas,
une jeune femme toute courageuse soit-elle ne peut prétendre accéder à cette tâche, cette position-
, se décida assez vite et par la faim qui grondait au fond de son ventre et également car Monsieur
Charles Dorian auquel pourtant elle faisait parfois quelques gâterie le soir avant le coucher, au fond
du terrain, dans le cabanon en pierre sèche où l’on pouvait s’étendre en toute quiétude car ce bon
monsieur Dorian, marié-il est important de le préciser-, demeurait fort réceptif à la beauté
vigoureuse de cette fille au regard de braise-, attendait toujours le moment précis pendant lequel
son épouse-nous ne donnerons son nom par mesure de pudeur, la pauvre femme trompée…- afin de
proposer, enfin, plutôt d’étreindre assez rapidement et sans enlever son pantalon cette belle plante
aux seins plantureux et au cul bien perché, jamais ne considérerai l’idée de l’épouser et pour cause, il
était marié à cette jeune femme moins vigoureuse dont, pour des raisons que vous pouvez bien
comprendre aisément, nous cacherons encore ici le nom. Donc la loi de la lâcheté l’emporta et ce
cher monsieur Dorian, non cependant au préalable avoir attribué une certaine somme d’argent à
Jeanne susceptible de lui permettre au mieux de manger quelques jours, la congédia sur le champ. Il
ne voulait pas la garder, une bouche à nourrir en plus, c’est beaucoup. L’ingratitude l’emporta donc.

Jeanne se fît donc fille de joie, mais pas dans une maison, elle ne voulait pas qu’une mère maquerelle
s’occupât d’elle et de ses revenus. Mais elle créa un lieu, elle-même car elle avait de la ressource la
belle fille, un café bien sous tout rapport-« Chez Jeanne », que c’est partique et facile afin de se
rappeler- qui, en coulisse, permettait de passer quelques moments agréable entre le café et le
premier ou le second verre d’eau de vie. Elle s’installa donc dans le village voisin, à l’ouest de
Lamburette, Marmoreau. Place de la mairie. Au quatre précisément. Et que les hommes appréciés
cette eau de vie là ! Bien sûr ils venaient toujours sans Madame. Cela va de soit. Qu’il était beau ce
café, situé en bord du canal de Beaulauris-tiens, tiens…- , éloigné de neuf kilomètres à peine de
Malnancé. A l’ouest exactement. Jeanne recevait d’ailleurs la plupart de ses livraisons indispensables
au bon fonctionnement thérapeutique de son commerce par quelques péniches qui utilisaient le
chemin de halage qui leur permettaient de se frayer plus facilement un chemin le long du cours
d’eau artificiel.

Et le dimanche 27 février 1867 arriva…Jeanne, comme tout les jours, ouvra son café vers 07h30 ce
matin là. C’est que les premiers travailleurs avaient déjà fort soif à cette heure là ! Il faut bien
comprendre que son café était de dimension réduite-il ne comportait que quatre tables et un
comptoir. Derrière se trouvait un réduit permettant de pratiquer les choses de la vie comme on dit.
Et accessoirement le stockage des denrées et autres bouteilles destinées à la clientèle des plus
régulières…

Vers 08H30, le jeune Aignan Philibert, vingt ans tout ronds mais assez de pièces dans la poche avant
de chemise de travailleur, entra « Chez Jeanne » comme tout les dimanche matin à la même heure
afin de batifoler entre les seins plantureux et les fesses délicieuses de la patronne, entre deux ou
trois verres d’eau de vie- c’est que cela donne soif le travail dans les champs !!!-. Et là, le jeune
Philibert faillit tourner de l’œil, tomber dans les pommes, perdre conscience ou encore plus
vulgairement capoter lorsqu’il percuta dans son élan le corps nu et inerte de la Jeanne. Il y avait cette
rose dessinait au sol. Avec le sang de Jeanne. Et cet effroyable « F » tailladé sur le ventre de la jeune
femme. Sans compter qu’elle avait été égorgé et frappée à de nombreuses reprises sur l’ensemble de
son ventre. La police, appelée rapidement afin de venir sur les lieux- en dénombrera-je vous le donne
en mille- vingt-sept…Il semblerait bien que Fabricio Mauro soit de retours. Comment cela est-il arrivé
cette fois ? Cela semble assez simple a mettre en place. On peut imaginer qu’il est arrivé dés
l’ouverture du café, que la jeune femme, pas réticente le moindre du monde au vue de sa double
activité, fût de surcroît touchée par la grâce de ce jeune homme et se laissa séduire encore un peu
plus que pour les autres et que l’acte se déroula immédiatement sur le sol après qu’elle eut fermé la
porte de chez « Jeanne ». Et que, très vite après moult baisers, jouissance et toute autre chose liées à
la pratique de l’acte sexuel, notre sacré futur Virgil sortit son couteau, lui trancha la gorge, lui lacéra
ce « F » et la perça de coups multiples sur le ventre. Et cette rose, dessinée sur le sol, comme un
adieu, un merci. Un « je vous aime ». Ce furent d’ailleurs les premières conclusions que le juge
Mourrisseau, cette fois chargé de l’affaire, mettra en évidence lors de la découverte de la scène de
crime. Il avait l’âme aventureuse ce jeune et beau juge. Et il en aurait besoin car il était désormais sur
les traces d’un assassin ordinaire mais récalcitrant qui allait lui donner bien du travail et des heures
de sommeils à récupérer. Et quelques sueurs froides…
-Adèle-

Adèle de Montbuis-Larsac avait 26 ans, fille de l’aristocrate du même nom, cela va de soit, qui portait
le prénom de « Mon Colonel » car c’était celui que l’ensemble des membres de sa famille lui
attribuait suite à ses rares exploits guerriers réussis lors de son passage dans le troisième corps de
Transmission du Comté d’en Haut. C’est peu dire qu’il avait était régulièrement en première ligne
lors des divers et nombreux conflits avec les états voisins il y a une bonne quinzaine d’année. Mais
aujourd’hui, la paix totale était de rigueur et ce brave homme pouvait jouir d’une charmante retraite
et avait, de ses rentes- acheter la propriété de Malraison, en terre basse de Solautré, sur les terres de
Loubraisseau, charmant petit village situé le long du canal de Beaulauris et à proximité de Malnancé.
C’tait une de ces bâtisses solides et en bon état qui garantissait à son propriétaire une certaine
notoriété auprès des notable et de la bourgeoisie locale. Il avait d’ailleurs, lui et sa famille, invité
l’année précédente, à la merveilleuse fête d’inauguration du tout nouveau et tout beau canal qui
jouxtait leur maison. Si ceci ne demeure pas un gage de reconnaissance, c’est que le ciel ne sait plus
à quel saint se vouer…

La mère d’Adèle, Florence, était une de ces femmes anonymes totalement dans l’ombre de son mari.

Mais revenons à Adèle. Elle fût marié-et oui, elle est jeune veuve depuis bientôt trois années- de feu
le capitaine de Beauraing, jeune militaire fougueux qui trouva une mort terrible mais oh combien
héroïque en grimpant dans un arbre fruitier afin de cueillir une pomme lors de manœuvre de sa
compagnie de hulans fiers et droits. Là, il termina plutôt la tête par terre…Ce qui est assez terrifiant
et humiliant pour un cavalier. Mais, comme il était le beau-fils « du colonel » des transmissions du
Comté d’en Haut, un homme intègre et haut combien respecté, il eut droit aux honneurs les plus
solennels lors de sa mise en terre. Une cérémonie qui rameuta, hormis bien sûr l’intégralité de la
famille solidaire comme jamais-enfin, c’est ce que l’on dit-, l’ensemble de sa compagnie et des
habitants de Loubraisseau, ce qui n’est pas rien ! Donc Adèle depuis presque trois années était sans
homme. Enfin, de temps en temps, comme pour passer le temps, elle portait à ses lèvres le zizi de
Valentin Moucheton, serviteur de son père depuis une bonne quinzaine d’année. Il bandait mou,
mais c’était mieux que rien en attendant le retour de l’amour. Donc, un soir sur trois, à vu d’œil,
Adèle recevait Moucheton dans sa chambre. Elle se déshabillait, le suçait puis se laissait prendre sans
joie. Quelques cris et l’affaire était conclue. L’ingratitude des bourgeoises se déclarait secrètement
Valentin Moucheton. Mais comme il aimait bien ses petites fesses bien tendres, son ventre doux, ses
petits seins tout tendus, son visage bien agréable, il se contentait de répondre à ses appels. Et, tout
les trois nuits, était avec elle. Il avait trente-cinq ans, avait commencé cette relation depuis presque
quatre années maintenant, avant même la mort du mari, le hulan tombé d’un arbre. C’était arrivé
comme cela. Il l’avait approché, elle avait dit « oui » et ils étaient devenus amants. Rien de plus, rien
de moins. Il faut dire que le cavalier était souvent absent et que peu de fêtes étaient organisées à la
maison donc rencontrer de charmants jeunes hommes était chose compliquée.

Le 19 Avril 1867 arriva. Vers 09h40 du matin, pour une raison qui échappèrent à ses proches et son
amant, Adèle décida de partir pour une ballade en solitaire-elle le faisait assez régulièrement
cependant, pour passer quelques heures de la journée en toute quiétude- le long du canal de
Beaulauris-aïe aïe aïe…-. Vers 10h00, Adèle, qui était svelte et sportive, arriva assez rapidement à
l’entrée de la forêt de Quinçons, qui hébergeait cette merveilleuse petite colline sur laquelle elle
aimait se réfugier et contempler la vallée. En montant la colline, elle se senti suivie. Il y avait ce beau
jeune homme, qui était là, juste derrière elle, à quelques mètres. Un sourire merveilleux aux lèvres.
On peut pensait qu’il lui plut immédiatement. Elle lui demanda de venir, de s’assoir avec elle. Ils
parlèrent. Parlèrent encore et encore. Puis il la frôla de ses doigts, l’embrassa. Elle se laissa faire. Il
lui trancha la gorge en un coup d’une violence inouïe. Le sang gicla en moult geysers. Elle mourut sur
le coup. Et il la déshabilla, lui découpa le sein gauche. Le posa à proximité de sa jambe gauche. Au
niveau du genou. Là où la peau était la plus douce. Il la prit cette fois alors qu’elle était morte,
contrairement à Jeanne, Hortense et Marianne, enfonçant bien profondément sa verge dure comme
de la pierre dans ce sexe de femme. Il jouit. Il sorti. Ensuite, lentement, il traça un large « F » sur le
bas gauche du ventre d’Adèle, puis lui asséna vingt-sept coups de son large couteau, celui-là même
que son père lui avait offert pour ses dix-huit ans. Puis il déposa une rose fraichement cueillie sur le
ventre de sa bien aimée sacrifiée.

En descendant la colline du carnage, il rencontra Angèle, petit berge de douze ans. Comprenant qu’il
était en danger, Fabricio l’étrangla afin qu’il ne parle pas de cette rencontre. Et jeta son corps dans
les fourrés. Il sera découvert trois jours après le corps d’Adèle. Le juge Mourrisseau sera effondré à la
vue du corps d’Adèle. Et encore plus après celle du petit Angèle qui n’avait pas eu le temps de
devenir un adulte. Cependant la vue de la rose éternelle lui montrera que « F » avait encore une âme
humaine. Au-delà de toute rage et monstruosité, il ne cherchait pas une bête mais bel et bien un être
humain de chair et de sang.

L’ensemble de la population de la ville et des villages des environs assistèrent aux obsèques d’Adèle
et du petit Angèle. La mort eut honte.

Fabricio pleura au bord de l’étang dans lequel il se lava au cœur de la forêt. Il était redevenu le beau
jeune homme. Puis il reprit sa route.
-Apolline-

Appoline a 22 ans. Elle est rentrée dans les ordres il y a quatre ans, car elle ne pouvait concevoir de
vivre dans les villes des hommes, elle qui était tombé amoureuse de dieu, le plus bel homme parmi
les plus beaux hommes. Elle était une sœur donc. Au monastère de Comercqueux, en Terre
Moyenne. A proximité de Longsy, petite bourgade agréable. Pas très éloignée de Burre. Une
personnalité joviale. Très belle, de long cheveux roux que l’on ne pouvait voir car son voile et la
cornette la cachait, de beaux seins, toujours tendus car dieu aime en permanence, un corps de
femme merveilleux mais qui ne serait jamais offert à aucun regard masculin. C’était une sœur
dévouée Apolline. Elle travaillait sans compter dans l’abbaye, ne disant jamais non afin d’effectuer
les tâches les plus ingrates. Peu importe, tant que cela sert Dieu, c’est parfait. Elle se lève tôt le
matin, vers quatre heures trente-, va à la prière, puis au petit déjeuner, puis à ses diverses
occupations puis à la prière, puis au repas puis au travail. Et, après la dernière prière du soir, au
coucher. Elle dort nue Apolline. Elle aime cela, ce contact privilégié de sa peau avec la toile de ses
draps. Elle se sent apaisée pour les quelques heures qu’elle passe seule sans sa cellule. Alors elle se
touche, régulièrement. Elle demeure une femme. Jeune, belle, attirante au possible. Et elle est
amoureuse de ce jeune homme qu’elle a rencontré sans qu’ils parlent au bord du canal de
Beaulauris-et oui, le revoilà ce fameux canal qui vient de voir passer tant de drames…- alors qu’elle
allait chercher en compagne de sœur Eléonore le ravitaillement pour l’abbaye avec la petite
charrette et les ânes Turpin et Malengrin. Elle a été touchée par sa grâce, son corps d’une beauté à
couper le souffle d’une jeune sœur belle comme le diable de vingt deux étés, élégant tout en
conservant cet aspect d’une certaine classe ouvrière. Et cette droiture ! Cette musculature à vous
faire chavirer. Et ce soir là, nu dans son lit, elle y pensa beaucoup à cette musculature parfaite. Elle
en jouie comme une folle, sans le voir venir…Sûrement l’amour interdit dont Sœur Théodore lui dit
parfois. Qu’il ne faut pas s’abandonner à ce sentiment là. Mais là, ce n’est aucunement une
possibilité. Ce jeune homme l’a touchée en plein cœur, l’a transcendée. Elle le veut. Et elle l’aurait. Le
lendemain soir, cela recommença. A nouveau ce désarroi de deux corps qui ne se rencontrent pas. Et
cette folle nuit de désespoir. Apolline était emportée dans un tourbillon délicieux d’amour et de
chair. Elle n’en parlerait pas à la mère supérieure mais elle allait agir. Il le fallait, pour le sauvetage de
son âme.

Et le 25 juin 1867 arriva. Au matin, elle apprit qu’il fallait partir au ravitaillement. Quelle aubaine !
Elle y irait seule. Ce qu’elle fît. Elle parti donc en charrette, en compagnie des ânes Turpin et
Malengrin, le long du canal. IL ETAIT LA, au bord du chemin de halage, seul, pour elle !!! Elle le vit de
loin. Elle retira son voile et laissa voler au vent sa chevelure rouge feu. La charrette s’arrêta. Il monta
à ses côtés. Ils s’enlacèrent, quittèrent la route très rapidement, entrèrent dans un petit sentier en
bord de forêt, puis tout alla très vite, comme dans un rêve. Ils firent l’amour tendre, beau, celui des
amants de l’amour éternel. Elle était ravie au-delà de tout espoir. Ce serait son secret, de chair, celui
qu’elle rêvait chaque nuit depuis une semaine maintenant. Cet homme était un ange doux qui la
couvrait des baisers les plus tendres. Lui donnait le plus beau des amours. Ils s’aimèrent, s’aimèrent
et s’aimèrent encore et encore. A multiple reprise. Mais bientôt elle devrait partir. Elle n’osait pas y
penser une seule seconde de sa vie…
On retrouva le corps nu d’Apolline le 26 juin 1867. Le visage avait été écrasé par une grosse et lourde
pierre lancée à la volée, venant réduire en bouillie ce qui fût encore quelques secondes avant que le
projectile ne proféra son travail macabre un visage d’une beauté remarquable, comme irréelle. Il y
avait un atroce « F » taillée sur trois centimètres d’épaisseur sur le bas du ventre de la jeune femme
et vingt-sept coup de couteau portés avec une sauvagerie extrême. Il manquait les deux seins. Posés
sur chaque côté des jambes, au niveau des genoux pour chacun d’eux. Aucune rose n’était dessinée
cette fois ou déposée sur le corps. La tenue de sœur, dans son intégralité, avait été découpée en
carrés relativement réguliers et étalée en tas devant les pieds.

Mais qui était ce diable d’homme se demanda le juge Mourrisseau…Mais quel message veut-il nous
faire parvenir au-delà de l’horreur de ces massacres ? Car il y a forcément un message. Rien ne peut-
être délibéré dans ce type d’agissement. Il tue des femmes, excepté le pauvre Angèle, victime d’avoir
été un témoin dérangeant dont il fallait se débarrasser à tout prix, et, hormis Apolline, leur laissait
une fleur de sang ou une fleur réelle. Il faut dire qu’Apolline était aussi et surtout une sœur. Il y avait
toujours acte sexuel entre les deux personnes, consentis. Donc les femmes, toutes jeunes, n’étaient
en rien insensibles au charme naturel de cet homme là. Donc c’est certain il fallait trouver un homme
relativement jeune, à l’allure remarquable afin de justifier que les jeunes dames, avant de se faire
trucider de façon hallucinante et morbide, se livraient à lui aussi facilement. Il n’était pas non plus un
gentleman bourgeois de la région. Il n’était pas non plus un ouvrier, du moins dans l’apparence. Il
aimait être soigné. Mais garder un certain aspect négligé, un peu bohème. Décidément ce pauvre
juge lui-même plutôt beau garçon, avait du pain sur la planche. C’était peu de le dire. Mais une chose
est sûr, le canal de Beaulauris jouait un rôle capital dans toute cette histoire. Et ce « F », cette
signature ?? Prénom, nom, ville, région ou pays d’origine ? Et ces vingt sept coups de couteau…Que
de terrifiantes questions auxquelles il faudra répondre très vite car il est évident que ce satané
assassin décidément pas ordinaire n’allait pas s’arrêter en aussi bon chemin.
–Eugénie-

Eugénie de La Varonne-De Marmot est une délicieuse jeune femme de vingt-trois ans, brune,
élancée, à la petite poitrine subtile. Elle a été éduqué par les sœurs jusqu’à ses dix-sept ans au
couvent des Armailles, dans les Hautes Terres de Candélie, au-delà de la Crète. Ce sera l’Age de son
entrée dans la vie, celle des soirées, des premières aventures auprès de jeunes prétendants plus
fortunés les uns que les autres. Elle vit au château de Vermeilles, installé sur les terres Basses de
Cornoue. Géré d’une main de fer par Monsieur de Duc de La Varonne-De Marmot, seigneur et
régisseur de territoire qui s’étend des forêts de Bautrès à la colline de Marvendres. Vaste territoire
sur lesquels sont implantés les villages de Cohars et Malterre. Une population plus ou moins dévouée
au Duc. Ce dernier à une épouse, la dame du château comme la nomme les villageois. Toujours
habillée de blanc, elle passe sa vie à veiller à tout ce que soit parfait dans les pièces et le
fonctionnement du château. Ce dernier comporte vingt-six pièces- Une grande salle d’apparat, les
cinq chambres personnelles-celles du duc, de sa femme, la Dame du château-, des trois sœurs-
Eugénie, Amélie et Marthe- la cuisine, la petite cuisine, le salon, le grand salon de réception, la
bibliothèque-grande fierté du duc avec ces très nombreux ouvrages, philosophiques, littéraires, de
voyage, d’aventure-, les dépendances des serviteurs-très rustres avec quatre chambres, une cuisine
des plus simples pour leur ordinaire, un salon rustique et les latrines-il faut bien faire ses besoins…- la
véranda d’été, avec son grand salon et son jardin d’intérieur des plus remarquable et qui fait la fierté
de la maîtresse de maison, le salon de rotin, la petite véranda d’hiver avec sa dépendance, la salle
des trophées de chasse-le duc est un fin chasseur, président de la confrérie des chasseurs des Terres
Basses de Cornoue depuis plus de vingt ans, son honneur au-delà de tout- et cinq pièces plus
obscures destinées au stockage des denrées, conservation, tâches utiles pour l’entretient et la vie
quotidienne de l’imposante bâtisse.

Le domaine dispose également de douze hectares de bois et forêt, d’un étang, d’un jardin potager,
d’une dépendance-maison forestière de six pièces destinée à la réception des chasseurs et des fêtes
organisées à l’honneur de cette activité. Nommée « La Malandraie », elle jouera un rôle capitale dans
la suite des événements qui jalonneront la courte vie d’Eugénie…Et des écuries avec six chevaux de
haut rang.

Eugénie s’ennuie entre les murs de son château. Elle dort mal, les fêtes ne lui permettent pas
l’épanouissement. Celle des femmes qui ont le désir qui brûle au fond de leur ventre. Elle a bien
rencontré quelques paons de basse-cours qui lui ont chanté fleurette, mais aucun n’a encore eu le
courage avancé de la déshabiller, lui montrer les routes du plaisir. Et puis père s’est mis dans l’idée
de lui faire épouser l’été prochain ce Monsieur de Courrevant, à moitié vieux notable, cinquante ans,
pas beau pour un sou mais qui dispose d’une petite fortune personnelle non négligeable même si le
Duc prétend demeurer la principale fortune de la région. Ce qui, dans le principe, peut s’avérer
demeurer un acte de vérité. Dans le principe car quelques dettes sont venues entacher cette réalité
là. Le duc dispose d’un défaut, le jeu. Les cartes. Il invite souvent quelques « amis » autours de sa
table afin de se lancer dans des parties endiablées, qui durent jusque tard dans la nuit, et comme le
duc est mauvais joueur et buveur moyen, il termine souvent avec de grosse sommes perdues et
l’alcool le martyrise terriblement et le rend austère. Ces soirées se passent régulièrement les jeudi.
Eugénie se réfugie dans son domaine à elle et rêve de sexe, osons le dire clairement. Alors elle aime,
elle aussi, se mettre nue, se toucher partout là où son corps lui procure des ondes de plaisir non
négligeables. Elle n’a jamais vu le sexe d’un homme, mais celui de quelques animaux-chevaux- qui lui
donnèrent une certaine nausée tout en la troublant étrangement. Elle a attrapa des sueurs bien
surprenantes. Eugénie voulait baiser !! Et cela allait arriver par la rencontre lors d’une sortie en ville à
l’Eglise un dimanche avec le jeune fils de Monsieur et Madame Longuet, Alfred, vingt ans, batelier au
moyen court sur le canal de Beaulauris tout proche. Ils se plurent immédiatement. La braise les
consuma en un regard. Ils étaient beaux ces deux là ! Très vite, sans fanfaronnade, ils se retrouvèrent
régulièrement « en secret » comme on dit à « La Malandraie , Eugénie prétendant aller faire de
longue marches dans la forêt, pendant plusieurs semaines, lorsque le jeune Alfred n’était pas
embarqué sur la péniche de Monsieur Turquin, pour lequel il pratiquait son métier.

Que c’était bon de se faire caressée, déshabillé, embrassée, prendre en douceur par ce jeune homme
là !! Tout était si simple, si beau, si naturel…Le bonheur idéal en quelque sorte. L’amour était enfin là,
à sa porte ! Enfin, tout était relatif car le mariage avec ce satané Monsieur De Courrevant arrivait à
grand pas et il semblait évident que jamais Père n’autoriserait une annulation en faveur d’Alfred…Il
n’était en rien noble et d’un parti assez médiocre. Mais pourtant c’était lui qu’elle aimait !!

Et le terrible 15 juin 1867 arriva. Eugénie, confortée dans son amour pour Alfred, décida, comme
cela, d’aller retrouver son amoureux à sa péniche dont il s’occupait seul ce jour là, sur le canal. Elle
parti donc le long du chemin qui jouxtait cette ligne d’eau vers 09h45 ce matin là. Elle comptait
environs cinquante minutes de marche. Cela faisait à peine vingt minutes qu’elle était en chemin
lorsque son cœur s’arrêta de battre…Il y avait la devant elle ce charmant jeune homme, beau comme
un dieu grec, qui, fièrement, se tenait en toute quiétude en face d’elle, posé là, sur ce chemin. Mais
qu’il était beau. Le visage de la délicieuse Eugénie vira au pourpre. Ses petits seins doux, libres sous la
légère étoffe de son corsage initialement destiné à son amant et ses mains douces, ne firent qu’un
tour et se dressèrent, durs et beaux. Le jeune homme en face d’elle le remarqua, cela ne faisait
aucun doute…Et elle devinait une belle bosse au milieu de son pantalon merveilleux, blanc,
immaculé. Elle avait une envie folle de s’emparer de ce sexe de garçon et le manger tout cru !
Comme Alfred semblait loin tant l’appel de la chair battait ses tempes ! Il se rapprocha. Elle le laissa
faire. Il prit sa main, elle accepta. Il lui déclara, avec un léger accent teinté de soleil « je ‘appelle
Fabricio Mauro ». Elle lui répondit « je suis Eugénie ». Il l’emmena à laurée de la forêt toute proche,
choisi une belle clairière ensoleillée. Il la déshabilla sensuellement, fît de même. Elle prit son sexe dur
dans sa bouche puis il lui fit l’amour sereinement, elle jouit, il la repris encore. Elle était convulsée de
bonheur. L’amour la brûlait, la consumait. C’était si intense, si pur, si merveilleux, si troublant.

Le 16 juin au matin, vers 09H20, Charles Nodert, jeune clerc de notaire en goguette dans la forêt avec
son amie Louise Couperet, trouva le corps dénudé d’Eugénie…Il en perdit connaissance
immédiatement ainsi que son amie.

La délicieuse jeune femme avait été égorgé avec un couteau de belle dimension, très hâtivement vu
la plaie hallucinante que sa gorge portait. Elle porti aussi vingt-sept coups de couteau en de multiples
endroits sur son ventre. Ses deux seins avaient étaient découpés et déposés l’un à côté de sa jambe
gauche, au niveau du genou, l’autre à côté de sa jambe droite, également au niveau du genou. Il y
avait également cet atroce « F » taillé sur le bas ventre de la jeune femme. Et cette rose, naturelle,
posée sur son abdomen. Et, nouveau détail, deux baiser de sang déposé sur son sexe et ses lèvre,
légèrement mordues.

« Singulière scène d’amour » déclara le juge Mourrisseau à la vue de cette scène de crime si
particulière et insoutenable. Il est désormais évident que cet homme recherche l’amour, chasse ses
victimes pendant des jours, les observes et attend le moment opportun afin de les aborder. Comme
un rituel, une procession, avec des habits dignes d’un prince des ténèbres afin de leur plaire au-delà
d’une beauté charismatique. La séduction, très sommaire et rapide puis l’acte d’amour sont les
premières étapes de son cheminement meurtrier ou Modus Operandis. Et ensuite, vite, il les tue en
les égorgeant. Pour ne pas les faire souffrir trop longuement ? Et les vingt-sept coups de couteau, tel
un acharnement. Mais qui signifient autre chose, c’est certain. Et les seins ou le sein découpé. Puis
placé en cet endroit précis. Et, enfin, cette rose, soit naturelle, soit de sang. Comme une offrande,
une preuve d’amour évidente. Et maintenant ces baisers déposés à ces endroits si clairs, ceux de
l’amour. Enfin, et peut-être finalement le pire, cette « signature », ce « F » grossier qui leur laisse,
pour que l’on sache qu’il fut l’ultime amant consenti de ces jeunes femmes. Pour que nous le
trouvions ?

Nous recherchons donc un jeune homme de trente ans maximum, d’une beauté sans égal, qui
change de secteur géographique assez vite mais avec des distances relativement courtes. Il est à
pied, il prend son temps d’observer, de chasser. Peut-être qu’il prend plusieurs jours pour préparer
son acte. Il est méthodique donc. Très organisé, sûr de lui. Le Canal de Beaulauris est son territoire.
Mais qui es-tu satané petit monstre ? Tu as déjà pris les vies de Marianne, Hortense, Jeanne, Adèle-et
du petit Angèle, que tu ne voulais pas tuer-, Apolline et maintenant Eugénie. Mais quand stopperas-
tu cette danse macabre ? Quand tu auras trouvé le repos.

Pendant ce temps Fabricio Mauro brûla le vêtement, taché de sang car il avait était négligeant avec
son couteau et avait dû attendre l’aurore avant de rentrer de la clairière où il avait épousé la belle
Eugénie. Il irait en acheter un nouveau plus tard, lorsque nécessaire, chez le père Duboret.

Là, pour le satisfaire, il demeure le bracelet de sa belle pour se remémorer leur rencontre sauvage,
caché là où il faut. Et il y a déjà les fantômes de ses merveilles viennent parler avec lui, au cœur de la
nuit, et parfois pendant le jour. C’est qu’il demeure bien accompagné Fabricio. Mais il faut être de
retours dans les mines de sel de la Gaspe, car il a beau être contremaître, il ne peut justifier
éternellement une trop longue absence. Cela peut se comprendre.
-Célestine-

Célestine Burat a trente et un ans, institutrice au village d’Herbeville, Terre Basse du Sud. Elle est un
peu ronde, mais avec un aspect empli d’une classe évidente. De longs cheveux bruns qu’elle remonte
en chignon. De gros et très beaux seins lourd mais toujours en appel de liberté. Et un postérieur qui
donne faim à la plupart des hommes qui ont la chance de croiser cette belle plante bien poussée au
doux soleil de cette belle Terre Basse du Sud.

Célestine est ce que l’on pourrait appeler une belle femme de la campagne, bien nourrie, bien en
chair, et toujours partante pour quelques aventures grivoises et frivoles. Elle aime et déborde de vie
la belle Célestine.

Elle habite seule-pas de mari, pas d’enfant, pas de mariage mal consommé- car Célestine est une
femme libre, indépendante. Sa maison jouxte l’école communale, au treize de la place des Amandiers
en Fleur, Herbeville. C’est une petite maison toute simple mais accueillante où il fait bon vivre. Ses
amants de passage, nombreux, et pas des moindres dans la hiérarchie sociale de la région, l’apprécie
d’ailleurs tout particulièrement. Elle est constituée de cinq pièces : la salle à manger, la cuisine, la
chambre, le débarra et un salon de dimension réduite où l’on sert selon les heures du jour le thé ou
l’eau de vie voire le vin. Car c’est qu’elle en reçoit du monde ! Surtout des hommes. Elle n’aime pas
particulièrement la promiscuité avec les femmes. Sauf lorsque l’une peut lui procurer un peu de
plaisir coquin. Mais c’est très rare. Rien ne vaut les hommes pour s’écrouler ivre de bonheur intense.

Célestine est donc institutrice à l’école communale depuis maintenant dix ans. L’école est un
bâtiment un peu austère, composé d’une salle de classe et d’une dépendance destiné à quelques
instants privilégiés de repos. Ses enfants comme elle les appelle, l’apprécie beaucoup. Il faut dire
qu’elle est douce, sévère lorsqu’il le faut. D’une justesse absolue. Elle a en permanence quinze à
vingt enfants en permanence dans sa classe. Elle connaît le prénom et le nom de chacun. Et leurs
parents respectifs. Parfois un peu plus le père. Pour quelques câlins doux et passionnés dans l’alcôve
de sa chambre. Surtout le père de la petite Margot, le bel Anatole, vingt-neuf ans, vigoureux
bûcheron qui officie en forêt d’Abanves, à deux pas du village. Et qu’il est bien équipé ce monstre
d’homme là ! C’est qu’elle aime ce faire galoper par ce cavalier de bonne prestance ! On peut le dire
en toute franchise, Anatole est bel et bien actuellement-le vent passe mes amis !- l’amant régulier de
la plantureuse Célestine. Ils aiment se retrouver les Mardi, Jeudi et Dimanche après-midi, après le
travail. Pour une heure la plupart du temps. Ce n’est qu’un secret de polichinelle et seule la femme
du beau bucheron ne semble pas être informée de l’affaire. Il faut voir comment ils se regardent à
l’Eglise, lors de la messe du curé Dandin, le dimanche matin ! Avec de ces envies de se rouler des
pelles comme on dit ! Cela se voit en plein milieu de leur figure, sans même chercher à le dissimuler.
D’ailleurs les grandes opérations seraient, comme pour chaque dimanche depuis quelques mois déjà,
pour cet après midi, 17h00. Donc, à cette heure tapante, le bel Anatole arrive, en toute discrétion
relative, pour un café soit disant, ou un verre d’eau de vie qui chauffe le corps et les esprits et puis
vas-y que je t’embrasse à pleine bouche, que je te glisse les mains dans le chemisier, que je te prends
ces gros et beaux seins à pleine main, et que tout ceci se termine dans la chambre, dans ce lit assez
vaste finalement. Et le sexe triomphe une fois de plus et de quelle manière ! Et on remettra cela les
Mardi et jeudi à venir !

Et le bientôt triste Lundi 14 septembre 1867 arriva…


Comme certain après-midi, après la classe, Célestine aime aller marcher le long du tout nouveau et
tout beau canal de Beaulauris, tout proche du village, afin de se détendre un peu. En cette belle
après-midi ensoleillé, elle parti seule donc, légèrement vêtue-il faisait une belle chaleur de fin d’été.
Elle avait un peu bu. Du vin. Quelques verres. Elle n’était pas ivre le moindre du monde. Elle savait
encore reconnaître sa gauche de sa droite. Et donc elle était heureuse et satisfaite de cette belle vie
tranquille et passionnée que demeurait la sienne. Ses beaux seins lourds, équilibrés, bien galbés
cependant, respiraient l’onde ensoleillée, à peine dissimulés par l’étoffe légère de cette robe douce
en soie qui lui avait coûté quelques pièces, mais que cela en valait la peine ! Son cul ressortait telle
une figure de proue des plus délicieuses. Le léger vent lui procurait des remous langoureux qui se
propageaient à grande vitesse le long de son corps.

Et là, un choc, une tempête, un cataclysme. Cet homme, qui était là, en face. Habillé de blanc, et ce
chapeau qui lui allait comme un gan. Un appendice idéal à cette tenue parfaite. Célestine se sentit
chavirer, partir au loin. Serait-ce une apparition divine ? Quelle beauté de surcroît ! Il était
magnifique cet homme là ! Robuste à souhait, musculature tendue et parfaite. L’appel de l’amour se
fît le plus naturellement que possible. Telle aimantée, elle se rendit droit sur lui, sans réserve aucune.
Elle avait repéré cette proéminence très importante entre ses jambes-son sexe dur et très gonflé par
l’afflux du sang que propose ce genre de situation- qui se profilait chez ce jeune homme d’une façon
à vous retourner les sens. Et les sens retournés, elle les avait Célestine ! Donc la première chose à son
contact fût de lui dire « prend moi sans attendre ». Il l’entraîna donc vers la forêt toute proche, la
retourna contre un arbre et la pris debout, en cavalcade. Et puis va-y que je te le faits par derrière,
par devant, dans tout les sens. Elle hurlait Célestine. Elle était aux anges.

Mais elle ne vit pas le long couteau de chasseur, celui là même qui permet de dépecer les bêtes après
leur mise à mort, s’enfoncer dans sa gorge. D’une telle férocité qu’elle en fut pratiquement
décapitée. Il la laissa, comme cela, contre un arbre, tête bêche. Il dessina juste une rose sur l’écorce,
avec le sang de Célestine. Et bien sûr lui asséna vingt-sept coups de couteau et lui gravit un atroce
« F » le long de son ventre. Il ne coupa pas seins mais juste les mamelons, qu’il déposa dans sa
bouche. Il lui coupa aussi une oreille. Qu’il déposa dans son sexe. Et Fabricio Mauro s’enfonça dans la
forêt. Afin de trouver un cours d’eau où se laver. Il savait où se rendre. Il avait observe les lieux ces
derniers temps.

On découvrit Célestine le soir même. Le juge Mourrisseau en conclut que cette fois « F » fût très peu
satisfait de sa « rencontre ». Il avait mis en place une scène des plus sommaires. Avait juste déposé
les mamelons des seins dans la bouche de la victime et une oreille dans le sexe de cette dernière. Et
surtout pas le respect habituel lié aux autres victimes. Avait-elle était à son goût ? Avait-il était
dérangé ? Perdait-il le contrôle de son jeu macabre ? Autant de réponses complexes à mettre en
place. Surtout que pour le moment il n’y avait aucune piste concrète…Et il savait très bien que son
assassin pas ordinaire le moindre du monde était déjà en chasse. Que c’est affaire était compliquée.
Et pourtant il sentait que la solution était toute proche. Il se trompait…
-Margot-

Margot Duvautier a vingt-sept ans. Elle habite les Basses-Terre du Milieu, une région isolée.
Composée en grande partie de forêts. Elle demeure au lieu-dit « Les Malinches », une petite maison
forestière, qui dispose d’une belle allure, avec ses murs solides et son toit en ardoise du pays de
Clauses.

Son mari, Bernard, est garde forestier depuis de longues années déjà. Il aime se réfugier dans cet
univers qui lui apporte tant de réconfort. Il n’aime pas la compagnie des hommes. C’est un solitaire
en tout état de cause. Pourtant, il y a cinq ans, lors du bal champêtre de Noblaincourt, situé à
environs cinq kilomètres de leur maison, lui qui normalement ne devait pas s’y rendre, car ce type de
modalité ne sont pas pour lui, a rencontré ce beau brin de fille, toute blonde, toute belle, avec ses
habits de paysanne toute douce. Il en fût tout retourné Bernard. A trente-et-un an, il n’avait pas
connu les joies délicieuses de l’amour physiques. Pour faire simple, il était encore puceau. Il faut dire
que la vie solitaire dans les bois, cela n’aide pas à rencontrer de douces jeunes femmes !

Il prit son courage à deux mains. Après quelques verres de ce breuvage alcoolisé à outrance, il s’en
alla en direction de cette fille-là. « Bonjour, je m’appelle Bernard et vous me semblez bien belle ».
Pas fatalement la plus merveilleuse des approches, mais c’était mieux que rien. Il s’en contenterait.
Et, ô surprise, la belle jeune femme lui répondit « Je m’appelle Margot et tu me plais » Elles sont
directes les paysannes. Pas la peine de mettre dix milles formes, uniquement une franchise de cœur.
Et donc très vite ils dansèrent, serrés l’un a l’autre.

Les jours suivant furent glorieux. Margot se rendait dans cette maison solide perdue au centre de
cette forêt dense. Elle se déshabillait vite, ses seins se tendaient tels des boutons de rose sur le point
de donner naissance à cette fleur magnifique, à la vue de ce sexe d’homme en émoi et elle se laissait
faire. Mais elle lui montrait aussi comment il fallait procéder car le jeune homme ne savait pas bien
s’y prendre avec la chose. Mais ils devinrent cependant de bons amants. Et l’amour se passait sous le
meilleur des auspices.

Le mariage se célébra quelques semaines plus tard. Qu’elle était belle Margot dans cette robe qui
n’avait de blanc que le principe.

Mais les choses se gâtèrent assez vite. Bertrand délaissa au bout de quelques mois sa belle dame de
la forêt et s’en retourna à sa vie d’antan, celle de cet homme solitaire que rien ne saurait rappeler à
sa vie de couple. Margot s’ennuyait. Alors, après la longue journée de tâches bien difficiles, elle se
lovait dans la couche familiale et s’abandonner à la rêverie, s’apportait avec ses doigts ce plaisir
rapide et sans amour. Mais que le sexe de son mari lui manquait ! Lui qui partait le matin à l’aurore,
et ne revenait que tard le soir…

Les mois puis les années…

Grande nouveauté dans le paysage, à partir de l’automne 1864 commencèrent les travaux du futur
canal de Beaulauris, qui devait passer à moins de deux kilomètre de la demeure familiale…

Margot aimait, lorsque cela demeurait possible, se rendre au lieu des travaux, afin d’observer,
contempler cette chose nouvelle dont elle n’avait aucune idée. Et surtout les jeunes ouvriers…
C’est ainsi qu’elle rencontra le beau Cédric Fontieux. Ils se plurent immédiatement ces deux là. Le
sentiment alluma la flamme d’une relation sublimée. Ils se retrouvaient dans une bien jolie clairière,
où leurs ébats se consumaient dans une passion d’une force volontaire. Un de ces moments divins
qui marque les esprits. Ils s’aimaient d’un amour charnel absolu, celui-ci même que son mari ne lui
donnait plus, à quelques heures de leur amour qui demeurait bien éteint.

Mais tout à une fin et, une fois les travaux lié au creusement du canal achevés, Cédric s’en retourna
en ville, loin de là. Loin de la délicieuse Margot.

La solitude fit donc son grand retour. Mais, pour se replonger régulièrement dans ces heures divines
passées auprès de son amant, elle aimait se promener le long des berges du canal et se rendre
régulièrement dans cette clairière qui avait vu d’un œil troublé les ébats d’un très joli couple, les
amants magnifiques.

Alors, le 15 Octobre 1867, vers 15h30, un jour encore baigné d’une certaine chaleur automnale, ne
fut-elle pas sa surprise lorsque, de loin, elle aperçut cet homme habillé tout de blanc, à l’exception
d’un chapeau de paille du plus bel effet, qui se tenait sur le chemin avec une grâce infinie. Qui était-
il ? Mais qu’il était beau, dans cet habit immaculé.

Elle se rapprocha un peu, lui aussi. Quinze mètres les séparés désormais. Elle aperçu alors, sans en
être gênée, bien au contraire, ce sexe tout dur qui ne demandait qu’à être attrapé à pleine main, qui
pointait royalement le bout de son nez à l’intérieur de l’écrin de tissus du pantalon.

Il faut dire qu’elle était bien appétissante Margot. Avec ce corps tout en finesse, ses muscles de
paysanne bien en éveil, ces seins magnifique tout en étant de dimension réduite, ce ventre plat, ces
petites fesses tendres, ses longues boucles de cheveux, comme de l’or qui brillaient au milieu d’un
ordinaire maussade, ces jambes fine mais vigoureuses. Ces yeux bleus, intenses. Cette petite bouche
aux lèvres fines. Une merveille de jeune femme !

Ils se touchèrent. « Je suis Fabricio, j’ai envie de toi, depuis longtemps déjà ». « Je m’appelle Margot
et je vais te satisfaire ». Et ils partirent, à l’orée de la forêt. La clairière retrouva son charme absolu et
l’acte d’amour sa profession de foi. Elle se laissa glisser vers le plaisir infini. Vers l’extase magnifiée. Il
lui glissa délicatement son sexe dur comme cela n’est pas imaginable au sein de ce sexe offert et
mouillé au-delà de tout espoir. Il l’a pris trois fois de suite. Elle jouit sans retenu lors de ces trois
assauts magnifiques.

Le jeune bûcheron Colombin Marceau découvrit horrifié le corps nu de Margot le 18 Octobre 1867,
vers 19h00 car peu de gens passaient en ce secteur isolé de la forêt. Elle avait été décapitée. Sa tête
avait été déposée sur son ventre. Ce dernier était lacéré de vingt-sept coups de couteau. Un
hallucinant « F » avait été tailladé sur le bas, sur une profondeur de deux à trois centimètres. Les
deux seins de la victime avaient également été découpés. Ils étaient posés à côté de chaque jambe
pour l’un et l’autre, à côté du genou. Une rose de sang-celui de Margot, à n’en pas douter- avait été
dessinait sur une pierre plate de belle dimension qui se trouvait à moins de deux mètres de la
dépouille de la pauvre jeune femme, au niveau de l’emplacement qui, peu de jours auparavant, avait
encore été l’emplacement de sa tête. La scène de crime était particulièrement emplie de sang. Il faut
avouer que la rose était d’un effet macabre extraordinaire.
« Alors tu as déjà recommencé ton œuvre » se dit le juge Mourrisseau. « Je t’en prie, donnes moi des
éléments qui me permettront de te connaître un peu et que je puisse mettre un terme à tes
souffrances car comme tu dois souffrir pour agir de la sorte ». « Je te promets que je t’aiderai à
t’extraire ce mal là, je t’en donne ma parole, mais conduits moi vers toi ! Car là, je ne sais pas
comment faire pour te trouver tu ne me laisses rien ! ». Telles furent les sinistres pensées du jeune
juge ce jour terrible…
-Perrine-

Perrine Chalaubres a vingt ans. Elle est bergère depuis ses treize ans dans la Haute Région du Milieu,
à proximité du village de Sarremond. Son père, Gauvin Chalaubes les quitta elle est sa mère, il y a
sept ans déjà, d’une embolie pulmonaire foudroyante. Etant une jeune fille de fort caractère, elle
décida alors de reprendre le métier de son père disparu et se fit donc bergère. Elle savait déjà faire,
elle l’accompagnait régulièrement lors de ces journées merveilleuses pendant lesquelles elle
apprenait les rudiments de son métier. Et elle apprit à comprendre la nature, le comportement de
chaque bête dont elle devait s’occuper. Secondée dans sa tâche par les merveilleux Toldot et
Marron, les merveilleux chiens au long poil et d’une robustesse sans défaut, qui l’aident sans
compter dans cette tâche ingrate mais ô combien porteuse de joie au-delà de tout espoir.
Aujourd’hui, elle à la charge de deux cent cinquante cinq moutons, ce qui représente un nombre non
négligeable et lui octroie une activité sans concession et moments de repos d’une importance telle
qu’elle soit. Son secteur s’étend du récent canal de Beaulauris, où elle récupère deux à trois fois par
semaine de nouveaux animaux en provenance des fermes des alentours et acheminés par barque à
fond plat, les fameux chalands qui naviguent relativement régulièrement le long de ce cours d’eau
artificiel.

Perrine est belle comme une âme joyeuse. Elle est jeune, délicieuse brune, à la longue chevelure qui
lui tombe au milieu de son dos à la courbure parfaite, au regard de braise, avec ses yeux noisettes
dans lesquels on aimerait se noyer, une bouche non moins sensuelle, un corps mince, disposant
d’une musculature marquée, d’une grâce solennelle.

De biens jolis seins qui n’ont qu’une envie, celle de se révéler à l’amour. Deux admirables petites
fesses tendues et offertes au vent. Et, surtout, elle demeure une fille charmante, souriante, enjouée.

Cependant, elle n’a pas encore connue l’amour, le vrai. Celui la-même qui fait chavirer les cœurs, qui
brûle le ventre, qui se fait sentir légère, légère, comme une plume. Elle a laissé quelques garçons
s’approcher, bien sûr, mais rien de bien sérieux. Sauf une fois, une seule, alors qu’elle se baignait nue
dans l’étang de Boville, au sein de la forêt du Randon. L’eau y était bien claire et elle aimait son
contact contre sa peau douce au goût de miel. Donc, ce fameux jour là, le jeune Ludovic
Murronsselle, métayer, la découvrit ainsi, et, comme il était plutôt beau garçon, cela ne dérangea
pas le moindre du monde la belle Perrine, qui, au contraire, lui demanda de s’approcher. Ce qu’il fit,
sans se faire prier la moindre seconde. Finalement, il ôta ses vêtements et retrouva la belle jeune
femme dans l’eau fraîche. Ils s’en donnèrent à cœur joie, nageant, encore en encore. Puis une légère
fatigue les gagna et ils se retrouvèrent bientôt sur la berge, dans les hautes herbes, caché du regard
de tous. Et, là, comme cela, naturellement, ils s’embrassèrent. Le garçon banda. Elle le vit, prit cette
berge dans sa main droite. Que c’était doux ! Elle effectua un mouvement régulier de bas en haut, en
accélérant progressivement. Ludovic chancela. Très vite, il la prit, se précipita dans ce sexe offert,
humide, chaud, doux à un point qu’il n’était pas possible que telle chose demeurerait possible. Une
providence des sens, une sensation des plus délicieuse, sans pouvoir résister à ce sentiment nouveau
qui électrisait son corps, cette excitation sensationnelle qui le chavirait vers des contrées, des
territoires alors inconnus.

Perrine, pas en reste, commença à gémir, un peu puis de plus en plus fort. Toute la forêt devait en
être interpellée, interloquée. Ils jouirent pratiquement en même temps….
Perrine ne revit jamais Ludovic, qui épousa quelques temps plus tard une jeune femme du village de
Montpans. Elle avait, en quelques sortes, été sa nuit de noce avant l’heure, la petite bergère. Pensait-
il encore à elle ? Mystère. En tout cas, Perrine, elle, oui, bien évidement, surtout à cet aspect
physique des choses de l’amour.

Donc, le 27 avril 1868, alors qu’elle se rendait le long du canal afin d’aller chercher à deux kilomètres
de là une arrivée de jeunes moutons, qu’elle ne fut pas sa surprise, très agréable, de découvrir, en
toute quiétude, ce très beau jeune homme, tout de blanc habillé, d’une élégance rare et portant ce
chapeau de paille qui lui donnait un air bohème, qui se dirigeait-volontairement ?- dans sa direction.
Il se rapprocha régulièrement. Elle découvrit alors, au-delà de sa beauté exemplaire, ce sexe qui
tressaillait dans ce pantalon de lin admirable. « C’est avec la bouche que je vais le manger celui-là »
se dit Perrine. Ils se frôlèrent. Il se retourna, l’a pris dans ses bras, l’embrassa goulument, à pleine
bouche puis lui pris la main et l’emmena vers la forêt. Une clairière douce les accueillit. Ils y firent
leur lit d’amour. Elle s’abandonna vite. Il frissonna un peu au début, et puis elle se mit à l’ouvrage.
Comme promis, elle lui mangea ce sexe dur comme une roche sinueuse, puis, de ses mains, le guida.
Comme c’était bon, intense. Il remuait, d’abord doucement, puis plus vite, puis doucement puis à
nouveau plus rapidement. Intense sensation délicieuse…Qui les emporta vers l’alcôve douce et
offerte de l’amour sublime…

Le jeune Bertand Cogelin découvrit le corps dénudé de Perrine Chalaubres le 29 Avril suivant, au sol,
au centre de ce qui demeurera son ultime couche d’amour…

Elle avait été égorgée très brutalement. Non décapitée mais une très large entaille entravait son cou.
Une partie de sa tête partait sur la gauche, à peine retenue. Ses deux petits seins avaient été
découpés puis placés à proximité des deux genoux, l’un à gauche, l’autre à droite. Son ventre était
marqué entaillé de ce terrible « F » sur environs trois centimètres de profondeur et elle avait reçu
vingt-sept coups de couteau à travers l’ensemble de son ventre. Une rose rouge naturelle avait été
déposée sur son ventre. Elle semblait, en dépit de l’extrême horreur de la scène de crime, reposer en
paix. Quelle souffrance n’avait-elle pas enduré. Fabricio Mauro, une fois encore, avait pratiqué cette
messe sauvage. Ce rituel glaçant.

« Tiens, te revoilà l’homme loup de la forêt ». « Tu es revenu à la chasse », « Tu as trouvé cette jeune
femme sur ta route et tu t’es à nouveau marié », « Mais que diable penses-tu lorsque tu les tue ?
Alors que tu leur donnes tant d’amour quelques temps auparavant », « Je ne peux te comprendre en
fait, et je ne veux pas, je ne le souhaite pas »… « Qui es-tu ? », « Pourquoi est-ce qu’elles viennent
toutes à toi de cette façon là, sans opposer la moindre résistance ? Quel visage enjoué leur montres-
tu afin de la convaincre ? », « Tu dois être beau, très beau afin qu’elles se laissent faire de cette
façon »… « Combien de temps les observes-tu avant de les aborder »… « Tu demeures un bien féroce
chasseur… ». Telles demeurèrent les questions sordides que se posa le juge Mourrisseau alors qu’il
contemplait cette vision d’apocalypse qui s’offrait à son regard transcendé par l’envie de mettre un
terme à tout ceci. Toutes ces filles, tout ce sang, tous ces drames. Il fallait stopper cette horreur là et
rapidement ! Il avait désormais quelques pistes. Effectivement, quelques jours après la découverte
du corps de Margot Duvautier , un batelier avait déclaré avoir vu, alors qu’il naviguait sur le canal, un
jeune homme habillait de blanc, qui semblait voir une importante tache de sang sur le plastron de sa
chemise et qui s’éloignait à grand pas. Mais il n’en était pas très sûr, la nuit commençait à
tomber…Les recherches menées aux alentours, dans les villages voisins, n’avaient rien données, mais
le juge Mourrisseau savait désormais que le jeune homme recherché, comme il l’avait pressenti, était
d’une élégance sans nom. Mais il semblait également disposer de la capacité hors norme de se
dissiper dans la nature et apparaître de nouveau, comme le plus tenace et destructeur des
cauchemars.
-Ophélie-

Ophélie a vingt-deux ans. Elle est servante chez Monsieur et Madame De Granvier-Delpierre,
notables, qui demeurent au quatorze de la rue Dempois, à Villencreuse, petite bourgade située en
terre Moyenne-Basse. Ophélie est blonde, cheveux courts, bouche attrayante, seins ronds en tout
point délicieux, deux bien jolies fesses tendres et de belles jambes bien robustes. Fille de la
campagne, elle est arrivée en ville il y a trois ans maintenant, dans un premier temps chez sa tante
Mme Gourdion, rentière, demeurant Place de l’Eglise, au neuf. Et elle entra au service de Monsieur
et Madame De Granvier-Delpierre quelques semaines plus tard, sur les recommandations de sa
tante. Cette dernière avait déjà quatre enfants à charge et donc nourrir une quatrième bouche
semblait ne pas être une opportunité et il était, dans cette perspective d’alléger les frais, activement
demandé à la belle Ophélie de trouver assez rapidement un emploi. Cela tombait bien, une très
ancienne famille de notable locale avait absolument et très rapidement besoin d’une bonne car la
précédente les avait soudainement laissé tombé suite à un heureux événement qui devait voir le jour
quelques mois plus tard. Elle repartait donc dans sa famille demander le gîte et le couvert, en terre
du Sud. Et par conséquent, un dimanche après-midi, Ophélie entra officiellement au service de ces
gens-là.

Madame de Granvier-Delpierre était une réelle mégère, pas belle le moindre du monde, avec des
seins plats mais énormes, un visage pas à l’avenant, un cul de poule retenu par une myriade d’habits
et autres dessous qui évitent les catastrophes naturelles telle les culottes de cheval ou autres
désagréments liés à une peau qui débordait par la présence de graisse mal attentionnée qui se
propageait vitesse grand V..Bref, pour faire simple, c’était une bombonne-il faut dire qu’elle en
avalait des denrées ! Ce n’était pas imaginable. Donc elle était méchante au plus au point. Mais bon,
comme elle faisait la sieste une large partie de l’après-midi et se coucher relativement tôt et se lever
très tard-il faut bien digérer !-, cela laisser beaucoup de temps en toute quiétude.

Monsieur et Madame de Granvier-Delpierre faisaient, cela va de soit, chambre à part. Donc, pour la
suite des événements, cela serait beaucoup plus simple.

Ce cher Monsieur était encore bien bel homme. Tout l’opposé de son acariâtre et boule de femme.
Et ma foi, Ophélie comprît assez vite qu’elle ne lui était en rien indifférente. Bien au contraire. Un
jour, pendant le repas du midi, alors que Madame commençait à somnoler à table, il lui mit
clairement les mains aux fesses et lui demanda expressément de le rejoindre dans sa chambre
lorsque son épouse aurait débuté sa longue sieste. Comment résister ? Et bien, en route alors ! C’est
que les choses du sexe intéressaient Ophélie ! Elle était belle, le savait et était plutôt flatté que son
patron, plutôt bien fait de nature malgré ses quarante-cinq ans environs, est envie d’elle. Donc elle
se rendit dans sa chambre. Il l’attendait, assis au bord du lit. Il portait une robe de chambre en
velours. Il était évident qu’il était nu en dessous. Ophélie prit les devants et se déshabilla
immédiatement. Le Monsieur en fut toute chose. Il banda comme un âne ! Elle prit l’engin dans sa
bouche. C’était bon ! Et ils firent l’amour, très bien. Ainsi commença leur rituel de l’après midi. Il est
évident que le ménage et les tâches quotidiennes n’avançaient pas très vite…Ils se plaisaient
beaucoup ces deux là ! Tout le monde qui était invité lors de certains repas le remarquait, sauf
Madame, trop occupé entre ses repas et diverses périodes de sommeil profond.
Depuis deux ans, à proximité de la sympathique bourgade, le canal de Baulauris avait été aménagé.
D’ailleurs, deux années auparavant, Monsieur et Madame avaient été invité à la fête délicieuse de
l’inauguration. Cela se fait entre notables !

Ophélie, assez régulièrement, aimé se promener le long du chemin qui jouxtait le canal. C’était
agréable. On découvrait un paysage plutôt de bonne tenue, avec ses forêts, ses coteaux, ses collines.
Et aussi un moment à elle, afin de décompresser, de se trouver dans une sorte de quiétude avant de
reprendre sa vie dans cette grande maison. Même si Monsieur lui donnait beaucoup de baisers
partout !

Le 17 juin 1868 au soir, vers 21h00, en bordure d’une clairière protégée de tout regard, on retrouva
le corps dénudé d’Ophélie. Sa tête avait été littéralement détachée de son corps et posée sur son
ventre, visage tournée vers le bas. Ses seins avaient été découpés grossièrement et placés à
proximité de ses jambes, au niveau des genoux, à gauche et droite. Un horrible « F » marqué le bas
de son ventre. Vingt-sept coups de couteau avaient transpercé de toute part son abdomen. Ses deux
oreilles manquées. Une était dans son sexe, l’autre dans sa bouche. Une rose avait était dessiné sur
un arbre auprès duquel reposer la débouille d’Ophélie. Avec son sang. Une véritable vision d’horreur
totale. Un élément important, il y avait deux victimes, car Ophélie était enceinte de quatre mois. Le
fruit de sa relation assidue avec Monsieur Granvier-Delpierre. Qui fût soupçonnait quelques temps
puis rapidement relâché. Car, bien sûr, Fabricio Mauro était passait par là…On peut imaginer la
scène, Ophélie rencontre le jeune homme beau comme un ange, ne résiste en rien à son charme
naturel, sa très belle allure, il l’entraîne avec lui, lui fait l’amour puis la massacre, ne luis laissant
aucune chance puis met en place sa mise en scène macabre, sa cérémonie de sang. Son rituel avec la
mort !

Le juge Mourrisseau pleura. Cette fois c’en était trop. Il apprit que la victime était enceinte. Une rage
à peine diffuse s’initia en lui. C’était la première fois depuis le début de la série et qu’il menait cette
enquête si compliquée, si dure, si inhumaine. Et quelque part hors du commun. « Le loup, tu es là,
pas loin, tu chasses sur ton territoire. Mais là, elle attendait un enfant ! », « Qu’éprouves-tu lorsque
tu enfonces ton couteau avec cette violente inouïe, lorsque tu lui ôte la vie? », « Prends-tu un plaisir
infini en commettant ces actes d’une barbarie sauvage au-delà de toute imagination ? », « Je te jure
que je te trouverais, j’en fait acte de foi ».

Cette fois, il fallait le stopper à tout prix ! Il avait quelques pistes. Ce beau jeune homme aperçu en
bord de canal, habillé de blanc. Mais bien maigres. Il semblait comme un spectre divin qui
disparaissait dans la nuit boréale. Et qui, avec force et fracas, réapparaissait sans prévenir, comme
une sorte de défi qu’il lançait aux hommes. Il n’était pas ordinaire cet assassin là !
-Daphné-

Daphné Ventour a vingt-sept ans, demeure au cinq de la rue Montfermé, au sein de la plutôt joyeuse
bourgade d’Alliers-Sur-Orge, Basse-Terre. Beau brin de fille, mariée au jeune et passionné clerc de
notaire-officiant chez Maître Kanters, Place des Soulains- Albéric Ventour, vingt-six ans, depuis
quatre années maintenant. Ils sont les parents de la petite Zélie, trois ans et du jeune Aignan, deux
ans très prochainement. On peut parler d’un couple épanoui, vivant en harmonie dans cette belle
petite maison du centre ville. Les enfants y disposent même de leur propre chambre ! L’habitat se
compose d’une grande cuisine, d’un salon pour les quelques réceptions que le couple et leur
progéniture proposent parfois à diverses connaissances amicales voire professionnelles lorsque
l’occasion se présente ou s’en fait sentir, de la chambre des parents, celle des enfants et un grenier.
Et, luxe suprême, une pièce aménagée en bibliothèque, car il faut montrer combien la culture
demeure un élément clef du cours de leur vie. Et, en même opportunité, impressionner leurs invités
lorsqu’ils en disposent.

Daphné est ce que l’on appelle une mère au foyer. Ces journées sont donc bien remplies, et c’est peu
de le dire. S’occuper de deux enfants en bas âge demande un ensemble de taches qu’il faut mener en
toute frénésie. Entre Aignan qui passe une grande partie du jour et de la nuit à pleurer, manger,
gambader, trottiner, balbutier, gigoter et Zélie à parler sans cesse, jacasser, se nourrir, boire,
s’amuser, on peut dire que les heures passent à une vitesse des plus importantes. Sans s’en rendre
compte. Et la nuit arrive, le mari rentre à la maison, il faut le nourrir, lui apporter tout le réconfort
nécessaire. Elle ne chôme pas Daphné !

Et le soir, il faut partager la couche avec Albéric. Il s’endort la plupart du temps des plus rapidement,
suite à une bonne dizaine d’heures pendant lesquelles il se dépense sans compter afin d’apporter
une satisfaction des plus indiscutables à Maître Kanters, car il faut bien sûr penser à l’avenir et une
potentielle promotion. Maître Kanters se fait vieux. Il lui faudra un successeur. D’ailleurs c’est un peu
dans cette optique qu’il a commencé une aventure qui prend une importance croissante avec Thaïs,
la jeune fille de vingt ans, tout juste revenue du couvent des Eglantiers. Il la baise de midi à treize
heure trente, un jour sur deux, pendant la pause. Il prétexte toujours avoir quelques courses ou
livraisons capitales à faire pour le cabinet…Alors comme cela il peut rejoindre en toute impunité sa
jeune maîtresse. Monsieur Kanters étant veuf, cela facilite grandement la tâche ! Il y a bien Bernard,
le vieux serviteur, mais étant presque sourd et n’y voyant plus guère, c’est un bien léger obstacle…

Alors tu m’étonnes qu’il roupille comme un loir ce garçon là ! Il ne voit même plus le désespoir de sa
femme, qui attend le sexe, se tortillant comme une âme en peine dans ce lit trop grand…Ses seins
sont en éveil, son sexe humide à l’extrême. Elle veut la verge tendue de son homme au plus profond
de son corps que possible. Elle veut jouir Daphné ! Et pas uniquement une petite tentative par ci, par
là, pour faire un troisième enfant. Car depuis la naissance du dernier, plus rien ou si peu.

Bien sûr, elle a bien remarqué ces dernières semaines ce beau jeune homme tout habillé de blanc qui
déambulait régulièrement dans la ville. Que voulait-il ? Il la regardait de loin, parfois la suivait. Mais
que désirait-il ? Cependant, une chose est sûre, Daphné était attiré. Sexuellement, cela s’entend.
Très clairement. Malgré tout, depuis plusieurs mois, on parlait de jeunes femmes des communes aux
alentours qui avaient été tuées d’une façon sauvage, sans nom. Le long du canal de Beaulauris. Et,
Justement, il faut préciser qu’ d’Alliers-Sur-Orge se situait précisément le long du canal ! On avait
aussi parlé qu’un homme jeune habillé de blanc avait été aperçu, prenant la fuite-enfin c’est ce que
l’on disait- la nuit pratiquement tombée. « Et si c’était cet homme là » fini par se dire Daphné…Elle
demeura donc sur ses garde et alla prévenir la marée-chaussée. Qui pris sa requête des plus au
sérieux, d’autant plus que sa description correspondait au plus haut point à celles qui commençaient
à poindre dans différents lieux de la région et au-delà.

Donc il fallait agir vite et bien ! Si le potentiel loup du canal- c’était désormais le surnom sordide de
Fabricio Mauro- était dans les parages, il fallait mettre en place son arrestation au plus vite ! Il fût
décidé, avec son accord, que Daphné serait une sorte d’appât. Cela se passerait au Canal. Tout le
long, caché, se tiendrait des gens de la police, tout les cent mètres environs, par équipe de deux.
Quelques uns furent appelés en renfort des villes voisines. Bientôt dix équipes furent ainsi formées. Il
était évident que le juge Mourrisseau superviserait les opérations. Cela prendrait le temps qu’il
faudrait, le parquet ayant donné le feu vert au jeune juge, pour une durée indéterminée. Cette
affaire était d’importance et l’arrestation de ce meurtrier là une affaire d’Etat désormais ! Des
renforts, si nécessaires, seraient acheminés à Alliers-Sur-Orge dans les plus brefs délais.

Le mercredi 23 juillet 1868, Daphné confirma la présence du jeune homme ! En route pour le canal
donc ! Et c’est ce qu’elle fît. Vers 14h, elle prit le chemin qui menait à ce lieu empli de tant de drames
terribles le long de ses berges ! Les équipes de policiers, bien dissimulaient depuis un bon moment,
étaient en place. A 14h15, Daphné quittait les abords de la ville et se trouva au lieu dit « les
Remparts de Sillons », un lieu propice à une attaque-ou du mois une séduction fatale…- C’était un
ensemble de jeunes arbres, disposés sur le terrain de l’ancienne maison du maréchal ferrant
Preunier. Et qui permettait de rejoindre la forêt toute proche. Et bien sûr, Fabricio Mauro se tenait
là ! Daphné le vit. Qu’il était beau !!!! Avec son chapeau de paille, cette chemise à jabot, en soie pure
et ce pantalon des plus admirables, immaculé. Et il bandait déjà le bougre. Que Daphné était
délicisieuse ! Elle était brune, à la longue chevelure dénoué pour l’occasion, une robe pratiquement
transparente, laissant apparaître des seins d’une vigueur exceptionnelle- qu’il était bien bête son
mari, qui préféré ceux tout plats et sans saveur de sa maîtresse, mais c’était par intérêt comme on
dit…- de biens belles fesses qui formaient un cul des plus alléchant, un ventre plat malgré ses deux
grossesses, une taille encore fine, un sexe prêt pour la charge de l’amour ! Tout trempé car excité au
possible par la vision parfaite de cet homme là !-Qui bandait tel Oracle pour elle !- Elle aurait damné
son âme pour partir batifoler avec lui, qu’il l’emmène, la déshabille, lui fasse l’amour à diverses
reprises, qu’elle jouisse telle une égérie découvrant et redécouvrant encore cet acte de vie
merveilleux, doux et sublime. Mais cela ne se produira pas ! Alors qu’il se rapprochait à moins de dix
mètres de cette bien belle plante, plusieurs coups de sifflets percèrent le silence de cette scène
incongrue.
-La chasse au loup-

Fabricio Mauro ne s’alarma, ne paniqua en aucun point. Il fallait faire l’état des lieux de la situation
dans un délai lui permettant une échappatoire rapide lui autorisant la fuite. Il vit dans un premier
temps deux policiers sur sa droite, deux autres sur sa gauche quelques secondes suivantes. Puis, au
loin, plusieurs binômes se dirigeant droits sur lui. Il y avait cette fille devant lui, qui l’avait trahi. Il lui
sourit, lui lança une rose fraîche tirée de sa besace, et, en même temps, une jolie pierre de
dimension réduite, ramassée à la volée. Elle percuta le visage de Daphné et y laissera une trace
indélébile pour le reste du cours de son parcours sur terre. Elle en perdit d’ailleurs conscience et
abondement de sang de sa blessure sévère ce jour là. Mais c’était toujours mieux que la vie…

S’il avait pu lui balancer son long couteau, il l’aurait fait sans retenue, mais il en aurait sûrement
besoin d’ici très peu de temps ! Cela va sans dire.

Donc, après une rapide observation, il paraissait clair que la marée chaussée n’avait pas prévue de
mettre en place des hommes en direction de la forêt ! Quelle aubaine. Qu’ils étaient uniquement
concentrés pour le moment sur les berges du canal de Beaulauris. Donc on peut dire qu’il prie ses
jambes à son cou ! Et qu’il était vivace ce jeune homme. Le long travail dans les mines de sel de la
Gaspe avait développé une musculature des plus impressionnantes et vigoureuse. Mais une chose
imprévue arriva : deux policiers se trouvaient désormais face à lui à moins de trente mètres ! Il
bifurqua donc vers la gauche. Tout en obliquant vers un chemin de terre un peu protégé par de longs
arbres qui lui proposeraient un certain abri visuel. Mieux qu’en terrain totalement découvert…

Pas après pas, menés tambour battant, il rejoignit un sentier qui commençait à l’approche de
premiers bosquets salvateurs. Les policiers disposaient également d’une bonne allure. Ils étaient
donc au moins six-sûrement beaucoup plus désormais- à ses trousses. Et se trouvaient, pour les
premiers d’entre eux, à moins de vingt mètres…Et « pan » un premier coup de feu claqua. Empli l’air
d’une tension sans précédent. Puis un deuxième, puis un troisième. LA chasse au loup était
désormais ouverte. Et elle serait intense.

Fabricio se décida pour tourner sur la gauche, en essayant de se repérer le mieux possible. La
situation de grande urgence compliquait un peu cet état de fait. Et c’est un euphémisme. Il
demeurait désormais évident que la marée chaussée n’allait pas abandonner la partie facilement. Ils
allaient le traquer jusqu’au bout de la nuit s’il le fallait. Les policiers portaient en eux toute la haine
envers celui qui avait fait tant de mal. De chasseur il passait à l’être traqué, la bête à abattre.
Plusieurs coups de feu claquèrent encore. Il demeurait donc à portée de tir ! D’ailleurs pour lui
rappeler cet état de fait dramatique pour notre Loup du canal, une balle vînt fleurer sa jambe
gauche…S’il stoppait sa fuite folle, celle dont l’ensemble de son avenir dépendait, il serait donc
mort ! « Maudite femme » pensa Fabricio. « J’espère que tu es morte, que mon cadeau projeté
t’aura détruite à jamais ! ». Un nouveau coup de feu claqua dans l’air encore une fois. Il entendit « je
le veux vivant ». Une voix claire, masculine, assez forte, autoritaire. « Tiens, sûrement le chef de
toute cette organisation là… »

Une clairière se profila sur la droite…Pas l’idéal car cela allez offrir un secteur découvert. Ce qui ne
présente pas le meilleur des auspices lorsque l’on est censé s’enfuir à bride abattue en milieu
forestier. Une balle qui siffla au dessus de sa tête lui rappela l’urgence de la situation ! Et il eut une
idée que l’on pourrait qualifiée de génie ! Effectivement, droit devant lui, un peu isolé parmi certains
de plus petite dimension, se tenait un grand chêne très touffu. « Le voilà mon merci ! ». Et il grimpa
telle un chat vers la cime du vénéré arbre et se terra sur une grosse branche sur laquelle il pu
prendre la position du tirailleur couché. Pour simplifier, il s’installa du mieux que possible au cœur de
cet arbre qui devint donc son ange protecteur. Restait juste à s’assurer que ses terribles poursuivants
ne l’avaient pas repéré. Cela il le saurait vite !

Fabricio entendit plusieurs hommes passaient en dessous de son chêne, de son antre de survie au
cœur duquel il était tapi, dans un instinct de vivre qui dépassait l’entendement. Dans sa besace-un de
ces sacs solides, à large rabat, qu’il portait en bandoulière sur son épaule, il disposait de quelques
réserves alimentaires-une large part de saucisson - c’est que le sexe et le meurtre, cela donne faim !-,
un bon morceau de pain, et une sorte de gourde emplie à plus de la moitié. Ce qui lui procurait une
réserve non négligeable de denrée et liquide afin de subvenir à ses besoins si le temps devait passer
assez longuement. Et, surtout, il disposait d’habits différents-un pantalon simple et une chemise bleu
marine en tissus épais, en qualité de rechange. Ce qui lui permettrait d’abandonner cette tenue
devenue bien trop voyante. Comme à chaque fois ! Et il avait son couteau. Une sorte de Bowie du
plus bel effet. Que son père lui avait ramené de ses divers et nombreux voyages à travers le pays et
au-delà.

Le principal inconvénient, et il n’était pas des moindre, était sa position pour la moins inconfortable
dans laquelle il se tenait sur sa grosse branche solide. Il ne pouvait pas se déplacer dans les
meilleures des conditions et devait respecter la plus vive des prudences. Sa vie en dépendait. La
prudence demeura donc de mise.

Les heures passèrent. La nuit tomba. Bien à l’abri, et malgré sa précarité ambiante, il s’endormi.
Quatre heures passèrent environs. Il se réveilla alors. Décida de manger un peu, car la faim
commençait à tenailler son ventre. Ce qu’il fît. Le saucisson et le pain l’apaisèrent cette satanée
faim ! Il but un peu aussi. Et puis le moment qu’il choisit afin de tenter sa chance afin de fuir arriva…Il
descendit de son chêne. Celui là même qui lui avait autorisait un bien remarquable sursis. La forêt
demeurait silencieuse. « C’est que cela dort à poing fermé la marée chaussée ! » déclara
silencieusement Fabricio. En effet, et cependant il ne pouvait pas le savoir, la poursuite et les
recherches avaient été stoppées à partir de 22h00 jusqu’au lendemain matin 06h00…Et comme il
était aux alentours de 2h30, cela lui laissait le temps de filer en douce ! Mais non sans se changer. Il
ôta donc ses vêtements blancs immaculés, qu’il cacha au creux d’un tronc d’arbre et pris donc la
poudre d’escampette, en essayant malgré tout de ne pas faire trop de bruit.

« Il faut que je disparaisse de cette région et les autres le plus vite que possible, que je me construise
une nouvelle vie, car je n’échapperai pas toujours à ces gens-là et on portera mon corps au gibet ! »
fut la principale pensée qui hanta Fabricio les heures suivantes. Et c’est ce qu’il fît. Mais il lui fallait
mettre en place un stratagème cohérent au-delà de tout. Ne laisser aucune faille afin que le monde
de la Justice puisse suivre durablement ses traces. Et, au demeurant, il allait y parvenir au-delà de
tout espoir.

Mais avant de rentrer dans les détails de cette nouvelle partie de la vie de Fabricio Mauro, abordons
le cours de l’existence de ce très singulier personnage.
2ème Partie : Fabricio.

-Evinento-

Fabricio Mauro est né le vingt-trois mars 1841, en Lointaine Terre du Sud, au-delà la ligne du ciel que
les hommes puissent apercevoir vers le lointain, cette frontière vers laquelle la vision se trouble.

Il a vu le jour dans la bourgade d’Evinento. 1165 âmes tannées par le soleil, acteur prépondérant
pour ces vies écrasées par ses rayons distillant intensivement une chaleur accablante du matin tôt à
la nuit tombée. Ces dernières sont également intolérables. Peut-être juste un peu moins, la fraîcheur
n’ayant pas de mise en ces terres brûlées au sein desquelles l’homme et tout ce qui est recensé en
qualité de vivant essaient juste de s’adapter à ces conditions si particulières et difficiles.

Les maisons d’Evinento sont petites, très peu espacées les unes des autres, accablées par cette
chaleur permanentes, de petites rues étroites permettent à l’ombre de se frayer un chemin salvateur
pour que la vie puisse trouver un répit, le temps de leur traversée. Un dénivelé peu important
s’organise dans le secteur de la ville. Au sommet de la colline d’Ambrosito, qui domine l’ensemble de
la plaine dite de Borillo, se situe la maison du gouverneur Morelles d’Antonio, qui règne de main de
maître sur « sa » ville, « sa population ». C’est une grande bâtisse, blanche elle aussi, hormis
quelques peintures murale en rouge pompéien, dessinant des œuvres en hommage à la victoire de la
Lointaine Terre du Sud sur Le Nord. Mais ceci se passa il y a fort longtemps et représente une autre
histoire qui ne sera pas contée ici…

La hiérarchie est très bien établie dans la géographie de la ville. Si vous disposez d’une maison se
situant sur les parties située vers les hauteurs, et ses neufs puits réparties au plus près des
constructions bourgeoises, il est certain que votre famille fait partie de la haute sphère sociale de la
bourgade. Et ce n’était pas le cas des Mauro, bien au contraire !

Fabricio Mauro a vu le jour le 27 juin 1840, chez M. Salvatore Mauro et Mme Adriana Valentia,
épouse Mauro-mariage célébré par le père Gardia le 27 septembre 1838, dans la petite église de
Santa Maria , située au 27 impasse de la Ventrella- dans la maison du quartier d’en bas, le plus
misérable de tous les quartiers d’Evinento.

Son père était ce que l’on appelle un ivrogne sans nom, il travaillait comme maçon ou homme de
main sur les rares chantiers de construction dont le contremaître voulait encore de sa carcasse
décharnée. Il restait cependant un bel homme, vif lorsqu’il le fallait mais doté d’un caractère
volcanique. Et lorsqu’il avait bu-et dieu sait que c’était fréquent-, il fallait mieux se tenir à l’écart, au
risque de passer un moment des plus désagréables. Il menait une tyrannie sans partage au cœur de
son foyer. La trique était de rigueur afin de mettre le petit Fabricio vers le bon chemin-enfin, celui
que Salvatore Mauro pensait que ce fût celui auquel lui pensait…- Durant ses jeunes années Fabricio
vit aussi régulièrement son père sortir un sexe énorme et le rentrait très vite par force dans celui de
sa mère. Avant ce dernier la battait un peu, histoire de l’affaiblir un peu afin de parvenir mieux à ses
fins. Il la violait, cela va s’en dire. Parfois, cependant, il entendait sa mère pousser de petits cris qui
semblaient sortir de la gorge de Satan- c’est du moins ce qu’imaginait ce jeune enfant déjà plus si
innocent que cela- et ils voyaient ses parent nus tombaient sur le sol en terre battue de la maison à la
pièce unique, comme des bêtes et s’adonnaient au mélange des corps, sans retenue. Parfois, par
contre, il voyait sa mère saignait abondement pendant ces joutes, ces peaux entremêlées. Surtout au
creux de son vagin, cela sortait à grande eau, ternissant de rouge pourpre le sol. Parfois le visage de
sa mère portait aussi des tuméfactions bleuâtres qu’il jugeait d’un effet magnifique.

Son père était une mauvaise personne, un âtre malade et disposant d’une violence sans égal, il l’avait
bien compris et ceci dés ses premières années. Mais cette façon dont il avait coutume d’attraper sa
mère, la violentait, la faire parfois hurler le fascinait. Lui procurèrent ses premiers émois. Et que
l’odeur du sang était enivrante ! Il faudra qu’il fasse saigner des dames de cette façon plus tard,
lorsque cela deviendra possible.

Par contre, sa mère était la beauté et la bonté du monde incarnée. Une rose merveilleuse qui
poussait parmi les ordures qui l’entourait, cette beauté magnifique qui apportait tant de lumière
dans la triste vie de Fabricio.

Adriana Valentia est née avec cette grâce lascive qui fait que les femmes demeurent un mystère. Elle
était de cette beauté magnifique. Les années passaient et lui apportait de plus en plus cette joie
d’être, de demeurer. Dés ses quinze ans-peut-être même auparavant, tout les hommes du village-
elle était de Evinento également-de toute façon, comment venir ici si on y a pas vu le jour ?-, se
retournaient sur elle, sur ses fesses délicieuse au-delà de toute espérance. Et elle n’avait pas que
cela ! Elle était brune, aux longs cheveux de geais, qui lui tombait jusqu’à la naissance de ses reins, un
visage merveilleux, d’une grâce remarquable, des yeux bruns à vous couper le souffle, une bouche
d’une finesse admirable. Et que dire de ses seins ? Ils étaient à tomber ! Comme des petites îles
salvatrices situées au centre d’un océan déchaîné par des tempêtes d’une force non mesurable. Ni
gros, ni petits, juste parfaits. A la taille parfaite d’une pomme d’hommes vigoureux. Et un ventre
doux, plat. De longues jambes galbées, musclées exactement comme il le fallait. Une beauté de jeune
femme, comme les Lointaines Terres du Sud en proposaient parfois. Et qui vous transportaient ver
les lueurs boréales de l’envie.

Un jour, celui de ses dix-sept ans, dans l’Eglise de Santa Maria, elle croisa le regard effronté de ce
jeune homme maigre, plein de vie, qui clairement avait envie d’elle plus que les autres et lui montrait
sans sourciller. Ils se revirent la semaine suivante. Ce n’était pas un romantique, il ne parlait pas
beaucoup, mais peu importe, Adriana, se laissa séduire sans vergogne. Très vite-trop ?- elle se donna
à lui, à l’ombre d’une rue isolée. Que c’était chaud en elle, au creux de son ventre, ce sexe d’homme
qui se trouvait au plus profond de son vagin. Pourquoi n’avait-elle pas connu ce sentiment nouveau
bien avant cet instant là ?

Pourquoi ne s’était-elle pas offerte à plus d’hommes auparavant ? C’est ce qu’elle fera plus tard, à la
mort d’ici quelques années proches, et dans des conditions bien mystérieuses mais nous y
reviendront- de son mari, en rencontrant et épousant en deuxième noce le fils du gouverneur, non
sans avoir compté un nombre important d’amants entre ces deux événements.

Elle mourra d’ailleurs à son tour, peu de temps après son mariage, retrouvée assassinée contre un
mur d’une rue à l’abri des regards et jouxtant un parc arborée du plus bel effet, proche de la maison
du gouverneur, aux imposantes peintures murales rouge pompéien. Une rose dessinée au sol…Mais
le corps préservés de toute marque, hormis un large coup de couteau à la gorge. Le 27 Mars 1861.
Cela fera grand bruit. L’assassin ne sera jamais arrêté et donc condamné, en dépit d’une enquête
menait à grand vent par le gouverneur lui-même. Fabricio ne sera jamais soupçonné, et pour cause, il
avait déjà quitté Evinento quelques mois auparavant pour allez vivre sa vie d’homme libre. Mais
personne ne savait qu’il habitait et travaillait dans une ferme se situant à proximité du village…

Le père de Fabricio fût donc retrouvé mort un matin, le 27 avril 1859, à même le sol de la rue de
Pietrio. Un coup de couteau porté au coup, et des coups de poings violents un peu partout sur son
visage.

On pensa à une bagarre, une querelle qui aurait mal tournée entre deux ivrognes. L’affaire fût vite
enterrée. Qui se souciait de cet homme-là ! Personne ou si peu. Même pas sa veuve, qui ne le pleura
même pas le jour de son enterrement dans le petit cimetière paroissial. Bien au contraire, elle avait
déjà remarqué depuis quelques temps le regard doux et attentionné et, surtout, envié de ce bel
homme là, bourgeois, le fils du gouverneur, Stefano Morelles d’Antonio, qui semblait la dévorer des
yeux, la désirer plus que quiconque, en dépit de la différence sociale, un fossé, creusé entre les deux
familles. Cette fille disposait de cette force là, remplir les fosses. Et elle y parvint, jusqu'à sa mort,
quelques semaines après ses noces, un deuxième mariage, un moment des plus merveilleux lors de
son cours passage parmi les vivants.
-Moriel-

A quelques kilomètres à peine de Evinento se trouve la ferme dite « Moriel ». Elle appartient en fait à
la famille Cuechento, installée dans cette ancienne mission, fondée par des pères religieux venus
d’une terre lointaine il y a déjà fort longtemps, depuis maintenant une bonne vingtaine d’années.
Grâce à quelques connaissances juridiques et un peu d’argent, Archibald Cuechento put
effectivement la racheter assez facilement, à sa grande surprise. Et décida d’en faire un corps de
ferme des plus productifs, car il avait également mis la main sur plusieurs hectares de terres
disposée-lui sembla-t-il, à la mise en culture. Enfin, cela avait été son idée première. La suite sera
surtout une lancée à corps perdu dans la simple survie de sa modeste famille.

Et donc il s’installa un jour de printemps 1842. Sa famille était composée de lui-même, sa toute jeune
épouse Nadiah, son père, Agemento et la mère de Nadiah, Sabina. Les deux conjoints respectifs de
ces derniers étaient morts lors de la grande Peste de 1833 et ne s’étaient pas remariés depuis. Et,
enfin, le frère de Nadiah, Rosario. Et la femme de ce dernier, Carolina.

Les débuts furent des plus laborieux. La difficulté majeure résidant dans le fait d’acheminer l’eau. En
effet, la source la plus proche demeurait relativement éloignée et il fallut mettre en place ce qui
pourrait s’apparenter à un canal de dimension réduite. Donc toute la famille se lança dans la
réalisation de cette tâche colossale. Avec l’aide de quelques personnes dont l’idée de mettre en
place ce système d’irrigation, du moins d’apport d’eau, pouvait les intéresser en tout haut point.
Donc une main d’œuvre plutôt inattendue-paysans, gens de la ville toute proche, colons à peine
installées sur ces terres d’une aridité inconcevable ainsi que quelques aristocrates dont l’idée de
venir suer énormément-en fait comme cinq bœufs…- leur changer du chaos ordinaire de leur petite
vie bien rangée. Et donc, en quelques semaines, cette population aussi variée que bien différente
socialement, ce premier travail fût achevé. Et donc diverses familles purent ainsi en profiter à
moindre frais, hormis celui d’avoir apporté péniblement sa petite pierre à l’édifice.

Le problème de l’eau étant relativement réglé, restait maintenant à mettre en place les cultures dans
les secteurs de semis. On se décida pour des tomates, des melons, des courgettes et quelques
pastèques. Les pommes de terre occuperaient à elles-seules la deuxième parcelle. Le maïs la
troisième. Mais combien la première année de culture fut des plus complexes !!! Que d’effort à
fournir pour si peu de récolte !

L’année suivante fut guère plus porteuse…Et le temps passa. Quatre naissances arrivèrent, s’étalant
sur trois. Ils trouvaient le temps de faire l’amour un peu, nos deux couples ! Et ils n’en avaient pas
beaucoup du temps, avec ce que la terre exigeait d’eux afin de leur permettre de se nourrir et gagner
un peu d’argent en vendant les quelques surplus non nécessaires à la famille au marché d’Evinento.

C’est dans ce contexte un peu délicat qu’arriva à la ferme, le 28 Octobre 1860, un beau garçon qui,
progressivement, allait devenir un peu un membre de sa famille, car c’est qu’il travaillait sans
rechigner ! Il donnait beaucoup même si il recevait peu. Ne se plaignait jamais le moindre du monde.
Toujours d’humeur égale, quelle que soit la tâche à accomplir.

Fabricio Mauro arriva donc à la ferme…Très vite, dés les premiers jours de Janvier 1861, Rosario, le
frère de Nadiah et mari de Carolina tomba soudainement malade. Une embolie pulmonaire d’une
rare force l’emporta en quelques jours. Ce drame rapprocha énormément Carolina de Fabricio
Mauro. Elle était belle, tendre, douce. Ils tombèrent amoureux assez vite finalement. Ils firent
l’amour à l’abri des regards des autres membres de la famille. Ils se retrouvaient à la source, à sa
naissance, où il y avait quelques rochers qui proposaient une ombre salvatrice. Et ils s’ébattaient en
toute quiétude. Se découvraient, peau contre peau.

Celle-ci, il l’aimait Fabricio. Il avait découvert l’amour auprès de cette femme encore jeune, belle, aux
longs cheveux bruns des filles du sud, aux doux seins tendres, charnus comme il faut, aux fesses
délicieuse, au ventre plat, aux belles jambes musclées. Au teint bronzé par les longues expositions au
soleil si présent.

Les deux amants firent vivre leur amour de longues semaines.

Le 27 Mars 1861, on apprit le meurtre de la toute nouvelle femme du fils du gouverneur à la ferme.
C’est que le bruit se répandait comme une trainée de poudre à travers toute la région. Surtout du fait
du côté exceptionnel de cette union entre deux personnes d’un rang social si à l’opposé l’un de
l’autre. Que cette histoire était triste. On en parla longuement à table, certains soirs.

Et le temps passa. Fabricio Mauro, dont l’amour avec Carolina ne put être caché plus longtemps, et la
période de veuvage de cette dernière étant parvenu à son terme, ce dernier demanda sa main un
beau jour de printemps 1862. Il avait vingt-et-un ans, elle en avait vingt-sept. Et le mariage en
seconde noces fut célébré le 12 juin 1862, quelques jours avant le solstice d’été. Un mariage des plus
simples, familiale-enfin du côté de Carolina, car, comme vous le savait, les parent de Fabricio
n’étaient plus de ce monde, et pour cause…- avec pour l’occasion un jeune cochon de lait qui fût rôti
et accompagné d’une multitude de légumes. Et bien sûr du vin doux et rosé de la région de Salvino,
un peu plus au Nord. Ce fut malgré tout une fête joyeuse. Avant que le sombre absolu ne vienne
détruire tout ceci. Et dieux sait que la nuit allait s’abattre telle un orage d’une violence inouï. Et tout
emporter sur son passage.

Carolina tomba enceinte assez vite. Cela tourmenta énormément Fabricio. Quel père serait-il ? Lui
qui avait assassiné le sien ainsi que sa mère…Au fait pourquoi sa mère ? Car elle l’avait trahi en
trouvant refuge dans cette famille-là. Elle s’était laissée séduite par ce fils de gouverneur, l’argent lui
avait éblouit les yeux, avaient montré ses limites. Il n’avait pu tolérer, supporter cette état de fait. Il
l’avait donc puni. Et la mise en scène en était que plus légitime, afin de montrer au monde entier la
traînée qu’elle était devenue, s’échappant à toute dignité. Abandonnant au-delà de tout l’amour de
son fils. Le couteau, seul cadeau de son père, lui avait rappelé l’honneur !

Fabricio paniqua à l’idée de devoir affronter la paternité. Un soir, alors que tout le monde dormait, il
prit la fuite. Mais auparavant, il avait massacré toute la famille…Ses vieux démons étaient de retours,
le harcelaient, le mortifiaient. On les retrouva chacun dans son lit, baignant dans une marre de sang.
La gorge grande ouverte. Rapide, bref, et d’une violence rare...Il ne voulait détruire que sa femme,
mais il était bien obliger de s’occuper des autres aussi. Car sinon il aurait été perdu ! Et le gibet aurait
été son arbre d’asile. Il ne signa pas, se contenta de disparaître.

Personne, hormis quelques rares cas, ne le soupçonna et de toute façon il était déjà fort loin lorsque
l’enquête commença à avancer de façon probante. Peu de gens le connaissait de toute manière. Il ne
venait jamais au marché de la ville. Il restait toujours à l’écart.
En route pour les mines de sel de la Gaspe. Quelque part dans la terre du Haut-Faissin. Dans la ville
de Burre…Ce serait son bagne à lui, sa façon de ne pas trop penser à ces pauvres gens dont il n’avait
voulu initialement détruire la vie mais dont les événements le forcèrent à agir de la sorte. C’était
inévitable.
-Burre-

Burre est une de ces villes maussades, intempestives, sans saveur. Grise. Un de ces endroits où vous
ne risquait en rien par la volonté divine de vouloir y déposer vos valises. C’est cela Burre, une ville-
entonnoir toute en longueur.

A peine 1000 âmes y résident. Plus de 600 d’entres elles travaillent à la mine de sel de la Gaspe,
monstrueuse montagne salée se trouvant à un kilomètre et demi. Creusée en son cœur de
nombreuses galeries permettant l’extraction de ce sel de haute qualité, issu de ce gisement unique,
formé il y a environs 14 millions d’années.

Et c’est dans cet endroit qu’est arrivé le matin du 23 Mars 1863 Fabricio Mauro. Il s’installa assez vite
dans une sorte de studio des plus réduits, situé au trente-huit de la Rue Martiel. Après un long
périple qui l’avait amené des Lointaines Terres du Sud. Ce voyage s’était déroulait en toute quiétude.
Ses démons lui avaient accordé un répit salvateur. L’avaient laissé en paix. C’en était assez !

Le lendemain de son installation, il se rendit au bureau de recrutement afin de se faire mineur. Il fût
décidé, avec le contremaître Dillon qui le reçu, qu’il commencerait le lendemain matin à 07H00. Son
accent du Sud, sa force vigoureuse avait plutôt convaincu cet homme simple mais alerte.

La mine était exploitée par la société Armandier/Boissac. Gérée par deux associés que l’ont voyait
très peu en ville. Ils habitaient chacun une maison remarquable en tout point, situées près du bois
d’Argenté, un lieu propice à la sérénité de l’âme. A deux kilomètres du centre-ville-enfin, pour ce que
l’on pouvait considérait comme demeurant le centre urbain…- Ces gens-là, de petits bourgeois plutôt
bien préservés pour leur pratiquement soixante ans, étaient arrivés il y a quinze ans maintenant,
avaient modernisé le système d’exploitation de la mine. Et recruter de nombreuses personnes afin
de venir travailler dans les divers puits et galeries aménagées à raison de huit à dix morts par an les
meilleures années. Mais la main-d’œuvre ne cessait d’affluer et devint très vite la principale
exploitation de ce type dans toute la région et au-delà. La réputation du sel produit à Burre n’était
désormais plus à faire et les hommes et femmes de divers horizons arrivaient fréquemment afin de
trouver un emploi devenir simple mineur, car il était impossible en tout point de commencer dans un
rôle social plus élevé. Le salaire était des plus misérables, cela va sans dire, mais au moins vous
pouviez subvenir à vos besoins vitaux. Par contre, avec le temps et une abnégation de chaque
instant, vous pouviez espérer devenir chef de groupe dans un premier temps, puis, récompense
suprême, contremaître. Mais cela demandait des sacrifices, des volontariats très nombreux pour les
équipes de nuit, les tâches les plus ingrates à effectuer au fond. Et tenir des rapports des plus
cordiaux, sans en faire trop, avec le plus haut de la hiérarchie.

C’est dans ce contexte très particulier que Fabricio Mauro prit ses fonctions de simple mineur le 25
mars 1863. Il se retrouva au fond. Les galeries allaient devenir ses alliées, ses amies, ses compagnes.
Comme il aimait être dans les entrailles de cette montagne là ! Il y trouva très rapidement sa place.
Le travail des plus durs ne le dérangeait absolument en rien. Il se portait volontaire pour tout : les
pauses très dangereuses d’explosifs afin d’agrandir les puits et galeries, le travail de nuit-quelle
différence avec celui de jour, vu qu’il ne parvient pas en bas ?- le tractage aléatoire de ces wagonnets
sur ce drôles de chemins faits de fer afin d’amener le sel vers les hauteurs, l’extérieur. La nuit minière
à peine accompagné de la lueur de quelques lumières diffuses par les lampes Davy-du nom d’un
chimiste des Hautes Terres du Nord qui avait mis au point ce système d’éclairage définitivement
adopté ici-

Au bout d’à peine trois mois, Fabricio passa chef de groupe. Il se retrouva à la tête d’une petite
équipe de cinq mineurs. Lui compris. Il faut dire qu’il passait quasiment vingt heures par jour au fond
de la mine ! Ce qui était du jamais vu.

Il se souciait peu du prénom et nom de ses collègues dont désormais il avait la responsabilité
d’organiser la journée de travail les concernant. Elle leur appartenait sans discussion possible. Il avait
ainsi obtenu un respect absolu de la part des hommes qui travaillaient à ses côtés. Au-delà de son
aspect austère, il obtenait le meilleur de chaque membre de son équipe.

Il était intransigeant, dur, austère mais n’en avait que faire. Il demeurait pourtant des plus humains,
ce qui tranchait avec le personnage que l’on croisait. Par contre, il donnait toujours l’ordre juste, qui
déterminait une sécurité relative à la personne concernée. Il se mettait en danger, mais il ne le
voulait pas pour les autres. Ce n’était pas à lui de leur faire prendre ce type de décision.

On l’appelait le Mineur aux yeux de feu. Tant son regard était intense, vif, déterminé. Jamais on
n’osait remettre sa parole en doute. Sa réputation grandit très vite.

Quatre mois plus tard, il fût promu chef de groupe principal. Il prenait en main la destinée de cinq
équipes, soit vingt-cinq mineurs. Il s’acquitta de cette fonction avec une dextérité sans faille. Un
exploit, lui et ses hommes furent quelques temps plus tard les premiers à descendre autours de –
835,00 m, à ouvrir et étayer une toute nouvelle galerie et qui fournit un sel des plus purs ! ils
travaillèrent sans relâche pendant de longues semaines afin de parvenir à ce niveau. Il avait suivi
sons instinct. Et cela l’avait guidé vers les abysses de son cœur détruit, au fond de cette montagne, sa
salvatrice, sa femme d’amour qu’il chérissait temps, au risque de lui donner sa vie. Il perdit d’ailleurs
trois jeunes hommes suite à une explosion mal organisées de dynamite lors du creusement d’un puis
d’évacuation.

Un survécut, deux trépassèrent. Ils furent remplacés par de nouveaux visages, de nouvelles figures
quelques jours après la catastrophe. Mais la montagne et ses tréfonds étaient exigeants, ils
demandaient du sang en permanence ! Gare aux vivant si les sacrifices n’étaient pas proposés !

Les quelques heures qu’il passait en dehors, il grimpait au sommet de la montagne et observait la
ville. Il dormait à la dérobée, quelques minutes par ici, quelques autre par là. Mais il avait mis en
place un principe, une règle primordiale : tous les six jours, il s’autorisait, en accord avec la
hiérarchie, six à huit heures de lourd sommeil qu’il passait sur la paillasse misérable de son antre. Et il
s’en retournait vers les entrailles, comme un long appel, afin de se frotter une fois de plus à son âme
dérangée.

C’est dans ces conditions qu’il fut nommé chef de groupe senior-il s’occuperait désormais de dix
équipes, soit cinquante mineurs- cinq mois plus tard. Du jamais vu ! En une année depuis son arrivée,
il avait progressé d’une façon considérable au sein de la hiérarchie. Et ce n’était qu’une étape. Il la
tenait sa rédemption. Enfin du moins croyait-il à ce moment précis. Il se trompait lourdement. LA
suite des événements démontreront qu’il était bien loin du compte. Effectivement, ses humeurs
noires seraient bientôt de retours, et tout cela à cause du regard intense d’une jeune femme
délicieuse. Comme toujours.
Le 27 mars 1864, alors qu’il se trouver exceptionnellement au café de la mère Marreau, situé place
des Ombières, au sept, afin de « fêter » sa toute nouvelle promotion-il n’avait pu refuser, « ses »
hommes lui payèrent le coup-qui furent très nombreux en fait, jusqu’à une ébriété totale-, il aperçu
le regard bleuté d’une jeune femme belle comme la braise posé sur sa personne. Il perdit pied. Ses
sensations vouées aux choses du sexe remontèrent à la surface en un instant ! Pas encore ses
monstres intérieurs.

Il la voulait. Il se rendit auprès d’elle. Il apprit qu’elle se nommait Rose. Elle ne travaillait pas au fond
de la mine mais à l’usine de traitement du sel. Elle le lavait, le laissait sécher et le préparait pour ses
différents lieux de livraison et le stockait. Un travail exigeant mais moindre en comparaison à celui du
mineur.

Elle était brune, belle, un visage aux traits fins, mais avec ce côté ouvrière, De beaux seins de
dimension certes réduite, mais disposant d’un charme fou, des fesses à vous transporter au pays des
amours en moins de rien de temps, des jambes merveilleuses, musclée, solides.

Le soir même, deux heures avant qu’il ne redescende au fond de l’abîme, ils faisaient l’amour comme
des fous. Il la prenait, la reprenait, la faisait jouir. Elle en perdit la tête et tomba amoureuse à
l’instant même où il lui assura de vouloir la retrouver très vite ! Elle se reposa, émue et nue, sur la
paillasse de son amoureux. Elle ne savait pas encore qu’elle venait de rencontrer le diable. Cela
viendrait assez tôt lorsqu’il se manifestera. Et ils avaient déjà rendez-vous Rose et ce manant là.

Fabricio repris son travail. Cinquante hommes, ce n’est pas rien. Et Rose qui était arrivé dans sa vie.
Qui avait commençait le réveil des monstres qui se logeaient dans son esprit dérangeait. Comment
allait-il pouvoir gérer cela. Il décida pour se plonger dans un labeur sans fin. Il travailla trois jours sans
dormir la moindre minute. Il était rongé par le vice, ses doubles schizophrènes qui le rattrapaient. Il
s’aperçu entrain de parler à sa mère ! Mais son entrain pour son entrain de mineur lui permit de
s’échapper du moins pour un temps de cette tension machiavélique. Le mal le rongeait mais il
parvenait à le maîtriser. Il se calma progressivement et le cours de madame l’existence reprit
relativement sereinement son cours. Et le cinquième jour, il recommença à dormir, un peu. Le
sixième, il remonta à la surface, afin de s’écrouler sur sa paillasse. Il avait oublié Rose, du moins en
surface de sa mémoire. Mais elle vint toquer à sa vitre. Il ouvrit. Ils firent l’amour puis s’endormirent
ensembles. Lorsqu’il redescendit, elle étai vivante et il l’aimait. Un peu de répit !

Plusieurs mois passèrent ainsi. Rose et Fabricio se rencontraient tous les six jours. Ils s’adoraient. Ils
s’épanouissaient au contact de l’amour incandescent. Et la montagne apaisait ses souffrances, à ce
bel homme là. Rongeait par l’Enfer.

Trois mois plus tard, alors que cette histoire d’amour flamboyante battait son plein, on le nomma
contremaître. De mémoire de mineur, personne n’avait jamais vue une avancée dans la hiérarchie
aussi tonitruante et rapide. Cet homme là était à part. Un être comme on en croise très peu dans ce
milieu si hostile de l’exploitation minière. Alors que la plupart étaient sur la réserve, lui il donnait
cent pour cent, était toujours de toutes les histoires, toutes les meilleures décisions jamais prises sur
le terrain. Donc son parcours était des plus justes, des plus normaux en somme. Même une certaine
jalousie émanait de certains mineurs. Cela était également une fatalité normale. Mais il s’en moquait
totalement et faisait abstraction de tout ceci. Et donc, à un peu plus de vingt-trois ans, il se retrouva
à une sorte de sommet social dans le milieu minier pour quelqu’un de son rang. Ce qui quelque part
était exceptionnel. Désormais il avait quarante équipes sous sa responsabilité, soit deux-cent
hommes ! Et tout cela en trois ans à peine ! Ce qui vraiment n’était pas rien. Il prit une décision
extraordinaire, qui fut en tout point approuvée par les hauts rangs de la hiérarchie, à l’unanimité :
aménager un centre de vie, susceptible d’accueillir les mineurs ainsi que leur famille entre les
niveaux supérieurs et la galerie la plus profonde, déjà l’œuvre de ce mineur décidemment. Et, encore
plus incroyable également, mettre en place le premier réseau électrique ! Pour cela il fallait trouver
un secteur qui ne présentait plus aucun danger, du moins le moins possible. Ce serait une tâche
monumentale mais pas irréalisable. Et donc on lui donna le feu vert. Pendant plus de six semaines, il
organisa tout ceci et bien sûr tout en continuant à gérer l’extraction du sel. L’inauguration eu lieu le
27 février 1866 ! Pour l’occasion même Messieurs Armandier et Boissac, accompagnés de leurs
épouses respectives et famille au grand complet furent présents. Du jamais vu ou en tout les cas très
rarement. Ce fût une fête relativement somptueuse. Une vraie réussite. On bue, on chanta, on
s’embrassa, on mangea comme jamais. Fabricio était à l’apogée de sa réussite. De sa gloire. Un jeune
homme qui resplendissait. Du moins en surface.

Les mois passèrent. L’amour entre Fabricio et Rose s’intensifia. Les démons semblaient s’éloigner, se
perdre dans un autre monde, loin. Du moins en apparence. Car la folie gagna à nouveau du
terrain…Effectivement, Rose tomba enceinte. Ce qui précipita Fabricio vers des abîmes terrifiants au-
delà de tout désespoir.

Pour enrayer un peu cet état là, il commença de longues sorties nocturne, loin de cette ville. Il
découvrit le tout nouveau canal de Beaulauris, un peu par hasard. Il serait son parcours de peine, à la
recherche de l’assouvissement de ses fantasmes refoulés. Il voulait retrouver sa mère, il voulait
retrouver ce sentiment de puissance là, cette rage fabuleuse qui le poussait à la domination de l’être
choisi, une jeune femme belle comme sa mère et qui tromperait le cours de la vie qu’elle mènerait. Si
cela sauvait la vie de sa femme et de son fils ou sa fille à venir, alors il le ferait. Il plongerait dans le
noir le plus profond, deviendrait cet assassin pas ordinaire qu’il allait être désormais. Ferait coulait le
sang comme une fontaine de jouvence salvatrice au sein de laquelle il se délecterait.

Ce sont dans ces conditions que sa route le mena dans la ville de Malnancé, le 15 Novembre 1866. Et
il y vit cette belle jeune femme, qui travaillait dans une boulangerie. Il avait trouvé celle qui serait sa
compagne de sang ! Il l’assassinat dans un élan des plus macabres quelques heures plus tard. Sa
course folle pour la survie de son âme venait de commencer ! Sa mère serait assassinée encore et
encore ! Ces jeunes femmes seraient son ombre, son fantôme, son sexe, ses seins. Il leur ferait subir
le pire des châtiments, encore plus fort que celui qu’il fit subir à sa mère. Et il pourrait laisser Rose
être mère, et lui père. Il pourrait dans ces conditions là de martyrisées, accepter ce rôle là. Mais pour
combien de temps ? Et combiens de filles à sacrifier ?
3ème partie : Le juge Mourrisseau

-Barcourt-

Le jeune Alban Mourrisseau vit le jour en Terre Du Nord, un matin de 1826. Dans une famille de la
moyenne bourgeoisie qui habitait la bourgade de Barcourt, au dix-sept de la rue de Mureigne. Une
belle maison de ville comme on dit. Deux larges étages, un grenier, une dépendance dans le.

Son père était dentellier de renom, proposant ses services auprès des plus grandes boutiques et
magasins de toute la région depuis quelques années. Il disposait d’une réputation des plus flatteuses.
Les commerçants se l’arrachaient ! Les commandes affluaient en nombre. Il avait sous sa
responsabilité six employés. Son atelier était installé dans l’ancienne serre dans le jardin. Un endroit
que tout petit Alban Mourrisseau allait fréquenter d’une grande assiduité. Il adorait contempler son
père à l’ouvrage et surtout l’ambiance de labeur qui régnait dans cet endroit particulier. Avec ces
étoffes provenant de diverses régions aux noms si étonnants, qui semblait venir de régions touchant
le ciel. Ce mélange de couleurs de toutes sortes, ces petites mains des ouvriers dentelliers qui, avec
une forte dextérité, transformaient ces fils de soie, ces fragments bruts en de superbes tissus au
toucher des plus soyeux. Et ce bal merveilleux des couleurs naturelles des mailles tissées. C’est dans
cette ambiance là qu’il passa quelques unes des meilleures années de sa vie.

Sa mère, Adeline, était ce que l’on nommerait aujourd’hui une mère au foyer. Enfant unique, Alban
Mourrisseau était en tout point chéri par cette femme là. Son fils était son trésor, sa raison de vivre.
Elle l’avait eu assez tardivement. Diverses difficultés médicales étaient venues perturber la possible
naissance d’un enfant auprès de cette belle famille. Et le miracle avait finalement eu lieu. Le jour de
ses trente-trois ans, elle mis au monde ce garçon-là, qui allait lui apporter tant de bonheur et de joie.

Epouse modèle, elle apportait tout le réconfort possible et au-delà à son mari. Elle savait combien il
travaillait dur afin de proposer à sa famille un très bon niveau de vie. Et elle l’aimait ! Oh pour cela,
oui elle l’aimait ! Les années qui passaient n’avaient en rien entachait leur passion. Elle était encore
belle, ses seins rayonnaient, resplendissaient. Elle était brune aux longs cheveux qui descendaient au
milieu de son dos, ses fesses étaient douce, un peu rondes, mais encore bien désirable. Elle n’avait
pas d’amant, du moins de connu. Peut-être l’assistant principal de son mari, qui se baladait souvent
avec une belle bosse au niveau de son entre-jambe, à chaque fois qu’il croisait cette belle plante
posait-là devant lui, parfois habillée en négligé de soie, car c’était tôt le matin, à peine couverte
d’une robe de chambre légère.

Donc Adeline Mourrisseau plaisait aux hommes. C’était un fait. Et son mari le voyait bien ! Et que cela
le rendait fier ! Et comme il aimait la prendre la nuit tombée, deux à trois nuits par semaine, au creux
de leur lit ! Il est certain que le jeune Alban Mourrisseau a du être témoin, du moins en ce qui
concernait ces sons particuliers, comme si sa mère souffrait de maux étrangers à ses pauvres
connaissances concernant le monde de la médecine qui lui semblait bien complexe à cette période
de sa jeune vie.

Les années passèrent…Sa mère commença à se faner, a se délaisser de son mari. Ses parents firent,
alors qu’il avait douze ans, chambre à part. Un en haut, l’autre en bas ! Son père ne pensait, ne vivait,
ne respirait plus que pour le travail. Et il multipliait les déplacements divers, beaucoup plus que
d’accoutumée. En fait il avait une maîtresse, une jeune femme d’une ville voisin. Mais cela, personne
ne le savait, du moins ne le disait officiellement.

Alban Mourrisseau fréquenta pendant plusieurs années, et avec une belle réussite, l’école. Il aimait
se monde-là. Ecrire, compter, réfléchir, la vie sociale auprès des ses camarades et surtout Melle
Merlet, sa toute première institutrice. Ensuite, il fût admis à l’école religieuse d’Endoures, à quinze
kilomètres de Barcourt. Il avait quinze ans. Il quitta donc la maison familiale au sein de laquelle
finalement sa famille se tolérait et se retrouva dans l’austère Maison de la Jeunesse Religieuse, qui
jouxtait l’Eglise de Notre Cœur Joyeux-qui d’ailleurs n’en avait que le nom…-

Il allait passait en ce lieu lugubre mais si important pour sa formation personnelle, trois années, en
qualité de pensionnaire. Il se forgea un caractère à toute épreuve. Les débuts furent difficiles, mais
progressivement il trouva ses marques et le temps passa de façon convenable. Lever à cinq heure,
prière, petit déjeuner en commun, puis cours sans discontinués de sept heure à quinze heures, avec
une rapide pause de quarante-cinq minutes à treize heures pour un frugal repas, puis pratique de
diverses activités physiques, prière, souper à dix-neuf heure trente, lecture du soir obligatoire dans la
grande bibliothèque si sombre, prière, puis coucher à vingt-deux heures trente. Ce régime drastique
lui forgea une ténacité, une force mentale qui lui serait des plus utiles pour ce qui deviendrait un peu
plus tard sa profession.

Il parti ensuite faire son droit, après avoir obtenu avec un large succès son diplôme marquant la fin
de son parcours au cœur de cette école secondaire si particulière. Cinq années. A l’Université de
Chaume, la plus prestigieuses de toutes ! Il ne garde pas de grands souvenirs, hormis ceux d’avoir
travaillé sans relâche. Ce laps de temps passa très rapidement et il se retrouva donc jeune diplômé.
C’est dans ce contexte qu’il regagna pour quelques temps la demeure familiale. Nous étions en 1849,
il avait vingt-trois ans. La maison avait changé. Elle était devenue d’une tristesse flagrante. Son père
travaillait moins, l’âge commençait a marquer son territoire, deux employés étaient partis. Sa mère
avait les cheveux gris, ne quittait plus le petit salon uniquement pour aller prendre ses repas et aller
se coucher dans sa chambre. Le jardin, si resplendissant à une époque pourtant pas si lointaine
semblait aujourd’hui emplie d’une mélancolie sans nom. La plupart des plantes avaient passé l’âme.
Ce joli petit jardin était négligeait au possible.

Alban ne passa que quelques mois. Il pris la décision de devenir Juge d’instruction et parti donc
compléter sa solide formation juridique à l’Université d’Yrville, pendant deux années puis entra en
qualité de premier assistant au service du Juge Bourrignon, à Virellandes, un solide gaillard qui lui
appris toutes les ficelles de ce métier si particulier. Et progressivement il se fît une place de premier
ordre au sein de l’élite bourgeoise de cette cité. Le Juge Bourrignon avait une fille. Clémence. Vingt-
deux ans. Elle épousa Alban Mourrisseau le 10 Juin 1853. Elle était plutôt belle dans sa robe de
mariée. Les invités furent bien nourris, bien imbibé d’alcool en tout genre. Une fête réussie. Pas le
grand amour, mais une certaine passion. Un peu comme son père, Alban ne vivait, ne transpirait, ne
se levait, ne se donnait que pour son travail. Il ne délaissait pas totalement sa jeune épouse, mais ne
lui consacrait pas énormément de temps. Ils partirent quand même quelques jours en voyage de
noce. Un long périple qui les mena en Terre du Sud. Un mois à arpenter cette terre tannée par le
soleil omniprésent. Ils prirent résidence dans une charmante auberge en tout point délicieuse, à
Maloa. Au sein même du désert d’Altara. Une merveille géologique, au sein duquel s’étendent les
Gorges d’Ultabedia. Au fond du monde pouvait donc exister de telles beautés insoupçonnées.
Ils voyageaient à dos de mules chaque matin, en direction de cette merveille au cœur de laquelle se
promenait opportunément une rivière, la Comenterra. Ils aimaient trouver un endroit tranquille, à
l’abri de regards qui auraient pu demeurer malveillant, se déshabillaient, puis se baignaient nus dans
cette eau légèrement fraîche. Un véritable trésor en ce lieu-là ! Ils faisaient l’amour à même la roche.
Il la prenait ainsi, presque sauvagement cette belle fille du Nord. Elle adorait ! Et le lui montrait très
bien en tout point ! Et ils se délectaient d’un repas copieux, à base de charcuterie, vin, pain, légumes
et fruits du pays. Une merveille de moment ! Puis se baignaient à nouveau, faisaient à l’amour et
rentraient, rompus de fatigue, à l’auberge où ils s’écroulaient dans le lit de leur chambre, en
attendant le repas du soir puis le sommeil salvateur. Que l’amour est beau lorsqu’il se consomme le
plus simplement du monde. Mais tout à une fin…Et le retour en Terre du Nord se profila.

De ce voyage admirable naquit une fille, Léonce, le 16 Août 1855. Une fête grandiose fût donnée en
son honneur…Chaque membre des deux familles fut invité. Un moment inoubliable pour certains,
moins pour d’autres, comme souvent dans toute réunion de famille…

Et la sève de l’amour se consuma définitivement. Le travail l’emporta sur la raison du cœur et Alban
se donna corps et âme à sa tâche. Il ne vit pas les premières années de sa fille. Ni encore moins sa
femme dépérir, pour finalement se donner à un autre homme.

Le 25 Octobre 1858, le père de Clémence, Monsieur le vénéré juge Bourrignon passa de vie à trépas.
Bien sûr, et sans surprise, ni contestation, ni discussion aucune ou possible, Alban Mourrisseau, alors
âgé de trente-deux ans à peine, prit la succession de son beau-père. Et les années défilèrent. Sa
réputation de juge d’instruction tenace et incorruptible s’intensifia année après années. Il avait
résolu plusieurs affaires des plus délicates et était souvent désigné par les tribunaux afin de prendre
en charge de lourds dossiers. Souvent des cas d’assassinat violents et complexes. Mais il ne savait pas
que sa vie allait changer en tout point lorsqu’il se rendit le 20 Décembre 1866 dans la basse région du
Montesquieux, quelque part entre Valrais et Moblencourt, à Tarons exactement, proche du tout
nouveau canal de Beaulauris, où le corps atrocement mutilé de Hortense Malraux, trente ans, venait
d’être découvert par un jeune garçon très tôt ce jour là. Quand il vit le corps de la fille, le juge
Mourrisseau compris qu’au-delà de l’horreur il avait mis les pieds dans ce qui serait une des affaires
de meurtres les plus graves qui serait donnée de voir pour un sacré bout de temps. Et une chasse au
loup qui s’étendrait sur de longues années.
4ème partie : Le phare d’Amboise

-Exil-

Fabricio Mauro, qui était parvenu à échapper à ses poursuivants devait prendre une décision
capitale : la fuite et l’exil loin des mines de Sel. Il lui semblait évident désormais que son portrait
ornerait tous les murs des villes des diverses régions du Nord et d’ailleurs d’ici très peu de temps. Et
que la police et ce satané juge d’instruction-car il avait bien compris que la voix masculine qu’il avait
clairement entendu émanait de la personne en charge de l’enquête et, par voie de fait, pouvait le
mener à son jugement puis à une exécution certaine s’il parvenait à lui mettre la main dessus. Et les
forces de l’ordre disposeraient assez vite de son nom et prénom, car ces gens-là sont malins et
intelligents et le rapprochement se ferait tout naturellement.

Il lui fallait donc disparaître à tout pris car la police viendrait très vite le chercher aux Mines de Sel, il
en était persuadé désormais. Et vite ! Donc plus question de retourner à Burre. C’était un cas de
conscience terrifiant que d’abandonner Rose, sa délicieuse femme et mère de leur magnifique Ana.
Ses ultimes et uniques amours de sa vie. Mais il n’avait que la fuite comme échappatoire désormais.
A jamais mes belles ! Murmura-t-il hâtivement.

Avant de s’enfoncer dans une longue nuit qui devait le menait vers les terres les plus abandonnées
qu’il connaissait, celles du Cap-De-Verre. Il se ferait marin pécheur ou tout autre travail lui
permettant de s’échapper loin des hommes.

Il lui fallait également changer de nom. Il opta assez rapidement pour Virgile Lauquers, c’était passe-
partout, vaguement nordique. Ce sobriquet lui plût aussitôt. Il l’avait vu sur une affiche un jour, dans
un village où il avait assassiné cette fille boulangère dont il ne connaissait pas le nom.

Il l’avait aimé un peu aussi. Il l’avait fait jouir avant que ses longs cris internes de rage ne le pousse à
lui faire subir un des sorts les plus macabres que possible. Comme toutes les autres.

Parfois il contemplait son spectre qui venait lui rendre des visites nocturnes, emplies d’une courtoisie
sans pareil. Il l’aimer ce fantôme là ! Comme ceux de toutes les autres personnes auxquelles il avait
proposé un aller simple pour l’au-delà. C’étaient ses compagnes et compagnons des nuits de feu, de
son cerveau en ébullition.

Après un long périple-il marchait la nuit, se reposait ou méditait la nuit- il arriva le 27 décembre 1869
au Cap-De-Verre, qui était également le nom de la bourgade posée au bord d’une falaise
vertigineuse. Au large, sur des rochers s’érigeant comme des pustules posées au milieu de l’océan, se
présentait un phare impressionnant, comme le maître des lieux, qui présiderait le bon équilibre entre
ciel et terre. « Tiens, cet endroit là serait parfait » se dit celui qui désormais s’appelait Virgile
Lauquers. Et, fait extraordinaire, dés qu’il entra en vile, il remarqua cette affiche qui serait peut-être
son salut : « La Compagnie Côtière de la Région du Milieu, dirigée par messieurs Slauter et Ardison,
recherche un gardien pour le phare d’Amboise ». Quelle aubaine !

Il décida sur le champ de se trouver un lieu où s’installer le temps nécessaire et de se présenter dans
les plus brefs délais à la Compagnie Côtière de la région du milieu. Dés le lendemain matin.
Il opta pour l’auberge du Haut Venant, au cœur de la bourgade et à proximité des bureaux de la
Compagnie.

Il y prit une chambre toute simple. Mais il savait qu’il ne resterait pas de toute façon. En route pour
le grand large, cette bâtisse extraordinaire qui présentait une force hors du commun à laquelle il
désirait de toute son âme et son cœur se mesurer, au-delà même du simple fait d’échapper à sa
terrifiante destinée.

Qui viendrait le chercher là ? Et c’était l’idéal afin de laver son âme salie. Se mesurer à plus
destructeur que lui, cet océan qui abîme tant de vie, en vole bien plus que lui, humble passeur du
crime.

Mais dans cette auberge, il y avait la fille du gérant…Elle était belle, insouciante. Une dernière fois
sentir ses tripes brulées par l’appel du désir. Une dernière fois porter l’amour à l’ébullition des sens.
Ceux-là même qui vous font rencontrer les abîmes de l’abandon des corps. Et après en route pour le
vide de la mer.

Elle se nommait Sidonie, fille de l’aubergiste….Elle avait vingt-trois ans. Elle était blonde comme les
blés, délicieuse. Un corps subtil, des seins superbes, tout petits, que l’on avait envie de prendre à
pleine main, les embrasser tant les mamelons se dressaient avec délice, délectation. Ils étaient faits
pour les choses de l’amour. Son ventre était un océan de beauté, aux lignes parfaites. Son cul était un
délice subtil, tendu comme il fallait. Ce délice de fille qui vous rend tous chose.

Bien sûr le soir même-elle était seule, sans homme, hormis plus ou mois Ernest, un pêcheur qui
pensait plus aux poissons qu’au cul de la belle Sidonie et ce soir là, il était en mer, afin de choper du
maquereau- ils firent l’amour comme des fous, dans sa chambre à lui, elle prit ce sexe de ce beau
jeune homme que les chérubins de l’amour semblait lui envoyer, dans sa bouche puis dans son sexe
à elle. Elle jouit comme une tarée plusieurs fois.

Ce fût son ultime meurtre. On retrouvera son corps dans la lande, à trois kilomètres du village. Pas
mutilée, pas de rose, pas vingt-sept coups de couteau cette fois-la discrétion était de mise ! On pensa
à un meurtre de vagabond-la police locale se réduisait à deux crétins sans cervelle- et l’affaire fût
classée rapidement. Le juge Mourrisseau n’eut aucun vent de cette affaire-là, et pour cause.

Et le lendemain, un peu plus tardivement que prévu, il se présenta aux bureaux de La Compagnie
Côtière de la Région du Milieu, dirigée par messieurs Slauter et Ardison…
- Slauter et Ardison-

La Compagnie Côtière de la Région du Milieu, dirigée par messieurs Slauter et Ardison est installée au
trente-trois et trente-quatre de la rue des Escofiers, à deux pas du port de pêche. C’est un grand
bâtiment, ancienne gendarmerie maritime qui fût cédé à la Compagnie Côtière quelques années
auparavant. Slauter et Ardisson, les deux associés y installèrent d’un commun accord leurs bureaux
au premier étage.

A droite, en montant l’escalier, vous trouvez la porte menant à celui d’Isidore Slater, homme toujours
très soigné, parfumé. Environs cinquante-ans, port en quasi permanence un haut de forme et une
veste à queue de pie. L’archétype du bourgeois de bonne famille. Réputé sévère, il gère les affaires
courantes de la Compagnie d’une main de fer depuis sept années désormais. Marié à une femme
délaissée qui sortait que très peu de leur propriété et père de deux jeune femmes qui se trouvait
actuellement au couvent. C’est vous dire l’austérité qui émanait de ce personnage. Cependant il
n’était en rien fourbe et d’une honnêteté sans défaut. Il était un homme au franc parlé reconnu par
tous, un patron intransigeant qui demandait beaucoup à ses employés.

Sur la droite, vous trouvez la porte menant quand à elle au bureau de Charles Ardison. Homme jovial,
toujours d’humeur égale, d’une sympathie totalement assumée. A tendance à aimer déguster
régulièrement de plats copieux au restaurant « Chez Mérimée et ses belles lettres » sur le port et
dispose donc d’un léger embonpoint, cat il ne pratique d’exercice physique le moindre du monde.
C’est cependant une véritable force de la nature .Une sorte de géant tranquille. Agé de cinquante-
deux ans, il plaît énormément à la gent féminine. Veuf depuis peu-sa femme étant morte d’une
longue maladie logée dans ses intestins il y a un peu moins d’une année-, on lui connait de
nombreuses maîtresses, toutes des bourgeoises de belles familles.

Il avait bon goût en tout les cas et il se disait qu’il n’était en rien ingrat avec les femmes qui
traversaient pour un instant ou plus de temps le cours de son existence. On pensait même qu’il se
remarierait, sûrement d’ailleurs avec Jeanne De Violenne, jeune veuve pas implorée du tout-son
mari, le défunt Paul De Violenne, dont elle avait gardé le nom…- se tua accidentellement le
printemps de l’année précédente, alors qu’il pratiquait la nage dans la baie, comme chaque jour. . La
houle se leva brusquement et il se noya…On retrouva son corps trois jours plus tard, bleu,
boursouflé-une vraie barrique- et déjà mangé en parti par les poissons, crabes ou tout mammifère
peuplant l’océan- Pas charmant à voir, lui qui s’était toujours entretenu au-delà de l’ordinaire.

Elle était un fort joli bout de femme. Trentenaire, belle comme un cœur, quoi qu’un peu
sophistiquée-les affres de la bourgeoisie !- Et ces deux-là se rencontraient très régulièrement et
fréquentaient souvent ensembles-comme de bons amis !- les divers salons mondains de la ville.

Ce sont ces deux hommes que Fabricio Mauro-ou plutôt Virgile Lauquers- ainsi que le contremaître
Dubois allait rencontrer ce matin là, car le choix d’un gardien de phare demeure des plus draconiens
et demande des avis très clairs.

Virgile s’était habillé simplement, pour ne pas sembler trop chic pour ce poste. Un homme du
peuple. C’est ce qu’il était dans tout les cas. Et c’est l’impression générale qu’il voulait donner. Et s’y
employa de la plus charmante des façons.
Il fît forte impression. Lorsqu’il arriva dans le hall tout les regards se tournèrent sur lui, magnétique. Il
attirait tout les yeux.

Il était là et tout le monde le savait. Les jeunes femmes qui travaillaient là en furent toute chose et
elles avaient bien du mal à le dissimuler. Ce qu’elle ne donnerait pas là, tout de suite, afin de passer
une heure avec ce garçon là, en toute intimité, lovée au creux d’un lit, contre sa peau, repue par
l’amour physique frénétique. Mais bien sûr, elles ne pouvaient pas imaginer un seul instant que ce
type d’événement pouvait leur être définitivement fatal. Loin de leurs pensées du moment !

Il charma littéralement les trois hommes. La seule réticence concerna le point relatif à l’isolement
complet que procure ce poste particulier. Mais elle demeura vite levée et donc obtint le travail le
jour même.

Tout ce beau monde décida d’aller fêter ce joyeux événement au restaurant « Chez Mérimée et ses
belles lettres »-cela faisait un certain temps que la Compagnie cherchait son gardien de phare et
maintenant que c’était chose faite, on pouvait se délecter à tout va…- où les vins, les viandes, les
poissons et les entremets envahirent la belle table dressée pour l’occasion dans les jardins du lieu.

Un bien joli moment avant un exil auprès d’un phare posé au milieu de l’océan. C’est la vie qui
attendait, à sa volonté, Fabricio Mauro-ou plutôt Virgile Lauquers- désormais pour les années à venir.
Un long silence tendu vers les éléments océaniques souvent particulièrement déchaînés. Et qui serait
l’écrin qui s’apprêtait à accueillir notre tueur pas franchement ordinaire pour une longue série de
jours et de nuits, ses tête à tête avec ses doux fantômes et ses cauchemars terrifiants. Car rien n’était
tranquille ni apaisé dans cet esprit là.

Il embarqua le lundi suivant dans l’embarcation de la Compagnie Côtière de la Région du Milieu avec
tout son paquetage et les divers ravitaillements. Une fois tous les quinze jours, il aurait la visite de ce
bâtiment, c’était convenu ainsi, stipulait dans le contrat qu’il avait signé en trois exemplaires : un
destiné à la Compagnie, un autre pour lui et le troisième aux archives municipales.

Il serait payé chaque mois d’une coquette somme-enfin, pour ce type de travail, c’était fort
honorable- qui lui serait apporté en espèce chaque premier lundi de mois par l’employé de la
Compagnie qui le ravitaillerait très régulièrement tant en consommable que tout ce qui demeure
obligatoire au bon fonctionnement du phare et, ainsi, lui permettre de mener à bien sa mission.

Et il aurait bien sûr le gîte et le couvert, cela va de soit et deux fois par an le renouvellement de sa
garde robe-limitée…-

La traversée se passa dans un calme absolu. Tout le long, Fabricio contempla ce long appendice qui
semblait être en connexion directe avec le ciel de traîne.

Au moment même où il posa ses pieds sur le rocher, il sut immédiatement qu’il était arrivé au fond
de son âme. Sa maison de pierre serait sa tanière. Sa geôle. L’Océan son compagnon fidèle avec
lequel il allait passer quelques unes de ses années de plomb. Très vite il s’imprégna de son odeur, sa
force, son amertume, sa rancœur. En ouvrant la porte, un malaise total et sans discussion possible le
submergea : sa mère, son père, Marianne, Hortense, Jeanne, Adèle, Apolline, Eugénie, Célestine,
Margot, Perrine, Ophélie, le petit berger, la famille Cuechento au grand complet, Carolina et Sidonie
se tenaient devant lui ! Le regardait du haut du long escalier qui menait à ce qui serait sa chambre et
pièce de vie et, ensuite, à diverses pièces de stockage, grenier et, enfin, bien sûr au puissant système
d’éclairage.

Il en demeura comme tétanisé l’espace d’un court instant. Et puis, l’effet de surprise se dissipant, il
entra…
-Le phare-

Le phare d’Amboise fait parti de ces structures qui proposent une force sans pareil. Un déni de la
volonté des dieux afin de présenter un quelconque répit face à l’adversité tonitruante de l’océan qui
se déchainait comme bon lui semblait. Il était le prince au milieu de l’océan. Tel un sphinx, il
proposait son visage à la force des éléments, il prenait des gifles terrifiantes mais s’en relevait à
chaque tourment. Il demeure à jamais le calme indissociable de la tempête.

Construit en 1827, il avait vu se succéder en son antre de nombreux gardiens, parfois solitaires,
parfois en une sorte de duo surréaliste.

Il détenait un rôle capital : préserver les navires du large des récifs de Corveille, une véritable
forteresse quasi sous-marine qui donnait bien du fil à retordre à tout capitaine d’embarcation qui
osait s’aventurer en ces eaux si particulières et réputées dangereuses. En tout, pas moins de cent-
vingt-sept naufrages en une cinquantaine d’années, ce qui en dit long sur la difficulté de cette passe.
Naufrages qui coutèrent la vie à cinquante-six marins, ce qui n’est pas rien.

Ce phare était un géant aux pieds d’argiles, de soixante-deux mètres de hauteur, disposant à son
premier étage, situé à vingt-cinq mètres de hauteur et demandant la montée de cent-soixante-deux
marches, d’une large salle de vie, composée d’un salon plutôt confortable, d’une cuisine de
dimension réduite, et d’une alcôve dont un large lit occupé la plupart de l’espace.

Au deuxième étage, après deux-cent quarante trois marches, se trouvaient les espaces techniques,
au nombre de deux, de stockage, conservation, entretient et vie de cette fameuse lumière
incandescente qui se devait de survivre chaque nuit, en fonction des aléas voués aux saisons.

Enfin, à l’ultime étage, et quatre-cent vingt-huit marches, se tenait la lampe, la vigie. Le dieu qui
veillait à ce que les navires ne s’échouent pas. Que le sang des marins ne s’étale dans l’eau salée,
dernier témoin de leurs rêves disloqués.

Le gardien de phare était cet homme-là, dont la bonté d’âme autorisait la survie de millier d’autres
êtres, comme des crabes tambour qui toujours, au-delà du danger, voulaient en tout les cas,
demeurer vivants, des êtres de chair et de sang.

On pense surtout au naufrage du « Surette », un navire de belle dimension, qui un jour de 1857
trébucha contre ce fameux récif. Il coula très rapidement. Quarante-trois personnes perdirent la vie
ce jour là. Autant d’âmes qui se réclamait en qualité d’être humains qui rejoignirent une sorte de ciel
de traîne voir de paradis sans soleil, une sorte de purgatoire liquide, quoi que l’on récupéra de
nombreux corps bien des jours plus tard, en pleine putréfaction, une horreur sans nom…On installa
une chapelle ardente dans l’église paroissiale…La Compagnie Côtière de la Région du Milieu dû payer
une somme des plus extravagantes aux familles des disparus, suite à un procès au cours duquel leurs
fautes furent établies. Ce qui sonna le glas des recrutements hâtifs des gardiens de phares, comme il
demeura de coutume de longues années durant, précédentes ce drame sans nulle part pareil.

Un gardien de phare se doit d’être un homme responsable, sur le qui-vive en permanence, au-delà
de la routine plutôt désagréable de sa tache pour laquelle il était plutôt gracieusement payé. Enfin, si
on considère que le droit de manger et de boire, d’obtenir un peu d’argent en espèce tout les
premiers lundi de chaque moi, vivre isolé du monde demeure une position sociale extraordinaire…
-Fantômes-

Les premiers jours passaient dans cette enceinte furent merveilleux. Il adorait ce travail oppressant,
prenant, exigeant. Qui demandait tant chaque jour. Une énergie folle, une présence permanente afin
d’assumer la survie de ces marins dont il ignorait chaque prénom mais sur lesquels il veillait avec une
force sans partage.

Il leur sauvait la vie. C’était là un but merveilleux, une mission divine au sein de laquelle il se lançait
corps perdu. Dans cette vie au large. Loin de l’ombre des hommes. Loin du cœur de la nuit, cette
dernière qui lui dévorait son âme perdue.

Celle de ses monstres intérieurs, celle de ses cauchemars les plus terrifiants. Celle de votre ombre qui
s’échappe de votre regard. Etre debout, c’était affronter cette folie délirante là. Ne pas plier face au
feu intérieur qui lui dévorait les tripes chaque nuit de manque, de ce crime qui atténuera ses
malaises si profonds qu’aucune sonde ne demeureront en mesure de les aborder lors de voyages
immobiles, d’aventures ténébreuses au plus profond de ses tripes.

Il est mort, il le savait, ses fantômes, ses amis, ses frères, ses sœurs deviendraient ses alliés
ténébreux au-delà de tout espoir lui octroyant le droit de contempler une fois encore le remous de
l’Océan.

Pour ne pas demeurer ni devenir en aucun cas un être terminé, sans saveur sans envie, sans rien,
juste le cerveau vide et l’envie d’en finir une fois pour toute avec ces histoires ténébreuses qui ont
construit son parcours de vie.

Il est un homme et ses fantômes, ses amis, sauraient le maintenir à flot, droit et fier chaque matin où
il ouvrirait les yeux, tant que la volonté tangible d’effectuer cette action le lui permettrait.

Il était ici Fabricio Mauro, Homme Libre, Homme debout. Sa dignité lui appartenait encore un peu en
ce phare, en ce lieu si capital pour la bonne tenue de son âme dévastée. Celle qu’il avait perdue en
parcourant le monde du dehors, celui auquel il voulait échapper en tout point désormais et qui
l’avait amené ici, entre ces blocs de pierres taillées le protégeant du vent de la folie.

Ses fantômes étaient ses femmes, ses frères, sa famille. Souvent un seul venait, puis parfois
plusieurs, voir comme la première fois où il posa ses pieds dans cet endroit si particulier, tous
ensembles ils venaient. Ils ne parlaient pas, ne prononçaient pas un mot, se lovaient dans la litanie
du silence. Mais ils étaient là. Il s’imprégnait de leur présence, vaporeuse, troublante, tenace.

Ils ne venaient pas le hanter. Ce n’était en rien le but. Ils venaient juste lui rende visite,
l’accompagner dans ce voyage intérieur vers les affres de son esprit. Ils étaient son ombre, sa force,
son oublie.

Parfois ils se retrouvaient tous sur la rambarde, tout en haut du phare, et ils contemplaient l’Océan,
le large. Happés parfois par un grain qui rongeait les os.

Une délicieuse sensation de vide, d’abandon. Une vie à partager, à émouvoir, à redécouvrir avec ces
ôtes-là en compagnon d’exorcisme, celui de sa bile pourrie qui s’étire le long de ses veines et
artères. Comme un sang sali par le plus abjecte des poisons, le plus lamentable des monstres. Celui
qu’il était avant de trouver cette forme de quiétude relative au cœur de ce géant de pierre...Au
centre des flux et reflux de cette eau omniprésente. Son sérail, son lieu, sa mémoire. Son oubli,
définitif. Jamais il ne remettrait les pieds dans l’autre monde. Il le savait. Il l’avait accepté. Et ses
fantômes étaient désormais les seuls avec qui il s’était autorisait le droit de continuer de vivre ne
serait-ce qu’un peu. Respirer.

Tenir coûte que coûte cette satanée lumière allumée.


-En finir-

Quinze années passèrent, s’étalonnèrent dans le temps tel un serpent s’enroulant autours de sa
proie à l’aide de ses anneaux afin de l’étouffer, la dévorer, la digérer puis rejeter son squelette au
blanc parfait.

Il avait perdu pied avec le monde des humains. Terré dans son phare, il ne désirait ne plus rien
connaître des autres hommes, ceux de la côte. Il ne faisait plus qu’un avec son compagnon de pierres
et ses fantômes. Ceux de ses meurtres. Il s’en délectait, savourait cette vie-là, à expier ses fautes
passées.

Il avait enfin trouvé cette quiétude salvatrice. L’envie de tuer était passée. Demeurait en suspens en
tout les cas. Il se mélangeait à la mer, faisait parti du bleu ou du gris du ciel. Indissociables.

Il n’était plus que l’écho de celui qu’il avait été auparavant. Pendant ses années de plomb. Ses
années de feu. Celles de son cerveau en totale ébullition qui l’amenait dans des territoires des plus
remarquablement habités par la violence, la mort, le crime, la mise en scène macabre.

Toutes ses formes de jeune femmes et hommes, ces corps lacérés. Comme le cri le plus lugubre
traversant la nuit des loups en appel de carnage.

Se perdre soi-même et ne plus jamais revenir. Ne plus jamais sentir cette force tenace qui le brûlait
intensément et le poussait à commettre ses terribles actes irréparables, définitifs. Pourtant il aimait
cela. O combien ! Qu’il adorait resté auprès des corps de celles qu’il avait choisies, qu’il avait épousé
dans ces fêtes de sang au fond de la forêt pour nombre d’entre elles. Parfois, quelques secondes par
jour, il se remémorait chacune d’entre elles. Mais ces souvenirs étaient devenus de plus en plus
diffus avec l’avancée du temps.

Désormais il faisait corps avec les éléments. Il était l’homme-phare, celui qui défiait le vent et
l’extrême brutalité des éléments au sein desquels il vivait. Il dansait sous les étoiles, ivre du bonheur
retrouvé.

En finir avec le vide. Avec l’incandescence de ses jours de braise. Définitivement.

Un soir, il se taillada les veines, afin d’offrir une partie de son sang à son frère l’océan. Cette
cérémonie, rapide, clôt son union avec l’eau. Il cracha violemment vers le ciel afin de montrer à ce
dernier qu’ils étaient également unis à jamais. Qu’il était un des leurs, cette meute qui l’accueillait en
ses bras protecteurs.

En finir avec le long tumulte de ses tempes. Quiétude.

Mais bientôt les choses allaient changer, s’emballer, prendre une tournure des plus hallucinante,
terrifiante. Une fois encore….

Au petit matin, un bateau, qu’il pensait être celui du ravitaillement habituel, s’approcha du phare, à
la même allure qu’à l’ordinaire. Rien ne pouvait laisser préjugé que de tels événements allaient se
produire aussi vite et tout aller basculer vers des éléments aussi catastrophiques, horrifiques.
C’en était fini des jours au phare. En effet, la police arrivait à grand pas ! Accompagnée par le juge
Mourrisseau. Qui n’avait jamais abandonné cette affaire-là ! Bien au contraire ! Il la tenait son heure
de gloire. Il venait chercher le loup terrible. Celui du canal de Beaulauris.
5ème partie : La justice des hommes.

-Enquête-

Le 15 mars 1883, à sa surprise surréaliste, Fabricio Mauro fût arrêté par huit policiers et le juge
Mourrisseau qui était à leur côté et supervisait l’opération. Cette action demeure le fruit d’une
longue enquête mené depuis maintenant près de quinze ans par ce satané juge. Qui, bien
évidemment, n’avait jamais abandonné le suivi de cette histoire terrifiante. Il mena un travail
remarquable. Celui d’une vie. A attendre ce moment-là.

Jamais il n’avait lâché la moindre seconde cette affaire si particulière, au-delà de son horreur. C’était
sa vie, son enquête, son devoir.

Pour lui et surtout l’ensemble des familles touchées par ces drames terrifiants. Pour leurs âmes
détruites. Pour que leur souvenir ne s’évapore jamais au loin, au pays si navrant de l’oubli. Dans les
lymphes du malheur à jamais.

Le lendemain de la poursuite terrible, un échec troublant, il commença une recherche de chaque


instant. Il serait sur sa trace nuit et jour. Le temps qu’il faudrait. Tant que ce sinistre personnage ne
serait pas sous les verrous, jugé, il ne disposerait d’aucun repos. Jamais. Il lui fallait mettre un terme
au parcours en lettre de sang de cet homme là, cette bête immonde qui précipité le destin de jeune s
femmes vers un néant absolu. Il lui fallait stopper cet animal sauvage, ce loup du canal. C’était une
obligation. Un devoir, un acte de vie.

Le jeudi 24 juillet 1868 commença sa quête. Il commença par faire diffuser le portrait de ce jeune
homme beau sous tout rapport sur l’ensemble des murs de chaque ville jouxtant le canal de
Beaulauris, car il semblait évident que ce cours d’eau créé par l’homme demeurait son terrain de
chasse. Son antre de meurtre. Le long de cette eau qui s écoulait en toute sérénité. Il fallait mettre un
terme à ces aventures sordides. Ces messes de sang.

Dés le dimanche 27 juillet, il disposa d’une première piste. Effectivement, il apprît que le mardi 22
juillet 1868, il avait passé la nuit dans une auberge d’Alliers-Sur-Orge, Basse-Terre, « La Traversière ».
Qu’il avait donné un nom, Fabricio Mauro-Le « F » sur le corps des filles ! C’était donc cela ! Juste
l’initiale de son prénom ! Rien d’autre. Cela lui laissa un tel goût amer au fond de sa gorge. Pourquoi
n’avait-il pas compris ce message bien avant ? Cela lui parut surréaliste. Juste tatouer à même le
ventre de ces filles les liens de son prénom. A quoi bon ? Dans quel but ?

Le jeudi 30 juillet 1868, il reçu une nouvelle fracassante. Suite au portrait collé sur de nombreux murs
de l’ensemble des communes le long du canal, il apprît que Fabricio avait dormi chez Madame de
Mallembert, qui tenait une sorte d’hôtel minable de seconde zone, le Morant-, à Lamburette, basse
région de Montesquieux, lieu du crime sordide de Jeanne, le dimanche 27 février 1867, dans son
café, maison close à peine avouée. La patronne avait formellement reconnu ce jeune-homme.
Expliquant avec détail combien les jeunes femmes présentes demeurèrent troublées au plus haut
point par la beauté divine de cet homme-là. Une merveille parmi les merveilles ! Elle avoua aussi
elle-même ne pas être restée de marbre et indifférente. Mais elle n’avait plus l’âge de faire des
galipettes, c’est du moins ce qu’elle tenta de laisser croire. Mais il semblait clair et limpide, que si elle
avait pu…Dans un ultime élan de générosité face à la police et au juge Mourrisseau, elle déclara que
ce magnifique éphèbe avait passé une partie de la soirée à porter conversation auprès d’Eglantine
Montsorreau, une de ses « clientes » de longue durée comme on dit.

Enfin une nouvelle trace. Une piste à suivre. Et donc Eglantine Montsorrea apporta moult détails
concernant ce personnage là. Il lui avait surtout expliqué qu’il travaillait vers les terres du Nord, dans
une mine…Détail O combien important qui allait voir son importance le moment menu. Voici donc
enfin une réelle direction vers laquelle diriger l’enquête. Le principal obstacle était de trouver
l’endroit exact. Car dans les terres du Nord-laquelle en particulier, quelle ville…autant de question à
se poser- les mines sont nombreuses…

Pendant presque trois années rien de concret ne permit une avancée conséquente de l’enquête.
L’assassin emblait s’être dissous dans la nature…Et c’était bel et bien le cas. Plus de meurtres…Mais
où était-il donc ce moribond ?

Et, puis, un jour, comme très souvent, dans la plus pure tradition du hasard, dans un café de
Mirandeaux, situé non loin de la terre du Haut-Faissin, à une petite quinzaine de kilomètres de la ville
de Burre, un jeune homme ivre déclara à qui voulait l’entendre qu’il connaissait et avait été collègue
de travail avec un certain Fabricio Mauro, le loup du canal. Qu’il l’avait connu dans les mines de sel.

Cela arriva dans les oreilles bienveillantes d’un policier local, qui, très rapidement, prévint le juge
Mourrisseau.

Lorsque ce dernier interrogea Albert Montrait-le nom du jeune homme ivre, encore présent à
Mirandaeaux, celui-ci lui révéla le nom de la ville où il pourrait trouver Fabricio Mauro, Burre, Mais il
lui expliqua également que le beau jeune homme avait disparu depuis un bon moment. Personne ne
l’avait revu, ne savait ce qu’il était devenu. Le juge pris également connaissance du parcours au sein
des mines de sel de ce personnage décidemment bien étrange. Qu’il y avait laissé une femme, Rose
et une petite fille, Salomée, délicieux ange blonde comme les blés. Il apprit aussi que Rose, qui
l’aimait d’un amour fusionnel, avait remué ciel et terre afin de le retrouver, lui montrer leur fille. Leur
trésor. Leur bonheur.

Quelques jours plus tard le juge Mourrisseau se rendit à Burre. Il devait rencontrer Rose à tout prix,
afin de connaître encore un peu plus l’histoire de ce personnage hallucinant.

Rose vivait avec Salomée dans la même maison dans laquelle elle s’était donnée à Fabricio, où leur
amour avait grandit jour après jour, jusqu’à ce qui ne fassent plus qu’un, dans la joie d’un foyer des
plus tranquille. Qu’elle avait était heureuse avec lui ! Mais qu’elle ne le connaissait pas !

Lorsqu’elle apprit de la bouche même du juge les raisons pour lesquelles son homme était recherché
dans une totale urgence, tout son monde vola en éclat. Bien sûr elle avait eu quelques échos,
lointains Mais rien ne laissait préjuger une telle horreur. Et de très loin. Elle défaillit, perdit pied. Mais
fit volte face en dépit du mal qui la rongeait à l’intérieur et proposa un regard fort et tenace à cet
homme de la justice qui se tenait face à elle dans sa maison. Et celle de sa fille. Il demeurait hors de
question aucune de montrer le moindre signe de faiblesse.

Elle expliqua en détail, même les plus personnels, sa relation dans tous les détails, des premiers
souffles à la disparition. Du premier regard à la nuit noire de l’absence. Comment il avait fait d’elle
une femme. Une mère, une compagne. Comblée. Et elle l’aimait encore et toujours, en dépit de ce
qu’il avait fait. Même dans cette horreur terrifiante, il resterait à jamais celui qui avait transporté sa
vie dans des contrées de jouissance et d’allégresse insoupçonnées. Quoi qu’il ait pu faire, quel
chemin d’assassin macabre il est pu emprunter, il resterait son amour à elle et celui de sa fille. A
jamais.

L’entretient se clôt sur un glacial « Au revoir » lancé par Rose. Le jeune juge en demeura interloqué. Il
quitta la modeste demeure l’œil humide car il avait été touché, au-delà des renseignements précieux
qu’il avait obtenus auprès d’elle, par la grâce, la force de cette jeune femme qui ne renierait jamais
celui avait partagé sa couche, lui avait fait cette merveilleuse petite fille. Ce qui rendait encore
Fabricio Mauro des plus crépusculaires. Quelques larmes percèrent et coulèrent lentement sur le
visage du juge…

Dans les mines, ce fut la consternation lorsque la nouvelle tomba. Des brutaux « A mort ! » se firent
entendre dans les rangs des mineurs. Mais très vite on oublia ce beau jeune homme si investit dans
son travail. Car la vie continuait, la mine se devait de survivre à cette histoire déchirante et morbide.
-Sud-

Pendant la discussion avec Rose-il ne voulait nommer cet entretient un interrogatoire…-, le juge
Mourrisseau apprit que Fabrico Mauro était né et avait grandi en Lointaine Terre du Sud, à Evinento.
Il décida de se rendre la bas dans les plus brefs délais. Il n’était pas au bout de ses peines.

Il arriva dans le village en pleine période estivale. Il demeura pétrifié par la chaleur. Mais peu
importe. Il commença à comprendre, mieux cerner cet assassin pas ordinaire.

Il vît la maison où il avait grandit, il apprit ensuite les morts terribles de son père et sa mère. Il
comprit immédiatement que Fabricio en était l’auteur. « Tes premiers… ».

Il découvrit ensuite la maison du gouverneur, avec ses fresques au vernis rouge pompéien désormais
décrépites car le malheur était venu s’abattre sur cette bâtisse des années auparavant. Le fils du
gouverneur, par déshonneur et tristesse, suite à l’assassinat d’une violence rare de sa femme, s’était
muré dans un mutisme désolant et ne sortait pratiquement jamais de sa demeure. Son père était
mort peu de temps après le drame et il demeurer donc un gouverneur des plus fragiles qu’il puisse
être donné de contempler. Il se suicidera d’ailleurs par pendaison deux ans après la venue du juge.

Le juge appris aussi l’histoire relative au meurtre d’une famille complète dans une petite ferme toute
proche de la ville. La ferme que l’on appelait « Moriel ». Et le carnage de la famille
Cuechento…Lorsqu’il comprit qu’une femme enceinte avait été aussi massacrée, sacrifiée, il devina
aussitôt… « Tu as fuit le bonheur, contrairement à Rose à Burre et tu t’es enfuit, en tuant tout les
membres de ceux qui t’avaient accueilli, toi le jeune homme aux mains tâché du sang de ton père et
de ta mère…Mais quels malheurs me réserves-tu encore ? Tu en as tué combien des personnes ? Et,
surtout, quel repos ton âme a-t-elle trouvé pour, qu’actuellement, tu es mis un terme à cette route
de désolation que tu t’es tracé, emportant la vie de ceux que tu croises, parents compris. Quelle
sorte de montre es-tu donc ? Quelles horreurs vais-je encore devoir découvrir ? Et dont je serais dans
l’obligation de te déclarer coupable ? »

Le juge, maussade au possible, décida, à la vue de ces nouveaux éléments terribles, et avec l’aval de
sa hiérarchie, de se lancer à corps perdu sur les talons de ce tueur hors norme. Maintenant il
connaissait son histoire. Il savait qu’il prenait la fuite, disparaissait lors d’événements tragique ou par
obligation. Il était clair maintenant que son arrestation ratée d’un rien l’on forcé à prendre le large.
Une fois encore. Il a abandonné Rose, sa position sociale plutôt enviable. Il a forcément trouvé un
lieu isolé lui permettant de se sauvegarder de son instinct de mort. Ses appels du sang. « Tu te
caches quelque part, à l’abri des regards, de la tentation, forcément un lieu isolé…Je te trouverais et
te montrerais tel que tu es au peuple qui sera témoin de ton éxécution à la hache en place public, car
c’est cela que je vais te proposer ! Et peu importe le temps que cela prendra, je te mettrais la main
dessus, tu as ma parole. Tu as tué ton père, ta mère, massacré cette famille au grand complet dont
celle qui portait ton enfant, toutes ces pauvres filles le long du canal de Beaulauris dans des mises en
scène des plus inadmissibles, macabres, sordides et sûrement d’autres dont je ne suis pas encore
informé. Tu ne mérites aucun autre châtiment dans le monde des humains, celui que tu as quitté il y
a bien longtemps déjà même si tu tentes parfois de le réintégrer. Mais à quel prix ! »
C’est dans cet état d’esprit que le juge Mourrisseau quitta la lointaine Terre du Sud. Et Evinento. Mais
il était malgré tout heureux-enfin si l’on peut dire…- car il avait désormais bien compris et tracé le
parcours sanglant de ce jeune homme au regard d’ange.

Les années passèrent, interminablement et toujours pas la moindre trace de ce démon là.

Jusqu’à ce fameux jeudi 27 février 1883 ! Qui allait tout changer…


-Arrestation-

Le 27 février 1883 était une journée qui sembla et se passa comme toutes les autres pour le juge
Mourrisseau qui vaquait à ses occupations. Il avait quelques affaires en cours.

Jusqu’à un télégramme qui arriva dans son bureau vers 16h15… Il s’en souviendra tout le reste de sa
vie…. Une équipe d’enquêteurs avec lesquels il travaillait depuis des années et qui, au-delà de leurs
tâches habituelles, recherchaient des lieux potentiels d’abriter le loup dans divers territoires et
régions. Ils ratissaient large, péniblement, village après village. Une enquête des plus fastidieuses et
ingrate. Mais qui, au bout de quelques quinze années, finit par porter ses fruits et proposer une
finalité fantastique. Ils avaient trouvé LE LOUP !

Ce court télégramme était rédigé dans ces termes « Avons trouvé le loup-Stop- Se trouve au Cap-De-
Verre- stop- Au phare d’Amboise. Stop. Venir d’urgence. Stop ».

Il faillit tomber de son fauteuil tant il était pris d’une excitation délirante ! Il laissa choir les pièces
administratives sur lesquels il s’était penchait sur le sol et sa plume…Dans un fracas indescriptible.
Puis il reprit progressivement ses esprits. Et commença à comprendre que cette quête insensée
parvenait désormais à son épilogue. Extraordinaire.

Un phare !! De surcroît dans un lieu retiré du bout du monde. Que cet homme là était malin. Mais là,
c’en était fini ! Ses derniers jours de liberté était par conséquent comptés. Mais il faudrait agir avec
intelligence et dextérité. Son arrestation ne serait pas chose facile. Il fallait à tout prix le prendre
vivant. Sa mort pendant l’opération ne devait en aucun cas être considérée en qualité de possibilité.
Vivant et rien d’autre.

Le juge Mourrisseau stoppa toute affaire courante, prévint sa hiérarchie de la nouvelle hallucinante,
prépara quelques affaires dans une valise et organisa le long voyage qui devait qui devait l’amener au
Cap de Verre une bonne dizaine de jours plus tard. Il opta pour une calèche confortable qui le
mènera vers Fabricio Mauro.

Le voyage fut tendu, long, mais l’échéance approchait et la tension montait d’heure en heure…

Il arriva au Cap de Verre le 9 mars 1883. Dés qu’il aperçu au lointain le phare d’Amboise, grandiose, il
comprit immédiatement que ce site était la cache idéale et, surtout, le lieu d’une réclusion volontaire
à laquelle s’était adonnée Le Loup. Et que cela était pour cette raison qu’il avait arrêté de pervertir
et massacrer les âmes pures de jeunes femmes et leur prendre leur sang, leur corps, leur vie dans un
flot d’horreur incommensurable.

Il s’installa dans une sorte de chambre d’ôte, au 9 de la rue des Ecurvents. Il convoqua très
rapidement des renforts des forces policières. Puis, surtout, il se rendit à La Compagnie Côtière de la
Région du Milieu, afin de rencontrer messieurs Slauter et Ardison, toujours en poste malgré un âge
avancé et qui, quelques semaines auparavant, avaient reçu la visite des enquêteurs Martin et Duval,
qui recherchaient depuis de longue années celui que l’on nommait Le Loup du Canal de Beaulauris,
le dénommé Fabricio Mauro. Au tout début, ce prénom et nom leur était totalement étranger mais,
suite au descriptif et un portrait qui se trouvait sur une affichette qui leur fût présentée par les deux
policiers, ils comprirent qu’il s’agissait là de Monsieur Virgile Lauquers, qu’il avait embauché en
qualité de gardien du phare d’Amboise il y a une quinzaine d’année auparavant ! Et qui vivait tel un
reclus dans l’enceinte du bâtiment, ce qui semblait totalement extraordinaire vu le labeur et
l’isolement complet et la solitude extravagante mais ô combien pesante que procurait cette activité.
Il n’était jamais revenu en ville-enfin au village serait plus judicieux…- depuis qu’il avait pris ses
fonctions. Mais il effectuait un travail remarquable et le phare était toujours tenu en activité à toute
heure nécessaire.

Quand ils apprirent les faits pour lesquels on voulait à tout prix arrêter Virgile Lauquers/Fabricio
Mauro, ils en furent totalement horrifiés…Dans leurs souvenirs, il demeurait un homme bien sous
tout rapport et qui irradiait une force tranquille. Et d’une beauté, celle de ses hommes qui ont
passées de longues années à tout donner à leur labeur des plus difficile et exigeant.

Tout ce beau monde alla ensuite prendre un repas au restaurant « Chez Mérimée et ses belles lettres
» sur le port…Et il fût établit, suite à de nombreux verres de vin, que l’opération qui devrait aboutir à
la mise sous les verrous du Loup se déroulerait le 15 mars suivant, jour de ravitaillement habituel fixé
pour le phare d’Amboise.

Le juge Mourrisseau mit donc en place un plan d’attaque pour cette date. Il prévu donc une équipe
de huit policiers et il embarquerait également. Il ne pouvait pas en être autrement. Au aucun cas ! Il
se devait d’être présent à la minute même pendant laquelle Le Lou serait mis en cage. Se serait son
moment de gloire et, surtout, un très grand soulagement. Une grande nervosité s’empara de l’état
d’esprit du juge.

Pourvu qu’il ne s’échappe pas, une fois encore…

Le grand jour arriva. Le bateau du ravitaillement devait prendre la mer à 08h30 précise. Pour une
traversée d’environs trente minutes, en fonction des conditions météorologiques. Ce jour là, l’Océan
était d’un calme limpide. Un présage de bonne augure ? A 07H00, toute l’équipe se réunit à
proximité de la zone d’embarquement. Les armes, des pistolets, furent chargés, placés à la ceinture
de chaque homme. Quatre fusils supplémentaires seraient présents également. En complément du
matériel.

A 08h00, les 9 hommes embarquèrent. A 08h30 précise, le bateau démarra sa traversée...A 09H05, il
accosta au ponton du phare. Les policiers se dissimulèrent à l’intérieur de l’embarcation afin de ne
pas demeurer aperçu par Le Loup depuis un quelconque point de vue possible. L’employé au
ravitaillement frappa lourdement à la porte. Dix très longues minutes passèrent puis la lourde porte
s’ouvrit. Et là, la surprise du Loup fût incroyable. Il se trouva encerclé par 8 policiers, armés de
pistolets et de fusils pour certains d’entre eux, prêts à faire feu si besoin. Et ce juge, qu’il reconnu
immédiatement, qui ne se tenait pas très éloigné. Il ne pouvait pas fuir, fermer la porte, c’était
impossible et il le savait. Très vite un policier armé d’un fusil se dirigea droit vers lui et lui asséna un
coup de crosse terrible. Et le noir se fît…Le Loup était à terre, la tête en sang…Triste image de ce bel
homme qui avait défié la normalité des hommes dans des offrandes aux malaise à vous faire chavirer
de honte.

C’est de cette façon là que le Loup du canal de Beaulauris fît un retour dans la terre des hommes. Il
ne l’avait jamais espéré. Il y était désormais de plein pied.

Il reprit ses esprits. Il était lourdement enchaîné, sa tête le faisait encore souffrir. Il sentît aussitôt le
sang coagulé sur son crâne, celui là même qui avait reçu ce terrifiant coup de crosse. « Je suis désolé,
je ne voulais pas que cela se passe ainsi » lui déclara le juge Mourrisseau. « Mes hommes, enfin
surtout celui qui vous a frappé, ont perdu un certain sens du contrôle de la situation »… Le Loup ne
fournit aucune sorte de réponse. Se contenta de regarder droit dans les yeux cet homme. De ce
regard bleu métal qui irradiait. Le juge en demeura tout retourné. Il comprit toute la puissance de cet
assassin si particulier. Et qui avait volontairement choisi l’exil. Et certainement penché vers des
contrées mentales bien éloignées. Des terres sauvages vers lesquelles il faudrait se rendre afin de le
faire parler, avouer ses actes odieux, atroces, dont l e pardon n’était pas de mise. Il faudrait
comprendre. Du moins essayer. Ce qui s’allait s’avérer être particulièrement complexe…

C’est qu’il en avait tué du monde Le Loup ! Et il été désormais temps afin que la justice des hommes
soit en mesure de proposer un châtiment à la hauteur de ces événements.
-Jugement-

Fabricio Mauro semblait se terrer dans le plus troublant des silences, depuis les six mois qu’il était à
la prison d’Orguerre, en terre du milieu. Pas un mot, pas un son, pas un regard, pas un mouvement
des lèvres. Pas une attitude telle qu’elle soit. Le monde des hommes ne semblaient en rien
l’intéressé et encore moins ce qui allait lui arrivé. Pendant près de quinze années il avait vécut seul
auprès de ses fantômes. Dans le plus profond des vides. Les ombres n’avaient aucunement une place
telle qu’elle soit dans ce cercle là. Et ce ne sont pas de quelconques policiers ou un juge collé-monté
qui déclarait à qui voulait entendre combien il demeurait heureux et pleinement satisfait de
l’arrestation du Loup du Canal de Beaulauris, le désormais célèbre Fabricio Mauro, ancien gardien de
phare et autres métiers tous pratiqués de façon remarquable. Mais qui était devenu depuis ses plus
jeunes années un tueur sadique, sans remord, froid, organisé. Et qui avait semé la mort dans de
nombreuses régions et territoires. Des hommes, des femmes, des enfants et même un fœtus non
venu au monde, encore dans le ventre de sa mère. Son enfant à venir. Il avait éventré la femme qui
le portait et massacré toute sa famille. Sans scrupule aucun.

Fabricio Mauro ne voulait pas commencer le moindre début de conversation pour le moment. Il
savait que toute la sève sortirait, se balancerait dans le visage des personnes qui le chercherait de
trop prêt. Il attendait son heure, patiemment. Il savait qu’elle viendrait, qu’elle serait à terme quand
le moment se présenterait. Et là, depuis ces vingt huit semaines environs qui s’écoulaient depuis son
arrestation, il n’avait pas mis en chantier l’instant crucial. Donc la seule option demeurait le silence,
aucune expression. Le vide. Et puis un jour, il déclara au juge « Je veux voir mon enfant et
Rose »…Puis « Si je ne peux les voir, jamais je ne parlerais. Et vous n’avez rien de concret… ». Ce qui
était vrai. C’est pour cela que depuis six mois, cette affaire stagnait. Sans ses aveux, impossible de
lancer la moindre procédure. Et il tenait à ne pas livrer les secrets incandescents de son âme sans
avoir une seule fois dans sa vie revu Rose et le fruit de leur amour.

Rose arriva avec la délicieuse Aurora, 15 ans. Jeune adolescente sublime. Un vendredi soir, sur
l’invitation un peu forcée et obligatoire du juge. Elles avaient accepté de venir. Car elles l’aimaient,
même si Aurora ne l’avait jamais vu une seule seconde de sa vie. Sa mère lui en avait tellement parlé
pendant toutes ses années, qu’un amour charnel, paternel était né sans même qu’il est besoin de lui
déclarer le moindre des mots. Elle était sa fille et peu importe les choses faites, elle voulait le voir, ne
serait-ce qu’un instant, une seconde. Son père, son sang qui coulait dans ses veines. Celui dont elle
était fier. Certes son père était le pire des assassins, mais surtout il avait aimé sa mère, l’amour de sa
vie. Il avait fuit, mais le choix fut accepté. Au-delà de l’abandon. Il était son père et peux importe la
vie qu’il avait menée. Elle lui appartenait et en aucun cas elle l’abandonnerait. Le jour duquel sa mère
a dit à cet homme « je veux un enfant » et qu’il avait réalisé ce rêve, elle, de devenir une ombre face
au soleil, elle ne pouvait rejeter sa demande. Il avait eu une vie qui n’existe pas. Et elle ne pouvait en
aucun cas lui en tenir rigueur.

La rencontre eu lieu un vendredi matin, très froid. « Ton regard sur moi se pause » furent les
premiers mots de Fabricio pour sa fille « Tout la haut, il y a le vent, les dieux et les titans ». « Et il y a
toi, cette fille que j’ai désormais au fond de mon ventre. Tu es mienne. Tu es ce sang que j’ai versé
afin que tu puisses vivre. » « Dans les herbes grasses, je t’ai donné la vie. Ta mère a apporté cette joie
intense, nous a donné une famille formidable. Que tu es belle mon amour ». « Le vent nous a dissipé,
séparé, mais tu es là maintenant, je vais t’aimer le peux de temps qu’il me reste à vivre, et il va être
court. Mais ce n’est en rien moi qui choisit désormais ». « Tu diras à ta mère que je l’aime. Plus que
tout au monde. Tout mon amour pour elle déborde de moi ». « La vie est comme cela. Je n’ai pas le
droit de fréquenter les hommes et tant mieux. J’étais avec mes fantômes, mais tu étais là aussi. Je
t’avais inventé une vie. Et tu l’a bien vécue, grandiose. Forte. » « Ta mère t’a porté dans son ventre,
t’a menée vers le jour. Moi, j’étais juste un homme. Je n’avais pas cette force là. ». « Tu sais ta mère
je l’ai aimée, en en crever. Jamais je ne l’aurais abandonné si ce satané juge faillit me stopper ». « Il
est juste celui qui m’a séparé de ton amour ». « Je voulais tout pour toi, pour ta mère. ». « Ma vie est
morte maintenant mais toi, tu dois grandir et devenir une femme formidable, d’une force incroyable,
qui donne tout pour les bonnes personnes. La vie n’est pas bien tracée, il faudra que tu trouves la
bonne route et je te fais confiance ! Ô combien !!! Tu es le sang de mon sang, la chair de ma chair. ».
« Je t’aime ma fille ».

Le juge était en pleure. Effectivement il avait écouté cette conversation, caché, et jamais il n’avait
soupçonnait une telle situation. Où était le monstre ?? Ou alors il jouait un personnage ?

Quelques heures plus tard, il rencontra Rose. « Bonjour mon amour ». « Bonjour ma belle, tout va
bien ? », « Oui », « je suis très heureux de l’apprendre », « tu as parlé à Aurora ? », « Oui, elle est
belle ! », « oui, elle a ton visage, ton caractère fort », « Elle est la lumière qui permet à mes ombres
d’espérer qu’un meilleur matin les accompagnera ». « Oui, tu es un homme à part ». « Je suis juste
moi, le villageois du sud ». « Tu es celui qui a tant à donner ». « Je suis celui qui a fait que aujourd’hui
tu sois venu avec Aurora », « Tu as tué ? »…Sur ce, Fabricio Mauro devint comme fou, « On t’a
demandé de me trahir ! » « Oui, ne dit jamais rien afin de sauver ton cou !!! ». Et Rose fût emmenée
par les policiers. Et plus jamais elle disposa du droit de revoir Fabricio.

Le jugement fut décidé pour le 19 juin 1884. Il serait complexe car il n’avait pas avoué. Et il était un
père aimant, un amant sublime auprès de Rose. L’affaire s’annoncée compliquée. Le Juge
Mourrisseau était des plus réservé. Car maintenant il demeurait limpide que la partie demeurerait
des plus ardues. Sa culpabilité n’est pas démontrée car malheureusement Daphné Ventour trouva la
mort quelques années auparavant dans des circonstances troublantes et donc l’unique témoin
n’était plus en état de confirmer. Même si les faits semblaient définitivement ancrés dans la
certitude la plus tenace.

L’audience commença dans un long tumulte populaire. « A mort ! A mort ! » La foule venue très
nombreuse tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la salle d’audience du tribunal voulait du sang, une
tête au billot. Un sacrifié. Que le bourreau s’active ! Et vite ! Que le condamné s’avance vers son
châtiment.

Le juge Mourrisseau présidait le tribunal. Il en avait obtenu le droit. Le plus normal. LE plus adéquat.

La première journée se passa dans un brouhaha des plus indescriptibles. Les témoins de la partie qui
n’était en rien celle de Fabricio Mauro, des plus discutables, procédaient tel un alignement d’oies
dans une basse court dont elles ne maîtriseraient en rien la bonhomie exigée afin de se fondre dans
la population de poules, poulets, coqs, dindes et autres bestioles qui se réclamaient des hôtes
peuplant le pauvre cours de leur vie idiote dans ces espaces fermées leur autorisant juste de chier
leurs crottes voire leur chiasse verte, manger, péter, parfois baiser juste bec contre bec, car le sexe
n’était rien chez ces bestioles là. Et surtout survivre avant que le fer d’un couteau bien aiguisé vienne
leur tailler la glotte avant de finir en qualité de dîner, déjeuner ou souper sur la table de paysans ou
de nobles avide de les bouffer avec délectation.

Pendant ce temps là les clameurs nécessitant le sang, le carnage d’une tête offerte au bourreau
continuèrent à rythme tendu. Le paysan, l’homme du peuple voulait, exigeait la paix avec son cul. Au
demeurant, il disposait que peu d’entrain pour cette affaire, vu qu’il ne savait en rien, la plupart du
temps, lire le moindre mot. Donc parfois, vu qu’on lui avait donné une petite pièce, il venait hurler sa
bile.

C’était bien de participer à cette mascarade collective de bienveillance. L’homme demeurait un être
de paille…Et le vent lui signifiait son voyage intérieur, celui de ses dérives, ses déboires, ses parcours
tels qu’ils demeurent.

Le vent du souffle de la foule était telle une violente et terrible tempête qui emporterait toute
construction, même des plus solides et proposerait la plus sinistre des désolations.

C’est dans ce capharnaüm hallucinant que se déroula cette première journée. Mais, d’une force de
conviction exceptionnelle, en rien Fabricio Mauro ne contempla une seule seconde cette foule-là. Il
n’en avait que faire du cri strident de cette masse humaine.

Et, surtout, dés les premiers instants de son arrivée, il dévisagea outrageusement de ce regard
magnétique le juge Mourrisseau. Une tête à tête silencieux mais d’une perversité édifiante prit place
entre les deux hommes.

Cela en serait ainsi pendant toute la durée d procès, qui allait s’étendre sur de longues journées.
Jusqu’à son dénouement, son verdict, qui ne laissait pas énormément de place au doute.
Inéluctablement, ce serait la mort qui attendait Fabricio Mauro.

Mais le rebondissement amenant jour après jour cette finalité s’annonçait tout bonnement
extraordinaire d’un imprévu des plus complets. Et allez enfin révéler au grand jour la réalité, celle qui
emplie l’âme de Fabricio Mauro, celle qui était enfuit au plus profond de lui et qui ne demandait qu’à
se projeter au dehors, de sa bouche même, de sa voix. De son être tout entier. Il fallait que ce son
vibre, s’épanouisse, raisonne. Comme un long cri aigu. A jamais. Face à la foule, face au juge. Face à
lui-même, face à celles qu’il a aimées Pour qu’enfin son monde intérieur parvienne à une paix avec
le cours de sa vie normale. Tuer le monstre en lui.

La fin du jour sonna la fin de la première séance du jugement. On ramena Fabricio Mauro dans sa
cellule. On lui servit un repas des plus frugaux. Puis il se coucha sur sa couche et pris la route du
voyage intérieur qui le menait directement vers ses fantômes. Car ils étaient là, bien sûr. Jamais ils
n’étaient partis. Jamais plus ils ne l’abandonneraient. Et ils lui tenaient compagnie en ces heures
particulières, loin de son phare, de son antre, qu’il ne reverrait plus jamais. Là, le seul endroit où il
avait enfin trouvé une paix totale. Là où ses terrifiants démons ne se donnaient plus la peine de lui
rendre de biens mauvaises visites à n’importes quelles heures de la journée, comme auparavant, à
l’époque de la route de sang.

Et la nuit se passa ainsi. Au petit matin, il dormait, en toute sérénité. Cela faisait des siècles qu’il
n’avait trouvé cette quiétude. Il était prêt pour vivre la suite des événements, pour se livrer.
La seconde journée du procès commença de la même façon. Dés son arrivée, la foule massive
conspua Maurico Mauro. Mais rien ne glissait sur lui. Il s’en moquait en tout point. Aucun d’entre eux
ne le blessait. Ne le touchait.

Là ne se trouvait le plus capital. L’avenir se jouait à l’intérieur du bâtiment, dans la salle d’audience
du tribunal. Celui qu’il déciderait. Qu’il se donnerait.

Ce deuxième jour s’écoula très lentement sans événements majeurs à déplorer. Le seul fait à
déplorer est la première intervention de l’accusateur public, sévère, tranchante, qui demande déjà la
tête du jugé. C’est un homme maigre, de taille moyenne, les cheveux bruns. Originaire de la Terre du
Milieu, il se nomme Pierre Marroud. Il a quarante-sept ans. Il fait son travail avec dévotion. C’est un
homme intègre, connu pour sa dureté. Il est marié, père de famille, on ne lui connait aucune
maîtresse. Bon, il baise de temps en temps la bonne, mais rien de bien transcendent. C’est un
homme qui souhaite en tout point faire appliquer les plus lourdes peines. Et dans le cas de l’accusé,
c’est la mort et rien d’autre. Sans la moindre discussion possible. Mais il y a cette barrière qui se
dresse au loin, car aucun aveux ne furent prononcés. Et le seul témoin est décédé. Cette affaire serait
compliquée. Mais il en est sûr, il aurait sa tête. Il se l’était juré. Les crimes demeuraient une horreur
indescriptible. Procuraient un dégoût absolu. Ces filles…Ces pauvres filles…Il les avait massacrées,
donnant à leur corps aucune possibilité de reposer en paix. Tant il les avait abîmées. Et cela,
personne ne devait l’oublier. Et il donnerait chaque pore de sa peau si nécessaire afin d’amener cet
homme-là face au châtiment suprême qui lui est en toute logique réservé. Ce furent avec ces mots
qu’il prononça son plaidoyer. Glaçants. Même si réclamer un mort de plus dans cette histoire sordide
demeurait une situation terrifiante. Mais indispensable. Afin de montrer que la dureté du verdict ne
serait en aucun bafouée. Il semblait limpide que aucune pitié serait accordée à cet être là.

La deuxième journée se termina. Tranquillement finalement. Hormis ce fameux Pierre Marroud,


aucune pierre nouvelle ne demeura apportée à cette histoire. Mais Fabricio Mauro s’en moquait.
C’est lui et lui seul qui déciderait de quelle façon se passerait son jugement. Et le moment n’était en
aucun pas venu. Pas encore. La souffrance, la cruauté ne sortiraient pas encore de sa bouche ce jour
là ni le suivant.

Et il se retrouva une fois encore, seul, face à ses pensées dans sa cellule le soir venu. Il était
partageait entre une amertume-mais qu’était ce cette justice imbécile des hommes, que signifiait-
elle ?- et des diverses réflexions sur ce qu’était devenu désormais son existence. Que fallait-il faire ?
Briser le silence et se projeter vers une mort certaine suite à une condamnation qui viendrait
rapidement après ses aveux, ou gagner du temps, quelques jours encore ? De plus il était des plus
maussades car ses compagnes et compagnons n’étaient en aucun cas venus lui rendre visite ce jour
là. Serait-ce un signe ? Que l’heure semblait venue ? Afin de montrer à la foule, jury et juge quel
assassin terrible il était, au-delà d’un homme s’octroyant une vie emplie d’une normalité absolue
entre deux moments de dérive qui l’emmenaient vers des terres incandescentes aux seins desquelles
il devenait le Prince de la mort, qui se délectait de ces carnages qu’il infligeait à ses filles pour la
grande majorité de ses victimes. Il le devait également à Rose. Et à sa fille. Lui qui les aimait tant. Cet
amour là demeurait d’une puissance, d’une beauté sans égal. Au-delà de cette séparation qui les
avait éconduit loin l’un des autres toutes ces années. Il savait que son temps était désormais très
largement compté mais il voulait encore au moins un peu plonger ses yeux dans ceux de sa femme et
de sa fille. Leur déclarer de cette façon combien il les chérissait. Combien elles étaient capitales dans
sa vie si particulière. Sur toutes ces idées extraordinaires qui traversèrent son esprit, le sommeil le
gagna et, repus, il s’endormit…

Il s’éveilla très tôt le lendemain matin suivant. « Je vais parler… » s’établirent comme ses premières
pensées. A quoi bon continuer cette mascarade de situation ? Est-ce ainsi que les hommes vivent ?
Non.

Il se sentait à nouveau un être libre en toute quiétude. Il était prêt à affronter ses propres démons.

Les heures passèrent puis enfin il entra à nouveau dans cette salle du tribunal qu’il commençait à
connaître particulièrement bien, mais qui ne lui apportait aucun type de réconfort ou joie
quelconque. Juste une salle, impersonnelle, avec des gens qui tentaient de se montrer intéressant et
tentant désespérément d’interpeller les événements qu’il avait provoquait. Il appréciait le juge en
dépit de tout, car il avait eu cette dextérité et cette patience indispensable à son arrestation. Et il
savait éperdument que cet individu était la clef de sa survie. Il fallait jouer une partie le plus juste que
possible, en attendant le moment précis afin de proposer une échappatoire passablement
acceptable. Il devait être patient, ce moment se présenterait de lui-même. Il disposerait du signal
lorsque ceci s’avérerait nécessaire.

Très vite il chercha Rose du regard. Elle était là. Au milieu de la salle, assisse, nerveuse, anxieuse.

Le juge Mourrisseau entra à son tour, accompagné du jury et de l’accusateur public. Ce fameux Pierre
Marroud qui hier avait lancé un réquisitoire des plus sauvages envers l’accusé. Un type finalement
ordinaire qui n’impressionnait en rien Fabricio Mauro. Pour lui faire comprendre, il porta
immédiatement son regard terrifiant mais d’une beauté affligeante à celui de cet accusateur public
qu’il jugea de pacotille. Ce dernier s’en trouva pétrifié. « Après tout, je peux encore passer du temps
ici, à les défier, ce cher Monsieur et le juge…Ils ne m’auront pas encore tout de suite… » . Il décida de
libérer sa conscience un peu plus tard…Il y tenait finalement à sa tête, du moins encore un peu. Il
voulait vivre encore un peu, il voulait respirer l’air pur de la sagesse encore un peu.

Donc durant cette troisième journée, il se contente de se plonger dans un silence harassant. On lui
posa diverses et nombreuses questions. Il ne répondit rien. Aucun témoin, hormis une vielle cinglée
sûrement payée quelques sous par les avocats des victimes-peu nombreux…-était venu déclarer qu’il
était le diable, qu’elle l’avait vu manger et boire le sang de ses victimes. « Rien de bien sérieux »
pensa sereinement Mauricio. « Une pauvre folle qui avait sûrement faim et à laquelle on a promis un
repas… ». Un peu de calme encore avant de plonger dans le tumulte de ces démons qui vont se
présenter face au désœuvrement de ces gens là, qui en aucun cas ne pouvaient imaginer la portée
des mots auxquels ils seraient prochainement confrontés. Au-delà de tous les pires des cauchemars.
S’ils voulaient lui couper la tête, ils devaient réellement savoir pour quelles raisons. Pourquoi. Ils
n’avaient aucune idée de qui il était réellement. Ils l’apprendraient prochainement et une violence
terrifiante s’épanouirait au cœur de cette pièce. Et ce ne serait que justice…

Et l’on me répondra « Mais quel type de monstre êtes-vous donc ? ». Je leur répondrai alors « Un
assassin ordinaire… ». Sourire aux hommes, aux drames. Ils étaient là. Il devait leur faire face. Ils
allaient vomir. L’histoire, son réquisitoire serait sale, pervers, terrifiant. Il porterait à son paroxysme
le dégoût de ces gens, qui seraient glacés d’un effroi sordide. Mais, il voulait encore un peu de
temps. Demain ? Sûrement. Mais il attendait un signe, du reste du monde intérieur qui faisait partie
intégrante de sa vie. Et il ne l’avait en aucun cas encore obtenu. Ce dernier l’oubliait-il déjà ?. Il ne
pouvait y croire. Donc il savait que la vie qui le dévore demanderait un jour prochain à sortir, un long
flux de merde lancée à la tête des gens qui le jugeait. « A la station des camarades, ne m’oublie
pas ! ».

Il regagna sa cellule opaque. Il mangea, en silence. Comme toujours. Trois jours ainsi. Est-ce que le
fou est devenu roi ? L’homme ordinaire est juste demeuré un impatient.

A sa grande surprise, à l’aurore, il reçu la visite du juge Mourrisseau, qui tenait enfin à lui parler en
personne, seul à seul. Son discours fut celui-ci :

"Fabricio Mauro, je tenais à vous rencontrer. Vous êtes un homme relativement extraordinaire, au
long tumulte qui vous dévore. Cependant, au-delà de vos crimes odieux, vous êtes parvenu à vous
hisser avec courage vers une certaine lumière sociale, une normalité absolue. Et il y a aussi ce
monstre ensanglanté qui vous accompagne au grès de vos appels de carnage. Ce tueur froid et
solitaire. Ce diable qui vous habite. Le bien et le mal vous assaillit, depuis votre plus tendre enfance.
Quel gâchis. Je vous ai suivi, du moins de loin, je me suis rendu vers les lieux que vous avez côtoyés,
votre parcours meurtrier, vos secteurs de vie. Une longue enquête. Et je vous ai compris, au-delà de
l'atrocité de ces meurtres qui ô grand jamais ne disposerons de la possibilité d'être pardonnés,
comprenez-le bien une bonne fois pour toute, du moins j'ai vu que vous demeureriez au-delà de
votre facette démoniaque, une personne simple, honnête, travailleuse, emplie de cette souffrance
qui génère la sève des grands meurtriers. J'ai vu la vie que vous avez vécu, encore enfant, auprès de
votre père et votre mère. J'ai compris le chemin qui vous a mené à tous ces meurtres. Malgré cela,
vous pouvez demeurer le meilleur des compagnons, comme Rose le démontre, à telle point elle vous
aime, un bon père de famille, même si vous avez préféré, une fois encore, la fuite et passer de
longues années loin du tumulte des hommes plutôt que d'affronter vos démons face à la justice. Qui
a fini par mettre la main sur vous. Et qui fait qu'aujourd'hui vous vous trouvé devant ce tribunal. Et
vous allez obtenir un verdict à la hauteur de ces événements d'une violence inavouable. Mais je
souhaiterai un châtiment exemplaire. Vous coupez le cou ne me semble pas adapté. Non que je ne
désire votre mort, je serais le premier ravis de vous envoyer passer de vie à trépas devant votre
bourreau dès demain matin à l'aube, mais je pense que vous emmurer vivant, après vous avoir coupé
la langue afin que plus jamais vous ne prononciez le moindre mot. Jusqu'à ce que votre mort
s'ensuive. Votre supplice puisse durer des années, que la rédemption puisse demeurer votre
compagne désormais. De ce fait, vous allez demeurer ad vida æternam dans ce qui fût votre lieu de
vie ces quinze dernières années : le phare d'Amboise. Tout a été arrangé. Ce soir nous vous coupons
la langue, demain vous partez vers votre destin final. Vous vivrez donc, mais comme un muet reclus à
jamais. Que le dieu des anges purs vous accompagne. Cependant, je devrais convaincre le jury,
composé, comme vous le savez, d’hommes et de femmes du peuple, de la bourgeoisie et, pour deux
d’entre eux, de la très haute sphère sociale, avec un attaché parlementaire et un ancien général à la
retraite. Ce ne sera pas chose aisée mais je vous promets de faire tout mon possible afin de leur faire
entendre raison. Je vous laisse, dormez le mieux que possible et à demain ». Sur ces mots là, le juge
décida de quitter la cellule. Avant qu’il soit parvenu à la lourde porte de bois, Fabricio Mauro, à son
tour, prit la parole, pour la première fois il s’adressa au juge « Demain je serais un homme libre quoi
qu’il se passe. ». Sur cette étrange déclaration, je juge sortit.

Il s’endormit une fois encore, serein. Pendant la nuit, il participa à un rêve. « J’ai vu le roi ! » se dit-il
au matin. « J’ai eu l’arbre, le dragon, la sève, le regard,. On s’éteint sans être roi !!!! Un temps de
paix, un temps de guerre, le souffle même de nos mots ». Il savait que dorénavant il devait prendre la
parole.

C’est dans cet esprit qu’il gagna le tribunal le lendemain matin…


Alors que la session ne faisait que commencer, il accosta verbalement le juge Mourrisseau, qui
demeura saisi d’effroi car jamais auparavant il n’avait prononcé le moindre mot.

« J’aimerai vous expliquer en détail les raisons pour lesquelles je demeure jugé ici. En ce lieu ». « Ce
en sont en rien des aveux, ils seraient des plus minables. Je veux vous raconter le parcours de ma vie,
ce que j’ai fait, les monstres que rencontré, les actes dans tout leurs détails que j’ai commis, l’amour
que je porte à Rose, que vous avez rencontré, et à ma fille ». Le juge Mourrisseau en demeura en
tout point pétrifié. L’accusateur public était blanc comme un linge…ll était livide. Rose jubilait-ENFIN
tu vas leur montrer qui tu es mon amour ! MERCI !!-Et le juge répondit un « Allez-y, nous vous
écoutons… » Des plus sommaires. Un silence de plomb régnait dans l’enceinte du tribunal.

Et débuta le plus improbable des plaidoyers…

Abasourdie, la salle écouta.

« Je suis Fabricio Mauro, je suis né dans un village bercé par la chaleur intense du soleil. Ma jeunesse
fut ce qu’elle fut. Mon père était d’une violence accrue par la consommation d’alcool en très grande
quantité. Il battait ma mère, et moi aussi. Ma jeunesse semblait marquée du signe de l’impuissance
face à ce parent désincarné, cet être imbécile qui se contentait du strict minimum afin de nous faire
vivre. Aucune ambition. Nous demeurions en bas de l’échelle sociale. Notre maison présentait les
plus claires frontières de la pauvreté. Manger un défis permanent…Je ne vais pas m’étendre…Mon
père était un clown qui pensait dominer sa famille, se faire sa place de mâle dominant alors qu’il
était qu’une simple ordure, un type sans saveur que personne ne voyait. Et qui me maltraitait ma
mère et moi. Cela commençait dés son retour de travail aléatoire ou beuverie dans un lieu
quelconque. Voire après les putes, qu’il fréquentait assidûment. Il montait très vite vers les affres de
la violence. Ma mère se retrouvait assez régulièrement le visage tuméfié. Il n’avait aucune limite. Et
moi, il venait me tabassait dans ma chambre au sein de laquelle je me réfugiais. Il adorait me tapait
sur les couilles avec un petit morceau de bois. Il me disait qu’ainsi je ne serais jamais un homme…Et il
m’a violé quatre fois. J’avais lors de ces moments terrifiants, sept, huit, onze et douze ans…Je devais
sentir ce putain de sexe dur entré en moi, dans mon cul. Et il jouissait souvent, m’inondant de cette
semence âcre qui me dégoûtait en tout point. Parfois du sang aussi inondait la paillasse qui me
servait de lit…Les années ont passé et un jour je l’ai tué. Il le fallait, c’était devenu indispensable. On
a cru à une mort d’ivrogne. Massacré par un quelconque rival. Mais c’était moi, je lui avais enfoncé
au creux de sa gorge ce fameux couteau, le seul cadeau que j’ai eu de son vivant, une arme de crime.

Je pensais que tout serait mieux. Mais très vite ma mère fréquenta cet homme du haut de la
hiérarchie sociale. Je les surpris plusieurs fois en train de faire l’amour, car je disposais d’un talent
afin de la suivre. Elle et son amant, le fils du gouverneur, se retrouver dans la garçonnière de ce
jeune homme trois fois par semaine. Je les ai suivis régulièrement. Mais il faut savoir que j’avais fuit
la ville. J’habitais alors dans une ferme située à proximité de centre urbain. Une belle famille. Mais le
jour où j’assassinai ma mère peu de temps avant son mariage, il demeura évident que je devais fuir.
Donc je tuai les uns après les autres ces personnes, donc la fille, qui attendait un enfant, le mien,
qu’elle portait au fond de son ventre. Je n’avais aucun choix proposant une autre opportunité. Et je
me suis donc retrouvé sur la route. Celle de mon ombre. Qui allait me conduire vers une mine de
sel…et mes tourments seraient désormais des cauchemars de sang. »
Et pendant toute la journée il raconta son histoire, celles de ses crimes. Il donna chaque détail, de ses
surveillances des victimes, longuement, heure après heure, les endroits où il se cachait, où il
observait. Tapis au cœur de la forêt, attendant le moment opportun afin de leur offrir une cérémonie
digne de l’amour qu’il leur portait. Il y avait Rose, mais Rose, c’était son jardin secret, la flamme de sa
vie. Rien à voir avec tout cela. Il avait appris a accepter cette famille qui s’offrait à lui.

Alors il raconta tous les crimes, les uns après les autres. Ceux du Canal. Il présenta tous les détails.
Chaque tuée, massacrée demeura comme une reine pour lui. Elles étaient son acte de foi. Vingt sept
coups de couteau car les vingt sept jours qui avaient séparés son premier viol par son père du
second.

Et il raconta qu’il trouva refuge dans son phare, qu’il avait du abandonné sa femme, Rose. Il y avait
passé plus de quatorze années…

Le silence, à la fin du plaidoyer terrifiant, sanglant mais si humaniste de Fabricio, se fît, pesant,
troublant dans l'enceinte du tribunal. La mort régnait en maître mais demeurait touché par la
disgrâce de cet homme qui, en toute franchise, avait conté le cours de sa vie, son parcours de sang.
L'audience en demeurait pétrifiée.

L’avocat général, à peine remis de ces moments intenses de grâce et d’effrois, se lança dans un
plaidoyer des plus convenu, dont, sans aucune forme de surprise, la finalité demeura le châtiment
suprême, la peine de mort le plus rapidement que possible après le procès.

Enfin, le jury se retira, accompagné du juge, afin de délibérer et rendre son verdict final. Qui semblait
ne pas proposer la moindre issue favorable quand à l’avenir de cet assassin pas ordinaire.

Après huit longues heures de délibérations, le verdict tomba. Coupable de l’ensemble des chefs
d’accusation à une très large majorité. Le juge déclara alors « Accusé, levez-vous. Vous avez été
reconnu coupable pour les meurtres de Mesdames, Mesdemoiselles et Monsieur Marianne Desrose,
Hortense Malraux, Jeanne Lantesques, Adèle de Montbuis-Larsac, Angèle Plantdurin, Sœur Appoline,
Eugénie de La Varonne-De Marmot, Célestine Burat, Margot Duvautier, Perrine Chalaubres, Ophélie
Gourdion, Daphné Ventour. En ce qui concerne votre père et votre mère et l’ensemble de la famille
Cuechento de la ferme de Moriel, ces histoires vous appartiennent puisque nous ne les connaissons
autrement que par vos récentes confessions et les recherches et enquêtes que j’ai menées. Elles
demeureront dans votre âme démoniaque et conscience perturbée pour l’éternité. ». Il marqua une
pause puis repris la parole : « Vous êtes donc condamnez à mort, mais ne serez pas livré puis exécuté
par un bourreau demain matin à la première heure. Ce serait vous accorder une mort trop rapide,
trop conventionnel, trop douce et enviable. Vous devez souffrir, demander pardon, retrouver la
grâce dans des conditions atroces. Vous serez donc emmuré vivant dans le lieu de vie du phare
d’Amboise. Avec quelques réserves d’eau et de nourriture. Vous y serez transporté dans la journée
de demain. Ce soir, nous vous couperons la langue, afin que plus une seule fois vous demeureriez en
position de prononcer la moindre parole. Vous passerez vos derniers instants terré dans un silence
forcé et puisses-vous expier vos fautes pendant les semaines ou mois que l’existence vous autorisera
encore à vivre avant de vous emporter dans des conditions terrifiante, par la faim et la soif. Que
votre mort soit lente et des plus abominable qu’il soit possible ». Sur ces ultimes mots, le jugement
prit donc fin avec un verdict des plus étonnant mais terrifiant.

Fabricio Mauro fixa très fortement le regard du juge. Ce dernier blêmit. Là, c'était le monstre qui le
défiait avec ses yeux. Une force animale émanait de ce moment précis. ll sentit le froid l'envahir. La
peur aussi. Il disparut assez rapidement vers son bureau. Justice était rendue. Il avait sauvé
l'existence de cet être là. Il était aussi fasciné par lui ? Il l'accompagnerait dès le lendemain matin
pour procéder à son enferment définitif et la mise en place du mur à la porte du phare.

Afin d'éviter un brouhaha de tous les diables, tant l'assistance se trouva outrée par le fait que Mauro
conserverait sa tête, on emmena le détenu sur le champ. Et il retrouva sa cellule très vite…Le soir
arriva. On lui coupa la langue, comme prévu par le verdict. Du moins un morceau symbolique, d'une
dimension lui permettant encore d'ingurgiter des repas solides. La souffrance se fît tenace mais peu
importe. Il allait retrouver sa liberté, celle qui l'avait tenu à l'écart de ses démons. C'était une fin de
partie honorable. Toujours mieux en tout les cas que d'être livré à la hache d'un gaillard qu'il ne
connaissait pas et qui ferait quitter sa tête du reste de son corps.

Le lendemain matin arriva. Un sale goût de sang heurta son réveil. On l'enchaîna, par les mains mais
pas les pieds, car il devait se déplacer rapidement car la foule menaçait de le tuer et un cordon de
gardes civiles avait été déployé afin d'assurer la sécurité de tous. Il se laissa faire. Après un court
voyage, il se retrouva dans ce bateau. Qui l'emmenait vers sa propre perte, mais délicieuse car
emplie de cette opportunité de retrouver ce calme, et, surtout, ses compagnes, ses fantômes.

Epilogue

Plus de cinq ans s'étaient passé depuis l'enferment de Fabricio Mauro dans le Phare. Un
matin, horrifié, le jeune berger Pierre Flavient découvrit le corps atrocement mutilé et nue
d'une jeune femme d'une vingtaine d'année dans une clairière de la forêt de Rames. On
apprit quelques temps plus tard qu'elle se nommait Marion Feumachère, qu'elle était la fille
du métayer du village de Pontaire, et qu'elle était âgée de vingt ans. Elle était l'institutrice du
village. Belle, un visage resplendissant de petites pommettes à croquer, des taches de
rousseur à foison mais superbes, blonde, les longs cheveux, des petits seins doux, un ventre
plat délicieux, des fesses magnifiques. Une merveille de jeune femme. Son corps avait été
transperçait de vingt-sept coups de couteau et sur le bas de son ventre, à droite, un "F"
horrifique avait été taillé à l'aide du même couteau. Une enquête fût ouverte très
rapidement par la police des Régions du Nord. Quelques arrestations s'établirent mas les
personnes concernées par ces actes, faute d'éléments de preuves tangibles, furent
relâchées. Aucun rapprochement avec Fabricio Mauro n'avait été établit. Personne ne
pouvait penser une seule seconde qu'il rôdait dans les parages.

Trois mois plus tard, la petite Salomé Padre, accompagné de son père, le garde-chasse
Paudrier, en balade dominicale dans le bois des Rémons, poussa un cri délirant. Horrifié, son
père arriva et crut à une vision du diable. Une jeune femme, nue, rousse, avait la tête ôtée
du corps et déposée entre ses jambes. Elle reposait contre le tronc d'un très gros chêne. Elle
portait au ventre vingt-sept coups de couteau et un "F" horrible était bien visible sur son
ventre, à droite cette fois. Son sexe portait également d'horribles traces de divers passages
de la lame. La police des régions du Nord commença une enquête longue et minutieuse. La
jeune femme se nommait Mathilde Jeanneret, elle était la femme du rentier et fermier de
son état, Marc-Aurèle Jeanneret, également membre du conseil municipal de Mareuil. Elle
était âgée de vingt-trois ans. Belle comme une déesse. Un visage magnifique, aux traits
d'une finesse incroyable, des yeux d'un vert perçants, un cou magique, des seins à faire
bander le plus renfermé des hommes, un ventre dodu mais ferme, une taille d'une finesse
sublime, des jambes qui n'en finissaient pas et une toison rousse elle aussi, à faire pâlir
d'envie quiconque avait le droit de l'apercevoir. L'enquête très vite s'orienta vers un homme
habillé de façon admirable qui avait été vu à diverses reprises dans le village par divers
témoins. Un étranger. Entre deux âges, il était très beau garçon selon les femmes qui
l'avaient aperçu ou croisé. D'une élégance rare. Il était venu se restaurer à l'auberge "A la
bonne table", tenu par les Paillards. Ce jour-même, les Jeanneret s'étaient également rendus
dans cet établissement. La jeune femme n'était pas passé inaperçu. Sa beauté irradia le lieu !
Dans l'équipe qui menait l'enquête, le lieutenant de police Camarguet, eut un sale
pressentiment. Il avait déjà accompagné un juge, Mourrisseau était son nom, il y a près de
vingt années déjà pour un meurtre similaire qui avait eu lieu non loin du Canal de Beaulauris.
La jeune femme avait été massacrée de la sorte. De nombreux autres crimes s'étaient
déroulés par la suite mais, sergent à l'époque, Camarguet avait préféré passer son concours
afin de devenir officier de police judiciaire plutôt que continuer en qualité de subalterne
cette enquête si particulière. Il faut dire qu'il débutait à l'époque et il ne s'était pas remis de
cette vision d'horreur du corps mutilé au-delà de toute imagination. L'assassin, Fabricio
Mauro, avait été arrêté des années plus tard, dans un phare. Cela avait fait grand bruit. Par
acquis de conscience, il en parla à son supérieur, le commandant Rochette, qui, sans hésiter,
lui remplit un ordre de mission afin qu'il se rende au plus vite auprès du juge Mourrisseau.
Dès l'arrivée du lieutenant Camarguet, qu'il reconnut immédiatement, le juge Mourrisseau ,
grisonnant désormais, compris que quelque chose de très grave et particulier se passait. Le
policier expliqua alors la raison de sa visite. Il raconta les découvertes des corps de Marion
Feumachère et Mathilde Jeanneret. Les vingt-sept coups de couteau, le "F" Taillé sur le bas
du ventre. Et, fait nouveau, la tête décapitée et placée entre les jambes de la victime.
Aussitôt, le juge s'exclama "Fabricio Mauro!". Et rajouta cependant "Mais c'est impossible, il
est emmuré vivant au phare d'Amboise depuis des années". La rage au ventre, il fît partir sur
le champ une estafette pour le Cap de Verre. Il faisait partie du voyage. Le périple dura plus
de huit jours. A peine arrivé, il s'embarqua pour la fameuse navette qui menait au phare.
Pendant le cours voyage, le capitaine de bord lui annonça que depuis un long moment la
lampe du phare fonctionnait en continue et que cela lui semblait bizarre. Et à l'arrivée
devant la porte, le juge fît une syncope. Le mur de brique, pourtant solide, avait été percé.
Plus aucun doute n'était permis. Fabricio Mauro était belle et bien en liberté et c'était lui qui
avait massacré ces deux jeunes femmes. En espérant sincèrement qu'il n'y en ait pas eu
d'autres auparavant. Mais avec ce diable-là, on pouvait s'attendre au pire.

Il ne perdit pas de temps. Il envoya un long courrier à sa hiérarchie. Lui expliquant le point
précis sur cette nouvelle situation concernant Fabricio Mauro, son évasion, ses nouveaux
meurtres, qu'il partait immédiatement sur ses traces, une fois encore, mais que cette fois, il
le mènerait lui-même à son bourreau afin que ce dernier lui coupât la tête devant lui.

Pendant ce temps, Fabricio Mauro était libre de cette terre des hommes qu’il avait fuis. Il surgirait
quand bon lui semblerait désormais. Cela tombait bien, il était désormais arrivé en Lointaine Terre
Du Sud, à Palveresso, un village isolé de tout, où aucune actualité ne parvenait. Il devint homme à
tout faire de Monsieur Hernado Buchaldo. Dont la femme, une brune délicieuse, devint sa maîtresse
dès les premiers jours.

Comment résister à cet homme au regard de braise ?

Mais au loin, au Nord, un juge en colère, était désormais sur la route. Quelque part il demeurait écrit
que ces deux là se croiseraient un fois encore.

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