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INTRODUCTION 7

La pauvreté est la conséquence d’une relation de cause à effet, l’une des causes est l’analphabétisme.
L’analphabétisme est un facteur d’exclusion sociale, une atteinte aux droits fondamentaux des personnes définis
dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, limite l’exercice de la citoyenneté, freine la participation à la
vie culturelle et socioéconomique et est un obstacle au développement local.1
Le choix de cette cause est l’aboutissement d’une réflexion que j’ai eu suite aux difficultés que vivent mes parents
d’origine turcs, ceux-ci étant venus en Belgique dans les années 80. En effet, j’ai pu me rendre compte de cette
problématique depuis mon plus jeune âge où déjà à cette époque, et encore actuellement, ma maman demandait
que je lui lise les lettres administratives, les factures…

CAUSES

« Années 60... Golden sixties... la Belgique fait appel à la main-d’œuvre immigrée. 2»

Je pense qu’il est important que je vous explique l’émigration des turcs vers la Belgique dans les années 60.
L’accord d'association entre la Turquie et la CEE signé le 12 septembre 1963 prévoyait à terme l'intégration de la
Turquie au Marché commun. C’est en date du 16 juillet 1964 que la Turquie signait avec la Belgique une convention
bilatérale relative à l’occupation de travailleurs turcs.3
A l’époque, la Belgique importe pour les besoins de son industrie énormément de main d’œuvre de pays
méditerranéens, notamment de la Turquie. Ces travailleurs exercent le travail dans les endroits insalubres et
dangereux, et vivent dans des conditions souvent déplorables. Il devient urgent pour les acteurs du MRAP de
l’époque (…) de résoudre les problèmes d’accueil et d’insertion, et plus généralement de prévenir les attitudes
xénophobes dans la population belge.4

1
Cahier de revendications de Lire et Ecrire asbl. - http://communaute-francaise.lire-et
ecrire.be/images/documents/pdf/politique_revendications_communales2006.pdf
2

http://www.collectif-alpha.be/rubrique83.html (29-11-08)
3
Marche turque-Septembre 2004, n° 225 http://www.cbai.be/publications/numeros/225.html (2008-11-04)
4
http://www.mrax.be/article.php3?id_article=268 (22 nov. 08)
Je tiens à rajouter les spécifités cerné par le sociologue Ural Manço concernant l’émigration turque en Europe 7
occidentale: « identité transnationale, installation tardive durant la période de crise des années 70, origine rurale,
caractère familial, concentration géographique, préservation de la langue d’origine, peu de qualification scolaire et
professionnelle, faibles relations avec les institutions et la société civile. » 5 La majorité des primos-arrivants étaient
analphabète car ceux-ci n’avaient pas de moyen financier pour suivre une formation scolaire, payer le transport, pas
d’école dans leur village, pas accès aux livres et aux bibliothèques.

MOYENS DE LUTTE ; présentation de « Lire et Ecrire Bruxelles asbl 6»

En 1969 à l’initiative de militants syndicaux, des cours d’alphabétisation sont organisés en soirée pour les
immigrés maghrébins. En 1975 les formateurs s’organisant en "Collectif d’Alphabétisation " mènent une réflexion
pédagogique commune et constituent un premier centre de documentation.

Ce n’est qu’à la fin des années 70 lors de la crise économique que parallèlement à la poursuite des cours du soir,
toujours assurés par des bénévoles, des cours en journée sont mis en place par des formateurs engagés dans le
cadre des mesures de résorption du chômage prises par le Ministère de l’Emploi et du Travail. La mise au chômage
de nombreux travailleurs fait apparaître la persistance de l’illettrisme parmi la population belge.

Au début des années 80 le Collectif d’Alphabétisation développe ses activités (cours du jour, participation aux
actions de " formation-reconversion " mises en place suite aux fermetures d’entreprise), soutient la création de la
coordination LIRE ET ECRIRE et diversifie son public.

Les années 80 se terminent et le Collectif d’Alpha redéfinit ses objectifs, poursuit l’insertion de son action dans un
cadre plus global de lutte contre l’exclusion sociale et approfondit son travail de recherche pédagogique. Deux de ses
pôles d’activités se développent : un centre de documentation et la formation de formateurs. Il organise des cours
destinés aux parents d’élèves à la demande des directions de différentes écoles communales. Il développe des liens
avec l’Education :

5
Marche turque-Septembre 2004, n° 225

http://www.cbai.be/publications/numeros/225.html (2008-11-04)
6
http://bruxelles.lire-et-ecrire.be/component/option,com_frontpage/Itemid,74/ (24-11-08)
• participation à la création d’une section de formation générale de base par l’école de promotion sociale de la 7
commune de Saint-Gilles
• organisation d’un chef-d’oeuvre permettant l’obtention du Certificat d’Etudes de Base par des adultes (CEB).

Dans les années 90 le Collectif réalise une recherche sur l’alphabétisation et l’insertion socioprofessionnelle et
participe au dispositif d’insertion socioprofessionnelle développé par la Région bruxelloise. Il développe ses pratiques
autour de l’accueil, de l’écriture, de l’histoire et de l’individualisation. Il initie, pour la première fois en Communauté
Française de Belgique, des cours d’alphabétisation pour adultes sourds.7

L’association a pour buts de promouvoir et développer l’alphabétisation à Bruxelles, dans une perspective
d’émancipation des personnes et de changement social vers plus d’égalité.

Leurs objectifs principaux est de développer les actions d'alphabétisation menées en Région bruxelloise et favoriser
les collaborations et complémentarités entre acteurs bruxellois du secteur, favoriser et garantir l'accès à la formation
: trouver les moyens de démultiplier les lieux et de renforcer l'offre de formation pour personnes peu scolarisées à
Bruxelles, afin d'atteindre une adéquation entre l'offre et la demande, améliorer la qualité des formations, reposant
sur une démarche pédagogique et sociale respectueuse des personnes et visant à les aider à s'autonomiser,
sensibiliser l'opinion publique et attirer l'attention des pouvoirs publics bruxellois sur le problème de
l'analphabétisme des adultes et sur la nécessité d'en combattre les causes et d'y apporter des solutions.

Aujourd'hui, à Bruxelles, plus d'une centaine d'associations sont actives dans le domaine de l'alphabétisation et du
français langue étrangère pour offrir à proximité une alphabétisation de qualité adaptée aux besoins de chacun(e).

Quelques chiffres8 ;

- Participants ; l’enquête 2007 / 2006-07 dénombre 7.255 apprenants à Bruxelles (44,8 %). Pourtant, en 2007,
3.476 candidats aux formations ont dû être « refusés » (c’est-à-dire réorientés, mis en liste d’attente, etc.) pour
différentes causes (groupes complets, manque de formateurs, niveaux différents, manque de locaux,…)

7
http://www.collectif-alpha.be/rubrique83.html (29-11-08)
8
L&E Bruxelles. Enquete 2007 / 2006-07 sur l’alphabétisation des adultes en communauté française de Belgique.
- Genre ; en 2006-2007, L&E Bruxelles comptait 5.211 femmes et 2.044 hommes. 7

- Age ;
- de 18 0, 5%
18-25 12%
26-40 54%
41-50 19%
51 et + 15%
Total 100%

- Nationalité ;

Apprenants belges
Apprenants
d’origine Total
étrangers de naissance
étrangère
5.148 173 1.820 7.141
72% 2% 25% 100%

En ce qui concerne les pays de provenances des apprenants étrangers, on observera que le secteur de l’alpha
accueille un très large éventail de nationalités. A côté de celles traditionnellement présentes dans les lieux
d’alpha, en lien avec les politiques déjà anciennes d’immigration de main d’œuvre (Maghreb, Turquie), on
rencontre actuellement des groupes importants issus d’autres régions du monde.

Représentation par nationalité ; 10% turcs, 48% maghrébins, 15% africains, …

MON AVIS

Le secteur d’alphabétisation est en croissance mais malheureusement l’offre reste insuffisante.


Pour qu’un jour, il n’y ait plus d’analphabètes9 …il faut construire : 7

 Une société qui cesse de produire des exclusions, qui permette à tous de vivre dans la dignité, une sécurité
sociale de base sans laquelle aucun projet de formation n’est possible.
 Une école de la réussite qui garantisse l’acquisition effective et la certification des apprentissages de base, la
lecture, l’écriture, le calcul, au sortir de l’enseignement primaire.
 Une solidarité internationale, qui développe un réel accueil des primo
arrivants et soutienne notamment les politiques éducatives, culturelles et d’alphabétisation.

Pour aboutir à cela il faut ;

 favoriser l’accès de tous à la formation tout au long de la vie, par


l’augmentation de l’offre de cours, par leur gratuité (ou tout au moins une participation minime aux frais de
formation), par la gratuité des moyens de transport pour se rendre aux cours, par le renforcement des structures
d’accueil des enfants, par des dispositifs d’accueil et d’orientation adaptés, par la suppression des nombreux
obstacles administratifs.
 rééquilibrer l’offre de formation au profit des moins scolarisés. Aujourd’hui, moins on est scolarisé, moins on
a de possibilités d’accès aux formations destinées aux adultes : c’est le cas tant en formation professionnelle,
qu’en promotion sociale ou dans les formations sectorielles.
 reconnaitre et financer le secteur de l’alphabétisation pour permettre le développement de l’offre et de la
qualité de l’alphabétisation.
 prendre en compte la problématique de l’analphabétisme dans la vie courante. Cela implique
l’accompagnement du public dans ses démarches administratives, la simplification des procédures, l’adaptation
de la signalétique, la sensibilisation et la formation aux problématiques de l’analphabétisme de l’ensemble des
personnes susceptibles d’accueillir et de travailler avec des personnes en difficulté avec l’écrit (communes, CPAS,
poste, banques, pharmacies, etc.).

9
Cahier de revendications de Lire et Ecrire asbl. http://communaute-francaise.lire-et-
ecrire.be/images/documents/pdf/politique_revendications_communales2006.pdf
CONCLUSION 7

« Alphabétiser n’est jamais une fin en soi. Il s’agit toujours d’apprendre à lire pour… pour aider les enfants, pour
trouver du travail, pour sortir de chez soi, pour entrer dans la société, mais aussi pour se débrouiller seul, pour
être libre, pour mieux comprendre le monde, pour aller voter, pour savoir se défendre…, comme nous le disent les
apprenants.

Alphabétiser, c’est donner des outils – parmi d’autres – pour comprendre le monde, pour s’y situer, pour
développer ses capacités d’analyse et de réflexion critique, pour y agir solidairement et socialement,
économiquement, culturellement, politiquement. »10

APPRENDRE À LIRE ET À ÉCRIRE NE SUFFIT PAS POUR METTRE FIN À L’EXCLUSION, MAIS C’EST UNE ÉTAPE
NÉCESSAIRE POUR QUE CHACUN PUISSE « CONSTRUIRE ET COMMUNIQUER SA PENSÉE, MIEUX MAITRISER SA
VIE ET CELLE DE SA FAMILLE, MIEUX CONTRIBUER À LA CONSTRUCTION D’UNE SOCIÉTÉ JUSTE, SOLIDAIRE,
FONDÉE SUR L’ACCÈS EFFECTIF AUX DROITS DE L’HOMME ».

BIBLIOGRAPHIE

 Cahier de revendications de Lire et Ecrire asbl. - http://communaute-francaise.lire-et


ecrire.be/images/documents/pdf/politique_revendications_communales2006.pdf

 http://www.collectif-alpha.be/rubrique83.html (29-11-08)
10
http://communaute-francaise.lire-et-ecrire.be/content/blogsection/19/113/
7
 Marche turque-Septembre 2004, n° 225 http://www.cbai.be/publications/numeros/225.html (2008-
11-04)

 http://www.mrax.be/article.php3?id_article=268 (22-11- 08)

 Marche turque-Septembre 2004, n° 225 http://www.cbai.be/publications/numeros/225.html (2008-11-


04)
 http://bruxelles.lire-et-ecrire.be/component/option,com_frontpage/Itemid,74/ (24-11-08)

 http://www.collectif-alpha.be/rubrique83.html (29-11-08)

 Cahier de revendications de Lire et Ecrire asbl.


http://communaute-francaise.lire-et-
ecrire.be/images/documents/pdf/politique_revendications_communales2006.pdf

 http://communaute-francaise.lire-et ecrire.be/content/blogsection/19/113/

 Alphabétisation et grande pauvreté - une question de sens-jeudi 6 décembre 2007.


http://www.atd-quartmonde.be/IMG/pdf/Alpha_sens.pdf

 L&E Bruxelles. Enquete 2007 / 2006-07 sur l’alphabétisation des adultes en communauté française de
Belgique.

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