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MARXISME ET HUMANISME
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BIBLIOTHÈQUE DE LA
SCIENCE ÉCONOMIQUE
COMITÉ DE DIRECTION :
MM.
Émile JAMES
Professeur à la Faculté de Droit
et des Sciences économiques de Paris
Jean LHOMME
Professeur à la Faculté de Droit
et des Sciences économiques de Paris
André MARCHAL
Professeur à la Faculté de Droit
et des Sciences économiques de Paris
Jean MEYNAUD
Directeur d'Études
à l'École pratique des Hautes Études
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MARXISME
ET
HUMANISME
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par
Pierre BIGO
Docteur en Droit, Licencié ès Lettres
Diplômé de l'École des Sciences politiques
Diplômé du Centre de préparation aux Affaires
de la Chambre de Commerce de Paris
OUVRAGE HONORÉ DU PRIX LESCURE
ET DU PRIX DES SCIENCES POLITIQUES
TROISIÈME ÉDITION REVUE ET MISE A JOUR
PRÉFACE DE JEAN MARCHAL
DÉPOT LÉGAL
1 édition 1 trimestre 1953
3 — (revue) .. 1 — 1961
TOUS DROITS
detraduction,dereproductionet d'adaptation
réservés pour tous pays
© 1953, Presses Universitaires de France
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dont il est la victime, ce n'est pas son essence, c'est son produit.
Mais si ceproduit devient étranger à l'ouvrier, c'est qu'à l'origine et
en droit il s'identifie à lui, c'est qu'il y a une exigence d'appro-
priation dans la création. Interpréter la réalité économique comme
un processus d'appropriation, c'est reconnaître l'homme comme un
sujet de droits ».
Tout le drame du marxisme —et, si je comprends bien, son
ressort dialectique —résident dès lors dans cette opposition d'une
infrastructure sociologique, qui impose la reconnaissance de
l'homme en tant qu'être transcendant, incommensurable à la matière,
et une superstructure métaphysique, qui nie obstinément celle
transcendance . «Si l'on essaye de circonscrire la négativité marxiste
sur le plan social, écrit M. Pierre Bigo, on découvre qu'elle découle
entièrement de la négation de l'absolu et du transcendant. Ce sont
les positions théologiques de Marx qui ont faussé sa sociologie. Et
il suffirait à cette sociologie, pour se redresser, de refuser le plan
théologique, c'est-à-dire d'être logique avec elle-même ».
Mais ce redressement de la sociologie que la raison impose,
cette élimination dialectique d'une métaphysique erronée, M. Pierre
Bigo, me semble-t-il, estime qu'ils se produiront nécessairement.
Par là s'explique son affirmation antérieure que le marxisme se
dépouillera, tôt ou tard, de ses revêtements métaphysiques et se
transformera en une simple doctrine politique et une technique de
dévolution du pouvoir économique. Alors cessera, nous dit-il,
«cette sorte de désaxement qui se produit dans un système où le
caractère total et exclusif est attribué à une vérité partielle, un
caractère absolu à des vérités relatives ».
Une évolution de ce genre doit rencontrer cependant des diffi-
cultés. La métaphysique et la sociologie marxistes sont étroitement
imbriquées l'une dans l'autre. Onne peut les séparer commepar un
coup de hache en rejetant l'une à droite et l'autre à gauche. «Dieu,
écrit M. Pierre Bigo, n'est pas une superstructure qu'on peut
supprimer ou rétablir dans un système de pensée et d'action sans de
profondes transformations decesystème».
La question dès lors se pose : que devient l'analyse marxiste de
la valeur, de la monnaie et du capital quand on adopte pleinement
la perspective humaniste ? M. Pierre Bigo s'y attache et pour ce
faire, non seulement il utilise le raisonnement mais il s'appuie
également sur l'évolution des faits en U. R. S. S. où le marxisme a
été réalisé et dans les pays capitalistes où se marque seulement une
tendance à la socialisation. En U. R. S. S. la vie s'est-elle coulée
sans difficulté dans les institutions créées en s'inspirant de la
théorie ou a-t-elle imposé des retours en arrière, témoignant d'erreurs
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la société et au travailleur est réel mais que c'est «un service matériel,
un service purement objectif, le service rendu par une chose ». La
question est donc de savoir si, dans une société humaine, les hommes
peuvent faire valoir, en dehors de leurs titres personnels, des titres
objeclifs, à raison des richesses qu'ils possèdent. Marx ne l'admet
pas. Mais M. Pierre Bigo a précédemment montré, comme nous
l'avons dit, que la vie économique comporte inévitablement une
certaine objectivité « pour cette raison que la subjectivité pure, en
économie politique, dans l'état actuel de l'humanité, conduità
la contrainte pure ».
« Si l'on entre dans celle idée d'une relative objectivité de
l'économie et d'un bien objectif entre la personne et la chose, ajoute-
t-il, on ne peut plus condamner absolument l'octroi d'une rémuné-
ration à un individu, en raison des services rendus par la chose
qui est sienne. Ce principe, il faut le reconnaître, peut être la
source de toutes sortes d'abus. Il l'est pratiquement dans le régime
capitaliste parce que le droit au profit y est considéré comme un
absolu, primant tous les autres droits. Il faut donc le régler. Mais
on ne peut le déclarer injuste de soi ».
Pour régler ce juste profit, M. Pierre Bigo, utilisant le cadre
marxiste, se préoccupe d'abord de déterminer la part qui doit être
attribuée par priorité aux travailleurs «en raison de leur causalité
particulière », causalité « incommensurable par rapport à celle des
apporteurs de capitaux ». Il établit ensuite la part de la plus-value
qui reviendra, après cette première attribution, aux capitalistes
et aux travailleurs.
La part remise aux travailleurs, estime-t-il, doit leur permettre
de se procurer « les moyens de subsistance qui sont nécessaires et
utiles à leur vie et à celle des leurs ». De surcroît, elle « doit aller
constamment en s'accroissant à mesure que les facilités de pro-
duction deviennent plus grandes ».
Quant à la plus-value, M. Pierre Bigo souligne qu'il serait
injuste de l'attribuer intégralement aux capitalistes car sa création
« eût été impossible sans le travail ». Il lui paraîtrait même criti-
quable de leur en donner la plus grande part. «Dans une perspective
communautaire, nous dit-il, le gain de l'homme comme capitaliste
sera toujours un simple appoint par rapport à celui de l'homme
comme travailleur ». « Il n'y a qu'un cas, pense-t-il, où il est juste
d'être plus large dans la part attribuée au capital, c'est quand il
court réellement le risque de perdre toute sa mise ».
A ses considérations auxquelles nous souscrivons volontiers,
nous nous demandons s'il n'y a pas lieu d'en ajouter une autre.
Parmi les décisions les plus importantes que doit prendre une
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BIBLIOTHÈQUE
DE LA SCIENCE ÉCONOMIQUE
COMITÉ DE DIRECTION
E. JAMES - J. LHOMME - A. MARCHAL - J. MEYNAUD
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