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À
16 Marxisme el théorie révolution —
/
ae ÉS 45$1que de ce p2 :
Par l'intermédiai € Passaest évide
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aire de Fichte etge Schel
dan $ Il € S œu ling. Mars UE
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k. uvres ñ es
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chez les né O- kanti ens de
rare
Le marxisme : bilan provisoire o
conomie
C’est que, dans la réalité du monde antique, l’é séparé,
moment
ne s'était pas encore co nstituée comme
« autonome » SGH ivse de«po
disait Marx, l'écono
», deelle-mê
urP°? soimie 5 meté
l’activi
humaine. Une véritable analy
et de son importance pour la société ve p A nr, .
partir du xvn et surtout du XVII siècle, © 7 l'économie : ;
naissance du capitalisme, qui à en effet érig ns
moment dominant de la vie sociale. Et LHURO iaue . uit
accordée par Marx et les marxistes à l’économiq
également cette réalité historique- avoir de «méthode»,
est donc clair qu’il1e ne peut pas sury le développement his-
Il Due
e p
en histoire, qui resterait inaffecté
ent plus profondes
torique a Cela pour des raisons autrem
velles décou-
que le «progrès de la connaissance », les «nou
la structure
vertes », etc., raisons qui concernent directement
la struc-
même de la connaissance historique, et tout d’abord
.
ture de son objet, c’est-à-dire le mode d’être de l’histoire
L'objet de la connaissance historique étant un objet par lui-
même signifiant ou constitué par des significations, le déve-
loppement du monde historique est ipso facto le déploiement
d’un monde de significations. Il ne peut donc pas y avoir de
coupure entre matériel et catégorie, entre fait et sens. Et ce
monde de significations étant celui dans lequel vit le «sujet»
de la connaissance historique, il est aussi celui en fonction
duquel] nécessairement il saisit, pour commencer, l’ensemble
du matériel historique.
Certes, ces constatations sont aussi à relativiser. Elles
ne peuvent pas impliquer qu’à tout instant toute catégo-
rie et toute méthode sont remises en question, dépassées
ou ruinées par l'évolution de l’histoire réelle au moment
même où l’on pense, Autrement dit,
c’est chaque fois une
question concrète que de savoir si
la transformation histo-
rique à atteint le point où les ancien
cienne méthode doivent nes catégories et l’an-
être reconsidérées. Mais il
devient
Le marxisme : bilan provisoire 2]
: heure de la ié capi _
éd. Costes, tome IV, p.XPropriateurs
274; éd, de PT ss Expropriésla propriété
», Le Capital,
Le marxisme : bilan provisoire 23
dans sa phase
Autant les hymnes adressés à la bourgeoisie
t des forces pro-
progressive glorifient le déve loppemen
ductives dont elle a été l’instrum ent histo
rique *, br autant la
condamnation portée contre elle, chez Marx aussi bien que
: , i ‘idée que | ce
chez les marxistes ultérieurs, s'appuie SUr li
développement est désormais empêché par : ee vs 0)
liste de production. «Les forces puissantes É nes
ce facteur décisif du mouvement historique, étou ee …
les superstructures sociales arriérées (propriété pi 6, Eat
national), dans lesquelles l’évolution antérieure !es avait
enfermées. Grandies par le capitalisme, les forces de produc-
tion se heurtaient à tous les murs de l'Etat national et bour-
geois, exigeant leur émancipation par l'organisation univer-
selle de l’économie socialiste », écrivait Trotski en 1919 ”;
et. en 1936, il fondait son Programme transitoire sur cette
constatation: «Les forces productives de l'humanité ont
cessé de se développer. » — parce que, entre-temps, les rap-
ports capitalistes étaient devenus, de frein relatif, frein provi-
soirement absolu à leur développement.
Nous savons aujourd’hui qu’il n’en est rien, et que depuis
vingt-cinq ans, les forces productives ont connu un dévelop-
pement qui laisse loin derrière tout ce qu’on aurait pu imagi-
ner autrefois. Ce développement a été certes conditionné par
des modifications dans l’organisation du capitalisme, et il en
a entraîné d’autres — mais il n’a pas mis en question la subs-
tance des rapports capitalistes de production. Ce qui parais-
sait à Marx et aux marxistes comme une «contradiction » qui
devait faire éclater le système a été «résolu» à l’intérieur du
système.
C'est que, d'abord, il ne s'est jamais agi d’une contradic-
tion. Parler de «contradiction» entre les forces productives
et les rapports de production est pire qu’un abus de langage,
c'est une phraséologie qui prête une apparence dialectique
à
a13.r epars
Voir exemple la pr première partiepartie («
( Bourgeoisi et prolétaire
i s ») du
14. L. Trotski, Terrorisme et Communis
Il faut rappeler que jusqu'à une date me, éd. 10/18, 1963, p.41
1 «ultra-gauches récente, staliniens, trotListes
2»> lesle plus
purs étaient ralprati quement d :
camoufler Ou minimiser sous tous
Jes
i
Se nn
lopp
D ement de ]a producti
: on depu
‘ is 1945, - En
et
vue Encore mai
Maintenant , la réponse
d " “Markisle» C'es l: « Ah, mais c'est dû à la production
ui
oire
Le marxisme : bilan provis
Do usRE 5 tradition qui hante les cerveaux des hommes, jouent éga-
phouer ee jee que non décisif» (in K. M. et F. E., Erudes philoso-
toire jusqu’à és | es, 1961, p. 154-155.) Et, p. 155: «C’est ainsi que l’his-
est soumise anges
aussi, nr Se dérouleauxà mêmes
en substance, la façon d'un processus de la nature €!
lois de mouvement qu’elle. »]
L
ovisoire
Le marxisme : bilan pr
entiel, au
Poe d nous sommes jusqu’ici situés, pour l’essl’hist oire ”,
au Cu contenu de la «conception matérialiste de
Le marxisme : bilan provisoire a
est A poee Se
dicatiialiene
des «rapports de production» dans la vie sociale
". e la bourgeoisie et un élément de l'institution historique
L'Expérience du Pr su
19. Cela est clairement vu rier,7 LE
1, éd. 10/18,2eà De
vannroguen te
1974
» P- 57 à 66. à
du matérialisme historique ». pa Lukäcs dans «Le changement de fonction
je
Le marxisme : bilan provisoire
sont et ont toujours été les mêmes dans toutes les sociétés
Les «forces », productives ou autres, ne peuvent agir dans
l’histoire qu’à travers les actions des hommes et dire que
les mêmes forces jouent partout le rôle déterminant signi-
fie qu’elles correspondent à des mobiles constants partout
et toujours. Ainsi la théorie qui fait du « développement des
forces productives » le moteur de l’histoire présuppose impli-
citement un type invariable de motivation fondamentale des
hommes, en gros la motivation économique: de tout temps,
les sociétés humaines auraient visé (consciemment ou incon-
sciemment, peu importe) d’abord et avant tout l’accroisse-
ment de leur production et de leur consommation. Mais cette
idée n’est pas simplement fausse matériellement; elle oublie
que les types de motivation (et les valeurs correspondantes
qui polarisent et orientent la vie des hommes) sont des créa-
tions sociales, que chaque culture institue des valeurs qui
lui sont propres et dresse les individus en fonction d’elles.
Ces dressages sont pratiquement tout-puissants? car il n’y
a pas de «nature humaine » qui pourrait leur offrir une résis-
tance, car, autrement dit, l’homme ne naît pas en portant
en lui le sens défini de sa vie. Le maximum de consomma-
tion, de puissance ou de sainteté ne sont pas des objectifs
innés à l’enfant, c’est la culture dans laquelle il grandira qui
lui apprendra qu’il en a «besoin». Et il est inadmissible de
mêler à l’examen de l’histoire?! le «besoin» biologique ou
l’«instinct» de conservation. Le «besoin» biologique ou
l’«instinct» de conservation est le présupposé abstrait et uni-
versel de toute société humaine, et de toute espèce vivante en
général, et il ne peut rien dire sur aucune en particulier. Il est
absurde de vouloir fonder sur la permanence d’un «instinct »
de conservation, par définition partout le même, l’histoire,
par définition toujours différente, comme il serait absurde de
vouloir expliquer par la constance de la libido l’infinie variété
de types d’organisation familiale, de névroses ou de perver-
Sions sexuelles que l’on rencontre dans les sociétés humaines.
Lorsque donc une théorie postule que le développement des
individus à marcher
20. Aucune culture ne peut évidemment dresser les s, on ren-
Sur la tête
Sontre à jeûne
dansoul’hist ellement. Mais à l’intérieur de ces limitener."
éternles types de dressage que l’on peut imagi
oirer tous
e,
21. Comme le fait Sartre, dans la Critique de la raison dialectiqu
P ex. p. 166 sg.
38 Marxisme et théorie révolutionnaire
23. Voir Margaret Mead er al., Cultural Patterns and Technical Change,
UNESCO, 1953,
Marxisme et théorie révolutionnair,
40
Lis affirmation analogue n'aurait
:e
modifiée par cel
ui-ci. Mais une
ve ation féodale (ou «asia.
aucun sens dans le pes . a es puisse, dans une société
tique" »). Admettons D f . traiter l'Etat (et les rapports
capitaliste de « laissez- se SL enTe » dont la dépendance
politiques) comme une sup à sens unique. Mais quel est Je
à l’égard de l'économie est ? ? est Propriété jétaire et P posses-S-
…. . tte des lorsque de l'Etat
idée,moyens production,
et qu'il est peuplé
En une hiérarchie de bureaucraies dont ler ee la
production et l’exploitation est PARNERRRE mé par
leur rapport avec l'Etat et subordonné à ce u-Ci — comme
c'était le cas de ces curiosités ethnologiques qu ont repré-
sentées pendant des millénaires les monarchies asiatiques,
| et comme c’est aujourd’hui le cas de ces curiosités socio-
logiques que sont l’U.R.S.S., la Chine et les autres pays
| «socialistes »? Quel sens y a-t-il à dire qu’aujourd’hui en
U.R.S.S., la «vraie» bureaucratie ce sont les directeurs
d'usine, et que la bureaucratie du Parti, de l’ Armée, de
l'Etat, etc., est secondaire ?
Comment prétendre aussi que la façon, tellement
rente diffé-
d’une société et d’une époque à l’autre, de vivre
repports ces
n a pas d'importance ? Comment prétendre que les
| significations, les motivations, les
, valeurs créées par chaque
tre que de voiler une
:
et «rationnel » (pui
s
ie ” _ leur action)
définissable et même mesurable,
la fin ohne de Se fin
si l’on ne veut pas croire à la magie, l’action
d des). Mais,
1 ll
"
Le marxisme : bilan provisoire
nn
.
Le marxisme : bilan provisoire
. 28. «il ne s’agit pas de ce que tel ou tel prolétaire ou même le proléta-
rlat entier se représente à un moment comme le but. Il s’agit de ce qu'est
le prolétariat et de ce que, conformément à son êfre, il sera historiquement
contraint de faire», dit Marx dans un passage connu de La Sainte Famille.
lutionnaire
Marxisme el théorie révo
48
volut ion,
si mêmQuél s’il ueest
e emnq
fera pe _ os
prolétariat fera ou ne
Cette hypo-
incertain, conditionne touf, thèse qu'il la sfera.déier täiié, Le
La tome
n’est possible que sur l’hypo
thèse admise, le sens dans ce Das différente de la
liberté concédée ainsi au prolétaria ous reconnaître: liberté
liberté d'être fou que ste. Eee n
condition de ne pas
ji ne vaut, qui n EXI ‘me,
même temps que toute
… user, Car En mer l’abolirait en
ee”. :
date l’idée que les class es et leur actio n sont
Né di
e »
de simples relais; si l’on admet que la «prise de un
et l’activité des classes et des groupes sociaux (comme des
individus) font surgir des éléments nouveaux, non prédétermi-
nés et non prédéterminables (ce qui ne veut certes pas dire que
l’une et l’autre soient indépendantes des situations où elles se
déroulent), alors on est obligé de sortir du schéma marxiste
classique et d'envisager l’histoire d’une manière essentielle-
ment différente. Nous y reviendrons dans la suite de ce texte,
La conclusion qui importe n’est pas que la conception
matérialiste de l’histoire est «fausse » dans son contenu. C’est
que le type de théorie que cette conception vise n’a pas de
sens, qu’une telle théorie est impossible à établir et que du
reste on n'en à pas besoin. Dire que nous possédons enfin le
secret de l’histoire passée et présente (et même, jusqu’à un
certain point, à venir) n’est pas moins
absurde que dire que
nous possédons enfin le secret de la nature, Il l’est même :
à cause précisément de ce qui fait de l’histoi "ne plus,
de la connaissance historirique une connaiss une histoire, et
oireance
historique.
Sujet et objet de la connaissan
ce historique
Lorsqu'on parle de l’histoir
e, qui parle? C’
d une époque, d’une société, d’une est quelqu'un
classe
a même, qui fon donnée — bref,
€ est un être historique. Or cel
4 l i
Le marxisme : bilan provisoire
33
u’elle représente «le point de vu ce
rolétariat est la dernière classe . st que le
simplement, car alors nous resterions tiens + ie
à l'intérieur de la dialectique historique, à A ne
particulier destiné à être relativisé par la suite : on Frs vue
absolument, en tant qu’elle doit réaliser Ja Suppressi nière
des
classes et le passage à la « vraie histoire de l'humantités
: UT : », Le
prolétariat est classe universelle, c’est parce qu’il n’a
d'intérêts particuliers à faire valoir qu’il peut aussibien pes
liser la société sans classes qu’avoir sur l’histoire un
oint de vue «vrai». passée un
Nous ne pouvons pas, aujourd’hui, maintenir cette façon
de voir, pour de nombreuses raisons. Nous ne pouvons pas
nous donner d'avance une dialectique achevée ou sur le
point de s'achever de l’histoire, fût-elle qualifiée de
«pré-histoire ». Nous ne pouvons pas nous donner la solu-
tion avant le problème. Nous ne pouvons pas nous donner
d'emblée une dialectique quelle qu’elle soit, car une dialec-
tique postule la rationalité du monde et de l’histoire, et cette
rationalité est problème, tant théorique que pratique. Nous
ne pouvons pas penser l’histoire comme une unité, nous
cachant les énormes problèmes que cette expression pose dès
qu’on lui donne un sens autre que formel, ni comme unifica-
tion dialectique progressive, car Platon ne se laisse pas résor-
ber par Kant ni le gothique par le rococo, et dire que la supé-
riorité de la culture espagnole sur celle des Aztèques a été
prouvée par l’extermination de ces derniers laisse un résidu
d’insatisfaction aussi bien chez l’Aztèque survivant que chez
nous qui ne comprenons pas en quoi et pourquoi l'Amérique
précolombienne couvait elle-même sa suppression dialec-
tique par sa rencontre avec des cavaliers porteurs d’armes à
feu. Nous ne pouvons pas fonder la réponse finale aux pro-
blèmes ultimes de la pensée et de la pratique sur l’exactitude
de l’analyse par Marx de la dynamique du capitalisme, main-
tenant que nous savons que cette exactitude est illusoire,
Mais même si nous ne le savions pas. Nous ne pouvons pas
poser d’emblée une théorie, fût-ce la nôtre, comme «repré-
sentant le point de vue du prolétariat» car, l’histoire d’un
Remarques additionnelles
sur la théorie marxiste de l'histoire?
Sur l'évolution technologique et son rythme. - Liane
l’on discute la question de la «stagnation» technologi :
que ce soit pendant la période féodale ou en général .: g,
distinguer clairement deux aspects, DU
36. Bel et bien fausse, et non pas «approximation améliorée par les théo-
ries ultérieures ». L'idée des «approximations successives », d'une accu-
mulation additive des vérités scientifiques, est un non-sens progressiste du
XIX° siècle, qui domine encore largement la conscience des scientifiques.
62 Marxisme et théorie révoluti Onnaire
me
Le déterminis
Dire que l’histoire passée est compréhensible, au sens de
ja conception marxiste de 1 histoire, veut dire qu'il existe un
et die
déterminisme causal sans faille « importante».
déterminisme pu nr degré si l’on peut dire, porteur
de significations qui S enchaînent dans des totalités elles-
mêmes signifiantes. Or ni l’une ni l’autre de ces idées ne
.
gnifications
L'enchaînement des si on»
He
et la «ruse de la rais
du dé te rm in istomeriqu ns l’histoire, ;]
daes
à
Au-d-deelli : du prob lè me nuitée ns «h is ». En prDeem
ier
:
a un problème des significat
lieu des actions COnsCientes
lieu histoire apparaît comme le
dence se renverse aus.
d'êtres conscients. Mais cette évi alors,
sitôt que l’on y regarde de p lus près. L’on constate
entions
avec Engels, que «l’histoire est le domaine des int
s réels de
inconscientes et des fins non voulues ». Les résultat
l’action historique des hommes ne sont pour ainsi dire Jamais
ceux que les acteurs avaient visés. Cela n’est peut-être pas
difficile à comprendre. Mais ce qui pose un problème cen-
tral, c’est que ces résultats, que personne n’avait voulus
comme tels, se présentent comme « cohérents » d’une cer-
taine façon, possèdent une «signification » et semblent obéir
à une logique qui n’est ni une logique «subjective» (por-
tée par une conscience, posée par quelqu'un), ni une logique
«objective», comme celle que nous croyons déceler dans la
nature — et que nous pouvons appeler une logique historique.
X
40. Bien entendu, ce n’est pas là une vérité absolue: il y a aussi de «mau-
vaises lois », incohérentes ou détruisant elles-mêmes les fins qu’elles veulent
servir. Ce phénomène semble d'ailleurs, curieusement, limité aux sociétés
modernes, Mais cette constatation n’altère pas ce que nous disons pour l’'es-
sentiel: elle reste une variante extrême de la production de règles sociales
cohérentes.
41. Nous ne disons pas« de /a société», nous ne discutons pas le pro-
blème métaphysique des origines.
,
Le marxisme : bilan provisoire
ronnements et d'erreurs » où aurai
k pe de sélection naturelle, les nr * LL SUDSIStÉ, par
Viables ». Mais
gjà en biologie, où l’évolution dispose de mil
et d'un processus infini ment
riche de Variatio
élection naturelle à travers les tâtonnements etns aléatoires, la
les err
araît pas suffisante pour répondre au problème de Ja eurs ne
des ESPÈCES; il semble bien que des formes «v bles ee
roduites loin au-dessus de la probabilité statistique su
à parition. En histoire, le renvoi à une variation
aléatoir
x un processus de sélection paraît gratuit, et du reste, le
plème se pose à un niveau antérieur (en biologie Aie
a disparition des peuples et des nations décrits par Hér
dote peut bien être le résultat de leur rencontre avec dues
peuples qui les ont écrasés ou absorbés, il n'empêche que
les premiers avaient déjà une vie organisée et cohérente
qui se serait poursuivie sans cette rencontre. Du reste, nous
avons vu de nos yeux, propres ou métaphoriques, naître des
sociétés et nous savons que cela ne se passe pas ainsi. On
ne voit pas, dans l’Europe du xIm° au xIx° siècle, un énorme
nombre de types de société différents apparaître, dont tous
sauf un disparaissent parce que incapables de survivre; on
voit un phénomène, la naissance (accidentelle par rapport au
système qui l’a précédée) de la bourgeoisie, qui, à travers
ses mille ramifications et ses manifestations les plus contra-
dictoires, des banquiers lombards à Calvin et de Giordano
Bruno à l’utilisation de la boussole, fait apparaître dès le
départ un sens cohérent qui ira s’affirmant et se développant.
révo.
aucratie en Russie pe lànivea
La naissance de la debure
voir le problème à un AUITE u
lution permet encore + voir à l’œuvre des facte
l'analys
Dansf ce cas aussi, shens e , faitsur VOI
ibles lesquels nous ne pouvons
urs
profonds et comprénens aucratie en Russ
la bure
nir ici. La naissance de la DU Ssie
nn la bureau.
un hasard, certes, et la preuve en est que me
en plus com la ten.
ct est depuis apparue de plus
dance dominante du monde moderne. Mais pour COMprendre
la bureaucratisation des pays capitalistes, nous faisons appel
uc-
la prod
à des tendances immanentes à l'organisation de
comprendre
tion, de l’économie et de l’Etat capitalistes. Pour
ns
la bureaucratisation de la Russie à l’origine, nous faiso
appel à des processus totalement différents, comme le rap-
port entre la classe révolutionnaire et son parti, la «matu-
rité» de la première et l'idéologie du second. Or, du point
de vue sociologique, il n’y a pas de doute que la forme
canonique de la bureaucratie est celle qui émerge à une
étape poussée de développement du capitalisme. Pourtant, la
bureaucratie qui apparaît historiquement la première est celle
qui surgit en Russie dès le lendemain de la révolution, sur les
ruines sociales et matérielles du capitalisme; et c’est même
elle qui, par mille influences directes et indirectes, a forte-
ment induit et accéléré le mouvement de bureaucratisation
du capitalisme. Tout s’est passé comme si le monde moderne
couvait la bureaucratie — et que pour la produire il avait fait
| feu de tout bois, y compris du bois qui y paraissait le moins
approprié, c’est-à-dire du marxisme, du mouvement i
et de la révolution prolétarienne. PAPER
Comme dans le problème de la c à se
encore il y a une Machen me os, 1e
doit opérer — et c’est en cela que consiste une ie “qe Fa
| exacte et raisonnée de l’histoire. Mais cette réd € à la fois
saleon, vient de le voir, ne supprime pas Je ere Pn
ensuite une illusion qu'il faut éliminer: l’illusi me. Il ya
lisat ion rétro spect ive. Ce matér iel histo rique , en Tationa-
vons pas nous empêcher de voir des arüculations de s .
ne" _,_ 4
È
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Le marxisme : bilan provisoir
76 ?
conduisen
.
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2
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F
oh 'ôture
les déterminations possibles. Elle doit sn
et l'achèvement, repousser le système Cè _ A ice nde,
Elle doit écarter l'illusion rationaliste, ne k | can ment
l'idée qu’il y a de l'infini et de indéfini, admetir . $ Pour
en ration-
autant renoncer au travail, que toute détermina
le
nelle laisse un résidu non déterminé et non rationne » que
résidu est tout autant essentiel que ce qui à été analysé, que
nécessité et contingence sont continuellement imbriquées
l’une dans l’autre, que la «nature », hors de nous et en nous,
est toujours autre chose et plus que ce que la conscience
en construit, — et que tout cela ne vaut pas seulement pour
l'«objet», mais aussi pour le sujet, et non seulement pour le
sujet «empirique » mais aussi pour le sujet « transcendantal »
puisque toute législation transcendantale de la conscience
présuppose le fait brut qu’une conscience existe dans un
monde (ordre et désordre, saisissable et inépuisable) — fait
que la conscience ne peut pas produire elle-même, ni réel-
lement ni symboliquement. Ce n’est qu’à cette condi-
tion qu’une dialectique peut vraiment envisager l’histoire
vivante, que la dialectique rationaliste est obligée de tuer
pour pouvoir la coucher sur les païllasses de ses laboratoires.
Mais une telle transformation de la dialectique n’est pos-
sible, à son tour, que si l’on dépasse l’idée traditionnelle
et séculaire de la théorie comme système fermé et comme
contemplation. Et c'était là effectivement une des intuitions
essentielles du jeune Marx.
n provisoire
L é , marxisme * bila
Tout se tient dans celle Conception: a nalyse du capi-
alisme, philosophie générale, théorie d € l'histoire, sta-
cut du prolétariat, programme Politique.
iences les plus Et Les cons
extrèmes en découlent — en bonne
lo —.
et en bonne histoire aussi COMME l'expérien
ce l’a ondes
depuis un demi-siècle. Le développement des forces
reste dans la vie sociale. Dès Ê hs
ductives commande le
même s’il n’est pas fin ultime en soi, il
est fin ultime 2
pratique puisque le reste en est déterminé et en découle
«par surcroît», puisque « le royaume de la liberté ne peut
s'édifier que sur le royaume de la nécessité”? », qu’il pré-
suppose l'abondance et la réduction de la journée de tra-
vail et celles-ci un degré donné de développement des
forces productives. Ce développement, c’est le progrès.
Certes, l'idéologie vulgaire du progrès est dénoncée et
tournée en dérision, on montre que le progrès capitaliste
se base sur la misère des masses. Mais cette misère elle-
même fait partie d’un processus ascendant. L'exploitation
du prolétariat est justifiée «historiquement», aussi long-
temps que la bourgeoisie en utilise les fruits pour accu-
muler et continue ainsi son expansion économique. La
bourgeoisie, classe exploiteuse dès le début, est classe
progressive aussi longtemps qu'elle développe les forces
Marxisme el théorie ré
$ ; 5)
'
86
, tradit ion réaliste hégélienne
productives”. _. . oc mais tous les crimes de la
non seulement € ette dénoncés à un certain NIVEAU, Sont
bourgeoisie, décritsationalité
et à de l’histoire
‘histoire àà UNun autre
ant et fiIna.
récupérés par la ration e critère, justifiés. « L'his.
lement, puisqu na ÿ . Le lieu de la félicité »,
. s: ’ a as d’aut D LUZ “
disait Hege]
.
Ile avaient
des marxistes
Onarést souvent demandé comment ssifs,
sont progre
pu être staliniens. Mais si les patrons .
ssent des usines, comment des commis
condition qu'ils bâti
seraient-ils pas?
saires qui en bâtissent autant et plus ne le
tives, il est
Quant à ce développement des forces produc
univoque et univoquement déte rminé par l’état de
la tech-
nique. Il n’y a qu’une technique à une étape donnée, il n’y
a donc aussi qu’un seul ensemble rationnel de méthodes de
production. Il n’est pas question, cela n’a pas de sens, d’es-
sayer de développer une société par des voies autres que
l’«industrialisation » — terme en apparence neutre, mais
qui finalement accouchera de tout son contenu capitaliste.
La rationalisation de la production, c’est la rationalisation
créée déjà par le capitalisme, la souveraineté de l’«écono-
mique » dans tous les sens du terme, la quantification, le plan
qui traite les hommes et leurs activités comme des variables
mesurables. Réactionnaire sous le capitalisme dès lors que
celui-ci ne développe plus les forces productives et ne s’en
, Sert que pour une exploitation de plus en plus «parasitaire»,
a .
ses es t un facteur historiquele auto
vi té des masse
l’actitivi
Ou biejen n l’ac n théorique
nome et cré ateur, auquel cas toute conceptio
TE a on
ne peut être qu’un chaînon dans le long
Fu me,
sation du projet révolutionnaire; elle peut,
Se , e plus
s’en trouver bouleversée. Alors la théorie ne
d'avance l’histoire et ne se pose plus comme 07 : réel
mais accepte d’entrer vraiment dans I] et et . )OUs-
culée et jugée par elle. Alors aussi tout privilége historique,
tout «droit d’aînesse » est dénié à l’organisation basée sur Ja
théorie. ne
Ce statut majo ré du Parti , cons éque nce inél uctable de
la conception classique, trouve sa contrepartie dans ce qui
est, malgré les apparences, le statut minoré du prolétariat. Si
celui-ci a un rôle historique privilégié, c’est parce que, classe
exploitée, il ne peut à la fin que lutter contre le capitalisme
dans un sens prédéterminé par la théorie. C’est aussi parce
que, placé au cœur de la production capitaliste, il forme dans
la société la force la plus grande et que, « dressé, éduqué,
discipliné » par cette production, il est porteur de cette dis-
cipline rationnelle par excellence. Il compte non pas en tant
que créateur de formes historiques nouvelles, mais en tant
que matérialisation humaine du positif capitaliste, débarrassé
de son négatif: il est «force productive » par excellence, sans
rien avoir en lui qui puisse entraver le développement des
forces productives.
Ë on à
reste à faire. L'intention de cette unifi Cation 6, cette
était pré-
à l'origine du marxisme. Elle est re stée
une simple
ntion — mais, dans un nouveau contexte, elle
rie après, Continue, un
de définir notre tâche.
$
Depuis que l’on enregistre l’histoire de la pensée hu
maine,
é doctrines philosophiques se Succèden
t'innombrables.
pepuis que l'on peut suivre l'évolution des sociétés,
idées
et mouvements politiques y sont présents. Et de toutes les
sociétés historiques on peut dire qu’elles ont été dominées
par le conflit, ouvert ou latent, entre couches et groupes
sociaux, par la lutte de classes. Mais, chaque fois, la vision
du monde, les idées sur l’organisation de la société et du
pouvoir et les antagonismes effectifs des classes n’ont été
liés entre eux que de façon souterraine, implicite, non
consciente. Et chaque fois une nouvelle philosophie parais-
sait, qui allait répondre aux problèmes que les précédentes
avaient laissés ouverts, un autre mouvement politique fai-
sit valoir ses prétentions, dans une société déchirée par un
conflit nouveau — et toujours le même.
Le marxisme a présenté, à ses débuts, une exigence entiè-
rement nouvelle. L’union de la philosophie, de la politique
el du mouvement réel de la classe exploitée dans la société
r'allait pas être une simple addition mais une vraie synthèse,
ine unité supérieure dans laquelle chacun de ces éléments
‘lait être transformé. La philosophie pouvait être autre chose
* plus que de la philosophie, qu’un refuge de l'impuissance
‘lune solution des problèmes humains dans l’idée”, pour
“lnt qu’elle traduirait ses exigences dans une vel
Pique. La politique pouvait être autre chose et de.
tique, que technique, manipulation, utilisation ue .
à des fins particulières, pour autant qu’elle devie
i critiqué la phi-
lp PieHegel jeune eten montré
de Fichte son lorsque
que ent
était consci , après AVOIr Cl Lt
essence était HHÈEE bsoluew il
ha: 7 länt que toutes les deux expriment la « séparano t Ja plus digne
‘la a «Cette attitude (philosophique ou re igieuse) En tre que vile
inf NOble s’il s’avérait que l’union avec le temps n
* Systemfragment de 1800).
Marxisme et théorie révolutionnair,
02
| rations et des intérêts de|
l'expression CONSCI ente des aspirall
La lutte de la classe Lan exploi. à
ns es. EL
grande majorité des homm ‘une défe nse d'intérêts Par.
tée pouvaitt éire
être autre chosecettequ'une CE viserait, à ravers |,
classe
iculiers, pour autant que CET toute
no de son exp loi tat ion, la Suppression de
. ération de
expoploitation, à travers Sa P ropre
libératioL n la lib
D
auté or la plus
D et l'instauration d’une commun ie tradi.
lles la philosoph
élevée des idées abstraites auxque
panse avaitce à pu parvenir.
ti ainsi le projetne d’une union de la
réflexion et de l’action, de la réflexion la plus élevée et de
l'action la plus quotidienne. Il posait le projet d'une union
entre ceux qui pratiquent cette réflexion et cette action et
les autres, de la suppression de la séparation entre une élite
ou une avant-garde et la masse de la société. Il a voulu voir
dans le déchirement et les contradictions du monde présent
autre chose qu’une réédition de l’éternelle incohérence des
sociétés humaines, il a surtout voulu en faire autre chose. Il
a demandé qu’on voie dans la contestation de la société par
les hommes qui y vivent plus qu’un fait brut ou une fatalité,
les premiers balbutiements du langage de la société à venir.
Il a visé la transformation consciente de la société par l’ac-
tivité autonome des hommes que leur situation réelle amène
à lutter contre elle; et il a vu cette transformation non pas
comme une explosion aveugle, ni comme une pratique empi-
rique, mais Comme une praxis révolutionnaire, comme une
activité consciente qui reste lucide sur son propre compte
ne
et
è me à une nouvelle « idéologie ».
etle exigence nouvelle est ce que le i
de plus profond et de plus durable. C'est elle qui à é
ne
tivement du marxisme quelque chose de
plus qu’une autre
école philosophique ou un autre parti politique. C’est elle
qui, sur le plan des idées, justifie que l’on
parle encore du
marxisme aujourd’hui, oblige même de le
fait que cette exigence soit apparue faire Le simple
à s :
l'histoire est F1
en lui-même ;
W-même immensément LE étape donnée 4
significatif, Car, s’il
n'est pas vrai que «l’humanité ne se pose a
qu’elle peut résoudre », le fait, en revanche
nouveau vienne à être posé traduit des nya ee blème u”
Ê“ or-
CAE dans les profondeurs de
l'existence
ement d’une signification immense que humaine C'est égs-
le marxisme ait pu,
.
arxisme : bilan provisoire 93
june certaine façon et pour un tem PS, réaliser SOn
inten-
“on, en 1€ restant pas simple théorie, EN $S Unissant
au u-
: ment ouvrier qui Ruttait contre le capitalisme, au mo point
j'en devenir, longtemps et dans beaucoup de Pays, presque
indiscernable. Cu | 4
Mais pour nous qui VIVOnS maintenant, |’ aurore des pro-
messes a cédé la place au plein jour des prob lèmes. Le mou-
vement ouvrier organisé est, partout sans ex ception, intégra-
lement bureaucratisé, et ses «objectifs », lorsqu'ils existent
n'ont aucun rapport avec la création d’une nouvelle société.
La bureaucratie qui domine les organisations ouvrières, et en
tout cas celle qui règne en maître dans les pays dits par anti-
phrase «ouvriers » et « socialistes », se réclame du marxisme
et fait de lui l’idéologie officielle de régimes où l’exploita-
tion, l'oppression et l’aliénation continuent. Ce marxisme,
idéologie officielle d'Etats ou credo de sectes, a cessé
d'exister comme théorie vivante; les «marxistes», quelles
que soient leur définition, leur appartenance ou leur couleur
spécifique, ne produisent depuis des décennies que des com-
pilations et des gloses, qui sont la dérision de la théorie. Le
marxisme est mort comme théorie, et lorsqu'on y regarde de
près on constate qu’il est mort pour de bonnes raisons. Un
cycle historique paraît ainsi s’être achevé.
Cependant les problèmes posés au départ ne sont pas réso-
lus; ils se sont plutôt immensément enrichis et compliqués.
Les conflits qui déchirent la société n’ont pas été surmon
lés, loin de 1à. Que la contestation de la société par CEUX QU
ÿ vivent prenne, pour un temps et dans quelques pays, des
formes plus larvées et plus fragmentaires, n’empêche pas ke
€ problème de l’organisation de la société soit posé ns vi
Qt par la société elle-même. Aujourd'hui vent la
ar et à l’opposé d’il y a mille ans, on voulant impo-
ke ion Sociale ne sont pas des réforma demande pas leur
.Ieurs obsessions à une humanité qui ne CT rolon-
VIS; ils ne f &ler d’un débat continuel, P si
£er et : 9nt que se me : d ecteurs entiers Ê
Popul “xpliciter les préoccupations CE , aintenu constam-
“a ton, discuter d’un problème qu! He des classes domi
û Lover par le réformisme pe n'est pas seulement
Pare °es-mêmes. S’il en est ainsi © 1 ppression CON
Nuent due l'exploitation, l'aliénaton us acceptées SAS
* C est qu’elles continuent de n'être P
Marxisme et théorie révolutionnaÿ,
94
E ue, pour la premi ère fois dans l’histoi 6,
réaction et Surtout ar défendues par | personne, >Mai
Iles ne sont plus ouverte
blème universellement
àà ce probie énonse. La politique
personne ne Prétenq
reconnu, n'a pas CESSE d’être
plus apporter
; de réponse. À
: «e dénonce elle-même, is
puisqu'ells
une manipulation qui s€ Jin
hes particulières de leurs
10e 11 fins
reste la poursuite par des couches pa anale
particulières sous le masque de l’intérét ge Fe PRE F UT
lisation d’un instrument de nature universelle, 1 Etat. L’uni.
vers de la théorie est plus que jamais problématisé et frag-
mentaire, et la philosophie, si elle n’est pas morte, n'ose plus
maintenir ses prétentions d’autrefois, sans être d’ailleurs en
mesure de se définir un nouveau rôle, de dire ce qu’elle est
et ce qu’elle vise. |
Les conditions qui avaient fait naître l’exigence nouvelle du
marxisme non seulement n’ont pas disparu, elles se sont exa-
cerbées et cette exigence se pose à nous en termes beaucoup
plus aigus qu’il y a un siècle. Mais nous avons maintenant aussi
l’expérience d’un siècle qui semble l’avoir finalement tenue en
échec. Comment faut-il l’interpréter? Comment faut-il com-
prendre cette double conclusion, que cette exigence semble
ca resurgir de la réalité et que l’expérience montre
4 1e 1 à pas pu S y maintenir? Que signifient la déchéance
u marxisme, la dégénérescence du mouvement ouvrier? À
quoi
uo liennent-elles,
- que traduisent-elles
: :
? Indiquent-elles :
destin fatal de toute théorie, de tout
un
LS mouvement révolution-
naire ? Aut ant il est impossible d’en faire un sim
ple accident,
60. VoiOir
r L'L'ExExpé
périence du Mouv
ement ouvrier. ]
et2
visme : bilan provisoire
Le mal
95
notre examen de la théorie marxi ste en analysant
a que
du tsti équivalentes sur le plan des es idé
idé es: quels ont
4 les facteurs proprement théoriques qui ont conduit à la
rrification et la déchéance du marxisme comme idéologie ?
çous quelles conditions pouvons-nous aujourd'hui satisfaire
} l'exi gence que nous définissions plus haut, l’incarner dans
une conception qui ne Contienne pas, dès le départ, les germes
de corruption qui ont déterminé le destin du marxisme?
Ce terrain — le terrain théorique — est certes limité: et
d'après le contenu même de ce que nous disons, Ja ques-
tion n’est pas d'établir une fois pour toutes une nouvelle
théorie — une de plus —, mais de formuler une conception
qui puisse inspirer un développement indéfini et, surtout,
qui puisse animer et éclairer une activité effective - ce qui
en sera, à la longue, le test. Mais il ne faut pas pour autant
en sous-estimer l'importance. Si l’expérience théorique ne
forme, d’un certain point de vue, qu’une partie de l’expé-
rience historique, elle en est, d’un autre point de vue, la tra-
duction presque intégrale dans un autre langage; et cela
est encore plus vrai d’une théorie comme le marxisme qui
a modelé l’histoire réelle et s’est laissé modeler par elle de
tant de manières. En parlant du bilan du marxisme et de la
possibilité d’une nouvelle conception, c’est encore, de façon
transposée, dé l'expérience effective d’un siècle et des pers-
pectives du présent que nous parlons. Nous savons parfai-
tement que les problèmes qui nous préoccupent ne peuvent
tre résolus par des moyens théoriques, mais nous Savons
aussi qu’ils ne le seront pas sans une élucidation des idées.
a révolution socialiste telle que nous la voyons est .
me Sans la lucidité, ce qui n'exclut pas, mais au Mr re
fige la lucidité de la lucidité sur son propre compte, © °°
€ la reconnaissance par la lucidité de ses propres ES
,L'inspirat: Le
ISPiration originaire du marxiIs me isait
visal à surmonter
:
ctivité théo-
Alénation de J’ é roduits de son äc
ju et ce qe de its Der la suite «la régression ni
: Pensée? », [1 s'agissait de réintégrer le DT censé de
alique historique, dont il n'avait en vérité ent mystifiée»
* Partie, mais sous une forme le plus souven
| .258.
]
06 Marxisme et théorie révolutionnaÿ,.
98
lie , qu i pr expliquer Ja tr
étend ARS
de l’histoire» est étab
ture et le fonctionnement de chaqu e société à partir de L'ét
de la technique, et le passa ge d’une société à une autre
l’évolution de cette même technique. On postule AINSI Une
de
connaissance achevée en droit, acquise dans son Principe,
toute l’histoire écoulée, qui révélerait partout, ; en dernière
analyse», l’action des mêmes lois RE es hommes
ne font donc pas plus leur histoire que les planètes ne «font,
leurs révolutions, ils sont «faits» par elle, plutôt les deux
sont faits par quelque chose d’autre — une Dialectique de
l’histoire qui produit les formes de société et leur dépasse.
ment nécessaire, en garantit le mouvement progressif ascen-
dant et le passage final, à travers une longue aliénation, de
l'humanité au communisme. Ce communisme n’est plus «le
mouvement réel qui supprime l’état de choses existant », ]
se dissocie entre l’idée d’une société future qui succéderaà
celle-ci, et un mouvement réel qui est simple moyen ou ins-
trument, qui n’a pas plus de parenté interne, dans sa structure
et dans sa vie effective, avec ce qu’il servira à réaliser que le
marteau ou l’enclume n’en ont avec le produit qu’ils aident
à fabriquer. Il ne s’agit plus de transformer le monde, au lieu
de l’interpréter. Il s’agit de mettre en avant la seule vraie
interprétation du monde, qui assure qu’il doit et va être trans-
formé dans le sens que la théorie déduit. Il ne s’agit plus de
praxis mais bel et bien de pratique dans le sens courant du
terme, le sens industriel ou politique vulgaire. L'idée de la
vérification par «l’expérimentation ou la pratique indus-
trielle» prend la place de ce que l’idée de praxis présuppose.
à savoir que la réalité historique comme réalité de l’action
des hommes est le seul lieu où les idées et les projets peuvenl
acquérir leur véritable signification. Le vieux monstre d’une
philosophie rationaliste-matérialiste réapparaît et s'impose,
proclamant que tout ce qui est est «matière» et que cette
matière est de part en part «rationnelle» car régie par les
«lois de la dialectique», que du reste nous possédons déjà.
[l est à peine nécessaire d’indiquer que cette conception
ne pouvait que conditionner une pétrification théorique com”
plète. Dans l'horizon d’un système ainsi fermé — et qui fai-
sait de sa fermeture la preuve à la fois et la conséquence de l!
nécessité de passer à une autre phase historique —, que pou”
vait-il y avoir d’autre que des travaux d'application, plus 04
À
:me : : bilebilan provisoire
Le ma? visme 99
des compléments, plu
join” aussi
À rappeler qu elle conduit fatalem ent à une rillants ? 1
Politique
M maliste »-bureaucratique. Brièveme nt parl
ant, s’i] y a
cv dé absolu concernant l'histoire, l’action autonome des
sommes n'a plus aucun sens (elle serait {out
au plus un des
éguisements de la ruse de la TaisOn); il reste donc, à ceux
ui sont investis de ce savoir, à décider des moyens les plus
efficaces €t les plus rapides POur parvenir au but. L’action
olitique devient une action fechnique, les différences qui la
éparent de l’autre technique ne Sont pas de principe mais
de degré (lacunes du Savoir, incertitude de l’information
etc.). Inversement, la pratique et la domination des couches
pureaucratiques se réclamant du marxisme ont trouvé dans
celui-ci le meilleur «complément solennel de justification»
la meilleure couverture idéologique. L’évacuation du quo-
tidien et du concret à l’aide de l’invocation des lendemains
garantis par le sens de l'histoire; l’adoration de l’«effica-
cité» et de la «rationalisation » capitalistes ; l’accent écrasant
mis sur le développement des forces productives, qui com-
manderait le reste; ces aspects, et mille autres, de l'idéologie
bureaucratique dérivent directement de l’objectivisme et du
progressisme marxistes ‘. |
En faisant du marxisme l’idéologie effective de la bureau-
cratie, l’évolution historique a vidé de tout sens la ques-
tion de savoir si une correction, une réforme, une révision,
un redressement pourraient restituer au marxisme son Carac-
tère du départ et en faire de nouveau une théorie révolution-
naire. Car l’histoire fait voir dans les faits ce que l'analyse
théorique montre de son côté dans les idées: que le système
marxiste participe de la culture capitaliste, au sens le plus
général du terme, qu’il est donc absurde de vouloir en faire
l'instrument de la révolution. Cela vaut absolument pour le
marxisme pris comme système, comme tout. Il est vrai que
k système n’est pas complètement cohérent; qu on HOUVER
D
arxisme : bilan provisoire
Len 101
entreprise consciente, c’est là une conditio
Le non suffisante, de tout nouveau
départ n nécessaire, bien
L'origine théorique de la déchéance du mar
xisme, l’équi-
valent idéologique de la dégénérescenc e bureaucratiq
ue
di por semaine à chercher da NS la transforma-
n rapide de la nouvelle conception en un sy
dique achevé et complet dans son intention, Re
contemplatif et au spéculatif comme mode dominant de ]
olution des problèmes posés à l’humanité. L
La transformation de l’activité théorique en système théo-
rique qui se veut fermé c’est le retour vers Je sens le plus
rofond de la culture dominante, C’est l’aliénation à ce qui
est déjà là, déjà créé; c’est la négation du contenu le Es
fond du projet révolutionnaire, l’élimination de l’activité
réelle des hommes comme source dernière de toute significa-
tion, l'oubli de la révolution comme bouleversement radical
de l'autonomie comme principe suprême; c’est la prétention
du théoricien de prendre sur ses propres épaules la solution
des problèmes de l’humanité. Une théorie achevée prétend
apporter des réponses à ce qui ne peut être résolu, s’il peut
l'être, que par la praxis historique. Elle ne peut donc fermer
son système qu’en pré-asservissant les hommes à ses sché-
mas, en les soumettant à ses catégories, en ignorant la créa-
tion historique, lors même qu’elle la glorifie en paroles. Ce
qui se passe dans l’histoire, elle ne peut l’accueillir que s’il
se présente comme sa confirmation, autrement elle le com-
bat - ce qui est la façon Ja plus claire d'exprimer l'intention
d'arrêter l’histoire ‘?.
. 66. Pour montrer que notre critique du système marxiste était «existen-
»,
lialiste un agrég é de philo sophi e a mobilisé ses souvenirs de petit oral et a
voulu nous confondre avec cette citation de Kierkegaard: «… Etre un Sys-
ne et être clos se correspondent l’un à l’autre, mais l'existence est sé
ment l'opposé... L'existence est elle-même un système ' — pour DESEs
pour un espr it exis tant . » Îl est dommage D or te
Ro re philosophe m
gra
pro[a mme d’a gré gat ion . Not
le eu aualors chance de tomber sur la citation itati SUIVAU
ivante: « t
Philosophes, le “système” est précisément ce qui est périssable, ne
Face qu'il est issu d’un besoin impérissable de 1 esprit humain,
= . . cit, o 10
Qamonter toutes les contradictions. » (Ludwig Feuer a est ME
ss Jean-FrançoisL
4 i était l'agrégé en question:
yotard qui était ££ trouve dans
l' in 67. L expression
.
empirique,
> mais
, nécessaire, is: çs uan en depuis des
dr able incapacité des marxistes de toutes les deCE l'histoire vivanié,
tnnies, de renouveler leur réflexion au contact
102 Marxisme et théorie révolutionnaire
dans l'hostilité permanente avec laquelle ils ont accueilli ce que la culture
moderne à produit de meilleur et de plus révolutionnaire, qu’il s'agisse de
la psychanalyse, de la physique contemporaine ou de l’art. Trotski est à cet
égard la seule exception et combien il est peu typique le montre l’exemple
opposé d’un des marxistes les plus féconds et les plus originaux, G. Lukäcs,
qui est toujours resté, face à l’art, un digne héritier de la grande tradition
classique « humaniste» européenne, un «homme de culture » foncièrement
conservaleur et étranger au «chaos» moderne et aux formes qui s'y fon!
jour.
| 68. Nous prenons évidemment « expérience» au sens le plus large POS
sible— au sens par exemple auquel Hegel pouvait penser que sa philosophie
exprimait toute l'expérience de l'humanité, non seulement théorique, mais
Pratique, politique, artistique, etc.
103
Le marxisme * bilan provisoire
econnaît la variabilité des lois à un certain niveau, Marx dit
avec raison qu’il n'y a pas des lois démographiques en géné-
ral, que chaque type de société comporte sa démographie ; et
a même chose vaut, dans sa conception et en réalité, pour les
lois économiques » de chaque type de société. Mais l’ap-
arition du sous-systéme donné de lois démographiques ou
sconomiques correspondant à la société considérée est elle-
même réglée une fois pour toutes par le système plus général
de lois qui déterminent l’évolution de l’histoire. A cet égard,
peu importe si la théorie tire ces lois, consciemment ou
inconsciemment, du passé, du présent ou même d’un avenir
qu’elle construit ou « projette ». Ce qu’elle vise, c’est en tout
ças un intemporel, et qui est de substance idéale. Le temps
n’est plus pour elle ce que nous enseigne aussi bien notre
expérience la plus directe que la réflexion la plus poussée: le
suintement perpétuel du nouveau dans la porosité de l’être,
ce qui altère l’identique même lorsqu'il le laisse intact, il est
médium neutre de déroulement, condition abstraite de coexis-
tence successive, moyen d’ordonner un passé et un avenir
qui se sont toujours idéalement préexisté à eux-mêmes. La
nécessaire double illusion de la théorie fermée est que le
monde est déjà fait depuis toujours, et qu’il est possédable
par la pensée. Mais l’idée centrale de la révolution, c’est
que l'humanité a devant elle un vrai avenir, et que cet avenir
n’est pas simplement à penser, maïs à faire.
Cette transformation du marxisme en théorie achevée”
contenait la mort de son inspiration révolutionnaire initiale.
Elle signifiait une nouvelle aliénation au spéculatif, car elle
transformait l’activité théorique vivante en contemplation
d’un système de relations données une fois pour toutes; elle
contenait en germe la transformation de la politique en tech-
que et en manipulation bureaucratique, puisque la politique
évidem-
69. Lorsque nous parlons de théorie achevée, nous n’entendons
“Ent pas la forme de la théorie: peu importe si l’on peut ou non en ns
ë Sxposé systématique «complet» (en fait, on le peut pour le Dee
VEUent
"1 les partisans de la théorie protestent et affirment qu'ils ne des P
idées et
constituer un nouveau système. Ce qui importe, c'est la teneur
gelles-ci, dans le matérialisme histori que, fixent irrévocablement la struc-
dre et le contenu de l’histoire de l'humanité. La préface de la Contribu-
me la critique de l'économie politique (1859) formule pleinedéjà complète
L'un malgré sa brièvet é, une théorie de l'histo ire aussi et Term
œuf,
104 Marxisme et théorie révolutionnaÿ