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Histoire des Arts

Le Frontispice de l’ouvrage de VOLTAIRE


Eléments de la philosophie de Newton mis à
la portée de tout le monde, 1738

2014 -
2015
Présentation de l’ouvrage :
Voltaire

Élémens de la philosophie de Neuton mis


à la portée de tout le monde

Amsterdam, J. Desbordes, 1738

BNF, Réserve des livres rares, Rés. Z. Voltaire, François Marie Arouet
dit. Elémens de la philosophie de
Beuchot 239 Newton. Amsterdam, Jacques
Desbordes, 1738.
© Bibliothèque nationale de France
Qu’apporte cet ouvrage (livre) :
A l’époque où Voltaire écrivait ses lettres d’Angleterre, le monde intellectuel
français était cartésien.
La physique de Newton supplanta définitivement celle de Descartes vers les
années 1750 grâce à la publication des Eléments de la philosophie de Newton
(1738).
L’ouvrage de Voltaire (philosophe et écrivain français) est un texte destiné au
grand public, dans lequel Voltaire illustre les théories physiques et
métaphysiques du scientifique anglais.
Il était audacieux dans la France de Descartes et de Malebranche de proposer
Newton comme type idéal du philosophe. Cela signifiait toucher directement la
conception chrétienne de l’homme pour s’émanciper de la théologie et affirmer
une pleine confiance dans les forces de la raison et de la science.
Qu’apporte cet ouvrage (livre) :
« Pour prendre acte du rôle de Voltaire dans la diffusion de la pensée de Newton en
France, commençons par rappeler que l’ouvrage où il expose le système du monde
de Newton a connu près de 26 éditions entre 1738 et 1785. C’est en lisant Voltaire
qu’au XVIIIe siècle on apprend ce qu’est la loi de l’attraction universelle. Newton a
certes publié ses Principes mathématiques de la philosophie naturelle en 1687 mais,
cinquante ans plus tard, les Français demeurent majoritairement fidèles à Descartes.
Il faut donc attendre 1738 pour que Voltaire, en livrant un véritable combat pour la
science newtonienne, change le regard de ses compatriotes sur le système du monde.
Voltaire a su mettre Newton à la portée de tout le monde. Il s’adresse aux
Français qui ne connaissent de Newton que le nom. Il ne s’adresse pas aux savants
mais aux personnes qui font preuve d’esprit philosophique. Les lecteurs auxquels
Voltaire s’adresse sont les futurs lecteurs de l’Encyclopédie.
Vulgarisateur, c’est lui qui, le premier, a rapporté l’anecdote de la pomme.
Voltaire, en écrivant les Eléments inaugure une nouvelle manière de présenter la
science : il ne s’agit plus de divertir et d’amuser les marquises mais de les instruire en
leur faisant prendre conscience que n’est pas savant qui veut. »
(C. Paillard, Le problème du fatalisme dans la philosophie de Voltaire).

Philosophiæ Naturalis Principia Mathematica : Le livre de Newton fait référence à la


philosophie naturelle, expression qu’on remplacerait actuellement par « physique ».
Voltaire fait connaitre en
France les idées de Newton
en 1738 dans son livre :
Eléments de la philosophie de
Newton
France jusqu’au XVII siècle Angleterre fin XVII siècle
DESCARTES : NEWTON :

Philosophe, mathématicien et physicien philosophe, mathématicien,


Il est l’un des fondateurs du mécanisme. physicien, alchimiste, astronome et
Sa pensée a pu être rapprochée de la théologien anglais. Il révolutionne
peinture de Nicolas Poussin pour son le monde de la physique et de la
caractère clair et ordonné. Le cogito (« Je mécanique grâce à ses travaux sur
pense donc je suis ») marque la naissance de la gravitation (lois de la gravitation
la subjectivité moderne. universelle). Il développe en 1687 la
mécanique classique (ou
Newtonnienne). Il fait des
découvertes très importantes en
optique.
Présentation de l’oeuvre :
Frontispice du livre de Voltaire

Définition d’un frontispice :

Un frontispice est une illustration, placée,


dans un livre, sur l'une des pages de titre.
Il peut être sur une page faisant face à la page
de titre, ou se trouver sur la page de titre,
sous le titre.
Souvent réalisée en gravure, le frontispice
représente généralement une scène
importante du livre, ou le portrait de
l'auteur.

Les pages de titre illustrées de gravures étaient autrefois


d'un usage fréquent, en particulier dans les bibles et les
Extrait de Wikipédia
livres savants.
Présentation de l’oeuvre :
Autres exemples de Frontispice :

Frontispice des Vitellonis Frontispice de l'Afrique sauvage de


Thuringopoloni opticæ Paul Belloni Du Chaillu (1868)
libri decem :
Archimède incendie la
flotte de Marcellus avec
un miroir ardent (1572) Extrait de Wikipédia
Présentation des artistes :
Dubourg et Folkema
Peintre ou Dessinateur : Du Bourg, Louis Fabricius
(1693-1775), peintre d’histoire et graveur à Amsterdam

Graveur : Folkema, Jacob


(Dokkum, 18 août 1692 - Amsterdam, 3 février 1767) néerlandais

Nature de l’image : Gravure sur cuivre

Jacob Folkema, dessinateur et graveyr, Louis Fabrice Dubourg, peintre et graveur, né à


naquit à Dockum en Frise en 1692 Amsterdam en 1693. Il apprit les principes de
s’établit à Amsterdam, et mourut dans l’art de Jean Lairesse et de Jacques van
cette ville en 1767. Il apprit la gravure Huysum. Mais, destiné au commerce, il ne
de son père, Jean-Jacques Fokke, habile dessinait et ne peignait qu’à ses heures de
orfèvre. Il a beaucoup gravé d’après les loisir. Dubourg dut une partie de sa réputation
dessins de Picart et d’après ses à bernard picart, son ami qui grava plusieurs de
propres compositions, nombre de ses compositions. Il a peint des sujets galants et
petits portraits et d’ornements de des plafonds estimés. Cet artiste a gravé à
livres. Il avait une sœur, Anne Fokke, Amsterdam plusieurs jolies vignettes, sujets
bonne peintresse en miniature, qui a galants dans le goût de Picart.
aussi gravé quelques feuilles et qui
mourut peu après son frère.
La gravure :
La gravure désigne un ensemble de techniques utilisées en art pour
reproduire un dessin.
Le principe consiste à graver une matrice, qui est transposée après encrage
sur un support tel que le papier. L'œuvre finale ainsi obtenue s'appelle une
estampe.
Par abus de langage, les termes « gravure », « estampe » et « tirage » sont
souvent confondus.
La première technique identifiée est la xylographie, apparue en Chine au
VIIe siècle.
Parallèlement à l'invention de l'imprimerie en Europe, ces techniques connaîtront
un développement considérable à partir de la Renaissance.
Wikipédia

Martyre de Saint Sebastien


Allemagne du sud, vers 1470–1475
British Museum.

Matrice Estampe
gravée sur imprimée sur
Bois papier
Gravure à l’eau-forte sur cuivre :
Le principe est simple mais indirecte :
Sur la plaque de cuivre préalablement recouverte d’un vernis à graver, l’artiste dessine
son motif à la pointe métallique. La plaque est ensuite placée dans un bain d’acide
nitrique (appelé mordant) qui « ronge » les zones à découvert et laisse intactes les parties
protégées. Après nettoyage du vernis, la plaque est encrée et mise sous presse.
Description de l’œuvre :
Présentation d’ensemble :

Le frontispice présente 3 personnages :


2 hommes et une femme, sur 3 plans
différents.
L’homme en avant plan en bas à gauche
semble étudier studieusement à son
bureau et écrire à l’aide d’une plume.
La femme en second plan en haut à
droite regarde le 3ième personnage en
haut à gauche et qui domine la scène

L’estampe monochrome (du fait de la technique de


la gravure) travaille la représentation du relief et le
velouté des drapés des personnages par des jeux de
lumière et des alternances de clair/obscur
contrastés.
La scène se découpe visuellement en 2 parties : une
supérieure et une inférieure. L’homme et la femme
au-dessus semblent voler dans les airs, portés
respectivement par des nuages et des anges.
Description de l’œuvre :

 1) Qui est l’homme en bas?


Quels sont les objets au sol?
 2) Qui est l’homme en haut à
gauche? Que tient-il dans les
mains?
 3) Qui est la femme? Que tient-
elle?
 4) Quel élément lie ces trois
personnages?
voltaire

• Il écrit, couronné de lauriers


• A ses pieds des livres, un globe
terrestre, équerres, compas, pendule
pour mesurer les angles… Tous objets
nécessaires à la compréhension de la
science newtonienne…Objets qui se
trouvaient déjà pour partie dans les
portraits de madame du Châtelet
Isaac Newton
 Isaac Newton est un savant
anglais qui a découvert les lois
de la gravitation.
 Il tient un globe astral et un
compas que l’on retrouvera
aussi dans les portraits de
madame du Châtelet…
 Il domine la scène et son
regard semble porté vers un
espace lointain, il flotte dans
les airs, porté aux nues sur un
nuage.
Emilie Du Châtelet
 Emilie Du Châtelet regarde en
direction de Newton.
 Amante de Voltaire, elle lui a
permis de comprendre les
travaux de Newton par son
travail de traduction en français.
 Elle tient un miroir
 Elle est représentée sous forme
allégorique, comme portée aux
nues par des angelots, telle une
muse.
Qu’est-ce qu’une allégorie ?
Dès l'Antiquité, les sculpteurs ont représenté des idées abstraites sous formes
de figures humaines ou animales, ou d'objets symboliques.
La vogue de l'allégorie dans les beaux arts se développe aux XVIe et
XVIIe siècles avec celle des livres d'emblèmes, et connaît son apogée dans l'art
baroque

Exemples :

La liberté sous les traits de La Justice. Allégorie de la mort


la France révolutionnaire. Gaetano Gandolfi, 1761
Symbolique très
forte dans cette
gravure
Newton qui domine la scène se situe de
façon symbolique au ciel nous est montré
comme dominant par la pensée et ses idées
scientifiques novatrices le monde.

La connaissance des lois scientifiques qui


régissent le monde sont à sa portée
(symbole de la planisphère) et lui donnent
un regard vers un nouveau monde de
connaissance et de compréhension auquel
les Français n’ont pas accès du fait de la
langue.

Son esprit éclaire par ses découvertes


scientifiques (de façon symbolique par un
faisceau de lumière) le monde « terrestre »,
plongé dans « l’ignorance ».
Symbolique très
forte dans cette
gravure

Voltaire assis dans une pose studieuse à


son bureau est représenté en train d’écrire
son livre « Eléments de la philosophie de
Newton » dont le frontispice en est
l’illustration.

Le travail d’étude des œuvres de Newton


est symbolisé par les objets de sciences et
les livres posés par terre.

Il reste concentré sur sa tâche, comme


pour montrer la complexité de son travail.
Symbolique très
forte dans cette
gravure

Madame du Chatelet, représentée dans une


posture et des vêtements qui font
référence aux figures allégoriques en
peinture ou en sculpture tient dans ses
mains un miroir pour refléter la lumière de
la connaissance provenant de Newton vers
Voltaire.

Cette représentation est un hommage


rendu par Voltaire à Madame du Châtelet
qui l’a beaucoup aidé dans la rédaction de
son livre et qui lui a permis de comprendre
les idées de Newton, mais qui malgré ses
qualités de femme de science n’est pas du
tout connu du public comme l’était Voltaire
en son temps.
Symbolique très
forte dans cette
gravure

Son aide précieuse apportée à Voltaire dans


la compréhension de l’œuvre de Newton
sont mises en valeur par une multitude
d’angelots qui la soutiennent comme pour
mieux rendre visible et montrer au lecteur
cette inconnue du public à qui le livre de
Voltaire doit pourtant beaucoup.
Elle est ainsi représentée comme une muse,
aux yeux de Voltaire.
Symbolique très
forte dans cette
gravure
Cependant ce portrait de Mme du
Châtelet très symbolique n’est pas très
réaliste et représentatif de la femme
qu’elle était :
Ces aptitudes scientifiques et
intellectuelles, son esprit raisonné et
curieux ne sont pas mis en valeur dans ce
portrait contrairement à Newton et
Voltaire qui sont entourés d’objets
témoignant de leur esprit éclairé et
supérieur.
Il ne faut pas oublier que dans ce
contexte d’avant-révolution française
(1789), même pour un ouvrage comme
celui de Voltaire qui introduit la
« philosophie » des lumières, la femme
dans la noblesse ne peut avoir qu’un rôle
de représentation ou de figuration.
Symbolique très
forte dans cette
gravure
Le faisceau de lumière relie donc Newton,
Mme Du Châtelet et Voltaire comme une
parfaite illustration de la « philosophie des
lumières » qui se veut une ouverture et une
diffusion de la connaissance à tous et qui
initiera une révolution culturelle qui aboutira
quelques temps plus tard à la révolution
française (1789).

C’est l’objectif de Voltaire qui à travers son


livre cherche à vulgariser (rendre accessible à
tous) les idées nouvelles de Newton, à
diffuser au plus grand nombre son livre dans
une période de monarchie absolue où l’accès
à la connaissance et à la culture n’était
autorisée et possible qu’aux riches ou
puissants (noblesse, clergé …).
Emilie Du Châtelet.

La Marquise Du Châtelet, vers 1745, Marianne Loir


Emilie Du Châtelet à son bureau, huile sur toile, auteur (vers 1715-après 1779), huile sur toile, 118 cm x 96
et date inconnus, Choisel, château de Breteuil. cm, Bordeaux, musée des Beaux-Arts.
Emilie Du Châtelet, femme de sciences à sa
table
 Il est question de repérer les
objets du savoir.
La femme de sciences…toujours
* Quels sont les objets du savoir?
* Où sont-ils placés par l’artiste?
Une femme à sa table

 Il s’agit de mettre en évidence


les signes de son élégance, de
son niveau de vie.
 Comment l’artiste peint-il son
attitude?
Une « femme du monde »

 Comment l’artiste met-il en


scène la « femme du
monde », coquette et
amoureuse?
Portrait d’une femme de science :
La culture scientifique était peu fréquente chez les femmes du XVIIIe siècle:
elle ne correspondait à aucun débouché professionnel, et les femmes des groupes
sociaux favorisés recevaient une éducation surtout tournée vers les arts
d’agrément, les langues étrangères et la culture littéraire.
L’exception que constitue le cas de Mme Du Châtelet s’explique par les soins
particuliers que son père avait pris pour son instruction, et par sa propre
détermination, qui l’amena à demander des leçons aux savants français les plus
réputés de son temps, tels que les académiciens Clairault et Maupertuis, en
profitant des occasions de rencontre qu’offrait la vie de société à Paris, où la
haute noblesse côtoyait les intellectuels dans les salons, dans les châteaux des
environs et à la cour.
De son vivant, la réputation scientifique européenne de Mme Du Châtelet
s’établit grâce à deux oeuvres: en 1739, la Dissertation sur la nature et la
propagation du feu ; en 1740, les Institutions de physique.

Emilie Du Châtelet justifie le travail de la traduction, excellent comme exercice de


l’esprit et comme moyen de communication entre les cultures, mais surtout, en
expliquant pourquoi elle s’y est consacrée, elle revendique pour les femmes
le droit à l’égalité avec les hommes, notamment dans le domaine
intellectuel.
Portrait d’une femme de science :
Émilie du Châtelet était donc familière de l’œuvre de Newton depuis des années.
Elle pensait qu'elle n'avait pas de génie, mais elle se voulait médiatrice entre les
grands savants et les hommes de culture à travers ses traductions et ses écrits.

Elle maîtrisait remarquablement bien le latin et de plus était en mesure de


comprendre la physique de Newton.
En fait elle est allée bien au-delà d’une traduction fidèle et claire car son érudition
et sa compréhension en profondeur des concepts lui ont permis, dans la partie de
l’ouvrage qui suit la traduction des Principia, d’apporter une contribution
personnelle originale et remarquable de modernité
Les apports d’Emilie du Châtelet
La culture scientifique était peu fréquente chez les femmes du XVIIIe siècle:
elle ne correspondait à aucun débouché professionnel, et les femmes des groupes
sociaux favorisés recevaient une éducation surtout tournée vers les arts
d’agrément, les langues étrangères et la culture littéraire.
L’exception que constitue le cas de Mme Du Châtelet s’explique par les soins
particuliers que son père avait pris pour son instruction, et par sa propre
détermination, qui l’amena à demander des leçons aux savants français les plus
réputés de son temps, tels que les académiciens Clairault et Maupertuis, en
profitant des occasions de rencontre qu’offrait la vie de société à Paris, où la haute
noblesse côtoyait les intellectuels dans les salons, dans les châteaux des environs
et à la cour. De son vivant, la réputation scientifique européenne de Mme Du
Châtelet s’établit grâce à deux oeuvres: en 1739, la Dissertation sur la nature et la
propagation du feu ; en 1740, les Institutions de physique.

"L’expérience est le bâton que la nature a donné


à nous autres aveugles pour nous conduire dans
nos recherches"
Émilie Du Châtelet, Institutions de physique, Paris, Prault,
1745, p. 10
Le contexte de la philosophie des
lumières :
Diderot et une historienne définissent la philosophie des Lumières
« Ce qui caractérise le philosophe et le distingue du vulgaire (1), c’est qu’il n’admet rien
sans preuve, qu’il n’acquiesce point à des notions trompeuses et qu’il pose exactement les
limites du certains, du probable et du douteux. »
Diderot, Lettre à Sophie Volland, 26 septembre 1762

« L'Homme des Lumières, éclairé par la Raison (2), est libre de se consacrer aux sciences et aux arts qui
doivent libérer le monde des pesanteurs du passé et contribuer à le transformer de façon utilitaire pour
le bonheur du plus grand nombre possible […] qui commence sur cette terre.
[…] Contre la Révélation (3) contre l’autorité et la tradition, les Lumières se fondent sur l’expérience et
recherchent les lois de la nature à partir de l’observation, de l’analyse, de la comparaison. […] la science
s’adresse plaisamment aux gens du monde. […]
Une masse de nouveaux instruits […] souscrit aux livres nouveaux, se jette sur l’Encyclopédie, parle
dans les cafés et les promenades alors que les salons deviennent philosophiques […].
Le succès des Lumières est celui de la diffusion, clubs, salons, cafés, académies ont contribué à former
l’homme des Lumières»
Monique Cottret, Extrait de l’article « Lumières »,
Dictionnaire de l’Ancien Régime sous la direction de Lucien Bély, PUF, réed. 2005

(1) de l’homme ordinaire


(2) faculté de raisonner par laquelle on connait et on juge
(3) communication que Dieu fait à l'humanité. Les Lumières souhaitent avoir une liberté de pensée refusée par l'Eglise et par la monarchie absolue.
L’encyclopédie :
symbole de la philosophie des lumières
Le Frontispice de l’Encyclopédie :
Les illustrations de l'Encyclopédie de
Diderot et D'Alembert montrent
combien cet art contribua à populariser
la culture.
Au XVIIIe siècle, la gravure sur cuivre
sous ses diverses formes (taille-douce,
eau-forte, etc) prédomine. La gravure sur
bois se cantonne à l'imagerie populaire.
On remarque l’utilisation d’allégories
dans la représentation symboliques des
éléments de culture :
Vérité, raison, géométrie, physique,
philosophie, musique …
Jean le Rond d’Alembert
Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des
sciences, des arts et des métiers
L’hommage de Voltaire :
Voltaire, Alzire ou les Américains, préface à Madame la marquise Du Chastelet
Paris, Bauche, 1736, première page,
BNF Arsenal, GD 4941
Dans la préface de cette pièce écrite et représentée à la Comédie française en 1736,
Voltaire défend le droit des femmes à la vie scientifique et intellectuelle. Il ouvre son
texte par un hommage à Emilie Du Châtelet, inspiratrice directe du personnage d’Alzire.

"A Madame la marquise Du Chastelet


Madame,
Quel faible hommage pour vous, qu’un de ces ouvrages de poésie, qui n’ont qu’un tems, qui doivent leur
mérite à la faveur passagère du Public et à l’illusion du théâtre, pour tomber ensuite dans la foule et dans
l’obscurité.
Qu’est-ce en effet qu’un roman mis en action et en vers, devant celle qui lit les ouvrages de géométrie
avec la même facilité que les autres lisent les romans, devant celle qui n’a trouvé dans Locke, ce sage
précepteur du Genre humain que ses propres sentiments et l’histoire de ses pensées, enfin aux yeux
d’une personne, qui, née pour les agréments, leur préfère la vérité."

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