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Joseph Goebbels (prononcé en allemand : [ˈɡœbəls]), né le 29 octobre 1897 à Rheydt1 et mort le 1er

mai 1945 à Berlin, est un homme d'État allemand. Proche d'Adolf Hitler, il fut, avec Hermann Göring et
Heinrich Himmler, l'un des dirigeants les plus puissants et influents du régime nazi.

Du fait de son action de 1933 à 1945 au ministère de l'Éducation du peuple et de la Propagande, son
nom reste indissolublement lié à l'emploi des techniques modernes de manipulation des masses, et un
modèle pour la propagande des États totalitaires.

Antichrétien radical2, et surtout antisémite acharné, il a joué un rôle moteur dans les persécutions
contre les Juifs allemands, par ses discours enflammés et, notamment, en organisant la nuit de Cristal en
novembre 1938.

Quoique désigné comme chancelier par Hitler avant son suicidea, il se donne la mort le lendemain dans
le Führerbunker en compagnie de son épouse Magda, après qu'elle a empoisonné leurs six enfants,
échappant ainsi à tout jugement.

Sommaire

1 Biographie

1.1 Enfance et études (1897-1922)

1.2 Carrière au sein du parti nazi (1922-1933)

1.2.1 Un proche des frères Strasser (1922-1926)

1.2.2 Au service de Hitler (1926-1933)

1.3 Le Troisième Reich

1.3.1 Ministre de la Propagande : 1933-1945

1.3.2 Stratégies de propagande

1.3.3 Kirchenkampf, le combat contre le catholicisme

1.3.4 Plénipotentiaire pour la guerre totale

1.4 Derniers jours


1.5 Vie privée

2 Le journal de Goebbels

3 Écrits de Goebbels

3.1 Textes publiés

3.2 Textes non publiés

3.3 Journal

4 Notes et références

4.1 Notes

4.2 Références

5 Annexes

5.1 Journal de Joseph Goebbels

5.2 Bibliographie

5.3 Films où apparaît le personnage de Goebbels

5.3.1 Cinéma

5.3.2 Télévision

5.4 Articles connexes

5.5 Liens externes

Biographie

Enfance et études (1897-1922)

Paul Joseph Goebbels nait à Rheydt, ville industrielle de l'Ouest de l'Allemagne, dans la banlieue sud de
Mönchengladbachb, à une vingtaine de kilomètres à la fois de la frontière néerlandaise (à l'ouest), du
Rhin (à l'est) et de la Ruhr (au nord), principale région industrielle allemande. D'origine modeste, il est le
fils de Fritz Goebbels et de Katharina Odenhausen. Son père, d'abord garçon de course dans une
fabrique de réverbères, devient ensuite commis, puis employé de bureau, comptable et chef-comptable
d'une usine de fabrication de mèches. Tous deux catholiques, ses parents ont eu en tout six enfants :
Konrad (1893-1949), Hans (1895-1947), Maria (1896-1896), Joseph (1897-1945), Elisabeth (1901-1915)
et Maria (1910-1949)3 ; la famille comporte cinq enfants vivants : Goebbels a deux frères aînés puis
deux sœurs cadettes.
Atteint d’ostéomyélite dans sa petite enfance, Goebbels perd l’usage de son pied droit à l'âge de quatre
ans. En outre après l'échec d'une opération l'année de ses dix ans, il est contraint de porter un appareil
orthopédique pour le restant de ses jours4.

Goebbels a entamé ses études primaires depuis Pâques 1904, dans une école proche de son domicile. Il
suit ses études secondaires au Gymnasium catholique de Rheydt : élève brillant mais peu aimé de ses
camarades et professeurs, il y est surnommé « Ulex » par référence à Ulysse renommé pour sa mètis («
intelligence rusée »)5.

Alors que ses deux frères sont incorporés pour prendre part à la Première Guerre mondiale, un médecin
militaire le déclare inapte pour le service dès 1914, l'année de ses 17 ans et, à son grand dépit, il est
réformé. Appelé en juin 1917 pour un poste dans les bureaux de l'armée, il est vite renvoyé à la vie
civile6. Diminué, et mesurant un mètre soixante-cinq, il aurait fait passer par la suite son infirmité pour
une blessure de guerre7. Toute sa vie, il va garder un fort complexe de sa faible constitution
physique[réf. nécessaire].

Il décroche son Abitur (équivalent du baccalauréat) en 1917. Quoique excellent, « cet élève studieux
était trop renfermé pour être aimé de ses camarades, trop prétentieux pour être apprécié de ses
professeurs »8.

Il poursuit des études universitaires en philologie classique pendant deux semestres à Bonn9, puis à
Fribourg en été 1918, et l’hiver suivant à Wurtzbourg. De retour à Fribourg-en-Brisgau en été 1919, il
part ensuite étudier à Munich. Après un nouveau retour à Fribourg, il s’inscrit à l’université de
Heidelberg où il termine ses études. Il est fasciné par l'écrivain Friedrich Gundolf, et sous la direction
d’un professeur d’origine juive, Max Freiherr von Waldberg, il rédige une thèse de doctorat consacrée à
l’écrivain romantique Wilhelm von Schütz, « l’un des modèles du conservatisme intellectuel et politique
le plus strict »10. Après un an, il obtient son doctorat le 18 novembre 192111 : il vient d'avoir 24 ans.
Jusqu’à sa mort, il ne manquera jamais, en toutes circonstances, de veiller à ce que soit indiqué son titre
universitaire, « Monsieur le Docteur Goebbels »12,c.

Carrière au sein du parti nazi (1922-1933)

Mariage de Magda et Joseph Goebbels, en décembre 1931. En arrière-plan, leur témoin : Adolf Hitler.
Un proche des frères Strasser (1922-1926)

Après son doctorat, Goebbels travaille comme journaliste, et tente sans succès de faire publier un
roman d'inspiration autobiographique, Michael13. En 1923, il écrit dans son journal qu'il va proposer à
l'édition à La Schauspiel Köln deux de ses pièces de théâtre : Le Voyageur et Prométhée14. Il cherche à
compenser la mauvaise image qu'il a de lui-même par ses conquêtes féminines15, puis trouve des
responsables à ses échecs littéraires lors de ses premiers contacts avec le NSDAP : « les Juifs »[réf.
nécessaire]. Dès 1924, Goebbels rejoint le NSDAP dirigé par Adolf Hitler depuis 1921. Son supérieur est
Gregor Strasser, et son haut niveau d'études le propulse rapidement à la tête des journaux nazis de la
Ruhr. Sa grande intelligence et sa formation intellectuelle font qu'il a la charge d'un nombre plus
important de publications du parti dans de plus en plus de régions d'Allemagne.

Parallèlement à cette activité, il écrit de nombreux discours, où ses talents d'orateur sont appréciés.
Dans le parti d'alors, les frères Strasser (Otto et Gregor) sont ses mentors. Ils ont une belle place au sein
du parti, car ils ont su profiter du séjour de Hitler en prison[réf. nécessaire] (du 11 novembre 1923 au 20
décembre 1924). À son retour, Hitler ne peut le supporter. Joseph Goebbels fait donc ses premières
armes dans une aile du parti qui est jugée plutôt rivale de Hitler (même s'il répète sans cesse son
dévouement à ce dernier).

À cette époque, il note dans son journal intime que certains discours de Hitler l'horrifient et le
répugnent fortement, par leur brutalité, mais aussi par le rapprochement souhaité par Hitler du parti
avec les puissances d'argent, le parti ayant besoin de financement. Désireux de changements radicaux, il
n'hésite pas à dénoncer les « réactionnaires », et à proclamer que « seul le socialisme peut libérer
l'Europe » : pour lui, il faut d'abord bannir le libéralisme et rénover le socialisme. Il fait alors des discours
dénonçant « le système capitaliste16 ». Le 12 juillet 1925, Goebbels voit Hitler pour la première fois à
Weimar lors d'un discours public de ce dernier qui le laisse subjugué « Quelle voix, quels gestes, quelle
passion ! […] mon cœur s'arrête, je suis suspendu à chacun de ses mots »17. Il admire Hitler, mais a des
désaccords profonds au sujet des nationalisations économiques (que Goebbels veut mettre en place
partout) et sur la notion de propriété (Goebbels veut supprimer la propriété privée). Le 24 janvier 1926,
lors d'un meeting au cours duquel Hitler est absent, il exprime le souhait de l'exclure du parti18.

Au service de Hitler (1926-1933)

Membre de l’aile gauche du parti, Goebbels va pourtant rejoindre son aile droite. Au début de 1926,
Hitler remet progressivement la main sur le parti. Il s'appuie pour cela sur l'aile droite animée par Julius
Streicher (que Goebbels appelle « les porcs », « les crapules d'en-bas »[réf. nécessaire]), opposé aux
Strasser, et en lien avec l'establishment allemand (Erich Ludendorff par exemple). Hitler, dans son
discours du 14 février 1926 à Bamberg, devant 60 dirigeants du parti, définit une politique dont le seul
ennemi est le bolchevisme. Ce discours offense profondément les partisans des Strasser. Goebbels est
retourné, malade (« C'est ma cohésion intérieure qu'on m'a retirée. Je ne suis plus que la moitié de moi-
même »)[réf. nécessaire]. Il commente : « Quel Hitler est-ce là ? Un réactionnaire ? L'Italie et
l'Angleterre sont des partenaires naturels. Terrifiant ! […] Ne pas porter atteinte à la propriété privée !
Atroce19 ! »

Durant le reste du mois de février, Goebbels et le clan Strasser essayent de retourner Hitler contre l'aile
droite. Vainement, mais Hitler tempère, laissant une porte ouverte : dans un discours du 28 février, il
s'en prend essentiellement au « marxisme ». Goebbels sait que c'est la chance à saisir, il prépare sa
trahison : au début de mars, Strasser est grièvement blessé par des communistes lors d'un meeting ;
c'est l'occasion pour Goebbels d'aller à la rencontre de l'aile droite. Le 12 mars, il est invité sur les terres
d'un des tenants de cette dernière (en Franconie chez Streicher), puis le 21 mars, à Nuremberg, il
rencontre Streicher et se réconcilie avec luid. Le 27 mars, Goebbels fait son autocritique, en écrivant un
éditorial au titre évocateur : « Il y a quelque chose qui cloche en moi21 ! » C'en est fini du Goebbels «
strassérien » ; désormais il est entièrement hitlérien. Cette trahison n'empêche pas que Goebbels ait
toujours admiré Hitlere. Il met ses erreurs sur le dos de ses mauvais conseillers, notamment Hermann
Esser, le responsable de la propagande du NSDAP. Goebbels est à partir de cette date entièrement
dévoué à Hitler.

D'autre part, si Goebbels est pour le socialisme, il se dit absolument contre le marxisme, mais pour la
suppression de la propriété privéef et de ce fait, un national-socialiste convaincu. Concernant son
antisémitisme virulent, l'historien Joachim Fest relève qu'au départ de sa carrière politique, Goebbels se
moquait de l'« antisémitisme simpliste des politiciens racistes ». Néanmoins, par la force des choses,
notamment la consolidation du Troisième Reich, la baisse de son influence et surtout la recherche de
nouvelles cibles, il devint un antisémite des plus acharnés, bien qu'il s'agisse sans doute plus d'une
tentative de « compenser sa disgrâce physique », qui ne correspondait pas aux canons du Troisième
Reich, que d'une conviction profonde24.

Mais ce retournement de situation, Goebbels l'a aussi souhaité, car il a compris que le camp de Strasser
est condamné à plus ou moins long termeg. De plus, Goebbels sait qu'avec ses talents de propagandiste,
il a une place dans le parti avec ou sans les Strasser. Hitler tient à s'attacher ses services, et pour cela il
met les moyens : alors qu'il convoque l'aile gauche et l'aile droite à Munich, pour s'expliquer sur le 12
février[Passage problématique], Hitler réserve un traitement de faveur à Goebbels. Dès le premier jour,
il lui offre une accolade chaleureuse avec les larmes aux yeux ; Goebbels dit être alors « sur un nuage
»19. Puis Hitler multiplie les privilèges pour son hôte : il l'attend seul à son hôtel ; ils dînent ensemble,
c'est Hitler qui invite « et il ne mégote pas ! » commente un Goebbels flatté. À l'opéra, Hitler se met à
côté de Goebbels, ce qui le flatte davantage encore. Le lendemain matin commence l'explication : l'aile
droite charge Strasser et Goebbels qui réplique, les insultes fusent. Hitler se frotte les mains : il n'a plus
qu'à apparaitre à la fin de la réunion comme « le dieu pacificateur et unificateur »h. L'après-midi, Hitler
le partage avec Goebbels, Kaufmann et von Pfeffer pour expliquer ses nouvelles positions :
individualisme et collectivisme sont liés ; il prévoit du privé et du public dans son économie, dans une
sorte d'économie mixte.

Le 15 avril 1926, Hitler invite à nouveau Goebbels chez lui, qui y reste trois jours ; puis ils vont à
Stuttgart, dans la salle Wulle, pour un meeting, dînent ensemble, Hitler l'embrasse et le flatte tellement
que Goebbels croit qu'il le « porte dans son cœur comme personne d'autre »26. Le 20 avril, Goebbels a
l'honneur de fêter l'anniversaire du Führer (37 ans) avec lui. Hitler remplace peu à peu ses amis d'antan :
Strasser, mais aussi Kaufmann qui n'hésite pas à le lui reprocher dans une lettre début mai 1926.
Goebbels semble avoir fait son choix depuis longtemps déjà. Le retournement de Goebbels s'est donc
effectué là. Hitler a réussi, en soufflant d'abord le froid le 13 février[Passage problématique], incitant
Goebbels à se rapprocher de Streicher (19-20 mars), puis en soufflant le chaud en avril (meeting de
Munich vendredi 9 avril, anniversaire de Hitler le 20, meeting du 22 mai) l'incitant à se rapprocher de lui-
même[réf. nécessaire].

Ce retournement et cette fidélité nouvellement témoignée sont récompensés[réf. nécessaire], tout


comme le succès de ses actions de propagande. Pour redonner de la visibilité au parti, en perte de
vitesse, Goebbels a multiplié les scandales et les provocations, en utilisant les rixes, les harangues
anticommunistes ou antisémites. Il prétend lui-même fièrement, dans Kampf um Berlin, page 66, que, à
la suite d'une réunion le vendredi 11 février où des contradicteurs communistes ont déclenché une
bagarre sanglante, les S.A. ont été surnommés les bandits et lui-même le « super-bandit ». En
contrepartie, il est nommé Gauleiter de Berlin à partir de 1926, il est élu dès les élections législatives de
mai 1928, devenant ainsi l'un des douze premiers députés du NSDAP à siéger au Reichstag27 : « Nous
entrons au Reichstag […] comme des loups dans la bergerie », écrit-il dans Der Angriff, le journal qu'il
avait fondé en 1927.

Il épouse Johanna Maria Magdalena Behrend — plus connue sous le nom de Magda Goebbels et qui
avait été la seconde femme de Günther Quandt — le 19 décembre 1931. Sous le Troisième Reich, la
propagande fait de Magda Goebbels l'épouse et la mère de famille modèle de l'Allemagne nazie. Il a
cependant des liaisons avec de nombreuses femmes[réf. nécessaire], dont, entre 1936 et 1938, une
actrice tchèque, Lída Baarová. Le couple n'évite le divorce que grâce à l'insistance de Hitler, qui veut
éviter que les frasques de Goebbels soient connues.

Le Troisième Reich

Ministre de la Propagande : 1933-1945


Article détaillé : Ministère du Reich à l'Éducation du peuple et à la Propagande.

Goebbels et la cinéaste Leni Riefenstahl en 1937.

Le 11 mars 1933, le nouveau chancelier Hitler le nomme ministre du Reich à l'Éducation du peuple et à
la Propagande en raison de ses talents d'orateur et de rhétoricien. Son rôle est essentiel dans la mise en
place de la dictature nazie et de la diffusion des mots d'ordre. Selon lui, l'idéal, c'est que la presse soit
organisée avec une telle finesse qu'elle soit en quelque sorte un piano sur lequel puisse jouer le
gouvernement28.

Nommé ministre, il se trouve à la tête d'un ministère comptant 1 300 agents aux moyens en expansion
durant toute son existence ; du fait de ses activités, le ministère est rapidement divisé en départements
spécialisés, contrôlant l'ensemble des médias. Ministre chargé de la Propagande, il préside une
conférence quotidienne au cours de laquelle il édicte les consignes devant être répercutées par le parti
et la propagande de l'État29. Le 21 mars 1933, il organise la journée de Potsdam, peu avant le vote de la
loi des pleins pouvoirs par le Reichstag, lors de laquelle Hitler obtient le ralliement du Zentrum contre
d'éventuelles garanties constitutionnelles qui ne seront pas réalisées. La Telegraphen Union du Trust
Hugenberg est confisquée et fusionnée avec l'Agence Continentale et l'Agence de presse Transocean
pour créer une agence de presse aux ordres.

C'est lui qui est à l'initiative de la Chambre de la Culture du Reich, fondée le 22 septembre et inaugurée
le 15 novembre 1933. Elle met en œuvre dans les milieux culturels le processus de Gleichschaltung, la
mise au pas la société allemande. Son ministère régente et censure ainsi la presse écrite, la radio, le
cinéma, l'art. Sous l'impulsion de Goebbels, les moyens modernes de communication sont
considérablement développés : radio, informations cinématographiques et même télévision (dès 1935).

En 1940, alors que l'Allemagne est entrée en guerre, il souhaite toucher un lectorat plus intellectuel que
les lecteurs du Stürmer ou du Völkischer Beobachter. Il crée donc un hebdomadaire, Das Reich, qui
paraît du 26 mai 1940 au 15 avril 1945. Le journal voit sa diffusion tripler entre 1940 et 1944, tiré en
octobre 1940 à 500 000 exemplaires et en 1944 à plus 1 400 000 exemplaires29. Avec ce journal, le
ministre de la Propagande, qui écrit 218 éditoriaux durant toute l'existence du journal30, vise à la fois
les nazis convaincus et un public plus informé et plus cultivé que le lectorat du reste de la presse
nazie30.
Partisan de la violence physique, il organise le boycott général de tous les magasins juifs le 1er avril
1933. Le 10 mai 1933, 20 000 livres sont brûlés lors de l'autodafé organisé par les nazis sur la place de
l'opéra à Berlin. Dès septembre, une loi oblige à adhérer à une Chambre de la culture du Reich
(Reichskulturkammer) pour pouvoir exercer une profession artistique ou celle de rédacteur en chef d'un
journal. Comme cette adhésion est interdite aux « non-Aryens », ces professions deviennent ainsi
réservées aux seuls Aryens. L'émigration de nombreux intellectuels commence. Goebbels est
constamment aux avant-postes dans la radicalisation du régime contre les Juifs avant la guerre (par
exemple, lors du Pogrom qu'il fera surnommer « nuit de Cristal » et dont il apparaît comme le principal
instigateur31).

Il est décrit comme de type méditerranéen, de taille moyenne (mesurant 1,65 m), la jambe droite
déformée des suites d'un pied-bot ou d'une ostéomyélite, squelettique, de complexion maladive et
disposant d'un nez proéminent et pointu. De tous les dirigeants du Troisième Reich et hormis la
personne de Hitler lui-même, Joseph Goebbels avait l’apparence la plus éloignée du canon esthétique
nazi du grand blond athlétique aux yeux bleus (on ironisait volontiers en disant que le bel Aryen était
blond comme Hitler, grand comme Goebbels et élancé comme Goering32, comme on le voit sur un
comic strip de Vaughn Shoemaker 33. Goebbels n'hésite pas à faire figurer ses propres enfants dans un
film de 1939 destiné à justifier la politique d'euthanasie des infirmes alors que lui-même a été réformé
du service militaire en raison de son infirmité. Selon Joachim Fest, il cherchait à compenser ses défauts
physiques par une dévotion complète au nazisme 34.

En 1936, il entame une relation avec la jeune actrice tchèque alors âgée de vingt-deux ans, Lída Baarová.
Son épouse Magda menace alors de divorcer, n'hésitant pas à aller jusqu'au Berghof afin de plaider sa
cause auprès de Hitler, menaçant même de divulguer des documents précédemment mis à l’abri
(lettres, listes, etc.) témoignant des nombreuses incartades extraconjugales de son époux. Le Führer
accéda alors à la requête de Magda, craignant le scandale que pourrait provoquer un divorce,
notamment en raison de l'image de la famille modèle qu'incarnait les Goebbels, qui était diffusée par la
propagande, et qu'il fallait défendre à tout prix. Hitler intima donc l'ordre à son ministre de cesser toute
relation avec l'actrice qui sera renvoyée en Tchécoslovaquie en 1938, où elle sera emprisonnée à la fin
de la guerre pour collaboration. Jusqu'à la fin de sa vie, Lída Baarová démentira avoir eu une quelconque
relation avec Joseph Goebbels.

Proche de Hitler, Goebbels joue un rôle déterminant à Berlin dans l'échec du complot du 20 juillet 1944
contre le Führer, rendant possible une conversation téléphonique entre le commandant Otto Ernst
Remer et Hitler dans la Wolfsschanze, alors que la rumeur prétendait qu'il était mort. Il devient
immédiatement après « plénipotentiaire pour la guerre totale » en juillet 1944. Durant les mois qui
suivent, il continue de croire à la victoire du IIIe Reich. Ainsi, lors du congrès des Gauleiter à Posen début
août 1944, il rend les échelons intermédiaires de commandement responsables des défaites du début
de l'été ; puis, il expose les raisons d'être optimistes, à partir du moment où les traitres avaient été
démasqués et punis35.

À partir de l'automne 1944, il tente d'insuffler un esprit combatif à la population : le 3 octobre 1944, il
participe à un meeting du NSDAP à Aix-la-Chapelle, directement visée par l'armée américaine ; durant
son discours, tout en reconnaissant un certain nombre d'erreurs, il insiste sur les points positifs de la
situation militaire et politique dans laquelle se trouve le Reich à l'automne 1944, selon lui : des lignes de
défense plus courtes, une connaissance du terrain36. Dans le même temps, lors d'une rencontre avec
Hitler le 21 septembre 1944 il tente de convaincre ce dernier de négocier une paix séparée avec l'Union
soviétique35. Durant cette période, le ministre de la Propagande évolue au milieu d'illusions, non
seulement sur la réalité de la situation militaire, et donc sur les probabilités réelles de victoire
allemande36, mais aussi de solutions diplomatiques, notamment avec l'Union soviétique35. Cependant,
cet optimisme de façade est absent de son journal personnel, lequel témoigne plus d'un sentiment de
morosité et d'abattement touchant l'ensemble des dirigeants allemands durant cette période36.

Le 21 janvier 1945, son dernier éditorial dans Das Reich lui fournit une dernière occasion de revenir sur
les Alliés et le prétendu ciment de leur coalition. Selon lui, capitalisme et bolchevisme seraient les deux
facettes d'une même domination, servie par les soldats alliés, mercenaires stipendiés par les Juifs,
domination à laquelle le national-socialisme se serait attaquée37. Il reprend la thématique de la
domination juive lors de son discours radiodiffusé du 28 février 1945 : les alliés occidentaux, ayant
contracté une alliance contre nature avec l'Union soviétique, ont « trahi » le Reich38 et le laissent seul
aux prises avec l'« État juif » par excellence, l'Union soviétique38.

Le 19 avril 1945, il prononce son dernier discours public, dans lequel il développe pour la dernière fois
en public le rôle historique que Hitler aurait assumé, selon lui, rôle pour lequel les Allemands lui
devraient une obéissance totale39. Puis, il compare le Reich en déliquescence à Dieu qui refoulera
sûrement les forces du mal, incarnées par la « juiverie internationale »37.

Il suit son « Führer » jusqu'à la défaite. Le ministère de la Propagande, au service de « la sainte croisade
du xxe siècle contre le bolchevisme », mobilise les troupes allemandes et le reste de la population au fur
et à mesure que la situation militaire se détériore. Il est directement responsable[réf. nécessaire] du
Volkssturm, troupes de réserve composées d'adolescents et de personnes âgées, lors de la bataille de
Berlin.

Stratégies de propagande
D’après Leonard W. Doob (en)[réf. nécessaire], une des stratégies que Goebbels suit est que les
propagandistes doivent toujours avoir accès aux informations concernant l’opinion publique. Cela
permet d’avoir un contrôle permanent sur la population et les évènements qui les entourent. De plus,
Goebbels estime que pour que la propagande soit remarquée, elle doit produire de l’intérêt chez le
peuple et être transmise par un moyen de communication qui attire leur attention. Elle doit tenter de
créer un niveau d’anxiété optimal, c’est-à-dire que d’un côté, les conséquences possibles d’une défaite
doivent être prises en considération (donc garder un degré élevé d’anxiété), mais d’un autre côté (au
niveau des individus), l’angoisse doit être modérée pour ne pas créer une atmosphère chaotique.
Goebbels insiste aussi sur la propagande externe, utilisée pour affecter la politique de ses ennemis et
leurs actions. C’est en offrant à l’adversaire des renseignements utiles, en l’aidant à parvenir à des
conclusions désirées et en le forçant à révéler des informations importantes que cette stratégie est
percutante. Qu’elle soit interne ou externe, la propagande de Goebbels est appuyée sur le “timing”. En
d’autres mots, au moment où il décide de lancer sa campagne de propagande, le temps doit être idéal
pour que son public soit le premier touché, tout en considérant les conséquences possibles de ses
stratégies40.

Pour que ces stratégies soient efficaces, Goebbels se base sur des outils de propagande qui sont en plein
développement à cette époque (le Troisième Reich). La création du ministère à l'Éducation du peuple et
à la Propagande du Reich, que Goebbels dirige, lui permet d’accaparer le contrôle des journaux et des
affiches pour propager ses intentions et attirer l’attention de son public (une de ses principales
stratégies), dans le but de rallier le plus d’individus pour qu’ils soutiennent le régime nazi. Par exemple,
les journaux qui vont à l’encontre des idéologies de Goebbels et celles du régime Nazi sont suspendus et
la presse antisémite voit une énorme croissance pendant cette période. Cela signifie que les individus ne
peuvent plus exprimer leurs opinions librement, de peur qu’ils subissent de graves conséquences.

De plus, Goebbels utilise aussi les journaux et les affiches pour faire de la propagande. Parmi les
journaux auxquels beaucoup d’individus ont accès et les affiches les plus visibles, on retrouve des
slogans simples, puissants, et répétitifs ainsi que le symbole de la croix gammée dans un disque blanc,
sur un fond rouge vif41. De plus, depuis l’arrivée d’Adolf Hitler au pouvoir, la radio se développe de plus
en plus et est extrêmement politisée. Goebbels s’en rend rapidement compte et décide de s’en servir
puisqu’il croit que c’est le meilleur outil pour répandre le message Nazi à travers toute l’Allemagne pour
mobiliser la population. Dans un article, Goebbels dit : « Je considère la radio comme l’instrument le
plus moderne et le plus important d’influence de masse qui existe partout42. » Le Volksempfänger est le
nom qu’on donne au récepteur radio allemand de l’époque. Grandement subventionné, il est le moyen
par lequel Goebbels parvient à communiquer avec l’ensemble de la population lorsque ce dernier y
diffuse ses plus grands discours. Voici un exemple qui illustre ce phénomène : « on y voit une famille de
paysans réunie dans une salle de séjour, toutes générations confondues ; sur une tablette dans un pan
de mur, un Volksempfänger ; à côté, un portrait du Führer ; la famille semble plongée dans un
recueillement quasi religieux43. » Finalement, les arts, la musique, le théâtre, et les livres sont tous des
outils qui ont aussi un rôle important dans la propagande interne et externe de Goebbels. Ces œuvres,
diffusées dans plusieurs pays d’Europe, permettent d’envoyer des messages incisifs aux ennemis de
l’Allemagne notamment.

En instaurant une puissante propagande nazie, Goebbels a pour but de contrôler l’ensemble de la
population allemande en se penchant particulièrement sur le secteur culturel et celui des médias. Il
réussit à atteindre cet objectif, car une des principales conséquences qui émerge durant cette période
est la peur, que ça soit au sein du pays ou à l’extérieur de ses frontières. Les individus atteints par cette
vague de propagande sont dans un état d’angoisse constant. Parmi la vaste population allemande,
Goebbels se concentre particulièrement sur les juifs allemands, sur lesquels il fait une propagande
haineuse. Notamment, en 1938, il décide d’organiser la nuit de Cristal pour les persécuter. De plus, sur
les affiches et les images qu’il ordonne, il les représente de manière péjorative et les met en position
d’infériorité par rapport au reste du peuple allemand44. En raison de ces inégalités, la propagande de
Goebbels cause aussi d’énormes révoltes, menant à une atmosphère chaotique et plusieurs milliers de
morts.[réf. nécessaire]

Kirchenkampf, le combat contre le catholicisme

Article détaillé : Kirchenkampf.

En 1933, Hitler signa le Reichskonkordat, un traité avec le Vatican qui exigeait du régime d'honorer
l'indépendance des institutions catholiques et interdisait au clergé la participation politique45.
Toutefois, le régime a continué à cibler les Églises chrétiennes et à essayer d'affaiblir leur influence. Tout
au long de 1935 et 1936, des centaines de membres du clergé, religieux et laïcs dirigeants ont été
arrêtés, souvent sur des fausses accusations de contrebande de devises ou de délits sexuels46,47.
Goebbels a largement diffusé ces accusations dans ses campagnes de propagande, montrant les cas sous
le pire des jours possible. Des restrictions ont été imposées aux réunions publiques et les publications
catholiques furent confrontées à la censure. Les écoles catholiques ont été sommées de réduire
l'instruction religieuse et des crucifix ont été retirés de bâtiments d'État.

Hitler hésita souvent sur la question de savoir si le Kirchenkampf devait être une priorité, mais ses
fréquents commentaires enflammés à ce sujet étaient suffisants pour convaincre Goebbels d'intensifier
ses travaux sur la question dans la première moitié de 1937. En réponse à la persécution, le pape Pie XI
publia l'encyclique Mit brennender Sorge, introduite en contrebande en Allemagne le Dimanche de la
Passion de 1937 et lue depuis toutes les chaires. Il dénonçait par là l'hostilité systématique du régime
envers l'Église48. En réponse, Goebbels reconduit la répression et la propagande du régime contre les
catholiques49. Son discours du 28 mai à Berlin devant 20 000 membres du parti, qui a été également
diffusé à la radio, attaquait l'Église catholique en l'accusant d'être moralement corrompue. À la suite de
cette campagne de propagande, les inscriptions dans les écoles confessionnelles diminuèrent fortement
et, en 1939, toutes ces écoles furent dissoutes ou converties en établissements publics. Les
harcèlements et menaces d'emprisonnement ont conduit les membres du clergé à être beaucoup plus
prudents dans leurs critiques du régime50. En partie poussé par des préoccupations de politique
étrangère, Hitler ordonna une réduction du Kirchenkampf à la fin de juillet 193747.

Plénipotentiaire pour la guerre totale

À la suite de la défaite de Stalingrad, Goebbels prononce le 18 février 1943 un de ses plus importants
discours au palais du Sport de Berlin. Conscient que l'Allemagne est en train de perdre la guerre, il fait
approuver par 15 000 délégués la guerre totale. Il conclut son discours par cette phrase : « Et
maintenant peuple, lève-toi, et toi, tempête, déchaîne-toi ».

Nommé « plénipotentiaire pour la guerre totale » par décret de Hitler daté du 25 juillet 1944, il exige
que les mesures à mettre en œuvre soient concentrées sous l'autorité d'un seul responsable, appuyé sur
les gauleiters51, et, alliant ses demandes à celles de Speer, défend l'opportunité d'un ratissage de la
main-d’œuvre, ratissage de nature à permettre la formation de 50 divisions51. Le 22 juillet, soit deux
jours après l'attentat manqué contre Hitler, il est officiellement chargé de mobiliser les civils pour le
conflit52 : dans un discours devant le cabinet réuni pour l'occasion ce jour-là, il se propose de «
réformer la vie publique » : son action est strictement bornée par Bormann, responsable du NSDAP, et
par Himmler, responsable de l'armée53 ; il définit aussi la guerre totale non seulement comme un
problème matériel, mais aussi comme un problème psychologique et idéologique53.

Doté de pouvoirs élargis, « dictateur intérieur de la guerre », selon ses mots, il doit néanmoins compter
avec Himmler et Keitel, responsable de l'armée, et Bormann, compétent pour tout ce qui touche au
NSDAP, mais surtout il reste un pouvoir parmi d'autres au sein du Reich en guerre, tenant son pouvoir
de Hitler54. Il fait cependant rapidement preuve d'une activité importante, imposant aux Gauleiter une
conférence téléphonique quotidienne, mais doit tenir compte des demandes des secteurs économiques
vitaux pour le Reich en guerre, sans compter les demandes du parti et des gauleiters54 : ses efforts, qui
consistent en réalité à « gratter les fonds de tiroirs »55, se soldent en définitive par l'envoi d'un million
d'hommes sur le front à la fin de l'année 194455.

Rapidement, ces pouvoirs élargis le font entrer en conflit avec Speer, chargé de la production
d'armements : ce conflit a pour enjeu l'utilisation de la main-d’œuvre dégagée par les mesures de
rationalisation de l'économie de guerre56. Ils se réconcilient à l'automne, lors de la réception organisée
le 14 novembre 1944 au ministère de la propagande, à laquelle sont conviés, en plus de Speer, Dönitz,
Kaltenbrunner, Backe (de), Funk et Ley : à cette occasion est projeté un film commandé par Speer sur les
V2 tourné à l'été 194457.

Derniers jours

Article connexe : Cabinet Goebbels.

Joseph Goebbels remettant la croix de fer, au très jeune adolescent Willi Hübner, membre des Jeunesses
hitlériennes en 1945.

Après le suicide de Hitler dans l'après-midi du 30 avril, il est brièvement chancelier du Reich du 30 avril
au 1er mai. Ses dernières tentatives consistent à essayer de prendre contact avec les Soviétiques qui
sont parvenus à la Zimmerstrasse, non loin du Führerbunker de la Neue Reichskanzlei, en parvenant
avec ses aides de camp à mettre en place une ligne téléphonique pour communiquer avec eux. Il tente
alors de négocier un armistice, mais ne parvient pas réellement à joindre les autorités soviétiques.

Refusant catégoriquement une reddition sans conditions, Goebbels se suicide par balle au soir du 1er
mai 1945, avec son épouse Magda, après qu'elle a tué leurs six enfants âgés de 4 à 12 ans en les
empoisonnant au cyanure. Tout comme celui de Hitler, son corps n'est que partiellement brûlé par les
aides de camp de la chancellerie à cause du manque d’essence. Le 4 ou le 5 mai, des soldats soviétiques
découvrent le corps ; du fait que la calcination est incomplète, l'identification est facilitée par les
caractéristiques physiques de Goebbels.

Les dépouilles de la famille Goebbels furent alors transportées jusqu'à Rathenow et inhumées dans un
champ (ou une forêt ?) près du village de Neu Friedrichsdorf, à environ un kilomètre à l'est de la ville où
le SMERSH (contre-espionnage soviétique) avait son enceinte. Huit mois plus tard, elles étaient
exhumées pour être ensevelies dans la garnison de Magdebourg au 32 et 36 Westerndstraße
(aujourd’hui Klausenerstraße). Aussi longtemps que le territoire resta sous autorité soviétique, le secret
pouvait être bien gardé. En 1970, devant restituer au gouvernement de la République démocratique
allemande les garnisons qu’ils occupaient à Magdebourg, les Soviétiques craignirent que la découverte
des dépouilles n'engendre un lieu de pèlerinage néo-nazi. Youri Andropov, chef du KGB, ordonna alors
de faire disparaitre définitivement les restes. Le 4 avril au soir, les os furent déterrés et placés dans des
boîtes. À l'aube d

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