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La Taz

Le concept de la TAZ ne fut jamais pensé comme un abandon du passé ou du futur — la TAZ a existé,
et elle existera — mais plutôt comme un moyen de maximiser l’autonomie et le plaisir pour le plus
grand nombre d’individus et de groupes, et le plus tôt possible — voire ici et maintenant. La TAZ
existe — l’utilité de la théorie fut simplement de la remarquer, de l’aider à se définir et à devenir
«politiquement consciente». Le présent et le futur nous aident à connaître nos «vrais» désirs
(révolutionnaires) — mais seul le présent peut les réaliser — seul le corps vivant, malgré toute son
imperfection grotesque.

Affrontement entre les primitivistes et les Extropiens


Pro tech et anti tech
Maintenant, quand je parle du «retour du Paléolithique», je me trouve avoir des affinités avec la
position primitiviste — et me suis vu par conséquent critiqué par les extropiens pour réaction luddiste,
nostalgisme et technophobie. Toutefois, quand je parle, disons, de l’usage potentiel d’Internet pour
organiser une TAZ, je commence à pencher du côté de mes anciens enthousiasmes pour la SF et ce
que je dis sonne un peu extropien — par conséquent je me suis vu reproché par les primitivistes d’être
«mou sur la technologie» (comme ces sortes de montres fondantes chez Dali) et de me laisser
séduire par le techno-optimisme et l’illusion que la séparation peut dépasser la séparation.

Comme bolo’bolo, j’imagine une multiplicité complexe de modèles sociaux co-existant sous l’égide du
«prix» social de la non-contrainte réciproque. En effet, les primitivistes obtiendront moins de nature
sauvage qu’ils n’en réclament, et les extropiens moins de tech. Néanmoins, à moins d’être un
extrêmiste fanatique de l’un ou l’autre bord, chacun se réconciliera avec l’utopie bordélique du désir —
ou du moins c’est ce que je prédis — parce qu’elle sera organisée autour du plaisir et du surplus plutôt
qu’autour du refus et de la rareté qui s’expriment dans la totalité. Le désir pour la nature sauvage sera
satisfait à un niveau dont on n’a plus rêvé depuis les débuts du Néolithique ; et le désir de créativité
voire de co-création sera satisfait à un niveau que même la plus furieuse des sciences fictions n’a
rêvé. Dans les deux cas, les moyens pour cette jouissance ne peuvent en appeler qu’à une techné
adéquate : verte, de basse énergie et de haute information.

La théorie du «désordre» et du modèle «impur» de la TAZ.


Une nuit, une semaine, un mois d’autonomie relative, de satisfaction relative, de réalisation relative,
vaudrait bien plus pour la plupart des anarchistes qu’une vie entière d’amertume absolue, de
ressentiment et de nostalgie pour le passé ou le futur. Un cyberpunk, fut-il le plus enthousiaste, peut
continuer d’étreindre le «corps en fête», et on sait que les plus sauvages des primitifs ont succombé à
des impuretés civilisées telles que la bière ou l’art. Je crains qu’une poignée de jusqu’au boutistes des
deux camps ne continuent de tourner notre jouissance en ridicule — de la TAZ impure ou du
soulèvement impur — parce qu’elle est loin de la révolution parfaite. Mais la réalisation ne peut surgir
que de l’expérience directe, de la participation. Eux-mêmes l’admettent. Et pourtant l’action est
toujours impure, toujours incomplète.

Réincarnation artificielle
Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Il a été suggéré qu'une forme de réincarnation artificielle (sans mort réelle) pourrait être créée. C'est
l'une des idées visant à nuancer celle qui dit qu'une espérance de vie grandement augmentée (ou
même l'immortalité) serait synonyme d'ennui.
Les souvenirs d'un être vivant pourraient être totalement ou en partie effacés. Il pourrait alors
découvrir à nouveau ce qu'il a oublié volontairement, peut-être même depuis le stade de la naissance.
Il pourrait alors vivre une nouvelle "vie".
Des scientifiques s'intéressent déjà à des traitements permettant d'oublier des expériences
spécifiques (des évènements traumatisants), et les recherches actuelles sur l'amnésie révèlent
progressivement les mécanismes de l'oubli.
Dans le contexte plus futuriste du transfert de l'esprit sur ordinateur, l'effacement de souvenirs
sélectionnés serait presque certainement relativement simple.
En intelligence artificielle
Le téléchargement d'esprit crée une copie parfaite d'un individu, le degré de fidélité pouvant être
évalué grâce à un test de Turing. Le français Alexis Lemaire travaille sur ce projet.

Littérature
Dans la nouvelle Le dernier fantôme, cette technologie, et l'immortalité qu'elle assure, condamne à la
solitude perpétuelle le fantôme du dernier homme à n'en avoir pas bénéficié.
Dans le roman de science fiction La possibilité d'une île, elle est mentionnée comme un composant de
la technologie permettant de vivre, jeune, plusieurs vies successives avec un corps et un esprit
identiques
Dans la saga de "l'Aube de la Nuit" De Peter F. Hamilton (qui se passe au XXVIe siècle), une clade
dans le genre humain a eu lieu "Les Edénistes". Contrairement au Adamistes (le reste de l'humanité),
ils se reproduisent avec des matrices biotechnologique. Ils ont modifiés fondamentalement leur
patrimoine génétique, et ont développés un lien d'affinité comparable à la télépathie, mais avec les
émotions en plus, mais surtout, ils ont créé des habitats biotech en orbite, doté d'une immense strate
neurale dans laquelle ils téléchargent leur mémoire après leur mort et vivent dans une "multiplicité" et
font partie d'un Consensus de la personnalité de l'habitat.
Dans le roman de science-fiction Calculating God de Robert J. Sawyer, des civilisations extra-
terrestres abandonnent complètement la vie matérielle au profit de leur numérisation.

A la télévision
• Dans la série Stargate SG-1, on trouve plusieurs occurrences de téléchargements d'esprit.
o L'épisode "Révélations" voit l'esprit de Thor, le commandant suprême de la flotte
Asgard, téléchargé dans l'ordinateur du vaisseau d'Anubis.
o Dans l'épisode "Vaisseau fantôme" (Lifeboat), les passagers d'un vaisseau sont
transportés en hibernation, leur métabolisme ralenti et leur esprit "sauvegardé" dans
l'ordinateur du vaisseau pour éviter que l'esprit ne souffre de l'état du corps. Mais
lorsque le vaisseau se crashe, leurs esprit incapables de retrouver leur corps originel
s'incarnent tous dans une même personne.
o Dans l'épisode "Transfert" (Holiday), les personnages voient leurs esprits tranferés
d'un corps à l'autre par une méthode peut-être similaire.

Jeu vidéo
• Dans Deus Ex, JC Denton a la possibilité de fusionner avec l'ordinateur principal.
• Dans Perfect Dark, Joanna télécharge la personnalité du Dr Carol depuis un ordinateur.

Justice De Thézier
Justice De Thézier (20 avril, 1975) est un entrepreneur social et un créatif professionnel québécois.[1]
Fils d'immigrants haïtiens, De Thézier est né et a grandi à Montréal. En 2003, De Thézier fonda
l'Association transhumaniste du Québec, un collectif d'activistes qui promeut le transhumanisme au
Québec. Un progressiste principalement dévoué à faire connaître les perspectives communautaires
sur le "droit à l'amélioration humaine",[2] De Thézier cherchait à promouvoir le transhumanisme
démocratique,[3] "une forme d'utopisme réaliste",[4] à travers la discussion, l'éducation et l'art.[1]
De janvier 2006 à janvier 2008, De Thézier était membre du conseil d'administration de l'Association
transhumaniste mondiale, une organisation non gouvernementale internationale qui promouvoit
l'usage éthique des technologies d'amélioration humaine.[1]
Le 1 janvier 2008, Justice De Thézier a publiquement renoncé à son adhésion à l'idéologie et
mouvement transhumaniste.[5]
Citation [modifier]
"Ce que les gens veulent vraiment savoir c'est si "l'amélioration humaine" va seulement bénéficier aux
riches et puissants. Cette crainte légitime est la raison pour laquelle les progressistes doivent
comprendre et expliquer l'importance d'un gouvernement transparent qui non seulement subventionne
la recherche et le développement des technologies d'amélioration mais aussi garantit à tous les
citoyens un accès sécuritaire, universel et volontaire à ces technologies à travers un système de santé
modernisé. Au lieu de bannir ces technologies par peur qu'elles augmenteront les inégalités sociales,
elles devraient être perçues comme des outils pour que les pauvres et démunis non seulement
obtiennent une meilleure santé mais aussi une mobilité sociale." - Justice De Thézier, blogue Cyborg
Democracy.

LE NÉO-LUDDITE
Kalle Lasn a 62 ans. Originaire de l'Estonie, il habite aujourd'hui Vancouver. Inquiet des
conséquences désastreuses des nouvelles technologies, il rêve d'un retour en arrière. Il rêve d'une
société où l'automobile (et le pétrole) ne serait plus l'unique moteur de l'économie. Une société où
l'agriculture modifiée génétiquement serait éradiquée et où les citoyens seraient libérés de la
propagande commerciale diffusée par la télévision. Une société, en somme, où l'humain vivrait en
harmonie avec lui-même, ses semblables et son environnement.
Kalle Lasn a vécu la majeure partie de son existence dans un environnement naturel. Joint au
téléphone, il déplore le fait qu'aujourd'hui, les gens évoluent davantage dans un "environnement
électronique". "Certaines personnes passent tellement de temps devant l'ordinateur ou la télé, ou
encore à écouter leur baladeur qu'elles me semblent à demi vivantes, dit-il. Elles passent toute leur
vie dans leur tête. Leur apparence est grotesque, elles ne peuvent plus marcher convenablement, ou
courir. Elles ne peuvent plus avoir de rapports sexuels vigoureux. Il y a quelque chose de mauvais
dans ces types d'humains."
Non, Kalle Lasn n'est pas un illuminé. Dans les milieux gauchistes, son nom est surtout associé au
magazine Adbusters, qu'il a fondé en 1989 et qui est rapidement devenu le porte-étendard du culture
jamming et de l'anticorporatisme. Il se définit comme un néo-luddite. Un peu comme les Luddites du
XIXe siècle (des ouvriers qui résistèrent violemment à l'arrivée des machines dans les usines), les
néo-luddites résistent, aujourd'hui, à l'adoption des nouvelles technologies et cherchent à déclencher
une révolution culturelle au sein de la société.
Entre Justice de Thézier, le transhumaniste et Kalle Lasn, le néo-luddite, il existe un fossé idéologique
considérable. L'un prône la recherche scientifique sans contraintes, l'autre considère la science
comme un "projet raté". Outre un penchant certain pour les prédictions nostradamistes, nos deux
philosophes contemporains partagent toutefois un point commun: tous deux rêvent d'un monde plus
sain, où régneraient la paix, la justice sociale et la santé. Tous deux rêvent du Meilleur des mondes. Et
comme dans le classique d'Aldous Huxley, s'oppose le monde des technologies (celui des enfants
fabriqués en laboratoire) au monde "sauvage" (celui où l'homme redevient l'animal qu'il a toujours
été).

LIBERTÉ MORPHOLOGIQUE
Justice de Thézier souhaite que les citoyens puissent profiter, un jour, de la "liberté morphologique",
c'est-à-dire la possibilité de se "modifier génétiquement": changer de sexe et de traits raciaux,
améliorer ses capacités physiques, etc. Il est optimiste. "Puisque l'évolution technologique ne risque
pas d'être stoppée, dit-il, les progressistes doivent articuler des politiques qui permettront de
maximiser les bénéfices sociaux issus des technologies." Parmi ces bénéfices, il évoque
particulièrement les possibilités qui pourraient naître de l'ingénierie génético-germinale. "Une des
percées progressives les plus importantes sera de garantir l'accès universel aux technologies
génétiques permettant aux parents de s'assurer que leur enfant ait les mêmes capacités biologiques
que les autres, poursuit-il. Les naissances assistées technologiquement, ce qui inclut éventuellement
les grossesses artificielles, libéreront les femmes de la nécessité d'être les "porteuses" vulnérables de
la prochaine génération." Ce n'est pas tout. "Le jour n'est pas loin où chaque humain pourra [profiter
des biotechnologies] afin d'avoir l'intelligence suffisante pour être un citoyen actif", ajoute Justice de
Thézier.

CHAOS TECHNOLOGIQUE
À l'inverse, Kalle Lasn est plus pessimiste. La technologie, il s'en méfie. Pour lui, il s'agit avant tout
d'un produit propulsé par le capitalisme. Et le capitalisme nous mène tout droit au chaos. Il a d'ailleurs
sa petite vision de l'avenir. "Au cours des prochaines années, le prix du pétrole continuera
d'augmenter, dit-il. De 45 $ le baril, il grimpera à 55 $, 60 $ et même 70 $ le baril. L'économie sera très
instable partout dans le monde et il surviendra ce que j'appelle un "11septembre/2".
Vraisemblablement une attaque bioterroriste qui touchera une grande ville américaine. Bien plus que
3000 personnes périront. L'économie mondiale chavirera et la situation sera pire que dans les années
30. Après coup, toutefois, l'économie locale renaîtra et les grosses multinationales commenceront à
disparaître. Une nouvelle culture émergera qui ne sera plus basée sur l'automobile, le pétrole et la
télévision, comme aujourd'hui. Enfin, la vraie vie recommencera..."

Kalle Lasn reconnaît que la technologie possède de bons côtés. Mais il soutient que ceux-ci sont
assombris par ses côtés néfastes. "Nous sommes la première génération de l'histoire de l'humanité à
faire face à la possibilité que la nature puisse mourir." Si Justice de Thézier partage ce constat, il
persiste à dire que seules les technologies peuvent régler les problèmes actuels, tels que
l'épuisement des ressources naturelles. "Grâce aux nanotechnologies, nous pourrions produire
pratiquement n'importe quoi sans gaspillage ni pollution. Les nanotechnologies permettront
éventuellement la construction d'usines spatiales (pour forer des corps extraterrestres) ou le
déplacement des industries lourdes [et polluantes] ailleurs que sur la Terre. La seule véritable solution
à long terme de notre pénurie de ressources naturelles est la colonisation de l'espace."

Pour Kalle Lasn, les transhumanistes doivent faire preuve de réalisme. "Il y a 40 ans, explique-t-il, il
était possible d'être un transhumaniste et de s'émerveiller devant les incroyables progrès de cette
technologie qui transformait notre vie. On parlait alors des avions, des automobiles et des téléphones.
Mais 40 ans plus tard, les côtés obscurs des technologies sont devenus si importants que ceux qui
pensent encore qu'elles peuvent nous sauver vivent dans un monde illusoire..."

Et vous, quel avenir voulez-vous pour vos petits-enfants? La version des transhumanistes ou celle des
néo-luddites? Pensez-y! Parce que c'est aujourd'hui que ça se décide!

Les hédonistes
La science pour abolir la souffrance, exalter le bonheur et l'humanisme
Des penseurs contemporains mettent en avant que la souffrance et nos instincts les plus immoraux et
destructeurs n'existent que parce qu'ils ont procuré un avantage sélectif à nos gènes dans une
évolution imparfaite et sans compassion – mais que l'humanité peut à présent prendre le contrôle
de son psychisme pour le rendre plus humain, par la science.
Pour simplifier, ils pensent que les substrats biologiques remodelés de notre esprit permettront à
l'homme du futur proche d'être sublimement heureux, animé d'une soif de vivre invincible, et pétri
d'une humanité profonde – tout aussi spontanément qu'il est actuellement prédisposé à la souffrance,
à l'ennui ou plus généralement à la tiédeur.
Les principaux moyens examinés pour ce paradise-engineering sont l'ingénierie génétique, la
psychopharmacologie avancée sélective, et les neurosciences (ainsi que, dans un futur plus
distant, les nanotechnologies.)
Les défenseurs de ce projet pensent que les obstacles qui s'y opposent sont idéologiques bien plus
que technologiques, et que la norme de notre santé mentale tenue pour absolue est un héritage
arbitraire et malheureux de notre passé darwinien.

Une technologie existante : le wireheading [modifier]


Un ensemble d'expériences particulièrement frappantes ont été menées au moyen du wireheading. Il
s'agit de stimulations électriques des zones du plaisir du cerveau humain. Les résultats obtenus
incluaient fou-rires, sentiments amoureux, bien-être total, enthousiasme débordant, plaisirs sexuels
(parfois décrits comme un orgasme surnaturellement prolongé). Le tout sans autre cause que la
stimulation due à des électrodes, et apparemment sans accoutumance.
Le projet du paradise-engineering ne se limite bien-sûr pas à ces résultats spectaculaires mais sans
raffinement, qui sont avancés comme une illustration supplémentaire de l'accessiblité de l'esprit
humain à la science.
Organisations [modifier]
La Société Abolitionniste (pour « abolition de la souffrance ») est une organisation à but non lucratif
promouvant ce paradise-engineering.
Les principes de cette philosophie ainsi que des stratégies technologiques potentielles pour éliminer
les mécanismes de la souffrance sont très largement présentés dans le manifeste en ligne The
Hedonistic Imperative du philosophe anglais David Pearce.

Questionnements philosophiques [modifier]


Que penser d'un futur « plus profondément extatique que tout ce qu'il est possible d'imaginer
aujourd'hui » ?
Les promoteurs du paradise-engineering invoquent une urgence morale à examiner plus
sérieusement ce projet, en ce qui concerne l'objectif de l'abolition de la souffrance. N'y a-t-il pas en
effet des souffrances inutiles (dépression, suicide, dépendance à des drogues dangereuses...) ?
Les changements radicaux de la condition humaine envisagés par ces penseurs -et surtout peut-être
bientôt rendus possibles par les avancées de la science- sont chargés de périls et d'espoirs, et
semblent nécessiter des débats philosophiques et scientifiques prudents et approfondis, lesquels
restent encore très marginaux.

Rapport à la psychiatrie et à la toxicomanie [modifier]


Une polémique contemporaine illustrant ce point est celle qui accompagne les tests d'administration
de MDMA (« ecstay ») aux victimes d'un trouble de stress post-traumatique (approbation en 2001 par
la FDA aux États-Unis mais aussi des protocoles expérimentaux en Suisse et en Espagne).
Plus généralement, la norme de santé mentale défendue par la psychiatrie actuelle est jugée comme
un conservatisme compréhensible mais à faire grandement évoluer.
Les dangers de la toxicomanie sont considérés comme la regrettable conséquence de notre ignorance
entretenue par un puissant tabou et la rareté des investigations scientifiques sérieuses dans ce
domaine. De plus, la toxicomanie obéit à des mécanismes économiques et sociaux sans rapport avec
l'idée d'une (grande) amélioration du sens moral inné de la nature humaine.
L'idée est que, dans un premier temps, des drogues améliorées, élaborées avec une rigueur
scientifique prudente, et donc sans les risques de celles qui existent pour le moment, permettront une
grande amélioration de la santé mentale courante – en attendant une réelle redéfinition de la nature
humaine par la génétique.

Le surhomme est l’avenir de l’homme


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Depuis 1991, les Extropiens prêchent « l’amélioration » de l’Homme par tous les moyens
technologiques possibles. Guidés par Max More et sa femme, ils ont constitué un réseau d’influence
pour promouvoir les innovations les plus extrêmes.

« Préférez-vous les gènes hérités de vos parents ou des chromosomes remplaçables, choisis sur
mesure ? Demeurer un homme toute votre vie ou changer de sexe à l’envi ? Être sujet à la dépression
ou armé d’un optimisme inaltérable ? » Derrière son pupitre, Natasha Vita-More, la quarantaine liftée
et bodybuildée, achève la présentation de son projet « artistique » d’humain amélioré. La scène se
passe à New York, en juin 2001, à la conférence futuriste manTRANSforms. Un parterre
d’universitaires atteste du sérieux de la chose. Natasha Vita-More ne plaisante pas. Depuis 1991, elle
et son mari, Max, prêchent la bonne parole de l’Institut d’Extropie, un courant de pensée qui vise à
« améliorer » l’être humain, par tous les moyens technologiques possibles.

Férus de pseudonymes futuristes comme Max More ou Tom Morrow, les Extropiens pourraient n’être
qu’une bande d’illuminés sortis d’un mauvais roman de science-fiction. Mais, dans la Californie
euphorique des années 90, leurs idées ont séduit des informaticiens, des scientifiques, des
universitaires, des hommes d’affaires et des journalistes. Aujourd’hui, les Extropiens comptent 2 000
membres, une dizaine de mailing-lists et des centaines de sites. Chaque jour, ils scrutent les
avancées qui les rapprochent de leurs rêves : vie éternelle, bébé sur mesure, sauvegarde du cerveau
sur disque dur, implant bionique, super intelligence artificielle, colonisation de l’espace...
Scientisme décomplexé

La philosophie extropienne est faite du refus des « limites » et des « défauts » de la nature humaine.
Elle ne prône rien de moins que l’émergence d’une nouvelle espèce « supérieure » à la nôtre. Grâce à
la technologie, nous serions en train de devenir « transhumains », un état transitoire vers le « post-
humanisme » ou « ultra-humanisme ». Et, sous la houlette de leur président Max More, un
« philosophe-consultant-futuriste » d’origine anglo-irlandaise, formé à Oxford, les Extropiens ont peu à
peu constitué un réseau d’influence aux choix politiques pragmatiques : libéralisme contre régulation,
individualisme contre communautarisme, optimisme forcené contre principe de précaution. Ils en sont
persuadés : c’est l’Amérique du Nord qui leur permettra de réaliser leur rêve de surhommes.

Dans une communauté scientifique se sentant souvent incomprise, le positivisme décomplexé des
Extropiens est en phase avec l’air du temps. Depuis, la conférence Extro 4 qu’ils ont organisée à
Stanford en 1999, ils ont été rejoints par des chercheurs de renommée mondiale. Ainsi, Marvin
Minsky, fondateur du laboratoire d’intelligence artificielle du célèbre MIT (Massachussetts Institute of
Technology), fait officiellement partie du conseil de l’Institut. Ray Kurzweil, inventeur du synthétiseur et
spécialiste de la reconnaissance vocale, fait également partie des têtes pensantes. Le titre
provocateur de son dernier best-seller, l’atteste : L’Âge des machines spirituelles, quand les
ordinateurs dépasseront l’intelligence humaine. Moins officielle, la nébuleuse de leurs sympathisants
compte d’autres personnalités de premier plan : le chercheur en robotique Hans Moravec, le
mathématicien et écrivain de science-fiction Vernor Vinge ou Hal Varian, théoricien de la fameuse
« économie de l’information ». À la fois experts du high-tech et prophètes intarissables, les membres
du collectif ont su capter l’attention des médias. De CNN au New York Times, en passant par le
Frankfurter Allgemeine Zeitung, Discovery Channel, ou encore Marie Claire Italie, de nombreuses
rédactions se sont intéressées à leur cas... Ils disposent également de la solide bienveillance du
magazine Wired, la Bible des nouvelles technologies. Le premier numéro de l’an 2000 était d’ailleurs
consacré à la « super longévité ». Natasha Vita-More, la « pionnière » du mouvement, y exposait
longuement son point de vue au cours d’une interview titrée « Don’t die, stay pretty » (« Ne mourrez
jamais, restez beau »).

Lobbying intensif

De mieux en mieux organisés, les Extropiens ont identifié leurs adversaires. Globalement, tous ceux
qui freinent le progrès : des « luddites » qui refusent la technologie, aux « mortalistes intégristes » qui
ne voient pas l’intérêt de vivre plusieurs siècles, en passant par les « environnementalistes », ennemis
du progrès. Exaspérés par les succès des militants anti-OGM et du mouvement anti-mondialisation,
né à Seattle, ils ont créé une structure pour les neutraliser : la Progress Action Coalition ou Pro-Act,
annoncée en juin 2001. Cet organisme, spécialisé dans le lobbying politique intensif, compte copier
les méthodes de ses ennemis officiels, tels que Greenpeace, l’économiste star Jeremy Rifkin, Ralph
Nader et ses Verts, ou encore les « josébovistes ». Max More se targue de faire financer Pro-Act par
ses amis de l’industrie des biotechnologies, qui dépensent sans compter pour redorer leur image.
L’inquiétante forme d’eugénisme personnalisé que prônent les Extropiens pourrait bien trouver un
écho dans les débats à venir autour du clonage, de la recherche sur les cellules-souches ou du
combat médical contre les « défauts » génétiques. Le cocktail de liberté individualiste, d’enthousiasme
consumériste et d’optimisme high-tech sera alors difficile à contrer : « Ne souhaitez-vous pas le
meilleur de la technologie pour vous et vos enfants ? Non ? Tant pis pour vous... » Qui pourra donc
arrêter la croisade machiavélique des Extropiens ?

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