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Le Temps
Innovation & Technologie
Comment évoluent les start-up
romandes? Bilan après quatre ans
Entreprises Plusieurs sociétés, notamment celles qui sont actives dans les technologies médicales, sont sur le chemin
de la croissance. Toutefois, à partir d’une certaine taille, elles ont tendance à viser une alliance ou un rachat
Ghislaine Bloch
Des jeunes entreprises sont ré-
gulièrement présentées depuis
quatre ans dans le rendez-vous
hebdomadaire de la page Innova-
tion & Technologie du Temps. Un
laps de temps souvent considéré
comme décisif dans la vie d’une
start-up. Que sont devenues ces
sociétés qui ont fait l’objet d’un
article en 2005? Petit tour d’hori-
zon de la plupart d’entre elles.
k Endoart:le rachat à succès
La start-up EndoArt, créée par
le professeur Nikos Stergiopulos
et Christian Imbert, a développé
un anneau gastrique télécom-
mandable destiné aux personnes
obèses. Grâce à cet outil, le patient
est rassasié après avoir absorbé
une petite quantité de nourriture.
L’appareil, qui se place près de l’es-
tomac, comporte un moteur et est
réglable par télécommande. En-
doart avait trouvé du financement
auprès de différentes sociétés de
capital-risque. Jackpot en 2007: la
société a été rachetée pour
120 millions de francs par le
groupe américain Allergan. En-
doArt est aujourd’hui une entité
de recherche et de développe-
ment du groupe californien. Diri-
gée par Alain Jordan, cette entité
spécialisée dans la miniaturisa-
tion électronique compte vingt-
cinq collaborateurs et opère tou-
jours depuis le Parc scientifique
d’Ecublens. L’anneau gastrique,
qui avait pourtant obtenu le mar-
quage CE lui permettant d’être
commercialisé en Europe, conti-
nue d’être perfectionné avant
d’être lancé sur le marché euro-
péen, probablement en 2011.
k Selexis: la croissance
La société genevoise a signé
plus de 50 contrats dans le monde
avec des sociétés pharmaceuti-
ques et de biotechnologie. «Les
premiers médicaments recombi-
nants utilisant la technologie de
Selexis seront sur le marché d’ici à
deux ans», prévoit Igor Fisch, di-
recteur de l’entreprise. Plus de
vingt médicaments sont actuelle-
ment testés. Certains sont en
phase de recherche et développe-
ment et d’autres en phase clinique
III. «Depuis 2005, notre chiffre
BERTRAND REY
d’affaires a constamment doublé
et dépasse 5 millions de francs»,
souligne-t-il. Selexis, qui compte
dix-sept collaborateurs, a ouvert il
y a deux ans une succursale à Bos-
ton et des bureaux à San Fran-
cisco.
k Endosense: la réussite
La société genevoise avait ré-
colté 26 millions de francs en
2005. Son produit, visant à facili-
ter les interventions cardiaques
pour le traitement de la fibrilla-
tion auriculaire, était encore en
phase de test. Quatre ans plus
tard, la société a obtenu le mar-
quage CE lui permettant de com-
mercialiser sur le marché euro-
péen ce cathéter d’ablation avec
senseur de force. La production
aura lieu à Meyrin. Trente
personnes travaillent actuelle-
ment pour la start-up, qui devrait
compter 50 collaborateurs d’ici à
la fin de l’année prochaine.
k Lyncée Tec: le succès
Lyncée Tec connaît une pro-
gression de ses ventes de 50% cha-
que année. Universités et labora-
toires industriels dans une
quarantaine de pays achètent les
microscopes holographiques dé-
veloppés par la société toujours
hébergée au sein du Parc scientifi-
Economie
que d’Ecublens. Ils permettent
l’observation d’un objet en mou-
vement en trois dimensions. «La
technologie est aujourd’hui plus
mature avec de nouvelles fonc-
tionnalités», précise Yves Emery,
directeur de la société qui travaille
avec quinze personnes.
k Leman Cardiovascular:
vers une alliance
La société a développé une nou-
velle génération de valves cardia-
ques biologiques. Après avoir levé
22 millions de francs pour mener
à bien son projet, la start-up Le-
man Cardiovascular poursuit son
chemin. Elle emploie désormais
quinze personnes réparties entre
Morges et les Etats-Unis. «Nous
avons terminé les développe-
ments pré-cliniques et allons dé-
marrer les tests cliniques au qua-
trième trimestre 2009», note
Pierre Fazan, directeur scientifique et cofondateur de la société Innovative Silicon. La technologie permet
de diminuer jusqu’à deux fois la taille du point mémoire des puces électroniques. ECUBLENS, 11 AOÛT 2009
La mémoire à succès d’Innovative Silicon
La start-up se bat
aux côtés d’Intel
ou de Samsung
Accumulant prix et distinc-
tions, Innovative Silicon déve-
loppe et octroie des licences sur un
nouveau type de mémoire à semi-
conducteurs. Considérée comme
une jeune société à haut potentiel,
elle avait levé 16 millions de dol-
lars en 2005 et comptait douze
collaborateurs.
Depuis, l’entreprise, basée au
Parc scientifique d’Ecublens sur le
site de l’Ecole polytechnique fédé-
rale de Lausanne, a signé deux ac-
cords commerciaux. L’un avec
AMD, le deuxième fabricant mon-
dial de microprocesseurs, derrière
Intel. Et l’autre avec le sud-coréen
Hynix, deuxième fabricant mon-
dial de mémoire DRAM (mémoire
vive des ordinateurs).
En novembre 2007, la société a
Benedict Broennimann, directeur
de Leman Cardiovascular. Il pense
qu’une alliance de la société avec
un partenaire sera indispensable
pour commercialiser ces valves,
dont le marché annuel se chiffre à
1,2 milliard de dollars.
k Biocarb: passage difficile
Le biocarburant de Biocarb
existe toujours. Certains automo-
bilistes font leur «plein» dans la
zone industrielle de La Plaine (GE)
et alimentent leur véhicule d’un
carburant provenant d’huile vé-
gétale usagée, celle que l’on
trouve notamment dans les friteu-
ses des restaurants. La société, qui
est passée de neuf à six personnes,
se concentre désormais unique-
ment sur un biodiesel à base
d’huile recyclé. Elle en écoule en-
viron 200 tonnes par mois, essen-
tiellement auprès d’entreprises de
réalisé une troisième levée de
fonds de 25 millions de dollars et
compte désormais 53 collabora-
teurs, répartis entre ses sites de
Lausanne, de Santa Clara en Cali-
fornie et de Shin Yokohama au
Japon.
Vers une entrée en bourse
Il y a quatre ans, Innovative Sili-
con voulait intégrer sa technolo-
gie – dite de mémoire à effet de
substrat flottant – dans la mé-
moire embarquée des micropro-
cesseurs. Elle a modifié sa stratégie
et vise désormais essentiellement
la mémoire DRAM utilisée entre
autres dans les PC, téléphones et
agendas électroniques.
Le savoir-faire d’Innovative Sili-
con permet de miniaturiser la mé-
moire des puces électroniques en
supprimant des éléments de stoc-
kage. Cela devrait permettre de
multiplier encore davantage les
fonctions d’un téléphone porta-
ble, par exemple, sans en augmen-
transport. Le contrat avec un
grand distributeur a toutefois été
rompu et la société a connu un
passage difficile en 2008.
k Bioring: la controverse
En 2005, la start-up obtenait
l’autorisation de commercialiser
en Europe ses anneaux biodégra-
dables destinés à la chirurgie car-
diaque. La société, toujours basée
à Lonay, compte aujourd’hui
quinze collaborateurs. Discrète, la
directrice de l’entreprise Soad El
Ghazouani ne communique tou-
tefois aucun chiffre en matière de
ventes ou d’évolution des affaires.
La société reste sur ses gardes
après avoir fait l’objet d’une con-
troverse dans les médias en début
d’année, liée notamment à la tech-
nologie et aux conditions dans
lesquelles s’étaient déroulés les es-
sais cliniques.
ter la taille. «Nous sommes capa-
bles de fabriquer des points
mémoire au-dessous de 30 nano-
mètres», précise Pierre Fazan, co-
fondateur et directeur scientifique
de la société.
Un nouvel accord commercial
est attendu d’ici à la fin de l’année.
Mais, pour l’instant, la technolo-
gie est encore en période de quali-
fication chez les grands construc-
teurs. Elle devrait arriver sur le
marché d’ici deux à trois ans. In-
novative Silicon obtiendra dès
lors des royalties sur ses ventes, ce
qui lui permettra d’envisager une
entrée en bourse.
«Dans le domaine des mémoi-
res à effet de substrat flottant,
nous avons de l’avance par rap-
port à nos concurrents tels
Toshiba, Intel ou Samsung, af-
firme Pierre Fazan. Notre techno-
logie est meilleur marché, permet
une plus grande miniaturisation
et génère de meilleures perfor-
mances.» G. B.
k OncoXL: l’attente
La société genevoise a connu
une période difficile face au scep-
ticisme de la communauté scien-
tifique par rapport à son test qui
permettrait de révéler la présence
ou non d’une tumeur en recher-
chant une enzyme spécifique
dans le plasma sanguin. Les effec-
tifs restent limités aux deux fon-
dateurs. Aujourd’hui, la recherche
autour des micro-ARN (des mi-
nuscules acides nucléiques qui
peuvent prédire le développe-
ment des cancers) a explosé et
OncoXL bénéficie d’un regain
d’intérêt des sociétés de diagnos-
tic. Un accord pourrait prochaine-
ment être signé.
k Viacam: des routes
aux trains
La société issue de l’Ecole d’in-
génieurs du canton de Vaud n’est
pas parvenue à installer ses camé-
ras permettant d’optimiser la ges-
tion du trafic routier. Ses capteurs
permettent pourtant de détecter
non seulement la présence des
voitures mais également celle des
piétons. Viacam, qui compte tou-
jours deux personnes, se réo-
riente désormais dans le domaine
ferroviaire pour une gestion des
passages à niveau.
k Komodo: le statu quo
Olivier Morgan était parvenu à
lever 1,5 million de francs pour
lancer un jeu en ligne, dénommé
One Online. Il y croyait ferme-
ment et continue d’être con-
vaincu par son projet. Pourtant,
la société Komodo, basée dans le
technopôle de Sierre, a connu
des problèmes de liquidités en
2006 et n’est jamais parvenue à
lancer son jeu sur Internet.
«Aujourd’hui, la société n’a plus
de dette et continue de chercher
de fonds externes pour relancer
ses activités», souligne Olivier
Morgan.
k Bindring: la faillite
La société Bindring, hébergée
dans l’incubateur genevois de la
Fongit, avait développé un nou-
veau procédé qui aurait pu révo-
lutionner la plomberie. La jeune
société avait trouvé le moyen de
souder des tuyaux de manière
beaucoup plus rapide. Faute de
financement, la société, qui
comptait trois collaborateurs, est
tombée en faillite. Le savoir-faire
de Bindring a toutefois été ra-
cheté en 2008 par le groupe autri-
chien Kekelit. Et, aujourd’hui, la
technologie a trouvé une pre-
mière application commerciale
en Autriche dans le domaine des
tuyaux isolants.
k Neurochem: la désillusion
Cotée au Nasdaq et à la bourse
de Toronto, avec une capitalisa-
tion boursière d’environ 300 mil-
lions de dollars, la biotech québé-
coise Neurochem avait choisi
Lausanne pour établir sa filiale
européenne. Son produit phare,
l’Alzhemed – une molécule déve-
loppée en vue d’arrêter la progres-
sion de la maladie d’Alzheimer –,
nourrissait énormément d’espoir.
Le couperet est tombé en 2007. La
Food and Drug Administration
n’était pas satisfaite de résultats
des essais cliniques en phase III.
Une grande restructuration s’est
ensuivie, avec des centaines de li-
cenciements au Canada. A Lau-
sanne, les effectifs sont passés de
quinze à cinq personnes. Neuro-
chem s’appelle désormais Bellus-
health.com et commercialise un
produit naturel qui renforce la
mémoire.
Mardi 25 août 2009
Paraît chaque mardi
Radar
Electricité
U La société Geroco a passé avec
succès la première phase du
Venture kick et a obtenu un fi-
nancement pour développer son
projet. La start-up a développé un
produit composé de plusieurs
boîtiers s’installant dans les
prises murales. Elles collectent
des données sur la consomma-
tion électrique ainsi que la tem-
pérature ambiante. Grâce à l’ins-
tallation de plusieurs capteurs
qui sont tous reliés à un ordina-
teur par une connexion sans-fil, il
est possible d’analyser sa consom-
mation électrique en temps réel
et d’obtenir des conseils d’utilisa-
tion. (LT)
Robot volant
U Un ingénieur allemand a
développé un robot volant de
moins de deux kilos permettant
de localiser des incendies. Grâce à
ses caméras embarquées, notam-
ment des caméras infrarouges, il
permet de filmer des zones inac-
cessibles à pied. Les images trans-
mises sont des données précieu-
ses pour guider les soldats du feu.
En effet, la nuit, les avions et les
hélicoptères ne peuvent pas
intervenir. Ce microdrone est le
fruit d’un travail mené par plu-
sieurs organismes européens,
notamment allemand, français et
grec. Le projet est toujours dans
une phase expérimentale. Ce
microdrone, avec ses équipe-
ments, pèse moins de deux kilos.
(LT)
Colle
U Pour mettre au point une colle
qui pourrait un jour permettre
aux chirurgiens d’assembler des
os brisés, des chimistes de l’Uni-
versité de l’Utah aux Etats-Unis se
sont inspirés de l’adhésif naturel
sécrété par un petit ver marin. Ces
chercheurs ont produit une
réplique synthétique de ce ci-
ment sous-marin composé de
protéines chargées électrique-
ment qui s’assemblent grâce à
l’électricité statique. La différence
de pH entre l’eau de mer et l’adhé-
sif lui permet ensuite de se solidi-
fier. La version synthétique de cet
adhésif, testé sous l’eau, doit
désormais vérifier sa capacité à
être biocompatible. (LT)
Souris
U Logitech vient de présenter ses
deux nouvelles souris optiques
tout-terrain. Sa technologie
maison permet de s’accommoder
de tous les types de surfaces: bois,
granit, marbre et surfaces en
verre. Alors que la technologie
laser habituelle se base sur l’apti-
tude du capteur à reconnaître la
texture et les irrégularités du
support, la technologie de Logi-
tech utilise un système de micros-
copie qui détecte les plus petites
particules de poussière et rayures
présentes sur la surface du verre.
(LT)
Eclairs
U Des chercheurs américains de
la Duke University aux Etats-Unis
ont réussi à filmer un phénomène
rarement observé: de gigantes-
ques jets qui s’élèvent des nuages
d’orages et qui zèbrent la haute
atmosphère, grimpant jusqu’à
90 km d’altitude.
Ces chercheurs ont installé une
caméra ultrarapide et des instru-
ments de mesure du champ
magnétique. (LT)
Agenda
Du 2 au 4 septembre
U Symposium inaugural des
sciences de la vie. Lieu: EPFL,
Ecublens. Pour plus de détails:
http://lss09.epfl.ch
Boîte aux lettres
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ecoromande@letemps.ch