Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
SEANCE D'INAUGURATION
L E 2 4 J U I N 1906
SOUS LA P R E S I D E N C E DE M. H . A. E K E R S ,
M A I R E DE MONTREAL.
,-\-
MONTREAL as q,
LIBRAIRIE BEAUCHEMIN, L I M I T ~ E
256, nie Saint-Paul.
L'inauguration du monument Crbmazie a fait, du 2
1906, une date mémorabldans les annales des lettres pana-
(liennes; on peut dire mêm dans l'histoire de l'&me canadienne-
française
De toutes les fasons de célébr la fêt nationale, il n'en étai
pas de plus rationnelle que de. rendre cet hommage de gloire IL
celui qui fut, en mêm temps que le premier de nos poètes un
patriote ardent et sincères'il en fat: . .
La c6rAmonie du' square 'Saint-Louis n'a pas ét aeu-
lement l'a-pothfmse de Crémazieelle a étaussi la fêt de la
poési canadienne e t des poète .canadiens, la fêt de .l'art.
canadien, la fêt de l-'idbal chez nous.,
Car ce fut un martyr de l'Idéalou 'si l'on veut -c'est mêm
chose'- une victime du Têv que celui-là qui mourut -misérable
et dhdaigné parce qu'h un moment de sa vie il lui manqua une
poignéde billets de banque pour désintbresseceux qui. avaient
exploitÃsa naïvet et sa bonne foi.
II est beau que par ces 6poques de positivisme, ofi le Veau
d'or a acquis la taille et les facous du Taureau de*.
est beau que des pohtes de race françaisaient
génére effort de rendre un hommage pub
conduit au malheur, A la folie, Ã la tombe i
conduit aussi à la gloire.
. ,
-14-
L e public, notre public dont le sens; artistique, s'est heureu-
@?en$ développdepuis une dizaine .d?aimées surtout, .semble
avoir 'compris la portébde-1cér&oniedu-square Saint-Louis,
Désorientjusqu'à maintenant par une critique qui louange
et blâmà tort et à travers, il n'a pas toujours su ce qu'il faut
idmirer, ni quand il. faut admirer. Saluons le jour oh il n'a
s eu peur de venir applaudir trop fort des po$tes canadiens
iant des mis à la louange d'un a"nÃmort en exil.
?est pourquoi les belles strophes qui furent dites en face du
nument, et qui naguèr encore n'eussent éveillaucim écho
ont étsoulignéecomme elles méritaiende l'etre.
L'œuvr accomplie par le comità du monument Crémazi
rrive donc à point. Le buste du poèt et la statue du soldat- , .
lourant restent, la fêt finie, et ils enseigneront aux petits
nfants qui viennent jouer alentour, aux petits enfants qui
eront plus tard, peut-gtre, des grands citoyen$, que si les
..ommes passent, leur mbmoire demeure, lorsqu'ils eurent 'se
cultedu Beau et du Bien.
On avait rgvépour cette inauguration, du monument Cré
mazie, une éclatantjournéd'étà riante et lumineuse. Ce fut
par une grise après-midi-esous un ciel attristà qu'elle eut lieu.
Les 'petite oiseaux s'&aient tus dans les' érablelourds 'ae pluie
et les verdures du square étaiensombres et 'silencieuses: Cet
aspect 'funèbr des choses convenait mieux, semble-t-il, que
l16c1at triomphal d u soleil de jtan, à '1'6vocation du lantôm
mél'tincoliuuet 'glorieux : du ¥pd&t mort dans la' solitude
'
. et.
la
paiiwet.4, loin du pays natal.
Trente mille personnes m moins W e n t réunieSUT le square
que, vers trois heures et demie, les cadetsdu Mont-Samt-
.is, prkédà de leur fanfare sous la direction de M. E. Hardv,
!ent en garded'honneur se ranger au port d'anne~d e ~ a n le t
ment. . .
~ ~ h & m e - t e mparurent
ps. les officiers au Comitéentour&
d'un groupe nombreux de magistrats, d'hommes politiques,
d'échevinsde membres du clerg6, qro prirent place sur une
estrade artistement décorÃpar M. B.'Beullac, et construite
gauche du monument.
Le prbident, M. Louis Fréchetteail nom du Comità remit
d'abord z i la ville, reprbsenthe ar le maire Ekers, la propriét
8
du monument qui allait lient t appardtre aux regards de la
foule; puis, à son bras, Mme P.-L. Bëiqueépousdu présiden
'd'honneur, descendit de l'estrade pour 'présideà la cérémon du
dévoilement
Le moment &ait solennel. Le public, saisi de respect, g
un religieux silence. Le monximent, enveloppb par la
souple drape
?'e, semblait quelque ghant trbpass4 qui se sera
dressh tout d oit dans son linceul. E t ce gbant avait une voix;
les cuivres résonnbrendiscr&tement sous les larges et graves
harmonies que les plaintes du vieux soldat de Carillon ont
inspiréei Sabatier. C'btait comme un chant trbs lointain,
d'outre-tombe. Le linceul tomba, le grand mort apparut, et la
clameur admirative de la foule parut le rAveille1'. Les cuivres
bmirent des accents plus sonores, les tambours battirent aux
- champs, tous les hommes .se dhcouvrirent, toutes les femmes
eurent un frisson: Crhmazie venait de renaftre.
nos veines? .. . . .. . . r . ,. .
Cette haute penséenotre grand statuaire Héberl b aw-
comprise et admirablement rendue. Jamais son,
a éclatd'une faço plus ~i'goureuse,'ne 's'est -affirm'6
maestria plus p6nbtrante. , .
pas la pr4tention de prophéti$er,'maiil me semble voir
annéeet des annéeà venir, Te j6ur de la
les enfants de nos petits-enfants; faire un pAlerinage
u rdon'ament d? C+ma'zie; parce que c e mohument
p
. .
réveillerchez euxles plus patriotiques souvenirs, et symbolisera
le plus éloquemmenles sentiments de notre peuple.
'Non seulement ou retrouvera au pied de ce piédestal'hé
roïsmde nos aïeu immortalisÃdans le bronze et le granit, ou
y verra surtout une impérissablillustration de ce que notre
fidélità nos origines a au, mgme sous un drapeau étranger
conquérirpour nous et nos enfants: c'est-à -dir une place large
et fécondausoleil de toutes les libertés
On y trouvera la consécratioformelle des traditions qui
unissent pour toujours la France de l'Europe à la. France d'A-
mérique Ce sera notre vieille France, notre aïeul glorieuse
et vénér que nous retrouverons là dans les plis de son drapeau.
-
- qu'il soit tricolore o u fleurdelys6 peu importe de son
drapeau, dis-je, rendu A jamais sacrà par les embrassements
d'un mourant.
N'avais-je pas raison de dire en commençanque ce n'est pas
simplement à un poèt que nous avons élevce piédestal C'est
le patriotisme qui a sacrà Octave Crémazi pohte; son mo-
nument sera, par excellence, le monument du patriotisme! de
notre patriotisme canadien et français
Ce sera en outre un brillant hommage à la mbmoire de notre
plus célhbrillustration littérairedans le domaine de la poksie,
et l'on admettra que ckst'déjquelque chose!
Transportà dans un .autre -milieu, Octave Crémazieû pu
devenir un trhs grand poète;-mai s'il n'a pas eu autour de lui
l'horizon qu'il fallait à son envergure, il n'en a pas moins
méritl'admiration de ses contemporaine, .qui. lui ont mani-
mement décern un titre qu'il porte encore et qu'il porter?,
longtemps: celui de "poèt national du Canada".
En somme, mes chers compatriotes, voici 'une de"nos dettes
payke; Ã quand .celles que nous devons encore? Notre pohte
national, et notre historien national- qui aurait dà neut-&re
passer le premier-sont deux frhres jümeau qui n e doivent
pas 8tre séparks
La ville de Québecla ville historique par excellence, a de
nombreuses et lourdes dettes à payer sous ce rapport, assumons
une partie de la thche: ce sera tout bénéfi pour'notre ville,
qui n'en sera que plus belle et plus attrayante pour se0 visiteurs.
-Â¥.?+-"Â
N~E-&EBEAUCHEMIN:
, Et comme avec l'épÃaltièr des aïeux
Il a taillà son œuvr à m6me notre drame;
Tout le rive d'un peuple a tenu dans son âm
Pareille au lac géanqui reflèt les cieux.
>.. .
.2- .
C'est l'heure. du réveil.Quimportenti, tes, mane
Le mépridu vulgaire e t l e s haines profanes1
Triomphe désarmaide ,la Fatalité
Dans la paix 'du cercueil' un -peuple te cout
Lève-toi solennel, au portique du Temple
à tu sacrifias ta vie à la Beauté
-12-
.. .
..
ris le sensdes choses.
ALBERT LOZE
M. le juge Taschereau, un des Vice-Présidentdu Comit6, est
%lors appelà A prendre la parole pour clore l'assemblbe, et s'ex-
prime en ces tennea :
Messieurs,
En ce moment oii les travaux du Cornit6 dont j'ai l'honneui'
de former partie comme 'Vice-Prbsident sont couronnéd'un
succds si brillant, c'est notre devoir, comme c'est notre plaisir,
uri remerci-ir put)iiqi*emenc tous ceux qui, de prds ou de loi&
ont contribuà à i'apothéosdont vous venez d'gtre les témoins'
Vous le premier, M. le i'résidentVOUS avez droit A la recon-
naissance de tou'c le Canada iran~ais,representb ici par la fou12
immense qui nous entoure. Vous avez conç l'idépremidre de
ce monument national: vous avez réellemenfondà le mo-
nument Crhazie! C'btait bien, il est vrai, votre mission toute
naturelle, A vous, le successeur aimÃdu podte tant regrettà mais
vous avez apportÃA l'Å“uvr patriotique cette ardeur, et 1'
siasme qui défienl'insucc&s, et le triomphe posthume
maltre est bien dtÃA vos efforts.
Membres du comità et premiers souscripteurs, nous
suivi votre impulsion irrbsistible, votre élanous a po
dire fanatisésnotre population a su répondr4 votre appel, le
dbtracteurs ont étconfondus, et l'œuvr de réhabilitatio
devenue facile.
A vous. HébertétaidéG1ula tiche de rei-i~oduire.sur le
bronze des grandsartistes, ces traits de notre podte, co&s'de
quelques-uns seulement de la générati prbsente. J e suis de
ce petit nombre! J'ai vu Crhazie, mais je le vois encore chne.'
votre Å“uvr si vi~ante1
Laissez-moi TOUS dire, Mer Raeicot, combien noua sommea
heureux de vous avoir parmi nous. La fêt de famille efit ét
incomplAte sans TOUS,le reprAsentant de cette Foi qui doit
dominer nos démonstrationset qui béniCrhmazie sur son
socle, comme elle a bénsa tombe et Bon lit de mort.
M. le Maire de Montréavient d'accepter, au nom de la
grande citéce beau monument q u w u s lui offrons, Nous
avons 6th touchéde ses paroles ai bienveillantes A.l'aXresse de
noue tous, se8 bons amis canadiens-françaide la métropole
E t vous, Madame Blique, qui si gracieusement avez d6voiU
le buste de notre podte, recevez nos remerciements les plus sin-
ches. Vous repdsentez ici ces milliers de Canadiennes-fran-
-
gaises qui nous ont acclamédè nos premiers efforts, et qui
sourient aujourd'hui à notre triomphe.
Messieurs les podtes, disciples de Crémazievous nous avez
gratifiédu spectacle d'une joute poétiqudont nous ne perdrons
jamais le souvenir. Vous avez accompli envers votre maîtrtin
-
devoir sacrétout en rendant à la Patrie un hommage dont elle
est reconnaissante.
Le Mont Saint-Louis. cette mande institution dont notre
pays est si fier, noua a prêt le concours de ses élhves Les sons
de leur belle fanfare ont servi de digne accompagnement aux
poésieet aux discours de circonstance. Merci au nom du
Comitémerci pour la foule !
Et cette foule qui rn'houte, je la remercie, au nom de la
Patrie, d'avoir, en assistant .icette apothéoset en lui donnant
cet éclamagnifique, préparpour l'Histoire du Canada françai
une de ses plus belles pages.
Québec. ..
. . .... . . . . 20 oo
Louis Beaudry.. . . . A,.
F. X. Charbonneau .....
."DeSt-J.-Bte, Québec
F. L. B6qlIe. :. ..
Héhwt. . . . ....
50 00
50 QO
50 on
Tuge P. X Choqnet.. . .
C. Beausoleil.,, , , , , , ,
Club St-Denis.. . . . . 40 oo E. Prud'homme, N. P..
J. L. Chalifoux (Lowell)
Mgr G. Proulx (Nicolet)
Desforges et Latourelle.
F. L. Desaulniers.. .. ..
W. E. Blumharf . . . . .
Hal L. O. Tailton.. . .
.. IO w
IO 00
" R. Dandurand . . . .
<'Tuge J. S. Wurtele.
. IO ca
IO oo
P. 0. Martineau.. . . . .. 10 w
Gonzalve Desaulniers..
.
L. A. LavalMe.. , , . . . . IO LW
IO 00
Hon. Juge N. Charbon-
neau (Sorel) ....... ro 00
' J. R. Thibaudeau. IO 00
J. X. Perrault.. . . . . . ..
Han. Rodolnhe Lemieux
ranger . Alphonse Racine.. . , , , ,
' ' J. E. Robi- 1 F. J. BisaiIlon., , . . . ...
*Ooo
A. Bergevin.. . . . . . . , ,
Dr Ed. Desiardins.. . , ,
.
Philippe Huot (Québec $10 CO
Lt-Col. Turnbull (QuébecIO oo
E I m Juqe Sir A Lacoste
J. Lavergne.. , .
Dr C. de 1.. Harwood..
J. O. Labrecque.. . . ....
F. D. Shallow. ........
G. N. Moncel.. ........
J. R. Genin.. . . ... . . . . .
Lamarche & Benoit.. ,
Henri Lemire.. ... . , . ,
.
Emile Galibert.. , . . .,..
L. H . Durand., . . . . . . .
Tuce A. E. Poirier., , .
Robert 'Perroux.. . . . , ,
T.t-Col. F. S. MacKay..
Honorà Mercier.. , , , ..
Arthur Beauchesne.. . ,
Albert Jeannette. ......
Horace St-Louis., . .. ..
Rouer Rov , . . . , . , , , . .
Donat Brodeur ...,,,,,
T'hilinoe Demers.. , , , , ,
Dr H. M. Duhamel.. . . "Desiardint & --
- Labelle
R. G. de Lorimier,, , , , .........
F. X. Prévos
D r L. 1.V. Cléroux. ,. MmeDiimniqJ Vra'iewillt-''1
Prof. Õ&z R. Gree-or
Ang. Comte. ...... . , , ,
~ ~ ~-~~ " Blondeau "
Dr E. Robillard ........
Alfred Larocque ..... , , ..
Jos. Lussier.. , , , . . . .
F. X. St-Charles ....... T. B. Sancer.. . . . . .....
D r J. M. MacKay.. , , , , Olivar Asselin , , . , , , : .
D r Emile Sirnard.. .... Z. Mayrand.. , , , . . . . ..
Hon. A. Desjardins.. , . E. Dyonnet.. .,,...,...,
" sénateuLandry Dr 1. A. E. Beaudoin..
(Québec . ... . H. Richard. ....,. . . . . .
Dudos & Cie.. . , , , .... L. Bérard. . . . . ..... . .
Adolphe. Gravel. . , , , ...
Oscar Archambault . . . .
Stan. Dusablon ........
Isaac Collins ..........
J. B. Gratton ..........
Cie ki'Im~rimerie ,Mo-
deriae. . . . . . . . . . . . . ,.
. .
S. ~ a u r i n .., . :. ... ..
J. B. Valade. ,.,.......
Juge M. C. Desnoyers.. S. Despres. .... ...,..
,,
Alex. Duclos.. . . , , , , .. Pauvre et patriote.. . ,,
Conférencedonnéepar vent de Villa-Maria,
M. Louis Frbchette au Lauzon, Couvent de
Mont 'St-Louis, Ã Ar- St-Frdn$ois - du - Laci .
thabaska, LévisVal-
leyfield, Division Est ! Woonsocket, R, I.,
Southbridge, Mass.,
1
de Montréal Club Worcester, 'Mass.,
National de Worces- Spencer, Mass., Ho-
ter, Yamachiche, St- lyoke, Mass, Lowell,
Hyacinthe, Ste-Gene- Mass., Ware, Mass.,
vieve de Batiscan, Manchester, N. H. . 845 2 t
Ste-Scholastique, So- R<ésiddes souscriotions
rel, Nicolet, St-Jean, au Monument de Mai-
Sherbroooke, St-Jér6
- ^rois-Rivières La 1 ..
sonqeuve. .. . . . ... . 212 43
Séance publiques au
ILI Febvre, Cou- 0 Monument National. '579 50 ,
Cette plaquette est gracieusement offerte au Comit6 du Monument
Crémazipar la LIBRAIRIE BEAUCHBMIN(Limitee), Editeurs desCèuvre
Compl&tesd'Octave Cr6mazie.