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LE MONUMENT GREMAZIE

SEANCE D'INAUGURATION
L E 2 4 J U I N 1906

SOUS LA P R E S I D E N C E DE M. H . A. E K E R S ,
M A I R E DE MONTREAL.

,-\-
MONTREAL as q,
LIBRAIRIE BEAUCHEMIN, L I M I T ~ E
256, nie Saint-Paul.
L'inauguration du monument Crbmazie a fait, du 2
1906, une date mémorabldans les annales des lettres pana-
(liennes; on peut dire mêm dans l'histoire de l'&me canadienne-
française
De toutes les fasons de célébr la fêt nationale, il n'en étai
pas de plus rationnelle que de. rendre cet hommage de gloire IL
celui qui fut, en mêm temps que le premier de nos poètes un
patriote ardent et sincères'il en fat: . .
La c6rAmonie du' square 'Saint-Louis n'a pas ét aeu-
lement l'a-pothfmse de Crémazieelle a étaussi la fêt de la
poési canadienne e t des poète .canadiens, la fêt de .l'art.
canadien, la fêt de l-'idbal chez nous.,
Car ce fut un martyr de l'Idéalou 'si l'on veut -c'est mêm
chose'- une victime du Têv que celui-là qui mourut -misérable
et dhdaigné parce qu'h un moment de sa vie il lui manqua une
poignéde billets de banque pour désintbresseceux qui. avaient
exploitÃsa naïvet et sa bonne foi.
II est beau que par ces 6poques de positivisme, ofi le Veau
d'or a acquis la taille et les facous du Taureau de*.
est beau que des pohtes de race françaisaient
génére effort de rendre un hommage pub
conduit au malheur, A la folie, Ã la tombe i
conduit aussi à la gloire.
. ,
-14-
L e public, notre public dont le sens; artistique, s'est heureu-
@?en$ développdepuis une dizaine .d?aimées surtout, .semble
avoir 'compris la portébde-1cér&oniedu-square Saint-Louis,
Désorientjusqu'à maintenant par une critique qui louange
et blâmà tort et à travers, il n'a pas toujours su ce qu'il faut
idmirer, ni quand il. faut admirer. Saluons le jour oh il n'a
s eu peur de venir applaudir trop fort des po$tes canadiens
iant des mis à la louange d'un a"nÃmort en exil.
?est pourquoi les belles strophes qui furent dites en face du
nument, et qui naguèr encore n'eussent éveillaucim écho
ont étsoulignéecomme elles méritaiende l'etre.
L'œuvr accomplie par le comità du monument Crémazi
rrive donc à point. Le buste du poèt et la statue du soldat- , .
lourant restent, la fêt finie, et ils enseigneront aux petits
nfants qui viennent jouer alentour, aux petits enfants qui
eront plus tard, peut-gtre, des grands citoyen$, que si les
..ommes passent, leur mbmoire demeure, lorsqu'ils eurent 'se
cultedu Beau et du Bien.
On avait rgvépour cette inauguration, du monument Cré
mazie, une éclatantjournéd'étà riante et lumineuse. Ce fut
par une grise après-midi-esous un ciel attristà qu'elle eut lieu.
Les 'petite oiseaux s'&aient tus dans les' érablelourds 'ae pluie
et les verdures du square étaiensombres et 'silencieuses: Cet
aspect 'funèbr des choses convenait mieux, semble-t-il, que
l16c1at triomphal d u soleil de jtan, à '1'6vocation du lantôm
mél'tincoliuuet 'glorieux : du ¥pd&t mort dans la' solitude
'
. et.
la
paiiwet.4, loin du pays natal.
Trente mille personnes m moins W e n t réunieSUT le square
que, vers trois heures et demie, les cadetsdu Mont-Samt-
.is, prkédà de leur fanfare sous la direction de M. E. Hardv,
!ent en garded'honneur se ranger au port d'anne~d e ~ a n le t
ment. . .
~ ~ h & m e - t e mparurent
ps. les officiers au Comitéentour&
d'un groupe nombreux de magistrats, d'hommes politiques,
d'échevinsde membres du clerg6, qro prirent place sur une
estrade artistement décorÃpar M. B.'Beullac, et construite
gauche du monument.
Le prbident, M. Louis Fréchetteail nom du Comità remit
d'abord z i la ville, reprbsenthe ar le maire Ekers, la propriét
8
du monument qui allait lient t appardtre aux regards de la
foule; puis, à son bras, Mme P.-L. Bëiqueépousdu présiden
'd'honneur, descendit de l'estrade pour 'présideà la cérémon du
dévoilement
Le moment &ait solennel. Le public, saisi de respect, g
un religieux silence. Le monximent, enveloppb par la
souple drape
?'e, semblait quelque ghant trbpass4 qui se sera
dressh tout d oit dans son linceul. E t ce gbant avait une voix;
les cuivres résonnbrendiscr&tement sous les larges et graves
harmonies que les plaintes du vieux soldat de Carillon ont
inspiréei Sabatier. C'btait comme un chant trbs lointain,
d'outre-tombe. Le linceul tomba, le grand mort apparut, et la
clameur admirative de la foule parut le rAveille1'. Les cuivres
bmirent des accents plus sonores, les tambours battirent aux
- champs, tous les hommes .se dhcouvrirent, toutes les femmes
eurent un frisson: Crhmazie venait de renaftre.

Le maire Ekers prit alors la parole et s'exprima ainsi:


Monsieur le Prhsident, Mesdames et Messieurs,
J'hprouve un vif plaisir à me trouver ici, comme maire ,de
MontrAal, pour proclamer publiquement combien les citoyens Se
cette ville. sont fiers, h juste titre, d'avoir dans leur m6tropole un
monument aussi imposant.
Il n'est peut-etre pas hors de propos de dire que les m6rites de
cuite œuvr htaient dAjà connus avant aujourd'hui, et c'est un
monument digne du gbnie litthraire dont il perphtuera la mh-
moire, et digne aussi de notre ville, si on Je considdre dans
son artistique conception, dans son irr6prochable exhcution,
dans son profond symbole el dans la sublime leço morale. qu'il
comporte.
Dans ces jours de mercantilisme intense,- il est consolant de
trouver des citoyens disposéh entreprendre la t& (i'lionorer,
d'une manibre tangible, la m h o i r e de nos grands hommes, sans
4gard à leur origine ou t leur religion; et l'œuvr qu'ils accom+
plissent ne peut avoir qu'un excellent effet moral en resserrant
les liens d'amitib qui nous unissent et en Atablissant une entente
cordiale entre les citoyens des diffhrentes races.
Ces monuments attestent que, dans 'certains $'s
certaines villes, les divers hlAments de la pop atl %,da:;
manquent jamais de s'entendre lorsqu'on fait appel aux ?lus
nobles sentiments du cœu humain: la vén6ratiodes homme?.
iilustres, l'amour de la patrie et le culte de la gloire.
-16-

En.contemplant ce piédestalles génératio futures appren-


dront que la meilleure écoldu patriotisme est celle qui enseigne
A ne pas se laisser bercer par de frivoles espérancesA éviteavec
soin ,les écueilde la vie et h envisager l'avenir bien en face.
Monsieur le présidenet messieurs les membres du Comitb du
monument, vous méritenos sincbres-remerciements pour avoir
dotà notre ville de cetts superbe œuvr d'art. Au nom de la
cità de Montréalj'accepte avec plaisir cetts statue en l'honneur
d'Octave Crémaziel'un des plus brillants'parmi les littérateu
canadiens-françaisle noblebarde, qui a-passÃsa vie A chanter.
les beautéet les gloires de son pays bien-aime.
. .

AprAs le discours dn Maire, le secrétaireM. Gonzalve


Desaulniers, annonç qu'un bon nombre ,de lettres d'excuses
avaient étreçue de la part des invitésentre autres de Son
Honneur le lieutenant-gouverneur sir Louis Jettéde sir Wilfrid
Laurier, premier ministre du Dominion, de l'honorable Lomer
Gouin, premier ministre de la Province, de l'honorable E.
Lemieux, ministre des Postes, de sir Alexandre Lacoste, pré
sident de la cour d'Appel, de l'honorable Françoi Langelier,
juge en chef de la cour Supérieurede l'ex-juge en chef
Routhier, de l'honorable AdélarTurgeon, ministre des Terres
et Forêts du Maire de Québecde M. F. D. Monk et autres.
I l annonçen meme temps que Sa Grandeur Mgr l'archevêqu
de Montréalétanretenu autre part, avait délégu pour !Â
représenterMgr Haricot, -évêqde Pogla, accompagnà de M.
l'abbà Elie Auclair.

'^fce^résidenprit ensuite la parole:

M. le Maire, Mesdames, Messieurs,


La circonstance qui nous rassemble aujourd'hui a quelque
chose d'exceptionnellement solennel. Il s'agit, comme vous le
-
savez, d'honorer la mémoird'Octave Crémaziequi fut -vous
le savez aussi le plus actif pionnier, poqr ne pas aire le p&re
et le fondateur de la littératurcanadienne.
C'est la premièr fois que notre pays rend un hommage public
et permanent, j e ne dirai pas à un homme -de lettres-car '
Octave. Crémazine fut pas &.proprement parler un homme de
lettres-mà i i un travailleur de la penséecomme on disait
autrefois, A. un amant de l'idéal
Jusqu'ici ces récompenseont étréservé à nos soldats, h
nos hommes d'Etat, aux membres éminentde.notre clergé
La Patrie a e u raison sans doute de-se montrer reconnaissante'
envers ceux qui sont morts, ou tout au moins ont exposà leui.
vie sur les champs de bataille pour la d&fense de son drapeau;'
il n'est que juste de psrpétue1s soutenir des hommes qui ont
acconlpli de grandes choses pour l'honneur et la prospéritde la
nation; de mêm que de dresser nn piédestade gloire aux
illustres bienfaiteurs qui ont honorà notre pays et la religion
'par leurs vertus et leurs travaux.
Mais ceux qui, par leurs efforts et leurs talents, ont élargles
"lorizons intellectuels de leurs contemporains, ceux qui ont
imprimà sur leur époqu"an cachet particulier de grandeur et
d e distinction, out droit aussi, ce me semble, A ce que leur nom
n e soit pas'oublié
Et cependant, ce n'est pas tant le pohte -à titre de poèt J-

que nous avons voulu honorer dans Octave Crémaziec'est


'plutbt comme celui desnatres qui a le plus contribu6 A r6veiller
l e sentiment françai dans le cceur de notre population, A y
stimuler l'orgueil génére de la race.
E n effet, si l'on étudide F à ¨ ce que nos poète et nos litth-
rateurs ont produit avant lui- en feuilletant par exemple les
pages du " RépertoirNational " de M. Huston -on trouvera
l'éch de bien dss aspiration? patriotiquss sans doute; on
s'arrêter sur bien des passages, on'admirera bien des chants oh-
l a patrie canadienne est exaltéavec enthousiasme, oà -les droite
de notre nationalità sont fikrement revendiqu&s, O* nos héroet
nos grands hommes reçoivenla part d'hommages qui leur est
due; mais là s'arrêt l'effu~ion de nos sentiments.
Pour une raison ou pour une autre, si'l'on en excepte les
grandes pages et quelques refrains, dus A la plume de notre
historien national, François-Xavie Garneau -un autre grand'
'patriote qui sera avant longtemps dignement honorà $ 80; tour,
je l'espAreÑl nom de la France est A peine prondnc6. On
dirait que le souvenir de l'aucienns. mAre patrie est endormi,
c m tout au moins redoute de se manifester au grand jour.
Ce n'est que depuis 1854, depuis qu'Octave Crémazia jet& ,
a
bons françaispapa inquiételes ms-
e fut,' en s o r t - on
tte grande chose sï'bell et si
our nous, qu'on est convenu
e, esd da& et ~ e s ~ i &!'r s
fut; et Thomme qui a BU
ou en prose, a ciroi6 iiiie

' P o u r mon drapeau, je viens ici'mourir! ''

sacrifices,. de gldre @fc


. . > . ... .

nos veines? .. . . .. . . r . ,. .
Cette haute penséenotre grand statuaire Héberl b aw-
comprise et admirablement rendue. Jamais son,
a éclatd'une faço plus ~i'goureuse,'ne 's'est -affirm'6
maestria plus p6nbtrante. , .
pas la pr4tention de prophéti$er,'maiil me semble voir
annéeet des annéeà venir, Te j6ur de la
les enfants de nos petits-enfants; faire un pAlerinage
u rdon'ament d? C+ma'zie; parce que c e mohument
p
. .
réveillerchez euxles plus patriotiques souvenirs, et symbolisera
le plus éloquemmenles sentiments de notre peuple.
'Non seulement ou retrouvera au pied de ce piédestal'hé
roïsmde nos aïeu immortalisÃdans le bronze et le granit, ou
y verra surtout une impérissablillustration de ce que notre
fidélità nos origines a au, mgme sous un drapeau étranger
conquérirpour nous et nos enfants: c'est-à -dir une place large
et fécondausoleil de toutes les libertés
On y trouvera la consécratioformelle des traditions qui
unissent pour toujours la France de l'Europe à la. France d'A-
mérique Ce sera notre vieille France, notre aïeul glorieuse
et vénér que nous retrouverons là dans les plis de son drapeau.
-
- qu'il soit tricolore o u fleurdelys6 peu importe de son
drapeau, dis-je, rendu A jamais sacrà par les embrassements
d'un mourant.
N'avais-je pas raison de dire en commençanque ce n'est pas
simplement à un poèt que nous avons élevce piédestal C'est
le patriotisme qui a sacrà Octave Crémazi pohte; son mo-
nument sera, par excellence, le monument du patriotisme! de
notre patriotisme canadien et français
Ce sera en outre un brillant hommage à la mbmoire de notre
plus célhbrillustration littérairedans le domaine de la poksie,
et l'on admettra que ckst'déjquelque chose!
Transportà dans un .autre -milieu, Octave Crémazieû pu
devenir un trhs grand poète;-mai s'il n'a pas eu autour de lui
l'horizon qu'il fallait à son envergure, il n'en a pas moins
méritl'admiration de ses contemporaine, .qui. lui ont mani-
mement décern un titre qu'il porte encore et qu'il porter?,
longtemps: celui de "poèt national du Canada".
En somme, mes chers compatriotes, voici 'une de"nos dettes
payke; Ã quand .celles que nous devons encore? Notre pohte
national, et notre historien national- qui aurait dà neut-&re
passer le premier-sont deux frhres jümeau qui n e doivent
pas 8tre séparks
La ville de Québecla ville historique par excellence, a de
nombreuses et lourdes dettes à payer sous ce rapport, assumons
une partie de la thche: ce sera tout bénéfi pour'notre ville,
qui n'en sera que plus belle et plus attrayante pour se0 visiteurs.
-Â¥.?+-"Â

.imulas l'ardeur de nos' vertus timides;


Tu sus mettre un éclaien nos regards hum
Sahs jamais attiser d'inutiles rancœur :
Ce mot qui,-grâcà toi, fit,nptre race fihre,
Si nous l'avons traduit dans le bronze et la
Cu l'avais grav6 dans nos "cœurs

Aussi, ion monument. Å“uvr patriotique,


Ce n'est pas une ville, un parii politique,
Qui i'&l&veaujourd'hui. Don mille fois plus bea
C'est-car ta c-loire. 6 Maitre. a nasse la froniiè
, unie en un faisceau, ta race tout entihre
Dont le v e u t'offre ici l'hommage d'un tombeau.
-2s-

J e viens me constituer pour ainsi dire le porte-voix d'un


peuple reconnaissant envers l e p&te :et envers, la race cana-
dienne-franpise. J e viens .toucher une 'note, d'harmonie et
faire revivre le souvenir detout ce que le$ Canadiens-françai
ont fait, dans le temps jadis, pour'les exilbsdu pays de m m
p&re, A la. demande d u docteur Fréchettmes vers sont en
anglais; mais -a•a de les dire, je VOUS prie'de me permettre
de m'adresser en françai au drapeau national. J e lis sur ses
plis cette .divise : " Nos institutions, notre' langue et nos lois."
Institutions religieuses e t aa$io.nales; q u i ornez notre pays
comme les astres qui brillent dans leciel d'une nuit étoilà d'étÃ
au nom du' peuple canadien-irlan6ai8, je .vous salue. Lois ,
françaisesnhes au temps des anciens Romains et parvenues A
nous A travers les bouleversimenta. des 'siècleset la chute des
empires, je vous ,salue 'aussi. ,. Langue'. belle, charmante et
souple ; toi qui, coules & . travers /les âgÃcomme ces ruisseaux
argentins qui arrosent le pays des fées-langu diplomatique
par excellence de l'univers, je ,bsalue !
Entre ces trois héritagedu .peuple.Canadien -il y a solidarith
absolue. Suivez un moment le raisonnement- que je veux vous
faire. Si, par malheur, on voit- jamais, dans notre pays, la
langue français s'effacer, surtout cowme langue officielle, les
lois française n'auront plus .leur' raison, d'8tre. - Abolissez les
'

lois françaiseet i l ne 'nous restera aucune barrith pour em-


pêche les flots du fanatisme de venir engloutir nos institutions
religieuses et nationales. C'est logique, n'est-ce pas? Donc ces
institutions &pendent pour leur avenir de la perpbtuit6 des lois,
et l'existence des lois dhpend de l a préservatioet de la propa-
gation de la langue française
Déjon a formh des complots pour abolir cette langue et
terrasser ainsi les institutions les plus sacdes du' peuple ca-
nadien; mais, Dieu merci, on n'a pas r h s i . Et aujourd'huiL
la race canadienne, au pied du monument du poèt national,
peut r6pondre à ces conspirateurs dans le langage sublime que
Racine plaçaisur les lèvre du Grand-prgtre Joad:
'' Celui qui met un frein A la fureur des flots,
Sait auw des mechants arrkter les complot&
Soumis avec respect sa volont6 sainte.
Je crains Dieu,cher Abner, et n'ai point d'autre crainte."
Maintenant, au nom du peuple canadieu-irlandais, A la
demande de mon ami le docteur Frbchette, je vous prie de me
permettre de m'adresser, en vers anglais, h celui dont la m6-
moire est si chAre vous tous et dont le nom est sur toutes les
lhres - O&ve Crbmazie.
Laissons parler le pohte maintenant, dans sa langue mater-
nelle :

In this grand chorus, swelling loud,


In accents true and fond and proud,
That soars beyond yon fleeting clotid
Inti our pure Canadian bine,
J e t Ireland's chiidren have a voice;
With you, dear friends, let us rejoice;
The subject's meet for poet's choice
Inspired by gratitude most true.
III
When Death kith fever-ships kept pace
Across Atlantic's fnrrowed face,
And exiles of. the Irish race
Were flung upon Canadian shore;
Wlien fathers shrank and mothers died,
And orphans, in their misery, cried,
Nor was a star of Hope descried,
And clouds of death still hover'd o'er :
. . . ,
IV
Twas then y o seized
~ your tuneful lyre,
And withl the poet's sou1 and fire
Stmdk note on note, till high and higher
Rang out for-aid your stirring plea.
TOU t'otiched' each kind Canadian heart;
Your songs seemed truly to impart
Your spirit, while with your own art
'You saved those. exiles - Créinazi!
L'honorable Juge ROBIDOUX,

Appel6 Ã l'improviste, l'honorable juge Robidoux prit ensuite


la parole au nom de l'Alliance françaisedont il est le préaiden
:
""ìMien résumqu'en ce jour de célébrati nationale, d'exal-
tation patriotique, il ne doit y avoir que des sentiments de bien-
veillance et de fraternità envers ceux qui font quelque chose
pour la Patrie. I l regrette d'enlever la foule au channe de la
pobsie, de la %ire sortir du pays des &es oh l'ont laisséle^
poktes, pour ,la plonger dans les r6alitbs coutumi&resde la prose.
Cependant, il croit que quelqu'un doit offrir des remerciements
an nom de tous au CoaiitA qui s'est d6vouà cette belle œuvr du
Monument Cr6mazie. et surtout à S. Louis Fréchettel'hbritier
Héla! nous nous bercions d'une vaine esp&rance,
Comm? les compagnons du vieux soldat mourant;
E t comme eux nous disions, le regard vers la France,
Ses restes verront-ils les bords du Saint-Laurent?
Des mains qui t'ont couchà dans la fosse commune,
Sans regrets, sans amis, sans pompeux appareil,
Dérisiodu sort! il n'en reste pas une
Pour nous marquer l'endroit de ton dernier sommeil
Ah! nous n'étionpoint là pour suivre ta dépouill
Et t e faire en pleurant nos suprême adieux;
Mais une pierre ici qui défierla rouille
Vaut mieux qu'un peu de cendre au pays des aïeux
Oh! lorsque tu sentis venir l'heure suprêm

ne angoisse profonde a dfi t'6treTndre l'âm


e mourir loin des tiens, ignorém&connu;
s dors en paix, Ã toi que la patrie acclame,
tout un peuple ici de toi s'est souvenu.
OUI, dors paisiblement dans ta tombe ignorée
Sans craindre désormail'oubli tant redouté
Car voici qu'une voix tardive, inespéré
T e parle de rhveil et d'immortalité
t puisque loin des tiens ta dépouillrepose.,
que le bronze manque'Ãton humble tombeau,
ous l'élevonici, dernikre apoth€os
us digne de ton nom, plus durable etplus peau.
En ces temps agitéde luttes politiques
Oà l'effort se mesure aux rêve du moment,
Des cceurs épridu beau, des cœur patriotiques
Au vaincu de la vie offrent ce monument.

E t si nous élevonce buste à ta mémoire


Ce n'est point pour sauver ton grand nom de l'oubli;
Ton euvre te suffit pour méritela gloire,
E t vivra plus longtemps que ce marbre poli.

C'est pour que ta présencen cette grande ville,


Qui te donne aujourd'hui son hospitalit6
Nous fasse faire trèv à toute œuvr servile
E t tourne nos regards vers la postérit

Oui, sois pour la jeunesse une lecoi profonde;


Qu'elle apprenne zi chanter, qu'elle apprenne à souffrir,
E t sache que l'on peut par une œuvr fécond
Survivre à sa poussièr et ne jamais mourir !

Puis l'honorable Charles Langelier prit la parole au nom de


a ville de Qukbec.
8
L'honorable Cas LAKQELIER.

Discours de l'honorable Charles Langelier, reprbsentant de la.


ville de Qubbec :
Monsieur le PrésidentMesdames, Messieurs,
.Te suis ici comme citoyen de Québecpour 'TOUS remercier
d'avoir honorà d'une f q o n si éclatantla méliloird'un fils de
notre vieille cit&,en lui &levantle beau monument qui se dresse
en ce moment devant nous. Vous avez voulu rendre un hom-
mage solennel au grand po&e canadien-françaique fut Octave
Crbmazie. C'est d o n d a u s une penséhgalement chhre & tous,
celle de c&l&brerle souvenir de celui qui fut pour ainsi dire le
p h e de la Po&siechez nous, de celui qui a su si bien enflammer
notre patriotisme, que nous aommes assembl&s aujourd'hui-
Certes, VOUS ne pouviez pas choisir i m 'jour plgaappropriÃqui
celui de la fêt de la Patrie pour fête celui q,ui l'a chantédans
des vers empreints d'un patriotisme si .vibrant. Singuli6re coh-
cidence! c'est aujourd'hui même que la ville de, Paris dévoil
la statue qu'elle a élevÃ& son grand. podte A l f r d ,de Musset,.
Le mêm jour, sur,deux continents différentsdeux grandes cité
se. sont donnéela, main pour glorifier la Poesïecette expression
si éloquentde toutce que le cœu et la,penséhumaine ont de
plus touchant, de plus noble' et de plus élevÃ
Oui nous venons r6parer trente ans, non pas d'oubli, mais
de négligenc h r e c o n ~ f t r e d'une manigre sensible, par des A

marques qui se transmettent à travers le temps,, la mémoir


d'un homme qui a étle plus brillant pionnier ,de notre litKr&
ture nationale. I l ne suffit pas, -Messieurs. de conserver. dans
son cœu le souvenir dd cenx:dont on s?en:or&ei~lit;.oe souvenir
s'efface souvent au bout:d'une g h à © r a e o n , ~ u $ i e e'altbre,
ni se
modifie et devient -.vueWrte .d$!I&A$&e.~~e;pb:p~ente plu8 &
l'esorit due comi"ie.un rêv dont-lÃ&s';,a .iiiatM~u;:, ' ,
C'est en consignant les ami& des grands hommes que 1%i+
foire les transmet aux eénératio
~ , ~ futines:
~ , , mais endehors ~- dp
ce qui est 6crit,,il'ya encore les m ~ n ~ & ~ u i ' : a o l'histoire
nt
populaire que tous peuvent -lire;,qni :rappellent, Ã ,'t ceux qui
passent, une grande ,époqueungrand $&e'nÕn:& un grand
nom. Gr&ceii l'airain commémoratiil est impossible au passant
de ne pas connaîtreau moins,, les principales choses du passti
de son pays. Il est lh comme ,le souvenir immortel de ce
passéil a Pair d'en avoir étle témoi muet, mais fier,
déterminA en perpétuer'l'imag ~3 travers les gges pour rap- , ,
peler aux peuples les vertus de leurs phes. Les mon•i'meilt .,
Messieurs, sont non seulement l'histoire en pierre ou en, marbre, , '

c'est l'aiguillon des peuples restédignes de leur, pa@ e t ' ' % .


consolation des peuples malheureux. Quant à nous, Canadiens,
noue n'avons pas besoin d'êtr consolésmais il noue faut, de
temps en temps, noue retremper par le souvenir "de,nos grands
hommes. Et quel est celui qui, plus que Crhmazie, a'coritribu6
faire vibrer chez nous la corde patriotique, 'Ã noua' inspirer
rgueil national ? Ah ! comme i l 1% .pwifondÉment,ai& sa
atrie, lui qui,devait pourtant mourir -j'ene'diraipas SOTIS un
'el étrangerpuisqu'il est mort en France . . .- mais enfi& loin
, ,
'~

En 1867, Cr6mazie écrivanh un ami qui s1int6misait à lui


ouvrir les portes de sa patrie disait:
La poésisuivante de M.-N6réBeauche.min, qui &ait 'absent,
a 6tà dite de la f q o n la plus 6loquente et la plus ardente, par '
M. Athanase David, fils de l'hon. L.-O. David, et sa parole
chaude et vibrante a soulevà l e s plus enthousiastes
. . bpplaudis-
sements de la foule.
. .
Dans le plein jour du ciel natal qu'elle &te,''
Et que l'ombre d'exil ne vient plus.assombrir, ' ' . . '
' , ., .
Nos yeux ont reconnu l'image du poète
Telle que la douleur e t le r6ve l'ont faite;
Et nos mains vont se -tendre, -et nos,>ras. vont s'ouvfir.
Sous t'embrasserons tous, 6 noire doux aede ! .* ..
0 notre illustre tarde, e d n , arice au sculpteur,
Grâc au maitre inspirà que l'idéaobdde,
Enfin lu nous reviens, enfin l'on te ooss&de.
E t tu nous apparais comme un triomphateur.
, ,
-38-
. .
. ,,
. , ,,
,
. Un frisson de lumièr a p sur ta type,:,,, , .' ,,,
T u rie'yis;-'et,-:vibrant:?. ^appel de tes. yeux.
Le vieux soldat mourant. se: redresse, et. se' campe. '
E t le'drapeau dérou!&:an;sbqmet,de:l hampe,
La .gloire des lys d'op, dans ;la-gloire 'des cieux.
Supq6,me:illusion,.de. k ~ u v r ede l'artiste 1
- Prolongeant jusqu'i nous l'échrépercut
. ,
Des rhythmes dont l e charme attendrissant persiste,
Au souffle karmonieux de la Saint-Jean-Baptiste,
Les cordes d'une lyre invisible ont chanté,
0 poete, c'est toi-! Nous t'écoutonencore. , ,

Sous:le rayonnementde nos ~lochersvainqueurs,


C'est'ta- race, auiourd'hui, qui..t'exalte:et: t'honore,.
Et, comme & Carillon, la trompette-sonore
D a n s u n groupe infrangible a réunilecœurs

Ta plaie parmi' nous,, elle s'est élargie


Le teflple de'mémoire'ouvr%a porte en deuil ;
Barde,. q.u& ta trist$ise: eni% s'$réfugie
Que le; mal 'de' Vpeinà et -'de:ta,.nostalgie ':
S'apaise a u gradieu? souriretTe l'accueil.. , :
Les villag&$ieuf,et lei villes fidèle
De roses ont'fleuri les chemins du retour.
E t les brises du, fl Uve apportent sur leurs ailes,
Avec tous les parfums des floraisons nouvelles,
Des messages de paix,de bonheur et daamour.
De tous 'ses ornements, le sol te fait l'offrande:
L'&able a déployl'embl&ne qui te plait ;
ã,,
e.e sur la montagne a tressà sa guirlande;
Et c'est en ton honneur que la chanson normande,
Ce matin, des .côteau en fête s'envolait.
A toi, tous ces refrains de musique lointaine
Que les jolis rosiers blancs, et les pommiers doux
Effeuillent sur les eaux, de .la Claire Fontaine !
A toi,. tous les respects d'une race hautaine!
A toi, tous les bonjours du pays de chez nous!
A toi, les dons" sacrésà divin Crémazie
encens du souvenir et de la piétÃ
8 fleurs de l'éloqu.encet de la-poési
!
toi, la palme! A toi; la coupe d'ambroisie !
toi, le vêtemen de l'immo:talité, , ,

N~E-&EBEAUCHEMIN:
, Et comme avec l'épÃaltièr des aïeux
Il a taillà son œuvr à m6me notre drame;
Tout le rive d'un peuple a tenu dans son âm
Pareille au lac géanqui reflèt les cieux.

Les sièclesde sou nom devront se souvenir,


Si la fatalità nous ravit à la gloire;
Il fait revivre en nous les grandeurs de l'histoire,
Et nous vivrons par lui dans l'immense avenir.

Souvent, au cours de l'ige, une voix inspirGe


Qui vibre, seul échd'un peuple enseveli,
Réveilleau fond des remos comme au fond de l'oulili.
Le passà de ce peuple e t s a langue sacrée

Nous l'aimons pour les chants auxquels il préluda


Pour le verbe qui vit quand meurent les empires,
Nous dont le cœu fran ais palpite au son des lyres,
NOUS l'aimons pour la France et pour le Canada1

Le rêveu s'endormit, emportÃpar .ses ailes


Dans les vertigineux lointains de l'Idéal
Et tomba brusquement, dans l'océafatal
Noyant à tout jamais son bandeau d'étincelles.,

Il a sombrà dans les abimes d'une loi


Qui punit l'imprudence et sauve l'infamie,
Naufragà ballottà sur une onde ennemie
OÃ la ruse est boussole avant la bonne foi.
Il s'est, devant la honte, enfui dans la misère
Du mêm coup le sort l'a deux fois exilé
Puisque au scintillement de l'azur étoil
Sa Muse pour toujours a fermà la paupière

Toute l'affliction, tout le deuil, tout le fiel


De sa tragique fin l'a rendu vénérabl
Non moins que le géniau souffle impérissable
La profonde douleur l'a rapprochà du ciel.
Nous te laissions languir aux gémonie
MalgrÃtes oha-nts, malgr6 les harmonies
Que ta voix modula;
Mais une basse et dégradantoffense
A cravachà notre reconnaissance,
Et noua voila t
C'est plus qu'un' nom, c'esttoute la Pznin
Que letransfuge insulteur a.flétrie
. . Avec ton 3ouvenii:
C'est s u r nos cœurs'iaidign~que retombe
Ce que l'injure a vomi sur ta tombe
Sans l'avilir.
Otr@assépourtoi l a Terre est tendre .
En te donnant de ne pouvoir. entendre,
La voix des renegats;
Mais par delà les vaguesen démence
Le cri d'un peuple, au fond du noir si1
Tu Fentendras 1
. C e vers sublime,accordésufa lyre,
Que le drapeaÙ.dCarillon inspire
Au vieillard à genoux,
Nous le clamons -Ã ta. grande poussiÃ
"Vous qui dormez dans votre froide bière
Réveillez-vou1'y
Assez longtemps, ton auguste mémoir
A feposà dans une paix sans gloire,
.
.
Sous le laurier fané.
Voici venir l'aurore grandiose 1
Réveille-topour ton apothéose , ,
a
.! .,?:!p ; ,,:: ..
L'heure a sonnÃ1
'.2+ .,,...<,, &>,..
A

>.. .
.2- .
C'est l'heure. du réveil.Quimportenti, tes, mane
Le mépridu vulgaire e t l e s haines profanes1
Triomphe désarmaide ,la Fatalité
Dans la paix 'du cercueil' un -peuple te cout
Lève-toi solennel, au portique du Temple
à tu sacrifias ta vie à la Beauté
-12-

e soldat expirant sur ta stèle


Lui que tu fis mourir d'une mort immortelle,
Son râl d'agonie en cri d'espoir changÃ
Te convie au réveisacrà des grands artistes;
Souris à l'avenir et lèv tes yeux tristes
Vers la voût étoilÃoà ton rêv a plongé
Immobile à iamais dans ta noble attitude,
Dresse-toi maintenant devant la multitude,
t le fleuve séant
Apparais, Crémazieau long regard des âges
Enfin maitre du sort et vainqueur du néant

.. .
..
ris le sensdes choses.

Prè de ton monument'$ue l;ét+,poétis


Un'rêv planera; maigre la froi e bise
Qui des,dernière fleurs. aura fauchél'orgueil
Le vent,'seul p~omeneu<,des"désertes-'allée
Fera tourbillonner les, valses affolée
Oà les feuilles d'érab!e;étourdisse .leur .deuil.
. , . , ,

Grands 'papilloni bi'e&s. ouvrant en vain leurs ailes,


Les feuilles' tomberont, poétiquemenbelles,
Comme si, dans l'adieu de l'automnal décor
L'emblèm consacr'él'arbre de la patrie
Voulait, pauvre poète honorer ton génie
P a r l'hommage éplorde sa frondaison d'or.
De ce qui vit toujours, symbole dérisoire
Ce bronze ne vient pas insulter à ta gloire
En lui voulantoffrir un éternel-demai;.
L'adde souffre et meurt, mais l'Å“uvr souveraine
Plane sur le néande la poussièr humaine.. .
T e souvenir survit au formidable, airain.
0 ma!tre! dans l'azur des âmefraternelles
Ta muse triomphante élargirses ailes,
Aprè l'irrévocabl oubli des jours amers;
U s belles te liront, et, d'idéaéprises
Comme des fleurs au souffle harmonieux des brises,
Leurs lèvre frémironen chantant tes grands' vers.
Il convenait que le jour choisi pour glorifier le chantre de
nos gloires nationales fûle jour consacrà à les honorer. Il
coilvenait aussi que la poésifat largement repr&entéA &te
f6te de famille, qu'elle couvrîde .fleurs le monument élevÃ
celui dont le génil'a illustréet fécondé
La prose est appeléà jeter dans ce concert harmonieux une
note plus discrète car elle n'a pas, comme sa sœu a i d e , le
langage des dieux pour exprimer ses penséeet' ses sentiments.
D'ailleurs pourquoi .tant parler? Pourquoi ne pas laisser
la parole 'à la statue elle-mêm autour de laquelle la grati-
tude nationale nous réunitCar elle parle cette statue,' comme
toutes celles que le ciseau de ,Philippe Hébera sculptéeselle
parle le plus bloquent des langages. Elle cha e même elle
chante l'hymne éternel 1.
de reconnaissance que l'hu amtà adresse
depuis le commencement des sihcles aux grands hommes qui
l'ont honorépar leur géniou leur patriotisme. Elle chante
le courage, l'héroïs admirable de tous ceux qui, comme le .
vieux soldat de Carillon, ont combattu, souffert et tout sacrifiÃ
pour fonder sur-'les bords du Saint-Laurent une nouvelle
France.
Sacrifices inutiles, dit-on, quelquefois. .Non, le sacrifice
.
n'est jamais inutile. .
Et si le vieux soldat couchà sur le'pi&destal de cette statue
dans les plis du drapéade Carillon pouvait parler, il dirait,
regardant cette foule immense qui l'entoure, il dirait, parlant
au nom de tous ses compagnons d'armes, au nom de tous les
h&os de la Nouvelle-France: "Nous ne regrettons pas ce que
nous avons-fait,notre sang n'a pas étversà inutilement." Cette
statue élevÃz i celui dont les accents puissants ont réveill;e
souvenir de nos sacrifices en est l'éclatantdémonstration
On &lèvdes statues aux d6couvreur8, aux fondateurs d'em-
pire&& Colomb, A Jacques Cartier, Ã Champlain,'& Maison-
neuve. ?! Le podte a droit aux même hommages, car il est leu?
f r h par le géniel'inspiration et la recherche de l'idéalet c'est
par lui que leurs Õuvre sont glorifiéesimmortaliséesIl est,
lui aussi, un découvreude mondes nouveaux dans le domaine
intellectuel, un évocateude pensbes, de sentiments héroïque
C'est parce que Crémazia éttout cela que nous lui élevon
une statue. I l a r6veillà les vieux souvenirs endormis, il a
rallum6 sur les autels ds la Patrie les feux presque éteintdu
patriotisme franpis, il a complétà illuminà l'œuvr admirable
de Garneau, i l a fait entendre autour du drape&qu'un vaisseau
de France nous apportait, des accents quiont.encore le pouvoir
de faire vibrer toutes les &mes canadiemer-fran~aisq. .
Cet, hommage rendu ' A un poèt malheureux comporte une
leçonun enseignement. I l démontr ue le soucides int4rets
\.
nationaux ne nous empache pas de pr6 éreaux ador@urs du
veau d'or,. les chercheurs'd'id4a1, les semeurs degrandes pens6es,
de sentiment^ généreu , . . , ., . . .
Il démontrque la reconnaissance publique n'e'st pas un
vain mot, et qu'elle est heureuse parfois de .confondre,.daq un
m8me hommage, dans la mgme immortalite, l e hérodont .les
actions éclatantehonorent unpeuple, et le poèt don$ les chants'
inspir6s en transmettent le souvenir de.g&nérati.on eu géq6
ration.

Aprb le vaillant historien, revendicateur, lui aussi, de bien


des gloires qui nous sont chères s'avancèren tour & tour sur
l'estrade toute une séri de jeunes poètes heureux de faire
hommage de leur talent au souvenir de leur a h &
Seul, de tous ceux dont les vers sont consignéci-après
M. Albert Lozeau manqwit personnellement, retenu chez lui
par une cruelle maladie.
Me JEAN
CHARBONNEAU.
(D'apr8s un cliche de MM. Laorta et La

eau pays de France,


es rayons ardents 1
Tu 't'exilas, un jour seu
Par l'incurable ennui de
'^Sit par les soirs d'automne au
Tu contemplais d'en bas le fi
En croyant y trouver le baume
Et pour te consoler, tu parlais a

Et dans cet exil mêm oà se taisait le bruit,


Le silence, pour toi, prenait l'âm des choses.
C'est là que tu vivais, de cet'enchantement,
Convaincu que la vie est le rêv d'un rêve
, Et tu laissais passer eu un vol:~l!heure-brè<~'
L'heure qui, par les jours tristes, va lenteme
Puis, fuyant les regards louches des multitu
Le front lourd de pensers et ployà sous 1'
T u semblais éprouvele vide de la p o r t
Que font autour d e nous les grandes solit
~ o à ¨ ' t sur
e cë'bronz oà sont fixét&.trai
Ton âms'en revient attristéentre toutes,
Avec ses visions, ses plaintes et ses doutes,
Pâl fille des. pleurs et des mornes regrets.
Et ce socle de marbre a frémsur sa"base
, E n entendant passer, ainsi qu'un long'frisson, , ,
T a voix, t a grande voix de par la ,frondaison:
E t les chên&.,géan se remplissent d'extase.
Dans l'imposante paix de cet autre tomb
Tu viens donc reposer ta gloire tout enti
E t tu rebâtira de tes mains, pierre A pierre
Le tem le glorieux de la Forme et du Beau,
Et tes fière chansons, 6 noble Crém$zie
Charmeront le silence oà tu songeais le soir
Aux pays embaumésoà l'on aime s'asseoir,
Dans les rayons de l'Art et de la Poksie ;
OÃ ravi des couleurs, des sons et des contours,
Méprisanla matièr avec ses vains n$weS,
T u franchiras les monts- et les riantes plages.
Alors, tu-graviras la plus haute des tours,"
E t levant vers les ciew tes brhlantes prunelles
T u feras, en des vers tout remplis de clart.4,
S'épanouila fleur de la vierge Beauté
Avec des mots cueilli? aux sphère &ernelles.
11 etait un poèt au.cmr,vaste et sublime
Que l'aile du malheurunjour a, fait somh
, Parfois sur le chemin'sYo~vrÃt d ' ~ " f o i o t a d ~ a ~ ~ ~ ~ ~ ~ ,
E t dans l'exi1,amer c e grand 'cÕu?,'pleuré
. . ,,. , .. .
-Puis, un soir en. priant d e sa.l&vre,expirante,
J l mourut, oh&% te rêvedu retour. ; ,' ,
Pauvre p&te en deuil1 que.lJagonie est, linte
.
Quand on meurt loin du ciel.de .son p$"oi$g.a,qo•i
, .. . . , ,... . , . . .
' Loin du pays natal, loin désiens qui.'@ pleurent,
Héla1 il est' pa@i, ne pe.ut:il. rqvedf?; ; . ., ' ,.
L'homme &revint plus, mais..@s-pages'demeurent,,
Et dans nos cceurs '6mns. se'g+?e"tin
. . .
,sQu$enii;.
, .
Nous n'avonspour ,tout+i&j .q$un/Uyie. et :qu'une. image,
E t ' pourtant dan's nos cœurs quelqtte ch& a' relùi
"Tout un peu.ple.en ce jour,.vien< <offrir en honu
C'est notrefêt 4 nouset. cSèif.sa'fêt lü ...

0 noble &é&.i&, à notre vieux p e t e l ,


Nous avons ta- statue et nous t'e,:conte.mploiiÉ.
" . %. ,, .
:.
Sois donc le bienvenu, hérodanp:cette f&e;
,C'est pour l'ani* d e toi 4ue nous :nots tassemb
. , . . , . ..

Ah i puisque du passà tu -relevas li foire;


Puisque tu nous appris à ,rester,ca,na&s,
I l est temps'qu'en notre ;me 'éclatla niémoire
E t que nous te disions : Mon. f. r a i , ici' reviens!
Reviens au sol chérdu @ssÃd e nos pères
Reviens toucher ces bords.témoinde leurs hauts faits.
Les linceuls de l'exil ont des songes austère
Viens'au pays natal, viens y régneen paix!
, . .
S i tes os sont perdus dans la terre étrangèr -
S i ta cendre est partie aux bourrasques du vent,
Que ce buste d'airain dise & t a race fibre.
L immortel souvenir de son meilleur enfant 1
-
..: .
Ah! qu'importe l'exil, qu'in~portel'agonie
r un morne trhoas 1
.Çrémazien ces jours d'angoisses oà nous sommes,
Quand l'étrangeenvahit tout,
Oà nos vieux souvenirs réclamendes cceurs d'hommes,
Prèt à les défendrdebout;
Quand nous avons besoin de force et de constance,
Quaud il nous faut S W E T les rangs,
Pour marcher au combat contre l'indifférenc
Qui prend la place des iyrans;
Crémazieen ces jours oà les traitres pullulent,
Ainsi qu'une horde de loups,
Lorsque leurs tristes voix, dans les ombres l~ululent:
" Canadiens, prenez garde à vous l
..%ont
PoAte dont le front ploya sous la souffrance,
le cœu fut hantà par la désespéranc
Barde qui dors, là -bas dans la terre de France,
Au champ des trépassé
Que les brises du soir dont les fraicheurs parfument,
Passant les horizons oà des astres s'allument,
T'apportent, comme un flot de purs encens qui fument,
Nos cœur et nos pensers l
Nos cœur et nos pensers vont à toi sur les brises,
Pleins d'espoir, mendier à ta cendre un pardon;
Jusque dans le trépatu souffris l'abandon:
Sur ka tombe ont croulh trop de ténèbrgrises!
Le sang pur des hérodont s'honorent ses veilles,
-
iSt qt11 ne fut jamais avare de couler
Pour ie faible qu'aux pieds l'on tenta de fouler,
Pour tous ceux dont longtemps les plaintes furent vaines 1
' ~ ton
e ceuvre tournant quelques pages encor.
Parmi les verts cyprès dont l'ombre est douce au mort,
Il ira, comme toi, pleurer le triste sort
Des défuntqu'on oubhe;
Et devant les tombeaux sans marbres et sans fleurs,
Dans la nuit pitoyable aux humaines douleurs,
11 laissera tomber sur le sol les longs pleurs,
De la mélancoli!...
De la mélancolieEternels oubliés
O morts 1 sombres darmeurs que ne veille personne,
Attendez, patients, que ie grand cla~ronsonne:
l
Nous serqns les dormeurs et vous les éveillÃ

. Poèt qui dors loin de la terre hatale,


Dans l'exil et l'horreur de l'ombre s6pulcrale,
Entends le souvenir de l'âm filiale,
Comme un bel oiseau blanc,

Se poser, tout tremblant, et te murmurer: Barde,


Ecoute l'hymne saint qui s'envole des lieux
Oà tu chantas, oà tu pleuras, oà nos aïeu
Tombèren en vaillants, et si tu peux, regarde !
Puisque tes ossements ne peuvent êtr nous,
Puisque nous ne ouvo~is,malgrà les vœu de tous,
7
Les rendre au so sacrà q4en des r y t h m ~ ssi doux
Tu nous chantas naguère
Du moins, barde, longte~npsdes âmedésertÃ
Par les airs purs, vibrant de toute leur clarté
T u vas monter, ainsi qu'un astre de lumière
'- A l'immortalité

ALBERT LOZE
M. le juge Taschereau, un des Vice-Présidentdu Comit6, est
%lors appelà A prendre la parole pour clore l'assemblbe, et s'ex-
prime en ces tennea :

Messieurs,
En ce moment oii les travaux du Cornit6 dont j'ai l'honneui'
de former partie comme 'Vice-Prbsident sont couronnéd'un
succds si brillant, c'est notre devoir, comme c'est notre plaisir,
uri remerci-ir put)iiqi*emenc tous ceux qui, de prds ou de loi&
ont contribuà à i'apothéosdont vous venez d'gtre les témoins'
Vous le premier, M. le i'résidentVOUS avez droit A la recon-
naissance de tou'c le Canada iran~ais,representb ici par la fou12
immense qui nous entoure. Vous avez conç l'idépremidre de
ce monument national: vous avez réellemenfondà le mo-
nument Crhazie! C'btait bien, il est vrai, votre mission toute
naturelle, A vous, le successeur aimÃdu podte tant regrettà mais
vous avez apportÃA l'Å“uvr patriotique cette ardeur, et 1'
siasme qui défienl'insucc&s, et le triomphe posthume
maltre est bien dtÃA vos efforts.
Membres du comità et premiers souscripteurs, nous
suivi votre impulsion irrbsistible, votre élanous a po
dire fanatisésnotre population a su répondr4 votre appel, le
dbtracteurs ont étconfondus, et l'œuvr de réhabilitatio
devenue facile.
A vous. HébertétaidéG1ula tiche de rei-i~oduire.sur le
bronze des grandsartistes, ces traits de notre podte, co&s'de
quelques-uns seulement de la générati prbsente. J e suis de
ce petit nombre! J'ai vu Crhazie, mais je le vois encore chne.'
votre Å“uvr si vi~ante1
Laissez-moi TOUS dire, Mer Raeicot, combien noua sommea
heureux de vous avoir parmi nous. La fêt de famille efit ét
incomplAte sans TOUS,le reprAsentant de cette Foi qui doit
dominer nos démonstrationset qui béniCrhmazie sur son
socle, comme elle a bénsa tombe et Bon lit de mort.
M. le Maire de Montréavient d'accepter, au nom de la
grande citéce beau monument q u w u s lui offrons, Nous
avons 6th touchéde ses paroles ai bienveillantes A.l'aXresse de
noue tous, se8 bons amis canadiens-françaide la métropole
E t vous, Madame Blique, qui si gracieusement avez d6voiU
le buste de notre podte, recevez nos remerciements les plus sin-
ches. Vous repdsentez ici ces milliers de Canadiennes-fran-
-
gaises qui nous ont acclamédè nos premiers efforts, et qui
sourient aujourd'hui à notre triomphe.
Messieurs les podtes, disciples de Crémazievous nous avez
gratifiédu spectacle d'une joute poétiqudont nous ne perdrons
jamais le souvenir. Vous avez accompli envers votre maîtrtin
-
devoir sacrétout en rendant à la Patrie un hommage dont elle
est reconnaissante.
Le Mont Saint-Louis. cette mande institution dont notre
pays est si fier, noua a prêt le concours de ses élhves Les sons
de leur belle fanfare ont servi de digne accompagnement aux
poésieet aux discours de circonstance. Merci au nom du
Comitémerci pour la foule !
Et cette foule qui rn'houte, je la remercie, au nom de la
Patrie, d'avoir, en assistant .icette apothéoset en lui donnant
cet éclamagnifique, préparpour l'Histoire du Canada françai
une de ses plus belles pages.

La démonstratio étaiterminée Ceux qui y avaient pris'


une part active furent conviéau club Saint-Denis, coin des rue%
Sherbrooke et de l'avenue Laval, dont le PrésidentM. J. U.
Emard fit brillamment les honneurs.
Entre deux verres de champagne, M. Philippe Hébertqui
joint le talent de la parole, k celui du ciseau, régalla réunio
de la petite improvisation suivante sténographià par la Presse:
C'est sous le coup d'une bmotion bien naturelle, que le grand.
sculpteur canadien, noue a dit comment avait ét conçu
l'euvre, qui, aujourd'hui, fait l'admiration de tous au square
Saint-Louis: " A la disparition de Crémaziedit Hbbert, sa
lyre resta silencieuse sur le glorieux rocher de Québec Une main
vigoureuse la ressaisit et la fit vibrer d'accents nouveaux,.
m@ toujours animé d'un grand souffle poétique Cette
lyre,Y voulut la suspendre A un monument impérissablet digne
d'elle. Il me fit part de son projet. Pour répondr& son désir
je pris la lampe merveilleuse qui donne Pavantaze de descendra
dans le palaia ine~veilleux d'Aladin, palais des fbes et des-
mystères
J'en revins aprè avoir communiÃavec l'âmed poète J e mÃ
mis & l'Å“uvr et je tirai des limbes de l'oubli le "vieux soldat "
qui, dans un rkle d'agonie, semble chanter encore les strophps
" doublement immortaliséepar Sabatier.
*
APPENDICE

I l y a aujourrYhui' quatre ans :


tances affligeantes qu'il B B ~inutile de 'rappeler ici, un projet' se
fit jour parmi les cercles intellectuels de Montrbal: celui d'ble~er.
un monument A l'une de nos plus remarquablesi illustrations
littérairesmonument qui serait A la fois la cornéeratiod'une
gloire incontestable, et assumerait en mêm 'temps un cara@re,
de hparatibn devenue n6ceaaire.
Tous les vaillants se ' donnArent la main :- depuis les
sommit6s d? la magistrature', des professions :lib&rales et. du
commerce jusqu'A la jeunesse militante 'de la presse et 'des
lettres -surtout la jeuaesse militante de la-presse et des lettres.
Des comitb furent choisis, des.listes de souscriptions ou~ertes,
un contrat fut" sign6 avec' un statuaire; et, comme .&n'.voulait,
ue l'hommage f6t celui de la nation et non pas d'me s e u l e d h ,
e s soir668 litthaires et musicales furent organis&i, au~'b@iftee
de l'Å“uvr dans tous les principaux centres importants de$ Pro- >,
viuce et &ex les 'groupes canadiens-françailes plus considé'
rables de la NouveIle-Angleterre. 1.. ., . ,

riolI'&ges et couvents, associations religieuses, aitistiq•t'~'


litthraires, tous, ghnbreuseménsecondbs par leur derg&,.'fl~n-
nbrent le coup d'épaulavec me-admirable uianim5té,.'.et..ecaiim.
les souscriptions avaient 6tÃlarges et nornbreqea.. ler'~tua&aif~t
complet. Et aujourd'hui.' g r 8 c e . a ~.Ale d6ployà pÈ tous, et ,
grâc au ciseau inspir6 d'Hébertqui-¥rteà -nous' n'Mitons .'

pas h le proclamerÑd'ex6cute son chef-d'œnme Octale Gré


mazie, le poèt malheureux mort en exi-l,,.pos'sbdftauiqiir(^h-•le
monument le plus artistiquement parfait. de l'Am6riatie du
Nord.
Ce monument, Å“uvr du patriotisme de noia'e population,
témoignagde rec'onnaissance et d'admiration à l'adresse d'un
vaillant patriote, n'&ait-il pas convenable qu'il fû solennelle-
ment inaugurà le jour de notre f&e nationale? C'est ce que ,l'on
a décidde faire; et dimanche prochain, SOUS les auspices du
premier magistrat de notre ville, au son des fanfares, au vol des
drapeaux, l'éloquencrivalisera avec la poésipour saluer le
premier monument élevdans le pays A la mémoird'un Ca-
nadien, travailleur de la pensée
Il nous reste donc, Ã nous les membres du Comitb, qui avons
assumà la tâch active dans l'organisation et l'exécutio de
l'œuvre d'offrir des remerciements à ceux qui, de prhs ou de
loin, nous ont offert l'appoint de leur collaboration à quelque
titre que ce soit.
Merci donc aux souscripteurs, en gbnéralet en particulier,
aux conseils de ville de Montréaet de Québec dont l'aide génÃ
reuse nous a permis de mener l'entreprise à bonne fip.
Merci au gouvernement fédéra qui nous a fait remise dea
droits de douane que nous aurions eu à payer pour l'introduction
chez nous des accessoires en bronze dont nous avioni besoin.
,Merci aux compagnies de chemins de fer du. Pacifique Ca-
nadien, du Grand Tronc et du Quebec Southern, qui nous ont
accordà gratuitement des billets de circulation sur leurs lignes.
Merci à la presse du Canada et à la presse français des
Etats-Unis pour leurs précieuencouragements de'toutes sortes.
Merci à l'honorable Juge-en-Chef Routhier et A l'honorable
AdélarTurgeon pour la part si brillante qu'ils ont prise aux
soiréeque nous avons eues à Montréaau bénéfi de l'œuvre
Merci à Mme Huguenp (Maddeine) pour l'exquise petite
pi& dramatique qui a tant contritiuéavec ses interprètes Ã
populariser le mouvement.
Merci A. tous les artistes, chanteurs et musiciens, dont le
t21& a rehaussà l'éclade nos soiréestant ici qu'aux Etats-
Unis.',
Merci à nos maisons d'éducation et nous aurions da peut-
-
etre commencer par 14 nui ont répondsi noblement à notre
appel: au Séminairde Saint-Sulpice; au Mont SaintrLouis,
qui, apr& sa souscription si ghnhreuse, doit nous fournir encore
une fanfare et une garde d'honneur pour la chrbmonie
d e l'inauguration; au ~collhge de Shertirooke; au séminair
de Nicolet; au collhge d'Arthabaska; au collhge de Saint-
Joseph de Lévisau couvent de Lauzon; au couvent de Saint-
¥François-du-Laet surtout au couvent de Villa-Maria, qui
avait le droit d'êtr nommà en premibre ligne.
Merci aux villes de Trois-i-tivièresde Léviet de Saint-
Jkrôme qui nous ont fourni gratuitement l'usage de leurs salles
publiques.
Merci aux autoritks du "Monument national" pour la mêm
faveur.
Merci la Chambre de Commerce canadienne-français pour
l'usage de son local qu'elle nous a permis, gratuitement, elle aussi,
depuis quatre ans pour nos assembléede comités
Merciau Club libérade la division Est de.Montréaet h son ,
présidenpour leur effective collaboration.
Merci à la SociétSaint-Jean-Baptiste de Québech l'Ins-
titut canadien et h la Caisse d'Economie de N.-D. de la mêm
ville, pour leur généreu souscription.
Merci à nos compatriotes des Etats-Unis, dont l'accueil nous
a si activement aidédans notre entreprise; merci surtout $ M.
Philippe Boucher, de Woonsocket, qui a étl'initiateur du mou-
%ment, et. h M. Fblix batineau, présidenghnérade la Socibth
Saint-Jean-Baptiste des Etats-TJnis, qui l'a si activement
secondé
Merci, en outre, & tous les amis, membres du clergà et autres,
dont l'hospitalitéen mainte circonstance, nous a étsi utile et
s aerbable.
Merci enfin à l'honorable Charles Langelier, dont lc concours
nous a 6th si "nrécieua u ~ r Ãde¨ nos amis de Québec
I l va sans dire 011? tous les cou tri buteur^, kquelque titre que
ce soit, sont cordialement invitéà la cérémon d'inauguration.
Louis FR~~CHETTE,
présidendu comité
GONZALVEDESAULNIERS,
secrétaire
ille de Montréal.. $1000 00 SiméoBeaudin, C. R . ,
Beaudin, Cardinal, Lo-
vincial.. . .. . , , . . . .'. , 200 00 ranger & St-Germain.
J. B. A. Martin.. , , , ...
Tohn Crowe ......., , .
Institut Canadien de -.
-
~~~~

Québec. ..
. . .... . . . . 20 oo
Louis Beaudry.. . . . A,.
F. X. Charbonneau .....
."DeSt-J.-Bte, Québec
F. L. B6qlIe. :. ..
Héhwt. . . . ....
50 00
50 QO
50 on
Tuge P. X Choqnet.. . .
C. Beausoleil.,, , , , , , ,
Club St-Denis.. . . . . 40 oo E. Prud'homme, N. P..
J. L. Chalifoux (Lowell)
Mgr G. Proulx (Nicolet)
Desforges et Latourelle.
F. L. Desaulniers.. .. ..
W. E. Blumharf . . . . .
Hal L. O. Tailton.. . .
.. IO w
IO 00
" R. Dandurand . . . .
<'Tuge J. S. Wurtele.
. IO ca
IO oo
P. 0. Martineau.. . . . .. 10 w

Gonzalve Desaulniers..
.
L. A. LavalMe.. , , . . . . IO LW
IO 00
Hon. Juge N. Charbon-
neau (Sorel) ....... ro 00
' J. R. Thibaudeau. IO 00
J. X. Perrault.. . . . . . ..
Han. Rodolnhe Lemieux
ranger . Alphonse Racine.. . , , , ,
' ' J. E. Robi- 1 F. J. BisaiIlon., , . . . ...
*Ooo
A. Bergevin.. . . . . . . , ,
Dr Ed. Desiardins.. . , ,
.
Philippe Huot (Québec $10 CO
Lt-Col. Turnbull (QuébecIO oo
E I m Juqe Sir A Lacoste
J. Lavergne.. , .
Dr C. de 1.. Harwood..

J. O. Labrecque.. . . ....
F. D. Shallow. ........
G. N. Moncel.. ........
J. R. Genin.. . . ... . . . . .
Lamarche & Benoit.. ,
Henri Lemire.. ... . , . ,
.
Emile Galibert.. , . . .,..
L. H . Durand., . . . . . . .
Tuce A. E. Poirier., , .
Robert 'Perroux.. . . . , ,
T.t-Col. F. S. MacKay..
Honorà Mercier.. , , , ..
Arthur Beauchesne.. . ,
Albert Jeannette. ......
Horace St-Louis., . .. ..
Rouer Rov , . . . , . , , , . .
Donat Brodeur ...,,,,,
T'hilinoe Demers.. , , , , ,
Dr H. M. Duhamel.. . . "Desiardint & --
- Labelle
R. G. de Lorimier,, , , , .........
F. X. Prévos
D r L. 1.V. Cléroux. ,. MmeDiimniqJ Vra'iewillt-''1
Prof. Õ&z R. Gree-or
Ang. Comte. ...... . , , ,
~ ~ ~-~~ " Blondeau "
Dr E. Robillard ........
Alfred Larocque ..... , , ..
Jos. Lussier.. , , , . . . .
F. X. St-Charles ....... T. B. Sancer.. . . . . .....
D r J. M. MacKay.. , , , , Olivar Asselin , , . , , , : .
D r Emile Sirnard.. .... Z. Mayrand.. , , , . . . . ..
Hon. A. Desjardins.. , . E. Dyonnet.. .,,...,...,
" sénateuLandry Dr 1. A. E. Beaudoin..
(Québec . ... . H. Richard. ....,. . . . . .
Dudos & Cie.. . , , , .... L. Bérard. . . . . ..... . .
Adolphe. Gravel. . , , , ...
Oscar Archambault . . . .
Stan. Dusablon ........
Isaac Collins ..........
J. B. Gratton ..........
Cie ki'Im~rimerie ,Mo-
deriae. . . . . . . . . . . . . ,.
. .
S. ~ a u r i n .., . :. ... ..
J. B. Valade. ,.,.......
Juge M. C. Desnoyers.. S. Despres. .... ...,..
,,
Alex. Duclos.. . . , , , , .. Pauvre et patriote.. . ,,
Conférencedonnéepar vent de Villa-Maria,
M. Louis Frbchette au Lauzon, Couvent de
Mont 'St-Louis, Ã Ar- St-Frdn$ois - du - Laci .
thabaska, LévisVal-
leyfield, Division Est ! Woonsocket, R, I.,
Southbridge, Mass.,

1
de Montréal Club Worcester, 'Mass.,
National de Worces- Spencer, Mass., Ho-
ter, Yamachiche, St- lyoke, Mass, Lowell,
Hyacinthe, Ste-Gene- Mass., Ware, Mass.,
vieve de Batiscan, Manchester, N. H. . 845 2 t
Ste-Scholastique, So- R<ésiddes souscriotions
rel, Nicolet, St-Jean, au Monument de Mai-
Sherbroooke, St-Jér6
- ^rois-Rivières La 1 ..
sonqeuve. .. . . . ... . 212 43
Séance publiques au
ILI Febvre, Cou- 0 Monument National. '579 50 ,
Cette plaquette est gracieusement offerte au Comit6 du Monument
Crémazipar la LIBRAIRIE BEAUCHBMIN(Limitee), Editeurs desCèuvre
Compl&tesd'Octave Cr6mazie.

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