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Correspondance de Monsieur le marquis de TAILLAC

avec Monsieur René LAHITTE, surveillant général de la Mine de Nousty.

Période : 1917 – 1918.


Directeur : Monsieur le marquis Alfred de TAILLAC
Hôtel Nolibos.
21, rue du Lycée à Pau (64)
9 à 10 – 2 à 4 Téléphone 537 Pau
Sous-directeur-Entrepreneur : Monsieur BOUEIH-DABAN
Croix du Prince à Pau (64)
Téléphone 390 Pau
Ingénieur : Monsieur LABAIGT
 Pau, ce 21 Xbre 1917.

 Cher Monsieur.

 En réponse à votre lettre du 19, je ne suis


nullement surpris de l’arrivée d’espagnols en
ayant demandé 20 à la Préfecture ; ils
commencent à arriver. Prenez-les donc à 60 cts
l’heure et pour une journée de 9 à 10 heures
suivant le temps. Je rentrerai, j’espère, demain
et organiserai le travail. Pour le moment,
expédiez-nous le plus de wagons possibles car
nous avons beaucoup de commandes et payez
dans les meilleures conditions les hommes au
décapage et à l’extraction à découvert.
 Pour le logement et la nourriture qu’ils tâchent
de se loger à Artigueloutan s’ils ne peuvent pas
tous à Nousty.
 La graisse est certainement un peu chère mais il
en faut peu en une boîte ( ) un litre
d’huile. Pour le carbure nous verrons ça. Voyez
de vous arranger avec Touya pour qu’il nous
autorise à user de son passage pendant qu’on
arrange le chemin. Cédez-lui 1 ou 2 hommes s’il
le veut pour l’aider.
 Cordialement, cher Monsieur, croyez à mes
meilleurs sentiments.

 Taillac.
 17 janvier
 Cher Monsieur.

 Je vous adresse le certificat que je
suis heureux de vous établir. Vous
pourrez faire dire au Brigadier ou
autres personnes qui voudraient
du charbon au détail qu’il faut
aller le charger au dépôt du
château et qu’il sera vendu à
raison de 15 f la mesure qui s’y
trouve et qui fait le ¼ de mètre,
avec autorisation de la remplir
débordante , ce qu’il fait qu’il s’en
trouvera plus d’un mètre avec les
4 mesures.
 S’adresser à Madeleine qui
touchera le prix de vente.
 Je vous adresse, cher Monsieur,
mes meilleurs souvenirs.

 A. de Taillac.

 (Ecrit au crayon : Madeleine
Nouguès
 Fermière de Mr. de Taillac en face
du château.
 Lundi soir.

 Monsieur Lahitte,

 Comme mon fils ne pourra pas aller à Nousty


mardi, je vous prie de nous téléphoner à 2 h si
vous avez reçu la lettre assez tôt. Dans le cas où
vous ne pourriez pas téléphoner, adressez-moi
une dépêche me disant si on peut faire les
transports mercredi avec les 2 paires pour que
M. Boueilh puisse envoyer le bouvier. En
attendant faites porter le charbon qui est au
château pour le trier à la gare et expédier les
wagons au gaz et à Mr. Boelh (celui qui sera
trié). Comme vous aurez de quoi compléter le
wagon avec le charbon, ne faites pas mettre le
bois de Lavardac ; je le ferais porter par Bardou
aussitôt que possible. Bien entendu ne faites
partir le charbon du château que si vous ne
pouvez pas charger à la mine. On pourrait
garder le charbon du château pour les clients de
Soumoulou, le faire trier avant et faire nettoyer
le hangar pour cela. Je vous prie de faire le
relevé des wagons expédiés avec le nom et le
poids pour établir les quittances. Veuille faire
signer par le maire le certificat ci-joint et le
donner à mon fils mercredi. J’irai voir Mr. Loste
la première fois que j’irai à Nousty au sujet de
l’emplacement de la gare.
 Je vous adresse mes meilleurs compliments.

 A.de Taillac

 Laisse le certificat à Madeleine mercredi avant


11 heures dans le cas où j’irai le matin.
 Es-Vives par Auch, ce 27 septembre 1917.

 Cher Monsieur.

 Je reçois votre lettre du 25 septembre et m’empresse


d’écrire à le préfecture pour hâter les renouvellements
des sursis de Bergeret et Cousseau. Les bureaux sont
vraiment ridicules de faire tant traîner ces deux
demandes qui sont si simples. J’espère que ces deux
ouvriers ne seront pas obligés de rejoindre leur
régiment ( ?)
 Je vois avec plaisir que le travail se fait
régulièrement. Pour ce qui est du charbon de bois que
vous trouvez parmi le lignite, s’il y en a en assez
grosse quantité, je vous prie de le faire mettre à part,
car nous le vendrons comme charbon de bois et non
comme lignite.
 Pour les wagons, j’irai trouver Mr. Gouanino ( ?) qui
m’en a promis 1 ou 2 par jour si je les voulais ; j’espère
qu’il se souviendra de sa promesse.
 Vous direz à la receveuse de Soumoulou qu’elle
commence à me raser avec toutes ses demandes. Je lui
ai fait une procuration en règle et lui ajouterai si cela
peut lui faire plaisir « Secrétaire » ( ?), mais en
attendant qu’elle vous remette tout mon courrier.
 Pour n’avoir point d’ennuis avec les dépêches, vous
n’avez qu’à rayer l’adresse téléphonique quand vous
écrivez. Comme cela les gens qui téléphoneront
mettront Dr. ou mine et on ne pourra alors refuser de
vous les porter.
 Priez également Mr. Boué, malgré la bonne volonté
qu’il peut avoir de nous aider, de ne plus s’occuper de
nous cela ne ferait que nous faire du tort et
uniquement de créer une polémique de presse, ce dont
j’ai horreur quand je ne suis pas seul en jeu.
 Je vous retourne la lettre adressée au commandant et
vous prie de demander à Clos en quoi il n’est pas en
règle.
A bientôt cher Monsieur, avec tous mes remerciements
pour votre dévouement , croyez à mes meilleurs
sentiments.

 Alfred de Taillac
 Pau, ce 1 Janvier 1918.

 Cher Monsieur.

 Il m’a été impossible d’aller à Nousty


comme je l’espérais. Mon frère ira peut-
être demain matin par le tramway ; il
vous prie d’attendre au bureau jusqu’à 10
h ½, afin qu’il puisse vous parler si il peut
aller à Nousty. Mr. Boueilh me charge de
vous dire de ne faire donner au bétail que
du foin pendant qu’il ne travaille pas et de
garder le regain quand les transports
reprendront. Deux repas par jour
suffisent pendant les jours de repos. Paul
peut donc aller travailler à la Mine si on y
travaille.
 Lorsque le fourrage sera fini chez Barat,
veuillez faire mettre les bœufs au château
et demander à Madeleine du foin en le
pesant.
 Vous pouvez mesurer 1 stère de bois – y
compris celui déjà rentré et le ranger en
face du bureau.
 Si on pouvait avoir un wagon (?) à faire
faire des petits transports pour expédier
chez Boueilh.
 A bientôt, cher Monsieur, je vous dis tous
mes vœux pour 1918 et vous adresse mes
meilleurs sentiments.

 Alfred de Taillac.
 Jeudi matin. Jeudi soir.

Je pensais aller à Nousty
 Cher Monsieur. aujourd’hui avec Boueilh,
 Je vous envoie par ma mais il a préféré attendre
mère les feuilles de jusqu’à samedi. Nous
déclaration que je vous laissons donc la paire
prie de remettre au maire jusqu’à dimanche matin.
de Nousty
Continuez donc, s’il vous
 Mr. Boueilh doit aller à plaît, à faire faire le plus de
Nousty tout à l’heure ou
dans la journée. Il transports possible pendant
décidera quelque chose ces deux jours. Gallice les
pour les bœufs, en reconduira à Pau dimanche
attendant qu’ils matin. Nous donnerons du
continuent à faire des reste nos instructions
transports de charbon soit samedi matin.
à Nousty, soit à la gare. Croyez, cher Monsieur, à
 Croyez, cher Monsieur, à mes meilleurs sentiments.
mes meilleurs sentiments.
 Taillac.
 Alfred de Taillac.

RETRANSCRIPTION DES CARNETS.
1er Carnet

 Il y a 34 ans environ, en 1883, Jean Cazayous dit Jean d’Asson,


ancien gendarme à Madagascar qui habitait la petite maison
sise sur sa terre, au pied du coteau, allait garder ses moutons
sur les touyas qui couvraient alors la mine. Un jour, il vit,
émergeant de terre, un morceau de bois noirci qui ressemblait
à du charbon. Il essaya vainement de le déraciner et le
lendemain il emporta sa pioche et tira de cet endroit quelques
morceaux de lignite. Il les emporta chez lui et fit part de sa
découverte à son neveu, actuellement cordonnier à Nousty
(Hameau) et héritier de ses champs. Ils décidèrent d’aller
porter cette lignite à la Préfecture de Pau, annonçant leur
découverte. Cette lignite fut essayée mais on leur dit que pour
le moment il ne valait pas la peine de s’en occuper.
 Jean Cazayous dit Jean d’Asson mourut l’année suivante dans
sa petite maison ; il était âgé de 80 ans.
 Ce matin, samedi 21 juillet, en arrivant à la
mine, des ouvriers ont trouvé leurs brouettes
pêle-mêle dans un trou de 1 mètre 50
environ, creusé par un ouvrier sur les ordres
du directeur pour faire des sondages. Dans le
même trou que les malfaiteurs avaient
commencé à combler avec de la terre et des
blocs de charbon pris sur « le tas de
chargement », on avait porté et enfoncé un
des arbres abattus et qui mesure 5 m 60
environ de longueur puis sur une planche on
avait écrit avec une matière blanche « M.
pour les espagnols » et diverses inscriptions
injurieuses et on avait placé la planche bien
en évidence contre un des piquets qui
désigne l’entrée de la galerie que l’on va
percer.
 Deux autres arbres mesurant 1 m 80 de long
environ avaient été également portés près du
trou sus nommé ; ils étaient debout contre le
gisement de lignite.
 Ces actes de malveillance ont dû être commis
dans la nuit de vendredi à samedi ou
vendredi soir après le départ des ouvriers qui
quittent le chantier à 7 heures.

 Gendarmes Tages et Souquet venus pour


enquêter le 23 juillet.

 Remis une copie du rapport à Mr. Tages


après l’enquête.
 Le 20 juillet, j’allais sur l’ordre de mes directeurs voir Mr. Burguet ( !) propriétaire à
Ousse (hameau) et je lui demandais si les propriétaires d’Ousse étaient liés par un
contrat comme le disait Mr. Lacaze de Nousty. Mr. Burguet me répondit
franchement qu’ils n’avaient jamais signé aucun contrat mais que Mr. Labadré ( ?)
de Tarbes lui avait fait des propositions qui lui semblaient avantageuses. A mon tour
je lui fis celles que mes directeurs m’avaient autorisé à lui faire et il me répondit qu’il
réfléchirait mais qu’il ne voulait signer aucun engagement et rester maître de son
terrain. Comme nous sommes de vieilles connaissances, Monsieur Burguet et moi,
nous allâmes, sur son invitation, boire un pinton de vin blanc à l’auberge du hameau
et nous ne parlâmes plus de notre affaire. Je quittais Mr. Burguet vers 7 h ½ et je
rentrais chez moi. Le lendemain matin je téléphonais à mes directeurs quel avait été
le résultat de mes démarches. Vers 2 h je me rendis à la mine où je constatais divers
actes de sabotage qui avaient dû être commis dans la nuit du vendredi au samedi
puisque le chef de chantier, Mr. Courrau, les constata à l’arrivée au chantier le
samedi matin. Je téléphonais de nouveau le dimanche matin à mes directeurs qui me
répondirent d’avertir immédiatement la gendarmerie et le maire de Nousty, ce que je
fis sur l’heure. A mon retour de Nousty, comme j’allais chez Mr. Labansat de
Soumoulou, je contrepassais Mr. Lacaze de Nousty en voiture. Il me dit qu’il avait
un mot à me dire et me pria de m’arrêter. Je le fis ; et au coin de la maison Daugas,
Mr. Lacaze très surexcité, me dit à brûle-purpoint : « Vous avez été à Artigueloutan
et à Ousse voir les propriétaires et vous avez dit que notre société était fondée par
des Allemands car il y a dans notre société des directeurs de l’Arsenal. Il faut retirer
de suite ces paroles. » A cette accusation ignoble je sursautais et lui répondis que je
n’avais tenu de semblables propos, mais que je voulais savoir qui était la personne
qui avait pu dire une pareille chose et qu’elle me le répèterait devant Mr. Le
Procureur. A cela il me répliqua qu’il ne pouvait pas me dire qui l’avait dit, mais que
plusieurs personnes l’avaient assuré. « Je n’ai été voir qu’un seul propriétaire, lui
répondis-je, et je lui ai simplement demandé s’il était lié par un contrat, à quoi il me
répondit négativement. »
 Mais je dis à Mr. Lacaze que j’insistais pour savoir qui avait fait courir ces bruits et
cette accusation ignoble contre moi et il est parti en me disant : « Vous le saurez ! »
1-2
3-4
1-2
3-4
1-2
3-4
Fin du 1er carnet
Retranscription des carnets

2ème carnet
1-2
3-4
1-2
3-4
1-2
3-4
1-2
3-4
Comptabilité
Fournitures
diverses
Fin du 2ème carnet.

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