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Il a été proclamé le 28 octobre 1982, dix ans après la conférence de Stockholm et 10 ans avant la
conférence de Rio, sous la forme d'une résolution ; la « Résolution 37/7 de l'Assemblée générale des
Nations-unies », qui - pour la première fois - consacre l'importance pour la survie de l'humanité de la
protection de la nature et des écosystèmes. Elle préfigure aussi la notion de développement soutenable
(sustainable development) qui sera plus largement développé à Rio.
C'est le premier texte d'une telle valeur morale à introduire aussi explicitement la notion de générations
futures et à proclamer des « principes de conservation, au regard desquels tout acte de l’homme
affectant la nature doit être guidé et jugé ». Il vise la protection des espèce sauvages, mais aussi
« domestiques », et consacre la nécessité de maintenir gérer et restaurer les habitats et ressources
naturelles que l'Homme utilise « sans compromettre pour autant l’intégrité des autres écosystèmes ».
C'est le premier texte qui dans le monde définit explicitement un niveau d'exigence dans la restauration
des zones dégradées par l'homme : Elles doivent être réhabilitées pour redevenir « conformes à leur
potentiel naturel » [1].
Le texte a été voté avec 111 voix pour, 18 abstentions et une voix contre (celle du représentant des
États-Unis).
Présupposés et attendus
a) « Toute forme de vie est unique et mérite d’être respectée, quelle que soit son utilité pour
l’homme et, afin de reconnaître aux autres organismes vivants cette valeur intrinsèque1
l’homme doit se guider sur un code moral d’action»,
b) « L’homme peut, par ses actes ou par leurs conséquences, transformer la nature et épuiser
ses ressources et doit, de ce fait, pleinement reconnaître qu’il est urgent de maintenir l’équilibre
et la qualité de la nature et de conserver les ressources naturelles ».
Ce texte est moins connu que ceux des conventions mondiales signées 10 ans plus tard lors du sommet
de la terre à Rio en Juin 1992, mais il les préfigure. En tant que charte, il a cependant surtout une valeur
morale et d'engagement, et donc une moindre valeur juridique que les conventions sur la biodiversité ou
le changement climatique.
Il a également moins de force que la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 ou que la
Déclaration universelle des droits de l'homme.
Historique
Cette charte est aujourd'hui considérée comme l'une des étapes essentielles d'une prise de conscience
environnementale de l'ONU. Elle proclame aussi une responsabilité partagée et l'urgente « nécessité de
mesures appropriées, aux niveaux national et international, individuel et collectif, privé et public, pour
protéger la nature et promouvoir la coopération internationale dans ce domaine »
Cette charte a été l'aboutissement d'un projet initié par le secrétariat général des nations-unies (Projet
A/36/539).
Deux ans plus tôt, par la résolution 3517 du 30 octobre 1980, l'ONU s’était déclarée persuadée que les
bénéfices qui pouvaient être obtenus de la nature étaient fonction :
Cette même résolution ajoutait que ces bénéfices étaient « compromis du fait de l’exploitation excessive
et de la destruction des habitats naturels », et qu'il fallait « prendre des mesures appropriées, aux
niveaux national et international, pour protéger la nature et promouvoir la coopération internationale
dans ce domaine »
Le 27 octobre 1981, L'assemblée générale invitait le Secrétaire général à transmettre aux États-Membres
le texte de la version révisée du projet de Charte mondiale de la nature contenu dans le rapport d'un
Groupe spécial d’experts chargé d’examiner le projet de Charte mondiale de la nature, ainsi que toutes
observations ultérieures des États, en vue d’un examen approprié par l’Assemblée générale à sa trente-
septième session.
Le texte a été solennellement adopté et proclamé par la 48ème séance plénière (37 ème session) et s'est
prolongé bien au delà, avec les sommets mondiaux de la Terre et un grand nombre de démarche
orientées vers la protection de la biodiversité et du climat à échelle mondiale.
2
Contenu de la charte
La première partie rassemble les 5 premiers articles, généraux, qui précisent le champ (universel)
d'application de la charte ;
Le respect de la nature et la non-altération de ses processus essentiels (art 1 e 4), doivent être
appliqués partout et en tous temps (art 3 et 4) ;
pour les espèces sauvages comme pour les espèces domestiques (art.2).
Les populations de toutes les espèces doivent être conservées « à un niveau suffisant pour en
assurer la survie » (art 2),
avec « une protection spéciale sera accordée aux parties qui sont uniques, à des échantillons
représentatifs de tous les différents types d’écosystèmes et aux habitats des espèces rares ou
menacées » (art 3), y compris contre les « déprédations causées par la guerre ou d’autres actes
d’hostilité » (art 5).
La seconde partie (articles 6 à 13) est consacré aux fonctions et objectifs de la charte.
L'article 1 pose le principe d'une exigence de transversalité ; il demande que l'environnement soit
toujours pris en compte dans une nouvelle gouvernance qui devra dans tous les cas
préalablement reconnaître « qu’il n’est possible de satisfaire aux besoins de chacun qu’en
assurant le fonctionnement adéquat des systèmes naturels » et que « la conservation de la
nature doit faire partie intégrante des activités de développement socio-économique » en tenant
compte à long terme de la capacité des systèmes naturels (art 8).
L'article 10 condamne le gaspillage et promeut l'utilisation raisonnée et rationnelle des
ressources, c'est-à-dire sans compromettre leur renouvelabilité, et notamment en recyclant l'eau
et en restaurant et protégeant l'humus des sol [2].
L'article 11 pose un principe de précaution : « Les activités qui risquent de causer des
dommages irréversibles à la nature seront évitées » (art 11-a ) et les autres seront contrôlées par
« les meilleures techniques disponibles, susceptibles de diminuer l’importance des risques ou
d’autres effets nuisibles sur la nature », après étude d'impact (alinéa 11c) et mesure de réduction
des risques (art 11, alinéas 11b et 11c) ;
La charte insiste aussi sur le fait qu'il ne faut plus se contenter de protéger ce qui reste de la
nature ; elle pose (alinéa 11-e de l'article 11) explicitement un niveau d'exigence dans la
restauration des zones dégradées par l'homme : Elles doivent être réhabilitées pour redevenir
« conformes à leur potentiel naturel ».
L'article 12 proscrit tout rejet polluant dans tout le « système naturel », et quand ce rejet est
inévitable, le polluant doit être « traité à la source » en utilisant « les meilleurs moyens
disponibles » ; avec « des précautions spéciales seront prises afin d’empêcher le rejet de déchets
radioactifs ou toxiques »
La troisième partie (articles 14 à 14) est consacré à la mise en oeuvre de la charte ; Elle stipule que ;
Force est de constater comme l'a notamment montré l'évaluation des écosystèmes pour le millénaire (en
l'an 2000) que ce texte - comme tous ceux qui l'ont précédé ou suivi - n'a pas suffit à permettre
d'atteindre ses objectifs de protection de la nature (plus tard réduit à « stabiliser la perte de biodiversité
à l'horizon 2012 (2010 pour l'Europe) », objectif qui semble encore difficilement atteignable.
On peut considérer, mais de manière non mesurable que de nombreux textes (Directive, règlement, lois)
environnementaux, dont la Charte de l’environnement ou le Grenelle de l'environnement en France lui
doivent une partie de leur existence. Ils en déclinent en tous cas (plus ou moins fortement ou
prioritairement) une grande partie des principes, et la charte est parfois explicitement citée comme
référence, par exemple par un guide produit par le Conseil de l'Europe sur les plans de restauration
d'espèces animales [3] La Directive Habitats et le réseau écologique paneuropéen trouvent des racines
dans l'article 2 de la charte « la population de chaque espèce, sauvage ou domestique, sera maintenue
au moins à un niveau suffisant pour en assurer là survie: les habitats nécessaires à cette fin seront
sauvegardés »