Sont actuellement en cours des coupes sombres, plus que sombres même, des dépenses de lʼEtat dans pratiquement tous les domaines. Leur effet le plus tangible est la diminution massive des prestations directes et indirectes servies à des secteurs précis de la population (couches moyennes et surtout populaires). La qualité du service public ne peut que sʼen ressentir. Pour donner le change, il est aussi question de réduire « le train de vie de lʼEtat », doux euphémisme qui renvoie aux frais des ministres et des ministères, des cohortes de conseillers et autres affidés du système en place. Ceci nʼempêche nullement, au contraire !, le renforcement chaque jour plus éhonté des inégalités de toutes sortes. La réduction des déficits publics, nous répète-t-on sans discontinuer, est une priorité absolue. Cʼest vrai que lʼEtat ne saurait dépenser sans compter, ressources et réserves nʼétant pas inépuisables, comparativement à des besoins qui ne cessent, eux, dʼaugmenter. Pour des raisons semblables, une réforme du système de retraites est indispensable. Une réforme, mais pas forcément celle qui se met en place. That is the question ! Il y a différentes manières de réduire le train de vie de lʼEtat, de réorganiser les ressources et les dépenses, de distribuer les efforts imposés aux uns et aux autres. Cela vaut pour les institutions, pour les ménages, et bien entendu pour lʼEtat. Tout dépend de la conception dominante de lʼEtat, de ses fonctions, droits et devoirs, des services quʼil est censé rendre, bref de la définition du service public. Les déficits économiques et financiers revêtent des allures complètement différentes selon quʼon tienne lʼEtat pour une entreprise parmi dʼautres, à gérer comme telle, ou quʼon y voit le premier garant dʼun vivre- ensemble à visées démocratiques, - auquel cas les déficits ne sont nullement des inconvénients à éviter à tout prix. Pas quʼen France dʼailleurs. Exemple récent : le sauvetage des banques à coup de milliards extraits de caisses dont on nous assurait pourtant quʼelles étaient vides. Vide probable dʼun point de vue économique et financier, plein indubitable dʼun point de vue dʼéconomie politique. Tel est un des noyaux rationnels de la situation actuelle.