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XVI° Journées d’Etude de P RATIQUES S OCIALES / NOV .

2010

Lundi 15 nov. matinée

S AÜL K ARS Z
Trois tâches improbables. Mais aujourd’hui indispensables

1. Positionnement
11. Le thème de cette formation est bien une question
111. Pourquoi ce thème et cette question ?
112. Un thème qui pose une question double
et convoque de multiples paramètres.
Les conditions objectives et subjectives des 12. Quelques données
exercices professionnels connaissent des 121. Sollicitations croissantes, situations complexes,
moyens limités.
mutations profondes. 122. Quelques postures typiques :
de la béatitude au découragement, et retour ;
Complexité croissante des situations individuelles de la résistance à la nostalgie, et retour.
et collectives, contraintes politiques, restrictions 123. Un diagnostic en porte-à-faux des temps actuels :
l’instrumentalisation de l’humain, -
budgétaires, difficultés institutionnelles... ne et donc des services qui s’en occupent.
124. Sentiment plus ou moins clair quant
cessent d'interroger les idéaux des profession- à l’utilité objective de la tâche sociale, médico-sociale, soins,
nels, les dynamiques des équipes, les pratiques et nécessité subjective d’un emploi au moins intéressant...

que les uns et les autres entendent conduire. 13. Le paradoxe est un principe de réalité
131. Paradoxe1 : pourquoi la situation actuelle
Les institutions cherchent à se frayer une voie n’empêche-t-elle pas de travailler ?
leur permettant d'assurer leurs missions dans le 132. Paradoxe 2 : le paradoxe, accident ou structure ?
133. Perspective : subir le moins possible, surtout quadriller,
cadre des réagencements en cours... afronter et se confronter, entreprendre.

Eduquer, accompagner, soigner... : des tâches


qui n'ont jamais été aussi étriquées, aussi im- 2. Eléments de diagnostic
21. Vivons-nous une mutation anthropologique...
probables. Jamais, pourtant, aussi indispensables. [pertes de repères, parentalités défaillantes...]
C'est justement ce qu'il s'agit de comprendre. 22. Ou bien nous comprenons l’aphorisme freudien,
- au sein de la révolution néolibérale ?
Car le temps n'est, aujourd'hui, ni à la «Il y a trois tâches impossibles : éduquer, gouverner, soigner
[psychanalyser]»
doléance, ni à la nostalgie du paradis perdu.
Pas plus qu'il n'est à nous imaginer exempts de 3. Mais que peut alors le travail social ?
toute responsabilité dans la situation présente. 31.La double cible du travail social et médico-social :
secondaire [matérielle] et principale [idéologique].
Nous sommes tenus à inventer des pistes, à
32. Cartographie de l’intervention sociale :
encourager des trouvailles, à revisiter des problématique des populations, relation intersubjective,
politique sociale, prise de parti.
définitions. 33. Une décision radicale :
les populations dont s’occupe le travail social
Se vouloir réaliste n'implique surtout pas de se sont-elles prises dans des ZUP ?
résigner au monde tel qu'il va.
XVI° Journées d’Etude de P RATIQUES S OCIALES / NOV . 2010

Lundi 15 nov. après-midi


B ERTR A N D R AVO N
Accompagnement et vulnérabilité : un travail social palliatif ?

Aller vers un public qui ne formule pas de demandes précises, accueillir des usagers
fragiles dont le principal souci est d’accéder à un logement ou un emploi que le
travailleur social est bien incapable de fournir, écouter des personnes sans avoir au
départ de mission claire : l’aide se réduit à une fonction d’accueil et d’écoute, de
veille ou d’orientation. Le premier enjeu pour les intervenants, c’est d’être présent à
la situation (« d’être présent au présent »). Dans le meilleur des cas, il s’agit d’ins-
taurer ici et maintenant la possibilité même de la relation d’aide, condition première
de l’agir. La relation d’aide s’impose comme alpha et oméga de la pratique : elle se
transforme en aide relationnelle. Ainsi décrit, le travail social devient un travail de
réchauffement du monde social, un travail de maintien des personnes visant à éviter
un nouveau décrochage et multipliant les prises que la personne pourrait saisir
comme autant de nouvelles attaches. Le travail social devient palliatif (selon la
suggestion de M.-H. Soulet), à visée d’étayage plutôt que de changement, tendant à
prendre soin davantage qu’à soigner ou éduquer, sans autre projection attendue que
le présent des réaccordements. Cette attention présentiste (temps court de la
présence sociale) s’oppose aux présences préventives de l’éducation spécialisée
(fondées sur le temps long de la perfectibilité). Et c’est un autre visage de la clinique
qui se donne à voir : une clinique du lien défait plutôt qu’une clinique du sujet.

Lundi 15 nov. après-midi

ROBERT LAFORE
Renforcement des contraintes et espaces de créativité collective

Introduction : comment survivre à un bombardement réformiste ?


1. Un cadre juridico-institutionnel en constants bouleversements
1.1 L'accumulation des réformes
Réformes concernant l'ensemble du secteur ; réformes
sous-sectorielles (enfance, handicap, protection judiciaire des
majeurs, insertion) ; réformes de l'administration publique
1.2 Les ambivalences des réformes
Contraintes financières et gestionnaires vs/ qualité et efficacité
Libération vs/ adaptation
Le recul des protections vs/ la promotion des droits
Empirisme vs/ complot
2. Les lignes de force des mutations juridico-institutionnelles
2.1 La construction des besoins sociaux
Le dépassement du modèle catégoriel
L'action sociale comme «service»
L'action sociale d'insertion
L'action sociale de prévention des risques familiaux
Du gouvernement par la loi au gouvernement par l'individu
2.2 Les structures organisationnelles
Le dépassement du modèle vertical-sectoriel
Les rapports centre-périphérie (centralisation, déconcentration,
décentralisation) : secteurs et territoires en recomposition
De l'organisation spécialisée au réseau organisationnel
Corporations et action collective
L'action au prix de l'institution
Du gouvernement par le statut au gouvernement par le contrat
Conclusion : renforcement des contraintes vs/espaces de créativité
collective comment passer au modèle de l'auto-normalisation ?
XVI° Journées d’Etude de P RATIQUES S OCIALES / NOV . 2010
M ATT H I E U B ON D U E L L E
Un juge peut-il résister ?

Depuis plusieurs années, la justice est la cible


d'une triple offensive : le service public judi-
ciaire est - à l'instar des autres secteurs dédiés
au bien public - en voie de démantèlement
avancé, l'indépendance de l'institution judi-
ciaire est sans cesse bafouée et la mission
judiciaire de régulation sociale est chaque jour
plus déniée à la faveur d'une conception exclu-
sivement punitive du rôle des magistrats. Les
dégâts causés aux justiciables par cette défer-
Mardi 16 nov. matinée
lante libérale-sécuritaire sont déjà considé-
rables et risquent de s'alourdir encore au regard J ACQ U E L I N E D UCHÊ N E
des textes qui ont été récemment votés ou qui Obligée d’inventer : EPICEA, une consultation familiale en banlieue
pourraient l'être (loi sur les «bandes», loi sur la
récidive criminelle, LOPPSI 2, avant-projet de
réforme de la procédure pénale...). Face à de Montrer de nouvelles voies de travail, de nouvelles postures... Conserver sa créa-
telles régressions, que peuvent donc faire les tivité ! Quel pari aujourd'hui !
juges et les procureurs ? Ou plutôt : que Je vous propose de venir témoigner d'une expérience menée par une association
doivent-ils faire pour exercer pleinement leurs que j'ai créée il y a 3 ans et qui paradoxalement a été d'emblée soutenue par les
fonctions, c'est-à-dire en premier lieu assumer pouvoirs publics (pour combien de temps, je ne sais pas !)
leur statut constitutionnel de gardiens des Il s'agit d'une consultation familiale c'est-à-dire un lieu animé par des
libertés individuelles? Une tenace idéologie psychologues et thérapeutes familiaux pour les familles. Il s'agit d'un espace de
neutraliste voudrait que les magistrats n'aient prévention pour les enfants et adolescents qui ont choisi de travailler avec leur
pas leur mot à dire, qu'ils soient seulement des environnement sans se suppléer aux dispositifs de droit commun et aux lieux de
techniciens de l'application de la loi, c'est-à-dire prise en charge individuelles.
en somme des serviteurs dociles du pouvoir
Pas de parents-alités : on se pense les uns et les autres capables de tenir debout !
politique. Mais est-ce bien cela qu'une
démocratie doit attendre de ses magistrats ? Nous privilégions l'accueil et la bientraitance (sans démagogie toutefois) et nous
sommes exigeants avec nous-mêmes comme avec les autres. Nous essayons aussi
Je me propose d'explorer les ressources dont de travailler les conditions d'une coopération famille/école (là c'est un vrai
dispose malgré tout l'autorité judiciaire pour chantier).
faire ce qu'elle a à faire dans un contexte où les
Loin des clichés, des représentations caricatures, il témoigne des compétences de
autres pouvoirs institués voudraient tant qu'elle
chacun pour peu qu'un cadre de travail en accepte l'émergence...
ne le fasse pas, ou mal : rendre la justice.
Cette association s'appelle EPICEA : espace de prévention et d'innovation
clinique pour l'enfant et l'adolescent. On s'inspire de la psychanalyse (notamment
groupale et familiale), de l'approche systémique et transculturelle.

B RIGI T T E R IERA
Accompagnement en milieu scolaire : ne pas se dépêcher d’être en retard

On n'accompagne plus les enfants à l'école, on les accompagne à la Mercredi 16 nov. matinée
scolarité : nuance lourde de sens.
A travers une lecture critique des textes officiels définissant l'accompagnement en milieu
scolaire et la loi sur le socle commun des connaissances et des compétences, il importe de
développer des ruses avec le discours institutionnel et d'instruire l'enfant, l'adolescent, des
habiletés dont il pourra faire preuve pour entendre ces discours sans en être le jouet ni
l'objet.
Dans ce sens, accepter le temps de retard inhérent à nos représentations quand on commen-
ce un travail, scolaire ou d'accompagnement, avec un jeune peut s'avérer salutaire dans la
construction, voire la co-construction, d'un dispositif d'aide à même de prendre en compte
la parole de celui qui dit ses difficultés et ses errances. Respecter la nature indécidable de ce
type de relation, indécidable, non définitif et non évaluatif engage un travail lent, incertain
et aléatoire. Il est pourtant la condition pour garantir à l'humain qui grandit un appui ferme.
Le retard dans l'accompagnement crée également le contretemps nécessaire à une interpré-
tation ouverte, au malentendu créateur de surprises et à une déprise qui garantisse plus
sûrement le gain d'autonomie que des adaptations précoces.
Les élèves, de toutes façons, sont en retard sur ce qu'ils sont. L'accompagnateur arrive là, en
retard, pour faire travailler ce décalage et le rendre prolifique.
XVI° Journées d’Etude de P RATIQUES S OCIALES / NOV . 2010

Mardi 16 nov. après-midi

F RAN C K C HAUM O N
Santé mentale positive et psychanalyse
La chose était déjà engagée depuis longtemps, annoncée clairement dans le
rapport Piel-Roelandt [*] : il faut passer de la psychiatrie à la santé
mentale. Ce slogan est désormais hissé au rang de «changement de
paradigme» par le rapport de Viviane Kovess intitulé La santé mentale,
l'affaire de tous , lequel s'inscrit dans une politique déclarée de l'Union
Européenne, le Livre vert de la santé mentale. Qu'un pareil texte soit
issu du Centre d'analyse stratégique auprès du premier ministre et remis
non pas au ministre de la santé mais à la Secrétaire d'état chargée de la
Prospective et du Développement de l'économie numérique doit nous
inviter à penser qu'il s'agit là en effet d'une chose sérieuse, s'inscrivant dans
un nouveau mode de gouvernementalité, pour parler comme Michel
Foucault.
Nous envisagerons cette nouvelle politique néolibérale à partir du point de
vue de la psychanalyse, ce qui nous conduira à interpeller… les
psychanalystes.

[*] Rapport de mission ministériel français par Drs. Eric Piel et Jean-Luc Roeland (juillet
2001, 80 pages). Dresse un état des lieux de santé mentale en France et fait des propositions,
certaines ayant inspiré des lois.

Mardi 16 nov. après-midi

bulletin numérique mensuel A LAIN M INET


est disponible en accès libre Ouverture du médico-social au marché :
quel accompagnement pour le sujet ?
sur le site
Le secteur médico-social est directement concerné par une ouverture au
www.pratiques-sociales.org marché alors que jusqu'ici les associations étaient les principales gestionnaires
des établissements et services.
Cependant, cette réorganisation s'inscrit dans une réforme beaucoup plus lar-
ge et a commencé il y a plus d'une dizaine d'années. Elle prétend moderniser
notre société. Elle traverse les clivages gauche/droite classiques et la question
politique est escamotée sous des notions de culture de résultat et d'efficacité.
Nous partirons d'une analyse des lois qui ont marqué cette évolution, ce
qu'elles véhiculent comme imaginaire, comme culture, comme vision de
l'homme. Je montrerai qu'elles tendent à modifier la relation à l'usager.
Nous verrons que si la loi de 2002 rénovant l'action sociale laissait préfigurer
une avancée sociale et démocratique qui mettait l'usager «au cœur du dispo-
sitif», il semble qu'à l'issue de ce renouveau des politiques sociales, il s'agisse
davantage d'un usager régulateur du marché des services et des établissements
médico-sociaux.
Je montrerai que dans un tel dispositif économique et politique, le sujet est
ainsi transformé en client-consommateur. Je m'appuierai sur la notion de
réification qui fait perdre aux hommes l'aptitude à se rapporter aux personnes
et aux événements du monde de manière participative et engagée. Il y a ainsi
transformation des sujets en observateurs passifs auxquels le monde envi-
ronnant social et physique mais aussi le monde interne apparaîtront sous la
forme d'un ensemble d'entités chosales. A partir de l'exemple du handicap, je
tenterai de montrer que le sujet est soumis à la logique du marché. Dans cet
environnement, l'individu risque de perdre sa capacité de subjectivation et de
reconnaissance.
Nous aborderons ensuite les modalités possibles d'un accompagnement des
individus afin d'établir un contexte interrelationnel où la subjectivité, la reco-
nnaissance de l'autre, vont chercher le sujet, le citoyen et le sujet politique.
XVI° Journées d’Etude de P RATIQUES S OCIALES / NOV . 2010
pro g r a m m e
Lundi 15 novembre
9h Accueil café - thé
9h30 SAÜL KARSZ, Trois tâches improbables. Mais aujourd'hui indispensables
12h30 Déjeuner
13h45 BERTRAND RAVON, Accompagnement et vulnérabilité : vers un travail
social palliatif ?
5h3 0 ROBERT LAFORE, Renforcement des contraintes et espaces de créativité
15h30
collective
17h45 Atelier Des pratiques et des praticiens aujourd'hui : un état des lieux

Mardi 16 novembre
9h MATHIEU BONDUELLE, Un juge peut-il résister ?
10h45 JACQUELINE DUCHÊNE, Obligée d'inventer : EPICEA, une consultation
familiale en banlieue {passages du film de D. Kupferstein et E. Simon,
Maison des parents}
12h30 Déjeuner
14h15 FRANCK CHAUMON, La pratique analytique à l'heure de la santé mentale
positive
16h3 0 ALAIN MINET, Ouverture du médico-social au marché : quel accompagne-
ment pour le sujet ?
20h30 Atelier Travailler : contraintes, impositions, initiatives, trouvailles.

Mercredi 17 novembre
9h BRIGITTE RIERA, Accompagner en milieu scolaire : ne pas se dépêcher d'être
en retard
11h Atelier Décloisonner les pratiques professionnelles
12h30 Déjeuner
3h4 5 SAÜL KARSZ, Ouvrir des perspectives, dessiner des pratiques innovantes
13h45
16h30 Fin des Journées d'Etude 2010
Mercredi 17 nov. après-midi

S AÜL K ARSZ
Ouvrir des perspectives, dessiner des pratiques innovantes
4. Dégagements et propositions
41. Mot d’ordre :

Ateli e r s se mettre à la hauteur des enjeux contemporains.


42. Sans complexité, pas de situation sociale
Trois ateliers rythment cette formation : lundi 15 [17h45 ou médico-sociale (pas de «cas») !
- 19h30] ; mardi 16 [20h30 - 22h] ; et mercredi 17 [11h -
12h30]. Sous la conduite d’animateurs-discutants, 15-20
43. L'intervenant : un sujet consciemment
participants se réunissent autour d’un thème [indiqué et inconsciemment compromis.
sur le programme ci-dessus]. 44. L'intervention sociale entre neutralité impossible
Les membres de l’atelier interviennent à propos du et objectivité indispensable.
thème, à partir de leurs propres questionnements et en
45. Une thématique à élucider :
lien aussi explicite que possible avec les exposés
présentés en séance plénière. souffrance des acteurs ou subjectivité des agents ?
Atelier : espace d’échanges ouverts et de relevé des 46. Un trio inséparable :
principales convergences et divergences. contraintes institutionnelles,
461.
Les orientations de P RATIQUES S OCIALES seront soumises [limites nécessairement imposées, logiques extra-personnelles,
au débat critique des participants. être + autorisé]
462. positionnement éthique dit personnel
[s’autoriser, être responsable mais pas coupable, servitudes
volontaires]
463. participation à des actions collectives
 www.pratiques-sociales.org [groupes d’étude, action syndicale et politique].
 claudine.hourcadet@pratiques-sociales.org 47. Rôles stratégiques de la dimension clinique
et de la formation ininterrompue.
 téléphone 06 45 90 67 61
48. Destins contemporains de l’humanisme :
 télécopie 01 49 85 18 19
481. effilochement d’un idéal aussi grand qu’ambigu
482. justification du «nouvel ordre du monde» [*]
nous restons à la disposition des participants même
[*] Pierre Dardot et Christian Laval, La nouvelle raison du monde, essai
après ces Journées d’Etude sur la société néolibérale (Paris, La Découverte, 2009)

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