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La fusion : le regard étudiant

En 2007, les recteurs des quatre universités catholiques francophones ont annoncé leur
volonté de fusionner. Embarqués dans ce processus, les étudiants n'ont pas souvent eu la possibilité
d'être entendus sur leur vision du projet. Ceci alors même que le recteur de l'Université catholique
de Louvain affirme que « le dernier conseil académique laisse entrevoir une forte adhésion au projet
» (Le soir, édition du 13/12/2010).

Ce mercredi matin est l'occasion pour les étudiants de UCL d'exprimer leur point de vue. Ils
pèsent pour 20% dans la décision historique de créer l'UCLouvain, changement qui redessinerait le
paysage universitaire en communauté française. C'est au terme d'un long débat en interne, soutenu
et partagé, que l'Assemblée générale des étudiants de Louvain (AGL) s'est finalement prononcée.
Conscients des avantages défendus par les autorités, les représentants étudiants ont également
soulevés des craintes et des risques liés à cette fusion.

Les principaux arguments en faveur de la fusion sont les suivants. Premièrement, la future
UCLouvain disposera d'un plus grand financement, étant donné les incitants financiers de la
Communauté française à regrouper les universités entre elles. Deuxièmement, la fusion assurera une
meilleure renommée au niveau international. Troisièmement, cette fusion sera l'occasion de créer
des synergies et de la coopération. Finalement, l'ancrage géographique de l'UCLouvain dans des
régions fort différentes fera d'elle un acteur incontournable en Communauté française, en Belgique
et en Europe.

Si ces arguments peuvent peser, rappelons que le financement des universités en


Communauté française vient avant tout d'une enveloppe globale fermée. Ceci signifie que le gain
réalisé par la fusion entraînera surtout une diminution du financement des autres universités. Ceci
alors que le nombre d'étudiants augmente partout. De plus, comme le président de l'Académie
Louvain le précise, la fusion « ne sera vraisemblablement pas porteuses d'économies budgétaires ».
Actuellement, la fusion coûte cher et les étudiants craignent que le financement des universités se
détourne de sa mission première. Qu'on ne s'y trompe pas : rien ne compensera la nécessité de
refinancer l'enseignement pour augmenter l'accessibilité et la qualité de nos formations.

Il y a d'autres menaces liées à cette fusion. Nous dénonçons un recul démocratique dans la
prise de décision à l'université. Le Conseil rectoral (recteur, les vice et pro-recteurs) effraie lorsqu'il
s'octroie de si nombreuses compétences en matière d'enseignement et de recherche. Professeurs,
assistants ou étudiants sont éloignés des décisions qui les touchent en priorité. Les autorités se
donnent ainsi le droit d'outrepasser des organes démocratiques.

Ceci est particulièrement inquiétant au vu de la menace qui pèse sur le maintien des offres
d'enseignement. Les risques de suppression de cours, voire de masters, sur certains sites, animent
les craintes étudiantes ; particulièrement du point de vue de l'accessibilité. La rationalisation n'est
pas nécessairement un problème en soi. Cependant, elle doit au moins se réaliser dans un cadre
concerté.

Nous déplorons, de manière plus générale, le manque de dialogue lors de la construction de


l'UCLouvain. De nombreuses fois, nous avons formulé nos revendications et demandé des
explications. Peu de ces demandes ont obtenu réponse.

A la lumière de ce travail de confrontation, le Conseil AGL a dû se positionner face à la


fusion. Le constat général est que, malgré certains avantages dans cette fusion, les étudiants y
trouvent plus d'inconvénients. Nous ne pouvons pas les ignorer. Nos représentants dans les
instances décisionnelles de l'UCL s'opposeront aujourd'hui à la fusion. La décision ne fut pas facile
et l'intention n'est pas à l'immobilisme.

Pour le comité de l'AGL,


Julien Didier, Vice-président Institutionnel

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