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dossiers médico-techniques

Organisation des urgences


dans l’entreprise
Sauvetage-secourisme du travail
(89 TC 85)

Le défibrillateur semi-automatique :
place dans la chaîne des secours
et intérêt dans le milieu du travail
(89 TC 86)
dmt dossier médico-technique 89 TC 85

Organisation des urgences dans l’entreprise


Sauvetage-secourisme du travail
Le programme de formation des sauveteurs-secouristes du travail (SST), comme celui de l’attestation de formation
aux premiers secours (AFPS), a été récemment actualisé sur la base d’un large consensus international [1, 2].
A cette occasion, il paraît intéressant de faire le point sur l’organisation des urgences en France et sur ses conséquences pra-
tiques pour l’organisation des urgences dans l’entreprise. En effet, le premier maillon de la chaîne des secours qu’est
le sauveteur-secouriste du travail y joue un rôle important, la rapidité et la pertinence de son intervention
étant susceptibles de conditionner le pronostic d’une détresse vitale.
Cette mise au point concerne les urgences en entreprise en général, sans entrer dans le détail de risques spécifiques
nécessitant des mesures complémentaires adaptées ; elle ne prend pas non plus en compte l’organisation
des urgences dans le cadre des plans d’opération internes (POI) et des plans particuliers d’interventions (PPI)
exigés par la réglementation pour certaines entreprises.

A. LEPRINCE (*),
surer le transport de malades en détresse respiratoire N. GUILLEMY (**),
L’organisation des urgences vers les quelques centres hospitaliers équipés de matériel M. FERREIRA (**),
P. BIÉLEC (***),
en France de ventilation artificielle. Le développement des tech-
niques et des matériels a ensuite permis d’assurer la
C.VUILLERMINAZ (***),
D. JANNIÈRE (****),
H. JULIEN (*****)
médicalisation des urgences traumatologiques sur les
lieux même des accidents. Les services de réanimation
HISTORIQUE des hôpitaux se sont alors progressivement dotés d’an- (*) Département Etudes
et assistance médicales,
tennes mobiles d’urgence et de réanimation, travaillant INRS, Centre de Paris.
Depuis une trentaine d’années, une organisation en collaboration avec les sapeurs-pompiers, eux-même (**) Département
Documentation -
originale des secours et de la prise en charge médicale progressivement équipés de véhicules de réanimation et Information juridique,
des urgences s’est mise en place progressivement en bénéficiant d’un encadrement médical renforcé. INRS, Centre de Paris.
(***) Département
France [3, 4]. Celle-ci, à la différence d’autres pays, Formation, INRS,
notamment les pays anglo-saxons, repose sur la médi- La nécessité d’une coordination des secours médi- Centre de Lorraine.
calisation pré-hospitalière des urgences graves. Ainsi, caux s’est progressivement imposée, afin d’associer le (****) SAMU de Paris.
(*****) Médecin-inspec-
les services d’aide médicale urgente (SAMU) se sont secteur médical privé à la réponse aux urgences médi- teur et conseiller tech-
implantés progressivement sur l’ensemble du territoire cales (qu’il s’agisse de détresses médicales ou d’ur- nique à la Direction de
la Défense et de la
français. Assurant une écoute médicale permanente gences « ressenties » par le public) et de mieux coor- Sécurité civiles.
24 h/24 h, le SAMU déclenche les moyens de secours donner les moyens hospitaliers avec les autres secours
et de soins adaptés aux urgences et organise le trans- publics. Ainsi sont nés les SAMU, services publics assu-
port des patients jusque dans les unités de soins adé- rant une permanence médicale téléphonique d’appel et
quates lorsque l’hospitalisation est nécessaire. Avant la de régulation. Les SAMU sont appelés par le public
création des SAMU, la seule organisation publique de (par un numéro national unique : le 15), mais aussi par
secours assurant une écoute permanente était les tous les autres intervenants de l’urgence : police,
sapeurs-pompiers, en liaison avec les services de police sapeurs-pompiers, secouristes, médecins, infirmier(e)s,
ou de gendarmerie. ambulanciers… La réponse peut prendre de nom-
breuses formes, depuis le conseil médical par téléphone
C’est à la fin des années 50 (face à une épidémie de ou l’envoi d’un médecin généraliste, de secouristes
poliomyélite) et au début des années 60 qu’à l’initiative (sapeurs pompiers notamment), d’une ambulance pri-
des Professeurs Cara (Paris), Serre (Montpellier) et vée ou publique… jusqu’à l’envoi du service mobile Documents
pour le Médecin
Lareng (Toulouse), notamment, ont commencé à se d’urgence et de réanimation, le SMUR (souvent du Travail
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créer des équipes mobiles de réanimation capables d’as- confondu par le public avec le SAMU). 1er trimestre 2002
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ASPECTS RÉGLEMENTAIRES - organise, le cas échéant, le transport dans un établisse-
ment public ou privé en faisant appel à un service public ou
La loi n° 86-11 du 6 janvier 1986 relative à l’aide à une entreprise privée de transports sanitaires ;
médicale urgente et aux transports sanitaires (Journal - veille à l’admission du patient ;
Officiel du 7 janvier 1986), et son décret d’application - coordonne les interventions des unités mobiles de secours
n° 87-1005 du 16 décembre 1987 relatif aux missions et de soins hospitaliers dont disposent les services mobiles
et à l’organisation des unités participant au Service d’urgence et de réanimation (SMUR) ».
d’aide médicale urgente appelées SAMU (Journal
Officiel du 17 décembre 1987), précisent les missions,
l’organisation et le fonctionnement de ces services. En ce qui concerne les relations entre ces ser-
L’implantation des SAMU et des SMUR ne s’est vices, la circulaire insiste sur l’importance de leur
pas faite sans problèmes et n’a pas été homogène sur interconnexion : « L’interconnexion des centres 15 et 18 est
tout le territoire. Des difficultés sont apparues dans la condition indispensable pour que ces centres se tiennent
leurs rapports avec les autres services intervenant dans mutuellement informés des appels qui leur parviennent et des
les secours, en particulier dans leurs relations avec les opérations en cours /…/ ». La circulaire précise ensui-
sapeurs-pompiers. La circulaire du ministère de te les dispositions générales relatives à la commu-
l’Intérieur et de la Sécurité publique et du ministère de nication avec les moyens engagés, l’information
la Santé et de l’Action humanitaire du 18 septembre opérationnelle et la régulation médicale, avant
1992, relative aux relations entre le service départe- d’envisager l’ensemble des procédures applicables
mental d’incendie et de secours et les établissements aux interventions au quotidien.
publics hospitaliers dans les interventions relevant de la
gestion quotidienne des secours (Journal Officiel du
6 octobre 1992) est venue préciser l’application des
textes législatifs et réglementaires. Cette circulaire pré-
cise les missions des services concernés et leurs rela-
tions, ainsi que les procédures applicables aux inter- ASPECTS PRATIQUES - CONDITIONS
ventions relevant de la gestion quotidienne des D’EFFICACITÉ
secours.
Cette organisation mise en place progressivement
sur le terrain depuis une trentaine d’années a lente-
Les structures et les missions des services ment évolué et a intégré des moyens issus de différents
sont ainsi précisées : services de l’Etat, d’associations ou de structures pri-
vées qui visent à limiter les conséquences de tous les
1. « Le service départemental d’incendie et de secours, types de détresses médicales, de l’accident de la route
dans le cadre de ses activités, doit comporter un centre opé- à l’état de mort subite, en passant par l’accident
rationnel départemental (CODIS) pouvant disposer d’un domestique ou l’accident du travail…
ou plusieurs CTA (centre de traitement de l’alerte) dotés du Accident de la route, accident du travail… la quali-
numéro d’appel 18. té des secours et des soins qui se met en place dès lors
Le CODIS est l’organe de coordination de l’activité opé- qu’un accident est survenu contribue à la diminution
rationnelle des services d’incendie et de secours du départe- du nombre de morts, à la limitation des souffrances et
ment /…/. des séquelles. Autre exemple, les « morts subites » dont
Au sein du service départemental d’incendie et de le nombre est évalué à 60 000 par an en France ; celles-
secours, le service de santé et de secours médical effectue des ci constituent un deuxième type de détresse majeure
interventions dans le cadre des missions opérationnelles des susceptibles de bénéficier d’une organisation perfor-
(1) Voir dans ce même sapeurs pompiers /…/. Ce service de santé (…) dispense des mante des secours, d’autant que les possibilités
numéro : « Le défibril-
lateur semi-automa- soins d’urgence aux victimes d’accidents et de sinistres de actuelles de défibrillation précoce grâce à l’utilisation
tique : place dans la toute nature /…/. » de défibrillateurs semi-automatiques viennent en
chaîne des secours et
intérêt dans le milieu modifier considérablement le pronostic (1).
de travail ».
2. « Le SAMU, qui comporte un centre de réception et
de régulation des appels (centre 15), /…/ :
- assure une écoute médicale permanente ; La chaîne des secours
- détermine et déclenche dans le délai le plus rapide la
réponse la mieux adaptée à la nature des appels ; Pour être efficace, l’organisation des urgences doit
Documents
pour le Médecin
- s’assure de la disponibilité des moyens d’hospitalisation porter sur tous les maillons de la chaîne des secours
du Travail publics ou privés adaptés à l’état du patient, compte tenu du (figure 1) [4]. Même si l’organisation mise en place au
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er
1 trimestre 2002 respect du libre choix, et fait préparer son accueil ; niveau de la prise en charge pré-hospitalière et hospi-
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T A S M H
Témoin Alerte Premiers Médecins Hôpital
secours

Fig. 1 : La chaîne des secours

talière par les services publics est performante, c’est systèmes de communication, en particulier télépho-
souvent l’efficacité du témoin, premier maillon de la nique : la généralisation de l’utilisation des télé-
chaîne, et la rapidité de son intervention qui vont phones sans fil a considérablement facilité l’accès
conditionner le pronostic d’une détresse vitale. téléphonique aux services d’urgence ; des systèmes
d’alerte automatisés ou semi-automatisés sont main-
tenant proposés (dans des véhicules automobiles ; à
Le témoin domicile, relayés par une centrale de réception vers
les services d’urgence ; en entreprise, dispositif
Idéalement, il devrait pouvoir donner l’alerte de d’alarme pour travailleur isolé…). D’autre part, la
façon pertinente, prendre des mesures permettant de généralisation du système d’affichage du numéro de
prévenir le sur-accident et prodiguer les premiers l’appelant a contribué à réduire le nombre d’appels
gestes assurant la survie. malveillants.
L’attestation de formation aux premiers secours La réception de l’appel par un standard médi-
(AFPS), généralement dispensée par des associations, calisé, capable de déterminer rapidement le niveau
est une formation au secourisme prévue par l’Etat pour de gravité de l’accident, permet de dépêcher les
tous les citoyens volontaires. Il est nécessaire d’en moyens les plus rapides et les mieux adaptés. Le
poursuivre la promotion très largement auprès de la service de régulation médicale reste ensuite à
population car trop peu d’adultes (8 à 10 %) ont reçu l’écoute des différents moyens engagés afin d’or-
cette formation au complet. Ainsi, « apprendre à por- ganiser le soutien de l’intervention, de préparer le
ter secours » est un des objectifs du programme natio- transfert des blessés ou malades, de prévenir les
nal de réduction des risques cardiovasculaires 2002- structures d’accueil…
2005 du ministère de la Santé. Ce même programme Les centres de réception et de régulation des appels
prévoit de renforcer l’effort en cours dans les écoles des SAMU traitent environ 4 millions de cas par an en
pour généraliser cette formation et obtenir en fin de France, ce qui correspond à un nombre total d’appels
troisième l’équivalence de l’AFPS. très supérieur. Plus de la moitié des appels au SAMU
proviennent de particuliers. Un quart provient des
sapeurs-pompiers. L’appel est pris en charge par une
L’alerte équipe composée au minimum d’un médecin régula-
teur relevant de l’exercice public, appartenant au
L’alerte est transmise par l’intermédiaire du réseau SAMU, le plus souvent un anesthésiste réanimateur
téléphonique ou par des bornes d’appel spécialisées rompu à l’exercice de l’urgence médicale, d’un médecin
aux trois grands services concernés. Ils disposent cha- régulateur relevant de l’exercice privé (généraliste
cun d’un numéro d’appel national spécialisé et gratuit ayant une bonne expérience de l’urgence), aidés d’un
et ont une obligation d’information réciproque : permanencier (spécialiste paramédical formé à cette
fonction).
- Police : le 17, Dans les centres de traitements des appels des
- Sapeurs-pompiers : le 18, sapeurs-pompiers (CTA), 3,5 millions d’appels sont
- Service d’aide médicale urgente (SAMU) : le 15. reçus chaque année. Le ratio nombre d’interven-
tions/nombre d’appels est élevé, les sapeurs pompiers
Une directive européenne a de plus conduit à ayant pour principe d’intervenir systématiquement dès
mettre en place le numéro d’appel unique européen, le qu’il y a appel. Le nombre d’interventions pour feu est
112 ; maintenant généralisé à l’ensemble du territoire, de l’ordre de 10 % ; les secours à victime représentent
ce numéro est interconnecté avec les trois numéros un tiers des interventions. Les interventions pour acci- Documents
pour le Médecin
d’appel d’urgence nationaux. dent de la route représentent également un tiers des du Travail
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L’alerte a bénéficié des progrès techniques des interventions. 1er trimestre 2002
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L’intervention des secours en équipe de sapeurs-pompiers entraînés à intervenir auprès des
équipes de prompt secours et dotés de matériels spé-
Le premier échelon d’intervention est celui des cialisés. La plupart d’entre eux sont des médecins
sapeurs-pompiers, premier maillon professionnel entraî- libéraux qui se rendent sur les lieux d’une urgence à la
né de la chaîne des secours, qui généralement arrivent demande des centres de réception des appels.
sur les lieux en même temps que les forces de police qui Par ailleurs, en ville, des médecins urgentistes trai-
assurent la mise en sécurité du site et procèdent à l’en- tent, généralement au domicile des patients, les
quête administrative. Les sapeurs pompiers préviennent urgences relatives qui entrent dans la permanence des
et combattent l’incendie éventuel, mais surtout prodi- soins. Ce sont des médecins libéraux qui intervien-
guent les premiers gestes de secours aux blessés. nent généralement seuls, sont payés à l’acte, se dépla-
cent dans des véhicules de type tourisme et n’assurent
Deux niveaux de moyens sont mis en œuvre pas le transport éventuel des patients.
selon les circonstances Il faut préciser qu’en France il n’existe pas de para-
Le prompt secours : intervention de sapeurs- médicaux spécialisés équivalents aux « paramedics »
pompiers en équipe, formés aux techniques de secou- assurant la prise en charge des urgences aux Etats-
risme, dotés de matériels de premier secours. Entraînés Unis, par exemple. La médicalisation sur le terrain est
à la réanimation cardio-pulmonaire, ils sont dotés de effectuée uniquement par des médecins spécialisés,
moyens spécifiques (oxygène, ventilateurs manuels, formés aux techniques de la médecine d’urgence et
matériel d’immobilisation et de contention des frac- de la réanimation pré-hospitalière et dotés des
tures, aspirateurs, cardiopompes…). Ils sont actuelle- moyens adaptés. La complémentarité sur le terrain
ment formés à l’utilisation des défibrillateurs semi- des actions des secouristes et des médecins, lors des
automatiques. La mise en œuvre de cette technique désincarcérations par exemple, est un facteur déter-
par les équipes de prompt secours sapeurs-pompiers, minant pour le succès du sauvetage des victimes.
avec l’envoi immédiat de l’équipe du SMUR, a démon-
tré son efficacité.
Les moyens spécialisés de désincarcération sont Le médecin régulateur du SAMU, « chef
mis en œuvre si nécessaire par une équipe de sapeurs- d’orchestre » assurant la liaison entre
pompiers spécialisés dépêchée sur les lieux d’un acci- le terrain et l’hôpital
dent. Ces spécialistes sont formés et dotés de matériel
spécial afin de permettre l’accès aux victimes et leur A côté du rôle du médecin sur le terrain, il faut sou-
dégagement dans les meilleures conditions et de favori- ligner le rôle du médecin régulateur du SAMU. Le
ser l’action médicale sur le terrain. concept de régulation médicale s’est développé en
France autour des années 70. Alors qu’étaient mises
en place des ambulances médicalisées dotées de
L’intervention des médecins moyens de transmission, il a été nécessaire de disposer
d’un centre de suivi des interventions, et l’idée est
Une série de quatre décrets du 30 mai 1997 prévoit venue de placer auprès du standardiste un médecin
l’organisation des SMUR et des urgences hospitalières capable de mieux apprécier le degré et la nature de
(décrets n° 97-615, 97-616, 97-619, 97-620 du 30 mai l’urgence et d’adapter ainsi la réponse à la demande.
1997, Journal Officiel du 1er juin 1997). Très rapidement, les avantages de cette médicalisa-
L’intervention médicale est décidée soit de premiè- tion de la réception des appels ont été évidents. Elle
re intention, dès réception d’un appel laissant supposer permet de répondre « en direct » aux appels du public,
que la victime est dans un état grave, soit après le bilan et donc de mieux apprécier la nature et le degré de la
transmis par les premiers secours. Les médecins spé- détresse, et d’adapter les moyens de secours à la natu-
cialisés qui interviennent ont deux origines : re de celle-ci :
- médecins spécialistes des SMUR, aidés d’infir- - envoi d’une équipe de secouristes, généralement
mier(e)s et disposant du matériel de réanimation le plus les sapeurs-pompiers ; envoi d’une ambulance ;
performant ; en fonction de la distance, le véhicule uti- - relais par une équipe médicale ou envoi immé-
lisé par l’équipe médicale est soit une ambulance équi- diat d’un médecin selon la nature de l’appel :
pée qui permettra le transport du patient à l’hôpital, soit médecin libéral s’il n’y a pas d’urgence vitale,
un véhicule léger, plus rapide, transportant le matériel médecin urgentiste en ville, médecin des sapeurs-
nécessaire, soit plus rarement un hélicoptère ; pompiers lorsqu’il s’agit d’une intervention à la
- médecins de proximité, anticipant l’intervention campagne, éloignée d’un SMUR ; envoi du SMUR
Documents
pour le Médecin
des équipes hospitalières lorsque l’urgence a lieu à si la notion d’urgence vraie est pressentie, précédé
du Travail distance de la ville ou de l’hôpital. Pour leur grande si nécessaire par l’envoi d’un médecin d’urgence de
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1 trimestre 2002 majorité ces médecins sont des médecins généralistes proximité (médecin des sapeurs-pompiers à la
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campagne, urgentiste en ville) ; vent pouvoir être mis en œuvre le plus rapidement pos-
- suivi de l’intervention et conseil éventuel à l’équipe sible. Dans chaque département français, depuis les
en intervention : ambulanciers qui rendent compte que années 70, répondant à des obligations réglementaires,
le moyen envoyé est le bon ; équipe de sapeurs-pom- une équipe médicale, garante de l’efficacité de cette
piers qui « passe un bilan » au médecin régulateur, lui chaîne des secours et de soins et partenaire de tous les
permettant d’apprécier la bonne adéquation de l’équi- acteurs de ceux-ci, assure la réception et régule les
pe à la gravité et à la nature de l’intervention, de appels d’urgence d’un public dont les moyens d’appel
contrôler la nature des gestes effectués, de donner un sont de plus en plus nombreux et performants.
conseil… ; médecin qui trouve auprès du médecin Face à cette organisation des secours et des soins
régulateur, généralement plus ancien, conseil, assistan- d’urgence par les pouvoirs publics, l’entreprise doit
ce et renfort éventuels ; pouvoir organiser ses secours internes et l’alerte de
- envoi d’un renfort éventuel : équipe de désincarcé- façon à les articuler au mieux avec cette organisation
ration, de recherche, renfort de brancardage… vecteur extérieure. Tout chef d’entreprise est responsable de
d’évacuation mieux adapté (hélicoptère généralement) ; l’organisation des secours dans son établissement. En
- préparation de l’accueil hospitalier, permettant cas d’accident, tout retard ou défaut d’organisation
d’adapter au mieux la qualité de l’équipe d’accueil à la pourrait être fatal pour la ou les victimes et pourrait
dominante pathologique, que ce soit en milieu médical entraîner une sanction pénale.
public ou privé (c’est le patient, lorsqu’il peut le dire, ou L’organisation de l’alerte et la formation de sauve-
la nature et la gravité de l’urgence qui déterminent teurs-secouristes du travail, premier maillon interne à
l’orientation de l’évacuation) ; la mise en alerte de cette l’entreprise de la chaîne des secours, permettent d’as-
équipe, la transmission d’information sur l’état du surer - en l’absence de médecin ou d’infirmier(e)s pré-
patient et le traitement entrepris permettent à celui-ci sent(s) dans l’entreprise - les premiers gestes d’urgence
d’être accueilli par une équipe médicale disponible, avant la prise en charge de la victime par le maillon pro-
adaptée, renseignée, compétente dans le domaine de fessionnel que sont les sapeurs-pompiers ou les secours
spécialité requis. médicalisés.
Véritable chef d’orchestre, correspondant de la chaî-
ne de secours dans son ensemble, spécialiste aguerri de
l’urgence et disponible derrière son téléphone ou sa
ASPECTS RÉGLEMENTAIRES
radio 24 h sur 24 h, le médecin régulateur est la pier-
re angulaire du système départemental des urgences en Seul le médecin du travail est imposé à l’ensemble
France : des entreprises. Les dispositions réglementaires rela-
- il permet une adaptation fine du moyen au besoin ; tives à l’organisation des services médicaux du travail
- il contrôle la qualité de l’intervention en immédiat et ont fixé les obligations en personnel infirmier selon la
en continu (horaires, moyens engagés, destinations…) ; taille des entreprises (art. R. 241-35) :
- il permet des économies substantielles dans le « Dans les entreprises et établissements commerciaux et
domaine du coût de l’urgence par l’économie de leurs dépendances /…/, l’effectif du personnel infirmier doit
moyens engendrée ; être d’au moins une infirmière ou un infirmier pour 500 à
- il assure une écoute médicale, à la disposition du 1 000 salariés /…/.
public en permanence ; Dans les entreprises et établissements industriels, cet
- il assure la liaison entre terrain et hôpital, entre les effectif doit être au moins d’une infirmière ou d’un infirmier
différents services publics, privés ou associatifs du pour 200 à 800 salariés /…/ »
monde de l’urgence. Ces dispositions concernant les services médicaux
du travail ne permettent pas une prise en charge des
secours et des soins d’urgence directement par le per-
sonnel médical ou infirmier dans la très grande majori-
L’organisation des secours té des cas. Cette prise en charge relève de dispositions
complémentaires : le Code du travail impose à l’em-
dans l’entreprise ployeur de former des secouristes, en référence à la
notion « de travaux dangereux », de prendre les dispo-
L’arrêt cardiaque, l’accident de la route, l’accident sitions nécessaires pour assurer les premiers secours en
du travail, et plus généralement toutes les pathologies liaison avec les services de secours d’urgence extérieurs
graves, font appel à une chaîne de secours et de soins à l’entreprise, ainsi que d’assurer une formation à la
pluri-disciplinaire, issue de structures publiques ou pri- sécurité de ses salariés incluant les dispositions à
vées complémentaires. Des moyens de réanimation prendre en cas d’accident. Le médecin du travail, Documents
pour le Médecin
performants, tels que les défibrillateurs semi-automa- conseiller du chef d’entreprise et des salariés, est associé du Travail
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tiques sont maintenant largement disponibles, et doi- à ces formations et à la détermination de ces mesures. 1er trimestre 2002
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Formation de secouristes lorsque leur nombre, calculé conformément aux dispositions
de l'article R. 241-35, ne permet pas d'assurer une présence
« Dans chaque atelier où sont effectués des travaux dan- permanente de ce personnel, l'employeur prend, après avis
gereux, dans chaque chantier occupant vingt personnes au du médecin du travail, les dispositions nécessaires pour assu-
moins pendant plus de quinze jours où sont effectués des tra- rer les premiers secours aux accidentés et aux malades /…/.
vaux dangereux, un membre du personnel doit avoir reçu Ces dispositions, qui sont prises en liaison notamment avec
obligatoirement l'instruction nécessaire pour donner les pre- les services de secours d'urgences extérieurs à l'entreprise, sont
miers secours en cas d'urgence. adaptées à la nature des risques /…/. Ces dispositions sont
Les salariés ainsi formés ne peuvent pas être considérés consignées dans un document tenu à la disposition de l'ins-
comme tenant lieu d'infirmières ou infirmiers prévus à pecteur du travail (art. R. 241-40). »
l'article R. 241-35 (art. R. 241-39). L’article R. 232-1-6 prescrit : « Les lieux de travail sont
La procédure de mise en demeure prévue à l'article équipés d’un matériel de premiers secours adapté à la natu-
L. 231-4 est applicable en cas d'infraction aux dispositions re des risques et facilement accessible.
du présent titre et des décrets pris pour son application qui Ce matériel doit faire l’objet d’une signalisation par pan-
sont relatives : neaux conforme aux dispositions prévues par l’article R.
/…/ à l'obligation de former des secouristes dans les ate- 232-1-13 » ; les caractéristiques de ces panneaux de
liers où sont effectués des travaux dangereux /…/ (article signalisation sont précisées dans l’annexe II de l’arrêté
L. 241-10). » du 4 novembre 1993 transposant en droit français la
Pour répondre aux obligations légales, la Caisse directive 92/58/CEE du 24 juin 1992 concernant les
nationale de l’Assurance maladie des travailleurs salariés prescriptions minimales pour la signalisation de sécuri-
(CNAMTS) a mis en place une formation spécifique, té et/ou de santé au travail (figure 2).
conduite par l’Institut national de recherche et de sécu-
rité (INRS) à partir de circulaires de la Direction des
risques professionnels, et sanctionnée par la délivrance Formation à la sécurité
d’un « Certificat de sauveteur secouriste travail » (SST).
Cette formation a évolué régulièrement depuis sa créa- L’article L. 231-3-1 du Code du travail fait obligation
tion. La dernière actualisation du programme de forma- à « tout chef d’établissement » d’organiser « une formation
tion date de 2001 (circulaire CNAM /DRP n° 26/2001 pratique et appropriée en matière de sécurité, au bénéfice des
du 10 septembre 2001), comme l’actualisation du pro- travailleurs qu’il embauche /…/ » ainsi qu’à certaines autres
gramme de l’attestation de formation aux premiers catégories de salariés énumérées dans ce même article.
secours (AFPS) avec laquelle les institutions concernées Les objectifs, le contenu et les modalités de cette forma-
ont l’objectif de continuer à développer des passerelles. tion à la sécurité sont précisés par les articles R. 231-32
à R. 231-45 du Code du travail. Cette formation doit
inclure les dispositions que le salarié « doit prendre en cas
Organisation des premiers secours d’accident ou de sinistre (art. R. 231-34). La formation à la
sécurité a également pour objet de préparer le salarié sur la
« Sans préjudice des dispositions prévues par l'article R. conduite à tenir lorsqu'une personne est victime d'un accident
232-1-6, en l'absence d'infirmières ou d’infirmiers, ou ou d'une intoxication sur les lieux de travail. Cette formation

Premiers secours Civière Douche de sécurité Rinçage des yeux

Fig. 2 : Signalisation
de sauvetage et de secours

Documents
pour le Médecin
du Travail Téléphone pour le sauvetage et
N° 89
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1 trimestre 2002 premiers secours
10
est dispensée dans le mois qui suit l'affectation du salarié à son et les exigences de formation en rapport avec ceux-ci,
emploi (art. R. 231-37). » les moyens et les modalités d’alerte et de liaisons entre
les éléments propres à l’entreprise et les services exté-
rieurs, la mise au point de la conduite à tenir en cas
Rôle du médecin du travail d’accident ou d’urgence médicale (prenant en compte
les risques spécifiques mis en évidence lors de l’évalua-
Le médecin du travail est associé à la détermination tion des risques), la rédaction de consignes et l’infor-
des dispositions nécessaires pour assurer les premiers mation de toutes les personnes concernées, tant dans
secours aux accidentés et aux malades (art. R. 241-40). l’entreprise qu’à l’extérieur. Une mise au point sur cette
Ces dispositions doivent être « adaptées à la nature organisation des secours dans l’entreprise a été publiée
des risques », donc prendre en compte les résultats de par l’INRS en 1983 [5] ; si les grands principes d’orga-
l’évaluation des risques dans l’entreprise. Elles sont nisation restent les mêmes, elle nécessite cependant
prises « en liaison notamment avec les services de secours d’être réactualisée.
d'urgences extérieurs à l'entreprise », c’est dire le rôle de
concertation et d’information qui revient au médecin
du travail connaissant bien l’entreprise et ses risques Les moyens humains
spécifiques vis-à-vis des services d’urgences suscep-
tibles d’intervenir dans celle-ci. Différents personnels sont impliqués dans la chaîne
Enfin, le Code du travail prévoit la participation du des secours lors de la survenue d’un accident ou d’une
médecin du travail aux actions de formation : situation d’urgence médicale dans l’entreprise.
« /…/ Le médecin du travail est obligatoirement associé
à la formation prévue à l'article L. 231-3-1 et à celle des Le premier témoin
secouristes mentionnée aux articles R. 241-39 et R. 241-40 Le Code du travail impose la formation des salariés
/…/ (art. R. 241-42). » à la sécurité, incluant une initiation à la conduite à tenir
Le médecin du travail a un rôle spécifique à jouer en cas d’accident pour tout nouvel embauché. Tout
dans la formation vis-à-vis des risques spécifiques mis salarié premier témoin d’un accident devrait être
en évidence par l’évaluation des risques dans l’entrepri- capable de prendre un certain nombre de mesures :
se. En effet, le programme de formation des sauve- - protéger la victime, c’est à dire éviter un nouvel
teurs-secouristes du travail établi par l’INRS et publié accident ou l’aggravation du premier ; cette protection
par circulaire de la CNAMTS laisse à l’initiative du de la victime ainsi que sa propre protection et celle des
médecin du travail le contenu de la formation relative autres personnes présentes implique, pour ce premier
aux risques spécifiques de l’entreprise et aux conduites témoin, un examen de la situation à la recherche de
particulières à tenir, ainsi que la détermination du risques persistants (risque d’électrisation, risque d’écra-
temps nécessaire pour le traiter. sement par une machine ou par éboulement, risque
La circulaire du ministère chargé du Travail TE d’incendie ou d’explosion, risque d’asphyxie…) et la
n° 25 du 25 juin 1975 relative au rôle du personnel prise rapide des mesures nécessaires (couper le cou-
infirmier d'entreprise en médecine du travail ajoute des rant, stopper une machine…) ; cependant, dans le cas
recommandations relatives au personnel infirmier : d’un risque d’asphyxie, il ne doit pas prendre l’initiative
« /.../ la formation et le recyclage des secouristes devraient de mettre seul en œuvre les mesures nécessaires ;
être intensifiés en y associant plus étroitement le personnel - appeler le sauveteur-secouriste du travail le plus
infirmier, notamment lorsque celui-ci a une qualification proche, sans remuer ni déplacer la victime, et se mettre
particulière en ce domaine /.../. » à sa disposition.
A l’issue de la formation à la sécurité prévue par le
Code du travail, tout salarié devrait connaître :
Dispositions particulières - les consignes en cas d’accident,
- le fonctionnement des machines situées à proxi-
A ces prescriptions générales du Code du travail mité de son poste,
viennent s’ajouter des dispositions particulières concer- - l’emplacement des interrupteurs et des extincteurs,
nant différents types d’activités ou d’entreprises. - les consignes d’appel dans l’entreprise ou sur le
Celles-ci sont résumées dans l’encadré I. chantier lors d’un accident ou d’une urgence médicale.

Le sauveteur-secouriste du travail
Le SST a reçu une formation lui permettant de
ASPECTS PRATIQUES
prendre les mesures de protection nécessaires, de Documents
pour le Médecin
L’organisation des urgences dans l’entreprise porte réagir devant une situation d’urgence médicale selon du Travail
N° 89
sur un certains nombre de points : les moyens humains un arbre décisionnel guidé par l’examen rapide de la 1er trimestre 2002
11
ENCADRÉ I
D i s p o s i t i o n s r é g l e m e n t a i re s p a r t i c u l i è re s c o n c e r n a n t
d i f f é re n t s t y p e s d ’ a c t i v i t é s o u d ’ e n t re p r i s e s
Protection des travailleurs intervenant sur des installations électriques
Décret n° 88-1056 du 14 novembre 1988 relatif à la protection des travailleurs contre le courant
électrique, article 56 :
« Un arrêté conjoint du ministère chargé du Travail, du ministère chargé de la Santé publique et du ministè-
re chargé de l’Agriculture détermine les conditions dans lesquelles les agents de l’entreprise reçoivent la forma-
tion requise pour administrer les premiers soins aux victimes d’accidents électriques avant l’arrivée du médecin
ou des secours organisés par les pouvoirs publics ainsi que le matériel qui peut être, le cas échéant, nécessaire
pour le dispenser ».
Décret n° 92-141 du 14 février 1992, modifiant le décret 78-72 du 20 janvier 1978 concernant
les premiers soins à donner aux victimes d’accident d’origine électrique :
Arrêté du 14 février 1992, fixant les consignes relatives aux premiers soins à donner aux victimes d’accident
électriques :
a/ annexe 1 : consignes relatives aux premiers secours ;
b/ annexe 2 : affiche résumant l’essentiel de ces consignes.

Protection des travailleurs dans les entreprises extérieures


Article R. 237-7 du Code du travail :
« /…/ Les mesures prévues par le plan de prévention comportent au moins des dispositions dans les domaines
suivants :
/…/ L’organisation mise en place pour assurer les premiers secours en cas d’urgence et la description du dis-
positif mis en place à cet effet par l’entreprise utilisatrice /…/ ».

Protection des travailleurs dans les chantiers temporaires et mobiles


Ces mesures concernent les chantiers temporaires et mobiles du bâtiment et des travaux publics :
Plan général de coordination en matière de sécurité et de protection pour la santé.
Article R. 238-22 du Code du travail :
« Le plan général de coordination en matière de sécurité et de protection de la santé joint aux autres docu-
ments remis par le maître d’ouvrage aux entrepreneurs qui envisagent de contracter, énonce notamment :
/…/ Les renseignements pratiques propres au lieu de l’opération concernant les secours et l’évacuation des
personnels ainsi que les mesures communes d’organisation en la matière /…/ ».
Article R. 238-31 du Code du travail :
/…/
« II - Le plan particulier de sécurité et de protection de la santé comporte obligatoirement et de manière
détaillée :
1° Les dispositions en matière de secours et d’évacuation, et notamment :
a/ Les consignes à observer pour assurer les premiers secours aux victimes d’accidents et aux malades ;
b/ L’indication du nombre de travailleurs du chantier qui ont reçu l’instruction nécessaire pour donner les pre-
miers secours en cas d’urgence ;
c/ L’indication du matériel médical existant sur le chantier ;
d/ Les mesures prises pour assurer, dans les moindres délais, le transport dans un établissement hospitalier de
toute victime d’accident semblant présenter des lésions graves.
Lorsque ces dispositions sont prévues par le plan général de coordination en matière de sécurité et de pro-
tection de la santé, mention peut être faite du renvoi à ce plan /…/ ».

Formation des agents de sécurité des immeubles de grande hauteur /IGH/


et des établissements recevant du public /ERP/
IGH : R. 122-17 /arrêté du 25 février 1995/
Annexe 1 - Programme de formation d'agent de sécurité IGH - 1er degré :
exercices pratiques, gestes élémentaires de secourisme /niveau SST/.
ERP : R. 123-11 /arrêté du 25 février 1995/
Documents
pour le Médecin
Annexe 1 - Programme de formation d'agent de sécurité ERP - 1er degré :
du Travail exercices pratiques, gestes élémentaires de secourisme /niveau SST/.
N° 89
er
1 trimestre 2002
12
victime (plan d’intervention - figure 3), de pratiquer les chargée d'une mission d'hygiène et de sécurité dans l'entre-
premiers gestes de secours adaptés et de faire appel prise, détentrice d'un diplôme national de secouriste com-
aux secours internes ou extérieurs à l’entreprise en don- plété par le diplôme de sauveteur secouriste du travail déli-
nant un premier bilan de la situation. Une formation vré par l'Institut national de recherche et de sécurité ou les
adaptée aux risques spécifiques de l’entreprise assurée Caisses régionales d'Assurance maladie,
par le médecin du travail est venue compléter, si néces- - existence d'un poste de secours d'urgence,
saire, cette formation. Secouriste occasionnel, il a rare- - respect par l'employeur des obligations mises à sa char-
ment à mettre en pratique ce qu’il a appris au cours de ge par l'article L. 236-1 du Code du travail /…/. » (l’ar-
sa formation. C’est pourquoi la CNAMTS et l’INRS ticle L. 236-1 concerne la constitution des comités
ont toujours attaché beaucoup d’importance au recy- d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail).
clage systématique des SST. Ce recyclage est mainte-
nant obligatoirement annuel. Le personnel infirmier et le médecin du travail
A côté des gestes de secours proprement dits, le SST Lorsque le personnel infirmier ou le médecin du tra-
peut être amené à assurer en urgence les premiers vail est présent, appelé par le secouriste, la victime est
soins pour des accidents bénins, avant prise en charge prise en charge sur les lieux de l’accident ou est trans-
médicale, selon les indications du médecin du travail. portée à l’infirmerie avec l’aide des SST, en attendant
En l’absence de médecin ou d’infirmier(e), il peut l’intervention des secours extérieurs si celle-ci est
être habilité à déclarer les accidents bénins dans le nécessaire. En l’absence du médecin du travail, aux
registre prévu par le Code de la Sécurité sociale. soins infirmiers peuvent s’ajouter éventuellement les
L’article D. 441-1 du Code de la Sécurité sociale prescriptions médicales faites par le médecin du travail
(décret n° 85-1133 du 22 octobre 1985) fixe en effet pour telle ou telle situation d’urgence préalablement
ainsi les conditions d'attribution du registre de déclara- prévue. La délivrance de médicaments dans les situa-
tions des accidents bénins : « /…/ L'autorisation de tenue tions d’urgence et les responsabilités du médecin du
d'un registre de déclaration d'accident du travail prévue à travail dans ce domaine font l’objet d’une note du
l'article L. 441-4 du Code de la Sécurité sociale peut être ministère chargé du Travail (Inspection médicale du
accordée à l'employeur sur sa demande, par la Caisse régio- travail et de la main-d’œuvre) [6].
nale d'Assurance maladie du lieu d'implantation de l'éta-
blissement lorsque celui-ci répond aux conditions suivantes : Les services de secours extérieurs à l’entreprise
- présence permanente d'un médecin ou d'un pharma- Ils sont appelés en fonction de la gravité de l’urgen-
cien, ou d'un infirmier diplômé d'Etat, ou d'une personne ce évaluée par le médecin du travail ou l’infirmier(e)

Fi. 3 : Plan d’intervention

Documents
pour le Médecin
du Travail
MOINS DE TROIS MINUTES POUR AGIR N° 89
1er trimestre 2002
13
lorsque celui(ceux)-ci est(sont) présent(s) dans l’entre- En ce qui concerne les soins médicaux, la note minis-
prise. Dans la très grande majorité des cas, ils sont térielle déjà citée précise les conditions de mise à dispo-
appelés systématiquement par le SST, selon les sition de trousses de secours et de constitution d’une
consignes données par l’employeur sur les conseils du armoire à pharmacie à l’infirmerie de l’entreprise [6].
médecin du travail, dans les très nombreuses entre- En matière de moyens d’hygiène, il est préconisé de
prises qui n’ont pas d’infirmerie. mettre à la disposition des secouristes des « kits d’urgence »
comprenant notamment gants, masques pour bouche à
bouche, moyen de désinfection des mains [10, 11].
Moyens et modalités de l’alerte

Des moyens de communication doivent être dispo-


nibles dans l’entreprise de façon à pouvoir assurer une
Le sauvetage-secourisme
alerte rapide, tant à l’intérieur de l’entreprise qu’en direc- du travail
tion des services de secours extérieurs. Les moyens tech-
niques disponibles actuellement laissent un large choix
et permettent d’organiser l’alerte quelle que soit la situa- HISTORIQUE
tion de travail (utilisation de téléphones portables, de
dispositifs d’alarme pour travailleurs isolés [7]… ). Dès les premiers textes réglementant l’organisa-
Les consignes d’appel, numéro d’appel interne à tion de la médecine du travail publiés pendant les
l’entreprise ou numéro d’appel des secours extérieurs, années 40, la nécessité de former des secouristes pou-
doivent être claires, connues de tous et affichées. Les vant intervenir dans les entreprises en l’absence de
numéros d’appel (15 ou 18) sont interconnectés. Le médecin ou d’infirmier(e)s apparaît. Le premier texte
choix peut être orienté par la nature des risques spéci- définissant un programme d’enseignement du secou-
fiques de l’entreprise (risque d’incendie, d’explosion…) risme en France date de la même période, avec la
et par la situation de l’entreprise, distante ou non de création d’un brevet de sauveteur spécialiste portant
l’établissement le plus proche disposant d’un SMUR. sur les « soins aux asphyxiés ». Au cours des deux
L’appel du 15 a l’avantage de procurer au SST des décennies suivantes, des programmes de formation
conseils médicaux immédiats. ont été développés tant en ce qui concerne le monde
En fonction des risques spécifiques de l’entreprise, du travail que la population générale et ont évolué
le contact du médecin du travail avec les responsables séparément. Ce n’est qu’au cours des années 90 que
du SAMU, en dehors de toute situation d’urgence, ces formations, tant du point de vue des programmes
permet d’optimiser l’organisation des secours. La que de la pédagogie, onts commencé à évoluer de
connaissance par le SAMU des risques propres à l’en- façon convergente.
treprise, notamment des risques toxiques, des voies En 1957, un programme spécifique de formation
d’accès, des moyens de secours disponibles… doit per- des salariés au secourisme a été mis au point par
mettre une intervention plus rapide et plus efficace. l’Institut national de sécurité (l’INS, qui deviendra
l’INRS en 1968) ; un contrôle de cet enseignement par
la Caisse nationale de Sécurité sociale est institué en
Matériels de secours 1962 par une circulaire qui impose aux associations
assurant cette formation de signer une convention avec
Selon la nature des risques, des moyens de secours l’INS et qui réserve aux Caisses régionales d’assurance
de différents types peuvent être indispensables. Ce n’est maladie (CRAM) la délivrance d’un certificat de
pas l’objet de ce dossier de traiter des moyens qui peu- secourisme en milieu de travail. En 1963, la place du
vent être nécessaires en fonction de risques spécifiques. sauvetage-secourisme du travail (SST) par rapport au
Leur(s) emplacement(s) doi(ven)t être choisi(s) de secourisme de la Protection civile a fait l’objet d’un pro-
façon à ce qu’ils soient facilement accessibles et être tocole d’accord entre l’INS et le ministère de l’Intérieur
signalé(s) conformément à la réglementation. Leur qui défini le SST comme « la formation nécessaire et
choix, notamment celui des brancards, et leur nombre suffisante que doivent recevoir les membres du per-
doit tenir compte des caractéristiques de l’entreprise sonnel des entreprises pour être à même de porter effi-
(accès difficiles à certains lieux…, dispersion des ate- cacement secours à un camarade accidenté dans l’en-
liers… ). Des répertoires des matériels existants et de treprise ou sur les lieux du travail et de lui prodiguer les
fournisseurs peuvent être consultés [8, 9]. premiers soins nécessités par son état ».
La maintenance de ces matériels doit être organi- En 1966, lors de la création du brevet national de
Documents
pour le Médecin
sée. Ceci est tout particulièrement important pour les secourisme (BNS), il est envisagé de créer une mention
du Travail matériels de réanimation (appareils d’oxygénothérapie, « secourisme du travail » ; ce projet n’est pas retenu et
N° 89
er
1 trimestre 2002 défibrillateurs semi-automatiques… ). le programme de secourisme développé par l’INS
14
garde son autonomie et sa spécificité. La fin des Depuis la précédente actualisation tant de l’AFPS
années 60 et le début des années 70 sont marquées par que du SST, les techniques médicales ont évolué, cer-
la remise en question du programme de formation. taines critiques ont été émises, des retours d’expérience
Objectifs, contenu et pédagogie sont réétudiés par un ont été publiés… les expériences internationales ont été
groupe de travail et un nouveau programme est expéri- confrontées aux pratiques françaises ; après une dizaine
menté au début des années 70. Ce nouveau program- d’années, il devenait nécessaire de réactualiser les
me est mis en œuvre au niveau national en 1974. contenus de formation et de prendre en compte les
L’apprentissage du secourisme se fait maintenant de recommandations internationales maintenant admises
façon pratique, enseignement « gestuel » et non plus par tous.
théorique, avec une démarche systématique « protéger, L’actualisation de l’AFPS a fait l’objet des travaux de
alerter, secourir » ; l’examen rapide de la victime fait l’Observatoire national du secourisme créé auprès du
appel à la recherche de signes simples à recueillir et ministre chargé de la Sécurité civile en 1997 (encadré II),
conduit à un arbre décisionnel et à la mise en œuvre ainsi que de travaux menés par le Conseil français de
des gestes de secours adaptés (plan d’intervention) ; réanimation cardio-pulmonaire et par différents
cette formation, à laquelle est associé le médecin du groupes internationaux (International Liaison
travail, est assurée en 8 heures avec des exercices pra- Committee on Resuscitation, American Heart
tiques de mise en situation faisant appel à des situa- Association, European Resuscitation Council…). Ces
tions de risques en entreprise ; un recyclage annuel est travaux ont permis d’établir un consensus international,
prévu. L’objectif de multiplier ces formations, de façon publié en août 2000 [12], en matière de techniques et
à ce que le plus grand nombre de salariés soit initié à la de gestes de secourisme de base. Une innovation parti-
pratique du SST et régulièrement recyclés, conduit à culièrement importante est l’introduction d’indices de
organiser la formation de moniteurs d’entreprises à validation affectés aux différentes recommandations et
partir de 1978. Cette politique de formation de masse techniques préconisées (encadré III) [12]. La CNAMTS
associant des organismes de formation, des associa- (Direction des risques professionnels) et l’INRS, parti-
tions conventionnées, les entreprises et l'Education cipant aux travaux de la Commission « Formation » et
nationale (2) a porté ses fruits et a permis un accroisse- de ses Comités scientifique et pédagogique, lors de l’ac- (2) Dans le cadre du
protocole d’accord
ment régulier du nombre de salariés formés et recyclés tualisation de l’AFPS ont gardé en permanence le souci signé en 1992 et
chaque année. Ainsi, en 2001, pour le seul régime d’établir un tronc commun entre SST et AFPS. renouvelé en 1997
entre l’Education
général de la Sécurité sociale, près de 140 000 per- Ce nouveau programme de formation des SST, offi- nationale et la
sonnes ont été formées au SST et plus de 250 000 ont cialisé par la circulaire DRP n° 26/2001 du 10 sep- CNAMTS, 3 500 à
4 000 moniteurs SST
été recyclées. tembre 2001, déjà publié dans un précédent numéro ont été formés au sein
des établissements
Cette nouvelle approche de l’enseignement du des Documents pour le Médecin du Travail [1] est pré- d’enseignement tech-
secourisme a fait rapidement ses preuves, et la péda- senté en annexe, il est également consultable sur le site nique, permettant de
former 35 000 à
gogie mise en œuvre pour l’enseignement du SST a été www.inrs.fr. 40 000 élèves chaque
adoptée en 1990 pour la formation destinée au grand A côté des aspects techniques, les grandes modifi- année.

public par la Commission nationale du secourisme lors cations introduites par la circulaire sont les suivantes :
de la modification du programme de l’attestation de - la durée de la formation est de 12 heures, au lieu
formation aux premiers secours (AFPS) [2]. de 10 précédemment, auxquelles il faut ajouter, si
La dernière évolution marquante du programme nécessaire, le temps pour traiter les risques particuliers
SST précédant l’actualisation 2001 a été l’introduction de l’entreprise et de la profession, temps laissé à l’ini-
en 1993 de la réanimation cardio-respiratoire (circulai- tiative du médecin du travail ;
re CNAM/DPRT n° 46/93 du 18 août 1993), contri- - le contrôle du comportement qui était pratiqué en
buant ainsi au rapprochement de la formation SST de fin de formation peut être remplacé avantageusement
la formation AFPS. par une évaluation continue par le(s) formateur(s) ;
- le recyclage des SST est maintenant obligatoire-
ment annuel ; la durée préconisée est de 4 heures pour
un groupe d’une dizaine de personnes ;
ÉVOLUTION DU PROGRAMME DE FORMATION
- l’introduction de l’enseignement des gestes de pre-
mier secours adaptés aux enfants et aux nourrissons,
Le programme de formation des SST a été actuali- témoignant de la volonté d’avoir une équivalence tech-
sé en 2001 en même temps que celui de l’AFPS, avec nique avec l’AFPS.
la volonté d’établir des liens formels entre ces deux for- En ce qui concerne les gestes de secours chez l’adul-
mations, tout en maintenant la spécificité du SST qui, te, les principales modifications et leur justification
faisant appel à des cas concrets en entreprise, a l’avan- sont les suivantes : Documents
pour le Médecin
tage de donner aux salariés formés « un regard de pré- - les modalités d’appel quand le SST est seul : pour du Travail
N° 89
venteur » [2]. un adulte alerter de suite, pour un adulte noyé, intoxi- 1er trimestre 2002
15
ENCADRÉ II était difficile à mettre en œuvre si la victime était beau-
Observatoire national du secourisme coup plus lourde que le sauveteur et elle privilégiait sur-
tout la protection de la colonne dorso-lombaire. La
Créé auprès du ministre chargé de la Sécurité nouvelle technique privilégie la protection de la colon-
civile en janvier 1997 (*), l’Observatoire national du ne cervicale, la zone la plus fragile ;
secourisme est un organe consultatif d’études et de - contrôle de la circulation sanguine : il est très diffici-
conseils « chargé : le, même pour un médecin, de prendre le pouls dans le
- d’évaluer la mise en œuvre des actions conduites en temps imparti et beaucoup de secouristes ne savent pas
matière de secourisme ; le faire ; source de perte de temps et parfois de conclu-
- de proposer aux pouvoirs publics toutes mesures sions erronées, la prise du pouls est supprimée. Elle est
propres à développer ou à promouvoir le secourisme ; remplacée par le constat de la triade suivante : absence
- de donner son avis sur toute question relative au secou- de conscience, absence de respiration, absence de réac-
risme dont il est saisi par le ministre chargé de la sécurité tion (toux, mouvement) au cours de 2 insufflations ;
civile ou par le ministre chargé de la santé ; - ventilation artificielle : le volume d’insufflation
- de collecter et de diffuser des informations sur l’ensei- recommandé était trop important, de l’air pouvait
gnement et la pratique du secourisme ». pénétrer dans l’estomac et provoquer des régurgita-
L’Observatoire national du secourisme, qui a succé- tions et donc une pneumopathie d’inhalation ; les
dé à la Commission nationale de secourisme, regroupe nouvelles recommandations sont d’insuffler pendant
des représentants des différents ministères impliqués, 2 secondes et d’arrêter dès que la poitrine se soulève
des représentants d’associations et d’organismes de (classe IIa, cf. encadré III) ;
secourisme, des représentants des autorités ou orga- - séquence insufflations/massage cardiaque : la
nismes qui, dans le cadre de leurs responsabilités opé- séquence retenue est de 2 insufflations pour 15 com-
rationnelles, font appel aux secouristes et des person- pressions, qu’il y ait un seul ou deux sauveteurs ; la fré-
nalités qualifiées. Trois commissions ont été créées au quence des compressions est de 100 par minute.
sein de l’Observatoire : « Emploi », « Formation », Lors de l’introduction de la réanimation cardio-pul-
« Coordination ». La Commission « Formation » s’est monaire (RCP) dans le programme de formation des
dotée de deux comités spécialisés : un Comité scienti- SST en 1993, des craintes ont été exprimées vis-à-vis du
fique et un Comité pédagogique. danger que pouvait représenter un massage cardiaque
Un des premiers objectifs de l’Observatoire a été mal fait pour la victime. L’expérience internationale a
d’actualiser l’attestation de formation aux premiers montré qu’en cas d’arrêt cardiaque, de « mort subite »,
secours (AFPS) destinée au grand public, la formation un geste mal fait vaut mieux que pas de geste du tout.
« citoyenne » . Certes, une RCP bien exécutée est préférable à une
RCP mal faite, mais celle-ci est encore préférable à l’ab-
(*) Décret n° 97-48 du 20 janvier 1997 portant diverses mesures rela- sence de RCP. Cette technique de réanimation est une
tives au secourisme. Journal Officiel, 22 janvier 1997, Page 1096-
1097. priorité reconnue, classe I (cf. encadré III), c’est-à-dire
« toujours acceptable, sans danger, définitivement utile ».

qué ou un enfant de moins de 8 ans, alerter après 1 mn


HYGIÈNE ET SECOURISME
de réanimation cardiorespiratoire ; cette évolution des
modalités d’appel a pour but de raccourcir le délai du
recours à la défibrillation semi-automatique en cas de Les risques infectieux éventuellement encourus par
fibrillation ventriculaire ; les sauveteurs secouristes du travail font l’objet de
- désobstruction des voies aériennes : donner cinq tapes nombreuses questions, tant des secouristes eux-mêmes
dans le dos avant de pratiquer la manœuvre d’Heimlich que des médecins du travail. Ces risques sont faibles
qui peut présenter des risques si elle est mal faite ; mais existent néanmoins et doivent être abordés en
- le point de compression de l’artère sous-clavière est dehors de tout contexte d’urgence lors de la formation.
difficile à réaliser, difficile à apprendre et douloureux à Les deux risques dominants sont liés au contact avec le
subir ; il est remplacé par le point de compression sang et à la transmission d’infections par voie salivaire,
huméral, facile à réaliser et efficace ; cependant, ce der- tant lors des interventions de secourisme que lors de
nier n’étant plus possible en cas d’arrachement de l’apprentissage sur mannequin. L’évaluation de ces
membre, l’enseignement du point de compression de risques infectieux, des recommandations de mesures
l’artère sous-clavière peut être assuré, à la demande du d’hygiène et de port d’équipements de protection
Documents
pour le Médecin
médecin du travail, dans la séquence consacrée aux (complétées de fiches pratiques) ont fait l’objet d’un
du Travail risques spécifiques de l’entreprise ; dossier dans un précédent numéro des Documents pour
N° 89
er
1 trimestre 2002 - position latérale de sécurité : l’ancienne technique le Médecin du Travail [10, 11]. Il faut souligner que ces
16
mesures ne sont pas toujours compatibles avec l’urgen- pénal. Les réponses aux questions le plus souvent
ce des premiers secours et qu’elles ne doivent en aucun posées ont déjà fait l’objet d’une synthèse dans une
cas retarder leur mise en œuvre. publication de l’INRS [2], elles sont présentées en
Pour être bien comprises et appliquées de façon encadré IV.
raisonnable en fonction de la situation sur le terrain,
ces recommandations doivent faire l’objet d’une
PRISE EN CHARGE PSYCHOLOGIQUE
information, au mieux avec la participation du méde- APRÈS INTERVENTION
cin du travail.
Le risque de contact avec le sang soulève la question
de la vaccination des secouristes contre l’hépatite B. A la différence des secouristes professionnels tels
Les SST ne font pas partie des personnels pour lesquels que les sapeurs-pompiers, le sauveteur-secouriste du
cette vaccination est rendue obligatoire par le Code de travail est un secouriste occasionnel qui aura exception-
la santé publique. La vaccination peut cependant être nellement à intervenir dans l’entreprise pour une urgen-
proposée en fonction de l’évaluation du risque, en ce vitale. Aussi, encore plus que pour les professionnels,
complément des mesures d’hygiène, dans le cadre du lorsqu’une telle situation se produit, avoir à mettre en
décret du 4 mai 1994 relatif à la protection des tra- œuvre les gestes de premier secours devant une détres-
vailleurs contre les risques biologiques [10], d’autant se vitale chez un collègue de travail est toujours source
que les secouristes sont explicitement mentionnés dans de stress, non seulement pendant l’intervention elle-
la liste des travaux du tableau n° 45 B des maladies pro- même, mais également à distance, et cela quelle qu’en
fessionnelles du régime général de la Sécurité sociale soit l’issue. Il en est de même des témoins. De plus, lors-
(Infections d’origine professionnelle par les virus des qu’il y a décès de la victime, cela peut conduire le secou-
hépatites A, B, C, D et E - partie B : Hépatites virales riste à mettre en cause la qualité de son intervention et
transmises par le sang et tout autre liquide biologique à nourrir un sentiment de « culpabilité ».
ou tissu humain). Le médecin vaccinateur doit s’assu- Dans de tels cas, à l’instar de ce qui est pratiqué
rer de l’absence de contre-indications et informer les dans différentes situations d’agression (attentats, hold-
personnes des risques éventuels liés à la vaccination. up…), il est souhaitable que le (ou les) secouriste(s), et
Le SST doit être informé de la conduite à tenir en aussi les témoins, soient pris en charge le plus tôt pos-
cas d’exposition importante au sang (incluant la décla- sible psychologiquement, puissent parler de ce qu’ils
ration d’accident du travail) et pouvoir bénéficier du ont vécu et, si nécessaire, bénéficier d’un suivi psycho-
dispositif d’accueil mis en place pour les soignants dans thérapique, afin d’éviter la survenue de troubles psy-
les services d’urgence [13 à 16]. En fonction de l’éva-
luation du risque, une prophylaxie post-exposition et ENCADRÉ III
un suivi médical peuvent lui être proposés. Ces situa- Les indices de validation traduisant un
tions, très rares, sont particulièrement difficiles à gérer consensus international [12]
dans l’entreprise en raison de la nécessité de préserver
le secret médical tant pour le sauveteur que pour la vic- L'actualisation des pratiques du secourisme sont
time. En particulier, obtenir le statut sérologique du le fruit d'un travail de synthèse entre experts de dif-
patient source vis-à-vis des infections transmissibles férents pays. Pour la première fois, en l'an 2000, ces
par voie sanguine se révèle particulièrement délicat pratiques reposent sur un consensus général permet-
dans cette situation pour le médecin du travail, et il tant de disposer de techniques et de gestes reconnus
peut être préférable que cela soit assuré dans le cadre partout comme les plus adaptés, les plus efficaces et
hospitalier par le médecin référent. de bannir les gestes dangereux. Ainsi, les techniques
et les gestes de secourisme de base sont réparties en
5 classes :
- Classe I : toujours acceptable, sans danger, défi-
RESPONSABILITÉ
nitivement utile.
- Classe II a : acceptable, sans danger et utile,
Les employeurs et de nombreux salariés, ainsi que considéré comme une intervention de choix par la
des médecins du travail, demandent régulièrement aux majorité des experts.
Caisses régionales d'assurance maladie, ou au service - Classe II b : acceptable, sans danger et utile,
juridique de l'INRS, quelles sont les responsabilités représente un standard de soin alternatif.
exactes d'un sauveteur-secouriste du travail. Celui-ci - Classe III : non acceptable.
étant avant tout un salarié, il intervient sous la direction - Classe indéterminée : recherche préliminaire en
du chef d'entreprise. Ses responsabilités sont donc, en cours, mais encore insuffisante malgré des résultats Documents
pour le Médecin
partie, fixées dans le cadre de la réglementation géné- prometteurs. du Travail
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rale du travail, mais aussi dans le Code civil et le Code 1er trimestre 2002
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ENCADRÉ IV

Responsabilité et sauvetage-secourisme du travail :


réponses aux dix questions les plus souvent posées

1. Le fait d’obtenir le certificat de SST est-il suffi- tous les deux salariés de la même entreprise.
sant ou faut-il un acte écrit de l’employeur pour Le salarié qui a été victime d’un accident du travail
déterminer le ou les SST qui interviendront dans voit son dommage réparé de manière forfaitaire par
l’établissement ? la Caisse primaire d’assurance maladie par le biais
d’une indemnisation.
L’article R. 241-40 du Code du travail dispose qu’en Une exception toutefois : en cas de violences
l’absence d’infirmier(e)s ou lorsque leur nombre /…/ ne volontaires envers la victime et lorsque ces violences
permet pas d’assurer une présence permanente de ce ont provoqué un dommage.
personnel, l’employeur prend, après avis du médecin du
travail, les dispositions nécessaires pour assurer les pre-
miers secours aux accidentés et aux malades. Ces dispo- 4. Dans quelle mesure une intervention domma-
sitions sont prises en liaison notamment avec les services geable d’un SST peut-elle engager la responsabili-
de secours d’urgence extérieurs à l’entreprise et sont té civile de son employeur ?
adaptés à la nature des risques. Elles sont consignées
dans un document, tenu à la disposition de l'inspecteur Lorsque la victime n’est pas salariée de l’entrepri-
du travail, qui pourra vérifier, entre autres, que le ou les se et qu’elle est cliente ou visiteur de celle-ci (dans le
SST dont le nom est inscrit, ont bien suivi les recyclages. cas d’un supermarché, par exemple), l’article 1384
Ce document est porté à la connaissance du person- alinéa 5 du Code civil dispose « les maîtres et les com-
nel, qui saura qui appeler en cas de besoin. mettants sont responsables du dommage causé par leurs
Cependant face à une détresse, en l’absence de per- domestiques et préposés dans les fonctions auxquelles ils les
sonnes désignées ou en l’absence de celles-ci et si le péril ont employés ».
est imminent, le SST non désigné par le chef d’entrepri- Cet article appliqué au monde de l’entreprise
se, pourra intervenir. signifie que l’employeur (commettant) est respon-
sable des dommages causés par ses salariés (prépo-
sés) dans les fonctions auxquelles ils les a employés,
2. Quel est le rôle du SST dans les soins et le suivi en l’occurrence dans les fonctions de secouriste.
des soins ?

Face à un accidenté, l’intervention du secouriste a 5. Dans quel cas un SST qui intervient dans l’en-
pour objet de prévenir les complications immédiates treprise peut-il engager sa responsabilité pénale ?
des lésions corporelles résultant de l’accident mais
non de réparer les conséquences de celui-ci, cette Le fait de causer la mort ou une incapacité de tra-
action étant de la compétence d’un infirmier ou d’un vail plus ou moins importante, par maladresse,
médecin. imprudence, inattention, négligence ou manquement
Le SST doit s’en tenir aux gestes qui lui ont été à une obligation de sécurité ou de prudence imposée
enseignés au cours de sa formation. par la loi ou le règlement, peut être puni d'amendes
ou d'emprisonnement.
Pour que de telles infractions soient caractérisées,
3. La responsabilité civile d’un secouriste est-elle il faut la réunion de deux éléments : un élément
engagée lorsqu’il réalise des gestes incorrects ? matériel et un élément moral. Il n’y a pas faute si
l’auteur des faits a accompli les diligences normales
Cette question implique que la victime d’un acci- compte tenu de la nature des missions ou des fonc-
dent ait intenté un recours en responsabilité civile à tions, des compétences, du pouvoir et des moyens
l’encontre du sauveteur-secouriste du travail afin dont il disposait. Le juge va apprécier si les différents
d’obtenir réparation du dommage qu’elle a subi du éléments de l’infraction sont réunis en tenant comp-
fait d’une intervention maladroite de ce dernier. te des possibilités et des connaissances de la person-
Documents
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Or un tel recours n’est normalement pas possible ne poursuivie.
du Travail lorsque la victime de l’accident et le secouriste sont C’est sous ces réserves que la responsabilité
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pénale du secouriste pourra être engagée. 8. Un sauveteur formé à l’AFPS à l’initiative de
Cette responsabilité est personnelle, c’est-à-dire l’employeur est-il couvert par celui-ci s’il intervient
que le SST ne peut pas être couvert par son employeur dans le cadre professionnel ? ou ne peut-il interve-
pour des infractions pénales commises par lui. nir qu’en dehors de la sphère professionnelle ?
La qualité de la victime, salariée ou non de l’entre-
prise, n’entre pas en ligne de compte. Le sauveteur titulaire de l’AFPS (Attestation de
formation aux premiers secours), et salarié de l’entre-
prise, peut intervenir dans le cadre de l’organisation
6. Le SST peut-il donner des médicaments à la vic- des secours dans son entreprise. Il sera désigné par le
time ou lui administrer des produits ? Quelle est chef d’entreprise à cet effet.
sa responsabilité ? Ses agissements seront susceptibles d’engager sa
responsabilité ou celle de son employeur dans les
Le secouriste ne doit en principe qu’effectuer les mêmes conditions qu’un SST, dès lors qu’il intervient
gestes de premiers secours qui lui ont été enseignés dans le cadre de l’entreprise.
au cours de sa formation. Il est cependant recommandé de former plutôt des
Toutefois le Code du travail indique que les lieux SST dans la mesure où leur formation contient des
de travail doivent être équipés d’un matériel de pre- modules spécifiques au monde de l’entreprise et aux
mier secours adapté à la nature des risques et facile- risques qui peuvent y être présents.
ment accessible. Ce matériel peut être constitué par A noter que l’intervention éventuelle de sauve-
des brancards, trousses de secours ou armoire à phar- teurs AFPS non désignés à cet effet, et en l’absen-
macie. Il appartient au médecin du travail de fixer le ce de SST spécialement formés, peut illustrer une
contenu de la trousse de secours et les modalités carence dans l’organisation des secours dans l’en-
d’utilisation des produits. Dans la pratique, un proto- treprise qui pourrait engager la responsabilité civi-
cole d'organisation est rédigé. le ou pénale de l’employeur.
En ce qui concerne l’administration des produits
mentionnés dans ce protocole, le médecin du travail
assume la responsabilité des actes pratiqués selon la 9. Le SST peut-il intervenir en dehors du cadre de
procédure par lui décrite. son entreprise ?
Si le secouriste administre d’autres médicaments
ou produits, il pourra éventuellement engager sa res- Le secouriste du travail qui intervient en dehors du
ponsabilité. cadre de son entreprise est assimilé à un quelconque
Dans certains cas, le médecin du SAMU peut citoyen. L'obligation de porter secours à une person-
communiquer au SST une prescription (la communi- ne en danger, sous peine de commettre une infraction
cation est enregistrée et horodatée), par exemple l’ad- pénale, est valable pour n’importe quel citoyen et non
ministration de dérivés nitrés en cas de douleurs tho- simplement pour le secouriste.
raciques ; une telle prescription est alors licite. Le secouriste est d’autant plus exposé à des poursuites
pénales pour non assistance à personne en danger qu’il
dispose de la connaissance des gestes qui peuvent sauver.
7. Le SST est-il habilité à transporter un blessé, à
l’hôpital par exemple ?
10. Quelle est la responsabilité des SST qui inter-
Un transport du blessé à l’hôpital oblige à bouger viennent en dehors de l’entreprise ?
la victime et donc pourrait aggraver son état.
Il est donc préférable de faire appel à un médecin En intervenant en dehors de l’entreprise, le secou-
ou aux services d’urgence (par le 15 ou le 18) qui riste engage sa responsabilité personnelle.
décideront du moyen de transport le mieux adapté à Si son action provoque un dommage à la victime ou
l’état de la personne. empire son état, sa responsabilité civile pourra être
D’autre part, le sauveteur secouriste du travail qui recherchée.
conduit le blessé à l’hôpital dans un véhicule automo- De même, à l’instar de tout citoyen, le secouriste
bile peut être victime d’un accident de la circulation pourra engager sa responsabilité pénale en cas d’in- Documents
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qui pourrait aggraver le cas échéant l’état du blessé. fraction et notamment d’atteinte aux personnes. du Travail
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chiques post-traumatiques. Le médecin du travail a un vail n’est plus systématiquement associé à la validation
rôle important à jouer dans cette prise en charge pré- des comportements qui se fait maintenant tout au long
coce et dans l’organisation du suivi, si nécessaire, par de la formation, il garde cependant un rôle essentiel
une structure spécialisée. avec la possibilité de compléter celle-ci par un module
adapté aux risques spécifiques de l’entreprise. Il est le
plus compétent pour assurer l’information des SST sur
Conclusion les risques infectieux susceptibles d’être rencontrés lors
de la pratique du secourisme ou lors de son enseigne-
Face à une organisation des urgences de plus en ment. A cette occasion, il donne au SST les conseils
plus performante en France, l’organisation des secours d’hygiène indispensables, lui indique la conduite à tenir
dans l’entreprise se doit d’assurer la meilleure prise en en cas d’exposition importante au sang et lui propose,
charge possible des détresses vitales qui peuvent y sur- en fonction de son évaluation du risque, la vaccination
venir, que celles-ci soient d’origine accidentelle ou contre l’hépatite B. Enfin, il peut être nécessaire d’as-
médicale. En effet, l’incidence des « morts subites » surer une prise en charge psychologique du SST après
intéresse l’entreprise au même titre que la société en certaines interventions de façon à prévenir la survenue
général. Le médecin du travail est nécessairement de troubles psychiques post-traumatiques.
associé à la détermination des dispositions à prendre et Cette action en milieu de travail visant à réduire les
à leur adaptation à la nature des risques évalués. Il est conséquences de situations accidentelles ou d’urgences
l’interlocuteur privilégié des médecins du SAMU pour médicales est un complément indispensable des
organiser la meilleure coordination possible entre les actions de prévention primaire menées par le médecin
secours internes et les secours externes à l’entreprise. du travail ; comme celles-ci, elle doit s’appuyer sur
Le sauveteur secouriste du travail joue un rôle l’évaluation des risques dans l’entreprise.
essentiel dans cette organisation. Si le médecin du tra-

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