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L' usage du « je »
Introduction
La mémoire collective du monde contemporain compte de nombreux mythes. Ainsi, ils sont
souvent le cas de réécriture plus ou moins fidèles au modèle antique. C'est notamment le cas du
roman Antigone de Henri Bauchau et de la Médée de Christa Wolf. Celle-ci met en place un dispositif
novateur qui se situe entre le théâtre et le roman : c’est un roman par voix, sans narrateur apparent,
qui nous plonge dans différentes consciences (celle de Médée et de ses proches amis ou ennemis).
L’intrusion du lecteur dans ces monologues intérieurs permet de comprendre comment une opinion
publique manipulée transforme Médée en bouc émissaire. Quant à Antigone, le lecteur est placé dans
son esprit même, et vit avec elle les événements qui l'amènent petit à petit à sa mort. Il est important
de noter que ces deux romans sont écrits à la première personne du singulier. Normalement, le « je »
représente une seule et même personne, comme dans une autobiographie par exemple; ici, on a affaire
chaque fois, le relais de la narration est confiée puis repris, partagé puis gardé, véritable témoignage
du présent. Le « je » y est complexe, car il est sans cesse en mouvement, et ainsi difficile à saisir.
C'est pourquoi nous pouvons nous demander ce qu'implique le choix, dans un roman,
Nous verrons tout d'abord qu'il s'agit dans ces deux romans d'un « je » multiple. Celui-ci
I - Le « je » multiple
Tout d'abord, le choix du pronom personnel « je » permet à la fois de mettre en place un narrateur
féminin ou masculin, et cela de manière indifférenciée. Que ce soit chez Bauchau ou chez Wolf, le
champ et ainsi laissé libre à celui qui prend la parole. On note qu'il s'ensuit logiquement un
déplacement du référent au fil des pages, puisque comme un système de relais, la parole circule, s'en
va et revient. Dans Antigone plus particulièrement, il est possible de supposer une errance du pronom,
mimant celle des personnages. Errance d'Oedipe, errance de sa fille qui décide de le suivre, le « je »
suit un parcours difficile puisque chaque voix lui donne une nouvelle piste à explorer. Ce mot de
parcours n'est pas utilisé de façon légère; il s'agit réellement d'un parcours au sens d'une route, d' un
itinéraire emprunté pour aller d'un endroit à un autre, avec toutes les difficultés que cela implique.
D'une grotte à l'autre peut-être. D'un souterrain à la Mort sans doute. Ainsi si le référant se déplace;
interchangeable, il permet d'avoir une vision complète de l'histoire, dans sa vérité mais aussi dans ses
Cette caractéristique de la circulation de la parole se retrouve dans chacun des deux romans à
l'étude. Chez Christa Wolf, le livre est composé de voix (d'où le sous-titre du roman), six au total, qui
se succèdent dans le temps. On retrouve ainsi à l'énonciation Médée, Jason, Agaméda, Akamas,
Glaucé et enfin Leukos. Le fait qu'il y ait une parité dans le nombre d'intervenants peut être interprété
comme une volonté de ne pas favoriser telle ou telle vision de l'Histoire: ainsi il ne peut pas y avoir
une vision des femmes séparée de celle des hommes. Dans Antigone, Henry Bauchau laisse parfois
parler d' autres personnages, comme le fait Ismène dans son monologue, ou encore Hémon. Ce que
l'on remarque ensuite, c'est le fait que l'énonciation soit partagée en dépit d'un « je » racontant qui
semble incarner une certaine linéarité. Dans ce partage, il est intéressant de noter le flou des limites
énonciatives - en ce qui concerne l'Antigone de Bauchau en tout cas: Hémon, à qui Antigone semble
passer la parole au chapitre VI (la bataille) illustre bien cette idée de fluctuation de l'énonciation.
L'alternance rapide entre son discours direct et la parole d'Antigone produit un effet de flou qui peut
déstabiliser le lecteur, comme si l'on passait d'une conscience à l'autre sans barrage. Le chant d'Io,
dans lequel s'unissent deux êtres est aussi surprenant de ce point de vue: deux voix s'entrelacent, et
l’une se substitue à l’autre pour la sauver de la mort. Dans tout le roman s' établit ainsi comme une
polyphonie énonciative, où la présence de points de vue différents se manifeste au sein d'un débat
entre plusieurs énonciateurs. Ce discours, où s'exprime une pluralité de voix montre concrètement le
relever en premier lieu la mise à nue complète de la conscience du locuteur; ainsi, quand l'Antigone
de Bauchau dit « je », c'est le lecteur qui lit et prononce ce « je », et comme il est immergé « dans un
univers saturé affectivement, [...] il est appelé à devenir un actant à part entière [...] de l’histoire. » Le
lecteur est donc, pour un instant, cette femme qui parle et se livre, le pronom « je » annulant de lui-
même la distance qui cohabite souvent entre le personnage et le lecteur. Mais si l'on va plus loin, on
peut remarquer que l'écriture de Bauchau est, dans la forme, nouvelle. Elle réduit à zéro le hiatus
temporel inhérent à la narration, et pour reprendre les termes de l'auteur lui-même, nous fait voir un
permet tout en rendant son naturel à la parole, de traduire la fluidité d'une voix qui se dit en se
Wolf, quant à elle, n'est pas dans cette logique de présence immédiate aux choses et au lecteur. Certes,
le « je » est là, mais il raconte le fait qui lui, est passé; pour reprendre l'expression de Bauchau, ici, le
moment de la narration n'est plus le moment de l'expression, il y a cette fois-ci un décalage temporel.
B) Le recours aux « tu »
Le « je » occupe donc une part essentielle dans chacun de ces deux romans, même si les
auteurs décident de traiter sa présence de façon différente. Cependant, en s'appuyant sur l'analyse
Beneveniste des pronoms qui met à l'écart au sein de la classe grammaticale le « il » des deux
premiers pronoms, on est amené à discuter cette idée selon laquelle le « je » présuppose toujours un
« tu ». En effet, dans les deux œuvres, cette question du destinataire est constamment posée, et ne
cesse de trouver de nouvelles réponses aussi justes les unes que les autres, puisque le « je » lui-même
se déplace, charriant avec lui son « tu » propre. Parmi les différents « tu » du roman, on peut noter
tout d'abord la forme la plus courante qui est l'adresse directe à la personne présente – nul besoin
d'exemple pour l'illustrer, tant elle est usitée; l'autre forme d'utilisation du « tu » qui émerge dans ces
romans, et qui semble beaucoup plus riche, c'est l'adresse à l'être absent, qui fait presque du
monologue intérieur (ou de la pensée du personnage) un échange entre lui et l'autre qu'il convoque.
Les « je » n'est donc plus seul, puisqu'il apporte les conditions d'un échange par la seule formulation
du nom de l'absent (ou de son lien intime): « Tu étais alors assise près de moi, mère, et lorsque je
Mais il n'y a pas qu'avec sa mère que Médée établi un échange « je »- « tu » fictif. Ce tissu du
également tendu vers son frère, quand à sa deuxième prise de parole, Médée s'adresse ainsi à lui:
« Absyrtos , frère, tu n'es donc pas mort, c'est en vain que je t'ai recueilli os à os dans ce champ
nocturne où les femmes démentes t'avaient éparpillé, pauvre frère mis en pièces. Tu m'as suivie, avec
une obstination que je ne te connaissais pas, mais comment t'ai-je donc connu, tu as rassemblé à
nouveaux tes membres découpés, tu les as réunis à nouveau au fond de la mer, os après os, et tu m'as
suivie, silhouette aérienne, rumeur. Tu n'as jamais voulu être puissant, à présent, tu l'es. » Ce long
passage illustre parfaitement le fait que le recours au « tu » soit nécessaire, le locuteur étant dans
l'attente, si ce n'est d'un retour, d'un silence qu'il peut lui même combler. Dans Antigone également
nous pouvons faire cette l'expérience particulière, notamment avec le début du monologue d'Ismène:
« Puisque tu le veux, Antigone, je parle, je parle, et tu te tais. Pourtant nous parlons puisque je me
saisis de ton silence et parviens parfois à lui donner un sens. Je parle, je vais , je viens, je tourne
autour de toi, je me fâche, j'éclate de rire, tandis que toi, assise devant ton établi, tu regardes sans fin
ce que, pour te faire sortir de tes gonds, j'appelle tes bûches. » On remarque cependant ici que
autrement dit, un « nous ». Il y a donc ici cristallisation du « je » présent et du « tu » absent dans une
forme éphémère et salvatrice; c'est à dire, création d'une présence par l'absence.
Que l'on considère le locuteur ou le destinataire, il reste un élément sur lequel se fonde
que média, la diversité des attitudes et des réactions que peuvent connaître les personnages au cours
de l'histoire. Cependant, relever les différentes façons dont la voix est utilisée n'apporterait pas grand-
chose à cette analyse. C'est donc ainsi qu'il vaut mieux s'attacher à voir quelles sont les attitudes
récurrentes, et signifiantes des personnages qui s'expriment, ou au contraire, qui décident de ne pas
parler. Il est en ce sens indéniable que la voix ait ici une fonction propre, presque essentielle, que nous
devons essayer de déterminer. Dans Antigone, tout d'abord, le thème du chant peut faire l'objet d'une
première remarque. A titre d'exemple, on peut tout d'abord lire p. 195 une allusion au chant d' Œdipe:
« La première fois qu'il a chanté, Œdipe ne savait pas non plus quelle voix allait sortir de son ventre et
de son âme. » Mais cet exemple, loin d'être isolé, préfigure, de part l'utilisation des mots « ventre » et
« âme », que l'être s'engage sincèrement et profondément dans la parole qu'il chante; il faut également
noter que c'est dans les moments qui précèdent une crise (à plusieurs sens dans Antigone: période
d'activité intense qui retombe soudainement; violente manifestation émotive) que ce chant retentit. On
peut par exemple citer la mélopée des femmes, que celles-ci entonnent avant qu' Antigone ne soit
amenée dans la caverne: « Elle [la foule] nous suit, les femmes chantent une mélopée que j'ai chantée,
moi aussi, dans mon enfance. » (p.309), ou exemple encore plus puissant, le chant d'Io, qui transfigure
Antigone à la toute fin du roman : « J'entends, comme une espérance de l'oreille, ma voix que je
croyais perdue, elle chante dans une autre voix, qui n'est pas et qui est la mienne. » (p. 345) Le chant,
on le voit donc, devient comme un prolongement de la parole, dans une dimension presque
supérieure, intellectuelle. Cependant, il ne semble être qu'une étape intermédiaire dans un processus
d'expression complexe du « je », qui se déplace du silence à la parole, de la parole au chant, et, enfin,
du chant au cri. Les cris, faudrait-il dire plus justement, tant ils sont omniprésents dans l'oeuvre de
Bauchau. Presque tous les personnages crient, à un moment ou un autre: colère, désespoir, le cri, c'est
le « je » repoussé jusqu'à l'impuissance. Le Cri d'Antigone, qui mérite une majuscule tant il est
particulier, est très significatif de ce dernier retranchement dans lequel se trouve celui qui le sort,
l'expulse, ou l'arrache à son propre corps: « Ce n'est plus l'ancien cri que je dois pousser ici, il est trop
faible pour la ville inexorable où plus personne n'écoute. » (p. 195) L'utilisation du verbe « écouter »
(à la défaveur du verbe « entendre » semble bien montrer que ce cri est sens, qu'il signifie
intrinsèquement. Pour poursuivre avec le Cri, on peut rappeler les lignes qui suivent: « Il faut que la
chose grandisse encore [...] Qu'elle soit criée, que son terrible langage soit entendu, qu'il déborde ici et
maintenant [...] » (p. 196) Le Cri est donc définitivement langage, puisqu'il doit être entendu par le
peuple. Mais le cri peut également être collectif, somme de plusieurs « je » qui se mettent à l'unissons
pour dire la colère ou la peur: « Ismène crie, je crie aussi et mes oreilles s'emplissent et débordent du
gémissement oppressé de la foule » (p.279) ou encore quand Antigone endosse le rôle des pleureuses
pour honorer son frère: « La pensée me revient qu'aux pauvres funérailles de Polynice manquent les
cris des pleureuses [...] Je lance vers elles mes cris de plus en plus aigus [...] je crie plus fort jusqu'au
moment où je tombe, battant frénétiquement la terre de mes pieds. Je me roule sur le sol, je me
déploie dans tous les sens en hurlant [...] » On pourrait également montrer que d'autres cris percent
tout au long de l'oeuvre (« cri bref » de Timour, p. 228), mais cela ne suffirait pas montrer l'étendue
de la voix dans ces deux oeuvres. En effet, l'autre versant du cri, son antonyme et pourtant son si
proche voisin, c'est le silence. Que ce soit chez Bauchau, ou chez Wolf, celui-ci bénéficie d'un
traitement particulier. La révélation de Médée sur Mésope par exemple passe par cette clé qu'est le
silence: « J'ai donc eu un sursaut d'effroi en voyant la reine Mérope. Assise sans un mot à côté du roi
Créon, elle semblait le haïr [...] Quand d'un seul coup le silence se fit. Et qu'apparut devant mes yeux
cet éblouissement qui annonce la seconde vision » (p. 23) Le silence, également métaphore du secret
est une lecture très probable de la Médée de Wolf: « La cité est fondée sur un forfait. Qui révèle ce
secret est perdu » (p. 29) Enfin, le silence, c'est le vide de l'être qui n'a plu à s'exprimer aux autres: «
La douleur a cessé elle aussi. Je suis libre. Sans aucun désir j'écoute en moi le vide qui m'emplit
totalement » et qui n'a « personne, ici, à qui [...] demander » (derniers mots de Médée).
parole, se retrouvent cependant obligés de composer avec autrui. Il peut donc être intéressant de se
On note, ainsi un questionnement récurrent chez les protagonistes des deux romans. On peut
remarquer les multiples retour sur soi, et les dérives de la pensée. On a affaire à de véritables
monologues intérieurs chez Médée: le flux de conscience des personnages permet ainsi aux lecteurs
de se laisser porter et de comprendre la vision de chacun des individus, qu'ils soient du coté de
Médée, ou non. Chez Henri Bauchau, le flot de paroles intérieures est davantage réservé à Antigone.
Cependant, dans le chapitre intitulé « le monologue d'Ismène », on peut dire que l'on assiste
véritablement à l'éclosion de la pensée de sa sœur cadette qui nous livre alors la vision de son enfance
et ainsi de celle de ses frères jumeaux, permettant à la fille de Jocaste de sculpter convenablement ce
qu' Etéocle lui a demandé. Mais la quête intérieure des personnages est avant tout rendue visible par
le fait que les romans comportent beaucoup de questions. C'est notable chez Médée où la fin des
chapitres (mais pas seulement) se fait souvent lieu de l'interrogation. On le voit au chapitre 6
(Glaucé): « Mais que se passe t-il dehors. Que signifie cette clameur montant de tant de gorges. Qu'est
ce qu'ils crient que m'importe ce nom maudit.[...]n'y a t-il personne ici, personne ne va donc me
recueillir sur son giron, Médée. » (193-194), ou encore au chapitre 11 (Médée): « Où vais-je aller. Y
a-t-il un monde, une époque où j'aurais ma place? Personne ici à qui le demander. Voilà la réponse. »
(p.289)
Quant à Antigone, on peut voir que les questions viennent souvent des autres personnages,
comme K.: « Est-ce qu'il ne faut pas être rejeté pour devenir soi-même? » (p.56), où l'on remarque de
l'ironie et de la bonté dans le demi sourire de K.. On note peut-être ici une allusion, plus ou moins
claire, à la fin d'Antigone dans sa grotte, seule rejetée par Créon qui a manifestement peur d'elle. Un
autre exemple: entre ses accès de toux, un sourire mince et radieux flotte sur les lèvres de K. I l
murmure: « Est ce qu'on peut arrêter, est ce qu'on peut mesurer le temps du bonheur?» (p.72). Ainsi
K. joue le véritable rôle d'objecteur de conscience, ce qui permet à Antigone de réfléchir à son tour au
Il y a aussi, tout un discours sur le cri que pousse la mendiante. Ces réflexions sont là pour
sur la portée et le sens de son cri: « Il ne suffit pas que la chose soit vue, il faut qu'elle soit parlée, plus
haut, beaucoup plus haut.[...] » (p.197) Ainsi, le questionnement continuel des personnages crée un
rapprochement entre ces deux romans, mais dans leur traitement durapport à l'autre, on note des
différences remarquables.
B) Ego, et alter
chapitre de cet ouvrage s'intitulant « L' Antigone d'Io »nous montre ce que l'on pourrait qualifier de
« réincarnation » du personnage dans un autre qui devient alors toutes les Antigones. On passe ainsi
parfois, d'un « je » à un « tu » comme si Io prenait peu à peu le dessus sur la véritable Antigone:
« Pourquoi dois tu absolument te relever, d'où vient cet ordre? » (p.339) On retrouve donc ici le « je »
multiple, qui se retrouve être un « je » absent, puisque ce n'est plus véritablement l'Antigone de Henri
Bauchau qui s'exprime mais Io sur la scène d'un théâtre, bien loin de là où est la fille d' Œdipe. On
assiste donc à ce que l'on pourrait qualifier d'une fusion avec autrui, ce qui est aussi visible dans le
caractère même d'Antigone. On peut voir dans sa volonté d'aider les gens en les soignant, en leur
donnant à manger, en allant mendier pour eux, qu'elle ressent une certaine empathie pour autrui. Cette
personnalité a été construite ainsi grâce aux années passées avec son père sur les routes de Grèce.
Cependant, chez Médée on note une toute autre approche d'autrui à la fin du roman; en effet si
le dernier chapitre lui est consacré, on s'aperçoit très clairement d'une désillusion du « je » sur les
qualités de l'autre. En tant qu'être humain, Médée n'a pas choisi de vivre recluse, mais elle se rend
compte de la cruauté des habitants de Corinthe et plus largement de tout un chacun. Même si les
événements qu'elle avait vécu au sein même de la ville, comme sa poursuite par les habitants dans les
rue, l'avait persuadé du manque de compréhension de ces derniers, lorsqu'elle apprend qu'ils ont tué
ses enfants, à peine était elle sortie de Corinthe (« J'avais à peine perdue de vue les murailles de leur
ville qu'ils étaient déjà morts »), elle remet en cause son jugement et ne croit plus en la bonne nature
des êtres humains. De plus, la manipulation est telle que le mensonge l'emporte sur la vérité, faisant
de Médée une paria qui a tué ses enfants. Elle ne croit plus aux dieux après ceux qu'ils lui ont fait
vivre.
Ainsi, on voit que se dessine à travers les pensées d'un « je » dans chacun de ces romans une
Conclusion
Le « je », que ce soit dans l' Antigone de Bauchau ou la Médée de Christa Wolf, est utilisé
comme une forme d'écriture particulière, voire ambigüe. Elle permet à la fois de donner à la parole
une valeur singulière et profonde, mais la décentre en même temps. Cependant, le « je » n'est pas seul,
l'inverse, des fusions dont le « je » est l'objet, se faisant occasionnellement « nous ». Mais la première
personne qui s'exprime est indissociable de sa voix, et c'est en cela qu'on peut la discriminer: parole,
chant , cri ou même silence, le « je » est au centre de ces voix; il les concentre, les cristallise en nous
les faisant entendre, dans toute leur diversité. Présence et absence, telle est bien la raison d'être de ce