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Ministère De L’enseignement Supérieur

Et De La Recherche Scientifique

Université Labri ben M’Hidi *Oum El Bougi*

Faculté des Lettres et des Langues

Département De Français

Option littérature comparée et francophone

Thème:

Référentiel et fictionnel chez

Amin Maalouf

En vue de l’obtention du diplôme de master

- Présenté par:

 Mlle: MAROUF IBTISSEM

Devant le jury :

 Présidente Mme. Foudi. S. M.A.’A’.O.E.B


 Rapporteur : M. Nabti. Amor. M.A.’A’.O.E.B
 Examinatrice : Mme. Mekkaoui. F. Z. M.A.’A’.O.E.B

Promotion:2014-
2015
D é d i c a c e s.

Je dédie ce modeste travail:

A celle qui est pour moi un cadeau et une perle précieuse du ciel. A celle qui
est mon trésor qui a un cœur en or. A celle qui m’a offert par sa douleur, sa
souffrance, et sa patience le vrai sens de la vie. A celle qui m’a toujours guidée vers
la vraie porte du bonheur et de réussite. A celle qui est par un simple regard me
comprend, et me serre contre sa poitrine quand je pleure.

Merci, mon passé, mon présent et mon futur pour ton amour, ta tendresse, ton
courage, ton soutient, tes prières qui m’ont protégée dès le premier jour de ma
naissance.

Je veux te dire aujourd’hui, et en ce jour spécial, que je dois être une


personne bonne, généreuse, tendre, courageuse, adorable comme toi quand je serai
une future mère.

Je t’aime, je t’aime, je t’aime ma joie de vivre.

 A toi ma très chère mère.

Je profite de cette occasion pour dévoiler mes sentiments à un homme très


précieux et digne qui a le cœur sur la main.

A celui, qu’aujourd’hui je gâte par cette honorable réussite. A celui qui est
mon exemple et mon bonheur. A celui que sans lui ma vie ne serait pas ce qu’elle est
aujourd’hui. A celui qui m’a offert le courage, la patience, l’amour, et la confiance
afin que je sois une femme sage.

J’implore Dieu pour qu’il me le préserve et lui accorde longue vie dans la
santé et le bonheur.

 A toi mon très cher père.

A mes plus belles et douces Rania, Racha et Soumia, je remercie Dieu de


vous avoir comme sœurs.
A ma plus belle rencontre, à toi, mon unique frère gâté Abd-el-Fatah
Rostam que dieu te garde.

A mes très chères amies spécialement Djazia, Imen et rahma.

A tous mes camarades et mes collègues et à tous ceux qui, par leur vœu, leur
adoration et leur prière m’ont donné l’espoir et le courage de pousser plus loin mes
études.

A tous ceux qui m’aiment.

 Je dédie ce travail.
Remerciements

En premier lieu, je rends grâce tout d’abord à Dieu le tout puissant de nous
avoir réuni les bonnes conditions, donner le courage et la patience pour mener à terme
notre mémoire.

En second lieu, ce mémoire n’aurait pas été possible sans l’intervention et


l’aide d’un bon nombre de personnes que nous voulons aujourd’hui les remercier:

Nos profonds, loyaux et chaleureux remerciements et gratitudes sont


adressés spécialement à un homme très modeste, digne, tendre qui a le cœur sur la
main:à notre encadreur monsieur Amor Nabti pour son précieux temps, ses
orientations et tous ses encouragements qui ont contribué à la réalisation de ce
mémoire et à cette formidable réussite.

Nos remerciements s’adressent également à tous les professeurs pour leur


abnégation dans l’accomplissement de leur noble mission durant toutes ces années et
pour la qualité de leur enseignement et particulièrement à trois enseignants que nous
adorons et respectant Mlle Ben Mbarek, Mme Mekkaoui, et monsieur Dahoui pour
leurs encouragements et leurs efforts.

Un grand merci aux membres de jury qui ont accepté de nous accorder un peu
de leur précieux temps pour l’évaluation de notre travail.

Notre sincère reconnaissance est adressée à notre cousine Wafia pour les
conseils prodigués.

A la fin, nous tenons à remercier tous nos amis et nos camarades


particulièrement notre promotion.

Merci.
Table des matières

Introduction générale……………………………………….…….……05

Première partie théorique: référentiel/fictionnel………….……….…..13

Premier chapitre: la conception du personnage…….……….……….14

1- Personnages historiques/personnages textuels.

Deuxième chapitre: homogénéité et cohabitation des personnages….24

1-Personnages historiques/personnages textuels.

Troisième chapitre: l’approche sociocritique………………………..26

Deuxième partie analytique:référentiel/fictionnel……………….….…31

Premier chapitre: analyse des personnages historiques et textuels dans


« Samarcande »………………………………….…………………..…..32

Deuxième chapitre : analyse d’homogénéité et de la cohabitation des


personnages historiques et textuels dans « Samarcande »…………..…..57

Troisième chapitre: analyse de l’approche sociocritique dans


« Samarcande»…………………………………………………….…….65

Conclusion générale……………………………………………...……..73

Bibliographie.

Résumé.

Annexes.
Introduction générale
Introduction générale :

Avant d’introduire le thème de notre recherche universitaire, nous avons jugé


bon de commencer par un aperçu historique de la littérature libanaise d’expression
française qui a été marquée par deux périodes considérables:-la prépondérance de la
poésie qui amène une double pratique orientale et occidentale.

-Le civisme et l’engagement des créateurs libanais qui mettent en exergue les
conflits qui secouent le Liban. La littérature de la première ère comme de la
deuxième ère ont connu un engagement très notable qui s’appuie essentiellement sur
la lutte pour l’unité de la communauté et la protection de ses privilèges et de ses
propriétés.

Ainsi depuis, le début de cette période jusqu’à notre ère actuelle, la littérature
libanaise francophone a été consacrée à une mission, celle de dépêtrer le Liban et de
défendre la langue arabe et de réaliser l’indépendance du pays, son autonomie, ses
délimitations, sa civilisation et surtout son identité.

« (…) suis-je né d’un mensonge

Dans un pays qui n’existait pas ?

Suis-je tribu au confluent des sangs contraires ?

Mais peut-être ne suis-je pas ? (…)

Qui me rendra présent ? » .1

La littérature libanaise d’expression française caractérisée par l’apparition de


deux générations. La première est celle qui a fait partie de la guerre civile de 1975. La
deuxième génération est celle de l’exil, de l’émigration et du bannissement période par
laquelle est touché l’auteur de notre corpus.

La langue est le moyen le plus fréquent et ordinaire de la transmission et


d’échanges entre les peuples à travers les siècles, c’est pour cette raison que
l’intromission de la langue française acquiert une place privilégiée dans le milieu des

1
-www.persee.fr/…vues/home/prescript/article/caief...consulté le 11/11/2014.
pays arabes, et, singulièrement dans les pays de l’orient, mais le plus important, c’est
le bilinguisme français/arabe qui s’est multiplié et émergé au Liban et qui fait de
cette langue étrangère une langue seconde aussi bien utilisée que la langue mère
(l’arabe).

Donc, cette langue instaure un moyen préférable pour s’introduire dans le


milieu cérébral, communautaire et spirituel d’une société. … ?

Sous ce rapport, l’écriture est une lacune de consolation pour ces écrivains
contre leur enfermement et leur emprisonnement pour qu’ils puissent surmonter
toujours la nostalgie, la patrie et de fuir de cette vie de songe qui est pleine de
mirages.

A cet égard, notre recherche universitaire s’appuie fondamentalement sur le


journaliste et l’écrivain Amin Maalouf qu’appartient à la deuxième génération de
1980.

La présentation de l’auteur:

Amin Maalouf est un écrivain d’origine Libanaise né en 1949 à Beyrouth, il


a grandi dans un espace multiculturel, multiconfessionnel, et multiethnique. Même
au sein de la famille : son père protestant, sa mère catholique.

Maalouf est tolérant, accepte l’altérité, ouvert aux autres nations ce qui est
lui a permis de cohabiter avec diverses citoyenneté tels que : la Palestinienne,
l’Egyptienne, la Française. Et diverses croyances : juive, chrétienne, Musulmane.

Il a quitté son pays le Liban à cause des événements tragiques. C’est en


France, et exactement, à Paris qu’il a trouvé refuge et une bonne occupation pour
donner naissance à ses écrits et à ses œuvres littéraires (essais et romans).Parmi ses
créations artistiques, nous avons son essais intitulé les croisades vue par les Arabes
paru en 1983 aux éditions de Jean-Claude lattés, les identités meurtrières paru en
1998 aux éditions du crasset. Pour ses romans, nous pouvons citer par exemple Léon
l’africain parue en 1986 aux éditions de Jean-Claude lattés et Samarcande corpus de
notre recherche.

Maalouf a été élu au fauteuil 29 de l’académie Française en 2011, en plus, il a


obtenu plusieurs prix tels que : le prix de l’amitié Franco-arabe…etc.

La langue française est devenue pour lui une langue importante pour
exprimer ses pensées et ses sensations. Il a pu dire en français ce qu’il n’a pas pu dire
en sa langue maternelle : Il a pu engendrer et adapter une langue francophone, une
langue à lui, à ses créations, à son esprit, et à ses connaissances.

La francophonie est devenue pour lui une piste d’enrichissement qui lui a
permis de s’ouvrir à la culture occidentale.

« (…) J’aime cette coopération entre les langues-nous confie vénus. Khoury-
mais j’ai l’impression, lorsque j’écris en français (…), que je suis. En train de
faire bouger la cloison, d’élargir l’espace de la langue française pour y placer
les phrases amples et larges de l’arabe ». 2

Donc, la langue française a pu devenir une bonne estrade pour le romancier


Amin Maalouf pendant les périodes difficiles pour énoncer ses contestations et ses
exigences. Elle lui a ouvert une fenêtre formatrice à tout instant et elle le place à la
trajectoire pertinente avec autrui.

Maalouf a utilisé la plume à un âge très éminent comme beaucoup


d’écrivain Libanais. Il a donné naissance à plusieurs ouvrages très riches qui sont des
réécritures de grands moments de l’histoire de l’humanité ?

A ce propos, nous avons choisi Samarcande comme roman riche par sa


variété thématique, et sa construction particulière des personnages historiques et
textuels qui sont mêlés perpétuellement.

Le franco-libanais Maalouf a extériorisé ses idées, ses émotions cachées et


gravées dans sa souvenance à remonter et à prendre position et lieu dans son roman,
2
. www.persee.fr/…vues/home/prescript/article/caief...consulté le 11/11/2014.
pour dévoiler des réalités vécues et faire une interaction et un échange entre les
civilisations. En outre, la particularité capitale de ses romans est ce dialogue entre le
nord/sud, orient/occident. Ainsi que, comme fréquemment dans ses créations,
Maalouf fait un amalgame entre le mythe et la réalité.

Présentation du roman :

« Samarcande » est un roman inspiré d’une réalité orientale. Il édité en 1988


aux éditions de la Casbah. Il contient 376 pages, il est structuré en quatre parties
intitulées « poète et amant », « le paradis des assassins », « la fin du millénaire », « un
poète à la mer ». Samarcande est devisé sur le plan chronologique en deux parties. La
première est celle de la perse du 12éme siècle d’Omar Khayyâm, poète du vin, libre
penseur, astronome de génie, mais aussi celle de Hassan Sabbah le fondateur de la
secte des assassins. Dans cette partie l’auteur nous raconte des aventures agréables
concernant le manuscrit de Khayyâm le livre écrit par sa propre main qui contient ses
robaiyyat, ses pensées, ses sensations. Ce chef d’œuvre de la littérature s’est éclipsé
lors des invasions mongoles pour réapparaitre quelques siècles plus tard.

Dans la deuxième partie, l’auteur nous a transporté dans une nouvelle sphère,
celle de la perse du 19éme siècle. La narration des événements dans cette partie sont
assurés par une voix occidentale en de la quête de ce trésor (le manuscrit de Khayyâm)
qui a finalement sombré au large de Terre-Neuve dans le naufrage de Titanic.

Donc, le parcours de notre écrivain est très particulier et son écriture s’est
multipliée dans une surface fictionnelle. Il a voyagé dans l’espace et dans le temps,
ainsi qu’il a donné une grande importance aux personnages que ce soient réels ou bien
imaginaires qu’il a bien installés dans son tissu narratif.

Ce qui nous a réellement enthousiasmé à choisir ce corpus spécialement


parmi d’autres c’est que nous avons une fascination et une attirance envers la
littérature Libanaise d’expression française qui diffère totalement de celle
maghrébine.
« Samarcande » est un roman parfait et merveilleux, parce qu’il traite
vraiment des histoires agréables pleines d’aventures orientales et occidentales. Et
c’est grâce à cette œuvre Maaloufienne passionnante, que nous avons pu découvrir la
perfection et le style d’écriture d’Amin Maalouf qui nous a réellement exposé aux
regards sa richesse culturelle. De ce fait, nous avons pu dévoiler la jouissance de la
littérature puisqu’il nous a été permis de voyager dans l’espace de l’histoire de
l’ancienne perse avec toutes ses dimensions, et découvrir un bon nombre de figures
historiques réels qui ont marqué l’histoire.

C’est une œuvre qui mérite franchement une affection et une grande
importance.

Le rapport entre l’histoire et la fiction dans l’écriture d’Amin Maalouf est le


fondement de notre recherche. Donc, la particularité majeure reconnue à l’œuvre
d’Amin est cet amalgame et rapprochement des personnalités historiques et fictives
qui se trouvent toujours cohabitées et mêlées de manière ingénieuse. Sous ce rapport,
notre objectif principal s’appuie essentiellement sur l’analyse des personnages
historiques (êtres réels) et les personnages textuels (êtres fictifs) tout en choisissant
les plus importants qui ont marqué les événements de l’histoire. De plus, faire la
cohabitation et l’homogénéité entre eux tout en nous intéressant aux techniques qui
sont utilisés par l’écrivain.

Dans notre analyse textuelle, nous allons faire appel à l’approche


sociocritique qui nous semble la plus adéquate pour réussir notre travail de
recherche. Nous sommes obligés de choisir quelques extraits dans notre roman pour
appliquer cette approche.

L’avantage de notre thème est « référentiel et fictionnel dans


Samarcande chez Amin Maalouf ».

Les procédés et techniques, mis en œuvre par Amin Maalouf afin de


confectionner son œuvre littéraire ont retenu notre attention, notamment, dans
l’aptitude à mettre ensemble êtres fictifs et êtres réels, événements imaginaires et
événements historiques, sans que le texte ne souffre d’une quelconque incohérence.

A cet égard, notre problématique s’appuie fondamentalement sur la question


suivante:

Comment Amin Maalouf arrive-t-il à réussir la cohabitation des personnages


historiques (êtres réels) et des personnages textuels (êtres fictifs) dans Samarcande?

A partir de cette problématique, nous allons poser les questions suivantes :

-la cohabitation entre êtres réels et êtres fictifs serait-elle l’une des techniques
d’écriture chez Amin Maalouf ?

- Comment êtres réels et êtres fictifs coexistent dans le roman ?

- Finalement, les événements vécus par les personnages référent –ils à une société
quelconque ?

C’est à la base de ces trois questions qui surgissent de notre problématique,


que nous avons l’intention de structurer notre travail de recherche :

Tout d’abord, l’introduction qui sera attribuée à la présentation de la


littérature Libanaise d’expression française d’une manière brève, cette introduction
servira aussi à présenter la biobibliographie de l’écrivain, du roman, et surtout à la
formulation de notre problématique et le plan du travail.

 La première partie intitulée référentiel/fictionnel, sera consacrée uniquement à


la théorie.

Cette partie subdivisera en trois chapitres très évidents. Nous jugeons bon de
montrer dans le premier chapitre la conception du personnage. Pour cela, nous allons
convoquer un appareil théorique à même de nous éclairer la notion de personnage,
notamment chez Vincent Jouve et Philippe Hamon.
Cependant, Le deuxième chapitre intitulé l’homogénéité et la cohabitation des
personnages réservera à la mise en évidence les différentes techniques utilisées pour la
réussite de cette coexistence de ces êtres dans le roman.

Par ailleurs, le troisième chapitre consacrera à la définition et à la fonction des


concepts de l’approche sociocritique notamment chez Edmond Cross, Claude Duchet,
pierre Victor Zima. En passant dans un premier temps par son rapport immédiat à la
sociologie de la littérature, son intérêt principal et le lien entre le texte littéraire et la
société.

Pour rendre notre travail compréhensible et clair au lecteur, notre deuxième


partie sera analytique.

 Celle-ci subdivisera à son tour en trois chapitres, nous employons dans le


premier chapitre l’analyse des personnages historiques et les personnages
textuels importants dans le roman.

Le deuxième chapitre s’appuiera fondamentalement sur l’analyse de la


cohabitation et de l’homogénéité des personnages historiques et textuels ainsi que les
différentes techniques utilisées par l’écrivain dans le roman.

Le dernier chapitre sera attribué à l’analyse de la socialité du texte sous les


différentes dimensions (sociale, culturelle, historique et idéologique).

Nous clôturerons notre recherche universitaire par une conclusion générale


qui englobera en son sein les conclusions partielles et les différents résultats
auxquelles nous sommes arrivées dans notre étude.
Première partie théorique:
référentiel/fictionnel
Chapitre1: la conception du personnage

Introduction générale sur le concept du personnage:

Le personnage est le moteur majeur qui produit un mouvement physiologique


ou mécanique dans le roman. Il est à la suite de l’intrigue le second point d’étude et
de réflexion favorisé par les sémioticiens qui soutiennent la thèse des signes.

Vincent Jouve dans « poétique du roman », nous renseigné sur l’abstraction


du personnage dans le roman et son importance par apport à l’approche sémiotique:

«L’analyse sémiotique qui s’intéresse essentiellement à ce que fait le personnage


(son parcours)-a cependant été précisée, aménagée, voire reformulée par une
démarche d’inspiration plus poéticienne qui prend aussi en compte ce qui est le
personnage (son portrait) et que l’on doit, entre autres, à Philippe Hamon».3

En outre, le concept du personnage désigne un protagoniste ou un être fictif


(imaginaire) auquel on consacre un intérêt particulier. Il peut jouer le rôle d’un être
humain, une chose, une bête considérée comme un individu réalisé par le créateur qui
maîtrise des particularités humaines.

Comme le personnage est une notion sémiologique, il peut se déterminer


comme un signifiant discontinu (un certains nombres de marques) renvoyant à un
signifie discontinu) : donc il peut se définir par sa relation, son homogénéité, sa
répartition ou bien sa contradiction entretenue avec les autres personnages dans le
roman.

Philippe Hamon dans « pour un statut sémiologique du personnage » note


que : Le personnage est divisé en deux sortes très évidentes: « le signifie et le
signifiant du personnage ».

3
- Jouve. Vincent, « poétique du roman », Armand Colin, Paris, 2007.p.79.
A- le signifie du personnage:

« En tant que morphème discontinu, le personnage est une unité de signification,


et nous supposons que ce signifié est accessible à l’analyse et à la description.si
l’on admet l’hypothèse de départ qu’un personnage de roman nait seulement des
unités de sens, n’est fait que de phrases prononcées par lui ou sur lui ».4

Le personnage est en effet la base du maintien, de la protection et de la


métamorphose du récit, et plus précisément de l’histoire. Et approximativement, la
plupart des théoriciens s’appuient principalement sur cette thèse :

« Le personnage est un « assemblage de traits différentiels (…) de traits


distinctifs », et « le caractère est un paradigme. ».5

Pour A—J.GREIMAS affirme que :

« Les acteurs (…) sont des lexèmes (=morphèmes : au sens américain qui se
trouvent organisés, à l’aide de relation syntaxiques, en énoncées univoques ».6

« Dans son étude célèbre sur l’œuvre de V.PROPP, C: Lévi-Strauss avait déjà
élaboré une conception du personnage plus globale que celle de PROPP (qui ne
retenait du signifié du personnage que sa fonction narrative : « chaque
personnage n’est pas donné sous la forme d’un élément opaque devant quoi
l’analyse structurale doit s’arrêter »:dans un récit « le personnage est
comparable à un mot rencontré dans un document, mais qui ne figure pas au
dictionnaire, ou encor à un nom propre, c’est à-dire à un terme dépourvu de
contexte (…) «, il est le support d’un univers du conte analysable en Paires
d’oppositions diversement combinées aux seins de chaque personnage… ».7

Le personnage est donc le résultat d’une coopération et d’une contribution


du lecteur.

4
-Hamon Philipe, « pour un statut sémiologique du personnage, revue Littérature, 1972 .p.125.
5
- ibid. p.125.
6
-ibid. p.125.
7
-ibid. p.125/126.
B -le signifiant du personnage:

Philippe Hamon a fourni une explication sur le signifiant du personnage


dans son ouvrage « Pour un Statut sémiologique du Personnage » ainsi:

«Le personnage est représenté, pris en charge et désigné sur la scène du texte
par un signifiant discontinu, un ensemble dispersé de marques que l’on pourrait
appeler son « étiquette ».les caractéristiques générales de cette étiquette sont en
grande partie déterminées par les choix esthétiques de l’auteur .le monologue
lyrique ou l’autobiographie, peut se contenter d’une étiquette constituée d’un
paradigme grammaticalement homogène et limité (je/me/moi par exemple.) ».8

Dans une histoire terminée et à la troisième personne, l’étiquette dans la


plupart des cas s’appuie sur les mots qui ne recouvrent pas un concept ou un objet.

Cependant, il qualifie un être, un endroit ou bien une localité subvenue de


son empreinte typographique qui permet de discriminer la majuscule et se déterminer
par sa variation, sa récurrence : les empreintes les plus usuelles par son équilibre et
sa stabilité, c’est à-dire, les empreintes constantes et fixées par son abondance et sa
richesse, par son niveau d’orientation et de motivation pour le rapport et la relation
qu’entretient le signe linguistique c’est à-dire : le signifie et le signifiant.

«La récurrence est, avec la stabilité du nom propre et de ses substituts (Sorel ne
peut devenir ROSEL, ou, POREL, à quelque lignes de distances), un élément
essentiel de la cohérence et de la lisibilité du texte, assurant à la fois la
permanence et la conservation de l’information tout au long de la diversité de la
lecture. Un texte ou les marques du personnage changeraient à chaque nouvelle
proposition (du type: « PAUL est venu, nous chantons, il pleut, j’ai mangé, le
cheval, saute, vous êtes bien aimable,…etc. » ne saurait sans doute constituer un
texte « lisible ».9

8
- ibid. p.142.
9
-ibid. p.143.
Les personnages peuvent posséder différents rôles et types d’êtres qui sont
distribués d’une manière très fidèle par l’auteur, et ce, conformément à leurs
fonctions, leurs activités et leurs rapports avec les autres personnages dans un récit
par deux manières : la première est celle de la construction d’un schéma actanciel qui
autorise la détermination des personnages selon le lien et le rapport qui existe entre
eux et selon leur rôle supplémentaire qui s’opposent (destinateur/destinataire,
adjuvant/opposant et sujet). La deuxième est celle de la classification des
personnages en fonction de leur valeur et de leur importance tout en employant
ordinairement les trois concepts suivants :

1-le personnage principal:

C’est une substance majeure et fondamentale qui possède un rôle important


dans l’enchainement des faits, et qui est habituellement le noyau de la machination
dans un ouvrage d’imagination. Le personnage primordial est appelé le héros qui
n’est pas forcément une personne hors de la généralité. Dans divers contes, il ne
garde pas des particularités rares et dans un autre cas il éveille l’enthousiasme par
son hardiesse considérable et sa puissance large de types.

Un héros dispose tantôt des défaillances qui le rendent sensible devant les
provocations des rivaux. Ces défaillances donnent une spécificité humaine aux
protagonistes, porteurs d’émotion aux regards des lecteurs.

2-le personnage secondaire:

C’est un élément subsidiaire et complémentaire qui a une place active dans


la succession de l’action et qui tente dans la plupart du temps à causer du tort ou bien
à faire du mal au protagoniste et au personnage central de l’histoire.

3-personnage figurant:

C’est un personnage qui ne réagit pas, c'est-à-dire, qu’il occupe une place
inactive dans le récit ce n’est pas comme le cas (du personnage principal et
secondaire qui possèdent un rôle actif).
Le personnage figurant invente perpétuellement l’atmosphère et la
décoration du récit. Ce dernier peut être une personne désignée par le narrateur
comme il peut être anonyme ou occulte.

Ces trois catégories de personnages, nous pouvons, tout simplement, les


découvrir dans diverses localisations et dans différents genres littéraires : soit dans
un roman, une épopée ou un théâtre. Ils peuvent avoir des particularités qui
déterminent leur comportement extérieur (le côté physique) et leur comportement
inférieur (le côté psychique et moral).

A- le comportement extérieur d’un personnage:

La singularité de l’extériorité d’un personnage adapte le plus souvent son


comportement extérieur :

Caractéristique
exemple
qui définit l’extériorité
du personnage
Identité Nom, prénom, âge, surnom, sexe, situation de famille…etc.
Aspect physique Taille, poids, apparence et allure générale, particularité du
visage ou du corps..etc.
Statut social Profession, lieu de résidence, milieu de vie, amis et
fréquentation, appartenance sociale, ethnique ou
religieuse..etc.
Comportements Façon d’agir (habitudes, geste..), façon de parlé (variété de
visibles langue, ton, voix..etc.), mode de vie...etc.
-10-

B- le comportement inférieur du personnage:

La particularité de l’intériorité du personnage adapte le plus souvent sa


personnalité (son caractère) :

Caractéristique qui définit


l’intériorité du exemple
personnage
personnalité Caractère, qualité, défaut, etc.
Talents, préférences, et Habiletés, aptitudes (forces et faiblesses), régime

10
-fiche 1.1notions et concepts /manuel A, page 260 et 261, 263, et264.consulté le 15/12/2014.
valeurs alimentaire, principes moraux, croyances et vision du
monde, loisirs, lectures, etc.
Sentiments Aspirations, désirs, passions, frustrations, peurs, joies,
peines ….etc.
-11-

Comme le personnage possède des singularités extérieures et intérieures,


nous pouvons dire qu’il a aussi des particularités explicites, que l’auteur désigne,
distingue, analyse et les décrit dans des passages d’une manière très claire.

Cependant, les singularités implicites touchent le côté des lecteurs qui


utilisent leur habileté et leur savoir-faire pour traduire et dévoiler les intentions et les
réactions obscures et invisibles des personnages.

Le problème des circonstances de l’étude et de l’analyse du personnage et


plus précisément de sa position et son statut, instaure l’un des pas d’ancrage
traditionnel et usuel de la critique ancienne et moderne et des théories de la
littérature. Et autour de cette notion la rhétorique inscrit des aspects et des formes ou
des genres tels que le portrait, la métaphore, la transposition, l’épopée…etc., sans
pour autant les discriminer avec exactitude et rigueur.

Les classifications littéraires les plus recherchées sont constamment basées


sur une règle plus ou moins énoncée du personnage. La célébrité d’une critique
psychanalysante participe à établir:

« De ce personnage un personnage aussi confus que mal posé ou se confondent


perpétuellement les notions de personne et de personnage il va de soi qu’une
conception du personnage ne peut pas être indépendante d’une conception
générale de la personne, du sujet, de l’individu ».12

De nombreuses analyses considèrent le personnage comme une


conséquence de lecture et d’interprétation. C’est pour cette raison qu’elle offre son
intérêt sur la manière dont il est obtenu par le lecteur, et l’image et la représentation
qu’il lui donne au cours de la lecture par rapport aux sensations, aux émotions

11
-ibid. Page 260 et 261, 263, et264.consulté le 15/12/2014.
12
- Hamon Philipe, « pour un statut sémiologique du personnage, revue Littérature, 1972 .op.cit. P.117.
(penchant, attirance, refus…etc.). Donc un personnage peut apparaitre dans un récit
ainsi qu’un outil (textuel) relatif au texte écrit stabilisé par l’auteur dans un roman
spécifique. L’apparence du personne occasionne et produit chez le lecteur des
reflexes émotionnels et impressionnants.

Sous ce rapport, le théoricien Vincent Jouve dans « Poétique du roman » a


posé d’une manière appropriée et performante ces trois mensurations : l’effet-
Personnel, l’effet-personne, et l’effet-prétexte.

1-l’effet-personnel:

Vincent Jouve affirme que :

«En tant que personnel narratif, les personnages sont à la fois le support du jeu
d’anticipation qui fonde la lecture et un élément de « sens » du texte.la lecture
d’un roman peut-en effet s’assimiler à une partie d’échecs entre un lecteur qui
tente de prévoir la suite de l’histoire et un narrateur qui s’essaye à déjouer les
prévisions. Certains genres (comme le roman policier) sont entièrement fondés
sur ce mécanisme, mais on le retrouve dans tout récit. ».13

Il y’a un certain nombre de manières qui nous permettent de cerner le


personnage comme une substance de sens du roman. Nous pouvons nous appuyer sur
deux approches : la première est celle qui s’appuie fondamentalement sur des critères
sémiotiques (actant, acteur, rôle thématique), la seconde s’intéresse aux modes
d’emploie compréhensibles et reconnaissables utilisés par le lecteur pour structurer la
signification.

2-l’effet-personne:

Vincent Jouve proclame dans cette perspective que:

«En tant que personne, le personnage est à étudier à travers les procédures qui
suscitent l’illusion référentielle (donnant l’impression que le personnage est

13
- Jouve. Vincent, «poétique du roman », Armand Colin, Paris, 2007.P.10
(vivant), et la façon dont le texte « Programme » l’investissement affectif du
lecteur. Pour faire « vivre son personnage ».14

C'est-à-dire qu’il le rend réel (un personnage référentiel).Vincent Jouve


écrit à ce propos que :

«Les personnages -référentiels reflètent la réalité (personnage historique) ou des


représentations fixes, immobilisées par une culture (personnages
méthodologiques et personnages types).ce sont par exemple, NAPOLEON dans
les misérables, MARAT dans quatre-vingt-treize, L’OGRE dans le roi des Aulnes,
le mineur chez ZOLA ou le banquier chez BALZAC. ».15

Le narrateur d’un récit pour pouvoir nous faciliter la tâche, il nous arrange
un enchainement et une suite de procédés dont les plus célèbres comme l’a
mentionné Vincent Jouve dans « poétique du roman »:

«L’attribution d’un nom propre (des noms comme Lucien Leuwen ou Manon
l’Escaut, conformes au code onomastique, sont des supports privilégiés de
l’effet-personne), l’évocation d’une vie intérieure (les monologues de Moly
Bloom dans Ulysse et Debeney dans le bruit et la fureur), les structures de
suspense (si la Marianne de Marivaux est le lieu d’un effet de vie efficace, c’est
parce que, se construisant dans la duré..), l’illusion d’autonomie (en focalisant le
récit sur MISIE, c’est à-dire en limitant l’information narrative au savoir de la
petite fille…etc. ».16

La participation émotionnelle du lecteur, son rapport aux divers


personnages. Vincent Jouve déclare que :

«Il dépend d’un certain nombre de procédures textuelles qui forment ce que l’on
peut appeler « le système de sympathie ».17

14
-ibid.p.101.
15
-ibid. p.88.
16
-ibid..p.102.
17
-ibid. p.102.
-Le système de sympathie:

Ce système possède une tâche et une utilité très importante dans la lecture et
l’interprétation surtout en ce qui concerne le cas des romans.

Chaque lecteur se remémore pour posséder des liens impressionnants avec


un personnage. Cette correspondance passionnelle convoque divers codes et règles
observables et identifiables par l’observation et l’analyse.

Parmi ces codes nous allons citer ceux qui sont utiles à notre analyse dans
l’ouvrage théorique « poétique de roman » de Vincent Jouve :

A- le code narratif :

Ce code s’appuie essentiellement sur deux aspects destinatifs utilisés par le


lecteur dans le récit et Vincent Jouve les a mentionnés dans son ouvrage ainsi:

« L’identification spontanée au narrateur (dont la perspective est un point de


passage obligé) et le cas, échéant, une identification au personnage qui a sur, le
récit, le même savoir que le lecteur ».18

B- le code affectif:

Ce code comme l’a écrit Vincent Jouve :

«Le code affectif ne concerne pas le savoir du lecteur sur l’intrigue .mais son
savoir sur le personnage ».19

C- le code culturel:

Vincent Jouve déclare à ce propos que:

«Le code culturel fait cependant intervenir les valeurs du lecteur dans deux cas
particuliers lorsque une œuvre est culturellement proche de lui et lorsque le
roman relève d’une catégorie peu codifie ».20

18
-ibid. p.104.
19
-ibid.p, 104.
20
-ibid. p.105.
Le lecteur peut lire le roman comme un simple outil esthétique et
artistique tout en portant sur les personnages une vision philosophique. Cependant,
dans la deuxième possibilité le lecteur s’appuie principalement sur ses valeurs
spécifiques, et sur ses capacités.

Ces trois codes mentionnés par Vincent Jouve (narratif, affectif, culturel)
ont deux principes et valeurs. Ils déterminent clairement et directement le personnage
principal dans le récit ou bien éveillent chez le lecteur une position complexe.

c-l’effet-prétexte:

Vincent Jouve dénonce dans cette dernière dimension

«En tant que prétexte, le personnage n’intéresse plus comme tel, mais comme
élément d’une situation, il fait figure d’alibi autorisant le lecteur à s’introduire
dans une scène connotée Fantasmatiquement, érotiques, sadiques ou
criminelles….. ».21

D’une manière très brève, le personnage vu sous ce point donne l’occasion


au lecteur de vivre dans une situation fictive et imaginaire les souhaits empêchés par
la vie sociale.

21
- ibid. p.102.
Chapitre 2: l’homogénéité et la cohabitation des personnages

Personnages historiques (êtres réels)/ personnages textuels (êtres fictifs )

L’écrivain use des techniques d’écriture permettant la cohabitation des êtres


réels et fictifs. De ces techniques, nous citons le fait de doter l’être fictionnel des
mêmes qualités ou presque que l’être référentiel. Il leur fait partager les mêmes
passions et les mêmes centres d’intérêt. Ces procédés assurent une meilleure
adhésion. En plus des qualités humaines attribuées aux êtres fictifs, l’écrivain les
charge de rôles, souvent, mineurs, a fin d’opérer la transition d’une scène à une autre.

Selon, notre propre définition du roman, il peut être considéré comme étant
une création artistique imaginaire qui s’appuie généralement sur des histoires réelles
ou fictives, et son but est la narration tout en mettant un ensemble d’événements
bien enchainés et homogènes et un ensemble de personnages accomplissant des
actions. Ces derniers peuvent êtres des êtres réels (personnages référentiels,
historiques), ou des êtres fictifs c’est à –dire textuels qui coexistent grâce à des
particularités et des caractéristiques réalisées par l’auteur pour nous faire vivre
l’instant comme s’il était réel.

Donc, quand un lecteur fait une tentative interprétation naïve d’un roman
de fiction, il constate forcément qu’il y’a un amalgame et une cohabitation entre ces
êtres (les personnages historiques et textuels) : comme le cas de notre corpus de
recherche.

1-Les personnages historiques, référentiels (êtres réels) :

Les personnages historiques sont des êtres humains (un homme, une
femme, un écrivain, un guerrier, un martyre) qui ont bel et bien existé dans la réalité
et qui ont vécu une histoire exceptionnelle au point d’être gravés dans la mémoire
collective. Ce qui exerce une fascination et une attraction chez le lectorat.

2-Les personnages textuels (êtres fictifs ) :

Les personnages textuels, autrement dit, fictifs ont un lien immédiat au


texte, c’est à-dire des lettres d’ancrage associées qui constituent des êtres fictifs
n’ayant pas une relation au monde de la réalité. Ce sont seulement des êtres inventés
par l’imagination de l’écrivain pour remplir un rôle actanciel dans une œuvre de
fiction.

A cet égard, l’approche sémiotique a donné une grande importance au


personnage, en le théorisant pour que le travail artistique de l’auteur soit séduisant
pour les lecteurs. Il faut qu’il soit homogène et cohérent par le récit et par
l’utilisation de quelques principes d’hiérarchisation dont nous allons citer l’exemple
de la détermination d’un nom propre et d’une représentation physique et morale des
personnages.

Françoise Rullier-Theuret, déclare dans son ouvrage théorique intitulé


« l’approche du roman » que :

« Le nom n’est pas seulement un moyen commode de repérage et une marque


d’unité qui rattache une série d’informations dispersées à un ancrage unique,
mais encore un moyen d’imiter la réalité… ».22

Même quand, le personnage joue un rôle d’acteur, un figurant, un


protagoniste, l’auteur le dote des qualités anthropomorphes, à même d’assurer la
l’idée de vraisemblance, aussi l’adhésion du lecteur et l’effet du réel.

22
- Françoise Rullier-Theuret, « l’approche du roman ».Hachette. Coll. 2001. p.81.
Chapitre3: présentation de l’approche sociocritique chez Edmond Cros,

Claude Duchet et Pierre Victor Zima.

Introduction:

Pour analyser une œuvre, un roman littéraire et un sujet spécifique, l’auteur


et le lecteur font appel à leurs expériences et à leurs cultures. À cet effet, les
méthodes et les démarches facilitent cette tâche, et sont aussi recommandées dans les
études analytiques.

Parmi ces instruments d’analyse nous allons citer par exemple l’approche
psychanalytique, psychocritique, sociocritique (sociohistorique) qui s’appuient
essentiellement sur le texte et le prennent pour objet.

Donc, dans notre corpus universitaire nous nous intéressons particulièrement


à l’approche sociocritique (sociohistorique) qui va nous aider dans notre analyse
textuelle tout en faisant tout d’abord un petit survol sur son aperçu historique, sa
définition selon les théoriciens et finalement ses objectifs fondamentaux.

1-un bref aperçu historique sur la sociocritique :

La sociocritique est un mot qui se compose de deux parties « socio »


dérivé du mot « société », et « critique » qui a un lien avec l’analyse des textes
littéraires.

Son apparition remonte à l’ouvrage théorique de Charles Mauron. C’est à


grâce à une rencontre de deux méthodes philosophiques « la Psychanalyse et le
Matérialisme dialectique » que la sociocritique a vu le jour vers la fin des années
soixante. Cela veut dire qu’elle est une approche tout à fait récente et
contemporaine. D’une part. D’autre part, c’est avec l’aide de deux universitaires
Claude Duchet et Edmond Cros que la sociocritique se confirme dans l’ouvrage
théorique d’Edmond Cros intitulé « théorie et pratique sociocritique » en 1983 en
France.
A ses débuts, la sociocritique a eu un rapport immédiat et direct avec la
sociologie de la littérature qui étudie le lien entre deux mots très évidents la société
et la littérature, tout en faisant appel à la linguistique. C’est-à-dire qu’elle dégage les
problèmes sociaux dans le texte littéraire au niveau linguistique (la langue, la
grammaire, la syntaxe…etc.).Ici, l’intérêt principal, c’est de donner une nouvelle
naissance au terme sociocritique tout en faisant un flach back à cette discipline).

L’approche sociocritique a connu une contestation sévère entre deux


courants très importants «Le structuralisme » présenté et dirigé par Henri Lefebre et
« le marxisme » par Karl Marx qui a duré tout un siècle, entre 1960-1970 (dans la
moitié du 21ème Siècle).

À cet égard, le théoricien Edmond Cros dans son ouvrage intitulé « la


Sociocritique » déclare que :

«Par la polémique qui oppose les formalistes, plus particulièrement les


structuralistes aux tenants du matérialisme historique adossés à l’influence,
prédominante à l’époque, des marxiste dans les milieux universitaires et
intellectuels…etc. ».23

Par conséquent, les structuralistes ont tout à fait une doctrine vis-à-vis de
la sociocritique qui diffère de celle des marxistes.

Le structuralisme s’appuie fondamentalement sur l’histoire sociologique


des idées et étudié la structure linguistique d’un texte littéraire sans l’isoler du
domaine historique.

Cependant, le marxisme est un courant qui a pour but principal la


philosophie qui défend la société (le combat contre la classe sociale) et les droits de
l’homme. Il considère que la pensée de l’homme est le résultat de la matière et ce
n’est pas le contraire, et son principe particulier est « le Matérialisme Dialectique ».

23
- Cross. Edmond, « la sociocritique », Paris, L’Harmattan, 2003.P.10.
De ce fait, la contestation est achevée par la naissance d’une nouvelle
expression « Le structuralisme génétique » qui a été crée en réponse au
structuralisme par le philosophe Lucien Goldman et qui va nous conduire vers la
sociocritique.

Le structuralisme génétique est beaucoup plus scientifique. Il s’intéresse


globalement à la constitution de l’être humain (l’individu) et plus particulièrement à
sa relation avec le monde extérieur qui est la société (ses activités, ses faits, ses
cultures, ses sentiments, ses pensées, ses arrières pensées …etc.).

En résumé, nous pouvons dire que la sociocritique et la sociologie de la


littérature sont des démarches qui ont presque le même domaine et le même objet
d’étude: le texte, et son lien avec la société. Mais il demeure que chaque méthode a
ses particularités. C’est pour cette raison que la sociocritique diffère de la sociologie
de la littérature par sa définition et ses objectifs :

2-la définition de la sociocritique:

La sociocritique est une méthode dérivée de la sociologie de la littérature


crée par le philosophe Claude Duchet en 1971 et qui traite le rapport entre un texte
littéraire (œuvre, roman) écrit par n’importe quel écrivain et la société où il a vécu, en
prenant en considération que l’homme préexiste avant l’ouvre.

Donc l’auteur s’inspire de la société et de problèmes sociaux c’est pour


cette raison qu’il les travaille et les projette dans son œuvre littéraire. Donc le point
fort et l’intérêt principal de cette approche c’est le milieu social qui se trouve dans
le texte tout en faisant une analyse particulière de ce dernier.

Selon Claude Duchet:

«La sociocritique vise le texte lui-même où se joue et s'effectue une certaine


socialité ».24

24
..www.mémoireonline.Com /…955/ m_de-ta-tradition-la..Consulté le 15/03/2015.
D’une manière très brève, la sociocritique se rapporte pour essentiel au
concept de la socialité du roman qu’est élaborée par la critique formelle et l’analyse
comme objet d’étude.

Edmond Cros citant Claude Duchet dans son ouvrage intitulé « la


sociocritique » écrit:

«Ce qui dans ce domaine l’intéresse, contrairement à la sociologie, c’est


dedans du texte, c’est-à-dire « l’organisation interne des textes, leurs systèmes
de fonctionnement, leurs réseaux de sens, leurs tensions, la rencontre en eux de
savoir et de discours hétérogène »25.

En d’autres termes, nous pouvons dire que la sociocritique s’appuie


essentiellement sur le contenu intérieur du texte et tout ce qu’il l’entoure.

Donc, il faut prendre en considération, que dans toute analyse


sociocritique, la socialité du texte englobe la culture et l’histoire. De ce fait, nous ne
pouvons pas analyser un texte littéraire sans l’attacher à son cotexte historique.

Edmond Cros écrit dans son ouvrage théorique « la sociocritique »:

« La notion de texte n’est pas nouvelle : elle est « liée historiquement à tout un
monde d’institution… ».26

Donc la socialité du texte est la société qui se dégage du texte littéraire .La
société de la structure textuelle est la déduction de l’image d’une collectivité
humaine : la société de référence.

A cet égard, Edmond Cros déclare dans le même ouvrage que :

«Le texte littéraire se construit autour d’un emboîtement de représentation,


c'est-à-dire autour d’un système de structuration…. »27.

25
- Cross. Edmond, « la sociocritique », Paris, L’Harmattan, 2003.op.cit. p.37.
26
-ibid. p, 44.
27
-ibid. p,.38.
Ainsi, selon Victor Pierre Zima:

« La sociologie du texte s’intéresse à la question du savoir comment des problèmes


sociaux et des intérêts de groupes sont articulés sur des plans sémantiques,
syntaxique et narratif ? ».28

Une analyse textuelle des problèmes sociaux doit porter sur l’œuvre
littéraire où l’application des règles spécifiques relatives à la linguistique (la
structure, la forme, l’organisation textuelle et la relation entre les unités et les mots).

3-les objectifs fondamentaux de la sociocritique:

Toute approche et méthode a des objectifs dans l’analyse des textes


littéraires. L’approche sociocritique, elle aussi, demeure l’une des démarches utiles
dans l’analyse textuelle. En effet, elle facilite la tâche au lecteur pour la
compréhension et l’explication de la structure et de la forme esthétique du texte
littéraire, ainsi que le style d’écriture et les thèmes sociaux véhiculés dans l’œuvre.

En conclusion, cette démarche nous permet de dévoiler certains problèmes


sociaux par l’intérêt accordé à l’environnement de l’auteur lui- même.

Cet être créateur qui a mobilisé toutes ses habiletés et ses capacités afin
d’intéresser le lecteur et assurer son adhésion au produit littéraire.

28
- livre.fnac.com/…erre-V-Zima-Manuel-de-sociocritique.consulté le 15/03/2015.
Deuxième partie analytique:
référentiel/fictionnel
Chapitre1: la conception du personnage chez Amin Maalouf dans

« Samarcande ».

Analyse des types de personnages

Historiques (êtres réels)/ textuels (êtres fictifs):

« Samarcande » est un roman très connu par sa richesse et sa variété


thématiques. La construction et la structure particulière des personnages historiques,
référentiels (êtres réels), et les personnages textuels (êtres fictifs) sont le thème le
plus important dans notre recherche.

Nous constatons que dans ce roman, le nombre des personnages historiques


dépasse de très loin celui des personnages textuels nés de l’imagination l’auteur.

Notre roman de recherche se compose dans sa globalité de 376 pages, et de


48 chapitres et quatre parties intitulées « poète et amant », «le paradis des
assassins », « la fin du millénaire », « un poète à la mer ».

« Samarcande» est un roman qui repose fondamentalement sur deux temps:


il commence par le manuscrit de Khayyâm dans le monde oriental du XIème siècle,
et se prolonge au XIXème siècle dans le monde occidental avec Benjamin .O.
Lesage, le narrateur c'est-à-dire huit siècles plus tard.

Ajoutons aussi le nombre de personnages qui dépassent la vingtaine dans


chaque partie. A cet égard, nous allons choisir uniquement quelques personnages en
fonction de leur importance dans l’intrigue et de la problématique de notre
recherche. Nous allons entamer dans ce premier chapitre l’analyse des types de
personnages historiques, et les personnages textuels, ainsi que leur distribution dans
le roman sans oublier le nombre limité des personnages que nous allons choisir.

Parmi les personnages historiques marquants de ce roman, nous


choisissons de nous intéresser à Omar Khayyâm, Hassan Sabbah, Nizam-El Molk,
Djamel-Eddine Al afghani.
1-Les personnages historiques (êtres réels):

Partant du postulat que chaque auteur dans son roman donne une grande
utilité globalement aux personnages et plus précisément au personnage principal qui
est la substance majeure et fondamentale qui conduit les événements de l’histoire du
début jusqu’à la fin.

Notre intérêt porte tout d’abord sur le premier personnage historique qui est
le personnage principal du récit Omar Khayyâm:

Avant d’entamer l’analyse de ce personnage dans « Samarcande », nous


allons tout d’abord faire un petit survol sur sa biographie c’est ce qui nous permet
vraiment de dire que c’est un personnage historique.

«Mathématicien, astronome et philosophe persan, auteur de l'une des œuvres


poétiques les plus célèbres au monde, les ROBAYAT. Né à Nichapour
(aujourd'hui en Iran), Omar Khayyâm (ou Umar Khayyâm) signait ses ouvrages
du nom de Omar ibn Ibrahim al-KHAYAMI, ce qui signifie «!Omar le fabricant
de tentes!». Astronome de la cour du sultan seldjoukide Jalal aldin Malik Chah,
il participa, avec d'autres scientifiques, à la réforme du calendrier persan, qui
aboutit à l'adoption d'une nouvelle ère, l'ère de SELJUK ou JALALEEN.
Khayyâm fut aussi un disciple du médecin et philosophe Avicenne. Ses écrits sur
l'algèbre, la géométrie et des sujets connexes nous montrent qu'il fut aussi l'un
des mathématiciens les plus illustres de son époque.

En Occident, il fut surtout connu pour son œuvre poétique, notamment


ses robayyat: environ mille de ces quatrains épigrammatiques lui sont attribués.
Khayyâm leur donna une tonalité satirique, pessimiste et épicurienne, tout en
conservant un style lyrique. Le poète et traducteur anglais Edward Fitzgerald fut
le premier à révéler à l'occident l'œuvre poétique de Khayyâm, grâce à la
traduction qu'il fit, en 1859, d'une centaine de ces quatrains. ».29

29
-damienbe.chez.com/biokha.htm.consulté le 15/03/2015.
Selon, cette biographie d’Omar Khayyâm nous constatons qu’Amin Maalouf
a fait vraiment une référence dans son roman concernant ce personnage historique
qui a occupé une place essentielle comme actant dans la diégèse.

Omar Khayyâm occupe une place très importante dans le récit par rapport
aux autres protagonistes. C’est un savant, un philosophe, un poète, un astronome très
éminent connu par son éloquence et son savoir-faire dans son époque.
D’ailleurs le passage suivant illustre nos propos:

«Omar l’étoile de Khorasan, le génie de la perse et des deux Irak, le prince de


Philosophes !... » .30

Il a voyagé dans une ville très riche et merveilleuse de l’univers arabe d’Asie
centrale « Samarcande ». C’est une ville que Khayyâm a toujours voulu visiter et où
il a trouvé refuge à son passage.

Voila Khayyâm à son arrivée dans cette cité féerique:

«Omar Khayyâm a vingt-quatre ans, il est depuis peu à SAMARCANDE. Se rend-


il à la taverne, ce soir-là, ou est-ce le hasard des flâneries qui le porte ? Frais
plaisir d’arpenter une ville inconnue, les yeux ouverts aux mille touches de la
journée finissante… ».31

C’est dans cette ville que va commencer l’histoire de ce poète et philosophe


et où son précieux manuscrit verra le jour : il s’agit des célèbres quatrains de
Khayyâm dont nous donnons un exemple :

« Rien, ils ne savent rien, ne veulent rien savoir.


Vois-tu ces ignorants, ils dominent le monde.
Si tu n’es pas des leurs, ils t’appellent incroyant.
Néglige- les, Khayyâm, suis ton propre chemin. ». 32

30
-Maalouf. A. « SAMARCANDE » J.C. Lattès, Paris, 1988, p.19.
31
-ibid. p, 15.
32
-ibid. p, 20.
Grâce à Omar Khayyâm le personnage principal et au grand juge-Abou-
Tahar l’homme de connaissance qui lui a proposé de tout consigner sur le livre qu’il
lui a offert que va commencer l’histoire.

Voila la citation qui illustre nos propos:

«…Il en retire un livre qu’il offre à Omar d’un geste cérémonieux. Adouci, il est
vrai d’un sourire protecteur. ».33

Le narrateur attribue le rôle du noyau de l’action et de l’enchaînement de


l’histoire à Omar Khayyâm en raison de la valeur scientifique et historique dont il
jouit.

Dans le roman, l’auteur a décrit le portrait physique d’Omar Khayyâm à


travers les yeux d’une femme enceinte inconnue qui l’a rencontré dans la rue de
« Samarcande ».

Nous remarquons que c’est à travers les yeux de cette femme qu’Omar
Khayyâm est un jeune homme beau, qui a des traits nobles et privilégiés et une
allure qui séduit et attire les femmes:

«Place des marchands de fumée, une femme enceinte aborde Khayyâm. Voile
retroussée, elle a quinze ans à peine. Sans un mot, sans un sourire sur ses lèvres
ingénues, elle lui dérobe des mains une pincée d’amandes grillées qu’il venait
d’acheter. Le promeneur ne s’en étonne pas c’est une croyance ancienne à
SAMARCANDE lorsqu’une future mère rencontre dans la rue un homme qui lui
plait, elle doit oser partager sa nourriture, ainsi que l’enfant sera aussi beau que
lui, avec la même silhouette élancée, les mêmes traits nobles et réguliers. » .34

Un incident va donner une toute autre orientation à l’histoire : pendant son


passage Omar Khayyâm a rencontré un jeune homme pieux et dévot qui méprise les
philosophes et les détestent qui s’appelle l’étudiant Balafré qui a été placé par le

33
-ibid. P27.
34
-ibid. P16.
narrateur juste au début de l’histoire comme un moyen intermédiaire et un prétexte
pour occasionner la rencontre de Khayyâm et le grand juge Abou Tahar :

« Dites à la foule de se disperser.que chacun retourne chez lui par le plus court
chemin, et- s’adressant aux agresseurs-vous tous rentrer également chez
vous !rien ne sera décidé avant demain. Le prévenu restera ici cette nuit, mes
gardes le surveilleront, et personne d’autre ». 35

Alors, le narrateur a crée un rapport et une relation amicale entre Omar


Khayyâm et le grand juge Abou Tahar l’homme de loi qui l’a hébergé dans son
palais connaissant la valeur de l’homme.

Cette relation semble peu compréhensible, car le juge est censé appliqué la loi
et non apporter assistance à Omar, cet être connu par ses penchants pour le vin et les
femmes. Ce qui justifie cette position du juge, c’est que Khayyâm lui rappelle son
frère, lui aussi poète et qui a été exécuté pour ses écrits outrageux.

Voila l’extrait qui illustre notre idée:

« J’avais un frère, de dix ans mon ainé, il avait ton âge quand il est mort.
écartelé, dans la ville de BALKH, pour avoir composé un poème qui avait déplu
au souverain du moment. On l’a accusé de couver une hérésie, je ne sais si
c’était vrai mais c’est à mon frère que j’en ai voulu d’avoir joué sa vie sur un
poème, un misérable poème à peine plus long qu’un robai. »36.

Ajoutons aussi que l’auteur a placé le grand juge Abou-Tahar juste au début
de l’histoire pour qu’il puisse préserver Omar Khayyâm au monde extérieur.
Khayyâm reste un homme étranger qui ne connait rien sur cette ville. Il l’a vénéré et
honorer devant tous les habitants de Samarcande qui l’ont accusé l’alchimiste pour
les mettre en garde contre d’éventuelles agressions.

35
-ibid. p, 24.
36
-ibid. p,.26.
«Le maitre t’attend après la prière de l’aube. Le salon est déjà comble,
plaignants, quémandeurs, courtisans, familiers, visiteurs de toute condition ».37

«Bienvenue à l’imam Omar Khayyâm, l’homme que nul n’égale dans la


connaissance de la tradition du prophète, la référence, que nul ne conteste, la
voix que nul ne contredit. L’un après l’autre, les visiteurs se lèvent, esquissent
une courbette, marmonnent une formule, avant de se rasseoir... ». 38

Donc c’est à grâce au grand juge –Abou-Tahar qu’Omar Khayyâm a repris


sa dignité, sa fierté devant tout le mode en lui offrant refuge et protection.

Par conséquent, il lui a proposé un belvédère loin de la résidence pour qu’il


puisse s’adonner à tous ses plaisirs et ses désirs en toute impunité et assurance loin
de la vie de la cour des rois et des princes.

L’espace choisi, plongé dans le noir explique le fait qu’Omar Khayyâm peut
laisser libre cours à ses vices loin des regards et sans crainte.

Nous constatons que le narrateur veut nous montrer la valeur et la place


d’Omar Khayyâm chez le grand juge Abou Tahar qui n’a pas pu appliquer la loi :
comme son adultère avec sa maitresse Dj ahane).des actes normalement prohibés par
les préceptes de l’islam.

Donc, Amin Maalouf veut nous dévoiler vraiment sa fascination et sa


séduction envers Omar Khayyâm tout au long du roman, c’est pour cela, qu’il a crée
d’autres rencontres et d’autres relations avec Omar Khayyâm et les personnalités
différentes dans le roman, comme sa rencontre avec ce jeune homme curieux et
intelligent : Hassan Sabbah.

«Khayyâm entre, salue, décline une prudente identité : Omar Khayyâm de


Nichapour. Une brève mais intense lueur d’interdit dans l’œil de son compagnon

37
-ibid. p,29.
38
-ibid. p,.29
qui à son tour de se présenter :- HASSAN, fils d’Ali SABBAH, natif de KOM,
étudiant à RAYY, en route pour Ispahan ».39

Ajoutons aussi sa rencontre avec le grand vizir de l’empire seldjoukide le


grand Nizam-El-Molk grâce à qui Omar Khayyâm a visité Ispahan où il a trouvé
refuge et la bonne hospitalité.

Voila l’extrait qui illustre notre intérêt :

« Pour te loger, je t’offre l’une des plus belles maisons d’Ispahan. J’y ai résidé
moi-même pendant la construction de ce palais. Elle sera tienne avec jardins,
vergers, tapis, serviteurs et servantes. Pour tes dépenses, je t’alloue une pension
de dix mille dinars sultanines. Tant que je serrai en vie, elle te sera versée au
début de chaque année. Est-ce Suffisant ? ». 40

La course vers l’appropriation du recueil « les quatrains » a permis au


narrateur de nous transporter dans la deuxième partie de son roman : celle des
habitants de l’occident du 19éme siècle, la perse de Benjamin .O. Lesage. Ce dernier
a pris en charge la responsabilité de la quête du manuscrit d’Omar Khayyâm. En
fait, par rapport à Khayyâm que les parents de Benjamin ont décidé de le nommer
Omar avant même sa naissance.

Cet extrait illustre notre objectif :

«A cet instant précis, Omar Khayyâm est entré dans ma vie.je devrais presque
dire qu’il m’a donné naissance. ».41

Le narrateur nous a présenté l’inspiration et l’influence d’Omar Khayyâm


qui a dépassé de très loin le monde oriental pour arriver jusqu’au monde occidental.

En plus, nous avons d’autres personnages que nous pouvons considérer


comme des personnages historiques importants qui ont marqué les événements de
l’histoire.

39
-ibid. p.81.
40
-ibid. p.91-92.
41
-Ibid. p.202
Nous avons choisi de prendre comme exemple : Hassan Sabbah.

Avant de nous engager dans l’analyse du personnage Hassan Sabbah, nous


allons présenter un bref aperçu sur sa propre vie. Cet aperçu historique nous autorise
réellement de dire que c’est un personnage historique qui a réellement existé.

«HASSAN -IBN –SABBAH, (1036 ?-1124).parfois surnommé « le vieux de la


montagne », était le fondateur de l’état d’ALAMUT et l’initiateur d’une nouvelle
prédication (Al- DA’WLA-JADIDA), il était un Ismaélien qui a fréquenté le
DARAL HIKMA (maison de la sagesse) du Caire pour acquérir les
connaissances religieuses sur le Chiisme ismaélien. »42.

D’après cette brève biographie d’Hassan-Sabbah, nous remarquons que le


narrateur a fait vraiment une référence historique du personnage dans son roman.

Hassan-Sabbah est un personnage historique très important qui occupe lui


aussi une place très remarquable dans le roman. Le narrateur le décrit comme un
jeune homme curieux, un chiite imamien très ambitieux, intelligent, sage et habile
qui a des projets précis dans la vie et des connaissances bien spéciales.

Ces extraits illustrent nos propos :

«Hasan, fils d’Ali SABBAH, natif de KOM, étudiant à RAYY, en route pour
Ispahan. ».43

«Un ambitieux, murmure Nizâm entre les dents. C’est bien là mon destin. Quand
je trouve un homme digne de confiance .il manque d’ambition et se méfie des
choses du pouvoir:et quand un homme me semble prêt à sauter sur la première
fonction que je lui offre, son empressement m’inquiéte.il parait las et résigné, par
quel nom connait-on cet homme ?, fils d’ALI SABBAH.je me dois cependant de te
prévenir, il est né à KOM un chiite ismaélien ?cela ne me gène pas…… ». 44

42
-fr.wikipedia.org/wiki/Hassan_ibn_al-Sabbah.consulté le 15/ 03/2015
43
-Maalouf A. « SAMARCANDE » J.C. Lattès, Paris, 1988, op.cit. p. 81
44
-ibid. p.97.
Hassan Sabbah a résidé avec Omar Khayyâm dans une chambre (une pièce
d’angle) d’un tenancier où ils ont échangé les paroles d’éloquence:

«J’ai une petite pièce d’angle occupée par un étudiant, demande lui de te faire
une place. ».45

Ce dernier, bien qu’il soit un chiite, il a averti Khayyâm vis-à-vis de son


prénom « Omar ». Un prénom détesté et maudit par les chiites et surtout les
habitants de KOM et de KASHAN: pour les chiites, le calife Omar usurpé la khilafa
à Ali :

«Depuis que ton nom est Omar, tu as ta place en enfer, toi le chef des scélérats,
toi l’infâme usurpateur ! ».46

Les deux hommes ont cheminé ensemble l’un à côté de l’autre sur la voie
d’Ispahan dans une perse occupée par la domination absolue de la dynastie
Seldjoukide .Le sultan Malik shah l’a puni et rejeter toutes les responsabilités sur lui,
et il ordonne à ses gardes de le condamner à mort.

« Une semaine de route, ils sont à Ispahan ».47

Grâce à sa clairvoyance, Sabbah a occupé très vite un poste important celui


de : « Sahib Khabar » chef des espions de l’empire Seldjoukide qu’Omar Khayyâm a
rejeté poliment tout en suggérant Hassan Sabbah.

Voila l’extrait qui illustre notre parole :

«…en te présentera un homme que je viens de rencontrer.il est d’une grande


intelligence, son savoir est immense et son habilité désarmente.il me semble tout
indiqué pour la fonction de SAHIB-KHABAR et je suis sur que ta proposition
l’enchantera... ».48

45
-ibid. p.81.
46
-ibid. p.82.
47
-ibid. p. 85.
48
-ibid. p.96-97.
Donc le narrateur veut nous montrer par cet extrait les ambitions et les désirs
illimités d’Hassan Sabbah qui aime la responsabilité et le pouvoir. Mais les
interventions amicales et l’ambition vorace d’Hassan Sabbah avec Malik shah a
provoqué une atroce jalousie et une émulation au cœur du grand vizir. Donc la
rivalité se transforme en guerre ouverte quand le souverain a donné la responsabilité
du divan à Hassan Sabbah:

« Mais c’est Nizâm qui alors prend ombrage de l’amitié qui s’établit entre
Hassan Sabbah et Malik shah les deux hommes sont jeunes, il leur arrive de
plaisanter ensemble aux dépens du vieux vizir…… ».49

«Fort bien, Hassan s’installera dans le divan. Tout le secrétariat sera à ses
ordres. Personne n’y entrera sans son autorisation… ». 50

Mais quand les hommes de main de Nizam-El-Molk ont volé les butins du
trésor des villes à Sabbah, Le sultan Malik shah l’a puni et lui a fait endossé toutes
les responsabilités: alors, il ordonne à ses gardes de le condamner à mort :

« Nizam-El-Molk avait réussit à soudoyer le secrétaire de Hassan, lui ordonnant


d’escompter certaines pages et de changer la place des autres.. ».51

«Ayant ordonné aux gardes de se saisir de lui, il prononce, séance tenante, sa


condamnation à mort ».52

Une autre fois encore, c’est Khayyâm qui intervient pour éviter son
exécution et propose en échange qu’Hassan Sabbah soit exilé:

«C’est pour toi, KHWAJE Omar, le plus sage, le plus pur des hommes, que
j’accepte de revenir une fois encor sur ma décision. Hassan Sabbah est donc
condamné au bannissement, il s’exilera vers une contrée lointaine jusqu’à la fin
de sa vie. ».53

49
-ibid. p.99.
50
-ibid. p.101.
51
-ibid. p.108.
52
-ibid. p.108.
53
-ibid. p.109.
Après des années d’exil, Sabbah va mettre en exécution ses projets avec la
création de la plus dangereuse organisation criminelle de tous les temps. C’est ce qui
explique ses ambitions demeurées:

«ALAMOUT une forteresse sur un rocher, à six mille pieds d’altitude, un


paysage de monts nus, de lacs oubliés, de falaises raides, de cols étrangetés
l’armée la plus nombreuse ne saurait y accéder qu’homme après homme, les plus
puissants catapultes ne pourraient effleurer ses mures.».54

«En dialecte local, ALAMOUT signifie « la leçon de l’aigle »on raconte qu’un
prince qui voulait bâtir une forteresse pour contrôler ces montagnes y aurait
lâché un rapace dressé. Celui-ci, après avoir tournoyé dans le ciel, vint se poser
sur ce rocher. Le maitre comprit qu’aucun emplacement ne serrait meilleur.
HASSAN SABBAH a imité l’aigle .il a parcouru la perse à la recherche d’un lieu
où il puisse rassembler ses fidèles, les instruire, les organiser.de sa mésaventure
à SAMARCANDE.il a appris qu’il serait illusoire de vouloir s’emparer d’une
grande ville, l’affrontement avec les SELDJOUKIDES serait immédiat et,
inévitablement tournerait à l’avantage de l’empire… ».55

Hassan Sabbah a réussi finalement à tuer Nizam-El-Molk grâce à l’un des


membres de la secte infiltrée dans la garde rapprochée.

Voici l’extrait qui illustre nos propos :


«Un individu s’approche pourtant un brave homme vêtu d’un caban rapiécé. Il
murmure des paroles pieuses. NIZAM tâte sa bourse et en retire trois pièces
d’or. Il faut bien récompenser l’inconnu qui vient encore vers lui. Un éclair,
l’éclair d’une lame, tout s’est passé vite. À peine si NIZAM a vu la main bouger,
déjà le poignard a percé son habit, sa peau, la pointe s’est faufilée entre ses
côtes. Il n’a même pas crié. Rien qu’un mouvement de stupeur, une dernière
bouffée d’air aspirée. En s’écroulant, il a peut-être revu au ralenti cet éclair, ce

54
-ibid. p.133.
55
-ibid. p.133-134.
bras qui tend, se détend, et cette bouche crispée qui crache : » prends ce cadeau,
il te vient D’ALAMUT ! ».56
Le manuscrit est passé d’une main à une autre jusqu’à ce qu’il atterrisse
dans la bibliothèque d’Hassan Sabbah.

D’après cette description du paysage et de la forteresse occupée par


Hassan Sabbah, nous constatons que le narrateur a donné une valeur considérable au
manuscrit d’Omar Khayyâm qui a été finalement volé par les hommes de Sabbah
pour forcer Omar Khayyâm de rejoindre ALAMOUT.
Donc, le narrateur a plongé dans le passé pour nous ramener les
événements et les remontrer au présent.

-Nizam-El-Molk:

«Une légende court les livres. Elle parle de trois amis, trois persans qui ont
marqué chacun à sa façon, les débuts de notre millénaire:Omar Khayyâm qui a
observé le monde, NIZAM-EL-MOLK qui l’a gouverné, HASSAN SABBAH qui
l’a terrorisé .on dit qu’ils étudièrent ensemble à NICHAPOUR. Ce qui ne peut
être vrai, NIZAM avait trente ans de plus qu’Omar et Hassan a fait ses études à
RAYY... » .57

D’après cet extrait, nous pouvons constater que les chroniques ont rapporté
qu’ « Omar Khayyâm, Hassan Sabbah, Nizam-El-Molk » ont été des amis qui
étudièrent ensemble à Nichapour.

Avant d’entamer l’étude analytique de ce personnage dans le roman, nous


allons faire tout d’abord un bref survol sur sa propre vie c’est pour permettre au
lecteur de savoir qu’il s’agit vraiment d’une personnalité historique issue du monde
réel.

«Abû 'Ali al-Hasan al-TUSI dit NIZAM-al-MULK (« ordre du royaume »), grand
politicien, vizir des sultans ALP ARSLAN et Malik Shah Ier. Il est né le 4

56
-ibid. p.170.
57
-ibid. p.95.
avril 1018 à NOQAN près de Tus (Iran) et mort assassiné en 1092. Il descend
d'une importante famille de propriétaires fonciers1, fonctionnaires iraniens ayant
servi sous les Ghaznévides.

Il commença sa carrière en tant que fonctionnaire des Ghaznévides, avant


d'entrer en 1063 au service d'ALP ARSLAN lorsque celui-ci accéda au trône, et
devint le tuteur de son fils Malik Shah Ier en 1072 après l'assassinat du premier
et l'intronisation du second, alors âgé de 17 ans.

Il réorganise le sultanat après l'arrivée des Turcomans. Il paye les troupes en


attribuant des revenus fiscaux. Il fonde et généralise la madrasa afin d'allier
les ulémas à la gestion de l'État. La madrasa se développe dans plusieurs villes
en tant qu'institution et sert à la diffusion du droit sunnite et des sciences telles
que les mathématiques et l'astronomie. Cette tendance à diffuser une doctrine
religieuse par des moyens intellectuels et éducatifs fut inspirée plus tôt par les
missionnaires Fatimides. La première fut la NIZAMIYA de Bagdad, dans
laquelle enseigna le penseur musulman Al-Ghazali.

Tombé injustement en disgrâce, il aurait été tué en 1092 par la secte


des Assassins, un ordre politico-religieux commandité par HASAN SABBAH
peut-être à l'instigation du sultan MALIK SHAH 1ér, assassiné trente cinq jours
plus tard. Mais plus probablement il aurait été tué à l'instigation de la seconde
épouse de Malik Shahi qui régna en tant que régente pendant deux ans et lui
avait toujours manifesté beaucoup d'hostilité car il favorisait les prétentions à la
succession du fils aîné du sultan par sa première épouse contre celles d'un fils de
sa seconde femme. »58

Dans « Samarcande», Nizam-El-Molk est un personnage actant très


important qui vit à Ispahan et qui a été placé par le narrateur comme un responsable
et bâtisseur de l’empire de la perse de la dynastie Seldjoukide sous le nom du grand
vizir et qui a occupé toutes les responsabilités sous le règne souverain le plus
puissant de la terre « Alp-Arslan. ».

58
- Fr.wikipedea org/wiki/Nizam_al Mulk consulté le 15/03/2015.
Ainsi, après la mort d’Arslan, Nizam-El-Molk a gardé le même privilège du
grand vizir du fils d’Alp-Arslan, Malik shah qui l’appelle « père » et qui compte sur
lui en tout. Il est connu par son habileté, ses capacités, ses forces ainsi que son
courage.

Ces extraits illustrent nos propos :

«Il a pour vizir, l’homme d’état le plus habile de son temps, Nizam-El-
Molk... ».59

«Debout a quelques pas de lui, se trouve le grand vizir, l’homme fort de


L’empire, cinquante -cinq ans, que MALIKSHAH appel « père », signe d’extrême
Déférence, et que tous les autres désignent par son titre, NIZAM-EL-MOLK,
ordre du royaume. Jamais Surnom n’a été plus mérité ».60

Il a bâti des hospices, des mosquées, des citadelles, des caravansérails, des
palais du gouvernement et des écoles qui portent son nom « MEDRESSA
NIZAMIYA ». Il a fait les plans de lieux de sa propre main, et a mis et organisé les
programmes d’étude et sélectionné les bons enseignants, et a alloué une bourse à
chaque étudiant.

« Quand arrivé le tour de d’Omar, le vizir se penche à son oreille et


murmure:l’année prochaine, comme ce jour, sois à Ispahan, nous parlerons... »
.61

D’après cet extrait, nous constatons que le narrateur nous a montré la valeur
et la place importante du personnage principale (le héros) qui est un être aimable,
honorable et confiant. C’est pour cela qu’Amin Maalouf a inclus Nizam-El-Molk
dans son roman, pour créer une relation entre les hommes de savoir qui partagent les
mêmes connaissances et les mêmes éruditions.

59
-Maalouf A. « SAMARCANDE » J.C. Lattès, Paris, 1988.op.cit. p.62.
60
-ibid. p.70.
61
-ibid. p71.
Nizam-El-Molk cherche toujours des hommes loyaux, sages, justes sur
lesquels il peut compter pour bâtir un pouvoir puissant et stable.

«Je rêve d’un état où le loup et l’agneau boiraient ensemble, en route quiétude,
l’eau du même ruisseau … ».62

Et c’est grâce à l’invitation de Nizam-El-Molk, qu’Omar Khayyâm a pu


visiter Ispahan et rencontrer sa bien-aimée Dj ahane:

« Auprès de ta bien aimée, Khayyâm, comme tu étais seul ! Maintenant qu’elle


est partie, tu pourras te réfugier en elle. » . 63

Nizam-El-Molk a accueilli Omar Khayyâm dans son palais avec une grande
générosité et avec des plats biens garnis, ainsi qu’il l’a offert une belle maison à
Ispahan. Il lui a consacré un observatoire dans son jardin pour qu’il puisse calculer la
longueur exacte de l’année solaire.

Voilà l’extrait qui illustre nos propos :

«Pour te loger, je t’offre l’une des plus belles maisons d’Ispahan. J’y ai résidé
moi-même pendant la construction de ce palais, elle sera tienne avec jardins,
vergers, tapis, serviteurs, et servantes… ».64

« Exaucé !dés la semaine prochaine, des fonds te seront alloués à cet effet, tu
choisiras l’emplacement et ton observatoire s’élèvera en quelques mois… ».65

Cela montre la valeur accrochée au savant par le pouvoir en place. C’est


pour cela, que le bâtisseur et le constructeur de l’empire Nizam-El-Molk s’est
adressé à Omar Khayyâm l’homme de confiance tout en lui proposant la mission de
« SAHIB KHABBAR »,

Ces extraits illustrent notre intention

62
-ibid. p.90.
63
-ibid. p.79.
64
-ibid. p.91.
65
-ibid. p.92.
« À toi KHWAJE Omar je demande de respecter mes rêves. Oui sur cette
immense contrée qui m’échoit, je rêve de bâtir l’état le plus puissant, le plus
prospère, le plus stable, le mieux policé de l’univers ? Je rêve d’un empire où
chaque province, chaque ville serait administrée par un homme juste, craignant
dieu, attentif aux plaintes du plus faible des sujets. ».66

« Je te nomme SAHIB-KHABAR ».67

Djamel-El-Dinne-Afghani :

Amin Maalouf a fait une référence à plusieurs personnages historiques dans


son roman. qui ont joué un rôle très remarquable dans l’histoire nous avons : Djamel-
El-Dinne-Afghani.

C’est un personnage historique oriental qui a défrayé l’histoire. Il a été


mentionné par l’auteur dans la deuxième partie du roman celle du 19éme siècle dans
le monde occidental où nous trouvons la perse du personnage fictif benjamin-o-
Lesage.

Donc, le narrateur veut nous présenter la personnalité de ce personnage


historique dans son roman, en lui consacrant un rapport et un lien direct avec des
personnalités occidentales. (Comme sa rencontre avec l’ancien député, l’ancien
ministre, Henri Rochefort le cousin préféré du grand-père de Benjamin. O. Lesage le
narrateur fictif:

«Rochefort enchaina: j’ai eu la chance de rencontrer un personnage


extraordinaire, un de ces êtres qui traversent l’histoire avec la volonté de laisser
leur empreinte sur les générations à venir. Le sultan de Turquie le craint et le
courtise, le Shah de Perse tremble à la seule mention de son nom. Descendant de
Mahomet, il a pourtant été chassé de Constantinople pour avoir dit dans une
conférence publique, en présence des plus grand dignitaires religieux, que le

66
-ibid. p.80-90.
67
-ibid. p.93.
métier de philosophe était aussi indispensable à l’humanité que le métier de
prophète .il s’appelle DJAMALEDDINE le connaissait-tu ? ».68

D’après cet extrait, le narrateur veut nous faire prendre conscience de la


valeur de ce personnage historique en vantant ses prouesses et ses exploits.

Voilà le passage qui illustre notre intention:

«Quand l’Egypte s’est soulevée contre les Anglais, poursuivit ROCHEFORT,


c’était à l’appel de cet homme. Tous les lettrés de la vallée du Nil se réclament
de lui, ils s’appellent « Maître » et vénèrent son nom. Pourtant, il n’est pas
égyptien et n’a fait qu’un court séjour dans ce pays. Exilé aux Indes, il a réussi à
susciter là encore un formidable mouvement d’opinion. Sous son influence des
journaux se sont crées des associations se sont formées .le vice-roi s’est alarmé,
il a fait expulser, Djamel-El-Dinne qui a alors choisi de s’installer en Europe, et
c’est de Londres puis de Paris qu’il a poursuivi son incroyable activité. ».69

Ajoutons aussi que c’est à travers le déplacement du manuscrit d’Omar


Khayyâm qu’Amin Maalouf nous a transporté dans une nouvelle ère celle du 19éme
siècle avec de nouveaux personnages historiques qui ont eu la chance de rencontrer
et de contacter Djamel-El-Dinne.

«Ernest Renan et George Clemenceau l’ont bien connu et, en Angleterre, des
gens comme Lord Salisbury, Randolph Churchill ou Wilfrid Blunt. Victor Hugo,
peut avant de mourir, l’a rencontré lui aussi ».70

Donc, Amin Maalouf a convoqué le nom de Djamel-El-Dinne.Afghani de


l’histoire. Son nom est dans les livres de l’histoire comme nous pouvons l’observer
dans l’extrait qui suit :

68
-ibid. p.211-212.
69
-ibid. p.212.
70
-ibid. p.212.
«DJAMAL-EDDINE-EL-AFGHANI (1838-1897) Le père fondateur du
Modernisme islamique. Il s’agit d’une personnalité extraordinaire qui a traversé
l’histoire en laissant son impact sur les générations à venir. Un Proscrit ;
Célèbre dans le monde islamique comme réformateur ; révolutionnaire ; et
Émancipateur. Son séjour en occident lui a permis D’aspirer leurs de la
démocratie ; la liberté et l’égalité et rêvait de les voir Se concrétiser sur la terre
de l’islam déchirée par les fratricides et L’absolutisme exercé par les
Gouvernants sous l’œil protectrice des forces Coloniales qui guettaient la
Situation sur le terrain dans l’attente de l’assaut. Apres avoir reçu sa première
Éducation dans diverses écoles Religieuses prés de Kaboul en Afghanistan et
QUAZOUIN et Téhéran en Iran ; a l’âge de 17ans Jamal

Eddine est allé en inde Vers 1855dans le but d’approfondir ses études dans les
domaines scientifiques et religieux. ».71

Comme les personnages historiques ont une grande importance dans le


roman. Il reste qu’Amin Maalouf a crée aussi des figures fictives et textuelles qui
jouent un rôle complémentaire dans le récit et qui ont presque tous un lien et un
rapport avec le personnage principal Omar Khayyâm.

Notre intérêt dans cette partie se portera uniquement sur l’analyse des
personnages textuels qui sont aussi très nombreux. C’est pour cette raison que nous
avons choisi de nous intéresser uniquement à: l’étudiant balafré, le grand juge Abou
Tahar, Dj ahane, et le narrateur Benjamin. O. Lesage

2-Les personnages textuels (êtres fictifs):

Nous allons commencer notre analyse textuelle par le premier personnage


fictif qui s’appelle: L’étudiant Balafré.

C’est un personnage textuel fictif issu de l’imagination de l’auteur. Il a été


mentionné par l’auteur juste au début de l’histoire, comme élément représentatif
d’une réalité sociale et religieuse à une époque donnée de l’histoire de cette région.

71
-www.oujdacity.net › Journal › International. Consulté le 25/03/2015.
L’étudiant Balafré est un homme de religion, pieux qui déteste et maudit-les
philosophes et les considère comme étant des mécréants.

Cet extrait illustre nos propos :

«Il a sifflé ce dernier mot comme une imprécation. Nous ne voulons plus aucun
Failasouf à Samarcande ».72

Ce personnage a joué un rôle simple dans le début de la première partie du


roman. C’est pour nous faire vivre un événement d’une mésaventure qui s’est passée
dans les rues de Samarcande entre l’étudiant Balafré et ses hommes et un vieux
philosophe Jaber le long disciple d’Avicenne humilié devant tous les habitants de la
ville à cause de sa profession de philosophe:

«Cet homme est un ivrogne, un mécréant, un FILASOUF.. ! ».73 p18.

Le narrateur dans son récit a programmé une rencontre entre Omar


Khayyâm et l’étudiant Balafré, responsable et meneur de la bande. Quand ce dernier
a su qu’Omar Khayyâm est un philosophe connu par ses célèbres quatrains, il a
commencé de le provoquer :

«Tu viens de briser ma cruche de vin, seigneur.


Tu m’as barré la route du plaisir, seigneur.
Sur le sol tu as répondu mon vin grenat.
Dieu me pardonne, serais-tu ivre, seigneur ? ».74
Ajoutons aussi qu’il l’a accusé du métier d’alchimiste.

«Aux yeux des autorités, être philosophe n’est pas un crime, pratiqué
l’alchimiste est passible de mort. ».75

«Cet étranger est un alchimiste ».76

72
-Maalouf A. « SAMARCANDE » J.C. Lattès, Paris, 1988, op.cit p.18.
73
.ibid. p.18.
74
-ibid. p.20.
75
-ibid. p.20.
76
-ibid. p.21.
C’est grâce à l’étudiant balafré, que l’auteur a pu unir Omar Khayyâm et le
grand juge Abou Tahar. A ce moment là que va naître l’histoire du manuscrit de
Khayyâm et que les événements prennent un autre cours.

L’étudiant balafré n’était qu’un moyen et un prétexte inventé par le


narrateur pour créer une autre relation avec le personnage principal et le grand juge.

Cet extrait illustre nos propos :

«C’est ensuite au tour du Balafré de se justifier .il se penche vers le cadi, qui
semble le connaitre de longue date, et s’engage dans un monologue animé... ».77

- ABOU-TAHAR :

C’est un personnage assez important inventé par la fiction de l’auteur. C’est


le grand juge Abou Tahar, le cadi des cadis qui résout les problèmes et les différends
des citoyens de Samarcande.

« Si cet homme est réellement un Alchimiste, décide-t-il, c’est au grand juge


Abou-Tahar qu’il convient de le conduire. ».78

C’est un élément très efficace imaginé par l’auteur pour marquer le


commencement des événements de l’histoire du manuscrit. Le grand juge Abou-
Tahar est un homme de religion, pieux célèbre par sa justesse et sa droiture ainsi que
par son hospitalité .C’est lui qui a hébergé dans son palais le lettré et le savant Omar
Khayyâm.

Cet extrait illustre notre parole :

«Omar, fils d’Ibrahim, fabricant de tentes de Nichapour, sais-tu reconnaitre un


Ami ? ».79

Abou Tahar a montré à Omar Khayyâm son admiration et ses vénérations


concernant ses travaux:

77
-ibid. p, 24.
78
-ibid. p.21.
79
-ibid. p.25.
«Omar tu n’es pas un inconnu à Samarcande. Malgré ton jeune âge, ta science
est déjà proverbiale, tes prouesses se racontent dans les écoles, n’est-il pas vrais
que tu as lu sept fois à Ispahan un volumineux ouvrage d’IBN-SINA, et que, de
retour à Nichapour, tu as reproduit mot à mot, de mémoire ? ».80

Le narrateur donne au grand juge Abou-Tahar un rôle très respectable parce


que c’est grâce à ce dernier que va naître l’histoire du manuscrit.

«C’est du Kaghez chinois, le meilleur papier qui ait jamais produit par les
ateliers de Samarcande. Un juif du quartier de Maturid l’a fabriqué à mon
intention selon une antique recette, entièrement à base de mûrier blanc .tâte-le, il
est de la même sève que la Soie. ».81

C’est à grâce au grand juge –Abou-Tahar qu’Omar Khayyâm recouvre sa


dignité, sa fierté devant tout le monde.

Le narrateur a placé le grand juge Abou Tahar juste comme un alibi et une
excuse pour montrer la valeur et l’importance du personnage principal Omar
Khayyâm et raconter l’histoire de son manuscrit précieux qui est l’objet le plus
important de l’histoire.

-Benjamin .O .Lesage :

Considéré comme un personnage très important dans le récit. C’est lui-


même qui nous raconte les événements de l’histoire d’Omar Khayyâm ainsi que son
précieux manuscrit du début jusqu’à la fin.

Benjamin .O. Lesage est un narrateur fictif et textuel occidental issu de


l’univers imaginaire et illusoire de l’auteur Amin Maalouf. Il a contacté et rencontrer
toujours des personnalités historiques réelles avec qui il maintient un rapport stable.
Ce personnage fait allusion à la passerelle entre l’orient et l’occident.

Cet extrait illustre nos propos :

80
-ibid. p.24.
81
-ibid. p.28.
«Or; ce livre, c’est celui-là même que moi, Benjamin .O. Lesage, j’allais un
jour tenir dans mes propre mains ». 82

Benjamin .O. Lesage est un journaliste américain, natif d’Annapolis


d’origine française.

«Je suis citoyen américain, natif d’Annapolis, dans le Maryland, sur baie de
Chesapeake, modeste bras de l’atlantique... » .83

Grâce à la rencontre de Benjamin .o. Lesage, et le cousin de son grand père


qui s’appelle Henri Rochefort qui lui a parlé pour la première fois de l’existence du
trésor précieux d’Omar Khayyâm et de son livre écrit de sa propre main, que va
commencer l’aventure de la recherche de ce manuscrit.

«Incapable alors d’imaginer que cette visite au cousin de mon grand-père serait
le premier pas de mon interminable périple dans l’univers oriental ».84

Benjamin .O. Lesage a commencé donc son aventure tout en voyageant de


l’occident vers l’orient à la recherche de ce livre unique exemplaire d’Omar
Khayyâm. Grâce à l’aide et l’intervention d’un maître très célèbre qui s’appelle
Djamel dine –El-Afghani personnage historique, ami d’Henri Rochefort, cousin de
son grand-père en exil à Constantinople, qui l’a accueilli de bon cœur.

« Les amis de Rochefort sont mes amis, je leur parle à cœur ouvert ».85

Benjamin .O. Lesage a pu enfin trouver la trace de ce livre grâce à


l’intervention et l’aide du fils d’un commerçant riche qui s’appelle Fazal.

Cependant, à cause d’un crime qui a été commis par un derviche Mirza
Rizza contre le Shah, Benjamin .O. Lesage a perdu les traces du manuscrit et fuit en
direction de son pays natal Annapolis aux Etats-Unis.

82
-.ibid. p.27.
83
-ibid. P.199.
84
-ibid. P.208.
85
-ibid. P.221.
Finalement, le narrateur Benjamin qui nous a beaucoup enthousiasmé dans
cette aventure a pu récupérer son trésor cher tout en voyageant a nouveau à Téhéran
grâce à l’aide de la fille du Shah qui s’appelle Chirine et sa bien aimée.

Mais malheureusement quand ils ont décidé de fuir Téhéran, ils ont
embarqué sur le titanique.

«CHERBOURG, le 10 avril 1912 devant moi, a perte de vue, la Manche, paisible


moutonnement argenté, A mes côtés, Chirine. Dans notre bagage le
manuscrit. ».86

À cause du naufrage du Titanic dans la nuit du14au 15 avril 1912 au large


de la terre neuve Benjamin .O. Lesage a perdu définitivement son trésor le manuscrit
d’Omar Khayyâm le seul exemplaire.

Comme Amin Maalouf a donné une valeur essentielle aux personnages


historiques et textuels masculins, nous constatons qu’il n’a pas oublié de mentionner
dans son roman quelques figures féminines historiques (êtres réels), et textuels (êtres
fictifs).

Parmi les personnages féminins fictifs les plus marquants dans ce roman :Dj
ahane.

C’est un personnage féminin assez important qui occupe une place de choix
dans le récit. Malgré son importance et son efficacité dans le roman, elle reste un
personnage textuel né de l’imagination de l’auteur, pour donner une ardeur et une
vivacité à son intrigue.

Aucune référence historique ne nous permet de dire que ce personnage est


vraiment réel.

Dj ahane est installée par le narrateur dans le roman pour jouer un rôle très
singulier avec le héros Omar Khayyâm dans l’histoire où les deux partagent presque
les mêmes centres d’intérêts.

86
-ibid. p.367.
Dj ahane est une jeune poétesse, veuve, célèbre et connue dans le roman par
son courage, sa fermeté et sa forte personnalité devant le maître de « Samarcande »
Nasr khan.

« Une poétesse de Boukhara, elle se fait appeler Dj hane. Dj hane, Comme le


vaste monde. C’est une jeune veuve aux amours remuantes. ».87

«Seul une femme sort du rang et s’approche d’un pas ferme.intérrogé du regard
par Omar ».88

Le narrateur nous a décrit le portrait de Dj ahane qui est une jeune femme,
courageuse et audacieuse qui a une belle beauté sans fard à travers le regard étonnant
et surprenant du personnage principal Omar Khayyâm qui a eu un coup de foudre
envers elle, et n’a pas pu résister sa séduction et son charme.

« Son regard est indétournable DJ ahane a déjà soulevé le bas de son voile,
découvrant des lèvres sans fard:elle déclame un poème agréablement tourné
dans lequel, chose étrange, on ne mentionne pas une seule fois le nom du
khan… ».89

Omar Khayyâm a été attiré par Dj ahane grâce à son éloquence.

«Ta as bien parlé que ta bouche s’emplisse d’ors, dit NASR, reprenant la formule
qui lui est habituelle. ».90

«Seul Khayyâm ne rit pas.les yeux fixés sur Dj ahane, il cherche le sentiment
qu’il éprouve à son égard: sa poésie est si pure, son éloquence digne sa
démarche courageuse... ».91

Les ambitions de DJ ahane sont plus fortes qu’elle, parce qu’elle aime
bien la responsabilité et déteste l’enfermement des hommes, elle a quitté son amant

87
-ibid. p.42.
88
-ibid. p,42.
89
-ibid. p.42.
90
-ibid. p.42.
91
-ibid. p,.43.
pour être un jour une femme de la cour auprès des rois, mais finalement, les rêves et
les désirs illimités de cette protagoniste fictive ont été la cause de sa mort.
Chapitre 2: analyse d’homogénéité et de cohabitation des personnages

historiques (êtres réels) ,et les personnages textuels (êtres fictifs ) chez

Amin Maalouf dans « Samarcande ».

Amin malouf est un écrivain qui a usé de toutes ses habilités, ses talents et
ses capacités pour confectionner des romans lus par un lectorat en constante
progression.

A cet égard, nous avons remarqué que dans le roman de « Samarcande»,


Amin Maalouf a réalisé un rapprochement de personnalités historiques réelles citées
par l’écrivain comme un point de repère historique dans le récit. Il les fait cohabiter
avec des personnages textuels.

Dans ce chapitre, nous allons faire une étude analytique concernant la


cohabitation et l’homogénéité des personnages historiques et textuels tout en nous
appuyant essentiellement sur les caractéristiques de chacun, et les techniques
utilisées par l’écrivain.

Nous allons nous limiter aux personnalités historiques qui ont défrayé la
chronique à un moment donné de l’histoire. Nous avons entamé notre analyse par la
question suivante:

Comment êtres réels et êtres fictifs cohabitent dans «Samarcande » ?

L’auteur a attribué des qualités humaines à chaque personnage, qu’il soit réel
ou bien fictif. Il les a distribués d’une manière très habile et intelligente pour que le
lecteur puisse vivre l’instant et l’événement comme étant réel, ce qui participe à une
meilleure adhésion de tout lecteur, et créer un effet de réel.

Le personnage principal concerné par tous les événements de l’histoire de la


première ligne jusqu'à la dernière et qui est en rapport immédiat avec la plupart des
personnages réels et fictifs. Khayyâm est une personnalité historique par laquelle
l’écrivain a été fasciné.
Dans « Samarcande », Omar Khayyâm est un être réel à qui le narrateur a
attribué des qualités humaines et a usé de techniques d’écriture lui permettant de
faciliter sa coexistence, avec qui il a crée des affinités et des traits caractériels
identiques.

A cet égard, nous entamons notre analyse par la rencontre que l’écrivain a
occasionné entre Khayyâm et le Balafré. Il a choisi un étudiant comme personnage
fictif, pour que la cohabitation entre lui et Khayyâm s’effectue presque
automatiquement, et assure l’adhésion du lecteur du moment qu’ils sont tous les
deux hommes de savoir et de connaissance partageant presque les mêmes éruditions.

Ces extraits illustrent nos propos :

« Je suis Omar, fils d’Ibrahim de Nichapour, et toi, qui es-tu donc? ».92

« Par dieu comment ai-je pu ne pas reconnaitre Omar, fils d’Ibrahim Khayyâm
de Nichapour ? Omar, l’étoile de KHORASSAN, le génie de la perse et des deux
IRAKS, le prince des philosophes.. ».93

Selon ces extraits, nous remarquons que le narrateur a donné une particularité
de culture universelle et de sagesse a l’étudiant Balafré. Il a reconnu Khayyâm ainsi
que ses désirs et ses sentiments pleins d’impiété et de dévotion envers les femmes et
le vin dans ses quatrains au moment où Omar Khayyâm a proclamé son nom célèbre.

Donc le premier lien entre Khayyâm et l’étudiant balafré c’est le savoir, le


narrateur a choisi un étudiant comme personnage fictif à mettre en relation avec
Khayyâm pour assurer l’adhésion du lecteur ainsi que l’effet de réel

En plus, le narrateur a mis l’étudiant balafré avec Omar Khayyâm c’est pour
créer un nouveau alibi, un bon prétexte, et une nouvelle cohabitation qui lui permet
de favoriser l’introduction d’Abou Tahar dans l’intrigue et donner une nouvelle
orientation aux événements. C’est de cette rencontre entre Khayyâm et le grand Juge
que va naitre l’histoire du manuscrit.

92
-Maalouf A. « SAMARCANDE » J.C. Lattès, Paris, 1988, .p,19.
93
-ibid. p.19.
D’après notre lecture, nous constatons que le narrateur a attribué des qualités
humaines spéciales au grand juge Abou Tahar concernant ses habiletés, ses
compétences en tant qu’homme de loi, sage, lettré, loyale, et honnête par le fait qu’il
ait hébergé Khayyâm. Il lui a offert refuge pour lui éviter d’être pris en aparté à cause
de sa philosophie dans la vie : son amour pour le vin et les femmes. L’assistance du
grand juge trouve son explication dans l’érudition de Khayyâm.

Cet extrait illustre notre idée :

« Malgré ton jeune âge, ta science est déjà proverbiale, tes prouesses se
racontent dans les écoles .n’est-il pas vraie que tu as lu sept fois a Ispahan un
volumineux ouvrage d’IBN -SINA, et que, de retour à Nichapour, tu l’as
reproduit mot à mot, de mémoire ?».94

Par conséquent, la première condition qui a associé Omar Khayyâm et le


grand juge Abou Tahar c’est avant tout le savoir, l’habileté, et le statut social qu’ils
partagent tous les deux, sans oublier leur engouement pour l’art de l’éloquence et de
la poésie.

Ces passages illustrent notre parole:

« Ce ne sont pas seulement tes exploits qui se transmettent de bouche en bouche


de bien curieux quatrains te sont attribués. ».95

« J’avais un frère, de dix ans mon ainé, il avait ton âge quand il est mort.
écartelé, dans la ville de BALK, pour avoir composé un poème qui avait déplu au
souverain du moment. On l’a accusé de couver une hérésie, je ne sais si c’était
vrai, mais c’est à mon frère que j’en voulu d’avoir joué sa vie sur un poème, un
misérable poème à peine plus long qu’un robai. ».96

Nous constatons que le narrateur a crée des points communs entre les deux.
Ce qui relève effectivement de la manière et de la technique intelligente et adroite

94
-ibid. p.24.
95
-ibid. p.25.
96
-ibid. p.28.
d’Amin Maalouf à créer le réel et l’irréel, d’un côté Khayyâm, de l’autre, le grand
juge Abou Tahar.

Cette rencontre va donner une nouvelle orientation à l’histoire et permettre


la naissance du manuscrit. Et cela exprime vraiment les capacités et les talents des
techniques d’écriture de Maalouf qui a dépassé la création des relations simples pour
arriver au point de créer de nouveaux rapports impossibles entre les personnages en
introduisant des figures féminines surprenantes et inattendues dans le roman, ce qui
donne une animation et une vivacité des événements à l’histoire malgré leur
existence mineure.

Parmi les figures féminines textuelles marquantes dans le roman, il y’a la


cohabitation entre Omar Khayyâm et Dj ahane. Comme Omar Khayyâm est connu
par son amour pour les femmes et le vin, le narrateur l’a mis en scène le personnage
féminin de DJ ahane qui partage les mêmes passions pour la poésie. .

Pour ce qui de la coexistence, et de l’homogénéité entre Omar Khayyâm et


Dj ahane, elle se justifie par le fait que les deux partagent la même passion :la
poésie.

Le premier point de caractère commun est l’amour de la poésie et l’ouverture


de l’esprit. Le narrateur leur a attribué d’autres qualités humaines concernant leur
comportement psychique et moral se reposant en cela fondamentalement, sur (leurs
personnalités, leurs talents, leurs préférences et leurs sentiments….etc.), ainsi que
leur mode de vie.

Omar Khayyâm et Dj ahane ont une même passion et adoration pour la


poésie. Et sont portés sur les mêmes vices de la vie comme le vin et la liberté : ils
entretiennent des relations adultérines.

D’ailleurs les extraits suivants justifient notre parole:


« …qu’il faudrait attendre huit siècles avant que le monde ne découvre la
sublime poésie d’Omar Khayyâm… ».97

« Une poétesse de Boukhara, elle se fait appeler Dj ahane. Dj ahane, comme le


vaste monde. C’est une jeune veuve aux amours remuantes… ». 98

« Seul Khayyâm ne rit pa.les yeux fixés sur Dj ahane, il cherche le sentiment
qu’il éprouve à son égard:sa poésie est si pure, son éloquence digne, sa
démarche courageuse…. ».99

Ces extraits illustrent réellement que la cohabitation et l’homogénéité entre


les deux protagonistes s’est réalisée tout d’abord grâce à leur passion pour la poésie
et au libertinage.

« Ils échangèrent un premier baiser, furtif, suivi d’un autre, appuyé, c’est leur
façon de finir la journée des autres, puis de commencer leur nuit. ».100

«….combien d’hommes dorment auprès d’une femme qu’ils aiment, d’une femme
surtout qui se donne à eux pour une autre raison que celle de ne pouvoir faire
autrement ?... ».101

Dans ces deux passages, nous remarquons que le narrateur a fait fidèlement
une référence et un fondement très évident d’une relation amoureuse illégitime entre
Omar Khayyâm et sa maitresse Djahane.

Donc, cette séquence textuelle (djahane) n’était qu’un moyen et un alibi


inventé par les stratégies d’écriture de l’auteur pour réaliser une nouvelle sphère dans
les événements de l’histoire et assurer la continuité des faits.

Ces techniques d’écriture brouillent les frontières entre la fiction et la réalité,


comme par exemple l’invention d’un nouveau visage occidental, d’un personnage

97
-ibid. p.28.
98
-ibid. p.42.
99
-ibid. p.43.
100
-ibid. p.52.
101
-ibid. p.52.
textuel qui est le narrateur lui-même de l’histoire Benjamin. O. Lesage, il a pu créer
cette coexistence grâce à l’intérêt commun entre les deux personnages.

Lesage narrant la naissance de l’intérêt qu’il porte pour les quatrains, d’abord,
par le fait que lui et Khayyâm ont le même prénom que ses parents lui ont choisi par
amour à la poésie et au personnage de Khayyâm .devenu adulte, il hérite des
manuscrits que ses parents lui ont liégé

L’extrait suivant illustre nos propos :

«A cet instant précis, Omar Khayyâm est entré dans ma vie, je devrais presque
dire qu’il m’a donné naissance.ma mère venait d’acquérir les quatrains de
Khéyam. Traduit du persan par J-B Nicolas, ex-premier drogman de
l’ambassade française en perse, publie en 1876. Par l’imprimerie impériale.mon
père avait dans ses bagages The Robaiyat of Omar Khayyâm d’Edward
Fitzgerald, édition de 1868. » .102

Lesage et Khayyâm ont vécu les mêmes passions pour le voyage spirituel et
géographique dans l’univers fictionnel de l’œuvre. Même s’ils n’ont pas vécu à la
même époque, sur le même espace. Le voyage d’Omar Khayyâm dans l’univers
oriental (la perse du XIe siècle, et le voyage de Benjamin. o. Lesage dans l’univers
occidental et oriental (la perse du XIXe siècle) pour une mission précise à la quête du
manuscrit).

Ces passages illustrent notre intérêt :

« En l’été 1072.Omar Khayyâm à vingt-quatre ans, il est depuis peu


Sq ;qrcqnde…. ».103

« C’est en 1895, à la fin de l’été, que je m’embarquai pour le vieux continent».104

Parmi les personnages historiques qui ont cohabité avec Omar Khayyâm dans
le roman nous avons choisi de nous attarder sur Hassan Sabbah, Nizam-El- Molk.

102
-ibid. p.202.
103
-ibid. p.15.
104
-ibid. p.206.
En ayant préféré Hassan Sabbah, Nizam-El-Molk comme personnages
historiques (réels), la cohabitation et l’union entre eux et Omar Khayyâm se fait
presque automatiquement chez le lecteur du moment que l’auteur leur attribué des
qualités humaines et des attributs concernant leur statut social identique à celui
d’Omar Khayyâm.

La triangularité d’Omar Khayyâm, Hassan Sabbah, Nizam-El-Molk


s’explique par leur érudition et leur progression dans la trame romanesque : ils
évoluent dans les mêmes espaces et sont concernés par des événements occasionnant
leurs multiples rencontres.

D’ailleurs les extraits suivants illustrent nos propos :

« Une légende court les livres, elle parle de trois amis, trois persans qui ont
marqué, chacun à sa façon, les débuts de notre millénaire : Omar Khayyâm qui a
observé le monde, Nizam-El-Molk qui l’a gouverné, Hassan Sabbah qui l’a
terrorisé. On dit qu’ils étudièrent ensemble à Nichapour…. ».105

«Parabole extraite du manuscrit de SAMARCANDE: trois amis étaient en


promenade sur les hauts plateaux de Perse, Surgit une panthère, toute la férocité
du monde était en elle. La panthère observa les trois hommes puis courut vers
eux : «Le premier était le plus âgé, le plus riche, le plus puissant. Il cria «Je suis
le maître de ces lieux, jamais je ne permettrai à une bête de ravager les terres
qui m’appartiennent» il était accompagne de deux chiens de chasse, il les lâcha
sur la panthère, ils purent mordre, mais elle n’en devint que plus vigoureuse, les
assomma, bondit sur leur maître et lui déchira les entrailles. Tel fût le lot de
Nizam el Moulk.». Le deuxième se dit «Je suis un homme de savoir, chacun
m’honore et me respecte, Pourquoi laisserai-je mon sort se décider entre chiens
et panthère ? Il tourna le dos et s’enfuit sans attendre l’issue du combat. Depuis
il a erré de grotte en grotte, de cabane en cabane, persuadé que le fauve était
constamment à ses trousses : Tel fut le lot d’Omar Khayyâm.». Le troisième était
un homme de croyance. Il s’avança vers la panthère les paumes ouvertes Le

105
-ibid. p.220.
regard dénominateur, la bouche éloquente» Soit la bienvenue en ces terres, lui
dit-il. Mes compagnons étaient plus riche que moi, tu les as dépouillés, ils étaient
plus fiers, tu les as rabaissés», Il prit l’ascendant sur elle, il réussit à
l’apprivoiser. Depuis aucune panthère n’ose s’approcher de lui, et les hommes
se tiennent à distance.».106

Cette parabole, résume de manière poétique le parcours de chacun des trois


personnages (Khayyâm, Hassan, et Nizam).

106
-ibid. p.168/169.
Chapitre3: analyse de l’approche sociocritique chez Amin Malouf dans

« Samarcande».

Tout texte contient en son sein des pistes et des indices qui orientent le
chercheur vers la convocation de telle ou telle approche d’analyse littéraire.

Concernant notre corpus, nous avons jugé que les fondements de la


sociocritique sont plus appropriés pour Samarcande en tant que roman historique.

Pour rendre opérationnels les concepts théoriques que nous avons convoqués,
nous allons les appliquer à certains extraits de notre roman .Ce qui va nous permettre
de dégager la socialité du texte sur le plan culturel, social, historique, et idéologique.

Sous ce rapport, notre étude portera tout d’abord sur la socialité du texte sur le
plan culturel.

Prenons l’exemple de la femme qui aborde Khayyâm et lui subtilise des


amandes

« Place des marchands de fumée, une femme enceinte aborde Khayyâm. Voile
retroussée, elle a quinze ans à peine. Sans un mot, sans un sourire sur ses lèvres
ingénues, elle lui dérobe des mains une pincée d’amandes grillées qu’il venait
d’acheter. Le promeneur ne s’en étonne pas, c’est une croyance ancienne à
SAMARCANDE : lorsqu’une future mère rencontre dans la rue un étranger qui
lui plait elle doit oser partager sa nourriture, ainsi l’enfant sera aussi beau que
lui, avec la même silhouette élancée, les mêmes traits nobles et réguliers ».107

L’auteur à travers cette scène fait une référence à une pratique sociale et
culturelle d’une région précise, celle de la ville de Samarcande, lorsqu’une femme en
état de grossesse croise un homme étranger dans la rue qui la séduit et l’attire, elle
doit avoir l’audace et le courage de partager sa nourriture pour avoir un bel enfant
qui a la même allure et la même apparence de noblesse.

107
- Maalouf A, « SAMARCANDE », C. Lattès, Paris, 1988.p.16.
Donc, à cette époque, cette pratique est devenue presque une croyance et
une conviction dans cette région.

Ajoutons aussi qu’Amin Maalouf veut nous dévoiler une vérité sociale qui a
été vécue par les habitants de cette ville. C’est pour cette raison qu’il nous a donné
d’autres exemples qui expriment vraiment sa fascination à l’égard de cette société.

D’ailleurs l’extrait suivant illustre nos propos :

« Bienvenue dans cette ville, m’a-t-il dit, y as-tu des parents, des amis ? Je
répondis que non, sans m’arrêter, craignant d’avoir affaire à quelque escroc,
tout au moins à un quémandeur ou à un importun. Mais l’homme reprit : ne te
méfie pas de mon insistance, noble visiteur. C’est mon maitre qui m’a ordonné
de me poster en ce lieu, à l’affût de tout voyageur qui se présenterait, pour lui
offrir l’hospitalité. L’homme semblait de condition, modeste, mais vêtu d’habits
propres et n’ignorant pas les manières des gens de respect.je le suivis. A
quelques pas de là, il me fit entrer par une lourde porte, je traversai un couloir
vouté, pour me retrouver dans la cour d’un caravansérail, avec un puits au
milieu, des gens et des bêtes qui s’affairaient, et tout autour, sur deux étages, des
chambres pour les voyageurs. L’homme dit : tu pourras rester ici le temps que tu
voudras, une nuit ou une saison, tu y trouveras couche et nourriture, et fourrage
pour ta mule. Quand je lui demandai le prix à payer, il s’en offusqua. Tu es ici
l’invité de mon maitre.et où se trouve cet hôte si généreux, que je puisse lui
adresser mes remerciements ? Mon maitre est mort depuis sept ans déjà, me
laissant une somme d’argent que je dois dépenser en totalité pour honorer les
visiteurs de SAMARCANDE.et comment s’appelait ce maitre, que je puisse au
mois raconter ses bienfaits ? Seul le très-haut mérite ta gratitude, le, il saura par
les bienfaits de que homme grâce lui est rendu... ».108

Selon notre propre vision de ce passage, nous constatons que l’écrivain a fait
vraiment un fondement et un renvoie très évident d’un fait social et culturel dans son
œuvre concernant les citadins de Samarcande est plus précisément d’un homme très

108
-ibid. p.31/32.
généreux et riche qui accueille les gens étrangers et les voyageurs dans sa résidence
tout en leur offrant refuge et nourriture pour honorer les visiteurs de sa ville
hospitalière Samarcande. Cela révèle certainement les qualités de ses habitants.

Cet extrait montre notre intérêt :

« Et c’est ainsi que, pendant plusieurs jours, je suis resté chez cet homme.je
sortais et revenais, j’y trouvais toujours des plats garnis de mets délicieux, et ma
monture y était mieux soignée que si je m’en occupais moi-même ».109

Par conséquent, grâce aux qualités charitables et humaines de cet homme,


l’auteur nous a exposé aux regards les mœurs et les coutumes de cette région et plus
exactement des citoyens de Samarcande qui placent les vertus de l’hospitalité au
dessus de tout. Cela explique en quelque sorte le vœu de Khayyâm de visiter
Samarcande un jour.

Ajoutons aussi un autre exemple qui justifie notre intérêt pour la socialité du
texte sur le plan culturel, concernant un ensemble de pratiques traditionnelles et
coutumières de la vie propre de la cours des monarques et leur rapport avec les
peuples de cette région:

« Selon la coutume, les souverains portent, superposées, trois, quatre parfois


sept robes brodées dont ils se défont au cours de la journée, les déposant avec
solennité sur le dos de ceux qu’ils entendent honorer... ».110

Selon notre interprétation de ce passage, nous remarquons qu’Amin Maalouf


a mis en exergue l’une des traditions habituelles et culturelles de cette région
concernant la relation qu’entretiennent les rois et les souverains de Samarcande avec
leurs visiteurs et leurs hôtes tout en leur offrant et les mettre sur le dos un nombre
précis des robes d’apparats brodées et ornées à ceux qui méritent leur gratitude d’une
manière cérémoniale devant tout le monde.

109
-ibid. p.32.
110
-ibid. p.36.
Et cela exprime évidement les mœurs de cette région qui sont devenues
presque une habitude nécessaire à cette période.

Amin Maalouf n’a pas cessé d’user ses capacités avérées d’écrivain qui l’ont
aidé à rendre son roman très émouvant, organisé et bien enchainé. D’une part par sa
structure distinctive des événements et des faits de l’histoire. D’autre part par sa
richesse et sa variété thématique très remarquable avec la société dont il s’est inspiré
pour rendre compte de la vie sociale de manière sublimée.

De ce point de vue, Maalouf a mis au clair son roman sous plusieurs


dimensions d’analyse littéraire.

A cet effet nous allons commencer notre étude analytique concernant


quelques passages qui touchent la socialité du texte sur le plan social.

Prenons l’exemple d’une relation amoureuse fictive et illégitime entre Omar


Khayyâm et Dj-Ahane qui se voient en cachette qui a été crée par l’écrivain pour
réaliser une animation et une ardeur des événements, et pour faire ressortir au lecteur
sa vraie attraction et inspiration face au milieu de la société.

En vue de cela, L’adultéré est une relation extraconjugale prohibée et


interdite par les lois religieuses, est punie dans un bon nombre de pays musulmans
par les flagellations et la lapidation.

Les passages suivants illustrent notre parole:

« Chaque jour, au palais, ils se croisent, évitent de se regarder par crainte de se


trahir. Chaque soir, Khayyâm se hâte vers le pavillon, pour attendre sa bien-
111
aimée .combien de nuits le destin leur a-t-il accordées ?.... ».

«Une nuit parmi d’autres, cependant l’une des plus lourdes de l’été, Khayyâm sort
patienter sur la terrasse du belvédère : il entend, tout près lui il, les rires des
gardes du cadi, il s’inquiète. Sans objet, puisque dj ahane arrive et le rassure, nul

111
-ibid. p.51.
ne l’a remarqué.ils échangèrent un premier baiser, furtif, suivi d’un autre, appuyé,
c’est leur façon de finir la journée des autres, puis de commencer leur nuit. ».112

D’après ces deux passages, nous pouvons dire que les deux protagonistes se
rencontrent secrètement et s’ils sont surpris en flagrant délit d’adultère, ils seront
sévèrement punis selon les règles et les conventions de l’islam.

Grâce à cette scène, Maalouf a pu mettre au clair un point social et


communautaire véhiculé de façon déformée.

Nous trouvons que l’écrivain nous a posé aussi d’autres thèmes dans son
texte qui reflètent la société, concernant un acte brutal et grossier qui est la violence,
qui est tout à fait un thème très important traité par l’écrivain expressément dans son
roman.

D’ailleurs les passages ci-dessous montrent nos propos :

« Un vieillard aux longs membres squelettiques est déjà à terre, tète nue, cheveux
blancs épars sur un crâne tanné : de rage, de frayeur, ses cris ne sont plus qu’un
sanglot prolongé .ses yeux supplient le nouveau venu. Autour du malheureux,
une vingtaine d’individus, barbes brandies, gourdins vengeurs….. ».113

« Assurément, le balafré ne l’a pas reconnu puisqu’il se détourne de lui, se


penche à nouveau sur le vieillard, désormais muet, le saisit par les cheveux, lui
secoue la tète trois quatre fois, fait mine de vouloir la fracasser contre le mur le
plus proche, puis lâche subitement prise. Quoique brutal le geste demeure
retenu, comme si l’homme, tout en montrant sa détermination, hésitait à aller
jusqu’à l’homicide… ».114

La violence est pourtant à cette période, un comportement sanctionné par la


loi. Car, elle a des conséquences qui en résultant à se représentant sur l’unité sociale
en général et le bien-être de l’individu en particulier. Et dans ces passages, nous
constatons que l’écrivain nous a rapporté quelques événements relatifs à ce groupe

112
-ibid. p.52.
113
-ibid. p,16.
114
-ibid. p.18.
d’étudiant, Maalouf les a qualifiés de meute en vue de leur comportement sauvage et
bestial. Dj aber le long a été marginalisé parce qu’il est le disciple d’Avicenne et
s’adonne à la consommation du vin.

De plus, nous pouvons confirmer notre propos par d’autres passages dans
notre corpus afin de justifier notre analyse de la socialité tout en faisant appel à
d’autres thèmes parsemés dans le texte par l’écrivain.

Par exemple les concepts de la jalousie et la vengeance qui sont tout à fait des
thèmes très évidents et distinctifs dans l’œuvre d’Amin Maalouf, qui reflètent une
réalité sociale à une époque donnée.

D’ailleurs les extraits suivants illustrent notre intention

« …du jour au lendemain, il en fait l’un de ses familiers. Mais c’est Nizâm qui
alors ombrage de l’amitié qui s’établit entre Hassan et Malikshah.les deux
hommes sont jeunes, il leur arrive de plaisanter ensemble aux dépend du vieux
vizir...etc. ».115

« Aucun homme n’est plus embarrassé qu’Omar .il voudrait intervenir pour
calmer les esprits, trouver accommodement entre les deux adversaires. Mais si
Nizâm continue à le recevoir, il ne manque pas une occasion de lui reprocher
« le cadeau empoisonné » qu’il lui a fait. Quant à Hassan, il vit constamment
enfermé avec ses papiers, occupé à préparer le rapport qu’il doit présenter au
sultan.la nuit seulement .il consent à s’étendre sur le grand tapis du divan,
entouré d’une poignée de fidèles ».116

D’après ces deux passages ci-dessus, nous pouvons déclarer que l’auteur veut
nous dévoiler dans sons roman sa vision face à cette société du moment où il nous a
fait apparaitre un problème social, qui s’est passé à cette époque entre deux hommes
d’état à cette ère, l’un d’eux est haineux envers l’autre.

115
-ibid. p.99.
116
-ibid. p.102.
Par conséquent, ce sentiment de rivalité et de jalousie qui est entièrement
mentionné dans le roman, a fait ressortir des résultats funestes et d’autres problèmes
comme la vengeance. Une pratique sociale dangereuse traitée par l’écrivain dans son
texte d’une manière très claire.

De plus, les passages peuvent montrer notre propos:

«Mais l’homme de Kom reviendra, pour accomplir une vengeance


exemplaire ».117

«…Malik shah hurle de douleur, ses compagnons tremblent. Nerveusement, il


rejette sa coupe, crache ce qu’il a dans la bouche.il est plié en deux, son corps
se vide, il délire s’évanouit. Autour de lui, des dizaines de courtisans, de soldats,
et de serviteurs tremblent s’observant avec méfiance. On ne saura jamais qu’elle
main a glissé le poison dans la liqueur. À moins que ce ne fût dans le vinaigre.
Ou dans la chair du gibier ?mais chacun a fait le compte : trente-cinq jours se
sont écoulés depuis la mort de Nizâm. Celui-ci avait dit « Moins de quarante »
ses vengeurs sont dans le temps ».118

D’après notre propre explication de ces deux passages, nous pouvons dire
que l’auteur a réalisé un mélange organisé de sujets dans son texte reflétant
réellement la situation et la vérité sociale de cette région.et plus précisément d’une
classe sociale celle des souverains et leurs collaborateurs.

L’auteur nous a rapporté des réalités et des situations sociales vécues


touchant la vie personnelle de ces hommes, et les sentiments de la haine et la
vengeance que chacun témoigne envers son rival. Les ambitions démesurées des
êtres les poussent à commettre des crimes à dieux.

Amin Maalouf a mis en évidence des particularités majeures d’une écriture


reconnue dans son œuvre. Il a traité plusieurs thèmes et sujets qui renvoient à la
société par ailleurs il n’a pas oublié de visiter l’histoire, toute l’histoire des temps
immémoriaux pour la mettre à nos jours et sous nos yeux.

117
-ibid. p.109.
118
-ibid. p.155.
Maalouf nous a ramené des réalités historiques, politiques ayant trait aux
hommes célèbres qui ont défrayé la chronique, ainsi que la manifestation des ruines,
et des guerres provoquées par l’orgueil des responsables de l’orient et de l’occident.

Donc, cette partie est consacrée à l’analyse de quelques passages qui reflètent
la socialité du texte sur le plan historique.

Nous avons l’extrait suivant qui est tiré d’une réalité sociale

«Les Seldjoukides, Khayyâm les connait, ils peuplent ses premiers souvenirs
d’enfance. Bien avant qu’ils ne deviennent les maitres de l’Asie musulmane, ils
s’en étaient pris à sa ville natale, y laissant, pour des générations, le souvenir
d’une Grande Peur. Cela se passait dix ans avant sa naissance, les gens de
Nichapour s’étaient réveillés un matin, leur ville totalement encerclée par des
guerriers turcs. A leur tète deux frères Tughrul-Beg, « le Faucon », et Tchagri-
Beg « l’épervier », fils de Mikael, fils de Seldjouk, Alors d’obscurs chefs de clan
nomades tout récemment convertis à l’islam» 119

D’après cet extrait, nous constatons qu’Amin Maalouf nous a rapporté des
faits historiques réels à cette période et les a mis dans son texte, concernant deux
membres de la tribu turcs les deux frères Seldjoukides ont dirigé une domination
absolue ainsi qu’ils ont joué dans l’histoire universelle un rôle principal.

Seldjoukides ou Saldjuqide est d’ailleurs une :

« Dynastie turque qui domina l'Orient musulman du XIe au XIIIe s ».120

Ces deux personnages ont permis à Maalouf de rendre compte de deux


caractères opposés: la précipitation et la sagesse : deux qualités desquelles dépend la
pérennité ou la fragilité d’un royaume, d’une empire, ou d’une civilisation.

119
-ibid. p.53.
120
- www.larousse.fr/encyclopedie/groupe-personnage/Seldjoukides/143823.consulté le 10/05/2015.
Conclusion générale.
Conclusion générale :

Tout au long de notre modeste travail de recherche universitaire, nous nous


sommes évertués à atteindre l’objectif que nous nous sommes fixé.

Cette étude, nous a permis d’avoir une idée claire sur l’écriture maaloufienne
et sur ses sources principales d’inspiration, en grande partie l’histoire humaine,
notamment dans « Samarcande ».

Les textes maaloufien possèdent un parcours initiatique de multiples cultures


et langues, et spécialement notre corpus « Samarcande ». Cela exprime exactement
sa mise en œuvre des rapports et des interactions entre les peuples de l’orient et de
l’occident, et ce pour lever le voile sur les réalités vécues.

Nous constatons, que notre écrivain réunit des événements et des faits réels
relatifs à l’histoire de l’humanité tout en les mettant sous l’ombre de son écriture
fictionnelle. Il a construit le plus important de son œuvre romanesque sur les grands
moments historiques.

Maalouf n’a pas cessé de créer des liens presque impossibles entre
différentes personnalités historiques et fictionnelles.

« Samarcande» représente le rapport entre l’histoire et la fiction. L’écrivain


cherche à partir de cette création littéraire à assurer l’adhésion d’un large lectorat.

Par conséquent, avec cette écriture, Amin Maalouf a pu donner une nouvelle
direction et un nouveau courant à cette littérature du moment où il a déclaré
implicitement son influence, son inspiration, son respect envers quelques
personnages emblématiques qui sont cités dans le roman. Ils ont cohabité
constamment avec des personnages textuels dans divers espaces et divers moments.

Cette perspective est le fil conducteur et l’enjeu de notre recherche


universitaire.
Nous avons pu découvrir, qu’Amin Maalouf fait apparaître dans son texte de
nouveaux aspects formels relatifs à sa réécriture concernant le niveau et le plan
thématique. C’est une technique fondée sur la diversité et l’abondance des thèmes.

Rattrapant la question centrale de notre problématique, que nous avons déjà


montrée dans l’introduction :

« Comment Amin Maalouf arrive-t-il à faire cohabiter les personnages


historiques (êtres réels) et les personnages textuels (êtres fictifs) dans
« SAMARCANDE » ?

Pour résultat, nous avons remarqué que les faits historiques réels et la
cohabitation des personnages de tout bord, est une forme d’exhortation lancé en
direction de l’humanité toute entière pour une meilleure vie loin de toutes les
considérations de race, de religion ou d’origine et faite de paix, de sécurité et
d’acceptation de l’altérité.

La socialité du texte s’est construite au fur et à mesure de la progression du


texte. Il a été question d’enfermement, de guerre et surtout d’exil.

En conclusion, nous espérons avoir atteint l’objectif que nous nous sommes
fixé. Samarcande offre une variété de pistes de recherches en dehors de celles
exploitées dans notre mémoire : rapports tendus et sous tendus par des considérations
de religion, de race et rejet de la différence.
Bibliographie
Bibliographie

1-Ouvrages littéraires :
-corpus d’analyse :

 Maalouf Amin, « SAMARCANDE », C. Lattès, Paris, 1988.

2-ouvrages théoriques :

 -Jouve. Vincent, «Poétique du roman », Armand Colin, Paris, 2007.


 -Hamon Philipe, « Pour un statut sémiologique du personnage, revue Littérature,
1972 ; réédité dans Poétique du récit, Seuil, 1977).
 Françoise Rullier-Theuret, « L’approche du roman ».Hachette. Coll.2001.
 Cross. Edmond, « La sociocritique », Paris, L’Harmattan, 2003.

3-les dictionnaires :

 Larousse.

4-la Sitographie :

 -damienbe.chez.com/biokha.htm.consulté le 15/03/2015.

 -fr.wikipedia.org/wiki/Hassan_ibn_al Sabbah. Consulté le 15/03/2015

 -fr.wikipedia.org/wiki/Nizam_al-Mulk.consulté le 15/03/2015
 -www.oujdacity.net ›. Journal› International. Consulté le 25/03/2015.
 -www.larousse.fr/encyclopedie/groupepersonnage/Seldjoukides/143823 consulté
le.10/05/2015.

 -fiche 1.1notions et concepts /manuel A, page 260 et 261, 263, et 264.consulté le


15/12/2014.
 -www.memoireonline.com/...955/m_de -ta-tradition-la... consulté le 15/03/2015.
 -www.persee.fr/…vues/home/prescript/article/caief.consulté le 16/03/2015.
 livre.fnac.com/…erre-V-Zima-Manuel-de-sociocritique.consulté le 15/03/2015.
Annexes
Annexes :

HISTOIRE DE LA SECTE DES ASSASSINS

Les Ismaélites, tout en se rattachant au souvenir de Mahomet,


interprétaient l’islamisme à leur gré, et le dénaturaient entièrement. Ils
défendaient de prendre au sérieux les pratiques du Coran, telles que la prière, le
jeûne et l’aumône, et le khalife fatimide Hakem fonda au Caire une société dite
de sagesse, qui condamnait tout ensemble le khalife de Bagdad, comme
usurpateur, la foi et la morale comme des préjugés et des folies. La secte des
Assassins est sortie de cette école.

Hassan, fils de Sabbah, était né dans le Khorasan ; son père, partisan


d’Ali, l’avait confié, pour éviter les soupçons, à un Sunnite renommé par sa
vertu entre les partisans du khalife de Bagdad ; mais de fréquentes conversations
avec les Ismaélites l’entraînèrent dans leur doctrine, et il passa en Égypte pour
recevoir de la bouche du khalife fatimide lui-même l’enseignement de la vérité.
Accueilli avec empressement, admis à la plus intime faveur, et bientôt disgracié
par l’habileté des courtisans, il revint en Asie à travers mille dangers, rapportant
un grand désir de puissance, et tous les moyens nécessaires pour y parvenir (vers
l’an 1073).

Hassan fit rapidement des disciples nombreux, et avec leur dévouement il


s’empara de la forteresse d’Alamout dans le voisinage du sultan Malek-Schah.
D’autres châteaux s’élevèrent dans les environs ; en vain Malek-Schah voulut les
détruire ; son grand vizir fut mis à mort par un des disciples d’Hassan, et lui-
même mourut sans avoir le temps d’assurer sa vengeance. D’autres meurtres,
d’autres menaces, agrandirent cette puissance naissante. Le sultan Sind jar, qui
régnait dans le nord-ouest de la Perse, s’était déclaré l’ennemi des nouveaux
sectaires : un matin à son réveil, il trouve un stylet près de sa tête, et au bout de
quelques jours il reçoit une lettre ainsi conçue : « Si nous n’avions pas de bonnes
intentions pour le sultan, nous aurions enfoncé dans son cœur le poignard qui a
été placé près de sa tête. ». Sind jar fit la paix, par crainte, et accorda à Hassan, à
titre de pension, une partie de ses revenus.

On dit qu’Hassan habita Alamout pendant 35 années, et que, dans cet


intervalle, il ne se montra que deux fois sur la terrasse de son palais.

C’est alors qu’il organisa la société créée par lui, et qu’il la divisa en
trois classes, les dais, les reficks, et les fédaviés. Les dais étaient les docteurs, les
prédicants, chargés de convertir les infidèles. Les reficks étaient les
compagnons, les initiés de la doctrine ; le peuple soumis à l’autorité tout à la fois
religieuse et temporelle du chef suprême. Les fédaviés ou dévoués, étaient les
instruments des volontés et des vengeances de leur maître.

Enfermés dès leur enfance dans les palais, sans autre société que leurs
dais, les fédaviés apprenaient que leur salut éternel dépendait de leur
dévouement et qu’une seule désobéissance les damnait pour toujours. A cette
crainte du châtiment se joignait avec la même efficacité l’espoir des
récompenses; on leur promettait le paradis, on leur en donnait quelquefois une
jouissance anticipée. Pendant leur sommeil, provoqué par une boisson enivrante,
ils étaient transportés dans de magnifiques jardins où ils trouvaient à leur réveil
tous les enchantements de la volupté ; après quelques jours de félicité extrême, le
même breuvage les endormait de nouveau, et ils retournaient sans le savoir au
lieu d’où on les avait emportés. A leur réveil ils racontaient, comme un songe ou
comme une réalité, cette sorte de ravissement dont ils avaient joui, et ils
s’animaient encore, par ce souvenir d’un bonheur passager, à mériter celui qui
n’aura pas de fin. Introduits quelquefois devant leur seigneur, celui-ci leur
demandait s’ils voulaient qu’il leur donnât le paradis, et sur leur réponse qu’ils
étaient prêts à exécuter ses ordres, il leur remettait un poignard et leur désignait
une victime.

Cette, société porta différents noms; on les appela Ismaélites orientaux,


pour les distinguer de ceux d’Égypte ; Bathéniens ou partisans du culte
intérieur ; Molahed ou impies ; et enfin Assassins. Ce nom n’est qu’une
corruption de hachichin, qui lui-même vient de hachich ; le hachich était un
breuvage enivrant qui servait à endormir les fédaviés. Le chef suprême s’appelait
le Seigneur des couteaux, et plus souvent le seigneur de la Montagne, Scheick al
Djébel. Le sens primitif de seigneur, dérivé de senior, a fait traduire ce mot par
Vieux de la montagne.

La puissance des Assassins s’étendit successivement depuis la


Méditerranée jusqu’au fond du Turkestan. Leurs châteaux étaient divisés en trois
provinces : celles de Djébel, de Kuhistan et de Syrie ; chaque province avait à sa
tête un dailbekir, immédiatement soumis au Vieux de la montagne. Pendant les
150 années que remplissent les règnes d’Hassan et de ses successeurs, ils
entretinrent une continuelle terreur dans l’âme de tous les souverains de l’Asie.
Le seul prince qui ne fléchit pas devant eux, et dont ils révérèrent la fermeté, ce
fut Saint-Louis : il leur signifia qu’il était mécontent de leurs menaces, il
demanda et il obtint réparation.

Les Assassins ne succombèrent que sous les coups des Mongols en


1258 ; le septième successeur d’Hassan, Rokneddin Kharchah, régnait alors. Les
Mongols, sous la conduite d’Houlagou, le vainquirent et le mirent à mort. Les
Assassin, recherchés dans toute l’Asie, furent impitoyablement massacrés,
partout où il fut possible d’en trouver. Cependant ils ne purent tous être atteints,
et il en existe encore aujourd’hui dans la Perse, sur les bords de l’Indus et du
Gange, et dans les montagnes du Liban ; ils ont perdu leur puissance et leur
fureur de meurtre; mais ils conservent. en partie la doctrine ismaélite.

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