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Dubuisson Pauline

Mas Jeanne Histoire des arts romains antiques groupe 20/28

L’Agora de Palmyre

La ville de Palmyre, anciennement Tadmor, se situe dans l’actuelle Syrie, dans la


région désertique de la Palmyrène.
Si cette ville devient une colonie romaine, sou Caracalla en 217, c’est parce
qu’elle a toujours eu un rôle particulier d’échanges.
En effet, au temps des caravaniers, elle fut une halte, puis elle devint un
carrefour commercial, avant de servir d’entrepôt. Elle prend un intérêt politique
pour l’Empire Romain, par sa position de ville tampon face aux Parthes. En 130
avant Jésus Christ, Hadrien lui offre le statut de ville libre, s’enclenche alors un
processus de rénovation urbaine. Elle prend alors le nom de Hadriana Palmyra.
Par cette position de ville tampon, comment l’Empire Romain transforme la place
architecturalement, pour montrer sa toute puissance et l’intégrer à l’Empire ?
En effet nous retrouvons les trois fonctions de puissance que sont : la politique, la
religion et l’économie à travers l’Agora de Palmyre.
C’est pourquoi dans un premier temps nous décrirons les monuments du
complexe, présentatifs de ces fonctions. Et dans un deuxième temps, nous nous
attacherons aux éléments architecturaux, symboles de la propagande culturelle
romaine.

I/ Analyse descriptive et fonctionnelle du site

A : l’agora et la curie

Nous allons commencer par parler de l’ensemble agora-curie. L’agora de


Palmyre s’intègre dans la continuité des agoras ioniennes de plan péristyle,
typique du monde grec. C’est une cour de 84m sur 71, pas dallée, entourée de
quatre portiques (périptère). A l’origine, c’est ici que partaient et arrivaient les
caravanes. Elle a gardé sa fonction commerciale, c’est là que se déroule les
transactions. C’est une place publique, un centre administratif et religieux.
Certaines places ont aussi une fonction de macellum (marché romain avec une
entrée unique et des étals en pierre). A Palmyre, il manque le tholos, temple
circulaire, dans la cour intérieure, ainsi que des boutiques. Par contre, la fonction
religieuse est présente avec la curie, petit temple à l’ouest de la place.
Cependant, ce n’est pas sûr que ce soit un édifice religieux.
Le mur ouest(D) ne s’ouvre que sur la curie. Le mur nord-est(A) a quatre portes
dissymétriques, peut-être due à la fonction de l’espace situé à l’extérieur. Le mur
sud-ouest ( C) et le mur sud-est (B) sont symétriques. Il y avait 80 colonnes,
avec un écart plus important au milieu du mur B. Cela correspond à la porte
donnant sur la basilique-marché. (A l’angle est, une tribune a peut-être été
rajoutée.)
Sur la façade est, des colonnes ont été construites lors d’un projet urbanistique
qui fut abandonné. Cela devait former un portique. Il devait être couvert en
terrasse, mais se pose le problème de l’approvisionnement en bois, plutôt rare
dans cette région désertique. Peut-être que le toit était composé de branchages
recouvert d’argile crue. Ceci est aussi valable pour le passage entre les murs et
les colonnes.
A l’origine, la curie était ouverte sur l’agora. Puis elle a été fermée et aménagée

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en salle de réunion. Le long des deux plus longs murs des banquettes furent
ajoutées. Les hommes se réunissaient pour des activités civiles, même si cette
salle a une connotation religieuse. Pour certains historiens, la curie servait de
tabularium, c’est-à-dire qu’étaient conservées les archives de la ville. La fonction
de la curie n’est pas encore totalement définie, elle est parfois
mélangée/confondue avec le sénat.

B : la basilique-marché

Cette salle est connue sous le nom de salle annexe. Elle est située sur le côté
long de l’agora. Ce devait être une basilique romaine, mais ce projet fut
certainement abandonné. Elle n’a jamais été couverte. A la place se sont
exercées les activités commerciales et juridiques. Le côté sud-ouest(G) ouvre sur
un vestibule d’une profondeur de 13m77, qui rendait l’entrée solennelle. On peut
penser que le tribunal était le long du côté nord-est (E ), puisqu’il reste des
corniches. Mais la construction ne fut pas terminée, peut-être car le projet était
trop romain (dans un monde grec et nomade), par manque de bois ou d’envie
politique. La salle a donc servi de marché, avec la loi fiscale affichée à l’entrée
(1,50m de haut sur 5m de large). Ce marché devait compléter celui de l’agora,
qui pouvait être spécialisé.
Etant dans un monde nomade, les boutiques devaient se tenir sous des tentes ou
des constructions temporaires. L’ensemble de l’agora entre la curie et la
basilique rappelle le complexe ce Cuicul.
Elle pouvait aussi avoir une fonction politico-religieuse, s’il a existé un temple
dédié au culte impérial. Des inscriptions parlent de statues équestres et de
prêtres des Augustes. Mais c’était peut-être sur l’agora. De plus rien n’atteste ce
culte.
C’est une grande salle de forme rectangulaire, faisant 75m sur 37. Elle est
construite en blocs de calcaire dur. Le sol n’est pas dallé, et il est 50 cm plus haut
que celui de l‘agora. Les murs font 10m50 de haut pour une épaisseur de 0,94m.
Au milieu du vestibule devait se tenir une rangée de colonnes, formant un
portique avec deux colonnes engagées. L’accès à la basilique se faisait par neuf
portes, regroupées trois par trois. Celles des murs B et F se correspondent. Sur la
façade F, les portes sont légèrement plus larges. Les plus grandes et
monumentales sont celles donnant sur le vestibule. La porte centrale fait 4,42m
de large pour 7,82 m de haut. Les portes latérales font 3,25m pour une hauteur
de 5,85m. Entre chacune de ces portes se trouve une grande console murale,
sans inscription. Sur les murs B et F, il y a deux fois quatre fenêtres de 2m de
haut sur 1,20 de large. Elles sont à 1,27m au dessus de la plinthe. Cette dernière
fait 30 à 40 cm, jusqu’à 60 devant les portes.
Le mur E, construit plus tard, est moins épais, moins solide que les autres et il n’a
qu’une seule petite fenêtre. Il n’est pas rectiligne par rapport à l’agora. Des
traces de réfections peuvent faire penser que ce mur à été rajouté ou reconstruit,
de plus il n’y a pas de pilastres. Mais le style est identique. Cette salle n’avait pas
de portique mais un projet a du être fait car il y a cinq bases de colonnes.
Lors d’une première urbanisation, les Romains ont décidé la construction de
l’ensemble agora-curie-basilique, puisque les façades sont alignées au sud-ouest
avec de monumentales entrées. Ceci montre qu’à cette période l’axe principal de
passage était au sud de la ville. Plus tard, le mur nord-est( E) de la basilique fut
fermé, un édicule fut construit( petit édifice isolé, sur la voie publique). La grande
colonnade marqua un changement dans la ville, avec le passage principal du
côté est.

C : le sénat

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Cet édifice est plus récent. Il est situé entre la basilique-marché et


l’hémicycle du théâtre. Il est entouré de boutiques. Le vestibule est entre cinq
boutiques, il donne sur une pièce avec un péristyle. Au nord-est se trouve une
salle rectangulaire, et au sud-est la salle en hémicycle du sénat. Cette salle fait
4m85 de large sur 5m80 de profond. La construction est différente des autres
bâtiments: les fondations sont faites de deux séries de pierres en calcaire dur
parallèles.
La banquette de l’hémicycle a une largeur de 1m68. A l’arrière de la salle, le mur
a une orientation différente du mur F. Le passage entre cette salle et celle à
péristyle se fait par un gradin à trois pierres, ainsi que par quatre longues pierres
un peu surélevées par rapport à la salle. Ces dernières sont particulières: les
deux centrales font 1m30 sur 80,5cm et il y a des traces de fixation permettant
d’ouvrir les portes vers l’hémicycle. Les deux pierres latérales (1m80 sur 70cm)
ont les fixations des piédroits d’un arc situé devant. Tout cela montre qu’il était
possible de fermer les portes de l’intérieur.
La salle rectangulaire fait 11m10 sur 10m40. Elle a au centre un petit péristyle
(bâtiment entouré de colonnes sur les quatre côtés) de 4m43 sur 4m15. Les dés
supportant les bases de trois colonnes sont présents sur trois côtés de la pièce.
(Pour accéder à la salle au nord-est, trois passages sont fait entre les colonnes.)
Le vestibule fait 4m35 de large sur 2m40 de profond. Il était entouré de colonnes
du côté du péristyle, et de l’autre côté un seuil avec gradin permettait de sortir
de l’ensemble du sénat.
Nous ne savons pas exactement sa fonction. Certains historiens pensent que
le bâtiment correspond à une maison de l’époque tardive (sous Elagabal). Des
éléments comme le péristyle et la décoration pourrait correspondre, à moins
qu’ils ait été récupéré de la basilique. Les boutiques à proximité lui donnent une
activité commerciale. Se pourrait être un local de réunion, une schola (école ou
groupe en latin). Ce secteur apparait comme un complexe commercial, avec
récupération de bâtiments originellement conçus pour des fonctions
économiques, judiciaires et religieuses.
Le côté nord-est est particulier car les colonnades extérieures ne sont pas
perpendiculaires et ont été rajoutées. De plus un emmarchement donne sur la
rue. L’entrée a peut-être été monumentalisée. Le projet étant plus récent, les
techniques sont différentes. Si ces bâtiments et constructions sont ainsi
organisés, c’est par manque de place, lié au développement de la ville.

II/ Description des éléments architecturaux

A : L’Agora et la Basilique-marché

Ces deux grandes cours ont en commun la même organisation décorative : un


ordre de pilastres corinthiens (= est un support carré terminé par une base et par
un chapiteau. Un pilastre est incrusté dans un mur tandis que le pilier est un
élément isolé. Tous deux sont des éléments porteurs.), rythme les parois murales
à l’intérieur des cours.
Cet ordre parait régulier, alors qu’il s’élargit lorsqu’il encadre des portes.

Sur le mur mitoyen entre l’agora et la basilique-marché (B), les entraxes (=


distance séparant les axes de deux éléments identiques voisins.) qui ne sont pas
occupés par des portes sont percés de fenêtres.

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A l’exception de l’extrémité du mur B, il ya comme une symétrie : trois portes


séparées de part et d’autres de l’axe central par quatre fenêtres.
L’organisation du mur A est moins claire, on reconnait dans la moitié Est une
symétrie entre une grande porte centrale et deux petites portes latérales. Alors
qu’une seule porte, la plus grande de se côté, occupe la moitié nord.
On ne peut pas savoir pourquoi cette partie a été aménagée comme cela, car les
fouilles de se côté n’ont pas encore été finies.
Le mur D n’est percé que d’une petite porte.
Le mur C, qui a été très remanié par la construction du rempart, était percé
systématiquement de trois portes, séparées par quatre pilastres appliqués
régulièrement.
La dissymétrie de l’organisation décorative de l’agora était cachée par une
colonnade.

La basilique-marché a une organisation décorative murale plus simple.


Les murs B, F, et G étaient percés de trois portes organisées symétriquement
autour d’une porte centrale.
Sur les murs, pilastres er fenêtres rythmaient les parois de la même façon que
sur le mur B. la face G n’est pas percée de fenêtres, mais seulement ornée de
deux pilastres symétriques entre les portes.

La base des pilastres et des colonnes sont du type attique le plus courant pour
cette période.
Les fûts sont lisses et sans ornements. A un tiers de fûts (= Corps d'une colonne,
entre la base et le chapiteau) faisait saillie des consoles qui portaient des
statues. En bronze ou en pierre ? Elles ont disparues. Les consoles ont une
mouluration lisse et sont généralement inscrites.
Tous les chapiteaux des colonnes du portique sont corinthiens. Et la structure
décorative des chapiteaux de colonnes et de pilastres des deux cours sont
identiques.
Les architraves (= partie principale de l'entablement entre la frise et le
chapiteau.)
et contre-architraves du portique et les architraves murales extérieures et
intérieures de l’agora, présentent la même mouluration lisse, à un ou deux
détails près : ceux sont des architraves à trois fasces (= les frises ou les trois
bandes qui composent l'architrave.) séparées par des baguettes.
Les frises étaient plates et sans décors.
Les onze portes de l’agora et les trois portes de la basilique-marché sont mal-
conservées. On peut distinguer des portes principales de grande taille, et des
portes latérales plus petites.
Pour la plus part d’entre elles, seule la partie inférieure des piédroits (= mur ou
pilier sur lequel s'appuie une voûte ou une arcade) est en place. Quand à celles
qui sont encore entières comme la porte centrale de la basilique-marché, elles
sont très érodées et leur décor est difficilement lisible.
Le mur B est percé de huit fenêtres. Un dispositif de fermeture par volets était
prévu, accessible depuis la basilique-marché. On en déduit donc que ces fenêtres
appartiennent donc à la basilique-marché plutôt qu’à celui de l’agora, que cette
salle rectangulaire avait donc besoin d’un éclairage dans le projet initial et enfin
qu’elle nécessitait une fermeture->basilique civile ouverte.
Elles sont toutes identiques, toutes rectangulaires surmontées d’une corniche et
d’un fronton triangulaire.

B : L a Curie et le Sénat
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1. La Curie
-l’extérieur :
La façade de cet édifice rectangulaire est dans le prolongement du mur D.
L’ordre des pilastres muraux de l’agora se poursuit avec deux colonnes entre
deux pilastres corinthiens, couronnés par la même architrave et la même frise
lisse enclavée.
Le mur sud-ouest de cet édifice est orné extérieurement de pilastres. Alors que le
mur symétrique, au nord-est, est sans ornements, à part un pilastre d’angle
incomplet.
Cela confirme l’hypothèse que ce côté de la ville, auquel l’agora tournait le dos,
n’était pas au moment de la construction un espace de circulation.
Les pilastres et les colonnes sont dressés sur des piédestaux couronnés d’une
simple mouluration.
Les chapiteaux sont très érodés et ne permettent pas de voir s’ils sont de même
facture que ceux de l’agora.
-l’intérieur :
A environ un tiers de la hauteur du mur, un bandeau sculpté en saillie orne
l’intérieur de l’édifice, sur les longs côtés et le fonds. Il s’arrête de part et d’autre
d’un renfoncement rectangulaire central, situé au dessus d’un large piédestal.
Contre ce dernier une pyrée monolithe est adossée.
Assez peu d’éléments nous restent pour faire une étude stylistique du décor de
cet édifice. Dans un premier temps en considérant les désordres, on a pu se
demander si ce bâtiment a bien été construit en même temps que le mur de
l’agora, ou si son premier état ne constitue pas déjà un remaniement du projet
initial.
Mais la parfaite jonction des deux murs, nous montre bien qu’ils ont été
construits en même temps.

2. Le Sénat
Ou l’édifice à banquette semi-circulaire.
Très peu d’éléments du décor architectural sont conservés, mais ils sont
significatifs :
Quatre bases du petit péristyle central. L’une d’entre elles comporte le fût
de départ, qui est cannelé (très rare en Syrie).
Un petit chapiteau corinthien correspondant aux bases. Sur la face la plus
ornée, un décor d’entablement avec une architrave lisse à deux bandeaux.
Sur l’autre face, un simple décor d’architrave avec trois bandeaux séparés
par un rang de perles.
La date de construction de se pseudo-sénat peut être délimité, il est postérieur
au remaniement du mur E de la basilique-marché.

Nous avons vu que les éléments architecturaux ne sont pas tous homogènes,
cela montre bien l’évolution des différents statuts de la ville, et la politique de
l’Empire Romain. En effet les constructions ne sont pas toutes de la même
époque.
Cependant on remarque un désir d’uniformité à travers les éléments décoratifs.
La ville reste donc bien une vitrine de Rome, dans ce monde menacé de tous les
côtés.
Nous avons aussi remarqué qu’elle suit un modèle indirectement issu des
ensembles architecturaux de l’Asie Mineure hellénistique (de très grandes cours à
portiques fermés, et la représentation des trois fonctions à proximité) et romaine.

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Il ressort également que l’Agora fut laissé inachevée et incomplète, car il manque
un temple d’une certaine envergure. Cela peut s’expliquer par le manque de
place, et par la préexistence du temple de Bêl.

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