Vous êtes sur la page 1sur 5

La maison aux 5 mosaïques à

Saint Romain en Gal

L’empire romain, s’il se caractérise par des monuments publics comme


nous l’avons étudié précédemment, est aussi composé de monuments privés. Ils
sont facteurs d’une composante plus résidentielles mais néanmoins tous aussi
intéressante car il nous informe sur le mode de vie de l’époque.
Dans l’Antiquité, la ville de Vienne situé près de Lyon s’étendait sur les
deux rives du Rhône. On connait sur le site les traces d’une occupation ancienne,
néolithique puis de l’âge de bronze. Mais les premiers témoins d’un habitat
permanent datent du Ier siècle avant JC. A cette époque, le Dauphiné et la Savoie
sont occupés par un peuple gaulois : les Allobroges. En 125 av JC, les romains
interviennent dans le midi de la Gaule. Ils vainquent le peuple des Salyens qui se
réfugient alors chez les Allobroges. Rome exige qu’on les lui livre mais les
Allobroges refusent et les légions romaines remontent la vallée du Rhône et en
121 infligent une grave défaite aux armées allobroges. Tout leur territoire est
alors annexé à la nouvelle province romaine. C’est entre l’annexion à la province
romaine et l’époque césarienne que les « aristocrates » allobroges font de Vienna
une ville digne de ce nom. Durant la conquête par César de la Gaule intérieure,
Vienne demeure fidèle à Rome. Elle reçoit en récompense le titre de colonie
latine, ce qui signifie que les habitants jouissent de certains droits interdits aux
autres Gaulois. La ville porte un titre éclatant : « Colonia Julia Viennensium »
c'est-à-dire « colonie julienne (du nom de Jules César) des viennois ». Elle
s’organise sur le modèle de Rome. Quelques années plus tard, Vienne reçoit de
l’empereur Auguste le statut de colonie romaine. Elle s’appelle dès lors « Colonia
Julia Augusta Florentia Viennensium » c'est-à-dire « colonie julienne Auguste
Florissante des Viennois ». La deuxième moitié du Ier siècle et le IIème siècle
sont des périodes prospères pour la Gaule et se traduisent à vienne par un
important développement urbain. Le site de Saint Romain en Gal était situé sur la
rive droite du fleuve et comprenait un quartier suburbain, résidentiel et
commercial de plus de 20 hectares. Le commerce de la ville est important : le
Rhône, par Lyon et Genève conduit de la Méditerranée vers le nord de l’empire et
inversement.
L’urbanisme antique de vienne ne correspond pas au schéma
habituellement appliqué dans la construction des villes romaines. Le quartier de
Saint Romain en Gal présente une structure très irrégulière : trois voies et deux
ruelles divisent l’espace en cinq îlots dont aucun n’est quadrangulaire. Chaque
îlot sont composés de bâtiments à destination différente. Ainsi dans le premier
îlot voisinent une riche demeure, des locaux commerciaux et un atelier de
teinturier. La Maison dite des dieux océans occupe l’essentiel du premier îlot.
Grande maison de 2500 m2 elle fut l’objet de nombreuses fouilles. La Maison dite
aux cinq mosaïques, que nous allons étudier, occupe l’angle nord-est de l’ilot de
la maison des dieux océans.
Nous allons donc voir en quoi la maison aux cinq mosaïques illustre le
mode de vie de la population à l’époque gallo-romaine.
Nous verrons donc tout d’abord la structure architecturale de la maison
puis nous nous concentrerons sur les cinq mosaïques retrouvés dans la maison.

1
I) LA MAISON AUX CINQ MOSAÏQUES

La Maison au cinq mosaïques, au regard de la maison des dieux Océans, fait


figure de petite maison. De forme rectangulaire (36.80m*13.60m), elle occupe
une superficie de 468m2. Elle a été édifiée au IIème siècle après JC sur
l’emplacement d’un bâtiment commercial. On la considère comme une ensemble
indépendant, mais il n’est pourtant pas exclu qu’elle ait fait partie de la grande
domus voisine dans son état final. Cette maison est différente des riches
demeure avoisinante du quartier. Elle diffère de part sa taille et sa décoration. Le
plan de la maison est transversal.

a) L’entrée et le jardin à portiques

L’entrée de la maison est situé sur le grand côté de la parcelle. On y accède à


partir de la voie nord-sud appelé rue du commerce. Par l’entrée, on passe
directement au jardin central. A l’inverse des autres espaces de la maison, le
jardin se révèle à la vue de tous. Il permet d’agrémenter l’habitation d’une
touche naturelle conjuguant eau et végétation. Ce jardin est entouré sur trois
côtés par un bassin en U recouvert de marbre blanc et un portique. Les colonnes
reposaient sur des dalles calcaires (stylobate) placées légèrement en retrait du
bord du bassin. La plinthe de calcaire blanc qui décorait le bord intérieur est
encore visible de nos jours. Ce péristyle (= cour ou jardin entouré d’une
colonnade (portiques)) est l’élément centrale de la maison. L’entrée et le jardin,
située à égale distance des deux secteurs de la maison, joue le rôle de vestibule.
Le vestibule étant la pièce d’accueil se doit d’annoncer l’opulence par une
décoration digne du rang de son propriétaire.

b) Le secteur privé de la maison

A droite de l’entrée (au Nord), se trouve le secteur privée de la maison. Les trois
premières pièces correspondent aux pièces d’habitations principales. On trouve
deux chambres, une plus grande que l’autre, ouvertes vers le sud sur le jardin. La
plus petite, pièce exiguë, était précédée d’un petit vestibule avait un sol de béton
à gros élément de calcaire (terrazzo signinum). La chambre à coucher, à l’étage
ou au rez-de-chaussée, fournissait le cadre le plus approprié à la retraite
individuelle. Les premières ont naturellement disparu et on reconnait les
secondes à leurs modestes dimensions et leur sol assez commun. Au lit,
s’ajoutait vraisemblablement une table, des sièges et peut être une armoire ou
un coffre, ameublement amplement suffisant pour un espace d’une quinzaine de
mètres carrés. La pièce du fond, la plus grande, était une salle à manger.
En arrière, accessible par un étroit couloir, se déploie une grande salle de service
au sol de béton comprenant un foyer en brique disposé contre le mur est. Peut
être s’agit-il d’une autre salle à manger, utilisé pendant la période froide. Enfin,
l’angle nord-ouest de la maison est occupé par une pièce plus petite munie
également d’un foyer en brique dans un angle sur lequel cuisaient les aliments,
et qui possède deux caniveaux se déversant dans un égout circulant sous la
ruelle. Ces deux aménagements permettent de considérer cette pièce comme
une cuisine. Attenant à la cuisine, on trouve une petite salle de bain comprenant
2
un chauffage, un hypocauste, pour chauffer l’eau. (Hypocauste = système de
chauffage souterrain très fréquent dans les salles de bains privées et les thermes
publics. L’air chaud produit par un foyer circule sous les sols et remonte le long
des murs, à travers des briques creuses les tubulis).
L’accès à l’étage est restitué par un local placé sur le côté de nord de l’entrée. La
position de l’escalier indique que le portique du jardin était surmonté d’une
galerie permettant de desservir les pièces de l’étage.

c) Le secteur de réception

A gauche de l’entrée, côté sud, on trouve le secteur de réception de la maison


composée de deux grandes pièces. Au sud ouest, la salle à manger en saillie
s’ouvre largement sur le jardin dépourvu de portique de ce côté la. La maison est
donc pourvu de deux salles à manger certainement adaptées aux diverses
circonstances, grandes salles à manger d’apparat pour la réception des hôtes de
marque et salle à manger quotidiennes de saison. Les salles à manger romaines
étaient composées de lits de table (triclinium). Les lits, en bois ou maçonnés,
sont disposés autour de la table de repas (la mensa). Chaque lit, recouvert d’un
matelas ou de coussins, peut accueillir jusqu’à trois personnes allongées en
travers, qui s’appuient sur leur coude gauche pour manger de la main droite. Un
usage très strict définit la place de chacun : le maître de maison occupe le lit de
gauche avec les membres de la famille, à proximité du convive principal qui se
tient sur le lit principal. Les autres invités se répartissent sur les places restantes.
Le repas dans le triclinium était réservé à quelques invités soigneusement
choisis.
Sur sa gauche, aménagé au bout de la galerie d’entrée, se trouve le salon, qui
offre d’avantage d’intimité. Cette pièce plus petite se prête d’avantage à des
visiteurs quotidiens. C’est un lieu de repos et de conversations particulières. Un
lit et quelques sièges devaient constituer le mobilier de cet espace.
Les latrines se trouvaient dans ce secteur pour répondre aux présentes
nécessités des invités et des propriétaires. L’aspect de ce lieu était très
conventionnel : des sièges percés en bois ou en pierre surmontaient le chenal
établi au bas des murs et qui se vidaient directement dans l’ambitus (= étroit
passage entre deux propriétés qui recueille les eaux usées).

Outre l’aspect purement architectural de la maison, nous allons maintenant


étudier le décor de la maison et plus précisément les cinq mosaïques, étant
donné qu’elles constituent surement l’attrait principal de la maison car elles
donnent leur nom à la maison « la maison dite aux cinq mosaïques ».

II) LES MOSAÏQUES

La maison comporte ici cinq mosaïques. Ce n’est pas forcément signe de richesse
car la maison était de taille modeste et les maisons voisines, plus étendues,
devaient posséder de nombreuses mosaïques. Mais, le nombre important de
pavement retrouvé dans la maison aux cinq mosaïques favorise au mieux la
restitution du lustre d’antan de ces habitations. L’identification de la maison est
donc plus aisée avec la découverte de ces mosaïques. Cette maison était tout de

3
même l’une des plus décorées car presque toutes les pièces comprenaient une
mosaïque.
Les mosaïques de la maison datent d’environ 160 après JC.

a) La mosaïque de l’entrée

Le seuil de l’entrée de la maison était borné intérieurement par une bande de


mosaïque à motifs swastikas (croix gammées). Cette mosaïque est monochrome
et représente des motifs géométriques. Elle est de taille de modeste et pas
beaucoup chargé de motifs. En effet, sa composition reste simple.

b) Les deux mosaïques du bloc nord

La première mosaïque du secteur privée de la maison se situait à droite de


l’entrée, dans la pièce la plus grande du fond : la salle à manger. Le motif de la
mosaïque imitait le parement d’un mur. Le tapis est sobre, en noir et blanc,
tandis que la bordure de la mosaïque et alambiquée et colorée.
La deuxième se trouvait dans la face nord du péristyle ainsi que dans le vestibule
de la petite chambre. Elle est également noire et blanche. Elle comprend des
formes géométriques comme des carrés et des octogones.

c) Les deux mosaïques du bloc sud

La mosaïque aux Xenia ornait la grande salle de réception de la maison. (xenia=


cadeau offert par le maître de maison à ses invités en signe d’hospitalité). Elle
présente un ensemble de sujets de grande qualité, disposés dans les cases
(cercles ou rectangle) d’une structure géométrique. Les motifs se rapportent en
majorité aux plaisirs de la table : pigeon, cerf, perdrix, poissons, champignon,
pintade, poule sultane, corbeille de fruits (figues ou pommes). On trouve
également des représentations d’inspiration mythologique (animaux marins,
Nereïde petite fille d’océan, griffon et taureau) et d’autres se rapportant au culte
de Bacchus (le motif central, très dégradé, représente Silène, le compagnon de
Bacchus). L’ensemble de la mosaïque était bordé de motifs géométriques.
La dernière mosaïque ornait le salon dont le sol en calcaire est conservé, le sol
était orné de fleurons géométriques très colorés. Cette œuvre est généralement
attribuée aux mosaïstes viennois qui ont créé un style régional spécifique appelé
"l'école rhodanienne". Ce style se caractérise par le goût pour la trame
géométrique et les décors végétaux stylisés : feuilles, fleurs, fleurettes, rosaces.
Plus de 150 mosaïques de ce type sont recensées à Vienne. Les pavements sont
tous différents mais composés à partir d'un répertoire de base adapté au lieu.

(Musée : ressorte les mosaïques l’été pour les mettre sur le lieu de découverte)

En conclusion, nous pouvons dire que tant l’architecture que les mosaïques
sont complémentaires dans l’illustration quelles nous donnent du mode de vie
des romains. Tout d’abord, l’organisation même de la maison nous permet de dire
que même si la vie publique chez les romains étaient très importante elle était
cloisonnée de la vie privée ceci représenté par le fait que le secteur privé et
public soit situé de chaque côté de la maison. De plus, la centralité du jardin nous
permet de supposer que le paraitre chez les romains était primordial dans tous
les domaines et notamment dans l’art de recevoir. Les mosaïques quant à elle
4
agrémente le sol de façon à satisfaire l’œil du visiteur quelque soit l’orientation
de son regard.
Cependant, on peut souligner la difficulté que peuvent avoir les archéologues
étant donné que lors de l’incendie ayant eu lieu au IIIème siècle, la maison fut
détruite et que les traces d’un étage sont hypothétiques ainsi que les fonctions
de certaines pièces.

– Anne DE LESELEUC La Gaule, architecture et civilisation, Flammarion,


Paris, 2001, 206 pages
Ce livre nous à servi à restituer le contexte général de la ville.

– Equipe archéologique de Saint Romain en Gal, Saint Romain en Gal rapport


de fouille de 1982, 1982, 65 pages
Ce livre nous a permis de trouver des informations générales sur le quartier de la
maison aux cinq mosaïques

– André Pelletier, Vienne antique, Horvath, Roanne, 1982, 505 pages


Ce livre nous a servi pour la situation de la maison (plan), et brève description
des mosaïques.

– Eric DELAVAL et Hugues SAVAY-GUERRAZ, la maison des dieux océans Ier


siècle avant JC IIIème siècle après JC, Aglas, 1992, 118 pages
Ce livre nous a donné des explications sur la vie romaine et les fonctions
générales des différentes pièces.

– C. LAROCHE et H. SAVAY-GUERRAZ, Saint Romain en Gal, Guides


archéologique de la France, conseil générale du Rhône, 1984, 118 pages
Ce livre était très complet : explication du plan de la maison, des pièces des
mosaïques. C’est le seul livre que nous avons trouvé parlant précisément de la
maison aux 5 mosaïques.

– Musée de Saint Romain en Gal


Je suis allée au musée. J’ai pris des photos du site. Le guide audio m’a aussi
apporté beaucoup de renseignement.

Vous aimerez peut-être aussi