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Le cas de Lourdes
Professeurs :
Arnaud Beaumont
Antoine Zbinden
SOMMAIRE
INTRODUCTION......................................................................................................................- 3 -
CONCLUSION........................................................................................................................- 47 -
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE...............................................................................................- 49 -
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Université de Paris 1 – Panthéon-Sorbonne
INTRODUCTION
Lourdes, ville de taille moyenne des Pyrénées connaît une situation particulière et unique en
France : les 15'000 lourdais accueillent annuellement plus de 6 millions de touristes, soit un
ratio de 1 pour 400 ! Un touriste étant défini par « un visiteur qui passe au moins une nuit
dans un moyen d’hébergement collectif ou privé dans le pays visité »1, la ville a donc dû
s’adapter à ces importants flux et apprendre à les maîtriser. Une question essentielle, qui est
le sujet de ce travail, s’est donc posée à nous :
Comment une ville de cette taille accueille un nombre aussi important de touristes ?
Afin d’appréhender cette problématique générale, nous avons choisi de décomposer cette
question en trois « sous-questions », qui sont traitées dans les trois parties que comporte
cette étude :
2. Comment la ville s’est développée et organisée pour l’accueil de ces pèlerins, d’un
point de vue démographique, urbain et économique ?
3. Quels problèmes posent cet important flux touristique et quelles politiques la ville
met-elle en place afin d’optimiser l’accueil des pèlerins ainsi que son
environnement social, urbain et économique ?
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PREMIERE PARTIE :
Le tourisme et les touristes lourdais
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Source : www.wikipédia.fr
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possibilité de suivre le circuit liturgique dans l’ordre des séquences culturelles prévues par le
rite général du sanctuaire. L’organisation temporelle débute par la messe à la grotte, le
matin à 6h. Dans la journée, le temps est laissé aux dévotions privées à la grotte, aux bains
dans les piscines, au chemin de croix, à la confession. A 17h a lieu la procession du saint
sacrement, suivie à 20h de la procession des flambeaux. S’il n’y a pas d’itinéraire type et que
chaque pèlerin est libre de suivre ou non le circuit liturgique, les lieux visités sont invariants
et sont tous situées dans un rayon de 500m avec une concentration importante des
principaux lieux de culte dans un périmètre restreint.
L'image de la ville de Lourdes est associée au tourisme religieux. Présent dans l'imaginaire
collectif français, cette représentation est également véhiculée par les outils de
communication avec en premier, les sites internet. Premier des réponses sur le moteur de
recherche « google » après avoir tapé le mot clé « Lourdes » : le site www.lourdes-
france.com qui est un portail d'accès aux trois sites officiels de la ville (ainsi que celui,
événementiel du 150ème anniversaire des apparitions). Sur les trois, un fait référence
directement au tourisme (le site de l'office du tourisme) et un au religieux (le site des
sanctuaires). A noter que sur la page d'accueil de ce dernier, s'affiche automatiquement la
web cam' qui filme en permanence l'entrée de la grotte et qu'est proposée une visite
virtuelle de la ville à travers ces lieux touristiques majeurs. Ces sites offrent la possibilité
d'organiser pèlerinage et déplacements à Lourdes, quel que soit le type de public (jeunes,
familles, malades, handicapés, etc.). Sur la page d'accueil du troisième site, celui de la mairie
de Lourdes, l'iconographie des onglets principaux est construite à partir du patrimoine
religieux de la ville. Sur ces sept onglets, trois font références au tourisme religieux (journées
de la paix – tourisme – les sanctuaires), les deux derniers renvoyant directement aux deux
premiers sites évoqués.
Dans le domaine des mass-médias le nom de Lourdes est également accolé à radio présence,
radio chrétienne qui émet dans le midi-pyrénéen en hertzien et sur internet. Les captures
d'écrans suivantes illustrent cette communication médiatique autour du tourisme religieux :
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Lourdes est la destination la plus attractive du département des Hautes-Pyrénées. Sur les 6
millions de touristes annuels, Lourdes en accueille 5,5 millions, soit 92%. Le tourisme est la
première activité économique des Hautes Pyrénées donc la santé économique du
département doit beaucoup à Lourdes. Sur les 3 889 000 nuitées (hôtellerie) effectuées
dans le département, 76% ont eu lieu à Lourdes. De plus, le poids de Lourdes dans le
tourisme départemental confère aux Hautes-Pyrénées le statut de leader touristique de la
région Midi Pyrénées avec 42% des nuitées. Les statistiques hôtelières traduisent en termes
d’accueil cette réalité et l’appuient. Ainsi, la commune de lourdes dispose de 235
établissements sur les 445 du département, soit 53% de l ‘offre hôtelière. Cependant ce
chiffre ne reflète pas la réelle capacité d’accueil. En effet, bien qu’ayant 53% des hôtels du
département, Lourdes disposent de 76% des chambres (14 339 contre 18 976 dans le
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Sources : Sites internet de la ville de Lourdes et du Sanctuaire.
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département). La taille moyenne des hôtels à Lourdes est donc supérieure à celle du
département.
On l’a vu, la commune de Lourdes accueille la grande majorité des touristes du département
des Hautes-Pyrénées, avec des chiffres vertigineux qui contribuent à eux seuls de placer le
département en tête dans le tourisme régional. Cependant, au regard des nombreux atouts
touristiques de poids que possède l’ensemble du département, une question nous parait
légitime : le tourisme religieux suffit-il à lui seul à expliquer les 5,5 millions de touristes
lourdais annuels ou des touristes profitent-ils des capacités hôtelières considérables de
Lourdes pour pratiquer un tourisme dans le département, non rattaché à la symbolique
religieuse ?
S’il est difficile de répondre à cette question, on peut toutefois mettre en valeur que la
commune de Lourdes a elle-même des atouts autre que religieux et qui contribue également
à son attractivité touristique. On recense ainsi :
Des espaces naturels (80% de la superficie communale) dont les plus remarquables
sont : le bois de Subercarrère, le pic du Jer, le bois du Mourle et la forêt du lac de
Lourdes.
Des sites inscrits : la grotte du Loup, les grottes du Roy, le château fort, le lac de
Lourdes et les gouffres du Béout.
La commune de Lourdes dispose donc dans son périmètre communal, comme dans ses
alentours, de sites naturels, culturels et de loisirs remarquables qui prouvent l’existence
d’une offre touristique autre que religieuse et laisse à penser que tous les touristes ne sont
pas des pèlerins. Toutefois, ces derniers ont été et restent les artisans majeurs du tourisme
lourdais et l’on va voir comment s’est développée depuis la fréquentation touristique et à
quel niveau s’est-elle aujourd’hui fixée.
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Sur l'ensemble de la période 1867-1939, une stagnation du nombre de pèlerins (arrivés par
trains spéciaux) aux alentours de 125 000 (lecture graphique) est remarquable. Mais la
courbe de la période a toutefois connu des « accidents ». Après avoir stagné à 30 000
pèlerins par an, la fréquentation touristique a connue un bond en 1872 et 1873 en
atteignant environ 113 000 pèlerins arrivés par trains spéciaux. Cela s’explique par deux
grands mouvements de foule : le pèlerinage des Bannières de 1872 et le Pèlerinage national
de 1873. Le second pic remarquable de la période se situe en 1908 avec 400 000 pèlerins
arrivés par trains spéciaux. A noter que des données holistiques sont disponibles pour cette
date où le nombre total de pèlerins a dépassé le million, en raison de la célébration du
cinquantenaire des apparitions. Ce chiffre restera constant jusqu’en 1914. Alors que peu de
données sont disponibles pour la période 1910 à 1920 pour cause de seconde guerre
mondiale, la fréquentation touristique reprend en 1921 à un nombre faible (égal aux plus
bas de la période 1872-1910) mais retrouve le niveau moyen-haut de la période précédente
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Chadefaud JM. Lourdes : un pèlerinage, une ville. Aix-en-Provence : Edisud, 1981.
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dès 1922. A partir de 1931, les effets de la crise se firent sentir et interrompit l’élan qui avait
permis à la courbe de retrouver, en 1929, son niveau d’avant-guerre.
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Chadefaud JM. Lourdes : un pèlerinage, une ville. Aix-en-Provence : Edisud, 1981.
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Source : www.pascal-dn.over-blog.fr
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Arnaud Beaumont, 2009.
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Cet afflux croissant de touristes pose des enjeux en termes d’aménagement du territoire
pour une commune de la taille de Lourdes qui se voit confronter à une telle demande
d’accueil et qui seront traités dans la partie 2 :
Amener les touristes : le développement d’une offre de transports en commun
Accueil les touristes motorisés : développer une offre de stationnement
Héberger les touristes : le développement d’une offre hôtelière
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Principales nationalités10
En % de nuitées dans la
clientèles étrangère
3%
7%
Italie
10%
La portée touristique de Autres Pays
Lourdes dépasse les
36% Royaume-Uni
frontières hexagonales.
Aujourd’hui, la clientèle 10% Espagne-Portugal
9
Chadefaud JM. Lourdes : un pèlerinage, une ville. Aix-en-Provence : Edisud, 1981.
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Arnaud Beaumont, 2009. Données : CCI Tarbes, 2003.
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contre nous permet de connaître l’origine géographique des pèlerins étrangers d’aujourd’hui.
Bien qu’on ne connaisse pas l’identité des pèlerins issus des « autres pays », on peut
supposer qu’il s’agit de non-européens. Sur ce postulat, les pèlerins européens
représenteraient 83,7% du total des pèlerins étrangers. On ne sera pas surpris de constater
qu’il s’agit de pays où la religion catholique à un poids très fort, notamment, en Italie d’où
s’on originaire 43 % des pèlerins européens.
Cet afflux de touristes dispersés autant sur le territoire français qu'en Europe et dans le
monde pose un enjeu essentiel quant à l’aménagement du territoire lourdais et de sa région :
Quelles infrastructures de transport pour assurer une desserte nationale, régionale et
internationale ?
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dé
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11
Arnaud Beaumont, 2009. Données : Insee-CRT-CDT.
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Chaque année, 70 000 malades et invalides se rendent en pèlerinage à Lourdes. Bien que
cela ne représente que 1,3% du total des touristes lourdais annuels, ce nombre n'est pas
négligeable et il s'agit là d'une particularité à souligner et à analyser, tant pour ses causes
que ses conséquences. Un pèlerinage spécifique à destination des handicapés mentaux
nommé « foi et lumière » a été créé par l’association du même nom et des pèlerinages
hospitaliers accompagnent des malades par train et les assistent tout au long de leur séjour.
L'origine de l'afflux de ce type de touristes particuliers est due au fait que de nombreuses
personnes ont affirmé avoir été guéries miraculeusement à Lourdes. Ce serait du aux eaux
de la source, découverte par Bernadette sur les indications de la vierge, qui aurait guéri pour
la première fois un homme, l’année de la première apparition, en soignant sa cécité. 67
guérisons ont reçu à ce jour le statut de « guérison miraculeuse » après examen par le
bureau des constatations médicales créé en 1984 afin d’authentifier les déclarations de
pèlerins affirmant avoir été guéri grâce au miracle lourdais. Ces miracles ont renforcé l'image
de Lourdes déjà marquée par les apparitions de Bernadette et ont donné un motif
supplémentaire de pèlerinage, en particulier aux personnes étant en mesure d'espérer une
amélioration de leur état de santé et étant sensible aux affirmations de guérisons
enregistrées.
Parmi les 70 000 personnes en questions se rendant à Lourdes chaque année, une partie
d'entre elle se déplace en fauteuil roulant et ce détail de mobilité individuelle a du être pris
en compte afin de permettre l'accueil de ces touristes en développant une offre touristique
adaptée à leur effet.
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DEUXIEME PARTIE :
Le développement de la ville / Diagnostic territorial
Ce diagnostic territorial n’a pas pour ambition de décrire toutes les caractéristiques de la
ville de Lourdes. L’afflux important de pèlerins annuellement a des incidences sur
l’organisation spatiale de la ville, et c’est sur ces incidences que ce diagnostic va s’orienter.
Après une description de la situation géographique et administrative de la ville, ce diagnostic
comportera trois parties.
En premier, une étude démographique. Cette dernière permettra de mettre en évidence les
variations de population, dues ou non au développement du tourisme lié au Sanctuaire.
Deuxièmement, une analyse du développement urbain présentera les caractéristiques
spatiales de la ville. Composé de quatre sous-parties (les contraintes naturelles et
topographiques, la forme urbaine, le bâti et les infrastructures de transports), cette partie
présentera les impacts du nombre important de pèlerins sur l’organisation spatiale de la ville.
Finalement, une présentation du secteur économique, particulièrement orienté sur les
emplois touristiques et les structures d’accueil, complètera ce diagnostic afin de traiter la
question de l’activité de la ville où la saisonnalité touristique est importante ainsi que ses
impacts sur le secteur économique.
Le choix a été fait de présenter en premier l’étude démographique car les hypothèses d’une
forte variation de population, corrélée avec le développement du tourisme, ainsi que son
impact important sur le tissu urbain ont été posées.
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Antoine Zbinden, 2008. Données : Insee, Recensement de la population, 1999.
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Sanctuaire Notre-Dame de Lourdes. Lourdes Mode d’emploi 2007-2008, novembre 2007.
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Source : www.lourdes-infos.com
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8000
démographique est légèrement négative.
2000
6000
4000
1000
Corrélation entre l’évolution de la 2000
de touristes16
57
76
08
21
46
55
60
66
75
78
90
18
18
19
19
19
19
19
19
19
19
19
Population lourdaise Nombre de visiteurs par an
La perte de population lourdaise est principalement due à un solde migratoire négatif, plus
important que le solde naturel, lui aussi négatif (taux de natalité inférieur au taux de
mortalité). A l’échelle du département des Hautes-Pyrénées, le solde naturel est
négativement plus important que celui de Lourdes, alors que le solde migratoire est moins
important (mais aussi négatif). Les communes urbaines et rurales, centrales ou
périphériques, se distinguent donc dans l’évolution du solde migratoire.
15
Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 17.
16
Antoine Zbinden, 2009. Données : Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002.
17
Insee, Recensements de la population, 1962, 1968, 1975, 1982, 1990, 1999.
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effet, suivant le schéma classique de la distribution des populations dans une agglomération,
durant la deuxième moitié du 20ème siècle (avec la démocratisation de l’automobile), la
commune-centre a perdu de la population au profit des communes sub- et péri-urbaines.
De manière absolue, l’augmentation de population dans l’intercommunalité (sans Lourdes)
ne compense pas la diminution dans la commune-centre. En effet, cette dernière a perdu
2’736 habitants entre 1968 et 1999 alors que les huit autres communes en ont gagné 447
(soit une perte globale de 2’289 habitants).
110
Evolution relative de la
population de l'lEPCI sans
Lourdes
100
Evolution relative de la
98.51 % population de la commune de
Loudres
90
Evolution relative de la
population du Département
84.75 %
80
70
1968 1975 1982 1990 1999 Années
18
Insee, Recensements de la population, 1968, 1975, 1982, 1990, 1999.
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Antoine Zbinden, 2008. Données : Insee, Recensements de la population, 1968, 1975, 1982, 1990, 1999.
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Antoine Zbinden, 2008. Données : Insee, Recensement de la population, 1999.
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Antoine Zbinden, 2008. Données : Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 61. Insee, Recensement
de la population, 1999.
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Lourdes, située au seuil des Pyrénées, à une altitude d’environ 400 mètres, peut être définie
comme une « ville de montagne » par ses caractéristiques topographiques. En effet, la ville
se trouve au bout de la plaine, au pied des montagnes, où convergent cinq vallées :
La vallée de l’Echez : à l’est vers Anclades ;
La vallée de l’Ousse : à l’ouest vers Loubajac et Pontacq ;
La vallée du Gave : de direction première sud-nord et puis vers l’ouest en direction de
Pau et de Bayonne.
De plus, le lac de Lourdes (à 35 km à l’ouest de la ville, sur le territoire communal, d’une
superficie d’environ 45 hectares, cf. partie 1, point 1.2.3) est le seul lac naturel (et d’origine
glacière) de basse altitude de cette partie des Pyrénées.
Le territoire communal présente donc un relief très contrasté allant de la paroi rocheuse aux
marécages : seulement le tiers des 3'900 hectares de la commune (soit 1'200 hectares) sont
des sols plats ou à faibles pentes. Ce relief important implique diverses contraintes dont tout
particulièrement les risques naturels.
Ces derniers sont recensés de quatre origines : les inondations (crues de la Gave qui traverse
la ville du sud à l’ouest, faisant un coude près du Sanctuaire), les mouvements et
éboulement de terrain, les séismes et les feux de forêt.
Une deuxième « contraintes » est la qualité paysagère offerte par la convergence des vallées
(et donc du relief qui en est issu) qui impose des réglementations dans les documents de
planification urbaine (le POS de la ville Lourdes). De plus, la commune de Lourdes est
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Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 15.
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soumise à la loi montagne (loi n°85-30 du 9 janvier 1985) avec les contraintes en matière
d’urbanisme et de préservation du paysage que cela implique. Toutefois certaines
communes de la Communauté de communes du Pays de Lourdes ne sont pas concernées
par cette loi : Lourdes se trouve au pied des Pyrénées...
La ville de Lourdes présente dans son histoire un rôle important et très marqué de forteresse
et ceci dès l’Empire romain. Entre le haut Moyen Age et jusqu’à la fin du 19ème siècle, la ville
est une place forte militaire d’Etat (et non un château de seigneurie à vocation locale).
Durant cette période, la ville s’étend au-delà du rempart est du château. Mais la ville
actuelle s’est véritablement développée à partir de 1858 : la vocation mondiale de ville de
pèlerinage provoque un rapide développement de Lourdes et conditionne son évolution
urbaine.
Les actuelles structures spatiales et la forme urbaine de la ville sont les conséquences de
trois facteurs :
Le relief : située au confluent de cinq vallées, la ville a connu son premier
développement au pied de la place fortifiée. Puis l’agglomération s’est agrandie sur
le plateau, en haut des déclivités très abruptes de la vallée et sur la rive droite du
Gave.
Le Gave : son parcours sinueux a impliqué le développement d’une plaine alluviale
située à environ 30 km en dessous du plateau dont la caractéristique inondable de
ces secteurs explique le développement tardif de ces endroits (dès le début du 20ème
siècle).
Le Sanctuaire : les apparitions dans la grotte de Massabielle sur la rive droite du Gave
(l’église a été construite au dessus) ont impliqué le développement de la « ville
basse » (rive gauche du Gave). En effet, les activités liées au Sanctuaire et au grand
nombre de visiteurs se sont naturellement localisées à proximité immédiate du lieu
saint.
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Lourdes présente donc un fonctionnement unique : elle vit a deux vitesses (comme les villes
estivales ou hivernales), mais est caractérisée en plus par une sectorisation spatiale. La
vocation de pèlerinage, la proximité de la montagne et l’activité touristiques qui en résulte,
ont conditionné incontestablement le développement de Lourdes (et ont marqué son
paysage).
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Source : carte IGN, www.ign.fr
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Entre l’après-guerre et les années 1980, la forte extension urbaine est directement liée à
l’espace ouvert à l’urbanisation pendant cette période. Le nombre d’immeubles, à usage
d’habitation ou non, individuels ou collectifs, est passé de 2'314 à 3'486 sur Lourdes :
croissance de 50% qui correspond très exactement à l’extension de la zone occupée par les
constructions sur Lourdes (qui passait de 211 à 316 hectares entre 1954 et 1975). Depuis les
années 1970, l’extension urbaine de Lourdes s’est essentiellement réalisée le long de la RN
21 et la route de Pau.
Les années 1960 voient l’émergence du premier ensemble de logements collectifs (la
résidence Lannedarré), réalisé en 1959 avec les 200 logements : une nouvelle forme urbaine
apparaît. D’autres logements collectifs seront réalisés par tranches successives de 1959 à
1982, marquant ainsi le paysage périphérique de l’agglomération. Les résidences Lannedarré
(248 logements) et les Ophites (552 logements) représentent à elles seules 61% du parc de
logement HLM.
Mais la baisse démographique a impliqué une chute de la construction de logements dès les
années 1980. De plus, on observe une progression de logements vacants et une diminution
du nombre de logement dans le centre ancien, ce qui est dû à deux phénomènes :
En centre ville, les baux commerciaux immobilisent des immeubles entiers dont les
étages sont vacants. L’affectation d’un rez-de-chaussée en activité commerciale
détourne le premier étage de son usage d’habitation (l’accès aux étages s’effectue
par le commerce en rez-de-chaussée).
La mutation des petites structures hôtelières et pensions de famille qui périclitent en
centre ville.
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72%
85.5%
La ville de Lourdes bénéficie d’une très bonne accessibilité, du point de vue routier,
ferroviaire et aérien. Sur les plus de cinq millions de visiteurs actuels, près de 2 millions
viennent en transports en commun et se répartissent selon les modes suivants (au début des
années 2000)26 :
800'000 en train
800'000 en autocars
300'000 en avions
Les trois autres millions de visiteurs viennent donc par définition en transports individuels
privés, autrement dit, en automobile.
24
Antoine Zbinden, 2008. Données : Insee, Recensement de la population, 1999.
25
Insee, Recensement de la population, 1999.
26
Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 18.
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De plus, vis-à-vis des transports routiers collectifs, la ville comprend trois gares routières. La
principale (place Capdevielle) est destinée au trafic inter-urbain alors que les deux autres
assurent le départ d’excursions : la gare d’excursion Paradis (av. Paradis) et la gare routière J.
d’Arc (bd. du Lapacca).
28
Source : carte IGN, www.ign.fr
29
Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 44.
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Mais cette offre n’est pas suffisante pour répondre à la demande des pèlerins. En effet, on
peut constater un important de stationnement sauvage lors de la haute saison : les routes à
proximité du Sanctuaire (2x2 voies) voient souvent une de leurs voies vouée au
stationnement sauvage et ceci sur des longueurs importantes.
L’accès ferroviaire
Le réseau ferroviaire lourdais est composé de deux lignes en directions de Tarbes et Pau, et
permet une desserte ferroviaire de l’ensemble du réseau national. Des liaisons directes
existent entre Lourdes et la capitale, via Tarbes, en plus de six heures. A noté que les projets
actuels de ligne à grande vitesse (LGV) réduiront à terme ce temps de parcours. Le projet de
LGV Sud-Europe-Atlantique (prolongement de la LGV Paris – Tours jusqu’à Bordeaux,
Bayonne et jusqu’en Espagne) permettra de se rendre de Bordeaux à Paris en 2h05, à
l’horizon 2016, soit une diminution du temps de parcours de près de 30%. De plus, le projet
d’un tronçon entre Bordeaux et Toulouse est à l’étude.31
Actuellement (début des années 2000), la gare SNCF de Lourdes accueille environ 800'000
voyageurs annuellement.32
La troisième voie ferrée partant du centre vers le sud, en direction de Pierrefitte, est
actuellement inutilisée.
30
GoogleEarth. Printscreen pris le 29 janvier 2009.
31
Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire.
Présentation de la LGV Sud-Europe-Atlantique. Consultable en ligne : http://www.transports.developpement-
durable.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=2329&debut_recherche=0 (Consulté le 3 décembre 2008)
32
Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 18.
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L’accès aérien
Finalement, la desserte aérienne de Lourdes est nécessaire car la ville est un lieu de
pèlerinage international. Trois aéroports desservent la ville :
L’aéroport de Tarbes-Lourdes-Pyrénées
L’aéroport de Pau
L’aéroport de Toulouse (par navette)
Il est a noté que cet aéroport est équipé d’infrastructures uniques lui permettant d’accueillir
les voyageurs handicapés. Et un service entièrement gratuit est assuré aux personnes à
mobilité réduite.
L’aéroport a accueillis en 2007 près de 500'000 passagers (448'258) dont près de 350'000
internationaux (346’533)34. Il est donc sous-employé par rapport à sa capacité de 2 millions
de passagers, alors que l’aéroport de Toulouse-Blagnac est saturé et que la concurrence avec
l’aéroport de Pau n’est pas toujours bien gérée.
33
Aéroport Tarbes-Lourdes-Pyrénées : www.tarbes-lourdes.aeroport.fr (Consulté le 3 décembre 2008)
34
Insee Midi-Pyrénées. Transport aérien de passagers - Aéroport international de Tarbes-Lourdes-Pyrénées.
D’après les chiffres de la chambre du commerce et de l’industrie de Tarbes et des Hautes-Pyrénées.
Document consultable en ligne : www.insee.fr/fr/regions/midi-
pyrenees/default.asp?page=conjoncture/transp_tarbes_lourdes.htm (Consulté le 3 décembre 2008)
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Université de Paris 1 – Panthéon-Sorbonne
La ville de Lourdes comprend environ 9'100 emplois en 1999 dont 65% d’entre eux sont
occupés par des lourdais, soit 4'306 personnes (contre 5'385 en 1990, 6'114 en 1982 et
6'570 en 1975).36
Quantitativement, la population active n’a que peu évoluée ces quarante dernières années,
contrairement au reste de la population (cf. vieillissement de la population, point 2.2.2 de
cette partie). Mais le nombre d’emplois a quant à lui diminué :
La structure de l’emploi comprend une part importante du secteur tertiaire. Les secteurs
primaire et secondaire, dont le nombre d’emplois est en diminution, sont donc inférieurs à
la moyenne départementale.
35
Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 64.
36
Insee, Recensement de la population, 1999. Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 62.
37
Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 62. Insee, Communes de Lourdes : Chiffres clés : Evolution
et structure de la population, 2008. Page 5.
38
Antoine Zbinden, 2008. Données : Insee, Recensement de la population, 1999.
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entreprises
dont services aux
1’801 19.8 % + 20.4 % 10.5 %
particuliers
Hautes-Pyrénées
Lourdes
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Agriculture Industries Construction Territaire
39
Antoine Zbinden, 2008. Données : Insee, Recensement de la population, 1999.
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Postes de travail et établissements actifs par secteurs d’activités (au 31 décembre 2006)40
5.3%
13.5% 26.6%
63.9%
69.8%
Industrie
Construction
Commerces et réparations
Services
Hautes-Pyrénées
Lourdes
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70% 80% 90% 100%
Agriculteurs exploitants Artisants, commercants, chefs d enteprises Cadres et professions intel. Supérieurs
Professions intermédiaires Employés Ouvriers
40
Antoine Zbinden, 2008. Données : Insee, CLAP (Connaissance Locale de l'Appareil Productif)
Champ : ensemble d'activités hors agriculture, défense et intérim, 2008.
41
Antoine Zbinden, 2008. Données : Insee, Recensement de la population, 1999.
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touristique dont 2'200 étaient des saisonniers). Cette situation explique la part importante
de demandeurs d’emplois : le taux de chômage lourdais, en 1999, est de 17.5% (de 1975 à
1990, le nombre de personne à la recherche d’un emploi sont passées de 414 à 1'442, soit
de 5.2% à 18.6%). Cet important taux s’explique parce que le recensement de la population
(de 1999) a été fait hors saison. Et, 46.5% des demandeurs d’emploi connaissent une période
de chômage relativement courte de 3 mois à 1 an (chiffre de 1990)42. Deux caractéristiques
des demandeurs d’emplois peuvent être notées :
Le chômage touche plus les femmes que les hommes (le taux de chômage féminin en
1999 est de 20.7%).
Toutes les classes d’âges sont touchées de la même manière pour les femmes que les
hommes.
42
Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 62.
43
Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 64.
44
Insee, Recensement de la population, 1999.
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Le parc hôtelier lourdais présente une évolution composée de différentes phases, distinctes
les unes des autres, durant les trente dernières années :
Les années 1980-1990 : Augmentation très forte de la capacité d’accueil. Entre 1983
et 1992, 1'240 chambres supplémentaires sont construites soit une augmentation de
la capacité d’accueil de +8.52%.
Durant cette période, l’évolution du parc présente une diminution du nombre
d’hôtels mais une augmentation du nombre de chambres. Ce phénomène s’explique
surtout par une densification des structures existantes, mais aussi par la fusion
d’hôtels et par la disparition de petites structures situées traditionnellement dans le
centre ancien.
En 1992, la ville de Lourdes possède presque 16'000 chambres d’hôtel. Lourdes est
alors la plus importante ville hôtelière de France après Paris, on compte plus de
chambres que d’habitants !
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La capacité d’accueil des hôtels en nombre de chambre ainsi que les variations entre les
périodes46
45
Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 37.
46
Antoine Zbinden, 2008. Données : Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 38. Insee, Direction du
tourisme, 2008.
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25%
Sans étoile
1 étoile
2 étoiles
3 étoiles
63%
4 étoiles et luxe
De plus, l’offre d’hébergement est complétée par des campings mais qui représentent
qu’une faible partie de l’offre. En effet, en 2008, on dénombre 12 terrains de campings qui
comptent au total 808 emplacements. Cette offre est aussi en régression car on comptait, en
2004, 13 terrains pour un total de 902 emplacements.48
47
Antoine Zbinden, 2008. Données: Insee, Direction du tourisme - hébergements touristique, 2008.
48
Insee. Communes de Lourdes : Chiffres clés : Evolution et structure de la population, 2008.
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Le développement urbain des dernières trente années est particulièrement intéressant avec
la construction d’une offre hôtelière spatialement concentrée créant ainsi un quartier dédié
à l’accueil des pèlerins : la « ville basse ». La vie de ce quartier dépend donc fortement de la
saisonnalité touristique (fermeture de certains établissements). C’est pourquoi, pour la
partie suivante, nous sommes particulièrement intéressé aux effets de cette saisonnalité
ainsi qu’aux politiques et spécificités qu’elle engendre.
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TROISIEME PARTIE :
Quelle durabilité urbaine pour un tourisme saisonnier ?
Dans le point 4.1.2, la saisonnalité du tourisme lourdais a été mise en lumière de façon
générale. Bien que la saisonnalité soit un phénomène courant dans le domaine du tourisme
(s’en est même une caractéristique principale) il nous a semblé pertinent d’interroger le
caractère saisonnier du tourisme lourdais. En effet, le tourisme lourdais repose
essentiellement sur la venue d’un type de touristes particulier : les pèlerins. Le motif du
déplacement puis des nuitées est donc religieux. Cependant la foi des croyants se vit toute
l’année et la question est alors légitime : Pour quelles raisons le tourisme lourdais est-il
saisonnier ?
Tout d’abord, des facteurs non dépendant de la nature même du tourisme lourdais
permettent de poser les bases de la saisonnalité.
La météorologie
49
Source : www.holidaycheck.fr
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La courbe des températures moyennes annuelles à Lourdes distingue une saison estivale
chaude d’une saison hivernale plus froide. Cependant les températures, même les plus
basses, restent raisonnables en raison de la localisation géographique de Lourdes dans le
sud-ouest de la France. Il est indéniable que les mois où les températures les plus élevées
attirent le maximum des touristes et Lourdes ne déroge pas à la règle. Toutefois on peut
s’interroger sur l’opportunité d’un temps agréable pour se déplacer dans l’unique but
d’exercer un acte de foi. Il ne faut cependant pas oublier que Lourdes dispose également
d’un patrimoine naturel remarquable (forets, bois, massifs, grottes, lac) dont on ne connaît
certes pas l’attractivité pour eux même mais qui légitimeraient un temps agréable pour que
les touristes puissent en profiter, que ce soit ou non le motif principal de leur visite.
Le calendrier scolaire
Bien que paraissant expliquer une partie de la saisonnalité du tourisme lourdais, ce critère
est à relativiser car on peut supposer que la structure familiale qui se déplace à Lourdes
n’est pas de même nature que celle qui se base sur le calendrier scolaire pour planifier ses
déplacements touristiques.
Ces deux critères, moteurs de la demande touristique classique, n’ont qu’un rôle mineur
dans l’explication de la saisonnalité touristique lourdaise. Par exemple, ils ne rendent pas
compte des pics de fréquentation en mai et en septembre. Les raisons majeures sont
davantage à rechercher en lien avec la nature même du tourisme, à savoir le caractère
religieux.
Bien qu’aucune donnée ne puisse appuyer cela, on peut supposer que la majorité des
personnes désirant se rendre à Lourdes pour y effectuer un pèlerinage sont majoritairement
âgées. N’ayant pas d’enfants à charge, elles ne sont donc pas contraintes de partir durant les
vacances scolaires. Cela permet d’expliquer en partie les pics de mai et septembre, points
d’orgue de la fréquentation printanière-estivale par l’absence de contrainte professionnelles
ou familiales.
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Le calendrier liturgique
Les deux pics de fréquentations remarquables (mai et août) sur la courbe du point 1.4.2 sont
liés au calendrier liturgique catholique, qui fixe la date des fêtes fixes et mobiles. Il s’agit de
deux événements relatifs à la Vierge Marie, qui est à l’origine de la destinée touristique
lourdaise depuis 150 ans, à savoir le mois de mai qui est le mois de la Vierge Marie et le 15
août, fête de son assomption.
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La deuxième partie de ce travail nous a permis de mettre en évidence deux phénomènes qui
résultent de la saisonnalité touristique et qui ont des impacts directs sur l’organisation de la
ville :
Le phénomène spatial : sectorisation spatiale de la ville entre la « ville haute » et la
« ville basse ».
Le phénomène économique : important taux de chômage en basse saison (chômage
de courte durée).
La séparation de la ville entre la « ville haute » et la « ville basse » se défini à deux niveau :
en terme topographique et en terme de fonctionnement et d’occupation. Ce deuxième
niveau, est le résultat de la saisonnalité touristique. En effet, la « ville basse » comprend
presque exclusivement de l’hôtellerie et des commerces (qui sont principalement dédiés aux
touristes : commerces de piété). De plus, l’affectation d’immeubles à vocation commerciale
peu induire une vacance des logements aux étages (activité en rez-de-chaussée, « coupant »
ainsi l’accès aux étages, cf. partie 2, point 2.3.3).
60
50
40
30
20
10
0
e
re
e
ût
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s
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ja
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oc
te
p
no
dé
se
L’aménagement de la ville doit alors non seulement prendre en compte les besoins d’une
ville de 15’000 habitants mais aussi les besoins de la « ville basse ».
50
Arnaud Beaumont, 2009. Données : Insee – CRT – CDT
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Pour rappel, les emplois touristiques sont de « six types » : le fonctionnement du Sanctuaire,
l’hébergement, la restauration, les « objets de piété », les transports, les bâtiments et
travaux publics (cf. partie 2, point 2.4.2) dont le premier est le premier employeur de la ville.
En 1999, le taux de chômage lourdais était de 17.5% (6'665 actifs) et il a passé entre 1975 et
1990 de 5.2% (414 chômeurs) à 18.6% (1'422 chômeurs). En 1990, environ 2'500 emplois
étaient dans le secteur touristique, ce qui représente environ le tiers de la population active
(7'726 personnes), dont 2'200 étaient des saisonniers. Le taux de chômage de 1999 est
important car le recensement a été fait hors saison. En effet, 46.5% des demandeurs
d’emploi connaissent une période de chômage relativement courte de 3 mois à 1 an (chiffre
de 1990).51
A la fin de l’année 2007 (au 31 décembre), Lourdes comptait 1'505 demandeurs emploi.
Mais, comme le montre le graphique ci-dessous, la part des chômeurs de longue durée est
en quasi constante diminution durant la dernière décennie. La part des chômeurs de longue
durée chez les demandeurs d’emplois a été divisée par trois sur cette période.
Il est a noté que le nombre de chômeurs sur cette période a aussi diminué mais de manière
moins significative, passant de 1'920 demandeurs d’emploi en 1998 à 1'505.
21.4
19.9
20
17.1
15
13.3 12.7
12.5
12.2
11.4 10.8
10
7.6
5
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
La saisonnalité touristique a donc des impacts sur l’emploi et le chômage qui demande une
gestion adaptée et dont les autorités essaye de répondre.
51
Plan d’Occupation des Sols de Lourdes, 2002. Page 62.
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Antoine Zbinden, 2009. Données : Insee, 1998-2007.
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Face à ce déséquilibre territorial entre ville haute et ville basse et face à un taux de chômage
important qui est consubstantiel de la nature des revenus économiques de la commune, une
question se pose : comment les autorités publiques tentent-elles d’y faire face et quelles
solutions sont proposées ?
A travers le Plan Pluriannuel d’Investissement (PPI), on peut lire les politiques à plus ou
moins long terme de la commune. Il en ressort de la lecture du PPI 2008-2014 de Lourdes un
souci de maintenir et de renforcer l’offre touristique existante.
Les opérations du PPI citées ci-dessous entre guillemets, rentrant dans ce cadre, concernent :
L‘accueil des pèlerins : afin de répondre au manque d’offre de places de
stationnement durant les pics de haute saison (cf. point 2.3.4), le PPI prévoit
l’« aménagement du parking Paradis » permettant ainsi d’augmenter la capacité
d’accueil des véhicules.
L’accueil des PMR : « accessibilité handicapés du foyer de Serre Sarsan » afin de
généraliser l’accessibilité des PMR.
Le renforcement de l’offre touristique culturelle non religieuse à travers :
o le château fort communal : « études » « insertion », « subvention Etat », «
mobilier », « travaux » et « maçonneries » et « matériel transport »,
o le musée pyrénéen « œuvre » et « alarme, canons »
o autre action culturelle : « restauration des œuvres d’art »
Développer l’offre touristique naturelle : « ascenseur pic du JER », « Tour du
Gavarnie ».
Ce renforcement des attraits touristiques lourdais peut aussi être lu d’une certaine façon
comme une diversification de l’offre. En effet, il s’agit de valoriser des sites qui n’attirent pas
par leur caractère religieux donc l’objectif est de maintenir cette offre alternative à
destination des pèlerins mais également tenter de la valoriser envers les touristes classiques.
En termes de diversification, le PPI fait également état de l’aménagement du lac de Lourdes
dont le projet a connu des péripéties et une question se pose à son sujet : que peut-on
attendre de ce projet en termes d’évolution de la fréquentation touristique et de sa nature ?
On l‘a vu dans le point 1.2.3. Lourdes dispose d’un lac, qui fait partie de ses atouts naturels.
Etant située sur un territoire communal voisin, la ville l’a acquis en 1989. Au début des
années 1990, la municipalité projetait d’y aménager autour un complexe de loisirs de six
hectares au travers d’une procédure d’UTN (Unité Touristique Nouvelle), ordonné autour
d'un restaurant de 500 places construit en marina sur les rives du lac. L'aménagement global
devait également comprendre un aquarium consacré à la faune des rivières et lacs
pyrénéens, une grande piscine ludique de 500 m², un centre nautique, un théâtre de verdure
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de 350 places, des terrains de sports, un parking paysager de 600 places ainsi que différents
« parcours nature » pour le plaisir des randonneurs. Ce projet n’a pas aboutit.
Actuellement un projet « à taille humaine » est entrain de voir le jour, en même temps que
l’instruction du projet de classement d’une partie du lac et de la tourbière bordant sa rive
ouest. Le projet comprend trois aménagements principaux : la création d’un nouveau
bâtiment principal de 450 m² dédié à la restauration sur le site de l'embarcadère, le
réaménagement d’une ferme en musée de la zone humide et l’aménagement d’un
cheminement sur pilotis pour découvrir le patrimoine naturel local et qui sera en liaison avec
un chemin « Natura 2000 » qui offrira un accès privilégié au site inscrit de la tourbière.
Le projet initial, plus ambitieux que le second, devait constituer un pôle d'attraction
touristique supplémentaire et avait comme objectif d’amplifier les retombées des
importantes activités touristiques liées aux pèlerinages en contribuant à augmenter la durée
moyenne des séjours. On peut douter que le projet actuel s’inscrive dans la même démarche
et le restaurant va peut être fixé sur place une partie des 300 000 visiteurs annuels du lac,
qui bénéficie de la proximité du golf. Cependant, les aménagements bénéficieront du label
« Tourisme Handicap », ce qui incitera peut être certains PMR à prolonger leur séjour en
hôtel à Lourdes.
Le PPI fait état d’un libellé « Maison de l’emploi » avec un budget d’investissement sur deux
ans (2008 et 2009) de 3 200 000 euros. Il devrait participer à la création et au financement
de la Maison commune emploi-formation du Pays des vallées des Gaves, pilotée par la ville
de Lourdes. L’objectif général des MCEF (il s’agit d’un label du CR Midi-Pyrénées) est de
faciliter l‘accès à l’emploi et à la formation d’un large public. Bien que nous ne disposions
pas d’informations complémentaires à son sujet, sa localisation à Lourdes (bien qu’elle
s’adresse à un public plus vaste) laisse penser que les pouvoirs publics tentent de remédier à
la spécificité du chômage lourdais qui est, comme présenté dans la partie 3.2, de plus en
plus dépendant de la saisonnalité touristique de la ville.
Sur le plan urbain, aucune mesure ne semble menée afin d’équilibrer la ville basse et la ville
haute lors de la basse saison. Il faut toutefois préciser qu’outre les hôtels et les commerces
qui font partie intégrante de la commune de Lourdes, la ville basse est occupée sur 51
hectares par le Sanctuaire, appelé aussi « Domaine de la grotte », qui est un domaine privé.
La municipalité n’a donc que peu de possibilité d’y intervenir et dans l’hypothèse où elle le
pourrait, elle s’y abstiendrait sûrement afin de préserver les qualités du site qui fait venir à
Lourdes chaque année 5.5 millions de touristes.
En ce qui concerne les projets urbains, Lourdes en a un de taille : l’aménagement d’une ZAC
sur 16 ha dans la ville haute. On peut y voir une réponse indirecte à la situation sociale
fragile de nombre de lourdais. En effet, le maire M. Artiganave tient à appuyer qu’il s’agit, je
cite, d’un « projet d’envergure sociale » à travers la création de logements sociaux qui ont
suscité un vif débat au sein de la municipalité.
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CONCLUSION
Tout au long de ce travail nous nous sommes efforcés de présenter le cas touristique
exceptionnel de la ville de Lourdes. Etant le premier moteur économique, social et urbain de
Lourdes, étant aussi une valeur sûre pour les générations à venir (la religion catholique ne va
pas « cesser son activité »), le tourisme fait vivre la ville, et la ville vit et croît grâce au
tourisme !
De notre questionnement premier (Comment une ville de cette taille accueille un nombre
aussi important de touristes ?), la réponse a été présentée au cours du travail. En effet, le
diagnostic territorial (la deuxième partie) a permis de mettre en évidence l’organisation
urbaine de la ville ainsi que les structures en place (particulièrement la capacité hôtelière)
qui permettent et favorisent l’accueil des pèlerins. Puis, la troisième partie a présenté des
difficultés dont doit faire face la ville ainsi que les actions « politiques » qui sont engagées
pour les années à venir et qui visent l’amélioration de la vie des citoyens et le
développement de l’offre touristique, religieuse, naturelle et culturelle.
La saisonnalité touristique d’un site religieux paraît comme un fait étonnant car la foi, elle,
ne se vit pas selon les saisons. La troisième partie du travail a mis en évidence les réponses à
cette question. Mais la saisonnalité de la fréquentation touristique de Lourdes doit tout de
même être traitée avec des gants. En effet, il ne faut pas oublier que nous avons affaire à un
cas particulier et donc à des chiffres « particuliers » : neuf millions de touristes en 2008. Avec
un tel nombre de pèlerins, il y a tout de même des touristes en basse saison, et même plus
que d’habitants (en moyenne mensuelle). C’est pourquoi il faut relativiser la saisonnalité et
parler plutôt de fluctuations, aussi énorme soient-elles.
Le plus grand impact du tourisme est, sans équivoque, la dualité de la ville engendrée par le
développement des structures d’accueil qui permettent l’hébergement du flux massif de
pèlerins en haute saison. Elle est donc la résultante de la réponse à l’énorme demande
touristique à laquelle est confrontée la ville. Mais la demande d’hébergement est fortement
dépendante de la fluctuation de la fréquentation : lors des pics de fréquentation, comme
lors de la visite du Pape Benoît XVI en 2008, l’offre ne permet plus de répondre à la
demande.
Lourdes ne fonctionne donc pas comme les stations balnéaire ou de montagne qui elles,
sont équipées, en termes d’équipements et de capacité d’accueil, selon les pics de
fréquentation. Mais ces derniers sont nettement plus homogènes que dans le cas de Lourdes.
Si Lourdes voudrait avoir les capacités d’accueillir l’ensemble de ses pèlerins lors des pics de
fréquentation, elle devrait se transformer en une « métropole fantôme de neuf millions
d’habitants ». La dualité de la ville se ferait alors tellement importante que Lourdes ne
pourrait plus être considérée comme une ville (sa morphologie urbaine serait inclassable) et
qu’elle deviendrait une forme urbaine nouvelle et jusqu’ici inconnue.
En définitive, Lourdes est confrontée à une situation qui est impossible à gérer : la ville ne
peut pas avoir les équipements et la capacité d’accueil permettant d’absorber l’ensemble de
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sa fréquentation. Les flux peuvent être (de courtes durées) tellement gargantuesques que la
ville ne peut pas les digérer… L’offre départementale, voire régionale, permet alors
d’absorber les surplus de demandes d’accueil lors d’hyper fréquentation.
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SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
Baudot J. Lourdes ajoute un lac à ses attraits touristiques. Dans : « Les Echos »,
n°16142, 1992.
Téléchargeable sur : www.archives.lesechos.fr
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Sites internet
Site d’information des services de l’Etat sur les risques majeurs recensés dans les
Hautes-Pyrénées : www.risquesmajeurs-hautes-pyrenees.pref.gouv.fr
Document audiovisuel
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INTRODUCTION......................................................................................................................- 3 -
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CONCLUSION........................................................................................................................- 47 -
SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE...............................................................................................- 49 -
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