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Colloque

Quelles politiques
de JEUNESSE Ouverture
pour nos territoires ?
Discours d’ouverture par le Préfet du Calvados, Christian Leyrit

Ce n’est pas d’aujourd’hui que les politiques de jeunesse sont au cœur des préoccupations de l’Etat. Les
jeunes sont le potentiel et la richesse de notre société, son avenir, et pourtant, dans certains territoires, ils
représentent ou sont trop souvent perçus comme des vecteurs d’insécurité.

Il nous faut donc dépasser ces clivages et reconnaître à la jeunesse la valeur qui est la sienne.

Avec la création du Haut Commissaire à la Jeunesse, depuis 2008, les politiques jeunesse s’inscrivent dans
les grandes orientations gouvernementales et sont relayées, au niveau régional et départemental, par une
forte mobilisation partenariale des collectivités locales et territoriales avec les services déconcentrés de l’Etat.

Si cette politique, depuis mars 2009, s’appuie prioritairement sur une reforme du système d’orientation pour
améliorer l’insertion des jeunes dans la vie active, elle a un autre versant porté par la direction de la jeunes-
se, de l’Education populaire et de la vie associative pour développer les actions éducatives menées dans les
temps libres.

C’est cette politique qui est mise en évidence aujourd’hui. Mais ce colloque est aussi l’occasion d’afficher un
partenariat exemplaire, envié par beaucoup de départements entre la DRDJS et la CAF du Calvados. Depuis
plus de 10 ans, ces deux institutions ont su construire des collaborations étroites dans le champ des poli-
tiques jeunesse. Ce travail partenarial s’est exprimé en particulier grâce à un dispositif de labellisation des
structures enfance jeunesse connu et reconnu par tous.
La présence en tant que co-organisateur du CRAJEP est également étroitement liée à cette histoire puisque
les fédérations d’éducation populaire et de jeunesse ont toujours été un acteur central de la mise en œuvre
des politiques éducatives en direction des enfants et des jeunes.

Ce sont ces ressources qui vous sont proposées aujourd’hui sur ce colloque pour enrichir vos projets locaux.
Une des missions de la DRDJS est en effet de favoriser l’accès pour tous les enfants et les jeunes aux prati-
ques artistiques, culturelles, scientifiques dans des projets locaux élaborés en cohérence avec les dispositifs
éducatifs des partenaires institutionnels, éducation nationale, CAF, collectivités territoriales ainsi que ceux mis
en place dans le cadre de la politique de la ville.

Donner les moyens aux jeunes d’accéder à leur autonomie ne commence pas à leur majorité mais doit s’ins-
crire dans une politique d’éducation qui offre aux enfants et aux jeunes des lieux d’expression et de partici-
pation.

C’est par l’accès à des loisirs éducatifs collectifs que vont se révéler leurs talents, qu’ils vont gagner en auto-
nomie par rapport à leur famille, qu’ils pourront expérimenter des responsabilités et développer de véritables
compétences sociales essentielles pour leur vie future.

Aujourd’hui, l’accent est mis sur l’accompagnement par les services déconcentrés du ministère auprès de
projets éducatifs locaux initiés par les collectivités locales (communes, communautés de communes) à partir
de démarches participatives qui conduisent à établir des diagnostics partagés avec les acteurs éducatifs et le
secteur associatif.

C’est cet aspect de la politique jeunesse qui nous réunit aujourd’hui pour développer une réelle politique édu-
cative locale dans chaque territoire et la rendre lisible auprès de tous les partenaires et acteurs éducatifs.

CAEN
Samedi 12 septembre 2009
Colloque
Quelles politiques
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pour nos territoires ?
Mais une politique efficace et efficiente ne peut s’imaginer sans le rôle central sur jouent les collectivités
territoriales par leur capacité à fédérer les acteurs locaux, à soutenir les initiatives et à garantir la cohérence
d’un projet territorial commun.

Nous sommes maintenant aujourd’hui dans une stratégie volontariste de conduite de changement sur les
politiques éducatives locales.

L’Etat, par la Révision Générale des Politiques Publiques, impulse ce changement et inscrit les politiques jeu-
nesse de plein droit dans la cohésion sociale avec la création dès 2010 des DRJSCS sur le plan régional.

La cohésion sociale est à la fois un objectif et une valeur, celle du « vivre ensemble » et du renforcement du
lien social, entre les personnes.

Ainsi au niveau départemental, les futures DDICS seront les garantes d’une politique interministérielle co-
hérente et partenariale pour organiser une politique éducative performante en direction des enfants et des
jeunes.

Leurs compétences en matière d’expertise et de conseil continueront à être à la disposition des collectivités
territoriales soucieuses de proposer une politique éducative pertinente en direction des enfants et des jeu-
nes.

Ce sont donc de nouvelles politiques éducatives jeunesse qui vont se dessiner aujourd’hui et dans nos terri-
toires.

Discours du directeur adjoint de la CAF du Calvados, Jean-Claude Burger

Dans la continuité de sa politique d’accueil des jeunes enfants de moins de 6 ans, les caisses d’allocations
familiales développent depuis le milieu des années 1990 une politique volontaire de soutien aux collectivités
locales et aux associations pour la mise en œuvre d’une offre globale d’accueil de loisirs destinée aux enfants
des différentes tranches d’âge de 6 à 18 ans.

Cette démarche partenariale a porté ses fruits puisque aujourd’hui plus de 350 communes ont contractualisé
avec la Caf afin de répondre aux besoins des familles dans ce domaine.

Quelques chiffres pour mesurer le parcours accompli, 70.000 enfants sont aujourd’hui potentiellement con-
cernés par les dispositifs mis en place ce qui représente 63 % de la population des 6/18 ans du Calvados.

Parallèlement à cette politique de développement de l’offre, la Caf s’est engagée sur le terrain de l’améliora-
tion qualitative de l’offre dans le cadre d’un partenariat à la fois très solide et large.

Solide en effet car cela fait maintenant près de 10 ans que la Caf et la DRDJS collaborent en lien avec des fé-
dérations d’éducation populaire, des élus municipaux et associatifs et des personnels d’encadrement à l’amé-
lioration du fonctionnement des structures d’accueil.

CAEN
Samedi 12 septembre 2009
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Ce travail a été conduit de manière très rigoureuse et participative dans le cadre d’un pilotage partagé entre
la DRDJS et la Caf.

Ainsi un cahier des charges a été élaboré en lien avec l’ensemble des acteurs afin de permettre la délivrance
d’un label de qualité aux structures de loisirs. Ce processus a dès le début intégré la dimension de l’accom-
pagnement.

Cet accompagnement assuré par des fédérations de l’Education populaire (Ligue de l’Enseignement, UFCV,
CEMEA, Francas, Eclaireuses Eclaireurs de France) a bénéficié à près de 70 centres et 80 sites de loisirs ont
obtenu le label de qualité (33 en cours).

Ce label intègre 8 critères dont certains ne sont pas aisés à atteindre :

- Organiser la concertation régulière des différents acteurs dans l’élaboration, la mise en oeuvre et
l’évaluation du projet éducatif
- Appuyer le projet éducatif sur un diagnostic partagé, présenter les différentes étapes de réalisation
et
les modalités d’évaluation sur une durée de 3 ans
- inscrire le projet dans une dynamique territoriale
- Développer des démarches progressives qui permettent de rendre l’enfant et le jeune acteur de ses
loisirs
- Tenir compte des besoins particuliers et attentes formulées des différents publics notamment féminin
et inscrire les proejts dans une continuité éducative
- Mettre la ou les activité(s) au service du projet
- Constituer une équipe en adéquation avec le projet
- Organiser les accueils dans des espaces adaptés
- Inscrire la famille, les parents comme partenaires incontournables

Si je m’attarde quelque peu sur le dispositif de labellisation c’est pour souligner combien il est important par-
fois de dépasser les seules logiques institutionnelles dans le but d’offrir des réponses concertées lorsque que
le sujet est complexe. Ce partenariat exemplaire constitue pour ma part un excellent exemple de ce que peut
être une action publique réellement partagée.

Je conclurai mon propos en indiquant que pour la période de 2009 / 2012 les objectifs de la Caf demeurent
inchangés :

- permettre aux acteurs de maintenir ou développer une offre de service de grande qualité propice au bien-
être et à l’épanouissement des enfants et des jeunes,
- favoriser la conciliation de la vie familiale et la vie professionnelle pour les parents,
- aider les familles les plus fragiles à accéder à ces services.

La poursuite de ces objectifs nécessite pour le département du calvados de prendre en compte les particula-
rités du territoire et notamment l’existence de 706 communes
Il s’agit donc de conduire une politique d’accompagnement à l’aménagement du territoire que la Caf veillera
à développer davantage sur certains secteurs où sa présence est encore insuffisante.
Je formule le souhait que cette journée de réflexion et d’échange s’inscrive parfaitement dans la dynamique
impulsée depuis maintenant de nombreuses années.

CAEN
Samedi 12 septembre 2009
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Discours du président du CRAJEP, Roland Lecuir

La déclaration de Condorcet présentée à l’Assemblée Nationale en avril 1792 donnait à l’éducation une
finalité démocratique et jetait les bases de l’éducation populaire.
« Si l’instruction permet d’établir une égalité de fait et de rendre l’égalité politique reconnue par la loi
… en continuant l’instruction pendant toute la durée de la vie, on empêchera les connaissances acquises
dans les écoles de s’effacer promptement de la mémoire, on entretiendra dans les esprits une activité utile,
on instruira le peuple de lois nouvelles … qu’il lui importe de ne pas ignorer. On pourra lui montrer enfin,
l’art de s’instruire par lui-même. »

C’est en s’appuyant sur ce grand principe général que les Fédérations d’Education Populaire ont dé-
cliné le référentiel de valeurs sur lesquelles elles se sont appuyées pour mettre en œuvre leurs actions :

- santé, union, franchise, république, paix, telles étaient les valeurs exprimées les deux siècles derniers.

- humanisme, liberté, égalité, solidarité, paix sont les valeurs en référence desquelles les associations d’édu-
cation populaire n’ont cessé d’agir pour que l’enfant se construise dans et hors l’école pour devenir un adul-
te responsable, respectueux des autres individus et des règles qui régissent notre organisation de société.

L’école devenue obligatoire permettait de réduire les inégalités entre les enfants. Au-delà de cela, elle
organisait leurs temps de vie : présence à l’école, pratique religieuse, vacances, le plus souvent offertes
pour permettre une main d’œuvre supplétive pendant les travaux agricoles de notre France rurale. Le reste
du temps était dévolu à la famille et à ses initiatives.
Le temps libre, ou plutôt libéré par l’école, était investi par nos associations pour organiser des activi-
tés éducatives, sportives ou ludiques.
L’approche tout d’abord était plutôt sanitaire avec le souci d’apporter aux enfants dans une France
qui s’industrialisait une « bonne santé » : ce sont les patronages du jeudi après-midi, le scoutisme et ses
activités de pleine nature, les colonies de vacances et leurs séjours à la mer ou à la montagne (rappelons
la création de la jeunesse au plein air en 1938). Plus tard, ce sont les centres aérés créés en périphérie des
villes, les bases d’activité ou de plein air.
L’organisation de ces activités ne pouvait se faire sans une réflexion sur leur encadrement. Les jeunes
normaliens ou instituteurs ne suffisant pas, les mouvements d’éducation populaire forment les jeunes ly-
céens ou étudiants.

Une réflexion pédagogique s’engage, on s’appuie sur une pédagogie active. Certaines fédérations
telles les C.E.M.E.A. se spécialisent dans la formation de l’encadrement.
On forme des moniteurs qui, plus tard, avec l’urbanisation grandissante et la nécessité de créer des
structures d’accueil au sein des quartiers deviendront des animateurs.
La priorité sanitaire cède le pas à l’approche pédagogique et éducative, le CLSH n’est-il pas défini
comme une entité éducative et non pas une structure ou un bâtiment recevant des enfants.
Cette expertise acquise dans la réflexion pédagogique et la mise en œuvre d’activités éducatives place
les fédérations d’éducation populaire, au premier rang de la formation des personnels de ce nouveau mé-
tier qu’est devenu l’animation. Cette branche se structure au fur et à mesure des besoins qui apparaissent
dans cette nouvelle France urbaine des années 60-70 : directeur de structure de quartier, animateur breveté
d’Etat, animateur adjoint. Enfin, une convention collective régit les relations employeur-salarié. D’une acti-
vité militante ou bénévole, l’animation devient un métier de l’éducation à dimension sociale : on parle alors
d’animation socio-culturelle.

CAEN
Samedi 12 septembre 2009
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Education permanente, éducation tout au long de la vie, coéducation, complémentarité éducative,
telles sont les principes que les associations d’éducation populaire tentent de mettre en œuvre.

Il apparaît de plus en plus qui si le temps scolaire a vocation à réduire les inégalités entre les indi-
vidus, l’organisation du temps libre n’étant pas une compétence transférée par l’Etat ou partagée, celui-ci
devient discriminatoire : selon les niveaux culturels ou financiers des familles, selon la capacité des collecti-
vités territoriales à mettre en œuvre une politique « jeunesse, éducation populaire, vie associative » offrant
à l’ensemble de la population un égal accès aux disciplines éducatives, culturelles, artistiques ou sportives,
chaque enfant pourra ou ne pourra pas atteindre le meilleur niveau auquel il pouvait prétendre en fonction
de ses qualités ou capacités propres.

Face aux difficultés du « vivre ensemble », des conséquences économiques, sociales, culturelles, édu-
catives, citoyennes de la crise que nous traversons, face à un monde de plus en plus complexe à compren-
dre pour pouvoir y agir, l’éducation populaire porte des objectifs, une démarche, des méthodes qui peuvent
aujourd’hui ouvrir des pistes, permettre des réponses comme cela a été le cas à d’autres époques boulever-
sées.

Parmi ces réponses, le concept de projet éducatif local qui est entré dans la réflexion de nos mouve-
ments à partir des années 80 (je rappellerai pour mémoire le programme « Place de l’Enfant, construisons là
ensemble » des FRANCAS dans les années 90), nous semble un outil qui répond, pour partie, (n’oublions pas
que nous sommes encore dans des dispositifs incitatifs) à ce souci de réduction des inégalités par une offre
éducative de qualité en complément de l’école dans une construction partagée sur un territoire qui permet
de cerner les partenaires de la communauté éducative.

S’opposant à la politique des guichets qui propose une vision parcellisée des publics, des démarches,
des services, qui divise les cultures et instaure les ruptures qui conduisent à l’exclusion, le projet éducatif
local propose une vision globale de l’éducation dans des projets intégrant l’éducatif, le culturel, le social, le
sportif.
A la juxtaposition d’un puzzle d’activités organisées par une multitude de partenaires , se substitue un
projet commun ou chaque partenaire de la communauté éducative, en complémentarité des autres, apporte
sa compétence au profit de chaque individu et de la population territoriale tout entière.

Véritable secteur recherche-développement de « l’entreprise éducation » les fédérations d’éducation


populaire ont permis une prise de conscience collective de la nécessité d’ouvrir, pour permettre son dévelop-
pement harmonieux, tous les temps de vie de l’enfant à la pratique d’activités éducatives, sportives ou cultu-
relles dans une organisation concertée sur un territoire donné.

Forte de leur expérience, celles-ci ne veulent pas être considérées uniquement comme des opérateurs,
elles sont aussi des lieux de rassemblement aptes à créer du dialogue, des propositions, de l’action, voire de
la revendication.
Au-delà de l’organisation de l’accueil éducatif, c’est dans l’aide à l’élaboration et dans l’accompagne-
ment des politiques enfance jeunesse, qu’elles ont vocation à continuer à agir. Notre participation à l’organi-
sation de cette journée répond à cette volonté.
Eric DURKHEIM écrivait dans « L’Evolution Pédagogique en France » : « la fonction propre de l’éduca-
tion est avant tout de cultiver l’homme, de développer les genres d’humanité qui sont en nous. »
Je ne doute pas que cette journée de réflexion et de dialogue autour du projet éducatif local ne parti-
cipe à notre propre éducation.

CAEN
Samedi 12 septembre 2009

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