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Bergson met l’intuition au premier plan 12/11/09 19:35

Bergson met l’intuition au premier plan


Notes de lecture du Dr Bernard Auriol

Bergson a posé de bons problèmes au bon moment, souvent très en avance sur son temps.
Michel Serres

« L’intelligence [1] , en effet, n’est pas la seule forme de la pensée. Il existe d’autres facultés de
connaissance, déposées également par l’évolution de la vie, qui se rapportent directement à la réalité:
l’instinct et l’intuition. L’instinct est comme une intuition qui aurait tourné court et l’intuition comme un
instinct qui se serait intensifié et dilaté jusqu’à devenir conscient et susceptible de s’appliquer à toutes
choses. Sous sa forme achevée, l’intuition est un pouvoir propre à l’homme qui le rend capable d’une
expérience pure.

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Elle n’est pas une faculté de représentation, mais un mouvement pour s’identifier à la réalité. Plutôt que
de connaissance au sens traditionnel du terme, il faut parler à son propos de « contact », de « coïncidence »
ou de « fusion ». Son opération s’effectue, en outre, selon un sens bien précis: elle ne consiste pas dans une
réceptivité parfaite de l’esprit mais, à l’inverse, dans un mouvement hors de soi pour se transporter vers
l’objet et y pénétrer. L’intuition est « extatique » (V. Jankélévitch). Par suite, elle demande un effort spirituel
intense puisqu’il s’agit de sortir de soi-même, d’écarter toutes les habitudes de pensée, les notions
familières, les connaissances acquises. Chaque acte d’intuition est un commencement absolu, une tension
singulière pour rejoindre une réalité à chaque fois unique. C’est aussi un acte simple (car il n’y a pas
plusieurs manières de coïncider) et dont le résultat, parce qu’il est foncièrement original, est en outre
ineffable: « Nous appelons ici intuition la sympathie par laquelle on se transporte à l’intérieur d’un objet
pour coïncider avec ce qu’il a d’unique et par conséquent d’inexprimable » (La Pensée et le mouvant ). Point
par point, l’expérience intuitive s’oppose à la pensée d’entendement.

L’immédiat

« L’intuition philosophique a donc pour objet l’immédiat. Mais à quoi reconnaît-on un immédiat; Pour
Bergson, ce n’est pas la manière dont on l’appréhende qui le qualifie comme tel. Ni la réceptivité de l’esprit
ni même son entière passivité n’en sont les critères. Pas davantage le sentiment d’évidence qui accompagne
son expérience. C’est, au contraire, uniquement par ses caractères intrinsèques qu’un donné peut prétendre à
l’immédiateté. Celle-ci est une valeur qui s’attache au contenu et non à la modalité de la conscience. En
premier lieu, l’immédiat se reconnaît à ce qu’il enveloppe une intelligibilité sui generis , sans référence à des
cadres préalables. Non seulement il est clair par lui-même, n’enferme aucune incohérence et ne suscite
aucun problème, mais il possède la propriété d’éclairer tout ce qui se rattache à lui. À la lumière de
l’immédiat, les problèmes se dissipent: il faut voir là un de ses critères les plus sûrs. Mais c’est surtout
l’autosuffisance d’un contenu qui témoigne de sa réalité absolue et de son « originarité ». L’immédiat est ce
dont les caractères intrinsèques sont nécessaires et suffisants pour en imposer l’existence et l’essence. Il
n’est pas besoin de connaître auparavant les critères de la réalité pour le reconnaître; c’est lui-même qui les
révèle dans leur spécificité. Par le seul fait d’apparaître, il pose son objectivité. Par suite, il est inutile d’y
rien ajouter mais, en revanche, on n’en peut rien séparer: il se présente comme une nature irréductible et
donc, quelle que soit sa complexité interne, comme une nature simple. Ainsi, dans l’immédiat, le réel se
confond avec sa manifestation. En bref, l’immédiat bergsonien signifie: que le réel est donné et non caché;
qu’on l’atteint directement et non par un détour: enfin, qu’il consiste et se révèle dans une certaine
apparence, celle qui ne requiert rien d’autre qu’elle-même pour être et être intelligible: Tout ce qui s’offre
directement aux sens ou à la conscience, tout ce qui est objet d’expérience, soit extérieure soit interne, doit
être tenu pour réel tant qu’on n’a pas démontré que c’est une simple apparence [2] »

Pour Bergson comme pour d’autres philosophes, « on appelle intuition cette espèce de sympathie intellectuelle
par laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et d'inexprimable.

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Bergson met l’intuition au premier plan 12/11/09 19:35

par laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et d'inexprimable.
» C’est un mode de connaissance différent de la capacité d’abstraction à la base du découpage utilitaire que
nous faisons de notre expérience : seule cette expérience intuitive nous permet de connaître notre propre esprit
(et l’esprit en général). Cette intuition n’ayant pas de vocation pragmatique nous prend nécessairement par
surprise, comme une expérience extraordinairement simple [3] .

« Matière ou esprit, la réalité nous est apparue comme un perpétuel devenir. Elle se fait ou elle se défait,
mais elle n’est jamais quelque chose de fait. Telle est l’intuition que nous avons de l’esprit quand nous
écartons le voile qui s’interpose entre notre conscience et nous. Voilà aussi ce que l’intelligence et les
sens eux-mêmes nous montreraient de la matière, s’ils en obtenaient une représentation immédiate et
désintéressée. Mais, préoccupée avant tout des nécessités de l’action, l’intelligence, comme les sens, se
borne à prendre de loin en loin, sur le devenir de la matière, des vues instantanées et, par là même,
immobiles. La conscience, se réglant à son tour sur l’intelligence, regarde de la vie intérieure ce qui est
déjà fait, et ne la sent que confusément se faire. Ainsi se détachent de la durée les moments qui nous
intéressent et que nous avons cueillis le long de son parcours. Nous ne retenons qu’eux. Et nous avons
raison de le faire, tant que l’action est seule en cause. Mais lorsque, spéculant sur la nature du réel,
nous le regardons encore comme notre intérêt pratique nous demandait de le regarder, nous devenons
incapables de voir l’évolution vraie, le devenir radical. Nous n’apercevons du devenir que des états, de
la durée que des instants, et, même quand nous parlons de durée et de devenir, c’est à autre chose que
nous pensons. Telle est la plus frappante des deux illusions que nous voulons examiner. Elle consiste à
croire qu’on pourra penser l’instable par l’intermédiaire du stable, le mouvant par l’immobile ».

1. L’expérience immédiate de la conscience fait figure de donnée indubitable : comme la prise de


possession de l’esprit par soi-même est possible, c’est que l’intuition existe ; c’est-à-dire, que
non seulement l’absolu est en nous, mais encore, il est saisissable de façon immédiate.

2. La matière elle aussi est non « faite » mais « se faisant ». On pourrait voir cela si l’intelligence et
les sens " obtenaient (de la matière) une représentation immédiate et désintéressée ". Comme le
véritable mode de connaissance de la réalité est l’intuition, l’intelligence et les sens devront
inverser la direction par laquelle ils se rapportent au réel, qui est de se tourner vers l’extérieur.
Ayant une représentation médiate et intéressée de la matière, ils doivent devenir intuition pour
saisir sa réalité ultime. En effet, il apparaît que le devenir, qui est la réalité même, est intérieur
aux choses.

Le temps « objectif », spatialisé et la durée

Bergson oppose le temps objectif à la durée (ou temps subjectif). Le temps objectif correspond à la
vision scientifique du temps. C'est le temps mesuré par l'horloge, celui qu'on divise en heures, minutes et
secondes. Mais Bergson reproche à la science de manquer l'essence du temps. Croyant mesurer le temps,
le scientifique mesure en réalité de l'espace (l'espace parcouru par exemple par l'aiguille de l'horloge ou
par le sable dans le sablier) et, du reste, spatialise le temps, comme le montre cette habitude de
représenter le temps par une droite c'est à dire par un espace. Le scientifique manque l'essentiel, ignore la
réalité du temps. Le temps réel est la durée, dimension de la conscience. Le temps subjectif est le temps
vécu, celui qui fait paraître certaines heures plus longues et d'autres plus courtes, celui surtout qui se
révèle dans l'expérience de l'attente. La durée est l'étoffe du moi, un devenir imprévisible. Ce caractère
imprévisible nous révèle notre liberté.

Découpage pragmatique du réel matériel

À la définition classique de l'homme comme homo sapiens, Bergson substitue celle d'homo faber. Cela
ne signifie nullement que l'intelligence ne nous définirait pas mais elle est fondamentalement une faculté
active :" L'intelligence envisagée dans ce qui paraît être la démarche originelle est la faculté de
fabriquer des objets artificiels, en particulier des outils à faire des outils, et d'en varier indéfiniment la
fabrication."

Nous avons une représentation médiate et intéressée de la matière. De sorte qu’on ne voit pas qu’elle
est en devenir. Représentation " intéressée ", parce que nous sommes avant tout préoccupés des
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est en devenir. Représentation " intéressée ", parce que nous sommes avant tout préoccupés des
nécessités de l’action. Tout se passe comme si, à la manière d’un appareil photographique, l’intelligence,
pour agir, prenait toute une série de clichés immobiles sur le devenir de la matière.

C’est ainsi que les philosophes ont raté ce qui fait la structure ultime du réel : aidés de l’intelligence, ils
découpent l’évolution, qui est mobile, changeante, et continue, en morceaux tout faits, extérieurs les uns
aux autres, instantanés et immobiles, que l’on ré-assemble ensuite.

Découpage intellectuel du réel subjectif

La conscience, cédant à l’habitude engendrée par les nécessités de l’action, " se règle à son tour sur
l’intelligence "; alors que, si nous nous plaçons sur le plan de la spéculation, il s’agit, non plus d’agir,
mais de prendre contact avec soi-même, de réfléchir sur soi-même, ou, comme le dit plus explicitement
Bergson, de " regarder la vie intérieure ". On comprend ce qui va inéluctablement se passer :
l’intelligence appliquant à la vie intérieure son point de vue extérieur, la regardera encore comme elle
regarde la matière (en découpant et en immobilisant inconsciemment ce qui est se faisant). Elle ne verra
donc " de la vie intérieure que ce qui est déjà fait, et ne la sentira que confusément se faire ". Dès lors,
nous ne voyons " du devenir, que des états ", et " de la durée, que des instants ".

Le mot durée, en tant que mot, illusionne sur le réel

Dès lors qu’on parle de devenir ou de durée, on dénature ce dont on parle ; c’est parler de ce qu’il n’est
pas. En effet, les mots enferment la réalité dans des concepts tout faits. On prononce le mot, mais on ne
pense guère à la chose (au flux, plutôt).

Une illusion " frappante consiste à croire qu’on pourra penser l’instable par l’intermédiaire du stable,
le mouvant par l’immobile ". C’est là un paralogisme qui consiste à ne pas distinguer ce qui est fait de ce
qui se fait. C’est-à-dire que, cédant à notre manière habituelle de penser, on passera par l’immobile pour
penser le mobile, ce qui revient à penser le réel à travers, ou par, les clichés instantanés que l’intelligence
(qui, alors, est notre guide) prend sur son flux. On pense le réel par ce qui n’est pas réel. Et le résultat est
là : la durée nous échappe, pire, nous la laissons échapper, parce que nous la jugeons dénuée d’être et de
valeur.

Il est classique de définir l'homme par le langage. Mais Bergson constate que le langage ne peut
communiquer que ce qui nous est commun. Les mots sont les mêmes pour tous les individus d'une même
communauté et ne peuvent exprimer ce que nous ressentons comme sujets. Il y a mille façons d'aimer
mais un seul verbe pour l'exprimer. Pas plus qu'il ne peut communiquer notre psychisme profond, le
langage ne peut exprimer le réel objectif. Il est un instrument d'action. C'est ce qui explique le privilège
de l'intuition. Ce mode de connaissance direct, immédiat, nous fait pénétrer l'être profond du réel.
L'intuition est d'abord ce qui nous permet de saisir notre vie intérieure et en particulier la durée.

Nécessité de l’intuition en métaphysique

D’où la nécessité de cette intuition en métaphysique. Il ne reste plus qu’elle si on veut connaître
l’absolu (puisqu’elle va jusqu’au fond du réel). Mais il ne faut pas entendre par le terme d’ "intuition "
une faculté supra-intellectuelle. L’intuition bergsonienne est effort. Effort qui consiste à se désintéresser
de l’action, source du découpage illégitime de la durée. Malgré un antagonisme de mots, il semble bien
qu’on n’est pas loin de Schelling, pour qui l'intuition (intellectuelle …) correspond à un retrait ultime en
nous, où nous atteignons une pure coïncidence à nous-mêmes et découvrons l'éternité.

L'intuition et Freud L'intuition en général

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Web auriol.free.fr

http://auriol.free.fr/parapsychologie/intuition/Intuition_Bergson.htm Page 3 sur 4


Bergson met l’intuition au premier plan 12/11/09 19:35

© Copyright Bernard AURIOL (email : auriol@free.fr )

5 Décembre 2002

Oeuvres principales de Bergson


Essai sur les données immédiates de la conscience, 1889
Matière et mémoire, 1896
Le rire: essai sur la signification du comique, 1900
Introduction à la métaphysique, 1903
L'évolution créatrice, 1907
L'énergie spirituelle, 1919
Durée et simultanéité. Essai sur la théorie de la relativité d'Einstein, 1921
Les deux sources de la morale et de la religion, 1932
La pensée et le mouvant, 1934
Écrits et paroles, 1957-59 (3 vols.)
Oeuvres, 1959

La pensée et le mouvant.
Articles et conférences datant de 1903 à 1923.
La table des matières.
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Une édition électronique réalisée à partir du livre de Henri Bergson, La pensée et le mouvant. Articles et conférences datant de
1903 à 1923. Paris: Les Presses universitaires de France, 1969, 79e édition, 294 pages. Collection Bibliothèque de philosophie
contemporaine. Une édition numérique réalisée par Marcelle Bergeron, bénévole.

Les deux sources de la morale et de la religion (1932). Reproduit à partir de la 58e édition (Paris,
Presses universitaires de France, 1948, 340 p.). Peut être téléchargé en trois formats (Word, PDF et RTF)
sur le site "Classiques des sciences sociales"

[1] Extraits adaptés à partir de Encyclopædia Universalis 1998.


[2] H. Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience (1888). Reproduit à partir de la 144e édition (Paris, Presses
universitaires de France, 1970, 182 p.). Peut être téléchargé en trois formats (Word, PDF et RTF) sur le site "Classiques des
sciences sociales".
[3] Henri Bergson: L'intuition philosophique, Revue de Métaphysique, 1911; repris dans « La pensée et le mouvant ». Paris
1934. Articles et conférences datant de 1903 à 1923.Presses universitaires de France, 1969, 79e édition, 294 pages.
Collection Bibliothèque de philosophie contemporaine.

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